https://wiki.april.org/api.php?action=feedcontributions&user=Bsibaud&feedformat=atomApril MediaWiki - Contributions de l’utilisateur [fr]2024-03-28T19:48:38ZContributions de l’utilisateurMediaWiki 1.35.13https://wiki.april.org/index.php?title=Assemblee_generale_16_mars_2024&diff=109076Assemblee generale 16 mars 20242024-03-14T18:26:06Z<p>Bsibaud : /* Personnes présentes */</p>
<hr />
<div>= Assemblée Générale (samedi 16 mars 2024) =<br />
<br />
''(l'AG se tient début 2024 mais concerne le bilan de l'année 2023 et les perspectives de l'année à venir)''<br />
<br />
L'assemblée générale aura lieu '''samedi 16 mars de 14 h à 18 h dans l'amphi Durand à la Faculté des Sciences et Ingénierie, 4, place Jussieu 75005 Paris. Accueil à partir de 13 h 30.<br />
<br />
En cas de souci un numéro à connaître : 06 60 68 89 31 (Frédéric Couchet)<br />
<br />
'''Merci de vous munir du [https://www.april.org/files/document-membres-AG.pdf document PDF] qui pourrait vous être demandé par les vigiles à l'accueil. Imprimez-le ou gardez en trace sur votre téléphone mobile, ordinateur portable…'''<br />
<br />
L'organisation de notre assemblée générale a été possible grâce à l'aide de Cécile Braunstein (maître de conférence au laboratoire d'Informatique de paris 6), que nous remercions très chaleureusement.<br />
<br />
Nous organiserons une soirée le samedi à partir de 19 h. L'organisation de cette soirée dépendra du nombre de personnes présentes et des possibilités à notre disposition. Nous devons connaître à l'avance le nombre de personnes intéressées par une possible soirée. '''Merci donc d'indiquer dans le document, partie [[#Tableau présences, repas et hébergement]], si vous souhaitez participer à la soirée (ou par courriel à support-ag A april POINT org). La date limite pour répondre est vendredi 7 mars à 9h00'''. <br />
<br />
== Besoin d'aide, des questions ? FAQ ==<br />
<br />
N'hésitez pas à nous contacter par courriel (support-ag A april POINT org) ou par téléphone (01 78 76 92 80).<br />
<br />
Nous avons réuni dans [[FaqAG2024|cette FAQ]] les questions et problèmes qui peuvent se poser à l'occasion de l'AG (vote, inscription aux repas, etc...).<br />
<br />
Pensez à consulter également [http://www.april.org/faq-adherents la page sur le site de l'April].<br />
<br />
==Lieux==<br />
<br />
Tous les lieux sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.<br />
<br />
*Le samedi 16 mars 2024, accueil à partir de 13h30, rencontre avec Mathilde Saliou à 14h puis assemblée générale de 14h30 à 18h :<br />
<br />
Faculté des Sciences et Ingénierie<br><br />
Amphi Durand<br><br />
4, place Jussieu<br><br />
75005 Paris<br><br />
<br />
Métro : Jussieu (ligne 7 et 10)<br><br />
<br />
* sinon, en sortant du métro il faut entrer dans l'université et suivre le fléchage<br />
<br />
[https://sciences.sorbonne-universite.fr/vie-de-campus-sciences/accueil-vie-pratique/plan-du-campus plan PDF de la faculté]<br />
<br />
[https://www.openstreetmap.org/node/707655942 Voir sur OpenStreetMap].<br />
<br />
[??? Tous les moyens d’accès au site principal de l’université].<br />
<br />
'''[http://www.april.org/files/document-membres-AG.pdf Merci d'imprimer et de vous munir du document] qui pourrait vous être demandé par les vigiles à l'accueil. Imprimez-le ou gardez-en trace sur votre téléphone mobile, ordinateur portable…'''<br />
<br />
==Co-voiturage==<br />
<br />
===Co-vélo / co-piéton===<br />
Station Vélib' à proximité.<br />
<br />
== Conférences éclairs samedi 16 mars 2024 de 10 h à 12 h ==<br />
<br />
Le matin, un temps de conférences éclairs est prévu, ouvert à toute personne, membre ou pas de l'April. <br />
<br />
Les conférences éclairs auront lieu '''samedi 16 mars de 10 h à 12 h dans l'amphi Durand à la Faculté des Sciences et Ingénierie, 4, place Jussieu 75005 Paris'''. L'accueil commencera à partir de '''09 h 30'''.<br />
<br />
Les conférences éclairs sont des présentations très courtes (six minutes) qui s’enchaînent sur des sujets variés: présentation d'une initiative, d'un livre ou d'un film, d'un logiciel, d'un langage, d'un service, d'une association... C'est la diversité des sujets qui fait la richesse de l'événement. On découvre des personnes et des projets, on partage des idées, on ressort plein d'énergie et de motivation. Bien sûr, puisque cette proposition s'inscrit dans le contexte de l'April, ces conférences auront toutes un lien avec le Libre, entendu au sens large (logiciel libre, données ouvertes, licences libres...).<br />
<br />
Les conférencières et conférenciers pourront utiliser un support pour leur présentation, au format PDF ou lien vers une présentation web (type reveal.js), qui sera à envoyer avant le 14 mars minuit à l'équipe d'organisation pour réduire le plus possible les aléas logistiques pendant l'événement. Pour favoriser un déroulé fluide et dynamique, il n'y aura ni questions ni interventions du public entre les présentations. <br />
<br />
Le '''programme prévisionnel''' est détaillé ci-dessous. N'hésitez pas à nous [mailto:support-ag@april.org signaler votre présence par courriel] si vous venez uniquement aux conférences éclairs. Si vous être membre de l'April, et que vous venez à la fois aux conférences éclairs et à l'AG, merci de vous inscrire dans le tableau plus bas dans cette page.<br />
<br />
Sur le temps de midi, partage d'un repas tiré du sac pour faire connaissance et poursuivre les échanges sur un mode convivial. Chaque personne intéressée devant apporter son repas. Ce repas aura lieu sur place et sans doute debout.<br />
<br />
<br />
{|border="1"<br />
|-<br />
! '''Ordre'''<br />
! '''Orateur/Oratrice'''<br />
! '''Titre'''<br />
! '''URL'''<br />
|-<br />
| 1<br />
| Khrys<br />
| Démasculiniser (l'histoire de) l'informatique<br />
| <br />
|-<br />
| 2<br />
| Vincent-Xavier Jumel<br />
| Future forge des communs numérique de l'Éducation Nationale<br />
| <br />
|-<br />
| 3<br />
| Vincent Calame<br />
| Moteur de recherche avancé développé dans Libre à vous<br />
| <br />
|-<br />
| 4<br />
| Yvette Allimann<br />
| À quoi servent et comment se passe l’élaboration de normes ISO<br />
| <br />
|-<br />
| 5<br />
| Denis Dordoigne<br />
| Comment ouvrir un ticket de bug d'un logiciel libre<br />
| <br />
|-<br />
| 6<br />
| Olivier Lader<br />
| Logiciel propriétaire, biais de confirmation et l'Éducation Nationale<br />
| <br />
|-<br />
| 7<br />
| Jean-Paul Chaput et Marie-Minerve Louerat<br />
| Coriolis, un logiciel libre de conception des puces libres<br />
| http://coriolis.lip6.fr/<br />
|-<br />
| 8<br />
| Georges Khaznadar<br />
| GNU-Linux, c'est dans la poche<br />
| https://usb.freeduc.org/<br />
|-<br />
| 9<br />
| Michael Opdenacker<br />
| Anki : n'oubliez plus ce que vous apprenez !<br />
| https://fr.wikipedia.org/wiki/Anki<br />
|-<br />
| 10<br />
| Françoise Conil<br />
| Extraction des métadonnées des essais cliniques sur le COVID-19<br />
| <br />
|-<br />
| 11<br />
| Association Nos oignons<br />
| Association Nos oignons : Activités et perspectives. Intérêt du réseau Tor<br />
| https://nos-oignons.net/<br />
|-<br />
| 12<br />
| Pablo Rauzy<br />
| Paradoxe libriste et logiciel émancipateur<br />
| <br />
|-<br />
| 13<br />
| Nicolas Dandrimont, David Douard<br />
| Software Heritage, l'archive universelle du logiciel libre <br />
| <br />
|-<br />
| 14<br />
| Isabelle Carrère<br />
| Présentation d'ANTANAK et du réseau RéFIS<br />
| https://antanak.com/<br />
|-<br />
| 15<br />
| Frédéric Urbain<br />
| FramaSpace<br />
| <br />
|-<br />
| 16<br />
| Cédric Dumond<br />
| Librezo, un collectif libristes prônant l'auto-hébergement<br />
| https://librezo.fr/<br />
|-<br />
| 17<br />
| Magali Garnero - Bookynette<br />
| Vous êtes la bonne personne!<br />
|<br />
|-<br />
|}<br />
<br />
<!--<br />
N'hésitez pas [mailto:confseclairs@april.org à proposer une intervention]. Le format court et le contexte amical offrent un cadre rassurant. L'objectif est vraiment d'encourager chacun et chacune à oser venir partager sur un sujet. La date limite pour l'envoi des propositions est le 29 février. Il suffit d'écrire à confseclairs@april.org en indiquant votre nom ou votre pseudo ainsi que le titre de votre présentation et éventuellement un lien pour en savoir plus.<br />
--><br />
<br />
== Ordre du jour prévisionnel de l'assemblée générale ==<br />
<br />
L'AG (y compris la conférence d'ouverture) est réservée aux membres de l'April. On vous glisse [https://www.april.org/adherer le lien pour devenir membre] :)<br />
<br />
Samedi 16 mars 2024 de 14 h à 18 h :<br />
<br />
De 14 h à 14 h 30, la journalise Mathilde Saliou fera une présentation intitulée « Comment rendre le numérique plus inclusif ».<br />
<br />
Ordre du jour de l'AG (à partir de 14 h 30) :<br />
<br />
* présentation du rapport d'activité et vote du quitus ;<br />
<br />
* présentation du bilan financier et vote du quitus ;<br />
<br />
* élection du conseil d'administration ;<br />
<br />
* questions diverses.<br />
<br />
* perspectives brainstorming général avec les adhérents<br />
<br />
== Procurations ==<br />
<br />
Pour les personnes membres absentes, il est possible de se faire représenter lors de l'assemblée générale par une autre personne membre à jour de cotisation, si celle-ci est munie d'une procuration signée.<br />
<br />
Le jour de l'assemblée générale, seule la liste des personnes votantes et le décompte global des votes sera public. Les personnes qui auront voté électroniquement peuvent bien sûr venir à l'assemblée générale mais ne pourront évidemment pas re-voter ce jour là sur les quitus.<br />
<br />
Nous acceptons trois formes de procuration :<br />
<br />
* version papier : la traditionnelle procuration papier signée (confiée au membre représentant ou envoyée par la poste) :<br><br />
April <br><br />
44/46 rue de l'Ouest<br><br />
Bâtiment 8<br><br />
75014 Paris<br />
<br />
* version électronique : même texte que la version papier, le courriel devant être signé si possible de la clé GPG de la personne adhérente et envoyé à la personne adhérente représentant celle-ci, avec copie à '''support-ag A april POINT org'''.<br />
<br />
* Si la personne adhérente n'a pas de clé GPG, nous acceptons un courriel simple. Toutefois, si la procuration est envoyée depuis une adresse différente de l'adresse d'inscription à l'association, nous enverrons une demande de confirmation à la personne adhérente par courriel à l'adresse d'inscription à l'association.<br />
<br />
Le délai maximum pour la réception des procurations transmises par courrier papier et par courrier électronique, afin qu'elles soient prises en compte lors de l'AG, est fixé au '''jeudi 14 mars 2024 à 08 h 00'''.<br />
<br />
Le texte de la procuration est :<br />
<br />
----<br />
<br />
Version A - Vous savez qui désigner :<br />
<br />
Association April<br />
<br />
Procuration<br />
<br />
Assemblée Générale Ordinaire du 16 mars 2024<br />
<br />
Je soussigné⋅e, [VOS PRÉNOM ET NOM][et Nom personne morale le cas échéant],<br />
membre de l'April, à jour de ma cotisation, donne procuration à [PRÉNOM ET NOM]<br />
[et Nom personne morale le cas échéant], membre de l'April, à jour de sa<br />
cotisation, s'il/elle l'accepte, et à défaut à toute autre personne membre du Conseil<br />
d'Administration désignée par lui/elle, pour l'Assemblée Générale Ordinaire<br />
de l'April du samedi 16 mars 2024<br />
<br />
Fait pour valoir ce que de droit.<br />
<br />
À [VOTRE COMMUNE], le [DATE]<br />
<br />
bon pour pouvoir<br />
<br />
[SIGNATURE]<br />
<br />
----<br />
<br />
Version B - Vous ne savez pas qui désigner : <br />
<br />
Association April<br />
<br />
Procuration<br />
<br />
Assemblée Générale Ordinaire du 16 mars 2024<br />
<br />
Je soussigné⋅e, [VOS PRÉNOM ET NOM][et Nom personne morale le cas échéant],<br />
membre de l'April, à jour de ma cotisation, donne procuration à toute <br />
personne membre du Conseil d'Administration, pour l'Assemblée Générale Ordinaire<br />
de l'April du samedi 16 mars 2024<br />
<br />
Fait pour valoir ce que de droit.<br />
<br />
À [VOTRE COMMUNE], le [DATE]<br />
<br />
bon pour pouvoir<br />
<br />
[SIGNATURE]<br />
<br />
==Flux vidéo==<br />
<br />
Un flux vidéo de l'AG devrait être disponible [https://visio.octopuce.fr/b/fre-8o7-ruj sur ce salon BigBlueButton] (merci à la société Octopuce pour la mise à disponible de ce serveur).<br />
<br />
==Soirée festive samedi 16 mars à 19 h==<br />
<br />
Une soirée festive est prévue samedi à partir de 19 h dans le tiers-lieu [https://cesure.paris/ Césure], à quelques minutes à pied du lieu de l'AG.<br />
<br />
Adresse :<br />
<br />
Césure<br />
<br />espace « La cantine »<br />
<br />13 rue Santeuil<br />
<br />75005 Paris<br />
<br />
À savoir qu'une initiation à la tarantelle (dance folk italienne) à 19h, ainsi qu'un concert du groupe ''I Carbonari'' (spécialisé en tarantelles) [https://cesure.paris/agenda/bal-tarentelle-2024-03-16 sont prévus ce soir-là à Césure] :)<br />
<br />
Une offre restauration à prix doux (plats à 8,50 euros) sera assurée par l'association [https://www.spadella.fr/ Spadella], qui proposera des plats végétariens et végans d'inspiration italienne.<br />
<br />
Selon [https://cesure.paris/espaces le plan de Césure] La cantine est située au 1er étage. Pour les personnes à mobilité réduite, il faut entrer par la porte 1 qui permet d'accéder aux ascenseurs. La porte 2, qui permet d'accéder directement à La cantine, a des escaliers uniquement.<br />
<br />
'''Le repas est à la charge des personnes présentes.'''<br />
<br />
==Participer sans être à Paris==<br />
<br />
Vous ne viendrez pas à Paris pour l'AG, mais vous avez quand même envie de vous réunir avec d'autres membres April...<br />
N'hésitez pas à organiser un événement simultanément.<br />
Et tenez nous au courant via un courriel à contact AT april DOT org , nous pourrons envoyer un courriel à ceux qui habitent pas loin de chez vous.<br />
<br />
=Personnes et structures invitées=<br />
==Invitation aux groupes d'utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres==<br />
<br />
Dans l'objectif de renforcer encore ses liens avec les groupes d'utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres (GULL) qu'ils soient membres ou pas de l'April, nous souhaitons inviter, comme chaque année, des représentants de GULL à notre AG. N'hésitez pas à nous contacter : contact AT april DOT org ou au 01 78 76 92 80.<br />
<br />
=Planning (en cours d'élaboration)=<br />
<br />
==Samedi 16 mars 2024 (Faculté des Sciences et Ingénierie)==<br />
<br />
- 09 h 30 :<br />
<br />
::* accueil<br />
::* conférences éclairs<br />
<br />
- 13 h 30 - 14 h 00 :<br />
<br />
::* accueil des membres pour l'AG : signature feuille d'émargement, paiement de cotisation, distribution bulletins de vote<br />
<br />
- 14 h 00 - 14 h 30 : la journaliste Mathilde Saliou fera une présentation intitulée « Comment rendre le numérique inclusif ».<br />
<br />
- 14 h 30 - 18 h 00 : '''Assemblée générale de l'April''' (courte pause à 16 h 00)<br />
<br />
::* émargement des personnes présentes et calcul du quorum<br />
::* présentation du rapport d'activité et vote du quitus<br />
::* présentation du bilan financier et vote du quitus<br />
::* élection du conseil d'administration<br />
::* discussions/perspectives<br />
<br />
<br />
- 18 h - 18 h 45 :<br />
<br />
::* sortie pour prendre l'air, discussions informelles, signature de clés GPG ([http://2008.rmll.info/Key-Signing-Party.html Déroulement de la «signing party» des RMLL] [http://cryptnet.net/fdp/crypto/keysigning_party/en/keysigning_party.html Le HowTo «officiel»])<br />
<br />
- 18 h 50 : départ groupé pour la soirée<br />
<br />
- 19 h 00 - : soirée April dans un lieu accessible PMR et avec options végétariennes<br />
<br />
==Dimanche 17 mars 2024 - FPH (Paris) et à distance ==<br />
<br />
La journée du dimanche est consacré à un April Camp : des ateliers en petits groupes ou discussions en plénière. L'April Camp est ouvert à toute personne, membre ou pas de l'April.<br />
<br />
Il a lieu de 09h à 18h, en présentiel à la FPH et à distance. Pour les détails pratiques et pour s'inscrire [https://pad.april.org/p/aprilcampdimanche17mars2024 allez sur le bloc-notes]<br />
<br />
===Adresse===<br />
<br />
Fondation Charles Mayer pour le Progrès humain (FPH)<br />
<br />
38 Rue Saint-Sabin<br />
<br />
75011 Paris <br />
<br />
Métro: Bréguet-Sabin<br />
<br />
=Tableau présences, repas et hébergement=<br />
<br />
'''Pour l'hébergement'''<br />
<br />
Les membres qui le peuvent et le souhaitent proposent d'héberger d'autres membres. Quelques jours avant l'AG, nous essayons d'apparier les demandes.<br />
<br />
Voir également la liste d'[[AG2007Hebergement|hébergements payants]].<br />
<br />
'''Comment s'inscrire sur le tableau ci-dessous'''<br />
*Connectez-vous au wiki. Si vous n'avez pas de compte April MediaWiki - qui est différent de votre compte membre sur april.org - vous pouvez [https://wiki.april.org/index.php?title=Sp%C3%A9cial:Cr%C3%A9er_un_compte&returnto=Assemblee+generale+16+mars+2024 '''le créer à cette page'''].<br />
*Cliquez sur "modifier"<br />
*Copiez le premier pavé qui suit la ligne commençant par "{|", et collez-le à la fin du tableau (en laissant toujours le "|}")<br />
*Remplacez les intitulés par vos informations<br />
*Puis allez en bas de page et cliquez sur "sauvegarder".<br />
*Répondez à la question qui vous est éventuellement posée (pour éviter les spams).<br />
<br />
'''On peut s'inscrire autrement qu'en modifiant le wiki ?'''<br />
<br />
Oui ! En alternative au wiki, vous pouvez envoyer un courriel à support-ag A april POINT org, en précisant les informations vous concernant.<br />
<br />
== Personnes présentes ==<br />
<br />
{|border="1"<br />
|-<br />
! '''Membre (localisation)'''<br />
! '''Nombre de personnes'''<br />
! '''Jour d'arrivée (heure lieu)'''<br />
! '''Jour de départ (heure, lieu)'''<br />
! '''Présence aux confs éclairs, ouvertes aussi aux non-membres (oui)'''<br />
! '''Présence à l'AG, réservée aux membres April (oui)'''<br />
! '''Besoin d'hébergement'''<br />
! '''Possibilité d'héberger (détailler)'''<br />
! '''Participation à l'éventuel dîner samedi, réservé aux membres April (nb personnes)<br />/!\Nombre de places limité : ne tarder pas à vous inscrire/!\'''<br />
! '''Participation à l'éventuel déjeuner dimanche, ouvert aussi aux non-membres (nb personnes)'''<br />
|-<br />
| Bookynette<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 13h<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| plus maintenant<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Echarp<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 13h<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Jean-Christophe Becquet (Grenoble)<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 14h<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Michael Opdenacker (84)<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 7h30<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| ?<br />
| 0<br />
|- <br />
| Gee<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 18h<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Frédéric Couchet (93)<br />
| 1<br />
| Samedi matin (09 h ou 09 h 30)<br />
| Dimanche (heure indéfinie)<br />
| Oui<br />
| Oui<br />
| Non<br />
| Non (places déjà réservées)<br />
| Oui (1)<br />
| Ne sait pas<br />
|-<br />
| Étienne Gonnu (93)<br />
| 1<br />
| Samedi 9 h 30<br />
| je ne sais pas encore<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| je ne sais pas encore<br />
|-<br />
| François Poulain (61)<br />
| 1<br />
| Samedi 9 h 30<br />
| Dimanche après midi<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Françoise Conil (Lyon)<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 15h<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Isabella Vanni (salariée, 75)<br />
| 1<br />
| Samedi 9 h 30<br />
| je ne sais pas encore<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| oui (1)<br />
| je ne sais pas encore<br />
|-<br />
| Denis Dordoigne (IdF)<br />
| 1<br />
| samedi 10h00<br />
| dimanche 16h00<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| oui (une place)<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Laurent Costy<br />
| 1<br />
| samedi 09h00<br />
| dimanche 16h00<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Jean-Baptiste Gieu (Paris)<br />
| 1<br />
| samedi 09h30<br />
| samedi 18h45<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| peut-être<br />
| non<br />
|-<br />
| Georges Khaznadar (Dunkerque)<br />
| 2<br />
| samedi 9h30<br />
| samedi 18h50<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
| Jean-Philippe Barbier (Argenteuil)<br />
| 1<br />
| samedi 14h<br />
| samedi 19h<br />
| non<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
| Marie-Minerve Louerat (Sorbonne Université-CNRS, Paris)<br />
| 1<br />
| samedi 09h30<br />
| samedi 18h45<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
| Thierry M. (78)<br />
| 1<br />
| samedi 14h00<br />
| je ne sais pas encore<br />
| non<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| oui<br />
| non<br />
|-<br />
| Vincent-Xavier Jumel (IdF)<br />
| 1<br />
| Samedi matin 10h<br />
| Samedi après-midi 16h30 (avec peut-être un retour)<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| si oui (1,5 personnes)<br />
| non<br />
|-<br />
|Éric Goazou<br />
|1<br />
|Samedi 10 h<br />
|?<br />
|oui<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|oui (1)<br />
|?<br />
|-<br />
| Loïc Dayot (Paris)<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| dimanche 17h<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1 pas sûr<br />
| 1<br />
|-<br />
| Franck Sinimalé (Noisy-le-Grand)<br />
| 1<br />
| samedi 9h30<br />
| samedi 18h50<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| non<br />
| non<br />
|-<br />
|Vincent Calame<br />
|1<br />
|samedi 9h30<br />
|dimanche 18h<br />
|oui<br />
|oui<br />
|non<br />
|noin<br />
|1<br />
|1<br />
|-<br />
|Samuel Ortion (91)<br />
|1<br />
|samedi 9h30<br />
|dimanche 18h <br />
|oui<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|1<br />
|1<br />
|-<br />
| Jean-François Lance (93)<br />
| 1<br />
| samedi 14h<br />
| samedi 18h30<br />
| non<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
| Laurent Boivin<br />
| 1<br />
| samedi 10h (me faire signe si besoin de bras + tôt)<br />
| samedi 18h30<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
| Nicolas Dandrimont<br />
| 1<br />
| samedi 10h<br />
| samedi soir<br />
| oui<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 0<br />
|-<br />
| Benjamin F<br />
| 1<br />
| samedi 14h<br />
| samedi 18h<br />
| non<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
|Olivier Pla<br />
|1<br />
|samedi entre 9h30 et 10h<br />
|samedi 18h<br />
|oui<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|-<br />
|Armony Altinier<br />
|1<br />
|samedi 14h<br />
|samedi 18h<br />
|non<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|-<br />
|Marc G alias Arkem<br />
|1<br />
|samedi 10h ou 14h<br />
|samedi 18h<br />
|peut-être<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|peut-être<br />
|non<br />
|-<br />
|Emmanuel Seyman<br />
|1<br />
|samedi 14h<br />
|samedi 18h<br />
|non<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|-<br />
|Eda<br />
|1<br />
|samedi 9h30<br />
|samedi 18h<br />
|oui<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|0<br />
|0<br />
|-<br />
|Dondup Bobanga Mpoko<br />
|1<br />
|samedi 9h30 <br />
|samedi après 18h <br />
|oui <br />
|oui <br />
|non <br />
|non <br />
|peut-être <br />
|non <br />
|-<br />
|Fabrice Mouhartem (94)<br />
|1<br />
|samedi ~10h <br />
|Ne sait pas encore<br />
|oui <br />
|oui <br />
|non <br />
|non <br />
|non<br />
|peut-être (1)<br />
|-<br />
|zaart<br />
|1<br />
|samedi ~10h <br />
|samedi soir<br />
|oui <br />
|oui <br />
|non <br />
|non <br />
|0<br />
|0<br />
|-<br />
|Fil<br />
|1<br />
|samedi ~10h <br />
|dimanche soir<br />
|oui <br />
|oui <br />
|non <br />
|oui (1 place) <br />
|1<br />
|1<br />
|-<br />
|Benoît Sibaud<br />
|1<br />
|samedi ~10h<br />
|samedi 18h<br />
|oui<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|-<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|-<!!!!!!------- NE RIEN INSCRIRE SOUS CETTE LIGNE ------><br />
! '''Membre (localisation)'''<br />
! '''Nombre de personnes'''<br />
! '''Jour d'arrivée (heure lieu)'''<br />
! '''Jour de départ (heure, lieu)'''<br />
! '''Présence aux confs éclairs, ouvertes aussi aux non-membres (oui)'''<br />
! '''Présence à l'AG, réservée aux membres April (oui)'''<br />
! '''Besoin d'hébergement'''<br />
! '''Possibilité d'héberger (détailler)'''<br />
! '''Participation à l'éventuel dîner samedi, réservé aux membres April (nb personnes)<br />/!\Nombre de places limité : ne tarder pas à vous inscrire/!\'''<br />
! '''Participation à l'éventuel déjeuner dimanche, ouvert aussi aux non-membres (nb personnes)'''<br />
|-<br />
|}<br />
<br />
= Communiquer sur l'AG et sur les conférences-éclairs autour de vous =<br />
<br />
Des messages que vous pouvez relayer sur Mastodon :<br />
<br />
*[https://pouet.april.org/@aprilorg/112088192888183749 Annonce/rappel AG]<br />
*[https://pouet.april.org/@aprilorg/112088195556118362 Annonce/rappel confs-éclairs]<br />
*[https://pouet.april.org/@aprilorg/112088261167143023 Suggestion d'adhérer à l'April à l'occasion de l'AG]<br />
<br />
=Liste des choses à faire=<br />
<br />
Pour participer à l'organisation, merci de vous inscrire à la liste ''orga A april POINT org''<br />
en suivant ce lien :<br><br />
http://listes.april.org/wws/info/orga<br />
<br />
Vous pouvez également noter votre nom ci-dessous :<br />
* <br />
<br />
''N. B. : Si vous souhaitez participer à une de ces tâches, marquez votre nom à côté, ou signalez-le par courriel à "orga A april POINT org". Merci !''<br />
<br />
* Être présent⋅e sur le stand à l'entrée de l'AG dès de 13 h 10 et au moins jusqu'à 14 h 00 pour faire signer les personnes présentes : '''Bookynette, Éric Goazou et Isa'''<br />
* Être présent⋅e sur le stand à l'entrée de l'AG dès de 14 h 30 à 15 h pour faire signer les personnes présentes : '''Bookynette, Éric Goazou et Isa'''<br />
* Chercher le matos au local (docs, goodies, marchandise) :<br />
<br />
=Point forts, points de vigilance=<br />
<br />
Voir le fonctionnement sur la page [[Les Points Forts et les Points de Vigilance]]<br />
<br />
Vous pouvez [[Assemblee_generale_25_mars_2023#Point_forts_.2F_points_de_vigilance|consulter les point relatifs à l'AG précédente]] qui a eu lieu le 25 mars 2023.<br />
<br />
Il est nécessaire de se connecter pour modifier la présente page. Si vous n'avez pas de compte April MediaWiki - qui est différent de votre compte membre April - vous pouvez [https://wiki.april.org/index.php?title=Sp%C3%A9cial:Cr%C3%A9er_un_compte&returnto=Assemblee+generale+16+mars+2024 le créer à cette page]. En alternative, vous pouvez transmettre vos remarques par courriel à support-ag AT april POINT org (liste non publique).<br />
<br />
'''Points forts (+)'''<br />
<br />
*<br />
<br />
'''Points de Vigilance (-)'''<br />
<br />
* Accuser réception des propositions de conf-éclair<br />
* Trouver un moyen plus simple pour permettre aux personnes de s'inscrire, la syntaxe wiki étant indigeste pour les personnes qui n'ont pas l'habitude de l'utiliser<br />
* Dommage pour le conflit d'agenda avec l'AG de l'Aful<br />
* Trouver un nom plus plus "vendeur" pour l'événement confs-éclairs :)<br />
<br />
=Boîte à idées=<br />
* Je ne sais pas si Gee aime faire ça mais illustrer l'AG au fil de l'eau avec ses dessins et commentaires marrants, ça peut continuer à contribuer à l'animation de l'AG. Ceci dit, si Gee n'est pas là [oui, Gee s'est inscrit], on peut aussi dédier quelqu'un qui utiliserait le générateur.<br />
* Pour la prochaine AG, on pourrait faire inscrire les personnes sur mobilizon.chapril. Avantages :<br />
** les personnes seraient plus autonomes (la syntaxe wiki n'est pas évidente pour tout le monde)<br />
** on collecterait automatiquement les adresse de contact des personnes participantes : super-pratique si on a besoin de les contacter<br />
** possibilité (à priori) d'indiquer un alias pour l'affichage public. En effet, certaines personnes pourraient ne pas souhaiter rendre publique leur participation à l'AG<br />
<br />
[[Catégorie:Animation]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Assemblee_generale_25_mars_2023&diff=103295Assemblee generale 25 mars 20232023-03-17T09:30:48Z<p>Bsibaud : /* Tableau présences, repas et hébergement */</p>
<hr />
<div>= Assemblée Générale samedi 25 mars 2023) =<br />
<br />
<br />
''(l'AG se tient début 2023 mais concerne le bilan de l'année 2022 et les perspectives de l'année à venir)''<br />
<br />
L'assemblée générale aura lieu '''samedi 25 mars 2023 de 14 h à 18 h à [http://www.univ-paris8.fr/ l'université Paris 8] (Saint-Denis, France) dans l'amphi MR002, Maison de la Recherche'''. Accueil à partir de 13 h 30.<br />
<br />
En cas de souci un numéro à connaître : 06 60 68 89 31 (Frédéric Couchet)<br />
<br />
'''Le plan "Vigipirate - alerte attentat" implique un contrôle à l'entrée de l'université. Merci de vous munir du document https://www.april.org/files/document-membres-AG.pdf qui pourrait vous être demandé par les vigiles à l'accueil. Imprimez-le ou garder en trace sur votre téléphone mobile, ordinateur portable…'''<br />
<br />
L'organisation de notre assemblée générale a été possible grâce à l'aide de l'UFR des Sciences et des Technologies du Numérique de Paris 8, que nous remercions très chaleureusement.<br />
<br />
Nous essayons d'organiser une soirée le samedi à partir de 19h (apéro et/ou repas). L'organisation de cette soirée dépendra du nombre de personnes présentes et des possibilités à notre disposition. Nous devons connaître à l'avance le nombre de personnes intéressées par une possible soirée. '''Merci donc d'indiquer dans le document, partie [[#Tableau présences, repas et hébergement]], si vous souhaitez participer à la soirée (ou par courriel à support-ag A april POINT org). La date limite pour répondre est vendredi 25 mars à 9h00'''. Nous communiquerons ensuite les détails pratiques de la soirée.<br />
<br />
== Besoin d'aide, des questions ? FAQ ==<br />
<br />
N'hésitez pas à nous contacter par courriel (support-ag A april POINT org) ou par téléphone (01 78 76 92 80).<br />
<br />
Nous avons réuni dans [[FaqAG2023|cette FAQ]] les questions et problèmes qui peuvent se poser à l'occasion de l'AG (vote, inscription aux repas, etc...).<br />
<br />
Pensez à consulter également la page suivante : http://www.april.org/faq-adherents<br />
<br />
==Lieux==<br />
<br />
Tous les lieux sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.<br />
<br />
*Le samedi 25 mars 2023, accueil à partir de 13h30, assemblée générale de 14h à 18h :<br />
<br />
Université Paris 8 http://www.univ-paris8.fr/<br><br />
amphi MR002, Maison de la Recherche<br><br />
2 rue de la Liberté - 93526 Saint-Denis <br><br />
Métro : Université Paris 8 (ligne 13)<br><br />
<br />
Faire attention à la direction du métro: la ligne 13 a deux branches après la station La Fourche, l'une va en direction de Saint-Denis-Université et l'autre vers Asnières-Gennevilliers. Donc, quand vous prenez la ligne 13 à Place de Clichy bien faire attention à prendre le métro qui va à Saint-Denis. La direction du métro est indiquée sur les panneaux accrochés au plafond, dans la rame de métro normalement c'est également indiqué. Et vous pouvez toujours demander aux gentils parisiens qui se trouvent dans la rame :)<br />
<br />
[http://www.openstreetmap.org/search?query=universit%C3%A9%20paris%208%20saint-denis#map=18/48.94503/2.36369 Voir sur OpenStreetMap].<br />
<br />
[http://www.univ-paris8.fr/Acces-et-plans Tous les moyens d’accès au site principal de l’université].<br />
<br />
'''Le plan "Vigipirate - alerte attentat" implique un contrôle à l'entrée de l'université. [http://www.april.org/files/document-membres-AG.pdf Merci d'imprimer et de vous munir du document] qui pourrait vous être demandé par les vigiles à l'accueil. Imprimez-le ou gardez-en trace sur votre téléphone mobile, ordinateur portable…'''<br />
<br />
==Co-voiturage==<br />
<br />
===Co-vélo / co-piéton===<br />
Station Vélib' à proximité.<br />
<br />
== Organisation sanitaire de l'AG ==<br />
<br />
Depuis le 14 mars 2022, Le port du masque n’est plus obligatoire notamment à l’intérieur des amphithéatres. En conséquence, le port du masque n'est pas une obligation légale pour l'AG de l'April.<br />
<br />
Cependant, la pandémie de Covid-19 n'est pas terminée. Ainsi, l'Agence nationale de santé publique (Santé Publique France) appelle à continuer de porter le masque dans les lieux clos, pour se protéger soi, pour protéger les autres et notamment les personnes considérées comme vulnérables (personnes ayant un risque élevé de contracter une forme grave du Covid-19).<br />
<br />
Pour cette raison, toutes les personnes sont invitées à porter un masque lors de l'AG.<br />
<br />
De plus, si au moins une personne souhaitant assister à l'AG exprime le besoin que toutes les personnes présentes portent un masque, alors le port du masque sera nécessaire pour participer à l'AG. Si vous êtes dans ce cas, vous pouvez contacter Frédéric Couchet par courriel à fcouchet@april.org. <br />
<br />
Des masques seront disponibles à l'entrée de l'amphi.<br />
<br />
== Ordre du jour prévisionnel de l'assemblée générale ==<br />
<br />
Samedi 25 mars 2023 de 14 h à 18 h :<br />
<br />
Ordre du jour :<br />
<br />
* présentation du bilan moral et vote du quitus ;<br />
<br />
* présentation du bilan financier et vote du quitus ;<br />
<br />
* élection du conseil d'administration ;<br />
<br />
* questions diverses.<br />
<br />
* perspectives brainstorming général avec les adhérents<br />
<br />
== Procurations ==<br />
<br />
Pour les personnes membres absentes, il est possible de se faire<br />
représenter lors de l'assemblée générale par une autre personne membre si<br />
celle-ci est munie d'une procuration signée.<br />
<br />
Le jour de l'assemblée générale, seule la liste des personnes votantes et le<br />
décompte global des votes sera public. Les personnes qui auront voté<br />
électroniquement peuvent bien sûr venir à l'assemblée générale mais ne<br />
pourront évidemment pas re-voter ce jour là sur les quitus.<br />
<br />
Nous acceptons trois formes de procuration :<br />
<br />
* version papier : la traditionnelle procuration papier signée (confiée au membre représentant ou envoyée par la poste) :<br><br />
April <br><br />
44/46 rue de l'Ouest<br><br />
Bâtiment 8<br><br />
75014 Paris<br />
<br />
* version électronique : même texte que la version papier, le courriel devant être signé si possible de la clé GPG de la personne adhérente et envoyé à la personne adhérente représentant celle-ci, avec copie à '''support-ag A april POINT org'''.<br />
<br />
* Si la personne adhérente n'a pas de clé GPG, nous acceptons un courriel simple. Toutefois, si la procuration est envoyée depuis une adresse différente de l'adresse d'inscription à l'association, nous enverrons une demande de confirmation à la personne adhérente par courriel à l'adresse d'inscription à l'association.<br />
<br />
Le délai maximum pour la réception des procurations transmises par courrier papier et par courrier électronique, afin qu'elles soient prises en compte lors de l'AG, est fixé au '''mercredi 22 mars 2023'''.<br />
<br />
Le texte de la procuration est :<br />
<br />
----<br />
<br />
Version A - Vous savez qui désigner :<br />
<br />
Association April<br />
<br />
Procuration<br />
<br />
Assemblée Générale Ordinaire du 25 mars 2023<br />
<br />
Je soussigné⋅e, [VOS PRÉNOM ET NOM][et Nom personne morale le cas échéant],<br />
membre de l'April, à jour de ma cotisation, donne procuration à [PRÉNOM ET NOM]<br />
[et Nom personne morale le cas échéant], membre de l'April, à jour de sa<br />
cotisation, s'il/elle l'accepte, et à défaut à toute autre personne membre du Conseil<br />
d'Administration désignée par lui/elle, pour l'Assemblée Générale Ordinaire<br />
de l'April du samedi 25 mars 2023<br />
<br />
Fait pour valoir ce que de droit.<br />
<br />
À [VOTRE COMMUNE], le [DATE]<br />
<br />
bon pour pouvoir<br />
<br />
[SIGNATURE]<br />
<br />
----<br />
<br />
Version B - Vous ne savez pas qui désigner : <br />
<br />
Association April<br />
<br />
Procuration<br />
<br />
Assemblée Générale Ordinaire du 25 mars 2023<br />
<br />
Je soussigné⋅e, [VOS PRÉNOM ET NOM][et Nom personne morale le cas échéant],<br />
membre de l'April, à jour de ma cotisation, donne procuration à toute <br />
personne membre du Conseil d'Administration, pour l'Assemblée Générale Ordinaire<br />
de l'April du samedi 25 mars 2023<br />
<br />
Fait pour valoir ce que de droit.<br />
<br />
À [VOTRE COMMUNE], le [DATE]<br />
<br />
bon pour pouvoir<br />
<br />
[SIGNATURE]<br />
<br />
==Flux audio et vidéo==<br />
<br />
TODO<br />
<br />
==Soirée samedi 25 mars à 19 h ==<br />
<br />
Nous essayons d'organiser une soirée le samedi à partir de 19h (apéro et/ou repas). L'organisation de cette soirée dépendra du nombre de personnes présentes et des possibilités à notre disposition. Nous devons connaître à l'avance le nombre de personnes intéressées par une possible soirée. '''Merci donc d'indiquer dans le document, partie [[#Tableau présences, repas et hébergement]], si vous souhaitez participer à la soirée (ou par courriel à support-ag A april POINT org). La date limite pour répondre est TODO'''. <br />
<br />
==Participer sans être à Paris==<br />
<br />
Vous ne viendrez pas à Paris pour l'AG, mais vous avez quand même envie de vous réunir avec d'autres membres April...<br />
N'hésitez pas à organiser un événement simultanément.<br />
Et tenez nous au courant via un courriel à contact AT april DOT org , nous pourrons envoyer un courriel à ceux qui habitent pas loin de chez vous.<br />
<br />
=Personnes et structures invitées=<br />
==Invitation aux groupes d'utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres==<br />
<br />
Dans l'objectif de renforcer encore ses liens avec les groupes d'utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres (GULL) qu'ils soient membres ou pas de l'April, nous souhaitons inviter, comme chaque année, des représentants de GULL à notre AG. N'hésitez pas à nous contacter : contact AT april DOT org ou au 01 78 76 92 80.<br />
<br />
=Tableau présences, repas et hébergement=<br />
<br />
'''Pour l'hébergement'''<br />
<br />
Les membres qui le peuvent et le souhaitent proposent d'héberger d'autres membres. Quelques jours avant l'AG, nous essayons d'apparier les demandes.<br />
<br />
Voir également la liste d'[[AG2007Hebergement|hébergements payants]].<br />
<br />
'''Comment s'inscrire sur le tableau ci-dessous (note : il est nécessaire d'avoir un compte April MediaWiki, différent de votre compte adhérent⋅e, pour modifier la page) :'''<br />
*Cliquez sur "modifier"<br />
*Copiez le premier pavé qui suit la ligne commençant par "{|", et collez-le à la fin du tableau (en laissant toujours le "|}")<br />
*Remplacez les intitulés par vos informations<br />
*Puis allez en bas de page et cliquez sur "sauvegarder".<br />
*Répondez à la question qui vous est éventuellement posée (pour éviter les spams).<br />
<br />
'''Vous pouvez également vous inscrire en envoyant un courriel à support-ag A april POINT org, en précisant les informations vous concernant'''<br />
<br />
{|border="1"<br />
|-<br />
! '''Membre (localisation)'''<br />
! '''Nombre de personnes'''<br />
! '''Jour d'arrivée (heure lieu)'''<br />
! '''Jour de départ (heure, lieu)'''<br />
! '''Présence à l'AG (oui/non)'''<br />
! '''Besoin d'hébergement'''<br />
! '''Possibilité d'héberger (détailler)'''<br />
! '''Participation à l'éventuel dîner samedi (nb personnes)'''<br />
! '''Participation à l'éventuel déjeuner dimanche (nb personnes)'''<br />
|-<br />
| Fred Couchet (Saint-Denis, 93200)<br />
| 1<br />
| Arrivée le samedi matin pour la réunion CA étendu<br />
| Dimanche soir<br />
| Oui<br />
| Non<br />
| Oui (mais places déjà réservées)<br />
| 4<br />
| 1<br />
|-<br />
| Vincent-Xavier Jumel (Clichy, 92110)<br />
| 1<br />
| Arrivée le samedi après-midi (mais aura voté en ligne)<br />
| Samedi soir<br />
| Oui (à partir de 14h au mieux)<br />
| Non<br />
| Non<br />
| 1<br />
| 0<br />
|-<br />
| Laurent Costy (Paris, 75018)<br />
| 1<br />
| Arrivée le samedi <br />
| Dimanche midi<br />
| Oui<br />
| Non<br />
| Non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Loïc Dayot (Paris 20)<br />
| 1<br />
| samedi matin pour CA élargi<br />
| dimanche midi ou soir<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Bookynette (Paris 11)<br />
| 1<br />
| samedi matin pour CA élargi<br />
| dimanche midi ou soir<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Echarp (Paris 11)<br />
| 1<br />
| samedi l'AG<br />
| dimanche midi ou soir<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|-<br />
| Matthieu Dumoulin<br />
| 1<br />
| samedi pour l'AG<br />
| samedi soir<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
| Basile Starynkevitch<br />
| 1<br />
| samedi pour l'AG<br />
| samedi soir<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 0<br />
| 0<br />
|-<br />
|Gilles Rocton<br />
| 1'''<br />
| Samedi 13h30<br />
| Samedi soir<br />
| Oui<br />
| Non<br />
| Non<br />
| 2<br />
| 0<br />
|-<br />
| Isabella Vanni (Paris 14)<br />
| 1<br />
| samedi matin pour la réunion CA étendu<br />
| ne sait pas encore<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| ne sait pas encore<br />
|-<br />
| Didier Clermonté (Juvisy-sur-Orge)<br />
| 1<br />
| samedi 14 h<br />
| Dimanche après-midi<br />
| oui<br />
| non<br />
| oui ( 3 maxi)<br />
| 1<br />
| 1 <br />
|-<br />
| Eric Goazou<br />
| 1<br />
| samedi 14 h<br />
| ?<br />
| oui<br />
| ?<br />
| ?<br />
| ?<br />
| ? <br />
|-<br />
|Brieuc Seydoux<br />
|1<br />
|samedi 25 mars pour l'AG<br />
|dimanche<br />
|oui<br />
|non<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|-<br />
|Benoît Sibaud<br />
|1<br />
|samedi 25 mars pour l'AG<br />
|samedi soir<br />
|oui<br />
|non<br />
|non<br />
|1<br />
|0<br />
|-<br />
| Jean-Christophe Becquet (Grenoble)<br />
| 1<br />
| arrivée à Paris Gare de Lyon vendredi 24 mars à 17h58<br />
| départ de Paris Gare de Lyon dimanche 26 mars à 14h39<br />
| oui<br />
| non<br />
| non<br />
| 1<br />
| 1<br />
|- <!!!!!!------- NE RIEN INSCRIRE SOUS CETTE LIGNE ------><br />
! '''Membre (localisation)'''<br />
! '''Nombre de personnes'''<br />
! '''Jour d'arrivée (heure lieu)'''<br />
! '''Jour de départ (heure, lieu)'''<br />
! '''Présence à l'AG (oui/non)'''<br />
! '''Besoin d'hébergement'''<br />
! '''Possibilité d'héberger (détailler)'''<br />
! '''Participation à l'éventuel dîner samedi (nb personnes)'''<br />
! '''Participation à l'éventuel déjeuner dimanche (nb personnes)'''<br />
|-<br />
|}<br />
<br />
=Planning (en cours d'élaboration)=<br />
<br />
==Samedi 25 mars 2023 (Université Paris 8 Saint-Denis)==<br />
<br />
- 13 h 30 - 14 h 00 :<br />
<br />
::* accueil des adhérents et invités pour l'AG : signature feuille d'émargement, paiement de cotisation, distribution bulletins de vote<br />
<br />
- 14 h 00 - 18 h 00 : '''Assemblée générale de l'April''' (courte pause à 16 h 00)<br />
<br />
::* émargement des présents et calcul du quorum<br />
::* présentation du bilan moral et vote du quitus<br />
::* présentation du bilan financier et vote du quitus<br />
::* élection du conseil d'administration<br />
::* discussions/perspectives<br />
<br />
<br />
- 18 h - 18 h 45 :<br />
<br />
::* sortie pour prendre l'air, discussions informelles, signature de clés GPG ([http://2008.rmll.info/Key-Signing-Party.html Déroulement de la «signing party» des RMLL] [http://cryptnet.net/fdp/crypto/keysigning_party/en/keysigning_party.html Le HowTo «officiel»])<br />
<br />
- 18 h 45 : départ groupé en métro pour l'éventuelle soirée<br />
<br />
- 19 h 00 - : soirée April voir [[#Soirée samedi 25 mars à 19 h]]<br />
<br />
==Dimanche 26 mars 2023 - FPH (Paris) ==<br />
<br />
La journée du dimanche est consacré à un April Camp : des ateliers en petits groupes ou discussions en plénière. L'April Camp est ouvert à toute personne, membre ou pas de l'April.<br />
<br />
Il a lieu de 9h à 18h, en présentiel à la FPH et à distance. Pour les détails pratiques et pour s'inscrire [https://pad.april.org/p/aprilcampdimanche26mars2023 allez sur le bloc-notes]<br />
<br />
===Adresse===<br />
<br />
Fondation pour le Progrès de l'Homme (FPH)<br />
<br />
38 Rue Saint-Sabin<br />
<br />
75011 Paris <br />
<br />
Métro: Bréguet-Sabin<br />
<br />
==Liste des choses à faire==<br />
<br />
Pour participer à l'organisation, merci de vous inscrire à la liste ''orga A april POINT org''<br />
en suivant ce lien :<br><br />
http://listes.april.org/wws/info/orga<br />
<br />
Vous pouvez également noter votre nom ci-dessous :<br />
* <br />
<br />
''N. B. : Si vous souhaitez participer à une de ces tâches, marquez votre nom à côté, ou signalez-le par courriel à "orga A april POINT org". Merci !''<br />
<br />
* Être présent⋅e sur le stand à l'entrée de l'AG dès de 13 h 10 et au moins jusqu'à 14 h 00 pour faire signer les personnes présentes : Bookynette et Éric Goazou dès 13 h 10. Patrick Creusot et olasd dès 13 h 30 (en support au cas où).<br />
* Chercher le matos au local (docs, goodies, marchandise) : Étienne, Fred, Elsa, Jean-Christophe, Isa.<br />
* Acheter le fromage pour le from'n'pif de dimanche midi : ''''''<br />
* Acheter le vin pour le from'n'pif de dimanche midi : ''''''<br />
<br />
= Point forts / points de vigilance=<br />
<br />
* '''Points Forts :'''<br />
<br />
*'''Points de Vigilance :'''<br />
<br />
=Boîte à idées=<br />
<br />
[[Catégorie:Animation]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_4_mai_2021&diff=92849Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 4 mai 20212021-05-06T20:10:26Z<p>Bsibaud : /* Deuxième partie */</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 4 mai 2021 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenant·e·s :''' Adrien Bourmault - Isabella Vanni - Anna - Benoît Sibaud - Emmanuel Revah - Étienne Gonnu - Adrien Bourmault à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 4 mai 2021<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20210504/LAV-104-210504-CC/01-Master/rec_20210504-153000.wav Podcast Provisoire]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-4-mai-2021-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
Le difficile exercice de la modération, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme Musique électroacoustique et Art Libre et une chronique sur PeerTube. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.<br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.<br />
<br />
Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour utile ou à nous poser toute question.<br />
<br />
Nous sommes le mardi 4 mai 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être un podcast ou une rediffusion.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission Adrien. Salut Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Salut.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous vous souhaitons une excellente écoute et que la force soit avec vous.<br />
<br />
[jingle]<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « Le Libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni sur le thème « Musique électroacoustique et Art Libre », avec Adrien Bourmault==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons commencer par la chronique « Le Libre fait sa comm' » proposée par ma collègue Isabella Vanni, responsable vie associative pour l’April. Isa je te passe la parole.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci. Bonjour. Dans la chronique « Le Libre fait sa comm' » d’aujourd’hui nous allons parler de musique électroacoustique et art libre. Nous le ferons avec Adrien Bourmault, bénévole à l’April et aussi étudiant en composition instrumentale et électroacoustique. Étienne s’est rendu disponible pour remplacer Adrien à la régie le temps de cette chronique, merci à Étienne.<br/><br />
Bonjour Adrien. Je te propose de commencer par nous expliquer ce qu’est la musique électroacoustique. Personnellement, je ne connaissais pas avant de découvrir ton morceau sur SoundCloud. Je pense important de préciser déjà que dans « musique électroacoustique » l’adjectif « électroacoustique » est écrit tout attaché, car « électro-acoustique » avec un tiret au milieu indique autre chose.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. Déjà bonjour. Effectivement, la musique électroacoustique est un genre à part entière. Le mot électroacoustique, ici, n’est pas l’adjectif qui veut dire que ça utilise forcément uniquement des techniques électro-acoustiques. Électro-acoustique avec un tiret, c’est, par exemple, ce qu’on peut dire d’une guitare électro-acoustique, c’est-à-dire qu’elle utilise des transducteurs, qu’elle a besoin d’électricité pour fonctionner.<br/><br />
La musique électroacoustique certes ça met en jeu des techniques électroniques mais c’est plus que ça. C’est d’abord de la musique concrète.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Que veut dire concrète ? Pourquoi utilises-tu cet adjectif ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>La musique électroacoustique c’est un genre grand, vaste, qui est né dans les années 40. En France, l’émergence de l’électroacoustique c’est Pierre Schaeffer. C’est, en fait, une façon de concevoir la musique comme le traitement du son, le traitement de la matière sonore, sans réfléchir à ce qui a produit le son, mais en en faisant quelque chose. C’est-à-dire que je peux enregistrer, je ne sais pas, le bruit d’un train, le son d’une vague, le chant des oiseaux et en faire quelque chose d’autre parce que ce n’est pas la chose qui a produit le son qui est importante, c’est ce que j’en fais au final. C’est pour ça qu’on parle de musique concrète.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On peut dire un petit peu que les enregistrements que tu fais sont comme tes notes ou tes briques dans la composition ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, ça peut être ça. En fait tout son, toute matière sonore est une brique. On n’a plus besoin d’utiliser l’échelle tonale, on n’a plus besoin d’utiliser de gammes, en fait notre gamme c’est le son en lui-même et en général.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu dis qu’il n’y a pas besoin d’utiliser de tonalité. Est-ce qu’il y a un rôle pour la mélodie dans cette musique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Justement non. La musique électroacoustique n’a pas besoin de se focaliser sur la mélodie. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit d’en utiliser. Mais la mélodie n’est pas l’important, ce qui est important c’est ce que je vais faire de ma matière sonore. Ça peut être simplement une progression, ça peut être une sorte d’organisation de mouvements. En fait, ce qui va m’intéresser, c’est faire quelque chose d’intelligible, qui ait un sens, qui ait une structure afin de provoquer quelque chose chez l’auditeur puisque c’est de la musique. Ça ne veut pas forcément dire qu’on va faire une mélodie, ça veut juste dire qu’on va faire quelque chose de musical à partir de quelque chose de plus vaste qu’une simple mélodie.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Donc même s’il n’y a pas de mélodie ou de rythme, on peut toujours parler de musique, parce que, comme tu disais, il y a un début, un fin et une progression. Est-ce qu’on peut dire que c’est comme raconter une histoire ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ça peut ressembler à une histoire. D’ailleurs, je pense que dans mes compositions je raconte une histoire.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Tu parles d’enregistrement. Quelle est la différence entre les enregistrements que tu utilises dans ta musique électroacoustique, par exemple les <em>samples</em> qui sont utilisés dans la musique électronique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ce n’est pas le cas de tout le monde, mais la tradition, j’allais dire la tradition française dans la musique électroacoustique c’est un petit peu utiliser et enregistrer soi-même pour réaliser quelque chose et ensuite en faire une musique sur support, parce que l’électroacoustique c’est de la musique sur support.<br/><br />
Pour mon œuvre <em>Persiflès</em> je suis allé enregistrer des sons. J’ai aussi utilisé des enregistrements de personnes que je connais, de mon entourage artistique, et j’en ai fait une œuvre. Je ne suis pas allé acheter des <em>samples</em> ou je ne suis pas allé les chercher sur un site. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. C’est parfait parce que ça me permet de te poser la question que tu as déjà anticipée : comment tu te relationnes avec la musique électroacoustique ? Tu viens de le dire comment tu t’y prends, tu as l’habitude d’aller chercher par toi-même, c’est un peu la culture <em>do it yourseft</em>, fais-le par toi-même, des sons qui peuvent t’intéresser, faire des enregistrements. Comment es-tu tombé dans le chaudron de la musique électroacoustique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>C’est un peu par hasard. À ce moment-là j’étais étudiant en formation musicale, en DEN??? de formation musicale et je devais faire un atelier pour une matière instrumentale, j’étais en option piano et il fallait que je fasse un atelier. Je suis tombé dans un atelier électroacoustique un peu par hasard. Puis, très rapidement, mon professeur qui s’appelle ??? – qui nous écoute sûrement d’ailleurs, je le salue chaleureusement – m’a fait découvrir un univers que je ne connaissais pas, qui ouvrait plus de possibilités que simplement la composition instrumentale ou la formation musicale.<br/><br />
À partir de ce moment-là je me suis dit qu’il fallait que je fasse de la composition, donc j’ai commencé par faire de la composition électroacoustique.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Donc ça a commencé par l’intérêt pour la technique puis c’est devenu une passion et tu as eu envie de composer. Je sais que tu as choisi de publier tes compositions sous licence libre. Je voulais savoir pourquoi ce choix et si c’est cohérent avec ta démarche envers la musique et envers l’informatique en général.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. C’est simplement parce que pour moi c’était évident ; ce n’est pas forcément évident pour tout le monde, je suis d’accord. Il y a de la technique derrière la musique que je compose. Évidemment c’est une œuvre, ce que je fais ce sont des œuvres musicales, mais ça ne veut pas dire qu’elles sont ma propriété unique et personnelle. Tant qu’on m’attribue mon travail ça ne me pose pas de problème, c’est pour ça que j’ai choisi d’utiliser la licence CC By SA, donc Creative Commons Attribution et Partage dans les mêmes conditions, parce que je considère que tant que mon nom est cité, si on utilise mon travail, ça me va, et tant que ça reste libre, ça me va encore mieux. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est <em>Share Alike</em>, distribué dans les mêmes conditions.<br/><br />
Tu nous as dit que malheureusement tu as dû abréger ton morceau <em>Persiflès</em> aujourd’hui. Peux-tu nous dire pourquoi ? II était vraiment très long ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. Ce qui est propre à la musique électroacoustique c’est que ça va être rarement des petits moreaux. C’est un peu comme quand vous écoutez, je ne sais pas, une grande symphonie. Quand vous écoutez une grande symphonie de Beethoven ou de Mahler vous n’allez pas leur demander de faire un truc de quatre minutes. Ils vont composer quelque chose qui a des grandes progressions, qui va avoir beaucoup de choses à dire. La musique électroacoustique, étant donné le vaste genre que c’est, a beaucoup de choses à dire, énormément de choses à dire ! On peut faire beaucoup de choses. Imaginez que la musique électroacoustique c’est un petit peu comme je prends tous les sons possibles, j’ai tous les sons possibles à ma disposition, je peux faire un peu toutes les variations que je veux. Je peux même faire des thèmes extrêmement longs et fournis. Je peux dire beaucoup de choses. Comme je suis très bavard, j’écris forcément beaucoup. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>En fait, ça reflète ta personnalité !<br/><br />
Je vous propose d’écouter la version abrégée de <em>Persiflès</em> d’Adrien Bourmault alias neox, c’est aussi son alias pour ce qui est de la musique, en espérant que ça vous donne envie d’aller écouter la version complète qui est disponible sur SoundCloud. Vous trouvez la référence, bien évidemment, sur le site de l’April sur la page consacrée à l’émission.<br/><br />
Je vous souhaite une très bonne écoute. <br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Persiflès</em> par Adrien Bourmault.<br />
<br />
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter un extrait de <em>Persiflès</em> par Adrien Bourmault., disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br/><br />
Merci à toi d’avoir partagé avec nous ta démarche, ta musique et d’avoir repris les manettes de la régie.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Merci à vous de m’avoir proposé cette invitation.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==La modération, avec LinuxFr et Framasoft==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur le délicat et difficile exercice de la modération et j’ai le plaisir de recevoir par téléphone, pour en discuter, Benoît Sibaud qui est directeur de publication du site LinuxFr.org et membre de son équipe de modération et Anna membre et modératrice de Framasoft, notamment pour leur instance Mastodon, l’instance Framapiaf.<br/><br />
N’hésitez pas à participer à notre conversation soit au 09 72 51 55 46. Vous retrouvez le numéro sur le site de la radio ou sur le salon web dédié sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».<br/><br />
Nous sommes avec Benoît et Anna. Bonjour à vous deux. Est-ce que vous êtes bien avec nous ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Oui. Bonjour<br />
<br />
<b>Anna : </b>Bonjour. Oui, c’est bon.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Je vous propose de commencer de manière somme toute très classique pour que nos auditeurs et auditrices sachent d’où vous parlez. Est-ce que vous pourriez vous présenter personnellement ainsi que la structure que vous représentez ? Benoît. <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Le site LinuxFr.org est un site web par et pour les communautés du Libre en général, qui diffuse des contenus pour relayer l’actualité des autres projets. Donc il y a un site web, derrière il y a une association et je suis le directeur de publication du site, je suis plus particulièrement concerné par les questions de modération et je fais partie de l’équipe du site en général, je travaille aussi bien sur les aspects techniques que sur la production de contenus que sur la modération, divers sujets liés au site.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Du coup, peut-être pour entrer dans quelques détails qui vont être, je pense, déterminants pour bien comprendre la suite de nos échanges, est-ce que tu peux nous en dire un tout petit peu plus notamment sur le type de contenus que vous allez être amenés à modérer ? En gros c’est un site communautaire, tu me corrigeras, où des personnes – moi je le fais notamment dans le cadre de <em>Libre à vous !</em> – peuvent proposer des dépêches, les gens vont pouvoir venir les commenter. Quels sont les types de contenus que vous êtes amenés à modérer ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Le site fonctionne sur un principe de 100 % de bénévoles. Les contenus sont écrits par nos visiteurs et derrière il y a une équipe de bénévoles qui va aider à la rédaction de ces contenus, aider à comprendre comment fonctionne le site, rajouter des informations, mettre des liens, ajouter des étiquettes, etc., faire de la « mise en page », entre guillemets, et une équipe qui va gérer la modération pour gérer et la publication et après la publication. Ce sont des visiteurs qui vont venir, qui vont commenter, qui vont éventuellement enrichir les contenus de manière générale. Tous les contenus viennent des visiteurs et les contenus sont de diverses natures. Le contenu classique, d’origine du site, c’était des actualités sur le logiciel libre, donc un projet, une association vient parler de son actualité, donc va écrire son contenu et l’envoyer chez nous, sur LinuxFr.org, pour publication.<br/><br />
Il est aussi possible d’écrire un contenu à plusieurs. Par exemple, imaginons que des gens se regroupent pour décider de parler de quels sont les logiciels qui existent pour faire du graphisme en Libre. Ils vont corédiger ensemble un contenu pour évoquer les différents logiciels qui existent et ils vont le faire dans notre espace de rédaction qui permet de faire une rédaction collaborative. Ce sera, là aussi, publié sous forme de ce qu’on appelle une dépêche, une actualité.<br/> Après il y a des contenus qui sont plus personnels, qui ressemblent plus à une entrée dans un blog, qui vont être plus personnels. Pareil, les éditeurs peuvent parler de leurs projets, ils peuvent aussi évoquer des choses qui sont plus personnelles, par exemple dire « je n’aime pas ce projet-là » ou « j’aime beaucoup ce projet-là pour des raisons qui me sont personnelles ». Ils vont parler aussi de sujets aussi complètement annexes. On a souvent des sujets qui sont en dehors du Libre qui sont abordés dans certaines parties du site. Ce sont des catégories de contenus.<br/><br />
On a aussi une partie qui concerne des liens, juste pour partager un lien, on partage simplement un lien. Il y a aussi des choses pour avoir des questions ou des réponses dans les forums et faire des sondages pour poser une question si on a des réponses et sonder un peu la communauté du site.<br/><br />
Suivant les situations on a des contenus qui sont publiés sans modération, sans modération <em>a priori</em>, ou publiés avec une modération <em>a priori</em>. Dans tous les cas il y a une modération <em>a posteriori</em> aussi bien sur les contenus eux-mêmes que sur certains aspects indirects comme les images qui peuvent être embarquées dans les contenus ou les étiquettes qui peuvent être posées sur les contenus par exemple.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. On voit effectivement une grande variété de contenus différents. C’est un site qui est très riche, si vous ne connaissez pas LinuxFr.org, on y trouve beaucoup d’informations, on sent, peut-être qu’on y reviendra d’ailleurs, qu’il y a derrière une vraie communauté. On voit déjà, effectivement, la grande variété de contenus modérés. Et je pense, ça aussi on y reviendra, le fonctionnement 100 % bénévole qui n’est pas anodin, j’imagine, notamment quand on parle de modération. Merci beaucoup Benoît.<br/><br />
Anna, tu es membre de Framasoft, tu es modératrice au sein de cette association, notamment, je le disais, pour l’instance Framapiaf, l’instance Mastodon. Tu nous diras si tu modères aussi, si tu es responsable de modération sur autre chose. Je veux bien que tu te présentes, que tu nous rappelles en quelques mots ce qu’est l’association Framasoft et quel est ton rôle pour la modération au sein de cette association.<br />
<br />
<b>Anna : </b>Je suis membre bénévole de l’association Framasoft qui est, on dit, une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels. Une fois qu’on a dit ça c’est un peu vaste. Ce qu’on fait c’est notamment qu’on propose beaucoup de services libres pour montrer que c’est possible. Parmi tous ces services il y a des choses qui permettent de faire du travail collaboratif et il y a des choses qui permettaient, par exemple, de partager des images, là on peut parler de modération. Et récemment aussi on a commencé à développer des outils, notamment un outil qui s’appelle PeerTube qui permet d’héberger des vidéos ; et si on ne propose pas forcément d’instance ouverte au public, donc cette question de la modération se pose moins, on propose un index qui répertorie tous les sites qui proposent des vidéos grâce à PeerTube, là il y a un peu une sorte de modération. Et enfin, on propose deux services qui sont des réseaux sociaux, Mastodon et Diaspora, mais je crois qu’on a fermé récemment Diaspora puisqu’on est en train de fermer des services.<br/><br />
Je suis dans le comité de modération, donc je vois beaucoup de choses passer. Je suis principalement sur Framapiaf, notre instance Mastodon.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>OK. Ça n’a rien à voir avec le sujet, mais tu as mentionné quelque chose qui me paraît quand même très important et qui peut effrayer peut-être des personnes qui écoutent. Effectivement, Framasoft a une démarche de fermeture de services mais qui est une démarche très positive. On mettra le lien en référence pour aller voir là où Framasoft décrit très clairement toute sa démarche et que je vous invite franchement à aller lire. C’est très intéressant aussi sur comment on pense un réseau fédéré, décentralisé. Désolé pour cette parenthèse et merci pour cette présentation.<br/><br />
Pour Framasoft, on voit bien que la modération ne concerne pas que le réseau social Framapiaf en ce qui concerne Mastodon. On imagine bien que les enjeux de modération sont assez spécifiques par rapport à Framapiaf. Est-ce que tu saurais, du coup, nous parler un petit peu de ce qu’est une instance Mastodon ? Qu’est-ce que Framapiaf, notamment dans cette logique de décentralisation qui doit avoir, on imagine, des effets sur la question de la modération ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Oui, avec plaisir. Justement dans la lignée de fermeture de services, en fait Framasoft a commencé à avoir beaucoup de visibilité, il y a plein de gens qui venaient chez nous et qui trouvaient ça super. On est un peu embêtés, on ne veut pas grossir pour qu’il n’y ait pas trop de gens qui viennent chez nous, donc on a commencé à essayer de mettre en place un réseau d’autres acteurs qui s’appelle les CHATONS qui sont des hébergeurs, qui sont des copains, en gros. L’idée c’est que les personnes peuvent venir soit chez nous soit chez d’autres personnes.<br/><br />
Dans cette idée un peu d’avoir un réseau d’acteurs qui ont les mêmes valeurs et la même éthique, donc de décentraliser pour que tout le monde ne soit pas chez la même personne, on peut retrouver le fonctionnement du réseau social Mastodon.<br/><br />
Mastodon est un réseau de sites, qui sont des petits réseaux sociaux, qui sont connectés les uns aux autres, ce qui fait que moi je peux habiter chez Framapiaf, mais vous, vous pouvez habiter dans une autre instance, par exemple il y a des instances bretonnes, il y a des instances Queers, il y a des instances dédiées aux jeux de société. Vous pouvez vous inscrire sur cette autre instance, sur cet autre site, et on peut quand même interagir ensemble, ce qui est assez peu courant dans le fonctionnement des réseaux sociaux, en tout cas les réseaux sociaux centralisés, ceux qu’on connaît, les plus gros. Ce qui pose plein de problématiques avec tous ces sites parce que, par exemple, quelque chose qui est autorisé chez vous ne le sera pas forcément chez moi et inversement. Ça peut être quelque chose par rapport à la légalité. Il y a des instances japonaises qui autorisent des types de contenus qu’on ne peut pas autoriser avec la législation française, je pourrais y venir, mais juste aussi parce que vous mettez les règles que vous voulez chez vous, parce que vous êtes chez vous. Si jamais vous ne voulez pas d’un certain type de contenus parce que ça vous semble inadapté – qu’est-ce que je pourrais présenter comme exemple ? On a la possibilité de flouter certains types d’images par exemple. Donc on peut dire « sur mon instance, chez moi, je voudrais que tous les types d’images soient floutés ». Ça peut être, que sais-je, les photos de nourriture ou les photos de choses qui peuvent faire un peu peur comme les photos d’araignées, en disant, comme ça, les personnes qui sont sur mon instance savent qu’elles ne sont pas confrontées à des photos d’araignées. Moi je peux dire « tu peux appliquer ces règles-là chez toi si tu veux mais moi j’autorise les photos d’araignées ». Du coup, ça va poser beaucoup de questions : comment, alors que chez toi c’est autorisé et chez moi ce n’est pas autorisé, on réussit à faire quand même des liens ou à décider, qu’en fait, il faut qu’on coupe nos liens parce que, de toute façon, ça me dérange que chez toi ces photos soient vues et pas chez moi. Je parle des photos d’araignées, vous aurez bien compris qu’il y a plus de subtilité. On pourra y revenir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui. On voit effectivement l’enjeu et c’est intéressant. Sur un réseau fédéré cet objet est vraiment une question de politique et d’échanges et une question très riche du coup. J’en profite également, dans une logique de « déframasoftisation », puisque tu as évoqué un peu cette idée-là, que si vous souhaitez créer un compte sur Mastodon, vous pouvez aller sur Framapiaf chez Framasoft. Vous pouvez venir à l’April, on a également une instance sur le Chapril, chapril.org. Vous avez comme ça tout un ensemble d’instances où vous pouvez vous inscrire en respectant, à chaque fois effectivement, la charte de modération. Je pense que celles de l’April et de Framasoft sont différentes, mais sans doute assez proches dans l’éthique.<br/><br />
Je voulais vous proposer un exercice qui n’est pas forcément évident, si vous deviez présenter, en quelques mots, ce qu’est la modération, quels en sont les enjeux. En gros vous rencontrez quelqu’un, comme ça, qui vous pose la question : c’est quoi la modération ? En quelques mots, comment lui feriez-vous sentir, justement, que c’est un sujet qui est important, qui est politique, où il y a vraiment des enjeux derrière et que ce n’est pas juste une question technique ? Comment lui présenteriez-vous la chose ? Benoît.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Sur un site, il y a ce que tu voudrais avoir et ce que tu ne veux vraiment pas avoir.<br/><br />
Ce que tu voudrais avoir c’est, par exemple, j’aimerais bien avoir des contenus plus étoffés, plus jolis, plus complets, etc. Ça, ça reste entièrement à ta main. Tu peux contribuer, aider, etc., tu peux contribuer à ça.<br/><br />
Par contre il y a ce que tu ne veux vraiment pas avoir et ce que tu ne veux vraiment pas avoir ça va être ce pourquoi tu as besoin de modération. Dans l’idéal, j’aimerais bien ne pas avoir de modération à faire, ne pas avoir d’équipe de modération ce serait idéal. En fait, on a besoin de modération pour plusieurs cas très différents. Il y en a un qui est facile à comprendre, on n’a pas envie d’avoir des pubs partout, d’avoir du spam, d’avoir des gens qui viennent placer des liens qui n’ont aucun rapport avec le site, qui viennent communiquer des choses qui ne sont même pas dans la langue des utilisateurs du site. Ça c’est vraiment de la pure pollution qu’on cherche à enlever. On aimerait bien ne pas en avoir, mais il y en a donc il faut des gens pour l’enlever.<br/><br />
Après il y a une autre chose qu’on ne veut pas : on va vouloir rester dans le cadre de la loi. Pour LinuxFr.org on est contraints, on est encadrés par les lois française et européenne. Ce qui est illégal suivant la loi, eh bien ce n’est pas censé rester sur le site, donc la modération va aussi intervenir, par exemple, pour enlever ce qui est manifestement illégal.<br/><br />
Après, il y a des choses qui relèvent de ce qu’on ne veut pas, mais qui sont un choix du site, de l’équipe comme on l’évoquait précédemment pour Mastodon. Ce sont les règles d’une instance de dire « il y a certaines choses qu’on ne veut pas chez nous parce que ça nuit à l’ambiance du site ». Par exemple on va dire qu’on aimerait bien que les gens échangent poliment entre eux, qu’ils respectent les règles de politesse, qu’ils ne s’injurient pas tout le temps, parce que même si ça peut rester dans le cadre légal, c’est quand même problématique si tous les gens s’injurient en permanence. On voudrait éviter que des gens flirtent trop avec les limites de la légalité. Par exemple, les gens qui restent flous, qui ne vont pas dire qu’ils n’aiment pas telle catégorie de la population, mais ils vont le sous-entendre. Ce n’est probablement pas illégal, mais en fait, peut-être que la politique du site va dire « non, nous n’avons pas envie d’avoir des gens qui font volontairement des sous-entendus ou qui vont jouer avec les limites de la légalité ». Il y a ces types de cas-là qui relèvent plus d’un choix de l’instance, au final, de quelle ambiance, quels types de comportements j’accepte ou pas sur le site que je gère.<br/><br />
Après il y a un autre cas qui est un peu différent, ce sont les cas un petit peu déconcertants. Des gens dont on ne comprend pas trop ce qu’ils sont en train de dire, on ne comprend pas pourquoi, quelqu’un qui est un peu atypique. C’est comme quand vous croisez une personne dans la rue qui est hallucinée, elle vous dit quelque chose, vous ne comprenez pas du tout et il va bien falloir en faire quelque chose, donc la modération peut dire : est-ce que j’interviens dans ce cas-là ? Est-ce que je n’interviens pas ? Est-ce que je dois protéger cette personne parce que peut-être qu’elle va se faire, entre guillemets, « lyncher » par les autres, qui vont se moquer d’elle, etc. La modération peut aussi se poser des questions : est-ce que ce que je protège « les faibles », entre guillemets, est-ce que je dois protéger les gens les plus vulnérables ? Il peut y avoir ce genre de cas dans la modération. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Merci. C’est très clair. Anna, comment envisages-tu cette question ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Benoît l’a très bien expliqué. Peut-être que quand je raconterai, je dirais que je suis modératrice sur un réseau social, ça veut dire qu’il y a des fois des gens qui voient du contenu qu’ils estiment problématique, qui me le signalent et moi, avec le reste de l’équipe de modération, je décide de ce qu’il faut faire de ce contenu : est-ce qu’on le garde, est-ce qu’on ne le garde pas et si on ne les garde pas, est-ce qu’on explique à la personne, ou pas, pourquoi on ne le garde pas ? Tout ça, du coup, ça nécessite de se mettre d’accord en amont sur des règles et de pouvoir rediscuter ces règles tout le temps, parce que, évidemment, on pose des bases. Ensuite, à chaque contenu un peu créatif on va dire, on peut être perplexe et se demander si c’est c’est quelque chose qu’on garde, qu’on ne garde pas, si on rentre en communication avec la personne en lui disant « on garde ce contenu mais merci de ne pas réitérer » ou des choses comme ça. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Dans ce que j’entends de vous deux, c’est qu’on voit aussi la part d’échange avec les personnes qui postent, qui vivent un petit peu, que ce soit sur LinuxFr ou sur les services Framasoft, et l’importance que ça peut avoir.<br/><br />
Ce que je remarque aussi c’est que la modération ce n’est pas juste appliquer la loi et agir, en fait, par rapport à ce que vous impose la loi sur des contenus qui seraient illicites et ainsi de suite.<br/><br />
Peut-être, sans forcément y passer beaucoup de temps, mais je pense que c’est un peu central à la question, penser au régime des responsabilités. Vous êtes des intermédiaires techniques, je pense que vous rentreriez dans cette catégorie, tant LinuxFr que Framasoft à travers les services. On va peut-être rappeler très rapidement qu’en gros, en termes d’intermédiaires techniques, le régime de responsabilité va distinguer les hébergeurs qui ont un régime de responsabilité allégée parce qu’ils n’ont pas à connaître ce que postent, publient leurs utilisateurs et utilisatrices et les éditeurs qui eux ont une responsabilité directe sur le contenu puisqu’ils savent, de fait, ce qu’ils publient.<br/><br />
En gros, la responsabilité de l’hébergeur pourrait être engagée s’il n’a pas « promptement retiré un contenu manifestement illicite », comme l’a mentionné Benoît, qui lui aurait été signalé ; l’éditeur, lui, sera directement responsable.<br/><br />
On imagine que pour Framasoft qu’il n’y a pas trop de questions, vous êtes des hébergeurs, vous devez agir uniquement en cas de signalement d’un contenu illicite. J’ai l’impression, tu me corrigeras Benoît, que pour LinuxFr il y a peut-être un peu des deux, c’est peut-être moins clair. <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Je pense qu’il y a un peu des deux. Le statut d’hébergeur c’est « je fournis des moyens à d’autres gens de s’exprimer, mais je n’ai pas besoin de savoir ce qu’ils font ». En fait, on ne présuppose pas que je sais ce qu’ils font. Ça pourrait être le cas pour les contenus qui sont non modérés <em>a priori</em> chez nous. Rien ne dit qu’on est courant de ce qui est publié chez nous dans ce cas-là.<br/><br />
À contrario, quand on voit passer, quand il y a un contenu qui est modéré <em>a priori</em> et qu’en plus il est édité par l’équipe de modération, l’équipe de modération est au courant de ce qu’il y avait dans le contenu, donc, en fait, on s’engage en le publiant. Là on a plus un statut d’éditeur dans ce cadre-là, donc on a plus de responsabilités d’un point de vue juridique à ce titre. On arrive à faire « les deux », entre guillemets, puisqu’on peut avoir un contenu qui est publié sous forme d’entrée de blog, de journal, par un utilisateur, donc là on serait plutôt simplement hébergeur. Mais, en fait, on peut prendre ce contenu, on le convertit en dépêche, on va potentiellement l’enrichir, ensuite on le publie. Du coup là on est devenu éditeur.<br/><br />
Le fait aussi de permettre des commentaires sur tous les contenus, ça peut indirectement créer aussi une responsabilité. Je pense que dans le principe de la loi de l’hébergeur, l’hébergeur n’est pas responsable du fait que des gens aient commenté sur chaque site de chaque personne. Sauf que là, nous, tous les contenus sont commentables par tous nos utilisateurs, du coup il y a de toute façon une responsabilité qui vient que tous les contenus sont commentables, tous les contenus sont étiquetables, et qu’il y a aussi une responsabilité qui intervient sur le fait de pouvoir étiqueter ou de pouvoir commenter un compte.<br/><br />
Je pense qu’effectivement, suivant les cas, la responsabilité est différente pour le cas de LinuxFr.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Du coup les choix de manière de modérer, si j’entends bien, sont plutôt <em>a posteriori</em>, renforcent peut-être votre responsabilité, mais participent aussi au fonctionnement et à la communauté que vous créez dans LinuxFr.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est l’inverse si je comprends bien. Si tu modères <em>a posteriori</em>, en fait ça ne veut pas dire que tu réduis ta responsabilité parce que tu attends qu’on te signale le problème pour intervenir ou tu t’en saisis toi-même. Disons que si tu ne le fais pas, on ne peut pas te le reprocher parce qu’il n’y a que quand on t’a notifié que tu es censé être au courant qu’il y a un problème.<br/><br />
Si je laisse passer un commentaire problématique, je peux dire que je n’étais pas au courant, que ça soit vrai ou pas. En tout cas, légalement parlant, on ne peut pas savoir si j’étais au courant ou pas. Alors que quand l’équipe de modération a mis son tampon, qu’il y a quatre modérateurs qui ont dit « oui, je suis pour la publication », c’est facile de prouver que l’équipe était au courant. Là ta responsabilité est plus engagée en fait.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait. Je me suis mal exprimé en fait. C’est très clair comme réponse.<br/><br />
Du coup, comment organisez-vous matériellement la modération ? Et aussi comment établissez-vous les règles sur lesquelles vous basez votre modération ? Il me semble que dans les deux cas elles sont publiques. En tout cas sur LinuxFr j’en suis persuadé. Comment vous les décidez ? Est-ce que vous faites vivre ces règles ? Notamment sont-elles publiques ? Benoît si tu veux rester dans ta lancée.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est important que les règles soient publiques. Ça reste des choses qui évoluent. Ça n’évolue pas forcément aussi vite qu’on le voudrait ou qu’on arrive à le formaliser. Ce n’est pas non plus entièrement formalisable parce qu’il y a quand même des choses qui relèvent de l’humain et de l’interprétation. Pour donner un exemple, quand quelqu’un poste un commentaire, le commentaire peut très bien être à double sens, volontairement ou pas de la part de celui qui l’écrit. Par exemple, on pourra avoir une lecture qui est très agressive du commentaire et une autre qui est une lecture humoristique du commentaire. La modération ne peut pas forcément savoir quel était le sens voulu, si c’était voulu ou pas par l’auteur, quelle est l’interprétation et qu’est-ce qu’elle doit en faire. On peut réagir quand même, mais ça va changer l’interprétation qui est faite et comment elle va réagir.<br/><br />
On n’est pas des « machines », entre guillemets, ce n’est pas un algorithme ; dans la modération il y a une partie humaine d’évaluation. Du coup, ça va dépendre aussi, je ne sais pas, du passif de la personne. Est-ce que c’est toujours le même pénible qui publie des contenus problématiques ou est-ce que c’est quelqu’un contribue beaucoup d’habitude et peut-être que là il s’est mal exprimé ? Ou est-ce que c’est quelqu’un qui actuellement, parce que c’est la période de pandémie, a personnellement plus de problèmes et qu’il était plus énervé à ce moment-là ? Bref ! Il y a tout un côté humain qui intervient et il est vrai que les règles peuvent cadrer les choses, mais elles ne vont jamais définir avec exactitude et précision là où on met des virgules, quels sont les caractères autorisés, etc. ; ça reste de l’interprétation de l’équipe de modération. Pour encadrer ça, on a des règles et on échange entre nous, soit via des listes de discussion, soit via le site.<br/><br />
Il y a les cas triviaux, ce que je disais tout à l’heure : éliminer la pollution c’est trivial. Si je vois un texte qui est écrit en coréen sur le site, je sais que c’est de la pollution, je vais l’enlever immédiatement, je n’ai pas besoin de l’avis des autres. Quand il faut commencer à manier les ciseaux et à dire on va toucher à ce contenu, l’enlever ou dé-publier des choses, etc., c’est plus délicat et on essaye d’avoir l’avis de plusieurs personnes et de prendre un peu de temps parce qu’il n’y a pas forcément besoin d’avoir des réactions extrêmement rapides. Ça dépend des situations. Si on veut éviter c’est que ça dégénère d’un point de vue strictement de l’ambiance du site ça peut être important de réagir vite. Si on veut modifier des choses, éditer un contenu, découper une phrase par exemple, c’est beaucoup plus délicat et c’est mieux que l’équipe en discute, qu’on se mette d’accord sur pourquoi on le fait, quelles sont les raisons et que tout le monde soit d’accord, en tout cas qu’on arrive à un consensus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. OK. Anna comment c’est organisé côté Framasoft ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Côté Framasoft on a ce qu’on appelle un comité de modération, c’est-à-dire qu’il y a des membres qui ont dit qu’ils avaient envie de participer à la modération des contenus. Après, on a tous un peu nos spécialités. On a un canal Framateam, qui s’appelle modération, sur lequel quand il y a des choses, on partage des liens en disant « voilà, il se passe telle chose, il y a tel type de contenu, est-ce que vous pouvez me donner votre avis ? »<br/><br />
Par exemple, sur Framapiaf, les personnes peuvent nous faire des signalements. Ça veut dire que quand un signalement est fait on reçoit un mail sur le mail de la modération et ensuite, effectivement exactement comme dit Benoît, soit c’est trivial, c’est du spam, c’est un compte publicitaire ou, par exemple, quelque chose qu’on n’accepte pas sur Framapiaf c’est la pornographie qui ne soit pas floutée. Du coup, on va pouvoir très rapidement gérer les choses comme ça. Ensuite, il y a tous les cas qui prennent immensément plus de temps, ce sont ceux où on n’est pas sûrs, il y a sujet à interprétation, et même s’il n’y a pas sujet à interprétation, il faut comprendre le contexte. Ce sont des pouets qui nous sont signalés, ça veut dire que ce sont des contenus qui sont assez courts, on appelle ça du <em>microblogging</em>, c’est limité à 500 caractères, parfois c’est une vidéo, parfois c’est une image. En général, ce pouet n’est jamais suffisant en lui-même. Il va toujours falloir aller chercher le contexte autour parce que, exactement comme a dit Benoît, un commentaire ou un pouet ça peut être pris à double sens. Peut-être que la personne fait une sorte de renversement de situation ou peut-être qu’elle est vraiment agressive, il y a plein de choses comme ça, donc on est, à chaque fois, obligés d’aller parcourir tout le contexte. Une fois qu’on a parcouru tout le contexte, on peut proposer un type d’action. Si jamais on n’est pas tout à fait sûr de nous, on en parle avec les copains, en décrivant sur le canal de modération en écrivant « voilà, il y a telle situation, voilà ce que j’ai compris du contexte, voilà l’action que je propose. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu’on fait ça, est-ce qu’on ne fait pas ça ? » Ensuite il y a un peu un temps, puisqu’on est beaucoup de bénévoles, parce que les pauvres salariés de Framasoft ont déjà suffisamment de travail même s’ils aident quand même pour la modération, du coup il y a un temps, comme ça, où plusieurs personnes donnent leur avis. Si jamais on arrive à un consensus, assez rapidement on met l’action en place. Si jamais c’est un peu plus long, en général on élabore une réponse à plusieurs, des choses comme ça, pour aller contacter l’utilisateur, même si ça reste assez rare. C’est-à-dire que ça demande tellement d’énergie d’aller expliquer quelque chose à quelqu’un que c’est quelque chose qu’on essaye un peu de repousser. Vous voyez que tout ce contexte-là c’est pour commencer à écrire la réponse, si la personne nous répond, elle comprend mal ce qu’on a voulu lui dire, on va devoir lui répondre à nouveau et là ça prend beaucoup plus de temps et d’énergie. Comme on est bénévoles et que notre énergie est limitée, on essaye de pondérer les choses en essayant de privilégier les actions qui sont rapides. Parfois les actions qui sont rapides, ce sont des actions qui ont beaucoup de conséquences, la suppression d’un compte donc quand on estime que ce n’est pas légitime et qu’il vaut mieux rentrer en communication avec la personne on est toujours avec notre énergie limitée dans la balance.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, prendre soin de soi, prendre soin des autres, particulièrement en cette période, c’est très important.<br/><br />
On prendra le temps de discuter après la pause de cet aspect, du poids qu’on imagine potentiellement lourd pour les humains qui sont derrière, parce que ce sont des humains qui modèrent.<br/><br />
Avant, j’aimerais peut-être juste pour qu’on ait une idée en termes d’ordre de grandeur, qu’on puisse se rendre compte. Si je comprends bien on pourrait avoir, d’un côté, ce qui va relever de l’évident, le facile à modérer, vous parlez de manifestement illégal, le spam, etc. Et puis tout ce qui l’est moins et qui nécessite davantage de jugement, notamment de jugement collectif qu’on peut peut-être traduire par la zone grise. En termes de volume relatif et global des deux si on distingue la part évidente et la part plus délicate, ça représente quoi côté Framasoft par exemple ?, si c’est quantifiable d’ailleurs.<br />
<br />
<b>Anna : </b>C’est vraiment difficile à quantifier parce que c’est vraiment aléatoire dans le temps. C’est-à-dire qu’il y a une semaine où on peut passer deux/trois heures parce que tout s’est envenimé et, du coup, il y a eu beaucoup de contenus. Et puis là, par exemple, ça fait plusieurs semaines qu’il n’y a pas eu de nouveaux signalements. C’est assez aléatoire, ce qui ne permet pas, du coup, de forcément d’anticiper facilement. Ce que tu as dit tout à l’heure était un peu faux, on a fermé les inscriptions à Framapiaf assez récemment, donc allez plutôt sur l’instance de l’April pour vous inscrire. Du coup, comme on n’a pas de nouveaux entrants et qu’on a montré la porte de sortie à ceux qui étaient pénibles, peut-être que ça permet de minimiser le taux de modération, en tout cas des gens qui sont chez nous, parce que même si on modère toujours les contenus qui sont ailleurs, ça demande moins d’énergie que de gérer les personnes qui sont inscrites chez nous.<br/><br />
Donc des fois c’est deux/trois heures dans une semaine, des fois pendant plusieurs semaines il n’y a pas trop de travail et puis ça revient. C’est un peu dans ces ordres de grandeur-là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Venez donc sur le Chapril ou sur d’autres instances. C’est vrai qu’on n’a pas ce problème parce qu’on a beaucoup moins de personnes connectées sur le Chapril. C’est aussi ça l’intérêt d’un réseau fédéré c’est de se partager la charge. On voit que c’est très important. Si vous tenez à Framasoft, venez aussi chez les instances amies.<br/><br />
Coté LinuxFr, est-ce que tu saurais un peu nous donner un ordre de grandeur, Benoît ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Dans les nouveaux comptes créés, on en ferme plus d’un tiers, presque entre un tiers et deux tiers des comptes sont fermés à la création parce que ce sont des comptes pour du spam uniquement. Donc une grosse partie du travail c’est virer le spam, la pollution et tous les gens qui viennent faire du placement de liens. C’est aussi parce que ce sont les plus sournois. Il y a des gens qui vont placer un lien caché dans un point ou une virgule par exemple, qui vont dupliquer des commentaires pour utiliser le texte de quelqu’un d’autre pour placer un lien publicitaire. C’est une lutte permanente pour s’outiller, pour détecter, pour lutter contre ça, c’est la plus grosse partie du « travail », entre guillemets.<br/><br />
À côté de ça, ce qui est manifestement illégal ça ne représente quasiment rien, c’est très rare. Après il y a des cas un peu sporadiques, des discussions qui partent qui vont être très limite, ça va être très localisé à un endroit donné, c’est-à-dire que tout va être regroupé au même endroit et ça va être ponctuel, mais il n’empêche qu’il va falloir intervenir dans cette zone-là, détecter et aller intervenir. Là ça rejoint un peu le point qu’on évoquait tout à l’heure sur l’énergie : « c’est reparti, il va encore falloir endosser sa casquette de modérateur et se lancer dans la bataille pour aller rappeler des règles à des gens, que là c’est en train de partir en vrille, intervenir dedans et prendre des décisions », et c’est ce poids-là qui va arriver. Ce n’est pas la plus grosse partie, mais c’est la plus lourde à gérer pour les humains de la modération. Virer du spam c’est facile, ça ne coûte pas grand-chose. C’est pénible, il y en aura tous les matins quand je vais me connecter, mais ce n’est pas le même poids psychologique pour l’équipe de modération.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on imagine bien. On va y revenir justement. Je vous propose avant ça de se reposer un peu, de souffler. Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter une interprétation de <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi par Daniel Bautista. On se retrouve dans trois minutes. Une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b>Interprétation de <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi par Daniel Bautista.<br />
<br />
<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi. Une interprétation de Daniel Bautista, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Deuxième partie==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre notre discussion.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu de l’April.<br/><br />
Nous échangions avec Benoît Sibaud, directeur de publication du site LinuxFr.org et membre de son équipe de modération et Anna, membre et modératrice au sein de Framasoft, sur le difficile exercice de la modération. Nous parlions justement, avant la pause, de l’impact psychologique qu’on imagine potentiellement important sur les personnes qui gèrent cette modération.<br/><br />
Benoît tu en parlais et justement Fred qui échange avec nous sur le salon #libreavous sur le « chat » de la radio Cause Commune se posait la question au sujet de la composition de l’équipe, que ce soit côté LinuxFr ou Framasoft, est-ce qu’elle est stable, est-ce qu’elle bouge beaucoup ? Et comment gérez-vous la fatigue qu’on imagine possible, la gestion des contenus durs, l’aspect psychologique ? Benoît Sibaud pour LinuxFr.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>L’équipe ne bouge pas assez vite dans le sens où il y a toujours la problématique classique des bénévoles, réussir à renouveler ses bénévoles. Petit à petit on voit que les bénévoles deviennent inactifs donc réussir à les renouveler ; c’est toujours un problème en soi dans l’absolu. Après on peut perdre des modérateurs parce que, effectivement, il y a plus de « pression psychologique », entre guillemets, pour eux.<br/><br />
On peut aussi dire que notre équipe manque de diversité, ce qui est vrai de ce point de vue-là, clairement. Ce n’est jamais facile de renouveler, surtout, pour des questions de diversité par exemple, comment on renouvelle une équipe, comment on s’assure d’avoir une équipe qui va représenter correctement soit le lectorat du site, soit le lectorat qu’on voudrait avoir sur le site, ce n’est pas forcément la même chose ; plus le fait, effectivement, qu’il faut gérer les doutes et la lassitude de l’équipe. Dans une équipe de modération il faut prendre des décisions, qu’elles que soient les décisions qui sont prises, il y a des gens qui trouveront qu’on va trop loin, pas assez loin, qui ne sont pas d’accord, qu’on devrait faire autrement. Que ces gens aient une expérience ou pas de la modération, qu’ils soient capables de se mettre à la place d’une équipe de modération ou pas, dans tous les cas c’est toujours l’équipe de modération qui va devoir prendre les décisions et les assumer derrière, être ceux qui assument le fait que la décision a été prise et devoir gérer ça, devoir gérer le fait que, peut-être, on met trop de règles ou qu’on ne met pas assez de règles. Il y a pas mal de doutes dans une équipe de modération normalement, potentiellement un sentiment d’isolement. Là on peut dire que la période de pandémie actuelle n’aide pas trop, il n’y a pas beaucoup d’évènements, on croise moins les gens donc ça n’aide pas trop aussi pour échanger sur ce type de situation. De temps en temps il y a quelques sujets lourds, qui sont plus lourds à gérer pour le moral. Au fur et à mesure des années, ça fait un moment que je fais partie de l’équipe du site, ça a beau être ponctuel, on peut avoir des sujets qui sont très lourds, qui arrive épisodiquement.<br/><br />
Dans les cas classiques il y a gestion par exemple des décès. L’équipe de modération va intervenir parce qu’il faut fermer des comptes, il faut gérer des choses. Il faut s’assurer que quand on fait une nécrologie d’une personne il n’y ait pas des gens qui viennent faire des commentaires pourris en dessous d’une nécrologie, ce n’est jamais très agréable.<br/><br />
Il y a des cas qui sont beaucoup plus problématiques. On a eu un cas de <em>revenge porn</em>, on a eu des accusations de pédophilie, ça c’est compliqué à gérer. De nos jours, la diffamation ce n’est jamais sympathique ; intervenir entre des gens qu’on connaît, qui sont en train de se disputer, c’est pénible aussi. Gérer des mises en demeure ou même gérer des cas de folie. On a eu des visiteurs sur le site, ce n’est pas à moi de faire le diagnostic, mais quand quelqu’un me dit qu’il est capable de faire un business modèle en milliards de milliards de dollars je me dis qu’il est bien d’halluciné. On a eu aussi une personne qui était l’ambassadeur pour les extraterrestres.<br/> <br />
Ce genre de cas peut arriver. Des fois c’est marrant, des fois c’est juste pénible et lourd à gérer pour les gens, ça fatigue les gens psychologiquement.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on imagine. Je vais en profiter pour signaler, je pense à un billet que vous aviez publié sur LinuxFr, que je trouve très intéressant, vous dites quelques mots sur le difficile exercice qu’est la modération, parce que vous avez dû bannir, pour la première fois de votre histoire, un utilisateur. On mettra le lien de ce billet collectif que je vous invite vraiment à lire, ça se lit très vite. Tu voudrais en dire deux ? Je pense que tu viens dire à peu près tout ce qui est contenu, mais si tu veux en dire deux mots, je t’en prie.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’était le cas d’une personne qui revient et s’acharne à persister sur le site. On a quand même viré une quarantaine de comptes différents au fur et à mesure du temps. Elle a beau sentir qu’elle n’est pas la bienvenue sur le site, avoir l’équipe de modération qui intervient, qui retire des contenus et tout ça, elle se maintient sur le site en recréant des comptes, en revenant en permanence. Il y a une forme d’acharnement, que l’équipe finit par vivre comme un harcèlement, sans parler du fait que les contenus et les commentaires qui étaient postés par cette personne étaient problématiques en eux-mêmes. C’étaient des contenus qui étaient soit d’un côté ou de l’autre de la frontière sur l’antisémitisme, le révisionnisme, des choses assez lourdes à gérer. Des fois on en a nettoyé, des fois on a laissé en hésitant. C’était pénible à gérer et ça nous apportait strictement rien à part le poids d’avoir ça à gérer. Donc à un moment on a dit stop. Il y a un moment où ce n’est pas non plus à nous de mettre en place des choses pour empêcher une personne de revenir à l’infini parce qu’on ne sait pas, quand quelqu’un se connecte sur le site, je n’ai pas sa carte d’identité sous les yeux, donc je ne sais pas si c’est toujours la même personne ou pas, je n’ai pas les moyens techniques de le faire. À un moment on a dit on considère que c’est du harcèlement, on dit à la personne de ne pas revenir, on lui a dit plein de fois, si elle continue on confira ça aux autorités. Il y a un moment où ça dépasse les capacités de l’équipe et ce que peut gérer seulement une l’équipe de modération. Auquel cas on passe les mains aux autorités et on dira « là on a un cas de harcèlement, à vous de jouer maintenant ». <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Et puis une équipe de bénévoles ! Il me semble important de le redire. D’ailleurs je pense que ça en dit beaucoup sur la qualité de votre travail que ce ne soit que la première fois, depuis les années de service de LinuxFr, que vous en soyez venus à bannir un utilisateur. Ça en dit vraiment long sur la qualité de votre travail.<br/><br />
Anna, côté Framasoft comment vous gérez ? J’imagine que vous prenez aussi une certaine charge psychologique, une certaine charge mentale. Comment gérez-vous ça ? Est-ce que ça bouge beaucoup aussi au sein de votre équipe de modération ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Je pense qu’on peut distinguer deux temps par rapport à la modération dans Framasoft. Il y a eu un temps où c’était beaucoup porté par les salariés comme une tâche parmi d’autres. On a eu beaucoup de retours, sur Mastodon notamment, de personnes qui estimaient que la modération n’était pas suffisante. Ça a pris pas mal d’ampleur, ça a commencé à être vraiment très lourd pour les salariés, parce que, quand on est modérateur ce n’est pas un travail qui est très gratifiant vu de l’extérieur et on est toujours critiqué. Donc la charge était assez lourde pour les membres salariés qui ne faisaient pas que ça d’ailleurs. À un moment il y a des personnes bénévoles, notamment moi, qui ont pris le sujet à bras-le-corps et qui ont dit : « OK, on va faire une charte de modération et on va s’appuyer dessus pour pouvoir modérer les contenus des personnes » puisqu’on n’avait pas vraiment de charte de modération. Du coup, tant qu’on n’avait pas posé de règles, les choix reposaient davantage sur les individus, c’est-à-dire sur les membres salariés qui devaient faire un choix et c’était vraiment compliqué.<br/><br />
On a posé des règles qu’on a choisies, sujettes à débat. Par exemple, on a dit « si jamais ce sont des blagues qu’on considère oppressives, même si vous dites que ce sont des blagues, on considérera que ce n’est pas drôle, donc on pourra modérer ». Autre chose : si jamais vous nous prenez trop d’énergie, on se garde le droit de vous faire aller voir par ailleurs, des choses comme ça qui, du coup, n’ont pas de fondement facilement tangible. L’énergie est quelque chose qui fluctue, mais ça nous permet, du coup, plus facilement, quand on a quelqu’un qui est sur le fil à plusieurs reprises ou qui nous prend beaucoup d’énergie pour trancher d’un côté ou de l’autre, eh bien on finit par trancher du côté qui nous prendra moins d’énergie dans le futur en disant « là c’est bon, il est trop pénible, on va l’inviter à aller voir ailleurs parce que si jamais on ne le fait maintenant, en général, plus tard, la personne sera signalée à nouveau pour d’autres contenus, ça va nous reprendre de l’énergie ».<br/><br />
C’est le fonctionnement qu’on a maintenant en s’appuyant sur la charte. L’équipe de modération, du coup, a été enrichie de membres bénévoles et elle est plus variée. Pour gérer la charge un peu difficile, ce n’est pas toujours facile. On a mis en place des choses récemment parce qu’on a une personne qui fait une thèse sur le Fédiverse, cette espèce de constellation de réseaux sociaux dont Mastodon fait partie, notamment sur la modération. Du coup, pour pouvoir lui montrer le travail de modération, on a commencé à faire des visios de modération. En gros, dans ce cas-là, je donne un rendez-vous à telle, on fera les signalements sur Framapiaf, il y a d’autres personnes parfois qui se connectent et c’est beaucoup plus sympa parce que ça dédramatise en fait. On lit les choses. Des fois c’est affligeant, des fois c’est un peu rigolo, mais devant son écran ça crée beaucoup de charge, sauf que là il y a les copains à côté soit pour rigoler soit pour prendre une décision en commun pour que ce soit plus rapide. Donc ça c’est vraiment chouette.<br/><br />
Cela dit, un moment vraiment compliqué, je ne crois pas qu’on l’ait dit, là j’interviens sous pseudo, parce qu’il y a une période qui a été vraiment difficile, c’est le moment où on a sorti la charte de modération. Pour vous remettre le contexte, il y avait beaucoup de critiques sur le fait que notre instance Mastodon n’était pas assez modérée d’après des utilisateurs d’autres instances. Au moment où on sort la charte de modération pour dire voilà comment on va essayer d’agir, comment on va prendre les choses, je pense qu’il y a eu des problèmes de communication par rapport à cette charte qui ont provoqué des interprétations très diverses. On comptait mettre en avant des communautés pour les protéger, c’est-à-dire qu’on n’est pas à égalité sur les réseaux sociaux selon les catégories de population dans lesquelles on est : si on est une femme on n’est pas à égalité avec les hommes ; si on est des personnes queers ou des personnes handicapées, on n’est pas à égalité dans le sens où on va se prendre plus facilement des remarques, des explications, des choses un peu lourdes. Cette charte avait notamment pour vocation de remettre des choses à plat en disant si jamais il y a des comportements problématiques envers des groupes qui subissent des oppressions, on sera vigilant à ça et même, on facilitera la discussion ou l’explication de personnes qui ne comprennent pas cette problématique ; le but c’est d’être attentif à ce que tout le monde se sente bien, notamment les minorités oppressées. Ça a été compris complètement à l’inverse, du coup on s’est pris pendant plusieurs jours ce que, je pense, on peut appeler du harcèlement. C’était contre l’équipe de modération donc ça ne visait pas uniquement une personne, mais il y a eu un hashtag qu’on a appelé Dramasoft et beaucoup de monde a dit que ce qui se passait c’était scandaleux, qu’on allait accueillir des nazis sur l’instance et que ça ne nous poserait pas de problème si jamais il y avait des gens qui avaient des propos atroces envers des communautés. Ça a été vraiment le moment le plus compliqué. Des personnes se sont retirées de la modération à partir de là, des personnes concernées au sein de l’association qui ont pu être très attaquées par rapport à ça. Ce qui nous a fait tenir c’est quand même qu’au sein de l’association Framasoft il y a une très bonne entente et il y a du soin. Moi, en tout cas ce qui me fait tenir, je sais qu’au moins j’aurais du soutien à l’intérieur quoi qu’il arrive, que je fasse une bêtise ou que je n’ai plus d’énergie, il y a toujours ce groupe de soutien qui permet de tenir quoi qu’il arrive, même parfois de voir du positif là où il y en a moins.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci pour ce témoignage. Je pense, pour les personnes qui écoutent, d’avoir à l’esprit que la modération est certes quelque chose d’important, ça peut avoir un impact sur ce qu’on va considérer notre liberté d’expression, mais ce sont des humains derrière, c’est un exercice qui est compliqué à gérer. Je pense qu’il ne faut pas oublier d’avoir un peu de bienveillance aussi envers les personnes qui sont derrière et qui sont peut-être à l’écoute si jamais vous avez à leur faire part de réflexions constructives. On vous envoie, que ce soit à LinuxFr et à Framasoft, énormément de bisous et d’amour parce que vous le méritez tous les deux.<br/><br />
Je pense que vous avez déjà pas mal passé là-dessus, mais je pense que la question est intéressante, c’est vraiment clairement le cas côté LinuxFr et ça se produit aussi côté Framasoft, cette idée sur LinuxFr notamment, que vous cherchez à créer, enfin vous créez une communauté LinuxFr. Dans une communauté on devine qu’il peut y avoir des désaccords, comment on gère – je n’aime pas forcément le terme – l’altérité dans ces cas-là. Entre ce qui va être l’échange acceptable quoique tendu et puis la ligne rouge qui serait dépassée – je ne sais pas si la ligne rouge est définie, sans doute que non. Comment on décide, comment on intervient quand on est modérateur ou modératrice pour gérer la possible altérité lorsqu’elle dépasse un certain seuil ? Benoît.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On a discuté trois heures de modération hier avec l’équipe. Si faisait un sondage avec un petit questionnaire en disant « dans quel cas pensez-vous qu’il faut intervenir, dans quel autre cas faut-il intervenir ? », qu’on évoque un certain nombre de cas et qu’on demande à chacun de l’équipe de modération, il n’y aurait pas le même résultat suivant chaque personne. En plus, je pense qu’il n’y aurait pas le même résultat si on faisait deux fois le même sondage, à six mois d’écart, pour une même personne. Les choix qu’on fait peuvent dépendre, ils dépendent de ce qu’on a déjà vécu, d’un contexte qui peut changer, de l’évolution de la société, de plein de choses autour. Donc c’est sûr que les lignes bougent. Même pour des choses tout à fait basiques, indirectement la modération, d’une personne en tout cas, va dépendre de son humeur à elle, si elle s’est levée du bon pied ou pas, si elle a eu une journée compliquée ou pas. C’est pour ça que c’est important que les décisions de modération ne soient pas forcément extrêmement rapides ou qu’elles ne soient pas prises seul. Ça limite un peu ce genre de cas. Il n’y a pas une ligne rouge qui est claire et définie, sinon on pourrait automatiser les choses. Je ne l’ai pas dit, mais on a une partie de modération avec un système de karma qui s’auto-gère, etc., mais il ne faut pas rêver, ce n’est pas la technique qui va résoudre la problématique de la modération, sinon, d’ailleurs, il n’y aurait pas d’émission et le sujet serait classé. Au niveau mondial on aurait dit les algorithmes ont tout réglé, c’est fini. On sait que ce n’est pas le cas qu’il faudra des humains pour gérer ça, donc qu’il faudra faire des interprétations et les interprétations ce sont des interprétations, ça peut fluctuer, donc il faut essayer de veiller à ce que ça ne parte pas en vrille sachant qu’il y aura toujours des sujets qui pourront être des sujets clivants, pour des bonnes et des mauvaises raisons. Il suffit qu’il y en ait qui parle d’une distribution de logiciel libre et que des gens soient fans d’une autre pour qu’ils commencent à discuter des avantages et des inconvénients des deux solutions, soit parce que vraiment ils sont en désaccord, mais aussi parce que, en tout cas pour les Français, mais je pense que c’est assez vrai de manière générale, les gens aiment bien discuter, donc ils vont chercher à défendre leur point de vue juste pour qu’il y ait un débat. Donc il y a des gens qui vont discuter, mais il faut juste que ça reste un débat, c’est-à-dire que les gens s’écoutent un minimum, se parlent correctement, qu’il y ait un échange d’arguments et pas juste des commentaires déobligeants sur les gens en face. Ça reste fluctuant, forcément. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>En fait, ça rejoint ce que disait Anna avant, on s’inscrit dans des contextes politiques, les lignes bougent comme tu disais, je pense que c’est très bien résumé.<br/><br />
Tu mentionnais et je crois, Anna, que tu souhaitais évoquer ce point, la question de l’automatisation de la modération, l’idée de confier la modération à des algorithmes. Ce n’est pas juste un délire rhétorique, on voit que c’est malheureusement de plus en plus présent dans certains projets de loi ou de règlements européens. Je pense par exemple à la loi Avia qui prétend supprimer la haine en ligne, une loi parfaitement liberticide qui a été heureusement censurée par le Conseil constitutionnel, mais qui appelait, dans ses lignes, à automatiser un peu la modération. D’ailleurs, Anna, est-ce que ça a du sens ? Qu’est-ce que tu en penses ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Du coup merci beaucoup pour cette question. Ce que je trouve vraiment très intéressant c’est que, depuis je suis modératrice je vois l’importance, ce que je vous racontais tout à l’heure, du contexte, du fait qu’il y a besoin de faire beaucoup de recherches du contexte. On peut parfois passer une demi-heure, trois quarts d’heure à creuser, à regarder la vidéo, à voir les autres pouets de la personne pour comprendre d’où elle parle, dans quel contexte elle se situe, pour savoir si ce qu’elle vit est quelque chose de malheureux, si c’est quelque chose d’assumé ou des choses comme ça.<br/><br />
Sur les réseaux sociaux plus centralisés, il y a d’un côté le fait qu’ils ont des modérateurs ou des modératrices mais quand on voit les sujets d’investigation, je me souviens d’une émission <em>Envoyé Spécial</em> qui racontait que ces personnes avaient des temps très réduits, pas le droit de parler entre elles, qu’elles devaient suivre des règles qui étaient vraiment très précises pour pouvoir modérer beaucoup de contenus. Là, il n’y a pas ces histoires de contextualisation, donc ça me semble vraiment très difficile de faire de la modération correcte, sans parler, évidemment, du travail de ces personnes qui doit être absolument innommable, d’ailleurs les personnes racontaient elles-mêmes qu’elles finissaient par devoir démissionner, elles avaient des séquelles psychologiques parce que c’est atroce comme travail. On disait tout à l’heure que c’est le collectif qui nous soutient. Si jamais je n’ai pas le droit de parler ni à l’extérieur ni aux autres personnes de mon travail pour débriefer un peu et relâcher la pression, forcément les risques psychologiques sont assez élevés. Donc il y a ça d’un côté.<br/><br />
Puisque les grandes plateformes se disent « ça nous demande vraiment trop de main-d’œuvre de réussir à régler ces histoires de modération, donc on va essayer de mettre en place des algorithmes », ça donne des résultats qui sont assez surprenants. Je ne sais pas si certains d’entre vous ont entendu parler de l’affaire liée au hashtag « Comment faire pour que les hommes arrêtent de violer ». Pour replacer le contexte, sur Twitter une militante féministe a repris les études sociologiques qui disaient que les personnes qui violent sont extrêmement majoritairement des hommes, donc comment faire pour que les hommes arrêtent de violer. Finalement elle posait la question sociologique de comment est-ce qu’on fait en sorte d’éduquer les personnes à ne pas commettre des actes atroces. Elle n’a pas été sanctionnée, mais son compte a été modéré, elle a été suspendue pendant un temps. Quand Twitter a été interrogé sur le sujet, il a dit que c’était une erreur d’algorithme et que ce n’était pas censé se produire. Ensuite, quand elle est revenue et qu’elle a reposé la question, elle s’est fait ressortir.<br/><br />
Donc il y a, à mon avis, une espèce d’énorme problème ou plutôt d’énorme malentendu qui est qu’il y a une croyance que si jamais on avait de meilleurs algorithmes on réussirait à faire de la meilleure modération. Déjà je pense que c’est faux, ce n’est pas une question d’algorithme, c’est une question de moyens donc d’argent mis pour payer des personnes pour faire de la modération correcte, donc pas dans des pays où les gens ont du mal à avoir un travail suffisamment rémunérateur et d’en profiter pour les exploiter pour faire ce travail. Il y a aussi le fait que ces plateformes fonctionnent sur un modèle économique qui est là pour provoquer. C’est-à-dire que sur Twitter ce qui marche c’est d’avoir du contenu. Pour avoir du contenu il faut que les personnes soient engagées et qu’elles aient envie d’écrire. Qu’est-ce qui fait que les personnes sont engagées ? C’est quand je suis énervée, en colère, pas d’accord, des mécanismes comme ça. Comment je fais pour ne pas être d’accord ? Par exemple j’encourage les gens qui créent du contenu qui va provoquer de la colère d’une partie de la population ou des contenus extrémistes, plutôt d’extrême droite par exemple. Donc il y a une sorte de cercle vicieux. Je suis Twitter, mon modèle économique c’est la création du plus possible de contenus, du coup je vais favoriser les contenus qui font générer encore plus de contenus, par exemple les contenus extrémistes. Du coup des personnes ne vont pas être d’accord, elles vont se mettre en colère ou il va y avoir des choses qui vont être problématiques dans ce qui va être dit, il va falloir modérer et je n’ai pas les moyens de modérer. Ce qui fait que, à mon avis, le problème n’est pas seulement du côté de la modération ou d’avoir une meilleure modération, mais aussi d’avoir une modèle économique qui ne repose pas sur le fait que les personnes soient engagées.<br/><br />
Pour finir sur ce point-là parce que je suis un peu longue, a contrario, par exemple sur Framapiaf, si jamais les personnes publient des contenus problématiques, on leur montre la porte de sortie puisqu’on n’est pas basé sur le fait que les personnes créent plus de contenus pour pouvoir payer cette instance.<br/><br />
Donc il faut encourager les modèles économiques qui sont différents en montrant du doigt le fait que c’est le modèle économique qui provoque les problèmes de modération et pas juste le fait qu’il n’y ait pas d’assez bons outils techniques. Même si les modérateurs étaient assez bien payés je ne suis pas sûre que ça suffirait. Donc ce n’est pas dire comment fait-on pour que Twitter ait une meilleure modération ? Ma conclusion c’est que je pense que ce n’est pas possible vu le modèle qu’ils ont, qui est là pour attiser et encourager la création de contenus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est un problème systémique.<br/><br />
Tu as bien fait de prendre ce temps, parce que je pense que c’est important, c’est un point essentiel par rapport à notre sujet.<br/><br />
Malheureusement, le temps file. Une minute chacun pour un dernier mot, un point que vous souhaitez souligner ou quelque chose qu’on n’a pas évoqué que vous aimeriez aborder. Benoît peut-être.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On voit la complexité de la modération et le travers des législateurs en ce moment, vouloir des réactions extrêmement rapides, extrêmement automatisées. Je ne crois pas à une solution où on va remplacer les juges par des algorithmes et que ça va marcher magnifiquement. L’expérience que je peux avoir de la modération montre que ça ne marche pas. En tout cas le cas qu’on évoquait c’est qu’effectivement on va avoir un modèle différent. Si j’ai des contenus polémiques sur le site, ça ne m’attire pas plus de visiteurs ! Ça m’attire plus d’ennuis, ça m’attire plus de mises en demeure, ça fait plus de poids psychologique sur la modération, mais je n’y gagne rien. Alors qu’effectivement, les sites qui sont basés sur attiser les conflits entre les gens pour avoir plus de commentaires, ce sont effectivement des modèles qui, dans ce cas-là, sont problématiques. Effectivement, c’est plus un point important dans la discussion.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci Benoît. Anna, en une trentaine de secondes, une minute max, est-ce que tu as un point que tu voudrais souligner ? Une autre idée à soulever ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Oui, peut-être que ce serait l’éloge de la lenteur. C’est-à-dire qu’entre les plateformes de <em>microblogging</em> qui nous permettent de nous exprimer seulement en 500 caractères avec une pensée, du coup, forcément tronquée, un encouragement à réagir rapidement et un encouragement à ce que la modération réagisse rapidement, je pourrais peut-être inviter chacun à se dire si on prenait le temps de choisir à quoi on répond, si on prenait le temps de se dire est-ce que mon contenu apporte vraiment quelque chose ou pas, et est-ce que, si jamais j’ai besoin de modération, il vaut mieux que les modérateurs prennent le temps de prendre une décision ensemble plutôt que réagir dans l’urgence, sauf dans les cas où il y a vraiment quelqu’un qui est mis en danger, est-ce que ce ne serait pas plus pertinent ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci. Je pense que c’est une très bonne conclusion. Paradoxalement on doit finir cet échange faute de temps.<br/><br />
Un grand merci à tous les deux d’avoir participé à cet échange. J’espère et je pense qu’il a été très instructif.<br/><br />
Grand merci à vous et bonne continuation et bon courage pour le délicat exercice de modération.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Merci.<br />
<br />
<b>Anna : </b>Merci beaucoup. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons à présent faire une pause musicale. <br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??., disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Visiblement on a un problème de connexion téléphonique, ce qui peut arriver. Pendant qu’Adrien essaye de joindre Emmanuel pour la chronique à venir, on va inverser un petit peu l’ordre de présentation et je vais en profiter pour vous parler des annonces « Quoi de Libre ? »<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Visiblement on a un problème de connexion téléphonique, ce qui peut arriver. Pendant qu’Adrien essaye de joindre Emmanuel pour la chronique à venir, on va inverser un petit peu l’ordre de présentation et je vais en profiter pour vous parler des annonces « Quoi de Libre ? »<br />
<br />
Ce week-end, samedi 8 et dimanche 9 mai, aura lieu un April Camp entièrement en distanciel étant donné le contexte sanitaire. L’idée d’un April Camp est de se réunir pendant deux jours entre membres et soutiens de l’April pour faire avancer des projets en cours et lancer de nouveaux projets. Les projets peuvent être de nature technique, ça peut être des outils de communication, ce qu’on a envie de faire en fait. Tout le monde, membre ou pas de l’association, peut participer en fonction de son temps disponible, de ses compétences et de ses envies. N’hésitez pas à vous inscrire. Il y a un bloc-notes dédié. Vous retrouverez le lien sur le site de l’April. S’y inscrire permet notamment de faciliter l’organisation, mais il n’y a pas d’impératif à le faire. Vous retrouverez les thèmes de travail, l’ordre du jour, et puis n’hésitez pas à passer nous voir. Tous les liens intéressants sont sur le site de l’April.<br />
La régie me fait signe que c’est bon. Je vous propose donc de passer au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique ponctuelle « Itsik numérique » d'Emmanuel Revah sur le thème de PeerTube==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous retrouvons aujourd’hui Emmanuel Revah qui nous avait proposé entre 2019 et 2020 plusieurs chroniques intitulées « Itsik numérique » ou les râlages d’un vieux libriste si je cite la première chronique qu’il nous avait proposée. Emmanuel revient exceptionnellement aujourd’hui pour nous parler de PeerTube, un logiciel libre d’hébergement de vidéos décentralisé, développé par nos amis de Framasoft.<br/><br />
Salut Manu. <br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Salut. Ça va Étienne ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ça va très bien. À toi la parole.<br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Aujourd’hui je vais parler de PeerTube, que j’aime bien appeler aussi MeilleurTube, vous allez comprendre pourquoi.<br/><br />
PeerTube est une sorte de YouTube, mais, fédéré. C’est un peu comme ce qu’est Mastodon par rapport à Twitter. Je sais pas pourquoi j’essaie d’expliquer un truc en le comparant avec un autre truc. Je <em>reboot</em>.<br/><br />
PeerTube est un logiciel libre de publication vidéo sur les <em>Interwebs</em>. Ça se présente comme un site web qu’on peut installer soi-même, sur son propre serveur. Bon, OK !, ça demande quelques compétences, des ressources et du temps, mais c’est possible. Sinon, on peut aussi se créer un compte sur une instance existante.<br/><br />
PeerTube permet donc d’héberger et de diffuser des vidéos, de créer des chaînes, d’ajouter des sous-titres, etc., en gros comme YouTube. Depuis peu, on peut même faire des diffusions en direct ou <em>live</em> pour les francophones.<br />
Le petit bonus maxi ++ lol, c’est qu’on peut fédérer les instances, c’est-à-dire que mon instance peut suivre ton instance et, du coup, je peux voir tes vidéos depuis chez moi et vice et versa – j’ai presque envie de chanter ! Non !, je ne vais pas le faire – à condition que ton instance suive la mienne aussi. OK !<br/><br />
Des fois, dans le contexte d’Internet, le mot fédération peut paraître flou. Un exemple de fédération sur Internet que tout le monde connaît, les courriels ou <em>e-mail</em> pour les francophones. Eh oui, le système de mail est un système de serveurs totalement indépendants, mais qui travaillent ensemble pour livrer les courriels aux divers comptes éparpillés sur les Internets.<br/><br />
Donc PeerTube, c’est un peu comme si YouTube avait adopté un fonctionnement inspiré du courriel.<br/><br />
Au passage, on appelle l’univers de la fédération sur Internet Fédiverse.<br/><br />
En tant que libriste intégriste, qui aime regarder des images qui défilent très vite, autrement dit des vidéos, je peux enfin m’offrir une expérience à la YouTube, c’est-à-dire que je peux m’abonner à des chaînes, commenter des vidéos, avec des commentaires respectueux de préférence , et aimer des contenus ou <em>liker</em> pour les francophones, tout cela depuis un compte PeerTube ou alors depuis un compte Mastodon, c’est compatible ! Le Fédiverse est vraiment incroyable, d’ailleurs il y a des gens n’y croient toujours pas.<br/><br />
J’évite autant que possible de m’engager sur la YouTube ; je dis LA YouTube, car c’est grave. S’il faut vraiment que je regarde la vidéo du chat psychopathe, possédé par Satan, qui pousse des trucs de la table, alors j’ouvre le lien de la vidéo avec MPV ou VLC ou je vais sur un site miroir, sinon je passe par Tor Browser. Bref !, je mets un masque et j’applique du gel hydroalcoolique avant d’interagir avec l’outil de capitalisation de l’attention de Google.<br/><br />
Grâce à PeerTube, je peux enfin regarder des vidéos sur Internet sans protection car PeerTube est compatible avec mon côté islamo-libriste !<br/><br />
En tant que vidéaste du dimanche, jusqu’ici, pour publier les quelques vidéos que j’ai faites dans ma vie, je les hébergeais sur mon site perso, enrobées de balises HTML « vidéo », en gros comme on fait avec une image. Ça veut dire que si jamais une vidéo devenait un peu populaire, je pouvais me retrouver avec l’accès à mon site, ou serveur, bloqué ou très ralenti, car la vidéo c’est lourd, donc ça peut vite saturer la connexion.<br/><br />
Je n’ai pas les moyens, et encore moins l’envie de surdimensionner mon serveur au cas où une vidéo soit regardée par plus de dix personnes un même jour dans l’année, chose qui, fort heureusement, n’est jamais arrivée.<br/><br />
Entre en jeu la magie de PeerTube. Elle fait appel à la connexion des visiteurs, en pair à pair, pour partager le transfert des données. C’est-à-dire que quand quelques personnes regardent une même vidéo, elles envoient des bouts de vidéo aux autres personnes qui la regardent aussi, l’audience devient une ressource de bande passante. On peut résumer : plus une vidéo est en train d’être regardée, et plus il y a de ressources pour sa diffusion. Et quand plus personne ne regarde, les ressources sont éteintes ou font autre chose.<br/><br />
PeerTube est compatible avec mon côté islamo-écologiste ! Il y a exactement trois ans, j’ai installé une instance PeerTube pour moi et quelques potes du coin. J’ai migré quelques vidéos à la noix, c’était une preuve de concept, convaincante. Et puis, il y a un an, j’ai fait mon premier « vrai » court film. On était tous bloqué à la maison et j’avais quelques conseils à partager. Eh bien pas d’hésitation ! J’ai mis sur le Fédiverse via mon instance PeerTube, et je n’ai même pas eu peur du succès ! J’ai eu environ 360 vues en un an ! Presque une vue par jour ! C’est le début de ma reconversion !<br/><br />
Bon, j’ai aussi publié un documentaire en décembre dernier qui a connu des pics à plus de 200 vues par jour ! Et ça passe nickel, ça n’a pas cramé le forfait réseau de mon serveur, ni même le <em>datacenter</em> qui l’héberge. J’ai même vu ma vidéo apparaître sur la page « tendances », <em>trending</em> pour les francophones, de l’instance de Framasoft qui est framatube.org, juste à côté d’une vidéo du collectif l’Extracteur. C’est très encourageant. Je ne me sens pas seul sur mon île, je me sens faire partie d’un ensemble qui partage du commun. PeerTube est compatible avec mon côté islamo-communautariste.<br />
<br />
Alors, comment fait-on pour trouver des vidéos ?<br/><br />
Un bon point de départ est le site joinpeertube.org. Déjà, il y a d’autres explications, peut être plus claires que les miennes, et même une vidéo explicative. En plus, on peut découvrir quelques contenus, des chaînes et même des instances. Par exemple, il y a Skeptikon qui est une instance autour de la promotion de l’esprit critique et de la démarche scientifique. On y trouve pas mal de vidéastes qui ont commencé leurs activités sur la YouTube et se sont mis ensemble pour créer leur propre instance sur le Fédiverse. Il y plein d’autres instances spécialisées, comme celle de Debian, FDN, etc. Après, il y a une page pour nous aider à trouver une instance, avec des critères comme la possibilité de créer des comptes, les thématiques abordées, etc. Il faut garder en tête que chaque instance choisit de suivre, ou non, les autres et en suivra plus ou moins.<br />
<br />
Pour retrouver encore plus facilement les vidéos de la Fédiverse, il existe un moteur de recherche spécial PeerTube qui va chercher un peu partout, dans la limite des stocks disponibles. Pour cela direction le site sepiasearch.org. Évidement, ce logiciel de moteur de recherche est aussi un projet libre.<br/><br />
Avec tout ça, j’espère que vous comprenez pourquoi j’aime surnommer PeerTube, MeilleurTube.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>En tout cas ça me paraît très clair. Merci beaucoup Emmanuel et à une prochaine j’espère, pour une nouvelle chronique qui, ce coup-ci, n’était pas un râlage de vieux libriste mais plutôt un enthousiasme pour un beau projet.<br/><br />
Je vois le temps qui file, je te laisse. Une bonne fin de journée Manu. Salut.<br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Bon courage. Merci. À bientôt.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Je vous l’ai déjà mentionné <br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ce week-end</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_4_mai_2021&diff=92848Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 4 mai 20212021-05-06T19:31:24Z<p>Bsibaud : /* La modération, avec LinuxFr et Framasoft */</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 4 mai 2021 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenant·e·s :''' Adrien Bourmault - Isabella Vanni - Anna - Benoît Sibaud - Emmanuel Revah - Étienne Gonnu - Adrien Bourmault à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 4 mai 2021<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20210504/LAV-104-210504-CC/01-Master/rec_20210504-153000.wav Podcast Provisoire]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-4-mai-2021-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
Le difficile exercice de la modération, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme Musique électroacoustique et Art Libre et une chronique sur PeerTube. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.<br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.<br />
<br />
Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour utile ou à nous poser toute question.<br />
<br />
Nous sommes le mardi 4 mai 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être un podcast ou une rediffusion.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission Adrien. Salut Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Salut.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous vous souhaitons une excellente écoute et que la force soit avec vous.<br />
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[jingle]<br />
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[Virgule musicale]<br />
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==Chronique « Le Libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni sur le thème « Musique électroacoustique et Art Libre », avec Adrien Bourmault==<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons commencer par la chronique « Le Libre fait sa comm' » proposée par ma collègue Isabella Vanni, responsable vie associative pour l’April. Isa je te passe la parole.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci. Bonjour. Dans la chronique « Le Libre fait sa comm' » d’aujourd’hui nous allons parler de musique électroacoustique et art libre. Nous le ferons avec Adrien Bourmault, bénévole à l’April et aussi étudiant en composition instrumentale et électroacoustique. Étienne s’est rendu disponible pour remplacer Adrien à la régie le temps de cette chronique, merci à Étienne.<br/><br />
Bonjour Adrien. Je te propose de commencer par nous expliquer ce qu’est la musique électroacoustique. Personnellement, je ne connaissais pas avant de découvrir ton morceau sur SoundCloud. Je pense important de préciser déjà que dans « musique électroacoustique » l’adjectif « électroacoustique » est écrit tout attaché, car « électro-acoustique » avec un tiret au milieu indique autre chose.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. Déjà bonjour. Effectivement, la musique électroacoustique est un genre à part entière. Le mot électroacoustique, ici, n’est pas l’adjectif qui veut dire que ça utilise forcément uniquement des techniques électro-acoustiques. Électro-acoustique avec un tiret, c’est, par exemple, ce qu’on peut dire d’une guitare électro-acoustique, c’est-à-dire qu’elle utilise des transducteurs, qu’elle a besoin d’électricité pour fonctionner.<br/><br />
La musique électroacoustique certes ça met en jeu des techniques électroniques mais c’est plus que ça. C’est d’abord de la musique concrète.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Que veut dire concrète ? Pourquoi utilises-tu cet adjectif ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>La musique électroacoustique c’est un genre grand, vaste, qui est né dans les années 40. En France, l’émergence de l’électroacoustique c’est Pierre Schaeffer. C’est, en fait, une façon de concevoir la musique comme le traitement du son, le traitement de la matière sonore, sans réfléchir à ce qui a produit le son, mais en en faisant quelque chose. C’est-à-dire que je peux enregistrer, je ne sais pas, le bruit d’un train, le son d’une vague, le chant des oiseaux et en faire quelque chose d’autre parce que ce n’est pas la chose qui a produit le son qui est importante, c’est ce que j’en fais au final. C’est pour ça qu’on parle de musique concrète.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On peut dire un petit peu que les enregistrements que tu fais sont comme tes notes ou tes briques dans la composition ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, ça peut être ça. En fait tout son, toute matière sonore est une brique. On n’a plus besoin d’utiliser l’échelle tonale, on n’a plus besoin d’utiliser de gammes, en fait notre gamme c’est le son en lui-même et en général.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu dis qu’il n’y a pas besoin d’utiliser de tonalité. Est-ce qu’il y a un rôle pour la mélodie dans cette musique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Justement non. La musique électroacoustique n’a pas besoin de se focaliser sur la mélodie. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit d’en utiliser. Mais la mélodie n’est pas l’important, ce qui est important c’est ce que je vais faire de ma matière sonore. Ça peut être simplement une progression, ça peut être une sorte d’organisation de mouvements. En fait, ce qui va m’intéresser, c’est faire quelque chose d’intelligible, qui ait un sens, qui ait une structure afin de provoquer quelque chose chez l’auditeur puisque c’est de la musique. Ça ne veut pas forcément dire qu’on va faire une mélodie, ça veut juste dire qu’on va faire quelque chose de musical à partir de quelque chose de plus vaste qu’une simple mélodie.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Donc même s’il n’y a pas de mélodie ou de rythme, on peut toujours parler de musique, parce que, comme tu disais, il y a un début, un fin et une progression. Est-ce qu’on peut dire que c’est comme raconter une histoire ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ça peut ressembler à une histoire. D’ailleurs, je pense que dans mes compositions je raconte une histoire.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Tu parles d’enregistrement. Quelle est la différence entre les enregistrements que tu utilises dans ta musique électroacoustique, par exemple les <em>samples</em> qui sont utilisés dans la musique électronique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ce n’est pas le cas de tout le monde, mais la tradition, j’allais dire la tradition française dans la musique électroacoustique c’est un petit peu utiliser et enregistrer soi-même pour réaliser quelque chose et ensuite en faire une musique sur support, parce que l’électroacoustique c’est de la musique sur support.<br/><br />
Pour mon œuvre <em>Persiflès</em> je suis allé enregistrer des sons. J’ai aussi utilisé des enregistrements de personnes que je connais, de mon entourage artistique, et j’en ai fait une œuvre. Je ne suis pas allé acheter des <em>samples</em> ou je ne suis pas allé les chercher sur un site. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. C’est parfait parce que ça me permet de te poser la question que tu as déjà anticipée : comment tu te relationnes avec la musique électroacoustique ? Tu viens de le dire comment tu t’y prends, tu as l’habitude d’aller chercher par toi-même, c’est un peu la culture <em>do it yourseft</em>, fais-le par toi-même, des sons qui peuvent t’intéresser, faire des enregistrements. Comment es-tu tombé dans le chaudron de la musique électroacoustique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>C’est un peu par hasard. À ce moment-là j’étais étudiant en formation musicale, en DEN??? de formation musicale et je devais faire un atelier pour une matière instrumentale, j’étais en option piano et il fallait que je fasse un atelier. Je suis tombé dans un atelier électroacoustique un peu par hasard. Puis, très rapidement, mon professeur qui s’appelle ??? – qui nous écoute sûrement d’ailleurs, je le salue chaleureusement – m’a fait découvrir un univers que je ne connaissais pas, qui ouvrait plus de possibilités que simplement la composition instrumentale ou la formation musicale.<br/><br />
À partir de ce moment-là je me suis dit qu’il fallait que je fasse de la composition, donc j’ai commencé par faire de la composition électroacoustique.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Donc ça a commencé par l’intérêt pour la technique puis c’est devenu une passion et tu as eu envie de composer. Je sais que tu as choisi de publier tes compositions sous licence libre. Je voulais savoir pourquoi ce choix et si c’est cohérent avec ta démarche envers la musique et envers l’informatique en général.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. C’est simplement parce que pour moi c’était évident ; ce n’est pas forcément évident pour tout le monde, je suis d’accord. Il y a de la technique derrière la musique que je compose. Évidemment c’est une œuvre, ce que je fais ce sont des œuvres musicales, mais ça ne veut pas dire qu’elles sont ma propriété unique et personnelle. Tant qu’on m’attribue mon travail ça ne me pose pas de problème, c’est pour ça que j’ai choisi d’utiliser la licence CC By SA, donc Creative Commons Attribution et Partage dans les mêmes conditions, parce que je considère que tant que mon nom est cité, si on utilise mon travail, ça me va, et tant que ça reste libre, ça me va encore mieux. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est <em>Share Alike</em>, distribué dans les mêmes conditions.<br/><br />
Tu nous as dit que malheureusement tu as dû abréger ton morceau <em>Persiflès</em> aujourd’hui. Peux-tu nous dire pourquoi ? II était vraiment très long ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. Ce qui est propre à la musique électroacoustique c’est que ça va être rarement des petits moreaux. C’est un peu comme quand vous écoutez, je ne sais pas, une grande symphonie. Quand vous écoutez une grande symphonie de Beethoven ou de Mahler vous n’allez pas leur demander de faire un truc de quatre minutes. Ils vont composer quelque chose qui a des grandes progressions, qui va avoir beaucoup de choses à dire. La musique électroacoustique, étant donné le vaste genre que c’est, a beaucoup de choses à dire, énormément de choses à dire ! On peut faire beaucoup de choses. Imaginez que la musique électroacoustique c’est un petit peu comme je prends tous les sons possibles, j’ai tous les sons possibles à ma disposition, je peux faire un peu toutes les variations que je veux. Je peux même faire des thèmes extrêmement longs et fournis. Je peux dire beaucoup de choses. Comme je suis très bavard, j’écris forcément beaucoup. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>En fait, ça reflète ta personnalité !<br/><br />
Je vous propose d’écouter la version abrégée de <em>Persiflès</em> d’Adrien Bourmault alias neox, c’est aussi son alias pour ce qui est de la musique, en espérant que ça vous donne envie d’aller écouter la version complète qui est disponible sur SoundCloud. Vous trouvez la référence, bien évidemment, sur le site de l’April sur la page consacrée à l’émission.<br/><br />
Je vous souhaite une très bonne écoute. <br />
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<b>Pause musicale : </b><em>Persiflès</em> par Adrien Bourmault.<br />
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<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter un extrait de <em>Persiflès</em> par Adrien Bourmault., disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br/><br />
Merci à toi d’avoir partagé avec nous ta démarche, ta musique et d’avoir repris les manettes de la régie.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Merci à vous de m’avoir proposé cette invitation.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==La modération, avec LinuxFr et Framasoft==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur le délicat et difficile exercice de la modération et j’ai le plaisir de recevoir par téléphone, pour en discuter, Benoît Sibaud qui est directeur de publication du site LinuxFr.org et membre de son équipe de modération et Anna membre et modératrice de Framasoft, notamment pour leur instance Mastodon, l’instance Framapiaf.<br/><br />
N’hésitez pas à participer à notre conversation soit au 09 72 51 55 46. Vous retrouvez le numéro sur le site de la radio ou sur le salon web dédié sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».<br/><br />
Nous sommes avec Benoît et Anna. Bonjour à vous deux. Est-ce que vous êtes bien avec nous ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Oui. Bonjour<br />
<br />
<b>Anna : </b>Bonjour. Oui, c’est bon.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Je vous propose de commencer de manière somme toute très classique pour que nos auditeurs et auditrices sachent d’où vous parlez. Est-ce que vous pourriez vous présenter personnellement ainsi que la structure que vous représentez ? Benoît. <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Le site LinuxFr.org est un site web par et pour les communautés du Libre en général, qui diffuse des contenus pour relayer l’actualité des autres projets. Donc il y a un site web, derrière il y a une association et je suis le directeur de publication du site, je suis plus particulièrement concerné par les questions de modération et je fais partie de l’équipe du site en général, je travaille aussi bien sur les aspects techniques que sur la production de contenus que sur la modération, divers sujets liés au site.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Du coup, peut-être pour entrer dans quelques détails qui vont être, je pense, déterminants pour bien comprendre la suite de nos échanges, est-ce que tu peux nous en dire un tout petit peu plus notamment sur le type de contenus que vous allez être amenés à modérer ? En gros c’est un site communautaire, tu me corrigeras, où des personnes – moi je le fais notamment dans le cadre de <em>Libre à vous !</em> – peuvent proposer des dépêches, les gens vont pouvoir venir les commenter. Quels sont les types de contenus que vous êtes amenés à modérer ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Le site fonctionne sur un principe de 100 % de bénévoles. Les contenus sont écrits par nos visiteurs et derrière il y a une équipe de bénévoles qui va aider à la rédaction de ces contenus, aider à comprendre comment fonctionne le site, rajouter des informations, mettre des liens, ajouter des étiquettes, etc., faire de la « mise en page », entre guillemets, et une équipe qui va gérer la modération pour gérer et la publication et après la publication. Ce sont des visiteurs qui vont venir, qui vont commenter, qui vont éventuellement enrichir les contenus de manière générale. Tous les contenus viennent des visiteurs et les contenus sont de diverses natures. Le contenu classique, d’origine du site, c’était des actualités sur le logiciel libre, donc un projet, une association vient parler de son actualité, donc va écrire son contenu et l’envoyer chez nous, sur LinuxFr.org, pour publication.<br/><br />
Il est aussi possible d’écrire un contenu à plusieurs. Par exemple, imaginons que des gens se regroupent pour décider de parler de quels sont les logiciels qui existent pour faire du graphisme en Libre. Ils vont corédiger ensemble un contenu pour évoquer les différents logiciels qui existent et ils vont le faire dans notre espace de rédaction qui permet de faire une rédaction collaborative. Ce sera, là aussi, publié sous forme de ce qu’on appelle une dépêche, une actualité.<br/> Après il y a des contenus qui sont plus personnels, qui ressemblent plus à une entrée dans un blog, qui vont être plus personnels. Pareil, les éditeurs peuvent parler de leurs projets, ils peuvent aussi évoquer des choses qui sont plus personnelles, par exemple dire « je n’aime pas ce projet-là » ou « j’aime beaucoup ce projet-là pour des raisons qui me sont personnelles ». Ils vont parler aussi de sujets aussi complètement annexes. On a souvent des sujets qui sont en dehors du Libre qui sont abordés dans certaines parties du site. Ce sont des catégories de contenus.<br/><br />
On a aussi une partie qui concerne des liens, juste pour partager un lien, on partage simplement un lien. Il y a aussi des choses pour avoir des questions ou des réponses dans les forums et faire des sondages pour poser une question si on a des réponses et sonder un peu la communauté du site.<br/><br />
Suivant les situations on a des contenus qui sont publiés sans modération, sans modération <em>a priori</em>, ou publiés avec une modération <em>a priori</em>. Dans tous les cas il y a une modération <em>a posteriori</em> aussi bien sur les contenus eux-mêmes que sur certains aspects indirects comme les images qui peuvent être embarquées dans les contenus ou les étiquettes qui peuvent être posées sur les contenus par exemple.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. On voit effectivement une grande variété de contenus différents. C’est un site qui est très riche, si vous ne connaissez pas LinuxFr.org, on y trouve beaucoup d’informations, on sent, peut-être qu’on y reviendra d’ailleurs, qu’il y a derrière une vraie communauté. On voit déjà, effectivement, la grande variété de contenus modérés. Et je pense, ça aussi on y reviendra, le fonctionnement 100 % bénévole qui n’est pas anodin, j’imagine, notamment quand on parle de modération. Merci beaucoup Benoît.<br/><br />
Anna, tu es membre de Framasoft, tu es modératrice au sein de cette association, notamment, je le disais, pour l’instance Framapiaf, l’instance Mastodon. Tu nous diras si tu modères aussi, si tu es responsable de modération sur autre chose. Je veux bien que tu te présentes, que tu nous rappelles en quelques mots ce qu’est l’association Framasoft et quel est ton rôle pour la modération au sein de cette association.<br />
<br />
<b>Anna : </b>Je suis membre bénévole de l’association Framasoft qui est, on dit, une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels. Une fois qu’on a dit ça c’est un peu vaste. Ce qu’on fait c’est notamment qu’on propose beaucoup de services libres pour montrer que c’est possible. Parmi tous ces services il y a des choses qui permettent de faire du travail collaboratif et il y a des choses qui permettaient, par exemple, de partager des images, là on peut parler de modération. Et récemment aussi on a commencé à développer des outils, notamment un outil qui s’appelle PeerTube qui permet d’héberger des vidéos ; et si on ne propose pas forcément d’instance ouverte au public, donc cette question de la modération se pose moins, on propose un index qui répertorie tous les sites qui proposent des vidéos grâce à PeerTube, là il y a un peu une sorte de modération. Et enfin, on propose deux services qui sont des réseaux sociaux, Mastodon et Diaspora, mais je crois qu’on a fermé récemment Diaspora puisqu’on est en train de fermer des services.<br/><br />
Je suis dans le comité de modération, donc je vois beaucoup de choses passer. Je suis principalement sur Framapiaf, notre instance Mastodon.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>OK. Ça n’a rien à voir avec le sujet, mais tu as mentionné quelque chose qui me paraît quand même très important et qui peut effrayer peut-être des personnes qui écoutent. Effectivement, Framasoft a une démarche de fermeture de services mais qui est une démarche très positive. On mettra le lien en référence pour aller voir là où Framasoft décrit très clairement toute sa démarche et que je vous invite franchement à aller lire. C’est très intéressant aussi sur comment on pense un réseau fédéré, décentralisé. Désolé pour cette parenthèse et merci pour cette présentation.<br/><br />
Pour Framasoft, on voit bien que la modération ne concerne pas que le réseau social Framapiaf en ce qui concerne Mastodon. On imagine bien que les enjeux de modération sont assez spécifiques par rapport à Framapiaf. Est-ce que tu saurais, du coup, nous parler un petit peu de ce qu’est une instance Mastodon ? Qu’est-ce que Framapiaf, notamment dans cette logique de décentralisation qui doit avoir, on imagine, des effets sur la question de la modération ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Oui, avec plaisir. Justement dans la lignée de fermeture de services, en fait Framasoft a commencé à avoir beaucoup de visibilité, il y a plein de gens qui venaient chez nous et qui trouvaient ça super. On est un peu embêtés, on ne veut pas grossir pour qu’il n’y ait pas trop de gens qui viennent chez nous, donc on a commencé à essayer de mettre en place un réseau d’autres acteurs qui s’appelle les CHATONS qui sont des hébergeurs, qui sont des copains, en gros. L’idée c’est que les personnes peuvent venir soit chez nous soit chez d’autres personnes.<br/><br />
Dans cette idée un peu d’avoir un réseau d’acteurs qui ont les mêmes valeurs et la même éthique, donc de décentraliser pour que tout le monde ne soit pas chez la même personne, on peut retrouver le fonctionnement du réseau social Mastodon.<br/><br />
Mastodon est un réseau de sites, qui sont des petits réseaux sociaux, qui sont connectés les uns aux autres, ce qui fait que moi je peux habiter chez Framapiaf, mais vous, vous pouvez habiter dans une autre instance, par exemple il y a des instances bretonnes, il y a des instances Queers, il y a des instances dédiées aux jeux de société. Vous pouvez vous inscrire sur cette autre instance, sur cet autre site, et on peut quand même interagir ensemble, ce qui est assez peu courant dans le fonctionnement des réseaux sociaux, en tout cas les réseaux sociaux centralisés, ceux qu’on connaît, les plus gros. Ce qui pose plein de problématiques avec tous ces sites parce que, par exemple, quelque chose qui est autorisé chez vous ne le sera pas forcément chez moi et inversement. Ça peut être quelque chose par rapport à la légalité. Il y a des instances japonaises qui autorisent des types de contenus qu’on ne peut pas autoriser avec la législation française, je pourrais y venir, mais juste aussi parce que vous mettez les règles que vous voulez chez vous, parce que vous êtes chez vous. Si jamais vous ne voulez pas d’un certain type de contenus parce que ça vous semble inadapté – qu’est-ce que je pourrais présenter comme exemple ? On a la possibilité de flouter certains types d’images par exemple. Donc on peut dire « sur mon instance, chez moi, je voudrais que tous les types d’images soient floutés ». Ça peut être, que sais-je, les photos de nourriture ou les photos de choses qui peuvent faire un peu peur comme les photos d’araignées, en disant, comme ça, les personnes qui sont sur mon instance savent qu’elles ne sont pas confrontées à des photos d’araignées. Moi je peux dire « tu peux appliquer ces règles-là chez toi si tu veux mais moi j’autorise les photos d’araignées ». Du coup, ça va poser beaucoup de questions : comment, alors que chez toi c’est autorisé et chez moi ce n’est pas autorisé, on réussit à faire quand même des liens ou à décider, qu’en fait, il faut qu’on coupe nos liens parce que, de toute façon, ça me dérange que chez toi ces photos soient vues et pas chez moi. Je parle des photos d’araignées, vous aurez bien compris qu’il y a plus de subtilité. On pourra y revenir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui. On voit effectivement l’enjeu et c’est intéressant. Sur un réseau fédéré cet objet est vraiment une question de politique et d’échanges et une question très riche du coup. J’en profite également, dans une logique de « déframasoftisation », puisque tu as évoqué un peu cette idée-là, que si vous souhaitez créer un compte sur Mastodon, vous pouvez aller sur Framapiaf chez Framasoft. Vous pouvez venir à l’April, on a également une instance sur le Chapril, chapril.org. Vous avez comme ça tout un ensemble d’instances où vous pouvez vous inscrire en respectant, à chaque fois effectivement, la charte de modération. Je pense que celles de l’April et de Framasoft sont différentes, mais sans doute assez proches dans l’éthique.<br/><br />
Je voulais vous proposer un exercice qui n’est pas forcément évident, si vous deviez présenter, en quelques mots, ce qu’est la modération, quels en sont les enjeux. En gros vous rencontrez quelqu’un, comme ça, qui vous pose la question : c’est quoi la modération ? En quelques mots, comment lui feriez-vous sentir, justement, que c’est un sujet qui est important, qui est politique, où il y a vraiment des enjeux derrière et que ce n’est pas juste une question technique ? Comment lui présenteriez-vous la chose ? Benoît.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Sur un site, il y a ce que tu voudrais avoir et ce que tu ne veux vraiment pas avoir.<br/><br />
Ce que tu voudrais avoir c’est, par exemple, j’aimerais bien avoir des contenus plus étoffés, plus jolis, plus complets, etc. Ça, ça reste entièrement à ta main. Tu peux contribuer, aider, etc., tu peux contribuer à ça.<br/><br />
Par contre il y a ce que tu ne veux vraiment pas avoir et ce que tu ne veux vraiment pas avoir ça va être ce pourquoi tu as besoin de modération. Dans l’idéal, j’aimerais bien ne pas avoir de modération à faire, ne pas avoir d’équipe de modération ce serait idéal. En fait, on a besoin de modération pour plusieurs cas très différents. Il y en a un qui est facile à comprendre, on n’a pas envie d’avoir des pubs partout, d’avoir du spam, d’avoir des gens qui viennent placer des liens qui n’ont aucun rapport avec le site, qui viennent communiquer des choses qui ne sont même pas dans la langue des utilisateurs du site. Ça c’est vraiment de la pure pollution qu’on cherche à enlever. On aimerait bien ne pas en avoir, mais il y en a donc il faut des gens pour l’enlever.<br/><br />
Après il y a une autre chose qu’on ne veut pas : on va vouloir rester dans le cadre de la loi. Pour LinuxFr.org on est contraints, on est encadrés par les lois française et européenne. Ce qui est illégal suivant la loi, eh bien ce n’est pas censé rester sur le site, donc la modération va aussi intervenir, par exemple, pour enlever ce qui est manifestement illégal.<br/><br />
Après, il y a des choses qui relèvent de ce qu’on ne veut pas, mais qui sont un choix du site, de l’équipe comme on l’évoquait précédemment pour Mastodon. Ce sont les règles d’une instance de dire « il y a certaines choses qu’on ne veut pas chez nous parce que ça nuit à l’ambiance du site ». Par exemple on va dire qu’on aimerait bien que les gens échangent poliment entre eux, qu’ils respectent les règles de politesse, qu’ils ne s’injurient pas tout le temps, parce que même si ça peut rester dans le cadre légal, c’est quand même problématique si tous les gens s’injurient en permanence. On voudrait éviter que des gens flirtent trop avec les limites de la légalité. Par exemple, les gens qui restent flous, qui ne vont pas dire qu’ils n’aiment pas telle catégorie de la population, mais ils vont le sous-entendre. Ce n’est probablement pas illégal, mais en fait, peut-être que la politique du site va dire « non, nous n’avons pas envie d’avoir des gens qui font volontairement des sous-entendus ou qui vont jouer avec les limites de la légalité ». Il y a ces types de cas-là qui relèvent plus d’un choix de l’instance, au final, de quelle ambiance, quels types de comportements j’accepte ou pas sur le site que je gère.<br/><br />
Après il y a un autre cas qui est un peu différent, ce sont les cas un petit peu déconcertants. Des gens dont on ne comprend pas trop ce qu’ils sont en train de dire, on ne comprend pas pourquoi, quelqu’un qui est un peu atypique. C’est comme quand vous croisez une personne dans la rue qui est hallucinée, elle vous dit quelque chose, vous ne comprenez pas du tout et il va bien falloir en faire quelque chose, donc la modération peut dire : est-ce que j’interviens dans ce cas-là ? Est-ce que je n’interviens pas ? Est-ce que je dois protéger cette personne parce que peut-être qu’elle va se faire, entre guillemets, « lyncher » par les autres, qui vont se moquer d’elle, etc. La modération peut aussi se poser des questions : est-ce que ce que je protège « les faibles », entre guillemets, est-ce que je dois protéger les gens les plus vulnérables ? Il peut y avoir ce genre de cas dans la modération. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Merci. C’est très clair. Anna, comment envisages-tu cette question ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Benoît l’a très bien expliqué. Peut-être que quand je raconterai, je dirais que je suis modératrice sur un réseau social, ça veut dire qu’il y a des fois des gens qui voient du contenu qu’ils estiment problématique, qui me le signalent et moi, avec le reste de l’équipe de modération, je décide de ce qu’il faut faire de ce contenu : est-ce qu’on le garde, est-ce qu’on ne le garde pas et si on ne les garde pas, est-ce qu’on explique à la personne, ou pas, pourquoi on ne le garde pas ? Tout ça, du coup, ça nécessite de se mettre d’accord en amont sur des règles et de pouvoir rediscuter ces règles tout le temps, parce que, évidemment, on pose des bases. Ensuite, à chaque contenu un peu créatif on va dire, on peut être perplexe et se demander si c’est c’est quelque chose qu’on garde, qu’on ne garde pas, si on rentre en communication avec la personne en lui disant « on garde ce contenu mais merci de ne pas réitérer » ou des choses comme ça. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Dans ce que j’entends de vous deux, c’est qu’on voit aussi la part d’échange avec les personnes qui postent, qui vivent un petit peu, que ce soit sur LinuxFr ou sur les services Framasoft, et l’importance que ça peut avoir.<br/><br />
Ce que je remarque aussi c’est que la modération ce n’est pas juste appliquer la loi et agir, en fait, par rapport à ce que vous impose la loi sur des contenus qui seraient illicites et ainsi de suite.<br/><br />
Peut-être, sans forcément y passer beaucoup de temps, mais je pense que c’est un peu central à la question, penser au régime des responsabilités. Vous êtes des intermédiaires techniques, je pense que vous rentreriez dans cette catégorie, tant LinuxFr que Framasoft à travers les services. On va peut-être rappeler très rapidement qu’en gros, en termes d’intermédiaires techniques, le régime de responsabilité va distinguer les hébergeurs qui ont un régime de responsabilité allégée parce qu’ils n’ont pas à connaître ce que postent, publient leurs utilisateurs et utilisatrices et les éditeurs qui eux ont une responsabilité directe sur le contenu puisqu’ils savent, de fait, ce qu’ils publient.<br/><br />
En gros, la responsabilité de l’hébergeur pourrait être engagée s’il n’a pas « promptement retiré un contenu manifestement illicite », comme l’a mentionné Benoît, qui lui aurait été signalé ; l’éditeur, lui, sera directement responsable.<br/><br />
On imagine que pour Framasoft qu’il n’y a pas trop de questions, vous êtes des hébergeurs, vous devez agir uniquement en cas de signalement d’un contenu illicite. J’ai l’impression, tu me corrigeras Benoît, que pour LinuxFr il y a peut-être un peu des deux, c’est peut-être moins clair. <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Je pense qu’il y a un peu des deux. Le statut d’hébergeur c’est « je fournis des moyens à d’autres gens de s’exprimer, mais je n’ai pas besoin de savoir ce qu’ils font ». En fait, on ne présuppose pas que je sais ce qu’ils font. Ça pourrait être le cas pour les contenus qui sont non modérés <em>a priori</em> chez nous. Rien ne dit qu’on est courant de ce qui est publié chez nous dans ce cas-là.<br/><br />
À contrario, quand on voit passer, quand il y a un contenu qui est modéré <em>a priori</em> et qu’en plus il est édité par l’équipe de modération, l’équipe de modération est au courant de ce qu’il y avait dans le contenu, donc, en fait, on s’engage en le publiant. Là on a plus un statut d’éditeur dans ce cadre-là, donc on a plus de responsabilités d’un point de vue juridique à ce titre. On arrive à faire « les deux », entre guillemets, puisqu’on peut avoir un contenu qui est publié sous forme d’entrée de blog, de journal, par un utilisateur, donc là on serait plutôt simplement hébergeur. Mais, en fait, on peut prendre ce contenu, on le convertit en dépêche, on va potentiellement l’enrichir, ensuite on le publie. Du coup là on est devenu éditeur.<br/><br />
Le fait aussi de permettre des commentaires sur tous les contenus, ça peut indirectement créer aussi une responsabilité. Je pense que dans le principe de la loi de l’hébergeur, l’hébergeur n’est pas responsable du fait que des gens aient commenté sur chaque site de chaque personne. Sauf que là, nous, tous les contenus sont commentables par tous nos utilisateurs, du coup il y a de toute façon une responsabilité qui vient que tous les contenus sont commentables, tous les contenus sont étiquetables, et qu’il y a aussi une responsabilité qui intervient sur le fait de pouvoir étiqueter ou de pouvoir commenter un compte.<br/><br />
Je pense qu’effectivement, suivant les cas, la responsabilité est différente pour le cas de LinuxFr.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Du coup les choix de manière de modérer, si j’entends bien, sont plutôt <em>a posteriori</em>, renforcent peut-être votre responsabilité, mais participent aussi au fonctionnement et à la communauté que vous créez dans LinuxFr.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est l’inverse si je comprends bien. Si tu modères <em>a posteriori</em>, en fait ça ne veut pas dire que tu réduis ta responsabilité parce que tu attends qu’on te signale le problème pour intervenir ou tu t’en saisis toi-même. Disons que si tu ne le fais pas, on ne peut pas te le reprocher parce qu’il n’y a que quand on t’a notifié que tu es censé être au courant qu’il y a un problème.<br/><br />
Si je laisse passer un commentaire problématique, je peux dire que je n’étais pas au courant, que ça soit vrai ou pas. En tout cas, légalement parlant, on ne peut pas savoir si j’étais au courant ou pas. Alors que quand l’équipe de modération a mis son tampon, qu’il y a quatre modérateurs qui ont dit « oui, je suis pour la publication », c’est facile de prouver que l’équipe était au courant. Là ta responsabilité est plus engagée en fait.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait. Je me suis mal exprimé en fait. C’est très clair comme réponse.<br/><br />
Du coup, comment organisez-vous matériellement la modération ? Et aussi comment établissez-vous les règles sur lesquelles vous basez votre modération ? Il me semble que dans les deux cas elles sont publiques. En tout cas sur LinuxFr j’en suis persuadé. Comment vous les décidez ? Est-ce que vous faites vivre ces règles ? Notamment sont-elles publiques ? Benoît si tu veux rester dans ta lancée.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est important que les règles soient publiques. Ça reste des choses qui évoluent. Ça n’évolue pas forcément aussi vite qu’on le voudrait ou qu’on arrive à le formaliser. Ce n’est pas non plus entièrement formalisable parce qu’il y a quand même des choses qui relèvent de l’humain et de l’interprétation. Pour donner un exemple, quand quelqu’un poste un commentaire, le commentaire peut très bien être à double sens, volontairement ou pas de la part de celui qui l’écrit. Par exemple, on pourra avoir une lecture qui est très agressive du commentaire et une autre qui est une lecture humoristique du commentaire. La modération ne peut pas forcément savoir quel était le sens voulu, si c’était voulu ou pas par l’auteur, quelle est l’interprétation et qu’est-ce qu’elle doit en faire. On peut réagir quand même, mais ça va changer l’interprétation qui est faite et comment elle va réagir.<br/><br />
On n’est pas des « machines », entre guillemets, ce n’est pas un algorithme ; dans la modération il y a une partie humaine d’évaluation. Du coup, ça va dépendre aussi, je ne sais pas, du passif de la personne. Est-ce que c’est toujours le même pénible qui publie des contenus problématiques ou est-ce que c’est quelqu’un contribue beaucoup d’habitude et peut-être que là il s’est mal exprimé ? Ou est-ce que c’est quelqu’un qui actuellement, parce que c’est la période de pandémie, a personnellement plus de problèmes et qu’il était plus énervé à ce moment-là ? Bref ! Il y a tout un côté humain qui intervient et il est vrai que les règles peuvent cadrer les choses, mais elles ne vont jamais définir avec exactitude et précision là où on met des virgules, quels sont les caractères autorisés, etc. ; ça reste de l’interprétation de l’équipe de modération. Pour encadrer ça, on a des règles et on échange entre nous, soit via des listes de discussion, soit via le site.<br/><br />
Il y a les cas triviaux, ce que je disais tout à l’heure : éliminer la pollution c’est trivial. Si je vois un texte qui est écrit en coréen sur le site, je sais que c’est de la pollution, je vais l’enlever immédiatement, je n’ai pas besoin de l’avis des autres. Quand il faut commencer à manier les ciseaux et à dire on va toucher à ce contenu, l’enlever ou dé-publier des choses, etc., c’est plus délicat et on essaye d’avoir l’avis de plusieurs personnes et de prendre un peu de temps parce qu’il n’y a pas forcément besoin d’avoir des réactions extrêmement rapides. Ça dépend des situations. Si on veut éviter c’est que ça dégénère d’un point de vue strictement de l’ambiance du site ça peut être important de réagir vite. Si on veut modifier des choses, éditer un contenu, découper une phrase par exemple, c’est beaucoup plus délicat et c’est mieux que l’équipe en discute, qu’on se mette d’accord sur pourquoi on le fait, quelles sont les raisons et que tout le monde soit d’accord, en tout cas qu’on arrive à un consensus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. OK. Anna comment c’est organisé côté Framasoft ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Côté Framasoft on a ce qu’on appelle un comité de modération, c’est-à-dire qu’il y a des membres qui ont dit qu’ils avaient envie de participer à la modération des contenus. Après, on a tous un peu nos spécialités. On a un canal Framateam, qui s’appelle modération, sur lequel quand il y a des choses, on partage des liens en disant « voilà, il se passe telle chose, il y a tel type de contenu, est-ce que vous pouvez me donner votre avis ? »<br/><br />
Par exemple, sur Framapiaf, les personnes peuvent nous faire des signalements. Ça veut dire que quand un signalement est fait on reçoit un mail sur le mail de la modération et ensuite, effectivement exactement comme dit Benoît, soit c’est trivial, c’est du spam, c’est un compte publicitaire ou, par exemple, quelque chose qu’on n’accepte pas sur Framapiaf c’est la pornographie qui ne soit pas floutée. Du coup, on va pouvoir très rapidement gérer les choses comme ça. Ensuite, il y a tous les cas qui prennent immensément plus de temps, ce sont ceux où on n’est pas sûrs, il y a sujet à interprétation, et même s’il n’y a pas sujet à interprétation, il faut comprendre le contexte. Ce sont des pouets qui nous sont signalés, ça veut dire que ce sont des contenus qui sont assez courts, on appelle ça du <em>microblogging</em>, c’est limité à 500 caractères, parfois c’est une vidéo, parfois c’est une image. En général, ce pouet n’est jamais suffisant en lui-même. Il va toujours falloir aller chercher le contexte autour parce que, exactement comme a dit Benoît, un commentaire ou un pouet ça peut être pris à double sens. Peut-être que la personne fait une sorte de renversement de situation ou peut-être qu’elle est vraiment agressive, il y a plein de choses comme ça, donc on est, à chaque fois, obligés d’aller parcourir tout le contexte. Une fois qu’on a parcouru tout le contexte, on peut proposer un type d’action. Si jamais on n’est pas tout à fait sûr de nous, on en parle avec les copains, en décrivant sur le canal de modération en écrivant « voilà, il y a telle situation, voilà ce que j’ai compris du contexte, voilà l’action que je propose. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu’on fait ça, est-ce qu’on ne fait pas ça ? » Ensuite il y a un peu un temps, puisqu’on est beaucoup de bénévoles, parce que les pauvres salariés de Framasoft ont déjà suffisamment de travail même s’ils aident quand même pour la modération, du coup il y a un temps, comme ça, où plusieurs personnes donnent leur avis. Si jamais on arrive à un consensus, assez rapidement on met l’action en place. Si jamais c’est un peu plus long, en général on élabore une réponse à plusieurs, des choses comme ça, pour aller contacter l’utilisateur, même si ça reste assez rare. C’est-à-dire que ça demande tellement d’énergie d’aller expliquer quelque chose à quelqu’un que c’est quelque chose qu’on essaye un peu de repousser. Vous voyez que tout ce contexte-là c’est pour commencer à écrire la réponse, si la personne nous répond, elle comprend mal ce qu’on a voulu lui dire, on va devoir lui répondre à nouveau et là ça prend beaucoup plus de temps et d’énergie. Comme on est bénévoles et que notre énergie est limitée, on essaye de pondérer les choses en essayant de privilégier les actions qui sont rapides. Parfois les actions qui sont rapides, ce sont des actions qui ont beaucoup de conséquences, la suppression d’un compte donc quand on estime que ce n’est pas légitime et qu’il vaut mieux rentrer en communication avec la personne on est toujours avec notre énergie limitée dans la balance.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, prendre soin de soi, prendre soin des autres, particulièrement en cette période, c’est très important.<br/><br />
On prendra le temps de discuter après la pause de cet aspect, du poids qu’on imagine potentiellement lourd pour les humains qui sont derrière, parce que ce sont des humains qui modèrent.<br/><br />
Avant, j’aimerais peut-être juste pour qu’on ait une idée en termes d’ordre de grandeur, qu’on puisse se rendre compte. Si je comprends bien on pourrait avoir, d’un côté, ce qui va relever de l’évident, le facile à modérer, vous parlez de manifestement illégal, le spam, etc. Et puis tout ce qui l’est moins et qui nécessite davantage de jugement, notamment de jugement collectif qu’on peut peut-être traduire par la zone grise. En termes de volume relatif et global des deux si on distingue la part évidente et la part plus délicate, ça représente quoi côté Framasoft par exemple ?, si c’est quantifiable d’ailleurs.<br />
<br />
<b>Anna : </b>C’est vraiment difficile à quantifier parce que c’est vraiment aléatoire dans le temps. C’est-à-dire qu’il y a une semaine où on peut passer deux/trois heures parce que tout s’est envenimé et, du coup, il y a eu beaucoup de contenus. Et puis là, par exemple, ça fait plusieurs semaines qu’il n’y a pas eu de nouveaux signalements. C’est assez aléatoire, ce qui ne permet pas, du coup, de forcément d’anticiper facilement. Ce que tu as dit tout à l’heure était un peu faux, on a fermé les inscriptions à Framapiaf assez récemment, donc allez plutôt sur l’instance de l’April pour vous inscrire. Du coup, comme on n’a pas de nouveaux entrants et qu’on a montré la porte de sortie à ceux qui étaient pénibles, peut-être que ça permet de minimiser le taux de modération, en tout cas des gens qui sont chez nous, parce que même si on modère toujours les contenus qui sont ailleurs, ça demande moins d’énergie que de gérer les personnes qui sont inscrites chez nous.<br/><br />
Donc des fois c’est deux/trois heures dans une semaine, des fois pendant plusieurs semaines il n’y a pas trop de travail et puis ça revient. C’est un peu dans ces ordres de grandeur-là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Venez donc sur le Chapril ou sur d’autres instances. C’est vrai qu’on n’a pas ce problème parce qu’on a beaucoup moins de personnes connectées sur le Chapril. C’est aussi ça l’intérêt d’un réseau fédéré c’est de se partager la charge. On voit que c’est très important. Si vous tenez à Framasoft, venez aussi chez les instances amies.<br/><br />
Coté LinuxFr, est-ce que tu saurais un peu nous donner un ordre de grandeur, Benoît ?<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>Dans les nouveaux comptes créés, on en ferme plus d’un tiers, presque entre un tiers et deux tiers des comptes sont fermés à la création parce que ce sont des comptes pour du spam uniquement. Donc une grosse partie du travail c’est virer le spam, la pollution et tous les gens qui viennent faire du placement de liens. C’est aussi parce que ce sont les plus sournois. Il y a des gens qui vont placer un lien caché dans un point ou une virgule par exemple, qui vont dupliquer des commentaires pour utiliser le texte de quelqu’un d’autre pour placer un lien publicitaire. C’est une lutte permanente pour s’outiller, pour détecter, pour lutter contre ça, c’est la plus grosse partie du « travail », entre guillemets.<br/><br />
À côté de ça, ce qui est manifestement illégal ça ne représente quasiment rien, c’est très rare. Après il y a des cas un peu sporadiques, des discussions qui partent qui vont être très limite, ça va être très localisé à un endroit donné, c’est-à-dire que tout va être regroupé au même endroit et ça va être ponctuel, mais il n’empêche qu’il va falloir intervenir dans cette zone-là, détecter et aller intervenir. Là ça rejoint un peu le point qu’on évoquait tout à l’heure sur l’énergie : « c’est reparti, il va encore falloir endosser sa casquette de modérateur et se lancer dans la bataille pour aller rappeler des règles à des gens, que là c’est en train de partir en vrille, intervenir dedans et prendre des décisions », et c’est ce poids-là qui va arriver. Ce n’est pas la plus grosse partie, mais c’est la plus lourde à gérer pour les humains de la modération. Virer du spam c’est facile, ça ne coûte pas grand-chose. C’est pénible, il y en aura tous les matins quand je vais me connecter, mais ce n’est pas le même poids psychologique pour l’équipe de modération.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on imagine bien. On va y revenir justement. Je vous propose avant ça de se reposer un peu, de souffler. Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter une interprétation de <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi par Daniel Bautista. On se retrouve dans trois minutes. Une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
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<b>Pause musicale : </b>Interprétation de <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi par Daniel Bautista.<br />
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<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi. Une interprétation de Daniel Bautista, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
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[Virgule musicale]<br />
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==Deuxième partie==<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre notre discussion.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu de l’April.<br/><br />
Nous échangions avec Benoît Sibaud, directeur de publication du site LinuxFr.org et membre de son équipe de modération et Anna, membre et modératrice au sein de Framasoft, sur le difficile exercice de la modération. Nous parlions justement, avant la pause, de l’impact psychologique qu’on imagine potentiellement important sur les personnes qui gèrent cette modération.<br/><br />
Benoît tu en parlais et justement Fred qui échange avec nous sur le salon #libreavous sur le « chat » de la radio Cause Commune se posait la question au sujet de la composition de l’équipe, que ce soit côté LinuxFr ou Framasoft, est-ce qu’elle est stable, est-ce qu’elle bouge beaucoup ? Et comment gérez-vous la fatigue qu’on imagine possible, la gestion des contenus durs, l’aspect psychologique ? Benoît Sibaud pour LinuxFr.<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>L’équipe ne bouge pas terrible dans le sens où il y a toujours la problématique classique des bénévoles, réussir à renouveler ses bénévoles. Petit à petit on voit que les bénévoles deviennent inactifs donc réussir à les renouveler ; c’est toujours un problème en soi dans l’absolu Après on peut perdre modérateur parce que, effectivement, il y a plus de « pression psychologique », entre guillemets, pour eux.<br/><br />
On peut aussi dire que notre équipe manque de diversité, ce qui est vrai de ce point de vue-là, clairement. Ce n’est jamais facile de renouveler, surtout, pour des raisons de diversité par exemple, comment on renouvelle une équipe, comment on s’assure d’avoir une équipe qui va représenter correctement soit le lectorat licite soit le lectorat qu’on voudrait avoir sur le site, ce n’est pas forcément la même chose, plus le fait, effectivement, qu’il faut gérer les doutes et la lassitude de l’équipe. Dans une équipe de modération il faut prendre des décisions, qu’elles que soient les décisions qui sont prises, il y a des gens qui trouveront qu’on va trop loin, pas assez loin, qui ne sont pas d’accord, qu’on devrait faire autrement. Que ces gens aient une expérience ou pas de la modération, qu’ils soient capables de se mettre à la place d’une équipe de modération ou pas, dans tous les cas c’est toujours l’équipe de modération qui va devoir prendre les décisions et les assumer derrière, être ceux qui assument le fait que la décision a été prise et devoir gérer ça, devoir gérer le fait que, peut-être, on met trop de règles ou qu’on ne met pas assez de règles. Il y a pas mal de doutes dans une équipe de modération normalement, potentiellement un sentiment d’isolement. Là on peut dire que la période de pandémie actuelle n’aide pas trop, il n’y a pas beaucoup d’évènements, on croise moins les gens donc ça n’aide pas trop aussi pour échanger sur ce type de situation. De temps en temps il y a quelques sujets lourds, qui sont plus lourds à gérer pour le moral. Au fur et à mesure des années, ça fait un moment que je fais partie de l’équipe du site, ça a beau être ponctuel, on peut avoir des sujets qui sont très lourds, ça arrive aussi.<br/><br />
Dans les cas classiques il y a gestion par exemple des décès. L’équipe de modération va intervenir parce qu’il faut fermer des comptes, il faut gérer des choses. Il faut s’assurer que quand on fait une nécrologie d’une personne il n’y ait pas des gens qui viennent faites des commentaires pourris à la suite d’une nécrologie, ce n’est jamais très agréable.<br/><br />
Il y a des cas qui sont beaucoup plus problématiques. On a eu un cas de <em>revenge porn</em>, on a eu des accusations de pédophilie, ça c’est compliqué à gérer. De nos jours, la diffamation ce n’est jamais sympathique ; intervenir entre des gens qu’on connaît, qui sont en train de se disputer, c’est pénible aussi. Gérer des mises en demeure ou même gérer des cas de folie. On a eu des éditeurs sur le site, ce n’est pas à moi de faire le diagnostic, mais quand quelqu’un me dit qu’il est capable de faire un business modèle en milliards de milliards de dollars je me dis qu’il est en train d’halluciner. On a eu aussi une personne qui était l’ambassadeur pour des extraterrestres.<br/> <br />
Ce genre de cas peut arriver. Des fois c’est marrant, des fois c’est juste pénible et lourd à gérer pour les gens, ça fatigue les gens psychologiquement.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on imagine. Je vais en profiter pour signaler, je pense à un billet que vous aviez publié sur LinuxFr, que je trouve très intéressant, vous dites quelques mots sur le difficile exercice qu’est la modération, parce que vous avez dû bannir, pour la première fois de votre histoire, un utilisateur. On mettra le lien de ce billet collectif que je vous invite vraiment à lire, ça se lit très vite. Tu voudrais en dire deux ? Je pense que tu viens dire à peu près tout ce qui est contenu, mais si tu veux en dire deux mots, je t’en prie.<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>C’était le cas d’une personne qui revient et s’acharne à participer sur le site. On a quand même viré une quarantaine de comptes différents au fur et à mesure du temps. Elle a beau sentir qu’elle n’est pas la bienvenue sur le site, avoir l’équipe de modération qui intervient, qui retire des contenus et tout ça, elle se maintient sur le site en recréant des comptes, en revenant en permanence. Il y a une forme d’acharnement que l’équipe finit par vivre comme un harcèlement, sans parler du fait que les contenus et les commentaires qui étaient postés par cette personne étaient problématiques en eux-mêmes. C’étaient des contenus qui étaient soit d’un côté ou de l’autre de la frontière sur l’antisémitisme, le révisionnisme, ???, des choses assez lourdes à gérer. Des fois on en a nettoyé, des fois on agissait en hésitant. C’était pénible à gérer et ça nous apportait strictement rien à part le poids d’avoir ça à gérer. Donc à un moment on a dit stop. Il y a un moment où ce n’est pas non plus à nous de mettre en place des choses pour empêcher une personne de revenir à l’infini parce qu’on ne sait pas. Quand quelqu’un se connecte sur le site, je n’ai pas sa carte d’identité sous les yeux, donc je ne sais pas si c’est toujours la même personne ou pas, je n’ai pas les moyens techniques de le faire. À un moment on a dit on considère que c’est du harcèlement, on dit à la personne de ne pas revenir, on lui a dit plein de fois, si elle continue on confira ça aux autorités. Il y a un moment où ça dépasse les capacités de l’équipe et ce que peut gérer seulement une l’équipe de modération. Auquel cas on s’adresse aux autorités et on dira « là on a un cas de harcèlement à vous de jouer maintenant ». <br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Et puis une équipe de bénévoles ! Il me semble important de le redire. D’ailleurs je pense que ça en dit beaucoup sur la qualité de votre travail que ce ne soit que la première fois, depuis les années de service de LinuxFr, que vous en soyez venus à bannir un utilisateur. Ça en dit vraiment long sur la qualité de votre travail.<br/><br />
Anna, côté Framasoft comment vous gérez ? J’imagine que vous prenez aussi une certaine charge psychologique, une certaine charge mentale. Comment gérez-vous ça ? Est-ce que ça bouge beaucoup aussi au sein de votre équipe de modération ?<br />
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<b>Anna : </b>Je pense qu’on peut distinguer deux temps par rapport à la modération dans Framasoft. Il y a eu un temps où c’était beaucoup porté par les salariés comme une tâche parmi d’autres. On a eu beaucoup de retours, sur Mastodon notamment, de personnes qui estimaient que la modération n’était pas suffisante. Ça a pris pas mal d’ampleur, ça a commencé à être vraiment très lourd pour les salariés, parce que, quand on est modérateur ce n’est pas un travail qui est très gratifiant vu de l’extérieur et on est toujours critiqué. Donc la charge était assez lourde pour les membres salariés qui ne faisaient pas que ça d’ailleurs. À un moment il y a des personnes bénévoles, notamment moi, qui ont pris le sujet à bras-le-corps et qui ont dit : « OK, on va faire une charte de modération et on va s’appuyer dessus pour pouvoir modérer les contenus des personnes » puisqu’on n’avait pas vraiment de charte de modération. Du coup, tant qu’on n’avait pas posé de règles, les choix reposaient davantage sur les individus, c’est-à-dire sur les membres salariés qui devaient faire un choix et c’était vraiment compliqué.<br/><br />
On a posé des règles qu’on a choisies, sujettes à débat. Par exemple, on a dit « si jamais ce sont des blagues qu’on considère oppressives, même si vous dites que ce sont des blagues, on considérera que ce n’est pas drôle, donc on pourra modérer ». Autre chose : si jamais vous nous prenez trop d’énergie, on se garde le droit de vous faire aller voir par ailleurs, des choses comme ça qui, du coup, n’ont pas de fondement facilement tangible. L’énergie est quelque chose qui fluctue, mais ça nous permet, du coup, plus facilement, quand on a quelqu’un qui est sur le fil à plusieurs reprises ou qui nous prend beaucoup d’énergie pour trancher d’un côté ou de l’autre, eh bien on finit par trancher du côté qui nous prendra moins d’énergie dans le futur en disant « là c’est bon, il est trop pénible, on va l’inviter à aller voir ailleurs parce que si jamais on ne le fait maintenant, en général, plus tard, la personne sera signalée à nouveau pour d’autres contenus, ça va nous reprendre de l’énergie ».<br/><br />
C’est le fonctionnement qu’on a maintenant en s’appuyant sur la charte. L’équipe de modération, du coup, a été enrichie de membres bénévoles et elle est plus variée. Pour gérer la charge un peu difficile, ce n’est pas toujours facile. On a mis en place des choses récemment parce qu’on a une personne qui fait une thèse sur le Fédiverse, cette espèce de constellation de réseaux sociaux dont Mastodon fait partie, notamment sur la modération. Du coup, pour pouvoir lui montrer le travail de modération, on a commencé à faire des visios de modération. En gros, dans ce cas-là, je donne un rendez-vous à telle, on fera les signalements sur Framapiaf, il y a d’autres personnes parfois qui se connectent et c’est beaucoup plus sympa parce que ça dédramatise en fait. On lit les choses. Des fois c’est affligeant, des fois c’est un peu rigolo, mais devant son écran ça crée beaucoup de charge, sauf que là il y a les copains à côté soit pour rigoler soit pour prendre une décision en commun pour que ce soit plus rapide. Donc ça c’est vraiment chouette.<br/><br />
Cela dit, un moment vraiment compliqué, je ne crois pas qu’on l’ait dit, là j’interviens sous pseudo, parce qu’il y a une période qui a été vraiment difficile, c’est le moment où on a sorti la charte de modération. Pour vous remettre le contexte, il y avait beaucoup de critiques sur le fait que notre instance Mastodon n’était pas assez modérée d’après des utilisateurs d’autres instances. Au moment où on sort la charte de modération pour dire voilà comment on va essayer d’agir, comment on va prendre les choses, je pense qu’il y a eu des problèmes de communication par rapport à cette charte qui ont provoqué des interprétations très diverses. On comptait mettre en avant des communautés pour les protéger, c’est-à-dire qu’on n’est pas à égalité sur les réseaux sociaux selon les catégories de population dans lesquelles on est : si on est une femme on n’est pas à égalité avec les hommes ; si on est des personnes queers ou des personnes handicapées, on n’est pas à égalité dans le sens où on va se prendre plus facilement des remarques, des explications, des choses un peu lourdes. Cette charte avait notamment pour vocation de remettre des choses à plat en disant si jamais il y a des comportements problématiques envers des groupes qui subissent des oppressions, on sera vigilant à ça et même, on facilitera la discussion ou l’explication de personnes qui ne comprennent pas cette problématique ; le but c’est d’être attentif à ce que tout le monde se sente bien, notamment les minorités oppressées. Ça a été compris complètement à l’inverse, du coup on s’est pris pendant plusieurs jours ce que, je pense, on peut appeler du harcèlement. C’était contre l’équipe de modération donc ça ne visait pas uniquement une personne, mais il y a eu un hashtag qu’on a appelé Dramasoft et beaucoup de monde a dit que ce qui se passait c’était scandaleux, qu’on allait accueillir des nazis sur l’instance et que ça ne nous poserait pas de problème si jamais il y avait des gens qui avaient des propos atroces envers des communautés. Ça a été vraiment le moment le plus compliqué. Des personnes se sont retirées de la modération à partir de là, des personnes concernées au sein de l’association qui ont pu être très attaquées par rapport à ça. Ce qui nous a fait tenir c’est quand même qu’au sein de l’association Framasoft il y a une très bonne entente et il y a du soin. Moi, en tout cas ce qui me fait tenir, je sais qu’au moins j’aurais du soutien à l’intérieur quoi qu’il arrive, que je fasse une bêtise ou que je n’ai plus d’énergie, il y a toujours ce groupe de soutien qui permet de tenir quoi qu’il arrive, même parfois de voir du positif là où il y en a moins.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Merci pour ce témoignage. Je pense, pour les personnes qui écoutent, d’avoir à l’esprit que la modération est certes quelque chose d’important, ça peut avoir un impact sur ce qu’on va considérer notre liberté d’expression, mais ce sont des humains derrière, c’est un exercice qui est compliqué à gérer. Je pense qu’il ne faut pas oublier d’avoir un peu de bienveillance aussi envers les personnes qui sont derrière et qui sont peut-être à l’écoute si jamais vous avez à leur faire part de réflexions constructives. On voue envoie, que ce soit à LinuxFr et à Framasoft, énormément de bisous et d’amour parce que vous le méritez tous les deux.<br/><br />
Je pense que vous avez déjà pas mal passé là-dessus, mais je pense que la question est intéressante, c’est vraiment clairement le cas côté LinuxFr et ça se produit aussi côté Framasoft, cette idée sur LinuxFr notamment, que vous cherchez à créer, enfin vous créez une communauté LinuxFr. Dans une communauté on devine qu’il peut y avoir des désaccords, comment on gère – je n’aime pas forcément le terme – l’altérité dans ces cas-là. Entre ce qui va être l’échange acceptable quoique tendu et puis la ligne rouge qui serait dépassée – je ne sais pas si la ligne rouge est définie, sans doute que non. Comment on décide, comment on intervient quand on est modérateur ou modératrice pour gérer la possible altérité lorsqu’elle dépasse un certain seuil ? Benoît.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On a discuté trois heures de modération hier avec l’équipe. Si faisait un sondage avec un petit questionnaire en disant « dans quel cas pensez-vous qu’il faut intervenir, dans quel autre cas faut-il intervenir ? », qu’on évoque un certain nombre de cas et qu’on demande à chacun qu’il fasse une modération, il n’y aurait pas le même résultat suivant chaque personne. En plus, je pense qu’il n’y aurait pas le même résultat si on faisait deux fois le même sondage, à six mois d’écart, pour un même personne. Les choix qu’on fait peuvent dépendre de ce qu’on a déjà vécu, d’un contexte qui peut changer, de l’évolution de la société, de plein de choses autour. Donc c’est sûr que les lignes bougent. Même pour des choses tout à fait basiques, indirectement la modération, d’une personne en tout cas, va dépendre de son humeur à elle, si elle s’est levée du bon pied ou pas, si elle a eu une journée compliquée ou pas. C’est pour ça que c’est important que les décisions de modération ne soient pas forcément extrêmement rapides ou qu’elles ne soient pas prises seul. Ça limite un peu ce genre de cas. Il n’y a pas une ligne rouge qui est claire et définie, sinon on pourrait automatiser les choses. Je ne l’ai pas dit, mais on a une partie de modération avec un système de karma qui s’auto-gère, etc., mais il ne faut pas rêver, ce n’est pas la technique qui va résoudre la problématique de la modération, sinon, d’ailleurs, il n’y aurait pas d’émission et le sujet serait classé. Au niveau mondial on aurait dit les algorithmes ont tout réglé, c’est fini. On sait que ce n’est pas le cas qu’il faudra des humains pour gérer ça, donc qu’il faudra faire des interprétations et les interprétations ce sont des interprétations, ça peut fluctuer, donc il faut essayer de veiller à ce que ça ne parte pas en vrille sachant qu’il y aura toujours des sujets qui pourront être des sujets clivants pour des bonnes et des mauvaises raisons. Il suffit qu’il y en ait qui parle d’une distribution de logiciel libre et que des gens soient fans d’une autre pour qu’ils commencent à discuter des avantages et des inconvénients des deux solutions soit parce que vraiment ils sont en désaccord, mais aussi parce que, en tout cas pour les Français, mais je pense que c’est assez vrai de manière générale, les gens aiment bien discuter, donc ils vont chercher à défendre leur point de vue juste pour qu’il y ait un débat. Donc il y a des gens qui vont discuter, mais il faut juste que ça reste un débat, c’est-à-dire que les gens s’écoutent un minimum, se parlent correctement, qu’il y ait un échange d’arguments et pas juste des commentaires des gens sur les gens en face. Ça reste fluctuant, forcément. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>En fait, ça rejoint ce que disait Anna avant, on s’inscrit dans des contextes politiques, les lignes bougent comme tu disais, je pense que c’est très bien résumé.<br/><br />
Tu mentionnais et je crois, Anna, que tu souhaitais évoquer ce point, la question de l’automatisation de la modération, l’idée de confier la modération à des algorithmes. Ce n’est pas juste un délire rhétorique, on voit que c’est malheureusement de plus en plus présent dans certains projets de loi ou de règlements européens. Je pense par exemple à la loi Avia qui prétend supprimer la haine en ligne, une loi parfaitement liberticide qui a été heureusement censurée par le Conseil constitutionnel, mais qui appelait, dans ses lignes, à automatiser un peu la modération. D’ailleurs, Anna, est-ce que ça a du sens ? Qu’est-ce que tu en penses ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Du coup merci beaucoup pour cette question. Ce que je trouve vraiment très intéressant c’est que, depuis je suis modératrice je vois l’importance, ce que je vous racontais tout à l’heure, du contexte, du fait qu’il y a besoin de faire beaucoup de recherches du contexte. On peut parfois passer une demi-heure, trois quarts d’heure à creuser, à regarder la vidéo, à voir les autres pouets de la personne pour comprendre d’où elle parle, dans quel contexte elle se situe, pour savoir si ce qu’elle vit est quelque chose de malheureux, si c’est quelque chose d’assumé ou des choses comme ça.<br/><br />
Sur les réseaux sociaux plus centralisés, il y a d’un côté le fait qu’ils ont des modérateurs ou des modératrices mais quand on voit les sujets d’investigation, je me souviens d’une émission <em>Envoyé Spécial</em> qui racontait que ces personnes avaient des temps très réduits, pas le droit de parler entre elles, qu’elles devaient suivre des règles qui étaient vraiment très précises pour pouvoir modérer beaucoup de contenus. Là, il n’y a pas ces histoires de contextualisation, donc ça me semble vraiment très difficile de faire de la modération correcte, sans parler, évidemment, du travail de ces personnes qui doit être absolument innommable, d’ailleurs les personnes racontaient elles-mêmes qu’elles finissaient par devoir démissionner, elles avaient des séquelles psychologiques parce que c’est atroce comme travail. On disait tout à l’heure que c’est le collectif qui nous soutient. Si jamais je n’ai pas le droit de parler ni à l’extérieur ni aux autres personnes de mon travail pour débriefer un peu et relativiser la pression, forcément les risques psychologiques sont assez élevés. Donc il y a ça d’un côté.<br/><br />
Puisque les grandes plateformes se disent « ça nous demande vraiment trop de main-d’œuvre de réussir à régler ces histoires de modération, donc on va essayer de mettre en place des algorithmes », ça donne des résultats qui sont assez surprenants. Je ne sais pas si certains d’entre vous ont entendu parler de l’affaire liée au hashtag « Comment faire pour que les hommes arrêtent de violer ». Pour replacer le contexte, sur Twitter une militante féministe a repris les études sociologiques qui disaient que les personnes qui violent sont extrêmement majoritairement des hommes, donc comment faire pour que les hommes arrêtent de violer. Finalement elle posait la question sociologique de comment est-ce qu’on fait en sorte d’éduquer les personnes à ne pas commettre des actes atroces. Elle n’a pas été sanctionnée, mais son compte a été modéré, elle a été suspendue pendant un temps. Quand Twitter a été interrogé sur le sujet, il a dit que c’était une erreur d’algorithme et que ce n’était pas censé se produire. Ensuite, quand elle est revenue et qu’elle a reposé la question, elle s’est fait ressortir.<br/><br />
Donc il y a, à mon avis, une espèce d’énorme problème ou plutôt d’énorme malentendu qui est qu’il y a une croyance que si jamais on avait de meilleurs algorithmes on réussirait à faire de la meilleure modération. Déjà je pense que c’est faux, ce n’est pas une question d’algorithme, c’est une question de moyens donc d’argent mis pour payer des personnes pour faire de la modération correcte, donc pas dans des pays où les gens ont du mal à avoir un travail suffisamment rémunérateur et d’en profiter pour les exploiter pour faire ce travail. Il y a aussi le fait que ces plateformes fonctionnent sur un modèle économique qui est là pour provoquer. C’est-à-dire que sur Twitter ce qui marche c’est d’avoir du contenu. Pour avoir du contenu il faut que les personnes soient engagées et qu’elles aient envie d’écrire. Qu’est-ce qui fait que les personnes sont engagées ? C’est quand je suis énervée, en colère, pas d’accord, des mécanismes comme ça. Comment je fais pour ne pas être d’accord ? Par exemple j’encourage les gens qui créent du contenu qui va provoquer de la colère d’une partie de la population ou des contenus extrémistes, plutôt d’extrême droite par exemple. Donc il y a une sorte de cercle vicieux. Je suis Twitter, mon modèle économique c’est la création du plus possible de contenus, du coup je vais favoriser les contenus qui font générer encore plus de contenus, par exemple les contenus extrémistes. Du coup des personnes ne vont pas être d’accord, elles vont se mettre en colère ou il va y avoir des choses qui vont être problématiques dans ce qui va être dit, il va falloir modérer et je n’ai pas les moyens de modérer. Ce qui fait que, à mon avis, le problème n’est pas seulement du côté de la modération ou d’avoir une meilleure modération, mais aussi d’avoir une modèle économique qui ne repose pas sur le fait que les personnes soient engagées.<br/><br />
Pour finir sur ce point-là parce que je suis un peu longue, a contrario, par exemple sur Framapiaf, si jamais les personnes publient des contenus problématiques, on leur montre la porte de sortie puisqu’on n’est pas basé sur le fait que les personnes créent plus de contenus pour pouvoir payer cette instance.<br/><br />
Donc il faut encourager les modèles économiques qui sont différents en montrant du doigt le fait que c’est le modèle économique qui provoque les problèmes de modération et pas juste le fait qu’il n’y ait pas d’assez bons outils techniques. Même si les modérateurs étaient assez bien payés je ne suis pas sûre que ça suffirait. Donc ce n’est pas dire comment fait-on pour que Twitter ait une meilleure modération ? Ma conclusion c’est que je pense que ce n’est pas possible vu le modèle qu’ils ont, qui est là pour attiser et encourager la création de contenus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est un problème systémique.<br/><br />
Tu as bien fait de prendre ce temps, parce que je pense que c’est important, c’est un point essentiel par rapport à notre sujet.<br/><br />
Le temps file. Une minute chacun pour un dernier mot, un point que vous souhaitez souligner ou quelque chose qu’on n’a pas évoqué que vous aimeriez aborder. Benoît peut-être.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On voit la complexité de la modération et le travers des législateurs en ce moment, vouloir des réactions extrêmement rapides, extrêmement automatisées. Je ne crois pas à une solution où on va remplacer les juges par des algorithmes et que ça va marcher magnifiquement. L’expérience que je peux avoir de la modération montre que ça ne marche pas. En tout cas le cas qu’on évoquait c’est qu’effectivement on va avoir un modèle différent. Si j’ai des contenus polémiques sur le site, ça ne m’attire pas plus de visiteurs ! Ça m’attire plus d’ennuis, ça m’attire plus de mises en demeure, ça fait plus de poids psychologique sur la modération, mais je n’y gagne rien. Alors qu’effectivement, les sites qui sont basés sur attiser les conflits entre les gens pour avoir plus de commentaires, ce sont effectivement des modèles qui, dans ce cas-là, sont problématiques. Effectivement, c’est plus un point important dans la discussion.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci Benoît. Anna, en une trentaine de secondes, une minute max, est-ce que tu as un point que tu voudrais souligner ? Une autre idée à soulever ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Oui, peut-être que ce serait l’éloge de la lenteur. C’est-à-dire qu’entre les plateformes de <em>microblogging</em> qui nous permettent de nous exprimer seulement en 500 caractères avec une pensée, du coup, forcément tronquée, un encouragement à réagir rapidement et un encouragement à ce que la modération réagisse rapidement, je pourrais peut-être inviter chacun à se dire si on prenait le temps de choisir à quoi on répond, si on prenait le temps de se dire est-ce que mon contenu apporte vraiment quelque chose ou pas, et est-ce que, si jamais j’ai besoin de modération, il vaut mieux que les modérateurs prennent le temps de prendre une décision ensemble plutôt que réagir dans l’urgence, sauf dans les cas où il y a vraiment quelqu’un qui est mis en danger, est-ce que ce ne serait pas plus pertinent ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci. Je pense que c’est une très bonne conclusion. Paradoxalement on doit finir cet échange faute de temps.<br/><br />
Un grand merci à tous les deux d’avoir participé à cet échange. J’espère et je pense qu’il a été très instructif.<br/><br />
Grand merci à vous et bonne continuation et bon courage pour le délicat exercice de modération.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Merci.<br />
<br />
<b>Anna : </b>Merci beaucoup. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons à présent faire une pause musicale. <br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??., disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Visiblement on a un problème de connexion téléphonique, ce qui peut arriver. Pendant qu’Adrien essaye de joindre Emmanuel pour la chronique à venir, on va inverser un petit peu l’ordre de présentation et je vais en profiter pour vous parler des annonces « Quoi de Libre ? »<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Visiblement on a un problème de connexion téléphonique, ce qui peut arriver. Pendant qu’Adrien essaye de joindre Emmanuel pour la chronique à venir, on va inverser un petit peu l’ordre de présentation et je vais en profiter pour vous parler des annonces « Quoi de Libre ? »<br />
<br />
Ce week-end, samedi 8 et dimanche 9 mai, aura lieu un April Camp entièrement en distanciel étant donné le contexte sanitaire. L’idée d’un April Camp est de se réunir pendant deux jours entre membres et soutiens de l’April pour faire avancer des projets en cours et lancer de nouveaux projets. Les projets peuvent être de nature technique, ça peut être des outils de communication, ce qu’on a envie de faire en fait. Tout le monde, membre ou pas de l’association, peut participer en fonction de son temps disponible, de ses compétences et de ses envies. N’hésitez pas à vous inscrire. Il y a un bloc-notes dédié. Vous retrouverez le lien sur le site de l’April. S’y inscrire permet notamment de faciliter l’organisation, mais il n’y a pas d’impératif à le faire. Vous retrouverez les thèmes de travail, l’ordre du jour, et puis n’hésitez pas à passer nous voir. Tous les liens intéressants sont sur le site de l’April.<br />
La régie me fait signe que c’est bon. Je vous propose donc de passer au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique ponctuelle « Itsik numérique » d'Emmanuel Revah sur le thème de PeerTube==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous retrouvons aujourd’hui Emmanuel Revah qui nous avait proposé entre 2019 et 2020 plusieurs chroniques intitulées « Itsik numérique » ou les râlages d’un vieux libriste si je cite la première chronique qu’il nous avait proposée. Emmanuel revient exceptionnellement aujourd’hui pour nous parler de PeerTube, un logiciel libre d’hébergement de vidéos décentralisé, développé par nos amis de Framasoft.<br/><br />
Salut Manu. <br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Salut. Ça va Étienne ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ça va très bien. À toi la parole.<br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Aujourd’hui je vais parler de PeerTube, que j’aime bien appeler aussi MeilleurTube, vous allez comprendre pourquoi.<br/><br />
PeerTube est une sorte de YouTube, mais, fédéré. C’est un peu comme ce qu’est Mastodon par rapport à Twitter. Je sais pas pourquoi j’essaie d’expliquer un truc en le comparant avec un autre truc. Je <em>reboot</em>.<br/><br />
PeerTube est un logiciel libre de publication vidéo sur les <em>Interwebs</em>. Ça se présente comme un site web qu’on peut installer soi-même, sur son propre serveur. Bon, OK !, ça demande quelques compétences, des ressources et du temps, mais c’est possible. Sinon, on peut aussi se créer un compte sur une instance existante.<br/><br />
PeerTube permet donc d’héberger et de diffuser des vidéos, de créer des chaînes, d’ajouter des sous-titres, etc., en gros comme YouTube. Depuis peu, on peut même faire des diffusions en direct ou <em>live</em> pour les francophones.<br />
Le petit bonus maxi ++ lol, c’est qu’on peut fédérer les instances, c’est-à-dire que mon instance peut suivre ton instance et, du coup, je peux voir tes vidéos depuis chez moi et vice et versa – j’ai presque envie de chanter ! Non !, je ne vais pas le faire – à condition que ton instance suive la mienne aussi. OK !<br/><br />
Des fois, dans le contexte d’Internet, le mot fédération peut paraître flou. Un exemple de fédération sur Internet que tout le monde connaît, les courriels ou <em>e-mail</em> pour les francophones. Eh oui, le système de mail est un système de serveurs totalement indépendants, mais qui travaillent ensemble pour livrer les courriels aux divers comptes éparpillés sur les Internets.<br/><br />
Donc PeerTube, c’est un peu comme si YouTube avait adopté un fonctionnement inspiré du courriel.<br/><br />
Au passage, on appelle l’univers de la fédération sur Internet Fédiverse.<br/><br />
En tant que libriste intégriste, qui aime regarder des images qui défilent très vite, autrement dit des vidéos, je peux enfin m’offrir une expérience à la YouTube, c’est-à-dire que je peux m’abonner à des chaînes, commenter des vidéos, avec des commentaires respectueux de préférence , et aimer des contenus ou <em>liker</em> pour les francophones, tout cela depuis un compte PeerTube ou alors depuis un compte Mastodon, c’est compatible ! Le Fédiverse est vraiment incroyable, d’ailleurs il y a des gens n’y croient toujours pas.<br/><br />
J’évite autant que possible de m’engager sur la YouTube ; je dis LA YouTube, car c’est grave. S’il faut vraiment que je regarde la vidéo du chat psychopathe, possédé par Satan, qui pousse des trucs de la table, alors j’ouvre le lien de la vidéo avec MPV ou VLC ou je vais sur un site miroir, sinon je passe par Tor Browser. Bref !, je mets un masque et j’applique du gel hydroalcoolique avant d’interagir avec l’outil de capitalisation de l’attention de Google.<br/><br />
Grâce à PeerTube, je peux enfin regarder des vidéos sur Internet sans protection car PeerTube est compatible avec mon côté islamo-libriste !<br/><br />
En tant que vidéaste du dimanche, jusqu’ici, pour publier les quelques vidéos que j’ai faites dans ma vie, je les hébergeais sur mon site perso, enrobées de balises HTML « vidéo », en gros comme on fait avec une image. Ça veut dire que si jamais une vidéo devenait un peu populaire, je pouvais me retrouver avec l’accès à mon site, ou serveur, bloqué ou très ralenti, car la vidéo c’est lourd, donc ça peut vite saturer la connexion.<br/><br />
Je n’ai pas les moyens, et encore moins l’envie de surdimensionner mon serveur au cas où une vidéo soit regardée par plus de dix personnes un même jour dans l’année, chose qui, fort heureusement, n’est jamais arrivée.<br/><br />
Entre en jeu la magie de PeerTube. Elle fait appel à la connexion des visiteurs, en pair à pair, pour partager le transfert des données. C’est-à-dire que quand quelques personnes regardent une même vidéo, elles envoient des bouts de vidéo aux autres personnes qui la regardent aussi, l’audience devient une ressource de bande passante. On peut résumer : plus une vidéo est en train d’être regardée, et plus il y a de ressources pour sa diffusion. Et quand plus personne ne regarde, les ressources sont éteintes ou font autre chose.<br/><br />
PeerTube est compatible avec mon côté islamo-écologiste ! Il y a exactement trois ans, j’ai installé une instance PeerTube pour moi et quelques potes du coin. J’ai migré quelques vidéos à la noix, c’était une preuve de concept, convaincante. Et puis, il y a un an, j’ai fait mon premier « vrai » court film. On était tous bloqué à la maison et j’avais quelques conseils à partager. Eh bien pas d’hésitation ! J’ai mis sur le Fédiverse via mon instance PeerTube, et je n’ai même pas eu peur du succès ! J’ai eu environ 360 vues en un an ! Presque une vue par jour ! C’est le début de ma reconversion !<br/><br />
Bon, j’ai aussi publié un documentaire en décembre dernier qui a connu des pics à plus de 200 vues par jour ! Et ça passe nickel, ça n’a pas cramé le forfait réseau de mon serveur, ni même le <em>datacenter</em> qui l’héberge. J’ai même vu ma vidéo apparaître sur la page « tendances », <em>trending</em> pour les francophones, de l’instance de Framasoft qui est framatube.org, juste à côté d’une vidéo du collectif l’Extracteur. C’est très encourageant. Je ne me sens pas seul sur mon île, je me sens faire partie d’un ensemble qui partage du commun. PeerTube est compatible avec mon côté islamo-communautariste.<br />
<br />
Alors, comment fait-on pour trouver des vidéos ?<br/><br />
Un bon point de départ est le site joinpeertube.org. Déjà, il y a d’autres explications, peut être plus claires que les miennes, et même une vidéo explicative. En plus, on peut découvrir quelques contenus, des chaînes et même des instances. Par exemple, il y a Skeptikon qui est une instance autour de la promotion de l’esprit critique et de la démarche scientifique. On y trouve pas mal de vidéastes qui ont commencé leurs activités sur la YouTube et se sont mis ensemble pour créer leur propre instance sur le Fédiverse. Il y plein d’autres instances spécialisées, comme celle de Debian, FDN, etc. Après, il y a une page pour nous aider à trouver une instance, avec des critères comme la possibilité de créer des comptes, les thématiques abordées, etc. Il faut garder en tête que chaque instance choisit de suivre, ou non, les autres et en suivra plus ou moins.<br />
<br />
Pour retrouver encore plus facilement les vidéos de la Fédiverse, il existe un moteur de recherche spécial PeerTube qui va chercher un peu partout, dans la limite des stocks disponibles. Pour cela direction le site sepiasearch.org. Évidement, ce logiciel de moteur de recherche est aussi un projet libre.<br/><br />
Avec tout ça, j’espère que vous comprenez pourquoi j’aime surnommer PeerTube, MeilleurTube.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>En tout cas ça me paraît très clair. Merci beaucoup Emmanuel et à une prochaine j’espère, pour une nouvelle chronique qui, ce coup-ci, n’était pas un râlage de vieux libriste mais plutôt un enthousiasme pour un beau projet.<br/><br />
Je vois le temps qui file, je te laisse. Une bonne fin de journée Manu. Salut.<br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Bon courage. Merci. À bientôt.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Je vous l’ai déjà mentionné <br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ce week-end</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_4_mai_2021&diff=92847Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 4 mai 20212021-05-06T19:24:41Z<p>Bsibaud : /* La modération, avec LinuxFr et Framasoft */</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 4 mai 2021 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenant·e·s :''' Adrien Bourmault - Isabella Vanni - Anna - Benoît Sibaud - Emmanuel Revah - Étienne Gonnu - Adrien Bourmault à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 4 mai 2021<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20210504/LAV-104-210504-CC/01-Master/rec_20210504-153000.wav Podcast Provisoire]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-4-mai-2021-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
Le difficile exercice de la modération, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme Musique électroacoustique et Art Libre et une chronique sur PeerTube. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.<br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.<br />
<br />
Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour utile ou à nous poser toute question.<br />
<br />
Nous sommes le mardi 4 mai 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être un podcast ou une rediffusion.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission Adrien. Salut Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Salut.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous vous souhaitons une excellente écoute et que la force soit avec vous.<br />
<br />
[jingle]<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « Le Libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni sur le thème « Musique électroacoustique et Art Libre », avec Adrien Bourmault==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons commencer par la chronique « Le Libre fait sa comm' » proposée par ma collègue Isabella Vanni, responsable vie associative pour l’April. Isa je te passe la parole.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci. Bonjour. Dans la chronique « Le Libre fait sa comm' » d’aujourd’hui nous allons parler de musique électroacoustique et art libre. Nous le ferons avec Adrien Bourmault, bénévole à l’April et aussi étudiant en composition instrumentale et électroacoustique. Étienne s’est rendu disponible pour remplacer Adrien à la régie le temps de cette chronique, merci à Étienne.<br/><br />
Bonjour Adrien. Je te propose de commencer par nous expliquer ce qu’est la musique électroacoustique. Personnellement, je ne connaissais pas avant de découvrir ton morceau sur SoundCloud. Je pense important de préciser déjà que dans « musique électroacoustique » l’adjectif « électroacoustique » est écrit tout attaché, car « électro-acoustique » avec un tiret au milieu indique autre chose.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. Déjà bonjour. Effectivement, la musique électroacoustique est un genre à part entière. Le mot électroacoustique, ici, n’est pas l’adjectif qui veut dire que ça utilise forcément uniquement des techniques électro-acoustiques. Électro-acoustique avec un tiret, c’est, par exemple, ce qu’on peut dire d’une guitare électro-acoustique, c’est-à-dire qu’elle utilise des transducteurs, qu’elle a besoin d’électricité pour fonctionner.<br/><br />
La musique électroacoustique certes ça met en jeu des techniques électroniques mais c’est plus que ça. C’est d’abord de la musique concrète.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Que veut dire concrète ? Pourquoi utilises-tu cet adjectif ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>La musique électroacoustique c’est un genre grand, vaste, qui est né dans les années 40. En France, l’émergence de l’électroacoustique c’est Pierre Schaeffer. C’est, en fait, une façon de concevoir la musique comme le traitement du son, le traitement de la matière sonore, sans réfléchir à ce qui a produit le son, mais en en faisant quelque chose. C’est-à-dire que je peux enregistrer, je ne sais pas, le bruit d’un train, le son d’une vague, le chant des oiseaux et en faire quelque chose d’autre parce que ce n’est pas la chose qui a produit le son qui est importante, c’est ce que j’en fais au final. C’est pour ça qu’on parle de musique concrète.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On peut dire un petit peu que les enregistrements que tu fais sont comme tes notes ou tes briques dans la composition ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, ça peut être ça. En fait tout son, toute matière sonore est une brique. On n’a plus besoin d’utiliser l’échelle tonale, on n’a plus besoin d’utiliser de gammes, en fait notre gamme c’est le son en lui-même et en général.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu dis qu’il n’y a pas besoin d’utiliser de tonalité. Est-ce qu’il y a un rôle pour la mélodie dans cette musique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Justement non. La musique électroacoustique n’a pas besoin de se focaliser sur la mélodie. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit d’en utiliser. Mais la mélodie n’est pas l’important, ce qui est important c’est ce que je vais faire de ma matière sonore. Ça peut être simplement une progression, ça peut être une sorte d’organisation de mouvements. En fait, ce qui va m’intéresser, c’est faire quelque chose d’intelligible, qui ait un sens, qui ait une structure afin de provoquer quelque chose chez l’auditeur puisque c’est de la musique. Ça ne veut pas forcément dire qu’on va faire une mélodie, ça veut juste dire qu’on va faire quelque chose de musical à partir de quelque chose de plus vaste qu’une simple mélodie.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Donc même s’il n’y a pas de mélodie ou de rythme, on peut toujours parler de musique, parce que, comme tu disais, il y a un début, un fin et une progression. Est-ce qu’on peut dire que c’est comme raconter une histoire ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ça peut ressembler à une histoire. D’ailleurs, je pense que dans mes compositions je raconte une histoire.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Tu parles d’enregistrement. Quelle est la différence entre les enregistrements que tu utilises dans ta musique électroacoustique, par exemple les <em>samples</em> qui sont utilisés dans la musique électronique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ce n’est pas le cas de tout le monde, mais la tradition, j’allais dire la tradition française dans la musique électroacoustique c’est un petit peu utiliser et enregistrer soi-même pour réaliser quelque chose et ensuite en faire une musique sur support, parce que l’électroacoustique c’est de la musique sur support.<br/><br />
Pour mon œuvre <em>Persiflès</em> je suis allé enregistrer des sons. J’ai aussi utilisé des enregistrements de personnes que je connais, de mon entourage artistique, et j’en ai fait une œuvre. Je ne suis pas allé acheter des <em>samples</em> ou je ne suis pas allé les chercher sur un site. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. C’est parfait parce que ça me permet de te poser la question que tu as déjà anticipée : comment tu te relationnes avec la musique électroacoustique ? Tu viens de le dire comment tu t’y prends, tu as l’habitude d’aller chercher par toi-même, c’est un peu la culture <em>do it yourseft</em>, fais-le par toi-même, des sons qui peuvent t’intéresser, faire des enregistrements. Comment es-tu tombé dans le chaudron de la musique électroacoustique ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>C’est un peu par hasard. À ce moment-là j’étais étudiant en formation musicale, en DEN??? de formation musicale et je devais faire un atelier pour une matière instrumentale, j’étais en option piano et il fallait que je fasse un atelier. Je suis tombé dans un atelier électroacoustique un peu par hasard. Puis, très rapidement, mon professeur qui s’appelle ??? – qui nous écoute sûrement d’ailleurs, je le salue chaleureusement – m’a fait découvrir un univers que je ne connaissais pas, qui ouvrait plus de possibilités que simplement la composition instrumentale ou la formation musicale.<br/><br />
À partir de ce moment-là je me suis dit qu’il fallait que je fasse de la composition, donc j’ai commencé par faire de la composition électroacoustique.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Donc ça a commencé par l’intérêt pour la technique puis c’est devenu une passion et tu as eu envie de composer. Je sais que tu as choisi de publier tes compositions sous licence libre. Je voulais savoir pourquoi ce choix et si c’est cohérent avec ta démarche envers la musique et envers l’informatique en général.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. C’est simplement parce que pour moi c’était évident ; ce n’est pas forcément évident pour tout le monde, je suis d’accord. Il y a de la technique derrière la musique que je compose. Évidemment c’est une œuvre, ce que je fais ce sont des œuvres musicales, mais ça ne veut pas dire qu’elles sont ma propriété unique et personnelle. Tant qu’on m’attribue mon travail ça ne me pose pas de problème, c’est pour ça que j’ai choisi d’utiliser la licence CC By SA, donc Creative Commons Attribution et Partage dans les mêmes conditions, parce que je considère que tant que mon nom est cité, si on utilise mon travail, ça me va, et tant que ça reste libre, ça me va encore mieux. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est <em>Share Alike</em>, distribué dans les mêmes conditions.<br/><br />
Tu nous as dit que malheureusement tu as dû abréger ton morceau <em>Persiflès</em> aujourd’hui. Peux-tu nous dire pourquoi ? II était vraiment très long ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. Ce qui est propre à la musique électroacoustique c’est que ça va être rarement des petits moreaux. C’est un peu comme quand vous écoutez, je ne sais pas, une grande symphonie. Quand vous écoutez une grande symphonie de Beethoven ou de Mahler vous n’allez pas leur demander de faire un truc de quatre minutes. Ils vont composer quelque chose qui a des grandes progressions, qui va avoir beaucoup de choses à dire. La musique électroacoustique, étant donné le vaste genre que c’est, a beaucoup de choses à dire, énormément de choses à dire ! On peut faire beaucoup de choses. Imaginez que la musique électroacoustique c’est un petit peu comme je prends tous les sons possibles, j’ai tous les sons possibles à ma disposition, je peux faire un peu toutes les variations que je veux. Je peux même faire des thèmes extrêmement longs et fournis. Je peux dire beaucoup de choses. Comme je suis très bavard, j’écris forcément beaucoup. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>En fait, ça reflète ta personnalité !<br/><br />
Je vous propose d’écouter la version abrégée de <em>Persiflès</em> d’Adrien Bourmault alias neox, c’est aussi son alias pour ce qui est de la musique, en espérant que ça vous donne envie d’aller écouter la version complète qui est disponible sur SoundCloud. Vous trouvez la référence, bien évidemment, sur le site de l’April sur la page consacrée à l’émission.<br/><br />
Je vous souhaite une très bonne écoute. <br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Persiflès</em> par Adrien Bourmault.<br />
<br />
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter un extrait de <em>Persiflès</em> par Adrien Bourmault., disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br/><br />
Merci à toi d’avoir partagé avec nous ta démarche, ta musique et d’avoir repris les manettes de la régie.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Merci à vous de m’avoir proposé cette invitation.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==La modération, avec LinuxFr et Framasoft==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur le délicat et difficile exercice de la modération et j’ai le plaisir de recevoir par téléphone, pour en discuter, Benoît Sibaud qui est directeur de publication du site LinuxFr.org et membre de son équipe de modération et Anna membre et modératrice de Framasoft, notamment pour leur instance Mastodon, l’instance Framapiaf.<br/><br />
N’hésitez pas à participer à notre conversation soit au 09 72 51 55 46. Vous retrouvez le numéro sur le site de la radio ou sur le salon web dédié sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».<br/><br />
Nous sommes avec Benoît et Anna. Bonjour à vous deux. Est-ce que vous êtes bien avec nous ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Oui. Bonjour<br />
<br />
<b>Anna : </b>Bonjour. Oui, c’est bon.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Je vous propose de commencer de manière somme toute très classique pour que nos auditeurs et auditrices sachent d’où vous parlez. Est-ce que vous pourriez vous présenter personnellement ainsi que la structure que vous représentez ?Benoît. <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Le site LinuxFr.org est un site web par et pour les communautés du Libre en général, qui diffuse des contenus pour relayer l’actualité des autres projets. Donc il y un site web, derrière il y a une association et je suis le directeur de publication du site, je suis plus particulièrement concerné par les questions de modération et je fais partie de l’équipe du site en général, je travaille aussi bien sur les aspects techniques que sur la production de contenus que sur la modération, divers sujets liés au site.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Du coup, peut-être pour entrer dans quelques détails qui vont être, je pense, déterminants pour bien comprendre la suite de nos échanges, est-ce que tu peux nous en dire un tout petit peu plus notamment sur le type de contenus que vous allez être amenés à modérer ? En gros c’est un site communautaire, tu me corrigeras, où des personnes – moi je le fais notamment dans le cadre de <em>Libre à vous !</em> – peuvent proposer des dépêches, les gens vont pouvoir venir les commenter. Quels sont les types de contenus que vous êtes amenés à modérer ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Le site fonctionne sur un principe de 100 % de bénévoles. Les contenus sont écrits par nos visiteurs et derrière il y a une équipe de bénévoles qui va aider à la rédaction de ces contenus, aider à comprendre comment fonctionne le site, rajouter des informations, mettre des liens, ajouter des étiquettes, etc., faire de la « mise en page », entre guillemets, et une équipe qui va gérer la modération pour gérer et la publication et après la publication. Ce sont des visiteurs qui vont venir, qui vont commenter, qui vont éventuellement enrichir les contenus de manière générale. Tous les contenus viennent des visiteurs et les contenus sont de diverses natures. Le contenu classique, d’origine du site, c’était des actualités sur le logiciel libre, donc un projet, une association vient parler de son actualité, donc va écrire son contenu et l’envoyer chez nous, sur LinuxFr.org, pour publication.<br/><br />
Il est aussi possible d’écrire un contenu à plusieurs. Par exemple, imaginons que des gens se regroupent pour décider de parler de quels sont les logiciels qui existent pour faire du graphisme en Libre. Ils vont corédiger ensemble un contenu pour évoquer les différents logiciels qui existent et ils vont le faire dans notre espace de rédaction qui permet de faire une rédaction collaborative. Ce sera, là aussi, publié sous forme de ce qu’on appelle une dépêche, une actualité.<br/> Après il y a des contenus qui sont plus personnels, qui ressemblent plus à une entrée dans un blog, qui vont être plus personnels. Pareil, les éditeurs peuvent parler de leurs projets, ils peuvent aussi évoquer des choses qui sont plus personnelles, par exemple dire « je n’aime pas ce projet-là » ou « j’aime beaucoup ce projet-là pour des raisons qui me sont personnelles ». Ils vont parler aussi de sujets aussi complètement annexes. On a souvent des sujets qui sont en dehors du Libre qui sont abordés dans certaines parties du site. Ce sont des catégories de contenus.<br/><br />
On a aussi une partie qui concerne des liens, juste pour partager un lien, on partage simplement un lien. Il y a aussi des choses pour avoir des questions ou des réponses dans les forums et faire des sondages pour poser une question si on a des réponses et sonder un peu la communauté du site.<br/><br />
Suivant les situations on a des contenus qui sont publiés sans modération, sans modération <em>a priori</em>, ou publiés avec une modération <em>a priori</em>. Dans tous les cas il y a une modération <em>a posteriori</em> aussi bien sur les contenus eux-mêmes que sur certains aspects indirects comme les images qui peuvent être embarquées dans les contenus ou les étiquettes qui peuvent être posées sur les contenus par exemple.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. On voit effectivement une grande variété de contenus différents. C’est un site qui est très riche, si vous ne connaissez pas LinuxFr.org, on y trouve beaucoup d’informations, on sent, peut-être qu’on y reviendra d’ailleurs, qu’il y a derrière une vraie communauté. On voit déjà, effectivement, la grande variété de contenus modérés. Et je pense, ça aussi on y reviendra, le fonctionnement 100 % bénévole qui n’est pas anodin, j’imagine, notamment quand on parle de modération. Merci beaucoup Benoît.<br/><br />
Anna, tu es membre de Framasoft, tu es modératrice au sein de cette association, notamment, je le disais, pour l’instance Framapiaf, l’instance Mastodon. Tu nous diras si tu modères aussi, si tu es responsable de modération sur autre chose. Je veux bien que tu te présentes, que tu nous rappelles en quelques mots ce qu’est l’association Framasoft et quel est ton rôle pour la modération au sein de cette association.<br />
<br />
<b>Anna : </b>Je suis membre bénévole de l’association Framasoft qui est, on dit, une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels. Une fois qu’on a dit ça c’est un peu vaste. Ce qu’on fait c’est notamment qu’on propose beaucoup de services libres pour montrer que c’est possible. Parmi tous ces services il y a des choses qui permettent de faire du travail collaboratif et il y a des choses qui permettaient, par exemple, de partager des images, là on peut parler de modération. Et récemment aussi on a commencé à développer des outils, notamment un outil qui s’appelle PeerTube qui permet d’héberger des vidéos ; et si on ne propose pas forcément d’instance ouverte au public, donc cette question de la modération se pose moins, on propose un index qui répertorie tous les sites qui proposent des vidéos grâce à PeerTube, là il y a un peu une sorte de modération. Et enfin, on propose deux services qui sont des réseaux sociaux, Mastodon et Diaspora, mais je crois qu’on a fermé récemment Diaspora puisqu’on est en train de fermer des services.<br/><br />
Je suis dans le comité de modération, donc je vois beaucoup de choses passer. Je suis principalement sur Framapiaf, notre instance Mastodon.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>OK. Ça n’a rien à voir avec le sujet, mais tu as mentionné quelque chose qui me paraît quand même très important et qui peut effrayer peut-être des personnes qui écoutent. Effectivement, Framasoft a une démarche de fermeture de services mais qui est une démarche très positive. On mettra le lien en référence pour aller voir là où Framasoft décrit très clairement toute sa démarche et que je vous invite franchement à aller lire. C’est très intéressant aussi sur comment on pense un réseau fédéré, décentralisé. Désolé pour cette parenthèse et merci pour cette présentation.<br/><br />
Pour Framasoft, on voit bien que la modération ne concerne pas que le réseau social Framapiaf en ce qui concerne Mastodon. On imagine bien que les enjeux de modération sont assez spécifiques par rapport à Framapiaf. Est-ce que tu saurais, du coup, nous parler un petit peu de ce qu’est une instance Mastodon ? Qu’est-ce que Framapiaf, notamment dans cette logique de décentralisation qui doit avoir, on imagine, des effets sur la question de la modération ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Oui, avec plaisir. Justement dans la lignée de fermeture de services, en fait Framasoft a commencé à avoir beaucoup de visibilité, il y a plein de gens qui venaient chez nous et qui trouvaient ça super. On est un peu embêtés, on ne veut pas grossir pour qu’il n’y ait pas trop de gens qui viennent chez nous, donc on a commencé à essayer de mettre en place un réseau d’autres acteurs qui s’appelle les CHATONS qui sont des hébergeurs, qui sont des copains, en gros. L’idée c’est que les personnes peuvent venir soit chez nous soit chez d’autres personnes.<br/><br />
Dans cette idée un peu d’avoir un réseau d’acteurs qui ont les mêmes valeurs et la même éthique, donc de décentraliser pour que tout le monde ne soit pas chez la même personne, on peut retrouver le fonctionnement du réseau social Mastodon.<br/><br />
Mastodon est un réseau de sites, qui sont des petits réseaux sociaux, qui sont connectés les uns aux autres, ce qui fait que moi je peux habiter chez Framapiaf, mais vous, vous pouvez habiter dans une autre instance, par exemple il y a des instances bretonnes, il y a des instances Queers, il y a des instances dédiées aux jeux de société. Vous pouvez vous inscrire sur cette autre instance, sur cet autre site, et on peut quand même interagir ensemble, ce qui est assez peu courant dans le fonctionnement des réseaux sociaux, en tout cas les réseaux sociaux centralisés, ceux qu’on connaît, les plus gros. Ce qui pose plein de problématiques avec tous ces sites parce que, par exemple, quelque chose qui est autorisé chez vous ne le sera pas forcément chez moi et inversement. Ça peut être quelque chose par rapport à la légalité. Il y a des instances japonaises qui autorisent des types de contenus qu’on ne peut pas autoriser avec la législation française, je pourrais y venir, mais juste aussi parce que vous mettez les règles que vous voulez chez vous, parce que vous êtes chez vous. Si jamais vous ne voulez pas d’un certain type de contenus parce que ça vous semble inadapté – qu’est-ce que je pourrais présenter comme exemple ? On a la possibilité de flouter certains types d’images par exemple. Donc on peut dire « sur mon instance, chez moi, je voudrais que tous les types d’images soient floutés ». Ça peut être, que sais-je, les photos de nourriture ou les photos de choses qui peuvent faire un peu peur comme les photos d’araignées, en disant, comme ça, les personnes qui sont sur mon instance savent qu’elles ne sont pas confrontées à des photos d’araignées. Moi je peux dire « tu peux appliquer ces règles-là chez toi si tu veux mais moi j’autorise les photos d’araignées ». Du coup, ça va poser beaucoup de questions : comment, alors que chez toi c’est autorisé et chez moi ce n’est pas autorisé, on réussit à faire quand même des liens ou à décider, qu’en fait, il faut qu’on coupe nos liens parce que, de toute façon, ça me dérange que chez toi ces photos soient vues et pas chez moi. Je parle des photos d’araignées, vous aurez bien compris qu’il y a plus de subtilité. On pourra y revenir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui. On voit effectivement l’enjeu et c’est intéressant. Sur un réseau fédéré cet objet est vraiment une question de politique et d’échanges et une question très riche du coup. J’en profite également, dans une logique de « déframasoftisation », puisque tu as évoqué un peu cette idée-là, que si vous souhaitez créer un compte sur Mastodon, vous pouvez aller sur Framapiaf chez Framasoft. Vous pouvez venir à l’April, on a également une instance sur le Chapril, chapril.org. Vous avez comme ça tout un ensemble d’instances où vous pouvez vous inscrire en respectant, à chaque fois effectivement, la charte de modération. Je pense que celles de l’April et de Framasoft sont différentes, mais sans doute assez proches dans l’éthique.<br/><br />
Je voulais vous proposer un exercice qui n’est pas forcément évident, si vous deviez présenter, en quelques mots, ce qu’est la modération, quels en sont les enjeux. En gros vous rencontrez quelqu’un, comme ça, qui vous pose la question : c’est quoi la modération ? En quelques mots, comment lui feriez-vous sentir, justement, que c’est un sujet qui est important, qui est politique, où il y a vraiment des enjeux derrière et que ce n’est pas juste une question technique ? Comment lui présenteriez-vous la chose ? Benoît.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Sur un site, il y a ce que tu voudrais avoir et ce que tu ne veux vraiment pas avoir.<br/><br />
Ce que tu voudrais avoir c’est, par exemple, j’aimerais bien avoir des contenus plus étoffés, plus jolis, plus complets, etc. Ça, ça reste entièrement à ta main. Tu peux contribuer, aider, etc., tu peux contribuer à ça.<br/><br />
Par contre il y a ce que tu ne veux vraiment pas avoir et ce que tu ne veux vraiment pas avoir ça va être ce pourquoi tu as besoin de modération. Dans l’idéal, j’aimerais bien ne pas avoir de modération à faire, ne pas avoir d’équipe de modération ce serait idéal. En fait, on a besoin de modération pour plusieurs cas très différents. Il y en a un qui est facile à comprendre, on n’a pas envie d’avoir des pubs partout, d’avoir du spam, d’avoir des gens qui viennent placer des liens qui n’ont aucun rapport avec le site, qui viennent communiquer des choses qui ne sont même pas dans la langue des utilisateurs du site. Ça c’est vraiment de la pure pollution qu’on cherche à enlever. On aimerait bien ne pas en avoir, mais il y en a donc il faut des gens pour l’enlever.<br/><br />
Après il y a une autre chose qu’on ne veut pas : on va vouloir rester dans le cadre de la loi. Pour LinuxFr.org on est contraints, on est encadrés par les lois française et européenne. Ce qui est illégal suivant la loi, eh bien ce n’est pas censé rester sur le site, donc la modération va aussi intervenir, par exemple, pour enlever ce qui est manifestement illégal.<br/><br />
Après, il y a des choses qui relèvent de ce qu’on ne veut pas, mais qui sont un choix du site, de l’équipe comme on l’évoquait précédemment pour Mastodon. Ce sont les règles d’une instance de dire « il y a certaines choses qu’on ne veut pas chez nous parce que ça nuit à l’ambiance du site ». Par exemple on va dire qu’on aimerait bien que les gens échangent poliment entre eux, qu’ils respectent les règles de politesse, qu’ils ne s’injurient pas tout le temps, parce que même si ça peut rester dans le cadre légal, c’est quand même problématique si tous les gens s’injurient en permanence. On voudrait éviter que des gens flirtent trop avec les limites de la légalité. Par exemple, les gens qui restent flous, qui ne vont pas dire qu’ils n’aiment pas telle catégorie de la population, mais ils vont le sous-entendre. Ce n’est probablement pas illégal, mais en fait, peut-être que la politique du site va dire « non, nous n’avons pas envie d’avoir des gens qui font volontairement des sous-entendus ou qui vont jouer avec les limites de la légalité ». Il y a ces types de cas-là qui relèvent plus d’un choix de l’instance, au final, de quelle ambiance, quels types de comportements j’accepte ou pas sur le site que je gère.<br/><br />
Après il y a un autre cas qui est un peu différent, ce sont les cas un petit peu déconcertants. Des gens dont on ne comprend pas trop ce qu’ils sont en train de dire, on ne comprend pas pourquoi, quelqu’un qui est un peu atypique. C’est comme quand vous croisez une personne dans la rue qui est hallucinée, elle vous dit quelque chose, vous ne comprenez pas du tout et il va bien falloir en faire quelque chose, donc la modération peut dire : est-ce que j’interviens dans ce cas-là ? Est-ce que je n’interviens pas ? Est-ce que je dois protéger cette personne parce que peut-être qu’elle va se faire, entre guillemets, « lyncher » par les autres, qui vont se moquer d’elle, etc. La modération peut aussi se poser des questions : est-ce que ce que je protège « les faibles », entre guillemets, est-ce que je dois protéger les gens les plus vulnérables ? Il peut y avoir ce genre de cas dans la modération. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Merci. C’est très clair. Anna, comment envisages-tu cette question ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Benoît l’a très bien expliqué. Peut-être que quand je raconterai, je dirais que je suis modératrice sur un réseau social, ça veut dire qu’il y a des fois des gens qui voient du contenu qu’ils estiment problématique, qui me le signalent et moi, avec le reste de l’équipe de modération, je décide de ce qu’il faut faire de ce contenu : est-ce qu’on le garde, est-ce qu’on ne le garde pas et si on ne les garde pas, est-ce qu’on explique à la personne, ou pas, pourquoi on ne le garde pas ? Tout ça, du coup, ça nécessite de se mettre d’accord en amont sur des règles et de pouvoir rediscuter ces règles tout le temps, parce que, évidemment, on pose des bases. Ensuite, à chaque contenu un peu créatif on va dire, on peut être perplexe et se demander si c’est c’est quelque chose qu’on garde, qu’on ne garde pas, si on rentre en communication avec la personne en lui disant « on garde ce contenu mais merci de ne pas réitérer » ou des choses comme ça. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Dans ce que j’entends de vous deux, c’est qu’on voit aussi la part d’échange avec les personnes qui postent, qui vivent un petit peu, que ce soit sur LinuxFr ou sur les services Framasoft, et l’importance que ça peut avoir.<br/><br />
Ce que je remarque aussi c’est que la modération ce n’est pas juste appliquer la loi et agir, en fait, par rapport à ce que vous impose la loi sur des contenus qui seraient illicites et ainsi de suite.<br/><br />
Peut-être, sans forcément y passer beaucoup de temps, mais je pense que c’est un peu central à la question, penser au régime des responsabilités. Vous êtes des intermédiaires techniques, je pense que vous rentreriez dans cette catégorie, tant LinuxFr que Framasoft à travers les services. On va peut-être rappeler très rapidement qu’en gros, en termes d’intermédiaires techniques, le régime de responsabilité va distinguer les hébergeurs qui ont un régime de responsabilité allégée parce qu’ils n’ont pas à connaître ce que postent, publient leurs utilisateurs et utilisatrices et les éditeurs qui eux ont une responsabilité directe sur le contenu puisqu’ils savent, de fait, ce qu’ils publient.<br/><br />
En gros, la responsabilité de l’hébergeur pourrait être engagée s’il n’a pas « promptement retiré un contenu manifestement illicite », comme l’a mentionné Benoît, qui lui aurait été signalé ; l’éditeur, lui, sera directement responsable.<br/><br />
On imagine que pour Framasoft qu’il n’y a pas trop de questions, vous êtes des hébergeurs, vous devez agir uniquement en cas de signalement d’un contenu illicite. J’ai l’impression, tu me corrigeras Benoît, que pour LinuxFr il y a peut-être un peu des deux, c’est peut-être moins clair. <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Je pense qu’il y a un peu des deux. Le statut d’hébergeur c’est « je fournis des moyens à d’autres gens de s’exprimer, mais je n’ai pas besoin de savoir ce qu’ils font ». En fait, on ne présuppose pas que je sais ce qu’ils font. Ça pourrait être le cas pour les contenus qui sont non modérés <em>a priori</em> chez nous. Rien ne dit qu’on est courant de ce qui est publié chez nous dans ce cas-là.<br/><br />
À contrario, quand on voit passer, quand il y a un contenu qui est modéré <em>a priori</em> et qu’en plus il est édité par l’équipe de modération, l’équipe de modération est au courant de ce qu’il y avait dans le contenu, donc, en fait, on s’engage en le publiant. Là on a plus un statut d’éditeur dans ce cadre-là, donc on a plus de responsabilités d’un point de vue juridique à ce titre. On arrive à faire « les deux », entre guillemets, puisqu’on peut avoir un contenu qui est publié sous forme d’entrée de blog, de journal, par un utilisateur, donc là on serait plutôt simplement hébergeur. Mais, en fait, on peut prendre ce contenu, on le convertit en dépêche, on va potentiellement l’enrichir, ensuite on le publie. Du coup là on est devenu éditeur.<br/><br />
Le fait aussi de permettre des commentaires sur tous les contenus, ça peut indirectement créer aussi une responsabilité. Je pense que dans le principe de la loi de l’hébergeur, l’hébergeur n’est pas responsable du fait que des gens aient commenté sur chaque site de chaque personne. Sauf que là, nous, tous les contenus sont commentables par tous nos utilisateurs, du coup il y a de toute façon une responsabilité qui vient que tous les contenus sont commentables, tous les contenus sont étiquetables, et qu’il y a aussi une responsabilité qui intervient sur le fait de pouvoir étiqueter ou de pouvoir commenter un compte.<br/><br />
Je pense qu’effectivement, suivant les cas, la responsabilité est différente pour le cas de LinuxFr.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Du coup les choix de manière de modérer, si j’entends bien, sont plutôt <em>a posteriori</em>, renforcent peut-être votre responsabilité, mais participent aussi au fonctionnement et à la communauté que vous créez dans LinuxFr.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est l’inverse si je comprends bien. Si tu modères <em>a posteriori</em>, en fait ça ne veut pas dire que tu réduis ta responsabilité parce que tu attends qu’on te signale le problème pour intervenir ou tu t’en saisis toi-même. Disons que si tu ne le fais pas, on ne peut pas te le reprocher parce qu’il n’y a que quand on t'a notifié que tu es censé être au courant qu’il y a un problème.<br/><br />
Si je laisse passer un commentaire problématique, je peux dire que je n’étais pas au courant, que ça soit vrai ou pas. En tout cas, légalement parlant, on ne peut pas savoir si j’étais au courant ou pas. Alors que quand l’équipe de modération a mis son tampon, qu’il y a quatre modérateurs qui ont dit « oui, je suis pour la publication », c’est facile de prouver que l’équipe était au courant. Là ta responsabilité est plus engagée en fait.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait. Je me suis mal exprimé en fait. C’est très clair comme réponse.<br/><br />
Du coup, comment organisez-vous matériellement la modération ? Et aussi comment établissez-vous les règles sur lesquelles vous basez votre modération ? Il me semble que dans les deux cas elles sont publiques. En tout cas sur LinuxFr j’en suis persuadé. Comment vous les décidez ? Est-ce que vous faites vivre ces règles ? Notamment sont-elles publiques ? Benoît si tu veux rester dans ta lancée.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est important que les règles soient publiques. Ça reste des choses qui évoluent. Ça n’évolue pas forcément aussi vite qu’on le voudrait ou qu’on arrive à le formaliser. Ce n’est pas non plus entièrement formalisable parce qu’il y a quand même des choses qui relèvent de l’humain et de l’interprétation. Pour donner un exemple, quand quelqu’un poste un commentaire, le commentaire peut très bien être à double sens, volontairement ou pas de la part de celui qui l’écrit. Par exemple, on pourra avoir une lecture qui est très agressive du commentaire et une autre qui est une lecture humoristique du commentaire. La modération ne peut pas forcément savoir quel était le sens voulu, si c’était voulu ou pas par l’auteur, quelle est l’interprétation et qu’est-ce qu’elle doit en faire. On peut réagir quand même, mais ça va changer l’interprétation qui est faite et comment elle va réagir.<br/><br />
On n’est pas des « machines », entre guillemets, ce n’est pas un algorithme ; dans la modération il y a une partie humaine d’évaluation. Du coup, ça va dépendre aussi, je ne sais pas, du passif de la personne. Est-ce que c’est toujours le même pénible qui publie des contenus problématiques ou est-ce que c’est quelqu’un contribue beaucoup d’habitude et peut-être que là il s’est mal exprimé ? Ou est-ce que c’est quelqu’un qui actuellement, parce que c’est la période de pandémie, a personnellement plus de problèmes et qu’il était plus énervé à ce moment-là ? Bref ! Il y a tout un côté humain qui intervient et il est vrai que les règles peuvent cadrer les choses, mais elles ne vont jamais définir avec exactitude et précision là où on met des virgules, quels sont les caractères autorisés, etc. ; ça reste de l’interprétation de l’équipe de modération. Pour encadrer ça, on a des règles et on échange entre nous, soit via des listes de discussion, soit via le site.<br/><br />
Il y a les cas triviaux, ce que je disais tout à l’heure : éliminer la pollution c’est trivial. Si je vois un texte qui est écrit en coréen sur le site, je sais que c’est de la pollution, je vais l’enlever immédiatement, je n’ai pas besoin de l’avis des autres. Quand il faut commencer à manier les ciseaux et à dire on va toucher à ce contenu, l’enlever ou dé-publier des choses, etc., c’est plus délicat et on essaye d’avoir l’avis de plusieurs personnes et de prendre un peu de temps parce qu’il n’y a pas forcément besoin d’avoir des réactions extrêmement rapides. Ça dépend des situations. Si on veut éviter c’est que ça dégénère d’un point de vue strictement de l’ambiance du site ça peut être important de réagir vite. Si on veut modifier des choses, éditer un contenu, découper une phrase par exemple, c’est beaucoup plus délicat et c’est mieux que l’équipe en discute, qu’on se mette d’accord sur pourquoi on le fait, quelles sont les raisons et que tout le monde soit d’accord, en tout cas qu’on arrive à un consensus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. OK. Anna comment c’est organisé côté Framasoft ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Côté Framasoft on a ce qu’on appelle un comité de modération, c’est-à-dire qu’il y a des membres qui ont dit qu’ils avaient envie de participer à la modération des contenus. Après, on a tous un peu nos spécialités. On a un canal Framateam, qui s’appelle modération, sur lequel quand il y a des choses, on partage des liens en disant « voilà, il se passe telle chose, il y a tel type de contenu, est-ce que vous pouvez me donner votre avis ? »<br/><br />
Par exemple, sur Framapiaf, les personnes peuvent nous faire des signalements. Ça veut dire que quand un signalement est fait on reçoit un mail sur le mail de la modération et ensuite, effectivement exactement comme dit Benoît, soit c’est trivial, c’est du spam, c’est un compte publicitaire ou, par exemple, quelque chose qu’on n’accepte pas sur Framapiaf c’est la pornographie qui ne soit pas floutée. Du coup, on va pouvoir très rapidement gérer les choses comme ça. Ensuite, il y a tous les cas qui prennent immensément plus de temps, ce sont ceux où on n’est pas sûrs, il y a sujet à interprétation, et même s’il n’y a pas sujet à interprétation, il faut comprendre le contexte. Ce sont des pouets qui nous sont signalés, ça veut dire que ce sont des contenus qui sont assez courts, on appelle ça du <em>microblogging</em>, c’est limité à 500 caractères, parfois c’est une vidéo, parfois c’est une image. En général, ce pouet n’est jamais suffisant en lui-même. Il va toujours falloir aller chercher le contexte autour parce que, exactement comme a dit Benoît, un commentaire ou un pouet ça peut être pris à double sens. Peut-être que la personne fait une sorte de renversement de situation ou peut-être qu’elle est vraiment agressive, il y a plein de choses comme ça, donc on est, à chaque fois, obligés d’aller parcourir tout le contexte. Une fois qu’on a parcouru tout le contexte, on peut proposer un type d’action. Si jamais on n’est pas tout à fait sûr de nous, on en parle avec les copains, en décrivant sur le canal de modération en écrivant « voilà, il y a telle situation, voilà ce que j’ai compris du contexte, voilà l’action que je propose. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu’on fait ça, est-ce qu’on ne fait pas ça ? » Ensuite il y a un peu un temps, puisqu’on est beaucoup de bénévoles, parce que les pauvres salariés de Framasoft ont déjà suffisamment de travail même s’ils aident quand même pour la modération, du coup il y a un temps, comme ça, où plusieurs personnes donnent leur avis. Si jamais on arrive à un consensus, assez rapidement on met l’action en place. Si jamais c’est un peu plus long, en général on élabore une réponse à plusieurs, des choses comme ça, pour aller contacter l’utilisateur, même si ça reste assez rare. C’est-à-dire que ça demande tellement d’énergie d’aller expliquer quelque chose à quelqu’un que c’est quelque chose qu’on essaye un peu de repousser. Vous voyez que tout ce contexte-là c’est pour commencer à écrire la réponse, si la personne nous répond, elle comprend mal ce qu’on a voulu lui dire, on va devoir lui répondre à nouveau et là ça prend beaucoup plus de temps et d’énergie. Comme on est bénévoles et que notre énergie est limitée, on essaye de pondérer les choses en essayant de privilégier les actions qui sont rapides. Parfois les actions qui sont rapides, ce sont des actions qui ont beaucoup de conséquences, la suppression d’un compte donc quand on estime que ce n’est pas légitime et qu’il vaut mieux rentrer en communication avec la personne on est toujours avec notre énergie limitée dans la balance.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, prendre soin de soi, prendre soin des autres, particulièrement en cette période, c’est très important.<br/><br />
On prendra le temps de discuter après la pause de cet aspect, du poids qu’on imagine potentiellement lourd pour les humains qui sont derrière, parce que ce sont des humains qui modèrent.<br/><br />
Avant, j’aimerais peut-être juste pour qu’on ait une idée en termes d’ordre de grandeur, qu’on puisse se rendre compte. Si je comprends bien on pourrait avoir, d’un côté, ce qui va relever de l’évident, le facile à modérer, vous parlez de manifestement illégal, le spam, etc. Et puis tout ce qui l’est moins et qui nécessite davantage de jugement, notamment de jugement collectif qu’on peut peut-être traduire par la zone grise. En termes de volume relatif et global des deux si on distingue la part évidente et la part plus délicate, ça représente quoi côté Framasoft par exemple ?, si c’est quantifiable d’ailleurs.<br />
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<b>Anna : </b>C’est vraiment difficile à quantifier parce que c’est vraiment aléatoire dans le temps. C’est-à-dire qu’il y a une semaine où on peut passer deux/trois heures parce que tout s’est envenimé et, du coup, il y a eu beaucoup de contenus. Et puis là, par exemple, ça fait plusieurs semaines qu’il n’y a pas eu de nouveaux signalements. C’est assez aléatoire, ce qui ne permet pas, du coup, de forcément d’anticiper facilement. Ce que tu as dit tout à l’heure était un peu faux, on a fermé les inscriptions à Framapiaf assez récemment, donc allez plutôt sur l’instance de l’April pour vous inscrire. Du coup, comme on n’a pas de nouveaux entrants et qu’on a montré la porte de sortie à ceux qui étaient pénibles, peut-être que ça permet de minimiser le taux de modération, en tout cas des gens qui sont chez nous, parce que même si on modère toujours les contenus qui sont ailleurs, ça demande moins d’énergie que de gérer les personnes qui sont inscrites chez nous.<br/><br />
Donc des fois c’est deux/trois heures dans une semaine, des fois pendant plusieurs semaines il n’y a pas trop de travail et puis ça revient. C’est un peu dans ces ordres de grandeur-là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Entendu. Venez donc sur le Chapril ou sur d’autres instances. C’est vrai qu’on n’a pas ce problème parce qu’on a beaucoup moins de personnes connectées sur le Chapril. C’est aussi ça l’intérêt d’un réseau fédéré c’est de se partager la charge. On voit que c’est très important. Si vous tenez à Framasoft, venez aussi chez les instances amies.<br/><br />
Coté LinuxFr, est-ce que tu saurais un peu nous donner un ordre de grandeur, Benoît ?<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>Dans les nouveaux comptes créés, on en ferme plus d’un tiers, presque entre un tiers et deux tiers des comptes sont fermés à la création parce que ce sont des comptes pour du spam uniquement. Donc une grosse partie du travail c’est virer le spam, la pollution et tous les gens qui viennent faire du placement de liens. C’est aussi parce que ce sont les plus sournois. Il y a des gens qui vont placer un lien caché dans un point ou une virgule par exemple, qui vont dupliquer des commentaires pour utiliser le texte de quelqu’un d’autre pour placer un lien publicitaire. C’est une lutte permanente pour s'outiller, pour détecter, pour lutter contre ça, c’est la plus grosse partie du « travail », entre guillemets.<br/><br />
À côté de ça, ce qui est manifestement illégal ça ne représente quasiment rien, c’est très rare. Après il y a des cas un peu sporadiques, des discussions qui partent qui vont être très limite, ça va être très localisé à un endroit donné, c’est-à-dire que tout va être regroupé au même endroit et ça va être ponctuel, mais il n’empêche qu’il va falloir intervenir dans cette zone-là, détecter et aller intervenir. Là ça rejoint un peu le point qu’on évoquait tout à l’heure sur l’énergie : « c’est reparti, il va encore falloir endosser sa casquette de modérateur et se lancer dans la bataille pour aller rappeler des règles à des gens, que là c'est en train de partir en vrille, intervenir dedans et prendre des décisions », et c'est ce poids là qui va arriver. Ce n’est pas la plus grosse partie, mais c’est la plus lourde à gérer pour les humains de la modération. Virer du spam c’est facile, ça ne coûte pas grand-chose. C’est pénible, il y en aura tous les matins quand je vais me connecter, mais ce n’est pas le même poids psychologique pour l’équipe de modération.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on imagine bien. On va y revenir justement. Je vous propose avant ça de se reposer un peu, de souffler. Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter une interprétation de <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi par Daniel Bautista. On se retrouve dans trois minutes. Une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
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<b>Pause musicale : </b>Interprétation de <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi par Daniel Bautista.<br />
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<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>L’été</em> des <em>Quatre saisons</em> de Vivaldi. Une interprétation de Daniel Bautista, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
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[Virgule musicale]<br />
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==Deuxième partie==<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre notre discussion.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu de l’April.<br/><br />
Nous échangions avec Benoît Sibaud, directeur de publication du site LinuxFr.org et membre de son équipe de modération et Anna, membre et modératrice au sein de Framasoft, sur le difficile exercice de la modération. Nous parlions justement, avant la pause, de l’impact psychologique qu’on imagine potentiellement important sur les personnes qui gèrent cette modération.<br/><br />
Benoît tu en parlais et justement Fred qui échange avec nous sur le salon #libreavous sur le « chat » de la radio Cause Commune se posait la question au sujet de la composition de l’équipe, que ce soit côté LinuxFr ou Framasoft, est-ce qu’elle est stable, est-ce qu’elle bouge beaucoup ? Et comment gérez-vous la fatigue qu’on imagine possible, la gestion des contenus durs, l’aspect psychologique ? Benoît Sibaud pour LinuxFr.<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>L’équipe ne bouge pas terrible dans le sens où il y a toujours la problématique classique des bénévoles, réussir à renouveler ses bénévoles. Petit à petit on voit que les bénévoles deviennent inactifs donc réussir à les renouveler ; c’est toujours un problème en soi dans l’absolu Après on peut perdre modérateur parce que, effectivement, il y a plus de « pression psychologique », entre guillemets, pour eux.<br/><br />
On peut aussi dire que notre équipe manque de diversité, ce qui est vrai de ce point de vue-là, clairement. Ce n’est jamais facile de renouveler, surtout, pour des raisons de diversité par exemple, comment on renouvelle une équipe, comment on s’assure d’avoir une équipe qui va représenter correctement soit le lectorat licite soit le lectorat qu’on voudrait avoir sur le site, ce n’est pas forcément la même chose, plus le fait, effectivement, qu’il faut gérer les doutes et la lassitude de l’équipe. Dans une équipe de modération il faut prendre des décisions, qu’elles que soient les décisions qui sont prises, il y a des gens qui trouveront qu’on va trop loin, pas assez loin, qui ne sont pas d’accord, qu’on devrait faire autrement. Que ces gens aient une expérience ou pas de la modération, qu’ils soient capables de se mettre à la place d’une équipe de modération ou pas, dans tous les cas c’est toujours l’équipe de modération qui va devoir prendre les décisions et les assumer derrière, être ceux qui assument le fait que la décision a été prise et devoir gérer ça, devoir gérer le fait que, peut-être, on met trop de règles ou qu’on ne met pas assez de règles. Il y a pas mal de doutes dans une équipe de modération normalement, potentiellement un sentiment d’isolement. Là on peut dire que la période de pandémie actuelle n’aide pas trop, il n’y a pas beaucoup d’évènements, on croise moins les gens donc ça n’aide pas trop aussi pour échanger sur ce type de situation. De temps en temps il y a quelques sujets lourds, qui sont plus lourds à gérer pour le moral. Au fur et à mesure des années, ça fait un moment que je fais partie de l’équipe du site, ça a beau être ponctuel, on peut avoir des sujets qui sont très lourds, ça arrive aussi.<br/><br />
Dans les cas classiques il y a gestion par exemple des décès. L’équipe de modération va intervenir parce qu’il faut fermer des comptes, il faut gérer des choses. Il faut s’assurer que quand on fait une nécrologie d’une personne il n’y ait pas des gens qui viennent faites des commentaires pourris à la suite d’une nécrologie, ce n’est jamais très agréable.<br/><br />
Il y a des cas qui sont beaucoup plus problématiques. On a eu un cas de <em>revenge porn</em>, on a eu des accusations de pédophilie, ça c’est compliqué à gérer. De nos jours, la diffamation ce n’est jamais sympathique ; intervenir entre des gens qu’on connaît, qui sont en train de se disputer, c’est pénible aussi. Gérer des mises en demeure ou même gérer des cas de folie. On a eu des éditeurs sur le site, ce n’est pas à moi de faire le diagnostic, mais quand quelqu’un me dit qu’il est capable de faire un business modèle en milliards de milliards de dollars je me dis qu’il est en train d’halluciner. On a eu aussi une personne qui était l’ambassadeur pour des extraterrestres.<br/> <br />
Ce genre de cas peut arriver. Des fois c’est marrant, des fois c’est juste pénible et lourd à gérer pour les gens, ça fatigue les gens psychologiquement.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on imagine. Je vais en profiter pour signaler, je pense à un billet que vous aviez publié sur LinuxFr, que je trouve très intéressant, vous dites quelques mots sur le difficile exercice qu’est la modération, parce que vous avez dû bannir, pour la première fois de votre histoire, un utilisateur. On mettra le lien de ce billet collectif que je vous invite vraiment à lire, ça se lit très vite. Tu voudrais en dire deux ? Je pense que tu viens dire à peu près tout ce qui est contenu, mais si tu veux en dire deux mots, je t’en prie.<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>C’était le cas d’une personne qui revient et s’acharne à participer sur le site. On a quand même viré une quarantaine de comptes différents au fur et à mesure du temps. Elle a beau sentir qu’elle n’est pas la bienvenue sur le site, avoir l’équipe de modération qui intervient, qui retire des contenus et tout ça, elle se maintient sur le site en recréant des comptes, en revenant en permanence. Il y a une forme d’acharnement que l’équipe finit par vivre comme un harcèlement, sans parler du fait que les contenus et les commentaires qui étaient postés par cette personne étaient problématiques en eux-mêmes. C’étaient des contenus qui étaient soit d’un côté ou de l’autre de la frontière sur l’antisémitisme, le révisionnisme, ???, des choses assez lourdes à gérer. Des fois on en a nettoyé, des fois on agissait en hésitant. C’était pénible à gérer et ça nous apportait strictement rien à part le poids d’avoir ça à gérer. Donc à un moment on a dit stop. Il y a un moment où ce n’est pas non plus à nous de mettre en place des choses pour empêcher une personne de revenir à l’infini parce qu’on ne sait pas. Quand quelqu’un se connecte sur le site, je n’ai pas sa carte d’identité sous les yeux, donc je ne sais pas si c’est toujours la même personne ou pas, je n’ai pas les moyens techniques de le faire. À un moment on a dit on considère que c’est du harcèlement, on dit à la personne de ne pas revenir, on lui a dit plein de fois, si elle continue on confira ça aux autorités. Il y a un moment où ça dépasse les capacités de l’équipe et ce que peut gérer seulement une l’équipe de modération. Auquel cas on s’adresse aux autorités et on dira « là on a un cas de harcèlement à vous de jouer maintenant ». <br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Et puis une équipe de bénévoles ! Il me semble important de le redire. D’ailleurs je pense que ça en dit beaucoup sur la qualité de votre travail que ce ne soit que la première fois, depuis les années de service de LinuxFr, que vous en soyez venus à bannir un utilisateur. Ça en dit vraiment long sur la qualité de votre travail.<br/><br />
Anna, côté Framasoft comment vous gérez ? J’imagine que vous prenez aussi une certaine charge psychologique, une certaine charge mentale. Comment gérez-vous ça ? Est-ce que ça bouge beaucoup aussi au sein de votre équipe de modération ?<br />
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<b>Anna : </b>Je pense qu’on peut distinguer deux temps par rapport à la modération dans Framasoft. Il y a eu un temps où c’était beaucoup porté par les salariés comme une tâche parmi d’autres. On a eu beaucoup de retours, sur Mastodon notamment, de personnes qui estimaient que la modération n’était pas suffisante. Ça a pris pas mal d’ampleur, ça a commencé à être vraiment très lourd pour les salariés, parce que, quand on est modérateur ce n’est pas un travail qui est très gratifiant vu de l’extérieur et on est toujours critiqué. Donc la charge était assez lourde pour les membres salariés qui ne faisaient pas que ça d’ailleurs. À un moment il y a des personnes bénévoles, notamment moi, qui ont pris le sujet à bras-le-corps et qui ont dit : « OK, on va faire une charte de modération et on va s’appuyer dessus pour pouvoir modérer les contenus des personnes » puisqu’on n’avait pas vraiment de charte de modération. Du coup, tant qu’on n’avait pas posé de règles, les choix reposaient davantage sur les individus, c’est-à-dire sur les membres salariés qui devaient faire un choix et c’était vraiment compliqué.<br/><br />
On a posé des règles qu’on a choisies, sujettes à débat. Par exemple, on a dit « si jamais ce sont des blagues qu’on considère oppressives, même si vous dites que ce sont des blagues, on considérera que ce n’est pas drôle, donc on pourra modérer ». Autre chose : si jamais vous nous prenez trop d’énergie, on se garde le droit de vous faire aller voir par ailleurs, des choses comme ça qui, du coup, n’ont pas de fondement facilement tangible. L’énergie est quelque chose qui fluctue, mais ça nous permet, du coup, plus facilement, quand on a quelqu’un qui est sur le fil à plusieurs reprises ou qui nous prend beaucoup d’énergie pour trancher d’un côté ou de l’autre, eh bien on finit par trancher du côté qui nous prendra moins d’énergie dans le futur en disant « là c’est bon, il est trop pénible, on va l’inviter à aller voir ailleurs parce que si jamais on ne le fait maintenant, en général, plus tard, la personne sera signalée à nouveau pour d’autres contenus, ça va nous reprendre de l’énergie ».<br/><br />
C’est le fonctionnement qu’on a maintenant en s’appuyant sur la charte. L’équipe de modération, du coup, a été enrichie de membres bénévoles et elle est plus variée. Pour gérer la charge un peu difficile, ce n’est pas toujours facile. On a mis en place des choses récemment parce qu’on a une personne qui fait une thèse sur le Fédiverse, cette espèce de constellation de réseaux sociaux dont Mastodon fait partie, notamment sur la modération. Du coup, pour pouvoir lui montrer le travail de modération, on a commencé à faire des visios de modération. En gros, dans ce cas-là, je donne un rendez-vous à telle, on fera les signalements sur Framapiaf, il y a d’autres personnes parfois qui se connectent et c’est beaucoup plus sympa parce que ça dédramatise en fait. On lit les choses. Des fois c’est affligeant, des fois c’est un peu rigolo, mais devant son écran ça crée beaucoup de charge, sauf que là il y a les copains à côté soit pour rigoler soit pour prendre une décision en commun pour que ce soit plus rapide. Donc ça c’est vraiment chouette.<br/><br />
Cela dit, un moment vraiment compliqué, je ne crois pas qu’on l’ait dit, là j’interviens sous pseudo, parce qu’il y a une période qui a été vraiment difficile, c’est le moment où on a sorti la charte de modération. Pour vous remettre le contexte, il y avait beaucoup de critiques sur le fait que notre instance Mastodon n’était pas assez modérée d’après des utilisateurs d’autres instances. Au moment où on sort la charte de modération pour dire voilà comment on va essayer d’agir, comment on va prendre les choses, je pense qu’il y a eu des problèmes de communication par rapport à cette charte qui ont provoqué des interprétations très diverses. On comptait mettre en avant des communautés pour les protéger, c’est-à-dire qu’on n’est pas à égalité sur les réseaux sociaux selon les catégories de population dans lesquelles on est : si on est une femme on n’est pas à égalité avec les hommes ; si on est des personnes queers ou des personnes handicapées, on n’est pas à égalité dans le sens où on va se prendre plus facilement des remarques, des explications, des choses un peu lourdes. Cette charte avait notamment pour vocation de remettre des choses à plat en disant si jamais il y a des comportements problématiques envers des groupes qui subissent des oppressions, on sera vigilant à ça et même, on facilitera la discussion ou l’explication de personnes qui ne comprennent pas cette problématique ; le but c’est d’être attentif à ce que tout le monde se sente bien, notamment les minorités oppressées. Ça a été compris complètement à l’inverse, du coup on s’est pris pendant plusieurs jours ce que, je pense, on peut appeler du harcèlement. C’était contre l’équipe de modération donc ça ne visait pas uniquement une personne, mais il y a eu un hashtag qu’on a appelé Dramasoft et beaucoup de monde a dit que ce qui se passait c’était scandaleux, qu’on allait accueillir des nazis sur l’instance et que ça ne nous poserait pas de problème si jamais il y avait des gens qui avaient des propos atroces envers des communautés. Ça a été vraiment le moment le plus compliqué. Des personnes se sont retirées de la modération à partir de là, des personnes concernées au sein de l’association qui ont pu être très attaquées par rapport à ça. Ce qui nous a fait tenir c’est quand même qu’au sein de l’association Framasoft il y a une très bonne entente et il y a du soin. Moi, en tout cas ce qui me fait tenir, je sais qu’au moins j’aurais du soutien à l’intérieur quoi qu’il arrive, que je fasse une bêtise ou que je n’ai plus d’énergie, il y a toujours ce groupe de soutien qui permet de tenir quoi qu’il arrive, même parfois de voir du positif là où il y en a moins.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Merci pour ce témoignage. Je pense, pour les personnes qui écoutent, d’avoir à l’esprit que la modération est certes quelque chose d’important, ça peut avoir un impact sur ce qu’on va considérer notre liberté d’expression, mais ce sont des humains derrière, c’est un exercice qui est compliqué à gérer. Je pense qu’il ne faut pas oublier d’avoir un peu de bienveillance aussi envers les personnes qui sont derrière et qui sont peut-être à l’écoute si jamais vous avez à leur faire part de réflexions constructives. On voue envoie, que ce soit à LinuxFr et à Framasoft, énormément de bisous et d’amour parce que vous le méritez tous les deux.<br/><br />
Je pense que vous avez déjà pas mal passé là-dessus, mais je pense que la question est intéressante, c’est vraiment clairement le cas côté LinuxFr et ça se produit aussi côté Framasoft, cette idée sur LinuxFr notamment, que vous cherchez à créer, enfin vous créez une communauté LinuxFr. Dans une communauté on devine qu’il peut y avoir des désaccords, comment on gère – je n’aime pas forcément le terme – l’altérité dans ces cas-là. Entre ce qui va être l’échange acceptable quoique tendu et puis la ligne rouge qui serait dépassée – je ne sais pas si la ligne rouge est définie, sans doute que non. Comment on décide, comment on intervient quand on est modérateur ou modératrice pour gérer la possible altérité lorsqu’elle dépasse un certain seuil ? Benoît.<br />
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<b>Benoît Sibaud : </b>On a discuté trois heures de modération hier avec l’équipe. Si faisait un sondage avec un petit questionnaire en disant « dans quel cas pensez-vous qu’il faut intervenir, dans quel autre cas faut-il intervenir ? », qu’on évoque un certain nombre de cas et qu’on demande à chacun qu’il fasse une modération, il n’y aurait pas le même résultat suivant chaque personne. En plus, je pense qu’il n’y aurait pas le même résultat si on faisait deux fois le même sondage, à six mois d’écart, pour un même personne. Les choix qu’on fait peuvent dépendre de ce qu’on a déjà vécu, d’un contexte qui peut changer, de l’évolution de la société, de plein de choses autour. Donc c’est sûr que les lignes bougent. Même pour des choses tout à fait basiques, indirectement la modération, d’une personne en tout cas, va dépendre de son humeur à elle, si elle s’est levée du bon pied ou pas, si elle a eu une journée compliquée ou pas. C’est pour ça que c’est important que les décisions de modération ne soient pas forcément extrêmement rapides ou qu’elles ne soient pas prises seul. Ça limite un peu ce genre de cas. Il n’y a pas une ligne rouge qui est claire et définie, sinon on pourrait automatiser les choses. Je ne l’ai pas dit, mais on a une partie de modération avec un système de karma qui s’auto-gère, etc., mais il ne faut pas rêver, ce n’est pas la technique qui va résoudre la problématique de la modération, sinon, d’ailleurs, il n’y aurait pas d’émission et le sujet serait classé. Au niveau mondial on aurait dit les algorithmes ont tout réglé, c’est fini. On sait que ce n’est pas le cas qu’il faudra des humains pour gérer ça, donc qu’il faudra faire des interprétations et les interprétations ce sont des interprétations, ça peut fluctuer, donc il faut essayer de veiller à ce que ça ne parte pas en vrille sachant qu’il y aura toujours des sujets qui pourront être des sujets clivants pour des bonnes et des mauvaises raisons. Il suffit qu’il y en ait qui parle d’une distribution de logiciel libre et que des gens soient fans d’une autre pour qu’ils commencent à discuter des avantages et des inconvénients des deux solutions soit parce que vraiment ils sont en désaccord, mais aussi parce que, en tout cas pour les Français, mais je pense que c’est assez vrai de manière générale, les gens aiment bien discuter, donc ils vont chercher à défendre leur point de vue juste pour qu’il y ait un débat. Donc il y a des gens qui vont discuter, mais il faut juste que ça reste un débat, c’est-à-dire que les gens s’écoutent un minimum, se parlent correctement, qu’il y ait un échange d’arguments et pas juste des commentaires des gens sur les gens en face. Ça reste fluctuant, forcément. <br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>En fait, ça rejoint ce que disait Anna avant, on s’inscrit dans des contextes politiques, les lignes bougent comme tu disais, je pense que c’est très bien résumé.<br/><br />
Tu mentionnais et je crois, Anna, que tu souhaitais évoquer ce point, la question de l’automatisation de la modération, l’idée de confier la modération à des algorithmes. Ce n’est pas juste un délire rhétorique, on voit que c’est malheureusement de plus en plus présent dans certains projets de loi ou de règlements européens. Je pense par exemple à la loi Avia qui prétend supprimer la haine en ligne, une loi parfaitement liberticide qui a été heureusement censurée par le Conseil constitutionnel, mais qui appelait, dans ses lignes, à automatiser un peu la modération. D’ailleurs, Anna, est-ce que ça a du sens ? Qu’est-ce que tu en penses ?<br />
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<b>Anna : </b>Du coup merci beaucoup pour cette question. Ce que je trouve vraiment très intéressant c’est que, depuis je suis modératrice je vois l’importance, ce que je vous racontais tout à l’heure, du contexte, du fait qu’il y a besoin de faire beaucoup de recherches du contexte. On peut parfois passer une demi-heure, trois quarts d’heure à creuser, à regarder la vidéo, à voir les autres pouets de la personne pour comprendre d’où elle parle, dans quel contexte elle se situe, pour savoir si ce qu’elle vit est quelque chose de malheureux, si c’est quelque chose d’assumé ou des choses comme ça.<br/><br />
Sur les réseaux sociaux plus centralisés, il y a d’un côté le fait qu’ils ont des modérateurs ou des modératrices mais quand on voit les sujets d’investigation, je me souviens d’une émission <em>Envoyé Spécial</em> qui racontait que ces personnes avaient des temps très réduits, pas le droit de parler entre elles, qu’elles devaient suivre des règles qui étaient vraiment très précises pour pouvoir modérer beaucoup de contenus. Là, il n’y a pas ces histoires de contextualisation, donc ça me semble vraiment très difficile de faire de la modération correcte, sans parler, évidemment, du travail de ces personnes qui doit être absolument innommable, d’ailleurs les personnes racontaient elles-mêmes qu’elles finissaient par devoir démissionner, elles avaient des séquelles psychologiques parce que c’est atroce comme travail. On disait tout à l’heure que c’est le collectif qui nous soutient. Si jamais je n’ai pas le droit de parler ni à l’extérieur ni aux autres personnes de mon travail pour débriefer un peu et relativiser la pression, forcément les risques psychologiques sont assez élevés. Donc il y a ça d’un côté.<br/><br />
Puisque les grandes plateformes se disent « ça nous demande vraiment trop de main-d’œuvre de réussir à régler ces histoires de modération, donc on va essayer de mettre en place des algorithmes », ça donne des résultats qui sont assez surprenants. Je ne sais pas si certains d’entre vous ont entendu parler de l’affaire liée au hashtag « Comment faire pour que les hommes arrêtent de violer ». Pour replacer le contexte, sur Twitter une militante féministe a repris les études sociologiques qui disaient que les personnes qui violent sont extrêmement majoritairement des hommes, donc comment faire pour que les hommes arrêtent de violer. Finalement elle posait la question sociologique de comment est-ce qu’on fait en sorte d’éduquer les personnes à ne pas commettre des actes atroces. Elle n’a pas été sanctionnée, mais son compte a été modéré, elle a été suspendue pendant un temps. Quand Twitter a été interrogé sur le sujet, il a dit que c’était une erreur d’algorithme et que ce n’était pas censé se produire. Ensuite, quand elle est revenue et qu’elle a reposé la question, elle s’est fait ressortir.<br/><br />
Donc il y a, à mon avis, une espèce d’énorme problème ou plutôt d’énorme malentendu qui est qu’il y a une croyance que si jamais on avait de meilleurs algorithmes on réussirait à faire de la meilleure modération. Déjà je pense que c’est faux, ce n’est pas une question d’algorithme, c’est une question de moyens donc d’argent mis pour payer des personnes pour faire de la modération correcte, donc pas dans des pays où les gens ont du mal à avoir un travail suffisamment rémunérateur et d’en profiter pour les exploiter pour faire ce travail. Il y a aussi le fait que ces plateformes fonctionnent sur un modèle économique qui est là pour provoquer. C’est-à-dire que sur Twitter ce qui marche c’est d’avoir du contenu. Pour avoir du contenu il faut que les personnes soient engagées et qu’elles aient envie d’écrire. Qu’est-ce qui fait que les personnes sont engagées ? C’est quand je suis énervée, en colère, pas d’accord, des mécanismes comme ça. Comment je fais pour ne pas être d’accord ? Par exemple j’encourage les gens qui créent du contenu qui va provoquer de la colère d’une partie de la population ou des contenus extrémistes, plutôt d’extrême droite par exemple. Donc il y a une sorte de cercle vicieux. Je suis Twitter, mon modèle économique c’est la création du plus possible de contenus, du coup je vais favoriser les contenus qui font générer encore plus de contenus, par exemple les contenus extrémistes. Du coup des personnes ne vont pas être d’accord, elles vont se mettre en colère ou il va y avoir des choses qui vont être problématiques dans ce qui va être dit, il va falloir modérer et je n’ai pas les moyens de modérer. Ce qui fait que, à mon avis, le problème n’est pas seulement du côté de la modération ou d’avoir une meilleure modération, mais aussi d’avoir une modèle économique qui ne repose pas sur le fait que les personnes soient engagées.<br/><br />
Pour finir sur ce point-là parce que je suis un peu longue, a contrario, par exemple sur Framapiaf, si jamais les personnes publient des contenus problématiques, on leur montre la porte de sortie puisqu’on n’est pas basé sur le fait que les personnes créent plus de contenus pour pouvoir payer cette instance.<br/><br />
Donc il faut encourager les modèles économiques qui sont différents en montrant du doigt le fait que c’est le modèle économique qui provoque les problèmes de modération et pas juste le fait qu’il n’y ait pas d’assez bons outils techniques. Même si les modérateurs étaient assez bien payés je ne suis pas sûre que ça suffirait. Donc ce n’est pas dire comment fait-on pour que Twitter ait une meilleure modération ? Ma conclusion c’est que je pense que ce n’est pas possible vu le modèle qu’ils ont, qui est là pour attiser et encourager la création de contenus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est un problème systémique.<br/><br />
Tu as bien fait de prendre ce temps, parce que je pense que c’est important, c’est un point essentiel par rapport à notre sujet.<br/><br />
Le temps file. Une minute chacun pour un dernier mot, un point que vous souhaitez souligner ou quelque chose qu’on n’a pas évoqué que vous aimeriez aborder. Benoît peut-être.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On voit la complexité de la modération et le travers des législateurs en ce moment, vouloir des réactions extrêmement rapides, extrêmement automatisées. Je ne crois pas à une solution où on va remplacer les juges par des algorithmes et que ça va marcher magnifiquement. L’expérience que je peux avoir de la modération montre que ça ne marche pas. En tout cas le cas qu’on évoquait c’est qu’effectivement on va avoir un modèle différent. Si j’ai des contenus polémiques sur le site, ça ne m’attire pas plus de visiteurs ! Ça m’attire plus d’ennuis, ça m’attire plus de mises en demeure, ça fait plus de poids psychologique sur la modération, mais je n’y gagne rien. Alors qu’effectivement, les sites qui sont basés sur attiser les conflits entre les gens pour avoir plus de commentaires, ce sont effectivement des modèles qui, dans ce cas-là, sont problématiques. Effectivement, c’est plus un point important dans la discussion.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci Benoît. Anna, en une trentaine de secondes, une minute max, est-ce que tu as un point que tu voudrais souligner ? Une autre idée à soulever ?<br />
<br />
<b>Anna : </b>Oui, peut-être que ce serait l’éloge de la lenteur. C’est-à-dire qu’entre les plateformes de <em>microblogging</em> qui nous permettent de nous exprimer seulement en 500 caractères avec une pensée, du coup, forcément tronquée, un encouragement à réagir rapidement et un encouragement à ce que la modération réagisse rapidement, je pourrais peut-être inviter chacun à se dire si on prenait le temps de choisir à quoi on répond, si on prenait le temps de se dire est-ce que mon contenu apporte vraiment quelque chose ou pas, et est-ce que, si jamais j’ai besoin de modération, il vaut mieux que les modérateurs prennent le temps de prendre une décision ensemble plutôt que réagir dans l’urgence, sauf dans les cas où il y a vraiment quelqu’un qui est mis en danger, est-ce que ce ne serait pas plus pertinent ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci. Je pense que c’est une très bonne conclusion. Paradoxalement on doit finir cet échange faute de temps.<br/><br />
Un grand merci à tous les deux d’avoir participé à cet échange. J’espère et je pense qu’il a été très instructif.<br/><br />
Grand merci à vous et bonne continuation et bon courage pour le délicat exercice de modération.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Merci.<br />
<br />
<b>Anna : </b>Merci beaucoup. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons à présent faire une pause musicale. <br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??., disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Visiblement on a un problème de connexion téléphonique, ce qui peut arriver. Pendant qu’Adrien essaye de joindre Emmanuel pour la chronique à venir, on va inverser un petit peu l’ordre de présentation et je vais en profiter pour vous parler des annonces « Quoi de Libre ? »<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Visiblement on a un problème de connexion téléphonique, ce qui peut arriver. Pendant qu’Adrien essaye de joindre Emmanuel pour la chronique à venir, on va inverser un petit peu l’ordre de présentation et je vais en profiter pour vous parler des annonces « Quoi de Libre ? »<br />
<br />
Ce week-end, samedi 8 et dimanche 9 mai, aura lieu un April Camp entièrement en distanciel étant donné le contexte sanitaire. L’idée d’un April Camp est de se réunir pendant deux jours entre membres et soutiens de l’April pour faire avancer des projets en cours et lancer de nouveaux projets. Les projets peuvent être de nature technique, ça peut être des outils de communication, ce qu’on a envie de faire en fait. Tout le monde, membre ou pas de l’association, peut participer en fonction de son temps disponible, de ses compétences et de ses envies. N’hésitez pas à vous inscrire. Il y a un bloc-notes dédié. Vous retrouverez le lien sur le site de l’April. S’y inscrire permet notamment de faciliter l’organisation, mais il n’y a pas d’impératif à le faire. Vous retrouverez les thèmes de travail, l’ordre du jour, et puis n’hésitez pas à passer nous voir. Tous les liens intéressants sont sur le site de l’April.<br />
La régie me fait signe que c’est bon. Je vous propose donc de passer au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique ponctuelle « Itsik numérique » d'Emmanuel Revah sur le thème de PeerTube==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous retrouvons aujourd’hui Emmanuel Revah qui nous avait proposé entre 2019 et 2020 plusieurs chroniques intitulées « Itsik numérique » ou les râlages d’un vieux libriste si je cite la première chronique qu’il nous avait proposée. Emmanuel revient exceptionnellement aujourd’hui pour nous parler de PeerTube, un logiciel libre d’hébergement de vidéos décentralisé, développé par nos amis de Framasoft.<br/><br />
Salut Manu. <br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Salut. Ça va Étienne ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ça va très bien. À toi la parole.<br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Aujourd’hui je vais parler de PeerTube, que j’aime bien appeler aussi MeilleurTube, vous allez comprendre pourquoi.<br/><br />
PeerTube est une sorte de YouTube, mais, fédéré. C’est un peu comme ce qu’est Mastodon par rapport à Twitter. Je sais pas pourquoi j’essaie d’expliquer un truc en le comparant avec un autre truc. Je <em>reboot</em>.<br/><br />
PeerTube est un logiciel libre de publication vidéo sur les <em>Interwebs</em>. Ça se présente comme un site web qu’on peut installer soi-même, sur son propre serveur. Bon, OK !, ça demande quelques compétences, des ressources et du temps, mais c’est possible. Sinon, on peut aussi se créer un compte sur une instance existante.<br/><br />
PeerTube permet donc d’héberger et de diffuser des vidéos, de créer des chaînes, d’ajouter des sous-titres, etc., en gros comme YouTube. Depuis peu, on peut même faire des diffusions en direct ou <em>live</em> pour les francophones.<br />
Le petit bonus maxi ++ lol, c’est qu’on peut fédérer les instances, c’est-à-dire que mon instance peut suivre ton instance et, du coup, je peux voir tes vidéos depuis chez moi et vice et versa – j’ai presque envie de chanter ! Non !, je ne vais pas le faire – à condition que ton instance suive la mienne aussi. OK !<br/><br />
Des fois, dans le contexte d’Internet, le mot fédération peut paraître flou. Un exemple de fédération sur Internet que tout le monde connaît, les courriels ou <em>e-mail</em> pour les francophones. Eh oui, le système de mail est un système de serveurs totalement indépendants, mais qui travaillent ensemble pour livrer les courriels aux divers comptes éparpillés sur les Internets.<br/><br />
Donc PeerTube, c’est un peu comme si YouTube avait adopté un fonctionnement inspiré du courriel.<br/><br />
Au passage, on appelle l’univers de la fédération sur Internet Fédiverse.<br/><br />
En tant que libriste intégriste, qui aime regarder des images qui défilent très vite, autrement dit des vidéos, je peux enfin m’offrir une expérience à la YouTube, c’est-à-dire que je peux m’abonner à des chaînes, commenter des vidéos, avec des commentaires respectueux de préférence , et aimer des contenus ou <em>liker</em> pour les francophones, tout cela depuis un compte PeerTube ou alors depuis un compte Mastodon, c’est compatible ! Le Fédiverse est vraiment incroyable, d’ailleurs il y a des gens n’y croient toujours pas.<br/><br />
J’évite autant que possible de m’engager sur la YouTube ; je dis LA YouTube, car c’est grave. S’il faut vraiment que je regarde la vidéo du chat psychopathe, possédé par Satan, qui pousse des trucs de la table, alors j’ouvre le lien de la vidéo avec MPV ou VLC ou je vais sur un site miroir, sinon je passe par Tor Browser. Bref !, je mets un masque et j’applique du gel hydroalcoolique avant d’interagir avec l’outil de capitalisation de l’attention de Google.<br/><br />
Grâce à PeerTube, je peux enfin regarder des vidéos sur Internet sans protection car PeerTube est compatible avec mon côté islamo-libriste !<br/><br />
En tant que vidéaste du dimanche, jusqu’ici, pour publier les quelques vidéos que j’ai faites dans ma vie, je les hébergeais sur mon site perso, enrobées de balises HTML « vidéo », en gros comme on fait avec une image. Ça veut dire que si jamais une vidéo devenait un peu populaire, je pouvais me retrouver avec l’accès à mon site, ou serveur, bloqué ou très ralenti, car la vidéo c’est lourd, donc ça peut vite saturer la connexion.<br/><br />
Je n’ai pas les moyens, et encore moins l’envie de surdimensionner mon serveur au cas où une vidéo soit regardée par plus de dix personnes un même jour dans l’année, chose qui, fort heureusement, n’est jamais arrivée.<br/><br />
Entre en jeu la magie de PeerTube. Elle fait appel à la connexion des visiteurs, en pair à pair, pour partager le transfert des données. C’est-à-dire que quand quelques personnes regardent une même vidéo, elles envoient des bouts de vidéo aux autres personnes qui la regardent aussi, l’audience devient une ressource de bande passante. On peut résumer : plus une vidéo est en train d’être regardée, et plus il y a de ressources pour sa diffusion. Et quand plus personne ne regarde, les ressources sont éteintes ou font autre chose.<br/><br />
PeerTube est compatible avec mon côté islamo-écologiste ! Il y a exactement trois ans, j’ai installé une instance PeerTube pour moi et quelques potes du coin. J’ai migré quelques vidéos à la noix, c’était une preuve de concept, convaincante. Et puis, il y a un an, j’ai fait mon premier « vrai » court film. On était tous bloqué à la maison et j’avais quelques conseils à partager. Eh bien pas d’hésitation ! J’ai mis sur le Fédiverse via mon instance PeerTube, et je n’ai même pas eu peur du succès ! J’ai eu environ 360 vues en un an ! Presque une vue par jour ! C’est le début de ma reconversion !<br/><br />
Bon, j’ai aussi publié un documentaire en décembre dernier qui a connu des pics à plus de 200 vues par jour ! Et ça passe nickel, ça n’a pas cramé le forfait réseau de mon serveur, ni même le <em>datacenter</em> qui l’héberge. J’ai même vu ma vidéo apparaître sur la page « tendances », <em>trending</em> pour les francophones, de l’instance de Framasoft qui est framatube.org, juste à côté d’une vidéo du collectif l’Extracteur. C’est très encourageant. Je ne me sens pas seul sur mon île, je me sens faire partie d’un ensemble qui partage du commun. PeerTube est compatible avec mon côté islamo-communautariste.<br />
<br />
Alors, comment fait-on pour trouver des vidéos ?<br/><br />
Un bon point de départ est le site joinpeertube.org. Déjà, il y a d’autres explications, peut être plus claires que les miennes, et même une vidéo explicative. En plus, on peut découvrir quelques contenus, des chaînes et même des instances. Par exemple, il y a Skeptikon qui est une instance autour de la promotion de l’esprit critique et de la démarche scientifique. On y trouve pas mal de vidéastes qui ont commencé leurs activités sur la YouTube et se sont mis ensemble pour créer leur propre instance sur le Fédiverse. Il y plein d’autres instances spécialisées, comme celle de Debian, FDN, etc. Après, il y a une page pour nous aider à trouver une instance, avec des critères comme la possibilité de créer des comptes, les thématiques abordées, etc. Il faut garder en tête que chaque instance choisit de suivre, ou non, les autres et en suivra plus ou moins.<br />
<br />
Pour retrouver encore plus facilement les vidéos de la Fédiverse, il existe un moteur de recherche spécial PeerTube qui va chercher un peu partout, dans la limite des stocks disponibles. Pour cela direction le site sepiasearch.org. Évidement, ce logiciel de moteur de recherche est aussi un projet libre.<br/><br />
Avec tout ça, j’espère que vous comprenez pourquoi j’aime surnommer PeerTube, MeilleurTube.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>En tout cas ça me paraît très clair. Merci beaucoup Emmanuel et à une prochaine j’espère, pour une nouvelle chronique qui, ce coup-ci, n’était pas un râlage de vieux libriste mais plutôt un enthousiasme pour un beau projet.<br/><br />
Je vois le temps qui file, je te laisse. Une bonne fin de journée Manu. Salut.<br />
<br />
<b>Emmanuel Revah : </b>Bon courage. Merci. À bientôt.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Je vous l’ai déjà mentionné <br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ce week-end</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Table_ronde_avec_Henri_Emmanuelli_aux_RMLL_2008&diff=74974Table ronde avec Henri Emmanuelli aux RMLL 20082017-03-26T17:58:20Z<p>Bsibaud : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Table ronde avec Henri Emmanuelli aux RMLL 2008<br />
<br />
'''Intervenant :''' Henri Emmanuelli, homme politique - Jacques Marsant, directeur de Landes Mutualité - Jean-Christophe Élineau, président du comité d’organisation des RMLL 2008 - Benoît Sibaud, président de l'April - Gilles Gouget, Divergence FM - Florian Martin, FreenewsTV <br />
<br />
'''Lieu :''' RMLL 2008 - Mont-de-Marsan<br />
<br />
'''Date :''' Juillet 2008<br />
<br />
'''Durée :''' 40 min 10<br />
<br />
'''[http://media.april.org/video/20080704-table-ronde-rmll-emmanuelli-sibaud/table_ronde_rmll_2008.ogv Visualiser la table ronde]''' réalisée par l'association [https://www.freenews.fr/freenewstv-286/rmll-2008-165/table-ronde-avec-henri-emmanuelli-6194 FreeNews].<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Statut :''' Transcrit MO Relu BS<br />
<br />
==00’==<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>En direct de Mont-de-Marsan pour ces 9e Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Une table ronde qui réunit autour des micros, Henri Emmanuelli, député PS des Landes dans la troisième circonscription, président du Conseil général des Landes, conseiller général du canton de Mugron. Une figure politique dont on ne va pas détailler le CV puisque tous ceux qui nous écoutent et nous regardent connaissent ce visage et cette voix. Jean-Christophe Élineau, le président du comité d’organisation des RMLL 2008, Jacques Marsant, directeur de Landes Mutualité qui a commencé à migrer son parc informatique en 2004 et [ses] systèmes exploitation vers les logiciels libres, et puis Benoît Sibaud, le président de l’April ; l’April qu’on ne présente pas, surtout aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Je sais que, Henri Emmanuelli, vous venez de faire le tour du site, de voir un petit peu ce qui s’y passait. Je sais que vous avez aussi un agenda qui est très pris, très chargé, alors qu’est-ce qui a fait, en fait, qui vous a motivé pour, finalement, vous dire : « Je vais essayer, quand même, d’aller voir ce qui se passe là-bas. »<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>D’abord on nous a motivé un peu en amont, jeune homme. On est venu, [M. Emmanuelli se tourne vers Jean-Christophe Élineau] n’est-ce pas, il y a un an.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Tout à fait. C’est un travail qui a été entamé il y a un an.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Ils sont venus me faire part de leur projet, les organisateurs, nous dire : « Bon, on voudrait bien que ça se passe à Mont-de-Marsan ». Ils avaient besoin de moyens quand même, quelques-uns.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Tout à fait !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Donc ils sont venus pour ça. Ils sont venus, évidemment, pour nos mines sympathiques, mais aussi parce qu’ils cherchaient des moyens.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>C’est tout à fait ça !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Et on a pensé que c’était intéressant. Donc aussi bien le département des Landes que la région Aquitaine, je crois.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Tout à fait.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Voilà, a permis que cette organisation se mette en place. Cela dit, ce n’est pas l’argent l’essentiel. C’est quand même l’ensemble de ce réseau qui est assez étonnant, exceptionnel et qui a de l’avenir.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Quelle impression après cette visite du site, des différents lieux qui constituent ces Rencontres ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Je dirais que je ne suis pas surpris. J’imaginais à peu près comme ça quoi. Je crois qu’il y a beaucoup de passion dans tout ça, il y a beaucoup d’intérêt, il y a même, parfois, plus que de la passion. J’ai vu un ou deux cas, là, où ça tournait à l’obsession. [Henri Emmanuelli se tourne vers Jean-Christophe Élineau] - [Rires]. Mais je comprends tout à fait cet engouement, parce qu’on est dans un défi quand même assez monumental par rapport à l’existant, par rapport à la mainmise de certaines sociétés commerciales dont une en particulier, mais je ne ferai de pub à personne, ni dans le bon, ni dans le mauvais sens. Il y a des enjeux qui sont considérables. Je trouve intéressant que beaucoup de jeunes, en particulier, se passionnent pour ça. Mais en même temps c’est leur vie, c’est leur monde.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>C’est un monde, aussi, qui est de plus en plus adopté par les institutions, les collectivités, les entreprises aussi.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>L’Assemblée nationale !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>L’Assemblée nationale !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>On s’est retrouvés avec un écran bizarroïde à la rentrée.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget: </b>Et vous vous y êtes habitué ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui ! Non, enfin, habitué, oui ! Mais ce que je disais aux organisateurs des RMLL et à tous ceux qui sont passionnés par le logiciel libre, je crois qu’il y aurait une utilité pour diffuser plus largement dans le public, avec un public plus large aujourd’hui, confisqué par le commercial, d’avoir une espèce de manuel d’utilisation. Quand vous ouvrez votre écran pour la première fois, que vous avez été habitué à travailler sur Windows ou sur Mac, peu importe, vous êtes habitué à un certain confort, il y a une reconnaissance qui se fait ; avec le logiciel libre, elle n’est pas évidente, la reconnaissance. Donc je leur expliquais, au début on clique à peu près sur toutes les icônes pour savoir ce qu’on doit faire. On veut faire du texte, mais on ne sait pas quel est le nom du logiciel qui correspond à faire du texte, alors on tâtonne. Je crois que ça ne serait pas très compliqué d’avoir une espèce de répertoire par fonctions où on dirait, mettons, « quand on veut faire du texte, on peut utiliser ça, ça et ça. Quand on veut faire de l’image, ça, ça et ça ». Par fonctions. Ça, peut-être, vous pourriez …, je ne sais pas si ça existe. <br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>C’est en général l’arborescence des menus déroulants de GNOME<ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/GNOME GNOME]</ref>, puisqu’on a bureautique, graphisme, son et vidéo.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Mais ça rassurerait !<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Il est vrai que de rajouter, sans doute, une espèce de petit livre de poche explicatif qui dirait, effectivement, « quand je fais du son ça se passe comme ça et ça va, c’est ça. Quand je veux faire de la bureautique, ça se passe comme ça. Quand je veux faire du traitement de photos, c’est ce logiciel-là qu’il faut utiliser », je pense que ça pourrait, effectivement, faciliter le passage à des solutions, des systèmes d’exploitation libres, d’utilisateurs qui sont néophytes en termes de logiciel libre.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Cela dit, on s’en sort ! Parce que si on n’est pas bouché, une fois qu’on a cliqué on voit à peu près à quoi ça va servir. Mais je me disais, pour passer de l’un à l’autre, pour rassurer les gens, peut-être que le premier truc qui devrait être là c’est « voila, les logiciels à votre disposition et par fonctions on vous recommande ceux-là ». On vous recommande ! On ne vous oblige pas, puisqu’on n’oblige à rien.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Vous avez évoqué tout à l’heure, la passion, limite obsessionnelle parfois, de ces développeurs du logiciel libre. Justement, comme tout est dématérialisé, contrairement à certaines sociétés plus propriétaires comme vous avez cité, Windows ou Mac, c’est vrai que les personnes partent dans leur passion, développent des choses souvent très complexes et il y a d’autre personnes, il y a d’autres associations, qui sont aussi là pour développer ces interfaces, pour prévoir des supports aussi, des supports techniques, une sorte de SAV du Libre et pour aller toucher le grand public. C’est vrai que, comme ils ne travaillent pas toujours ensemble, c’est aussi le rôle des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre de rassembler les développeurs qui sont dans leur passion, dans leur obsession, et puis ceux qui essayent de vulgariser tout ça, pour aller toucher et séduire le grand public. <br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il y a besoin d’un peu d’organisation, quoi. Disons ça comme ça. Que ce soit une passion organisée !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Voilà. Et elle s’organise aussi à travers le fait que ces solutions informatiques sont adoptées. Vous avez mentionné l’Assemblée nationale, mais il y a aussi la gendarmerie et l’armée qui ont été parmi les premières à réagir et à comprendre tout ça. Et puis aussi, Landes Mutualité - Jacques Marsant est avec nous - depuis 2004 vous avez compris qu’il fallait amorcer un tournant. Un tournant dont, aujourd’hui, vous ne pouvez que vous féliciter puisque, évidemment, les chiffres sont toujours très parlants pour vous et on l’a vu, il y a quelques années, pour le CHU de Tourcoing où là c’était pareil, en centaines de milliers d’euros, c’était plutôt 250&nbsp;000. Vous, vous estimez à 400&nbsp;000 euros le gain annuel réalisé par l’utilisation des logiciels libres. Donc effectivement, même si ce ne sont que des chiffres, ce sont des chiffres qui pèsent.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b> Avant de parler chiffres et économie parce que, dans une entreprise, ça a une dimension quand même particulière, je crois que le choix de la Mutuelle sur les logiciels libres s’explique par deux choses. D’abord ça a été des rencontres de personnes. Quand vous rencontrez quelqu’un comme M. Élineau, comme M. Mascaron, qui aujourd’hui sont des salariés de la structure, et que ces gens-là mettent leur passion à la fois dans le logiciel libre mais également au service d’une entreprise mutualiste, qui est quand même une entreprise aussi un petit peu particulière, eh bien vous vous retrouvez avec un véritable élan, une véritable dynamique qui, aujourd’hui, draine derrière lui 150 salariés et ça, je crois que c’est un élément essentiel dans la réussite. <br />
<br />
Après, l’autre élément clef, je reprendrai simplement une citation qu’a eue Stéphane Mascaron lorsqu’il est arrivé à la Mutuelle. Je vais vous la relire parce que je crois qu’elle explique bien comment la Mutuelle, sur le plan économique, a pu s’engager. C’est une citation, je crois, qu’il avait trouvée sur Internet et qui accompagne, d’ailleurs, tous ses mails. Quand il envoie des mails à tous les salariés de la structure, il écrit : « La philosophie des logiciels libres se retrouve dans les valeurs de la Mutuelle à travers les notions de partage et d’ouverture qui la caractérisent. » Et je crois que quasiment tout est dit. <br />
<br />
Après il nous restait, en tant que responsables de la structure, à voir comment on pouvait contrôler deux choses : d’abord la problématique de fiabilité et de sécurité, parce qu’il était hors de question pour nous de nous engager dans des systèmes qui n’avaient pas, je dirais, l’ossature technique nous permettant de faire face à la masse d’échanges ou de travail que nous avons à effectuer lorsqu’on gère, comme nous, 100&nbsp;000 adhérents. <br />
<br />
Et puis, après, deuxième chose, c’était la dimension économique. Et là, c’est vrai que sur le plan économique, l’étude que nous avons réalisée, de 2004, fait ressortir une économie entre 400 et 500&nbsp;000 euros. Pour vous chiffrer ce que ça représente, ça représente 5 % des charges de fonctionnement de la structure. C’est énorme ! Mais on est dans une entreprise de service donc c’est aussi pour ça que ça peut peser autant, parce que sans informatique une mutuelle ne peut pas fonctionner. Je crois qu’on est très heureux d’avoir fait ces choix. Ils ont été pilotés par Christian Couturier, le directeur des opérations de la structure, qui a su s’entourer, en premier lieu de Laurence Soudre et puis ensuite de toute une équipe. Nous avons aujourd’hui 8 salariés à l’informatique et sur ces 8 salariés, 4 font partie du comité d’organisation des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Et comme le disait M. Emmanuelli, ils nous ont convaincus de soutenir l’organisation de cette manifestation, donc on les a aidés financièrement ; on les a aidés en mettant à disposition des moyens et en mettant à disposition du temps aussi. Parce que je peux vous dire qu’en ce moment, par exemple, ils ne sont pas tellement dans les locaux pour faire fonctionner notre organisation. Voilà ce que je pouvais vous dire à ce niveau-là. <br />
<br />
Nous allons basculer toute la partie téléphonie sur Trixbox, la voix sur IP, dans le courant du mois d’août. C’est, je crois, un pas de plus dans ce monde-là. Et puis nous avons, en termes de stratégie, fait évoluer un petit peu dans ce que disait M. Emmanuelli sur la problématique d’ouverture et de sortir de ce monde, un petit peu, des affaires ou du business qui caractérise les SSII, c’est que nous avons pris la décision, en fin année, d’externaliser nos savoir-faire informatiques dans ce qu’on appelle une SSLL, une société de service logiciel libre, pour en faire profiter, je dirais, l’ensemble du marché, que ce soit les particuliers ou que ce soit les entreprises, des Landes, à partir de solutions testées par la Mutuelle dont on a pu éprouver la fiabilité et qu’on peut maintenant, enfin qu’on va pouvoir maintenant, notamment à partir du mois de juillet où nous avons recruté un personne qui va diriger cette partie-là, cette activité-là, que nous allons pouvoir proposer aux entreprises essentiellement et nous en reparlerons d’ailleurs demain lors de l’intervention à la CCI prévue à 17 h 30.<br />
<br />
==11’ 12==<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il m’a rassuré quand même. Il m’a dit qu’on pouvait être passionné par le logiciel libre et faire trois enfants. Je dis ça pour ceux qui nous écoutent !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Je confirme. Là on l’a vu avec la création d’une SSLL [société de services en logiciels libres, NdT], qui va exporter le savoir-faire acquis au travers de l’expérience de Landes Mutualité. On l’avait vu aussi avec le CHU de Tourcoing où là, il s’était agi, avec les économies réalisées, de monter une boîte de formation, tout d’abord à destination des salariés du CHU qui avaient migré, qui avaient changé d’outil. Et puis, très rapidement, ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient former 350 personnes par an, donc maintenant ils forment d’autres personnels d’autres hôpitaux. Donc là aussi, il y a peut-être un modèle économique qui est intéressant pour, finalement, en quelque sorte, s’approprier en tant qu’entreprise ces technologies et les redistribuer par la suite.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, mais il y a un problème. Par exemple une collectivité locale, nous on a déployé 8&nbsp;000 machines cette année. Nous les faisons <em>masteriser</em> par des sociétés privées, on ne peut pas faire ça nous-mêmes. Pour les faire <em>masteriser</em>, il faut passer par un appel d’offres. Quand on lance un appel d’offres, on n’a pas de sociétés qui répondent et qui soient capables de mettre des logiciels libres. Donc c’est comme ça qu’on se retrouve sur Windows. Il y a ce petit <em>gap</em> là, vous voyez ? On ne peut pas faire du gré à gré. On ne peut pas aller trouver quelqu’un parce qu’on enfreindrait les règles de la comptabilité publique. Il faudrait peut-être qu’il y a quelques sociétés privées qui se mettent sur ce créneau. Pour l’instant, je ne sais pas s’il en existe, mais nous, on n’a pas eu de réponse, en tout cas. C’est un petit détail, mais qui a importance.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Tout à fait. Il faut miser sur le développement : souhaitons simplement qu’il y ait de plus en plus de SSLL qui soient présentes sur le marché.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>C’est sans doute la chose qu’on peut souhaiter, bien entendu. Moi je pense que, comme l’a dit M. Marsant, il y a des choses qui vont se passer dans les Landes dans les semaines qui viennent.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>J’ai compris. Il va monter une boîte !<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Non, Monsieur Emmanuelli ! Non !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>On ne vous l’enlève pas !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Non, non ! Absolument pas ! Je crois que, si vous voulez, la dynamique dans laquelle s’est mise la structure : quand vous avez comme ça une équipe d’informaticiens axés sur le logiciel libre, dans une entreprise quelle qu’elle soit.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, mais vous êtes sur un lieu unique. On ne peut pas aller sur trente-six sites !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Mais, si vous voulez, ce sont des gens qui, comment vous expliquer, c’est une véritable entreprise à l’intérieur de l’entreprise. Et quand on a vu cette dynamique-là, le conseil d’administration s’est dit : « Pourquoi ne pas essayer d’aller plus loin » et donc, nous avons créé cette SSLL. Et dans cette SSLL, c’est vrai que les acteurs de la SSLL vont être tous ces passionnés de logiciel libre ; c’est pour ça que je ne doute pas de la réussite de ce que nous allons faire. D’abord parce qu’il y a des passionnés qui vont être les acteurs du développement - ce sont des gens qui se connaissent entre eux ; ensuite nous avons des moyens. Il faut savoir qu’aujourd’hui, la SSLL que nous avons constituée, elle est dotée d’un capital de 2,6 millions d’euros. Donc nous n’avons pas fait ça en mettant simplement 30&nbsp;000 euros sur la table ; nous avons mis les moyens permettant. C’est un investissement, une vision dans l’avenir, mais on pense que c’est nécessaire par rapport à notre activité. Et ensuite, deuxièmement on est dans une logique de mutualisation de coûts.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Mais vous êtes dans une entreprise unique. Là je vous parlais d’un appel d’offres pour <em>masteriser</em> les bécanes.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Tout à fait. Absolument. Mais je crois, Monsieur Emmanuelli, que l’intérêt c’est de pouvoir répondre, justement, aux appels d’offres comme vous le disiez, et d’avoir la structure, pas du tout une mutuelle, on n’est absolument pas légitimes, notre métier ce n’est pas ça.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est quoi comme structure ?<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>C’est une SAS, avec un capital de 2 millions 6 qui, aujourd’hui, intègre l’ensemble des savoir-faire soit techniques, soit logiciels, soit téléphonie, développés sur des bases libres, et qui va, eh bien depuis le premier juillet normalement, proposer sur le marché ses solutions, aura la capacité à répondre à des appels d’offres. Notre ambition, soyons clairs – moi je suis né à Mont-de-Marsan, on est Landais, je porte un nom, d’ailleurs, qui ne peut pas trahir cette origine – nous, notre idée, et c’est pour ça aussi qu’au départ on a soutenu cette…<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Pas de chauvinisme, s'il vous plait !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Mais je pense que notre idée c’est de dire « il y a une place à prendre dans ce monde-là », comme le disait M. Élineau, et on a la capacité aujourd’hui, à Mont-de-Marsan, à partir d’un noyau de base de passionnés mais également des moyens financiers disponibles et ne serait-ce que les initiatives que vous avez prises en termes d’informatisation au niveau des collèges, etc. – il y a une vraie culture qui s’est déjà développée dans notre département – on a la capacité à faire de notre département un département phare dans le développement des logiciels libres.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il y a l’ALPI [Agence Landaise Pour l’Informatique, NdT] aussi, qui fait beaucoup de boulot sur toutes les collectivités locales.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Il y a l’ALPI également, excusez-moi de ne pas y avoir pensé. Mais vraiment il y a un élan, là, et je pense que si on arrive à, comment dire, à ramer tous dans le même sens, on a la capacité à faire quelque chose de beau et de grand pour le logiciel libre à partir de Mont-de-Marsan et à partir du département des Landes. Voilà !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>On ne peut que le souhaiter. Vous y faisiez allusion au début de cet entretien. Effectivement, les enjeux sont immenses, puisqu’on peut considérer, aujourd’hui, que l’outil informatique est au cœur de toutes les activités humaines, puisque, même pour réparer sa voiture, il faut l’amener et mettre une prise de diagnostic qui va être interprété par un ordinateur.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Ça c’est rien ! Quand on va se mettre la prise dessus, ça va être mieux ! Ça va arriver ça !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Ah ben oui, on y arrive. Tous les gens d’ailleurs qui ont la chance d’avoir été opérés de la maladie de Parkinson sont déjà câblés, si je puis dire.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>La chance ! Oui !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Il vaut mieux avoir la chance d’avoir été opéré plutôt que de ne pas encore l’être, puisque ce sont quand même des thérapeutiques qui fonctionnent. C’est vrai que les enjeux sont immenses. L’outil informatique qui est, comme je disais, au cœur de toute activité humaine et, du coup, c’est un petit peu un choc des titans. Il y a aussi, peut-être une question civilisationnelle, peut-être ça touche aussi la propriété intellectuelle, puisqu’on voit que l’Office européen des brevets continue à encaisser des brevets logiciels même s’ils n’ont pas cours, dans l’espoir qu’un jour ils auront cours et qu’on pourra « toucher le jackpot », entre guillemets. Donc là c’est vraiment une guerre au niveau planétaire, un combat, même si certains arrivent à s’entendre. Et là, le cadre n’est plus régional ou national, il est vraiment international et donc, il y a des oppositions, des difficultés, auxquelles chaque État tente de répondre à sa mesure. Et là, je me tourne vers Benoît Sibaud puisque l’April est là aussi, souvent pour faire de la pédagogie auprès des politiques.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Et envoyer des mails aux parlementaires ! <br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Envoyer des mails aux parlementaires. Faire du <em>lobbying</em>, eh oui, puisqu’il est juste que des deux côtés on puisse utiliser le <em>lobbying</em> pour parvenir, en tout cas, à communiquer. Là aussi, les enjeux touchent aussi aux libertés individuelles. Voilà. Ce sont des vastes débats qui, parfois, ont tendance à remettre un petit peu en cause nos modèles de société.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Tout à fait. Ça fait partie des discussions qu’on a régulièrement, notamment dans le cadre des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. En 2005, les grandes discussions étaient autour de la brevetabilité du logiciel. En 2006, c’était la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information, qui a protégé, créé un verrouillage de la culture en excluant le logiciel libre du domaine des contenus audiovisuels et numériques, les fameux dispositifs de contrôle de l’usage, dits DRM [<em>digital rights management</em>, NdT].<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>DRM !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Un vrai problème qui est d’ailleurs perçu à l’Assemblée nationale par les députés, qui sont obligés de passer par un logiciel propriétaire pour pouvoir lire des contenus numériques, exactement comme nous l’avions annoncé lors de l’examen de la loi, même si on n’a pas été entendus à ce moment-là.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Entendus par qui, jeune homme ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Entendus par le gouvernement.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Ah oui. Parce que arrêtez tous de faire comme si à l’Assemblée nationale il n’y avait pas une majorité et une opposition. Mais c’est grave ça ! J’entends ça partout ! C’est terrible !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On a eu des alliés, d’ailleurs, de tous partis politiques pendant ces débats-là. Et évidemment on attend, en ce moment d’ailleurs, le retour du Conseil d’État sur cette question-là, en particulier. Cette année, c’est le retour d’une législation encore plus dure dans la poursuite sur le sujet, la fameuse loi dite HADOPI [Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, NdT] pour créer une autorité chargée de priver les internautes d’un accès à la culture numérique. Ça, c’est pour le niveau national, le système dit de riposte graduée, qui va être décliné, pour lequel la France actuellement pousse au niveau européen pour qu’on ait la même déclinaison dans le cadre du paquet Télécoms, avec, à la fois, les mesures de filtrage et de contrôle et, à la fois, la question de la riposte graduée, le fait de pouvoir décider de couper l’accès à la culture à Internet, à la culture numérique pour certains des abonnés.<br />
<br />
Donc ce sont les questions du moment. Ce sont des questions qui sont urgentes parce que, le paquet Télécoms, il reste une semaine pour en discuter au Parlement européen. On voit l’activité intense de divers <em>lobbyistes</em> à ce niveau-là, que ça soit du côté des producteurs de contenus ou du côté des éditeurs de logiciels qui sont en train de compléter leur panoplie de verrouillage de l’accès à la culture numérique et de l’accès à la connaissance, que ça soit à la fois côté logiciel et côté matériel. Il est important que les gens soient sensibles et s’intéressent rapidement à ces questions-là. La communauté, les communautés du logiciel libre sont particulièrement vigilantes sur ces sujets et on attend, bien évidemment, des soutiens de tous bords pour lutter contre les verrouillages sur la connaissance.<br />
<br />
==20’ 53 ==<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous permettez que je vous dise quelque chose, très gentiment ? N’y voyez pas… « De tous bords ! » Mais enfin, à l’Assemblée nationale, il y a une majorité, une minorité, quand même. Il y a eu une majorité pour voter ce texte et une minorité pour voter contre. Or quand vous dites « de tous bords », on ne sait plus où situer les responsabilités. Je m’excuse, mais moi j’ai participé à cette loi DADVSI [loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information, NdT], j’ai bien vu qui suivait le gouvernement et votait et l’a faite voter, et ceux qui étaient contre. Et je vous dis ça non pas du tout par esprit polémique, mais parce que ça devient une espèce de généralité en France. Dans l’avion, quand je rentre, on me dit : « Vous allez empêcher ce texte. » Eh bien non, je ne peux pas, je suis minoritaire ! Il faut qu’ils aillent dire ça à un député de l’UMP, mais pas à un député PS. En indifférenciant comme ça, en disant « de tous bords » ! Non ! <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On peut citer des noms, n’hésitez pas.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Non, je ne vous demande pas des noms, mais je vous demande qu’on laisse bien comprendre à nos auditeurs qu’une loi ne passe pas toute seule, quoi ! Il faut une majorité pour qu’elle passe. Et les groupes, à l’Assemblée, votent par groupes ; ils ne votent pas par individu. Voilà !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Je rejoins parfaitement ce que dit M. Emmanuelli. À un moment donné, il faut assumer ses décisions. Aujourd’hui, il y a quand même bien un clivage très net entre d’un côté des orientations on dira, je dirais entre guillemets « business au profit de quelques grands groupes », et on voit très bien comment la société tente en ce moment…<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Certains <em>lobbying</em>. Il a raison. Parce que, y compris au groupe socialiste, vous voyez je vais être franc jusqu’au bout, au début le groupe socialiste était plutôt pour le verrouillage parce qu’il avait beaucoup écouté, je ne sais pas s’il faut dire, le <em>lobbying</em>, mais en tout cas beaucoup écouté les artistes, disons, les auteurs.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Les producteurs de contenu aussi. Je pense à Vivendi.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais au départ, ceux qui étaient dans l’hémicycle n’étaient pas de l’avis du groupe. Et finalement, ceux qui étaient dans l’hémicycle ont fini par l’emporter d’ailleurs, puisque les autres n’étaient pas là – on en a profité ! – mais ça s’est passé comme ça. Je crois que pour structurer le débat politique en France, il faut quand même que chacun prenne l’habitude d’appeler un chat un chat, et que chacun prenne ses responsabilités.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Tout à fait. On a bien parlé longtemps d’une fracture numérique. Alors j’ai bien vu qu’il y avait un secrétariat d’État qui a été mis en place. Mais souvent, quand on met un secrétariat d’État, c’est pour brimer un certain nombre de choses et pour mieux le contrôler. Et ce n’est pas du tout pour <em>manager</em> l’autonomie et permettre à des choses de s’exprimer et de développer, au niveau de notre société, un intérêt majeur sur le plan social et sur le plan économique. Aujourd’hui, l’intérêt des logiciels libres, nous on le démontre au niveau de notre entreprise, on pourrait le démontrer pour un ménage, on pourrait le démontrer pour tout un ensemble de personnes, c’est qu’il faut avoir des capacités d’accès, il faut la liberté. Comment ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous téléchargez de la musique, vous !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Non, non, absolument pas. Ma fille.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>De la musique libre.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>De la musique libre ! Peut-être ma fille, moi je ne sais pas trop. C’est ça qu’il faut voir. Vous savez, dans le monde de la santé, on a un problème qui est l’accès à la santé, dont on voit aujourd’hui aussi qu’il est mis à mal. Mais on est dans le même problème sur le numérique. On est bien dans la liberté d’accès au numérique et je crois qu’aujourd’hui on ne peut pas revenir en arrière sur le plan sociétal. La société tourne autour du numérique, qui prend une importance de plus en plus grande dans la vie de tous les jours, et il faut absolument privilégier la liberté d’accès, parce que ça permettra, au contraire, une logique d’ouverture et une logique de culture différente.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Moi, j’ai une grande crainte, quand même, je le dis à notre ami président de l’association, j’ai peur que le processus, dans le temps, soit un peu ce qu’on a connu, puisqu’on est dans une radio associative, ce qu’on a connu sur les radios libres : au départ, grande bouffée d’oxygène avec la multiplication d’initiatives. Et puis, au fur et à mesure que les prix ont monté, si j’ose dire, eh bien on a vu disparaître la spontanéité au profit des intérêts financiers. Et ce sera ça la vraie bataille. Ce sera de résister aux formidables enjeux financiers qui peuvent être derrière et qui font que, tout à l’heure, un des pères du logiciel libre qui était là, me disait : « Nous avons été trahis ». J'ai dit : « Oui ». Il me disait : « Je ne sais pas si c’est pour de l’argent. J’ai dit : « Je crains que oui, que ce soit pour de l’argent quand même ». Et c’est ça qui est à craindre dans le temps. Vous voyez ce que je veux dire ? Parce que le prix sera tellement énorme, il faudra être un saint pour résister.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Et loin de s’arranger, la situation, après avoir mis une couverture juridique sur des dispositifs de contrôle de l’usage, loin de les enlever, là on poursuit dans le répressif. On va non seulement avoir le droit de payer, le droit d’être bridés, mais en plus, on pourra avoir des coupures d’accès à Internet, du filtrage, des commissions de contrôle de ce qui va circuler, etc. Tout un nombre d’éléments nouveaux de contrôle, de flicage, de répression, sur les réseaux numériques, qui sont très loin des idéaux qu’on peut avoir de diffusion de la connaissance, de partage de la connaissance.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Dans la clandestinité, Mont-de-Marsan développe une école de hackers. On vous en dira plus.<br />
<br />
[Rires]<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>J’entends beaucoup de mots, là, comme contrôle, voilà ! Le contrôle. Ce sont souvent des mots qu’on entend justement du côté de l’opposition, ce genre de mots. Ce sont des reproches qu’on fait. Qu’est-ce que ça vous évoque vous, de voir que dans le texte de loi lui-même, on parle de riposte graduée. Je trouve que c’est un mot très agressif.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est un mot qui a été emprunté en plus, je le dis pour vous parce que vous n’étiez pas né, à mon avis, quand ça a été à la mode. C’était McNamara, dans les années 60 – ce n’est pas très vieux non plus – qui avait vanté ça, n’est-ce pas, la riposte dissuasive. C’était par rapport à ce qui se passait en Asie à l’époque, au Vietnam, machin, la riposte graduée, vous voyez, qui se terminait par le <em>massive retaliation</em>, c’est-à-dire la riposte finale.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>La solution finale.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>L'arme nucléaire.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Voilà, pratiquement, de l’arme nucléaire quoi ! Oui, mais parce qu’on revient au même sujet : il y a des enjeux financiers énormes. Et la vraie question en termes philosophiques, je n’ai pas la réponse vous l’imaginez bien, c’est jusqu’à quel point les individus sont capables de résister à la tentation ? Quel est le prix de la sainteté ? Qu’elle soit religieuse ou laïque d’ailleurs, peu importe ! Mais jusqu’où on trouvera des gens qui sont capables de dire « malgré l’offre qui m’est faite, tellement alléchante, je maintiens le point de vue de la liberté quand même. » Ça, ça va être la bataille des années à venir ; vous devriez le savoir mieux que moi.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Il n’est pas question ici d’écouter l’avis des gens. Les dispositifs en question sont largement impopulaires. La loi qui a été passée, la loi DAVDSI, elle est évidemment impopulaire, elle n’est absolument pas respectée.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Chez les jeunes !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Oh, vu le nombre de millions de téléchargeurs en France on peut considérer qu’elle n’est absolument pas respectée. Elle est inapplicable. C’est techniquement une aberration ; c’est impossible à appliquer et voilà ! Et en plus, elle est inappliquée. Personne ne souhaite la faire appliquer. C’est une loi qui sert juste à créer de l’incertitude juridique.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Avec les disques mobiles ! Avec les disques durs mobiles !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Même si ceux qui sont allés se dénoncer n’ont pas été poursuivis. Donc je vois mal comment on peut vouloir renforcer, mettre plus de répressif, si on n’est même pas capables d’appliquer les lois qui ont été proposées.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Heureusement les supports sont mobiles ! Alors on pourra échapper. On sera prévenu à l’entrée. Hop ! On débranche !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Je voudrais rebondir sur ce que vous avez dit. Je prends souvent cette image-là : on prend un verre ; il est, pour certains, à moitié vide et pour d’autres, à moitié plein. Je rebondirai sur ce qu’a dit M. Emmanuelli, sur les enjeux à venir qui sont des enjeux certainement financiers énormes. Je rappellerai, quand même, que le meilleur moyen de se préparer à ça c’est peut-être d’investir et de diffuser et, éventuellement, de structurer autour d’un pan économique qui existe fortement en France et qui est extrêmement développé, qui est l’économie sociale. Et qui serait peut-être un moyen, d’une certaine façon, d’organiser, entre guillemets, ce marché. Mais c’est ça globalement, avec ces intérêts financiers, en le faisant de façon à ce que les états d’esprit, les fondamentaux dont on parlait, le partage, etc., soient respectés. Je pense qu’ils seront beaucoup plus respectés dans le cas d’une économie sociale que dans le cas d’une économie libérale.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Moi je ne voudrais pas, et je termine là-dessus, vous paraître pessimiste : je ne pense pas que la bataille soit perdue d’avance, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. J’ai voulu simplement dire qu’elle sera rude. Mais je fais confiance aux générations qui arrivent pour la gagner. Et c’est vrai que plus il y aura d’utilisateurs, enfin plus il y aura de gens qui ont intérêt à ce que la liberté soit sauvegardée, plus le rapport de force sera en faveur de la liberté. La diffusion du logiciel libre va dans ce sens-là.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On a déjà des beaux exemples de succès à montrer. Il n’y a pas d’Internet actuellement sans logiciel libre. Le logiciel libre fait tourner toute l’infrastructure d’Internet. Pas de logiciel libre, pas d’Internet. Parmi les plus gros sites de la planète, on trouve Wikipédia, l’encyclopédie en ligne contributive, basée sur les modèles du logiciel libre et qui, donc, est une référence au niveau mondial sur le sujet. Les succès sont là. La vraie question n’est pas de savoir si on va gagner sur ces questions-là ; c’est quand ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il faut absolument les garder.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Et plus on aura une riposte dure en face, plus, au final, ça va se retourner contre ceux qui poussent ce genre d’actions. Vouloir pousser des lois liberticides et répressives pour ne pas pouvoir les appliquer, ça ne sert strictement à rien, à part se mettre à dos la population, en l’occurrence, là, les internautes et tous ceux qui utilisent, accèdent, contribuent, créent de la culture numérique, de la connaissance.<br />
<br />
==30’ 17==<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Et moi je me suis mis à dos quelques auteurs célèbres. Il y en a un qui m’a dit : « Alors tu es un écrivain », il m’a dit « vous avez écrit un bouquin dans votre vie, vous savez ce que c’est le droit d’auteur ». J’ai dit : « Oui, pas trop, j’ai juste acheté une tondeuse avec, donc ce n’est pas… » Mais j’ai dit : « Moi, je connais aussi beaucoup d’auteurs, on devrait payer les lecteurs pour qu’ils les lisent, quoi ! » Dans la musique, alors quelqu’un du Sud-Ouest, qui est bien connu a dit : « Pour Emmanuelli l’art n’a pas de valeur ! » Je lui ai répondu : « Je ne savais pas que la valeur de l’art c’était uniquement de l’argent !» Depuis je ne l’ai plus entendu. Mais c’est ça la bataille, elle est compliquée. Moi je ne crois pas, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur mon propos, je ne crois pas que ceux qui veulent entraver ça réussiront. Ils ne réussiront pas parce que le flux contraire est trop puissant. On se comprend bien ? J’avais dit ça sous une forme humoristique au ministre. Je lui avais dit : « Vous essayez de passer un string à une baleine et vous n’y arriverez pas ! » Bon !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est exactement ça. On voit qu’on essaie de passer des choses qui sont techniquement irréalistes, qui sont socialement inacceptables, et qui sont fortement liberticides. Pour réussir à préserver le pré carré de quelques-uns, on va mettre derrière des barrières tout le reste de la population.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Moi, ce n’est pas la loi que je crains. Je dis toujours que je termine et je ne termine jamais ! Je pense que la loi répressive n’y arrivera pas ; on n’arrivera pas à réprimer ça, parce qu’il y a trop de gens concernés pour garder la liberté de télécharger et de voir, d’aller, de venir. En revanche, ce que je crains, c’est la puissance de l’argent. C’est-à-dire, ce sont les défaillances dans le camp de la liberté, si vous voyez ce que je veux dire. Ça me paraît plus dangereux, à terme, que la capacité répressive de la loi. Parce que l’argent réussit à faire ce que la loi ne réussit pas toujours à faire.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Vous avez parlé de philosophie de l’argent et de loi liberticide. Mais il y a un mot, aussi, vous avez dit impopulaire. Et je ne vais pas faire l’anti-discours de l’April, loin de là, mais justement, je ne pense pas qu’elle soit impopulaire cette loi, puisque Internet ce n’est pas la France. On l’a démontré l’an dernier, avec les élections présidentielles notamment, on voit bien que l’opinion des internautes n’est pas représentative de l’opinion de l’ensemble des consommateurs. Et pour moi, quand on voit le succès de portails comme Virgin Megastore ou iTunes, qui soutiennent les DRM et qui font partie des mêmes personnes qui contrôlent ces <em>lobbies</em>. Bon, même s’il y a beaucoup plus de personnes, mais parmi les geeks, parmi les passionnés qui téléchargent comme des gorets sur eMule des MP3.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Pourquoi comme des gorets, tout de suite ?<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>À quelques gigas près.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Comme des chamois, pas comme des gorets.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Je ne trouve pas qu’on puisse parler d’une loi impopulaire. Malheureusement ! Je préférerais qu’elle soit impopulaire.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Tout dépend de ce qu’on appelle impopulaire. Ce sont les parlementaires européens qui ont trouvé que c’était contraire à l’accès à la culture, à la connaissance, de vouloir filtrer, brider, limiter l’accès à Internet. Ça, c’est une question des représentants du peuple.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous connaissez le refrain qu’on leur sert. On leur dit : « Sans moyens financiers il n’y aura pas de grandes sociétés de production ; il n’y aura plus de production artistique. » Et donc, en fait, ils sont stigmatisés comme étant ceux qui vont mutiler la création artistique. C’est ça le grand raisonnement, voilà !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Et en échange certains sont en train de préparer une stérilisation d’Internet en posant du contrôle, du filtrage partout, et en voulant vraiment avoir un vrai contrôle à tous les niveaux sur les échanges et la connaissance.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il y a toujours moyen de braver les tabous sexuels en solitaire !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Ce n’est pas très encourageant. <br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est dit par une périphrase !<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>C’est très clair !<br />
<br />
[Rires]<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Pour l’anecdote, parce que nous c’est vraiment notre domaine à Freenews, les fournisseurs d’accès à Internet ont pris pour manie depuis quelques années de signer en petit, en bas de tous leurs communiqués de presse, dès qu’ils sortent un nouveau service qui va attirer, évidemment, les gros téléchargeurs, ils mettent une petite phrase qui est tout simplement : « Le piratage nuit à la créativité artistique ».<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, eh bien c’est ça !<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Ça, c’est aussi prendre un raccourci que de dire ça. On a démontré qu’il y avait de la créativité artistique qui, finalement, ne craignait même pas le piratage. Le piratage n’existe pas dans certains cas.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Rappelons juste que les auteurs de logiciels libres sont des auteurs. Ceux qui créent des contenus numériques libres, de la musique libre et autres, produisent des œuvres, ce sont des auteurs.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Mais ce sont des auteurs altruistes. On ne retient que le nom des auteurs égocentriques.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Oui ! Dans un même ordre d’idée, ramener la créativité, la notion de créativité au seul top 50 ou plutôt au top 6 % des sociétaires des sociétés civiles de gestion de droits qui touchent, effectivement, quelque chose d’équivalent au SMIC, par exemple, c’est un petit peu un raccourci. Je précise qu’à Montpellier, si je prends tous les groupes de musique qui vivent de leur musique, il n’y en pas 10 % qui sont sociétaires de la SACEM, et pourtant ils arrivent à tourner.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous devez vous y connaître mieux que moi, mais un des grands succès de la chanson, cet hiver, ça a été un jingle qui était paru sur Internet. C’est bien ça ? Vous devriez savoir ça vous !<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Une chanson très, très populaire, je pense tout simplement, l’exemple qui correspond, c’est la chanteuse Lorie, super connue. Elle est née sur un portail de musique. À l’époque, en plus, c’était vraiment tout nouveau ; le MP3 était à peine naissant. Oui, Lorie a eu le succès qu’on connaît.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Je savais qu’il connaîtrait le nom lui.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Pourtant ce n’est pas vraiment ma génération ; c’est encore avant. Je fais plus jeune.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est encore avant, mais vous êtes très bien conservé.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On est bien d’accord : 52 artistes aux oreilles desquels les majors murmurent ce qu’il faut dire ne font pas la culture.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Exactement et surtout si c’est Lorie. Peut-être un danger un peu plus grave, c’est de décrédibiliser le législateur quand, effectivement, le public se rend compte que des lois sont votées et que les décrets d’application quand ils sortent ou quand ils ne sortent pas. On se dit : « On fait passer des textes et, finalement, il y n’y a pas de décrets d’application, donc c’est du vent ! »<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>S’il n’y a pas de décrets d’application, c’est du vent. Oui !<br />
<br />
<b>Intervenant : </b>Ça c’est peut-être plus dangereux que les histoires des artistes.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, mais là, je ne sais pas, on peut dire : « C’est de l’habileté » ou on peut dire : « C’est de la perversité ». On choisit en fonction de ses attaches. Mais effectivement, une loi est votée ; alors on a fait plaisir puisqu’elle est apparemment répressive. En même temps, on ne va pas se mettre tous les jeunes sur le dos, donc on oublie de publier les décrets d’application, comme ça… Mais ça ne dure pas, ça dure un an, deux ans, et puis au bout de deux ans, les uns s’aperçoivent que ce n’est pas répressif, les autres que ça ne fait pas fonction non plus. Donc ça ne dure pas !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Et puis moi, je crois que fondamentalement on part de l’éducation des jeunes. Et c’est vrai qu’aujourd’hui les jeunes naissent avec l’informatique, enfin c’est quelque chose qu’ils connaissent complètement. C’est aussi un vecteur, peut-être, à utiliser, à voir comment on peut le dynamiser, à la fois dans les parcours éducatifs – on a eu l’occasion de voir là-bas des gamins d’une école élémentaire qui étaient en train de découvrir un petit logiciel éducatif, qui était un logiciel libre qui avait évolué. Je crois aussi qu’on a des leviers, peut-être au niveau économique, mais on a également des leviers qui sont certainement dans la partie éducative et dans la partie pédagogique, parce que c’est à partir de là que se font les cultures. Moi je dis, le premier ordinateur sur lequel j’ai travaillé c’était un Mac et j’avais 24 ans. Donc vous voyez ! Là j’ai vu des gamins qui avaient 4 ans ou 5 ans ou 6 ans, 6 ans peut-être, tout à l’heure, et qui étaient déjà en train de travailler sur des ordinateurs. Il y a une chance extraordinaire, là, je crois, qui s’ouvre, pour qu’on soit capables de développer cet esprit d’ouverture, à la fois avec des problématiques d’utilisation, mais aussi des problématiques de choix. Aujourd’hui, un gamin, à 11 ans, il sait faire des choix. À une époque, il fallait avoir 18 ans et avant il fallait avoir 21 ans. Tout ça s’accélère. Je crois qu’il faut avoir une vraie volonté d’engagement pour arriver à atteindre ces objectifs dont vous parlez et pouvoir lutter contre ces mesures qui ne comprennent pas, je crois, le sens de l’évolution de notre société.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Je crois que nous touchons à la fin de ce débat. Je me félicite qu’il ait pu avoir lieu. Comme quoi les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre ça permet aussi des rencontres au micro et des discussions qu’on n’a pas forcément dans les couloirs du village associatif où beaucoup sont des spécialistes, des techniciens qui maîtrisent des langages qui sont en français, mais auxquels on ne comprend pas toujours grand-chose. Je vous remercie tous d’avoir été présents : Jean-Christophe Élineau, Henri Emmanuelli, Jacques Marsant, Benoît Sibaud. Si vous avez un dernier mot.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Lui vous ne le remerciez pas ?<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Il me remerciera après. On se remerciera après.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Si vous avez un dernier mot à dire, eh bien c’est maintenant.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Juste un dernier mot. Moi je voulais faire un petit bilan très rapidement, même si on est encore en milieu de manifestation. Je pense que la fréquentation est excellente. Tout se passe très, très bien, si ce n’est le temps aujourd’hui, hier et aujourd'hui, mais ça va revenir demain. Et je pense que ces Rencontres devraient être…<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est le système du régulateur. Il faisait trop chaud, c’est redescendu, c’est remonté.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Élineau : </b>Ces rencontres devraient laisser, sans doute, un excellent souvenir.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Voilà. Eh bien merci à tous. On va terminer cette émission. Comme tu l’évoquais, Gilles, le village associatif plein de geeks, plein de barbus, plein de pingouins ce sera cet après-midi à 18 heures comme chaque jour. Et puis retrouvez-nous encore demain à 13 heures en direct toujours de Mont-de-Marsan aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2008. Voilà ! Nous allons rendre l’antenne notamment à la régie à Montpellier de Divergence FM. Restez à l’écoute du 93.9 et de Freenews TV.</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Table_ronde_avec_Henri_Emmanuelli_aux_RMLL_2008&diff=74973Table ronde avec Henri Emmanuelli aux RMLL 20082017-03-26T17:18:17Z<p>Bsibaud : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Table ronde avec Henri Emmanuelli aux RMLL 2008<br />
<br />
'''Intervenant :''' Henri Emmanuelli, homme politique - Jacques Marsant, directeur de Landes Mutualité - Jean-Christophe Elineau, président du comité d’organisation des RMLL 2008 - Benoît Sibaud, président de l'April - Gilles Gouget, Divergence FM - Florian Martin, FreenewsTV <br />
<br />
'''Lieu :''' RMLL 2008 - Mont-de-Marsan<br />
<br />
'''Date :''' Juillet 2008<br />
<br />
'''Durée :''' 40 min 10<br />
<br />
'''[http://media.april.org/video/20080704-table-ronde-rmll-emmanuelli-sibaud/table_ronde_rmll_2008.ogv Visualiser la table ronde]''' réalisée par l'association [https://www.freenews.fr/freenewstv-286/rmll-2008-165/table-ronde-avec-henri-emmanuelli-6194 FreeNews].<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Statut :''' Transcrit MO<br />
<br />
==00’==<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>En direct de Mont-de-Marsan pour ces 9e Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Une table ronde qui réunit autour des micros, Henri Emmanuelli, député PS des Landes dans la troisième circonscription, président du Conseil général des Landes, conseiller général du canton de Mugron. Une figure politique dont on ne va pas détailler le CV puisque tous ceux qui nous écoutent et nous regardent connaissent ce visage et cette voix. Jean-Christophe Elineau, le président du comité d’organisation des RMLL 2008, Jacques Marsant directeur de Landes Mutualité qui a commencé à migrer son parc informatique en 2004 et système exploitation vers les logiciels libres, et puis Benoît Sibaud, le président de l’April ; l’April qu’on ne présente pas, surtout aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Je sais que, Henri Emmanuelli, vous venez de faire le tour du site, de voir un petit peu ce qui s’y passait. Je sais que vous avez aussi un agenda qui est très pris, très chargé, alors qu’est-ce qui a fait, en fait, qui vous a motivé pour, finalement, vous dire : « Je vais essayer, quand même, d’aller voir ce qui se passe là-bas. »<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>D’abord on nous a motivé un peu en amont, jeune homme. On est venu, [M. Emmanuelli se tourne vers Jean-Christophe Elineau] n’est-ce pas, il y a un an.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Tout à fait. C’est un travail qui a été entamé il y a un an.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Ils sont venus me faire part de leur projet, les organisateurs, nous dire : « Bon, on voudrait bien que ça se passe à Mont-de-Marsan ». Ils avaient besoin de moyens quand même, quelques-uns.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Tout à fait !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Donc ils sont venus pour ça. Ils sont venus, évidemment, pour nos mines sympathiques, mais aussi parce qu’ils cherchaient des moyens.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>C’est tout à fait ça !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Et on a pensé que c’était intéressant. Donc aussi bien le département des Landes que la région Aquitaine, je crois.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Tout à fait.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Voilà, a permis que cette organisation se mette en place. Cela dit, ce n’est pas l’argent l’essentiel. C’est quand même l’ensemble de ce réseau qui est assez étonnant, exceptionnel et qui a de l’avenir.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Quelle impression après cette visite du site, des différents lieux qui constituent ces Rencontres ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Je dirais que je ne suis pas surpris. J’imaginais à peu près comme ça quoi. Je crois qu’il y a beaucoup de passion dans tout ça, il y a beaucoup d’intérêt, il y a même, parfois, plus que de la passion. J’ai vu un ou deux cas, là, où ça tournait à l’obsession. [Henri Emmanuelli se tourne vers Jean-Christophe Elineau] - [Rires]. Mais je comprends tout à fait cet engouement, parce qu’on est dans un défi quand même assez monumental par rapport à l’existant, par rapport à la mainmise de certaines sociétés commerciales dont une en particulier, mais je ne ferai de pub à personne, ni dans le bon, ni dans le mauvais sens. Il y a des enjeux qui sont considérables. Je trouve intéressant que beaucoup de jeunes, en particulier, se passionnent pour ça. Mais en même temps c’est leur vie, c’est leur monde.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>C’est un monde, aussi, qui est de plus en plus adopté par les institutions, les collectivités, les entreprises aussi.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>L’assemblée nationale !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>L’Assemblée nationale !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>On s’est retrouvés avec un écran bizarroïde à la rentrée.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget: </b>Et vous vous y êtes habitué ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui ! Non, enfin, habitué, oui ! Mais ce que je disais aux organisateurs des RMLL et à tous ceux qui sont passionnés par le logiciel libre, je crois qu’il y aurait une utilité pour diffuser plus largement dans le public, avec un public plus large aujourd’hui, confisqué par le commercial, d’avoir une espèce de manuel d’utilisation. Quand vous ouvrez votre écran pour la première fois, que vous avez été habitué à travailler sur Windows ou sur Mac, peu importe, vous êtes habitué à un certain confort, il y a une reconnaissance qui se fait ; avec le logiciel libre, elle n’est pas évidente, la reconnaissance. Donc je leur expliquais, au début on clique à peu près sur toutes les icônes pour savoir ce qu’on doit faire. On veut faire du texte, mais on ne sait pas quel est le nom du logiciel qui correspond à faire du texte, alors on tâtonne. Je crois que ça ne serait pas très compliqué d’avoir une espèce de répertoire par fonctions où on dirait, mettons, « quand on veut du texte, on peut utiliser ça, ça et ça. Quand on veut faire de l’image, ça, ça et ça ». Par fonctions. Ça, peut-être, vous pourriez …, je ne sais pas si ça existe. <br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>C’est en général l’arborescence des menus déroulants de GNOME<ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/GNOME GNOME]</ref>, puisqu’on a bureautique, graphisme, son et vidéo.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Mais ça rassurerait !<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Il est vrai que de rajouter, sans doute, une espèce de petit livre de poche explicatif qui dirait, effectivement, « quand je fais du son ça se passe comme ça et ça va, c’est ça. Quand je veux faire de la bureautique, ça se passe comme ça. Quand je veux faire du traitement de photos, c’est ce logiciel-là qu’il faut utiliser », je pense que ça pourrait, effectivement, faciliter le passage à des solutions, des systèmes d’exploitation libres, d’utilisateurs qui sont néophytes en termes de logiciel libre.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Cela dit, on s’en sort ! Parce que si on n’est pas bouché, une fois qu’on a cliqué on voit à peu près à quoi ça va servir. Mais je me disais, pour passer de l’un à l’autre, pour rassurer les gens, peut-être que le premier truc qui devrait être là c’est « voila, les logiciels à votre disposition et par fonctions on vous recommande ceux-là ». On vous recommande ! On ne vous oblige pas, puisqu’on n’oblige à rien.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Vous avez évoqué tout à l’heure, la passion, limite obsessionnelle parfois, de ces développeurs du logiciel libre. Justement, comme tout est dématérialisé, contrairement à certaines sociétés plus propriétaires comme vous avez cité, Windows ou Mac, c’est vrai que les personnes partent dans leur passion, développent des choses souvent très complexes et il y a d’autre personnes, il y a d’autres associations, qui sont aussi là pour développer ces interfaces, pour prévoir des supports aussi, des supports techniques, une sorte de SAV du Libre et pour aller toucher le grand public. C’est vrai que, comme ils ne travaillent pas toujours ensemble, c’est aussi le rôle des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre de rassembler les développeurs qui sont dans leur passion, dans leur obsession, et puis ceux qui essayent de vulgariser tout ça, pour aller toucher et séduire le grand public. <br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il y a besoin d’un peu d’organisation, quoi. Disons ça comme ça. Que ce soit une passion organisée !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Voilà. Et elle s’organise aussi à travers le fait que ces solutions informatiques sont adoptées. Vous avez mentionné l’Assemblée nationale, mais il y a aussi la gendarmerie et l’armée qui ont été parmi les premiers à réagir et à comprendre tout ça. Et puis aussi, Landes Mutualité - Jacques Marsant est avec nous - depuis 2004 vous avez compris qu’il fallait amorcer un tournant. Un tournant dont, aujourd’hui, vous ne pouvez que vous féliciter puisque, évidemment, les chiffres sont toujours très parlants pour vous et on l’a vu, il y a quelques années, pour le CHU de Tourcoing où là c’était pareil, en centaines de milliers d’euros, c’était plutôt 250&nbsp;000. Vous, vous estimez à 400&nbsp;000 euros le gain annuel réalisé par l’utilisation des logiciels libres. Donc effectivement, même si ce ne sont que des chiffres, ce sont des chiffres qui pèsent.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b> Avant de parler chiffres et économie parce que, dans une entreprise, ça a une dimension quand même particulière, je crois que le choix de la Mutuelle sur les logiciels libres s’explique par deux choses. D’abord ça a été des rencontres de personnes. Quand vous rencontrez quelqu’un comme M. Elineau, comme M. Mascaron, qui aujourd’hui sont des salariés de la structure, et que ces gens-là mettent leur passion à la fois dans le logiciel libre mais également au service d’une entreprise mutualiste, qui est quand même une entreprise aussi un petit peu particulière, eh bien vous vous retrouvez avec un véritable élan, une véritable dynamique qui, aujourd’hui, draine derrière lui 150 salariés et ça, je crois que c’est un élément essentiel dans la réussite. <br />
<br />
Après, l’autre élément clef, je reprendrai simplement une citation qu’a eue Stéphane Mascaron lorsqu’il est arrivé à la Mutuelle. Je vais vous la relire parce que je crois qu’elle explique bien comment la Mutuelle, sur le plan économique, a pu s’engager. C’est une citation, je crois, qu’il avait trouvée sur Internet et qui accompagne, d’ailleurs, tous ses mails. Quand il envoie des mails à tous les salariés de la structure, il écrit : « La philosophie des logiciels libres se retrouve dans les valeurs de la Mutuelle à travers les notions de partage et d’ouverture qui la caractérisent. » Et je crois que quasiment tout est dit. <br />
<br />
Après il nous restait, en tant que responsables de la structure, à voir comment on pouvait contrôler deux choses : d’abord la problématique de fiabilité et de sécurité, parce qu’il était hors de question pour nous de nous engager dans des systèmes qui n’avaient pas, je dirais, l’ossature technique nous permettant de faire face à la masse d’échanges ou de travail que nous avons à effectuer lorsqu’on gère, comme nous, 100&nbsp;000 adhérents. <br />
<br />
Et puis, après, deuxième chose, c’était la dimension économique. Et là, c’est vrai que sur le plan économique, l’étude que nous avons réalisée, de 2004, fait ressortir une économie entre 400 et 500&nbsp;000 euros. Pour vous chiffrer ce que ça représente, ça représente 5 % des charges de fonctionnement de la structure. C’est énorme ! Mais on est dans une entreprise de service donc c’est aussi pour ça que ça peut peser autant, parce que sans informatique une mutuelle ne peut pas fonctionner. Je crois qu’on est très heureux d’avoir fait ces choix. Ils ont été pilotés par Christian Couturier, le directeur des opérations de la structure, qui a su s’entourer, en premier lieu de Laurence Soudre et puis ensuite de toute une équipe. Nous avons aujourd’hui 8 salariés à l’informatique et sur ces 8 salariés, 4 font partie du comité d’organisation des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Et comme le disait M. Emmanuelli, ils nous ont convaincus de soutenir l’organisation de cette manifestation, donc on les a aidés financièrement ; on les a aidés en mettant à disposition des moyens et en mettant à disposition du temps aussi. Parce que je peux vous dire qu’en ce moment, par exemple, ils ne sont pas tellement dans les locaux pour faire fonctionner notre organisation. Voilà ce que je pouvais vous dire à ce niveau-là. <br />
<br />
Nous allons basculer toute la partie téléphonie sur Trixbox, la voix sur IP, dans le courant du mois d’août. C’est, je crois, un pas de plus dans ce monde-là. Et puis nous avons, en termes de stratégie, fait évoluer un petit peu dans ce que disait M. Emmanuelli sur la problématique d’ouverture et de sortir de ce monde, un petit peu, des affaires ou du business qui caractérise les SSII, c’est que nous avons pris la décision, en fin année, d’externaliser nos savoir-faire informatiques dans ce qu’on appelle une SSLL, une société de service logiciel libre, pour en faire profiter, je dirais, l’ensemble du marché, que ce soit les particuliers ou que ce soit les entreprises, des Landes, à partir de solutions testées par la Mutuelle dont on a pu éprouver la fiabilité et qu’on peut maintenant, enfin qu’on va pouvoir maintenant, notamment à partir du mois de juillet où nous avons recruté un personne qui va diriger cette partie-là, cette activité-là, que nous allons pouvoir proposer aux entreprises essentiellement et nous en reparlerons d’ailleurs demain lors de l’intervention à la CCI prévue à 17 h 30.<br />
<br />
==11’ 12==<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il m’a rassuré quand même. Il m’a dit qu’on pouvait être passionné par le logiciel libre et faire trois enfants. Je dis ça pour ceux qui nous écoutent !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Je confirme. Là on l’a vu avec la création d’une SSLL [société de services en logiciels libres, NdT], qui va exporter le savoir-faire acquis au travers de l’expérience de Landes Mutualité. On l’avait vu aussi avec le CHU de Tourcoing où là, il s’était agi, avec les économies réalisées, de monter une boîte de formation, tout d’abord à destination des salariés du CHU qui avaient migré, qui avaient changé d’outil. Et puis, très rapidement, ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient former 350 personnes par an, donc maintenant ils forment d’autres personnels d’autres hôpitaux. Donc là aussi, il y a peut-être un modèle économique qui est intéressant pour, finalement, en quelque sorte, s’approprier en tant qu’entreprise ces technologies et les redistribuer par la suite.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, mais il y a un problème. Par exemple une collectivité locale, nous on a déployé 8&nbsp;000 machines cette année. Nous les faisons <em>masteriser</em> par des sociétés privées, on ne peut pas faire ça nous-mêmes. Pour les faire <em>masteriser</em>, il faut passer par un appel d’offres. Quand on lance un appel d’offres, on n’a pas de sociétés qui répondent et qui soient capables de mettre des logiciels libres. Donc c’est comme ça qu’on se retrouve sur Windows. Il y a ce petit <em>gap</em> là, vous voyez ? On ne peut pas faire du gré à gré. On ne peut pas aller trouver quelqu’un parce qu’on enfreindrait les règles de la comptabilité publique. Il faudrait peut-être qu’il y a quelques sociétés privées qui se mettent sur ce créneau. Pour l’instant, je ne sais pas s’il en existe, mais nous, on n’a pas eu de réponse, en tout cas. C’est un petit détail, mais qui a importance.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Tout à fait. Il faut miser sur le développement : souhaitons simplement qu’il y ait de plus en plus de SSLL qui soient présentes sur le marché.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>C’est sans doute la chose qu’on peut souhaiter, bien entendu. Moi je pense que, comme l’a dit M. Marsant, il y a des choses qui vont se passer dans les Landes dans les semaines qui viennent.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>J’ai compris. Il va monter une boîte !<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Non, Monsieur Emmanuelli ! Non !<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>On ne vous l’enlève pas !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Non, non ! Absolument pas ! Je crois que, si vous voulez, la dynamique dans laquelle s’est mise la structure : quand vous avez comme ça une équipe d’informaticiens axés sur le logiciel libre, dans une entreprise quelle qu’elle soit.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, mais vous êtes sur un lieu unique. On ne peut pas aller sur trente-six sites !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Mais, si vous voulez, ce sont des gens qui, comment vous expliquer, c’est une véritable entreprise à l’intérieur de l’entreprise. Et quand on a vu cette dynamique-là, le conseil d’administration s’est dit : « Pourquoi ne pas essayer d’aller plus loin » et donc, nous avons créé cette SSLL. Et dans cette SSLL, c’est vrai que les acteurs de la SSLL vont être tous ces passionnés de logiciel libre ; c’est pour ça que je ne doute pas de la réussite de ce que nous allons faire. D’abord parce qu’il y a des passionnés qui vont être les acteurs du développement - ce sont des gens qui se connaissent entre eux ; ensuite nous avons des moyens. Il faut savoir qu’aujourd’hui, la SSLL que nous avons constituée, elle est dotée d’un capital de 2,6 millions d’euros. Donc nous n’avons pas fait ça en mettant simplement 30&nbsp;000 euros sur la table ; nous avons mis les moyens permettant. C’est un investissement, une vision dans l’avenir, mais on pense que c’est nécessaire par rapport à notre activité. Et ensuite, deuxièmement on est dans une logique de mutualisation de coûts.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Mais vous êtes dans une entreprise unique. Là je vous parlais d’un appel d’offres pour <em>masteriser</em> les bécanes.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Tout à fait. Absolument. Mais je crois, Monsieur Emmanuelli, que l’intérêt c’est de pouvoir répondre, justement, aux appels d’offres comme vous le disiez, et d’avoir la structure, pas du tout une mutuelle, on n’est absolument pas légitimes, notre métier ce n’est pas ça.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est quoi comme structure ?<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>C’est une SAS, avec un capital de 2 millions 6 qui, aujourd’hui, intègre l’ensemble des savoir-faire soit techniques, soit logiciels, soit téléphonie, développés sur des bases libres, et qui va, eh bien depuis le premier juillet normalement, proposer sur le marché ses solutions, aura la capacité à répondre à des appels d’offres. Notre ambition, soyons clairs – moi je suis né à Mont-de-Marsan, on est Landais, je porte un nom, d’ailleurs, qui ne peut pas trahir cette origine – nous, notre idée, et c’est pour ça aussi qu’au départ on a soutenu cette…<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Pas de chauvinisme, s'il vous plait !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Mais je pense que notre idée c’est de dire « il y a une place à prendre dans ce monde-là », comme le disait M. Elineau, et on a la capacité aujourd’hui, à Mont-de-Marsan, à partir d’un noyau de base de passionnés mais également des moyens financiers disponibles et ne serait-ce que les initiatives que vous avez prises en termes d’informatisation au niveau des collèges, etc. – il y a une vraie culture qui s’est déjà développée dans notre département – on a la capacité à faire de notre département un département phare dans le développement des logiciels libres.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il y a l’ALPI [Agence Landaise Pour l’Informatique, NdT] aussi, qui fait beaucoup de boulot sur toutes les collectivités locales.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Il y a l’ALPI également, excusez-moi de ne pas y avoir pensé. Mais vraiment il y a un élan, là, et je pense que si on arrive à, comment dire, à ramer tous dans le même sens, on a la capacité à faire quelque chose de beau et de grand pour le logiciel libre à partir de Mont-de-Marsan et à partir du département des Landes. Voilà !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>On ne peut que le souhaiter. Vous y faisiez allusion au début de cet entretien. Effectivement, les enjeux sont immenses, puisqu’on peut considérer, aujourd’hui, que l’outil informatique est au cœur de toutes les activités humaines, puisque, même pour réparer sa voiture, il faut l’amener et mettre une prise de diagnostic qui va être interprété par un ordinateur.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Ça c’est rien ! Quand on va se mettre la prise dessus, ça va être mieux ! Ça va arriver ça !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Ah ben oui, on y arrive. Tous les gens d’ailleurs qui ont la chance d’avoir été opérés de la maladie de Parkinson sont déjà câblés, si je puis dire.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>La chance ! Oui !<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Il vaut mieux avoir la chance d’avoir été opéré plutôt que de ne pas encore l’être, puisque ce sont quand même des thérapeutiques qui fonctionnent. C’est vrai que les enjeux sont immenses. L’outil informatique qui est, comme je disais, au cœur de toute activité humaine et, du coup, c’est un petit peu un choc des titans. Il y a aussi, peut-être une question civilisationnelle, peut-être ça touche aussi la propriété intellectuelle, puisqu’on voit que l’Office européen des brevets continue à encaisser des brevets logiciels même s’ils n’ont pas cours, dans l’espoir qu’un jour ils auront cours et qu’on pourra « toucher le jackpot », entre guillemets. Donc là c’est vraiment une guerre au niveau planétaire, un combat, même si certains arrivent à s’entendre. Et là, le cadre n’est plus régional ou national, il est vraiment international et donc, il y a des oppositions, des difficultés, auxquelles chaque État tente de répondre à sa mesure. Et là, je me tourne vers Benoît Sibaud puisque l’April est là aussi, souvent pour faire de la pédagogie auprès des politiques.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Et envoyer des mails aux parlementaires ! <br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Envoyer des mails aux parlementaires. Faire du <em>lobbying</em>, eh oui, puisqu’il est juste que des deux côtés on puisse utiliser le <em>lobbying</em> pour parvenir, en tout cas, à communiquer. Là aussi, les enjeux touchent aussi aux libertés individuelles. Voilà. Ce sont des vastes débats qui, parfois, ont tendance à remettre un petit peu en cause nos modèles de société.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Tout à fait. Ça fait partie des discussions qu’on a régulièrement, notamment dans le cadre des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. En 2005, les grandes discussions étaient autour de la brevetabilité du logiciel. En 2006, c’était la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information, qui a protégé, créé un verrouillage de la culture en excluant le logiciel libre du domaine des contenus audiovisuels et numériques, les fameux dispositifs de contrôle de l’usage, dits DRM [<em>digital rights management</em>, NdT].<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>DRM !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Un vrai problème qui est d’ailleurs perçu à l’Assemblée nationale par les députés, qui sont obligés de passer par un logiciel propriétaire pour pouvoir lire des contenus numériques, exactement comme nous l’avions annoncé lors de l’examen de la loi, même si on n’a pas été entendus à ce moment-là.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Entendus par qui, jeune homme ?<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Entendus par le gouvernement.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Ah oui. Parce que arrêtez tous de faire comme si à l’Assemblée nationale il n’y avait pas une majorité et une opposition. Mais c’est grave ça ! J’entends ça partout ! C’est terrible !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On a eu des alliés, d’ailleurs, de tous partis politiques pendant ces débats-là. Et évidemment on attend, en ce moment d’ailleurs, le retour du Conseil d’État sur cette question-là, en particulier. Cette année, c’est le retour d’une législation encore plus dure dans la poursuite sur le sujet, la fameuse loi dite HADOPI [Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, NdT] pour créer une autorité chargée de priver les internautes d’un accès à la culture numérique. Ça, c’est pour le niveau national, le système dit de riposte graduée, qui va être décliné, pour lequel la France actuellement pousse au niveau européen pour qu’on ait la même déclinaison dans le cadre du paquet Télécoms, avec, à la fois, les mesures de filtrage et de contrôle et, à la fois, la question de la riposte graduée, le fait de pouvoir décider de couper l’accès à la culture à Internet, à la culture numérique pour certains des abonnés.<br />
<br />
Donc ce sont les questions du moment. Ce sont des questions qui sont urgentes parce que, le paquet Télécoms, il reste une semaine pour en discuter au Parlement européen. On voit l’activité intense de divers <em>lobbyistes</em> à ce niveau-là, que ça soit du côté des producteurs de contenus ou du côté des éditeurs de logiciels qui sont en train de compléter leur panoplie de verrouillage de l’accès à la culture numérique et de l’accès à la connaissance, que ça soit à la fois côté logiciel et côté matériel. Il est important que les gens soient sensibles et s’intéressent rapidement à ces questions-là. La communauté, les communautés du logiciel libre sont particulièrement vigilantes sur ces sujets et on attend, bien évidemment, des soutiens de tous bords pour lutter contre les verrouillages sur la connaissance.<br />
<br />
==20’ 53 ==<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous permettez que je vous dise quelque chose, très gentiment ? N’y voyez pas… « De tous bords ! » Mais enfin, à l’Assemblée nationale, il y a une majorité, une minorité, quand même. Il y a eu une majorité pour voter ce texte et une minorité pour voter contre. Or quand vous dites « de tous bords », on ne sait plus où situer les responsabilités. Je m’excuse, mais moi j’ai participé à cette loi DADVSI [loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information, NdT], j’ai bien vu qui suivait le gouvernement et votait et l’a faite voter, et ceux qui étaient contre. Et je vous dis ça non pas du tout par esprit polémique, mais parce que ça devient une espèce de généralité en France. Dans l’avion, quand je rentre, on me dit : « Vous allez empêcher ce texte. » Eh bien non, je ne peux pas, je suis minoritaire ! Il faut qu’ils aillent dire ça à un député de l’UMP, mais pas à un député PS. En indifférenciant comme ça, en disant « de tous bords » ! Non ! <br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On peut citer des noms, n’hésitez pas.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Non, je ne vous demande pas des noms, mais je vous demande qu’on laisse bien comprendre à nos auditeurs qu’une loi ne passe pas toute seule, quoi ! Il faut une majorité pour qu’elle passe. Et les groupes, à l’Assemblée, votent par groupes ; ils ne votent pas par individu. Voilà !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Je rejoins parfaitement ce que dit M. Emmanuelli. À un moment donné, il faut assumer ses décisions. Aujourd’hui, il y a quand même bien un clivage très net entre d’un côté des orientations on dira, je dirais entre guillemets « business au profit de quelques grands groupes », et on voit très bien comment la société tente en ce moment…<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Certains <em>lobbying</em>. Il a raison. Parce que, y compris au groupe socialiste, vous voyez je vais être franc jusqu’au bout, au début le groupe socialiste était plutôt pour le verrouillage parce qu’il avait beaucoup écouté, je ne sais pas s’il faut dire, le <em>lobbying</em>, mais en tout cas beaucoup écouté les artistes, disons, les auteurs.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Les producteurs de contenu aussi. Je pense à Vivendi.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais au départ, ceux qui étaient dans l’hémicycle n’étaient pas de l’avis du groupe. Et finalement, ceux qui étaient dans l’hémicycle ont fini par l’emporter d’ailleurs, puisque les autres n’étaient pas là – on en a profité ! – mais ça s’est passé comme ça. Je crois que pour structurer le débat politique en France, il faut quand même que chacun prenne l’habitude d’appeler un chat un chat, et que chacun prenne ses responsabilités.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Tout à fait. On a bien parlé longtemps d’une fracture numérique. Alors j’ai bien vu qu’il y avait un secrétariat d’État qui a été mis en place. Mais souvent, quand on met un secrétariat d’État, c’est pour brimer un certain nombre de choses et pour mieux le contrôler. Et ce n’est pas du tout pour <em>manager</em> l’autonomie et permettre à des choses de s’exprimer et de développer, au niveau de notre société, un intérêt majeur sur le plan social et sur le plan économique. Aujourd’hui, l’intérêt des logiciels libres, nous on le démontre au niveau de notre entreprise, on pourrait le démontrer pour un ménage, on pourrait le démontrer pour tout un ensemble de personnes, c’est qu’il faut avoir des capacités d’accès, il faut la liberté. Comment ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous téléchargez de la musique, vous !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Non, non, absolument pas. Ma fille.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>De la musique libre.<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>De la musique libre ! Peut-être ma fille, moi je ne sais pas trop. C’est ça qu’il faut voir. Vous savez, dans le monde de la santé, on a un problème qui est l’accès à la santé, dont on voit aujourd’hui aussi qu’il est mis à mal. Mais on est dans le même problème sur le numérique. On est bien dans la liberté d’accès au numérique et je crois qu’aujourd’hui on ne peut pas revenir en arrière sur le plan sociétal. La société tourne autour du numérique, qui prend une importance de plus en plus grande dans la vie de tous les jours, et il faut absolument privilégier la liberté d’accès, parce que ça permettra, au contraire, une logique d’ouverture et une logique de culture différente.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Moi, j’ai une grande crainte, quand même, je le dis à notre ami président de l’association, j’ai peur que le processus, dans le temps, soit un peu ce qu’on a connu, puisqu’on est dans une radio associative, ce qu’on a connu sur les radios libres : au départ, grande bouffée d’oxygène avec la multiplication d’initiatives. Et puis, au fur et à mesure que les prix ont monté, si j’ose dire, eh bien on a vu disparaître la spontanéité au profit des intérêts financiers. Et ce sera ça la vraie bataille. Ce sera de résister aux formidables enjeux financiers qui peuvent être derrière et qui font que, tout à l’heure, un des pères du logiciel libre qui était là, me disait : « Nous avons été trahis ». J'ai dit : « Oui ». Il me disait : « Je ne sais pas si c’est pour de l’argent. J’ai dit : « Je crains que oui, que ce soit pour de l’argent quand même ». Et c’est ça qui est à craindre dans le temps. Vous voyez ce que je veux dire ? Parce que le prix sera tellement énorme, il faudra être un saint pour résister.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Et loin de s’arranger, la situation, après avoir mis une couverture juridique sur des dispositifs de contrôle de l’usage, loin de les enlever, là on poursuit dans le répressif. On va non seulement avoir le droit de payer, le droit d’être bridés, mais en plus, on pourra avoir des coupures d’accès à Internet, du filtrage, des commissions de contrôle de ce qui va circuler, etc. Tout un nombre d’éléments nouveaux de contrôle, de flicage, de répression, sur les réseaux numériques, qui sont très loin des idéaux qu’on peut avoir de diffusion de la connaissance, de partage de la connaissance.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Dans la clandestinité, Mont-de-Marsan développe une école de hackers. On vous en dira plus.<br />
<br />
[Rires]<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>J’entends beaucoup de mots, là, comme contrôle, voilà ! Le contrôle. Ce sont souvent des mots qu’on entend justement du côté de l’opposition, ce genre de mots. Ce sont des reproches qu’on fait. Qu’est-ce que ça vous évoque vous, de voir que dans le texte de loi lui-même, on parle de riposte graduée. Je trouve que c’est un mot très agressif.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est un mot qui a été emprunté en plus, je le dis pour vous parce que vous n’étiez pas né, à mon avis, quand ça a été à la mode. C’était McNamara, dans les années 60 – ce n’est pas très vieux non plus – qui avait vanté ça, n’est-ce pas, la riposte dissuasive. C’était par rapport à ce qui se passait en Asie à l’époque, au Vietnam, machin, la riposte graduée, vous voyez, qui se terminait par le <em>massive retaliation</em>, c’est-à-dire la riposte finale.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>La solution finale.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>L'arme nucléaire.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Voilà, pratiquement, de l’arme nucléaire quoi ! Oui, mais parce qu’on revient au même sujet : il y a des enjeux financiers énormes. Et la vraie question en termes philosophiques, je n’ai pas la réponse vous l’imaginez bien, c’est jusqu’à quel point les individus sont capables de résister à la tentation ? Quel est le prix de la sainteté ? Qu’elle soit religieuse ou laïque d’ailleurs, peu importe ! Mais jusqu’où on trouvera des gens qui sont capables de dire « malgré l’offre qui m’est faite, tellement alléchante, je maintiens le point de vue de la liberté quand même. » Ça, ça va être la bataille des années à venir ; vous devriez le savoir mieux que moi.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Il n’est pas question ici d’écouter l’avis des gens. Les dispositifs en question sont largement impopulaires. La loi qui a été passée, la loi DAVDSI, elle est évidemment impopulaire, elle n’est absolument pas respectée.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Chez les jeunes !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Oh, vu le nombre de millions de télé-chargeurs en France on peut considérer qu’elle n’est absolument pas respectée. Elle est inapplicable. C’est techniquement une aberration ; c’est impossible à appliquer et voilà ! Et en plus, elle est inappliquée. Personne ne souhaite la faire appliquer. C’est une loi qui sert juste à créer de l’incertitude juridique.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Avec les disques mobiles ! Avec les disques durs mobiles !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Même si ceux qui sont allés se dénoncer n’ont pas été poursuivis. Donc je vois mal comment on peut vouloir renforcer, mettre plus de répressif, si on n’est même pas capables d’appliquer les lois qui ont été proposées.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Heureusement les supports sont mobiles ! Alors on pourra échapper. On sera prévenu à l’entrée. Hop ! On débranche !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Je voudrais rebondir sur ce que vous avez dit. Je prends souvent cette image-là : on prend un verre ; il est, pour certains, à moitié vide et pour d’autres, à moitié plein. Je rebondirai sur ce qu’a dit M. Emmanuelli, sur les enjeux à venir qui sont des enjeux certainement financiers énormes. Je rappellerai, quand même, que le meilleur moyen de se préparer à ça c’est peut-être d’investir et de diffuser et, éventuellement, de structurer autour d’un pan économique qui existe fortement en France et qui est extrêmement développé, qui est l’économie sociale. Et qui serait peut-être un moyen, d’une certaine façon, d’organiser, entre guillemets, ce marché. Mais c’est ça globalement, avec ces intérêts financiers, en le faisant de façon à ce que les états d’esprit, les fondamentaux dont on parlait, le partage, etc., soient respectés. Je pense qu’ils seront beaucoup plus respectés dans le cas d’une économie sociale que dans le cas d’une économie libérale.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Moi je ne voudrais pas, et je termine là-dessus, vous paraître pessimiste : je ne pense pas que la bataille soit perdue d’avance, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. J’ai voulu simplement dire qu’elle sera rude. Mais je fais confiance aux générations qui arrivent pour la gagner. Et c’est vrai que plus il y aura d’utilisateurs, enfin plus il y aura de gens qui ont intérêt à ce que la liberté soit sauvegardée, plus le rapport de force sera en faveur de la liberté. La diffusion du logiciel libre va dans ce sens-là.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On a déjà des beaux exemples de succès à montrer. Il n’y a pas d’Internet actuellement sans logiciel libre. Le logiciel libre fait tourner toute l’infrastructure d’Internet. Pas de logiciel libre, pas d’Internet. Parmi les plus gros sites de la planète, on trouve Wikipédia, l’encyclopédie en ligne contributive, basée sur les modèles du logiciel libre et qui, donc, est une référence au niveau mondial sur le sujet. Les succès sont là. La vraie question n’est pas de savoir si on va gagner sur ces questions-là ; c’est quand ?<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il faut absolument les garder.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Et plus on aura une riposte dure en face, plus, au final, ça va se retourner contre ceux qui poussent ce genre d’actions. Vouloir pousser des lois liberticides et répressives pour ne pas pouvoir les appliquer, ça ne sert strictement à rien, à part se mettre à dos la population, en l’occurrence, là, les internautes et tous ceux qui utilisent, accèdent, contribuent, créent de la culture numérique, de la connaissance.<br />
<br />
==30’ 17==<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Et moi je me suis mis à dos quelques auteurs célèbres. Il y en a un qui m’a dit : « Alors tu es un écrivain », il m’a dit « vous avez écrit un bouquin dans votre vie, vous savez ce que c’est le droit d’auteur ». J’ai dit : « Oui, pas trop, j’ai juste acheté une tondeuse avec, donc ce n’est pas… » Mais j’ai dit : « Moi, je connais aussi beaucoup d’auteurs, on devrait payer les lecteurs pour qu’ils les lisent, quoi ! » Dans la musique, alors quelqu’un du Sud-Ouest, qui est bien connu a dit : « Pour Emmanuelli l’art n’a pas de valeur ! » Je lui ai répondu : « Je ne savais pas que la valeur de l’art c’était uniquement de l’argent !» Depuis je ne l’ai plus entendu. Mais c’est ça la bataille, elle est compliquée. Moi je ne crois pas, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur mon propos, je ne crois pas que ceux qui veulent entraver ça réussiront. Ils ne réussiront pas parce que le flux contraire est trop puissant. On se comprend bien ? J’avais dit ça sous une forme humoristique au ministre. Je luis avais dit : « Vous essayez de passer un string à une baleine et vous n’y arriverez pas ! » Bon !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>C’est exactement ça. On voit qu’on essaie de passer des choses qui sont techniquement irréalistes, qui sont socialement inacceptables, et qui sont fortement liberticides. Pour réussir à préserver le pré carré de quelques-uns, on va mettre derrière des barrières tout le reste de la population.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Moi, ce n’est pas la loi que je crains. Je dis toujours que je termine et je ne termine jamais ! Je pense que la loi répressive n’y arrivera pas ; on n’arrivera pas à réprimer ça, parce qu’il y a trop de gens concernés pour garder la liberté de télécharger et de voir, d’aller, de venir. En revanche, ce que je crains, c’est la puissance de l’argent. C’est-à-dire, ce sont les défaillances dans le camp de la liberté, si vous voyez ce que je veux dire. Ça me paraît plus dangereux, à terme, que la capacité répressive de la loi. Parce que l’argent réussit à faire ce que la loi ne réussit pas toujours à faire.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Vous avez parlé de philosophie de l’argent et de loi liberticide. Mais il y a un mot, aussi, vous avez dit impopulaire. Et je ne vais pas faire l’anti-discours de l’April, loin de là, mais justement, je ne pense pas qu’elle soit impopulaire cette loi, puisque Internet ce n’est pas la France. On l’a démontré l’an dernier, avec les élections présidentielles notamment, on voit bien que l’opinion des internautes n’est pas représentative de l’opinion de l’ensemble des consommateurs. Et pour moi, quand on voit le succès de portails comme Virgin Megastore ou iTunes, qui soutiennent les DRM et qui font partie des mêmes personnes qui contrôlent ces <em>lobbies</em>. Bon, même s’il y a beaucoup plus de personnes, mais parmi les geeks, parmi les passionnés qui téléchargent comme des gorets sur eMule des MP3.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Pourquoi comme des gorets, tout de suite ?<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>À quelques gigas près.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Comme des chamois, pas comme des gorets.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Je ne trouve pas qu’on puisse parler d’une loi impopulaire. Malheureusement ! Je préférerais qu’elle soit impopulaire.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Tout dépend de ce qu’on appelle impopulaire. Ce sont les parlementaires européens qui ont trouvé que c’était contraire à l’accès à la culture, à la connaissance, de vouloir filtrer, brider, limiter l’accès à Internet. Ça, c’est une question des représentants du peuple.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous connaissez le refrain qu’on leur sert. On leur dit : « Sans moyens financiers il n’y aura pas de grandes sociétés de production ; il n’y aura plus de production artistique. » Et donc, en fait, ils sont stigmatisés comme étant ceux qui vont mutiler la création artistique. C’est ça le grand raisonnement, voilà !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Et en échange certains sont en train de préparer une stérilisation d’Internet en posant du contrôle, du filtrage partout, et en voulant vraiment avoir un vrai contrôle à tous les niveaux sur les échanges et la connaissance.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Il y a toujours moyen de braver les tabous sexuels en solitaire !<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Ce n’est pas très encourageant. <br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est dit par une périphrase !<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>C’est très clair !<br />
<br />
[Rires]<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Pour l’anecdote, parce que nous c’est vraiment notre domaine à Freenews, les fournisseurs d’accès à Internet ont pris pour manie depuis quelques années de signer en petit, en bas de tous leurs communiqués de presse, dès qu’ils sortent un nouveau service qui va attirer, évidemment, les gros télé-chargeurs, ils mettent une petite phrase qui est tout simplement : « Le piratage nuit à la créativité artistique ».<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, eh bien c’est ça !<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Ça, c’est aussi prendre un raccourci que de dire ça. On a démontré qu’il y avait de la créativité artistique qui, finalement, ne craignait même pas le piratage. Le piratage n’existe pas dans certains cas.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>Rappelons juste que les auteurs de logiciels libres sont des auteurs. Ceux qui créent des contenus numériques libres, de la musique libre et autres, produisent des œuvres, ce sont des auteurs.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Mais ce sont des auteurs altruistes. On ne retient que le nom des auteurs égocentriques.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Oui ! Dans un même ordre d’idée, ramener la créativité, la notion de créativité au seul top 50 ou plutôt au top 6 % des sociétaires des sociétés civiles de gestion de droits qui touchent, effectivement, quelque chose d’équivalent au SMIC, par exemple, c’est un petit peu un raccourci. Je précise qu’à Montpellier, si je prends tous les groupes de musique qui vivent de leur musique, il n’y en pas 10 % qui sont sociétaires de la SACEM, et pourtant ils arrivent à tourner.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Vous devez vous y connaître mieux que moi, mais un des grands succès de la chanson, cet hiver, ça a été un jingle qui était paru sur Internet. C’est bien ça ? Vous devriez savoir ça vous !<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Une chanson très, très populaire, je pense tout simplement, l’exemple qui correspond, c’est la chanteuse Laurie, super connue. Elle est née sur un portail de musique. À l’époque, en plus, c’était vraiment tout nouveau ; le MP3 était à peine naissant. Oui, Laurie a eu le succès qu’on connaît.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Je savais qu’il connaîtrait le nom lui.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Pourtant ce n’est pas vraiment ma génération ; c’est encore avant. Je fais plus jeune.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est encore avant, mais vous êtes très bien conservé.<br />
<br />
<b>Benoît Sibaud : </b>On est bien d’accord : 52 artistes aux oreilles desquels les majors murmurent ce qu’il faut dire ne font pas la culture.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Exactement et surtout si c’est Laurie. Peut-être un danger un peu plus grave, c’est de décrédibiliser le législateur quand, effectivement, le public se rend compte que des lois sont votées et que les décrets d’application quand ils sortent ou quand ils ne sortent pas. On se dit : « On fait passer des textes et, finalement, il y n’y a pas de décrets d’application, donc c’est du vent ! »<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>S’il n’y a pas de décrets d’application, c’est du vent. Oui !<br />
<br />
<b>Intervenant : </b>Ça c’est peut-être plus dangereux que les histoires des artistes.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Oui, mais là, je ne sais pas, on peut dire : « C’est de l’habileté » ou on peut dire : « C’est de la perversité ». On choisit en fonction de ses attaches. Mais effectivement, une loi est votée ; alors on a fait plaisir puisqu’elle est apparemment répressive. En même temps, on ne va pas se mettre tous les jeunes sur le dos, donc on oublie de publier les décrets d’application, comme ça… Mais ça ne dure pas, ça dure un an, deux ans, et puis au bout de deux ans, les uns s’aperçoivent que ce n’est pas répressif, les autres que ça ne fait pas fonction non plus. Donc ça ne dure pas !<br />
<br />
<b>Jacques Marsant : </b>Et puis moi, je crois que fondamentalement on part de l’éducation des jeunes. Et c’est vrai qu’aujourd’hui les jeunes naissent avec l’informatique, enfin c’est quelque chose qu’ils connaissent complètement. C’est aussi un vecteur, peut-être, à utiliser, à voir comment on peut le dynamiser, à la fois dans les parcours éducatifs – on a eu l’occasion de voir là-bas des gamins d’une école élémentaire qui étaient en train de découvrir un petit logiciel éducatif, qui était un logiciel libre qui avait évolué. Je crois aussi qu’on a des leviers, peut-être au niveau économique, mais on a également des leviers qui sont certainement dans la partie éducative et dans la partie pédagogique, parce que c’est à partir de là que se font les cultures. Moi je dis, le premier ordinateur sur lequel j’ai travaillé c’était un Mac et j’avais 24 ans. Donc vous voyez ! Là j’ai vu des gamins qui avaient 4 ans ou 5 ans ou 6 ans, 6 ans peut-être, tout à l’heure, et qui étaient déjà en train de travailler sur des ordinateurs. Il y a une chance extraordinaire, là, je crois, qui s’ouvre, pour qu’on soit capables de développer cet esprit d’ouverture, à la fois avec des problématiques d’utilisation, mais aussi des problématiques de choix. Aujourd’hui, un gamin, à 11 ans, il sait faire des choix. À une époque, il fallait avoir 18 ans et avant il fallait avoir 21 ans. Tout ça s’accélère. Je crois qu’il faut avoir une vraie volonté d’engagement pour arriver à atteindre ces objectifs dont vous parlez et pouvoir lutter contre ces mesures qui ne comprennent pas, je crois, le sens de l’évolution de notre société.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Je crois que nous touchons à la fin de ce débat. Je me félicite qu’il ait pu avoir lieu. Comme quoi les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre ça permet aussi des rencontres au micro et des discussions qu’on n’a pas forcément dans les couloirs du village associatif où beaucoup sont des spécialistes, des techniciens qui maîtrisent des langages qui sont en français, mais auxquels on ne comprend pas toujours grand-chose. Je vous remercie tous d’avoir été présents : Jean-Christophe Elineau, Henri Emmanuelli, Jacques Marsant, Benoît Sibaud. Si vous avez un dernier mot.<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>Lui vous ne le remerciez pas ?<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Il me remerciera après. On se remerciera après.<br />
<br />
<b>Gilles Gouget : </b>Si vous avez un dernier mot à dire, eh bien c’est maintenant.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Juste un dernier mot. Moi je voulais faire un petit bilan très rapidement, même si on est encore en milieu de manifestation. Je pense que la fréquentation est excellente. Tout se passe très, très bien, si ce n’est le temps aujourd’hui, hier et aujourd'hui, mais ça va revenir demain. Et je pense que ces Rencontres devraient être…<br />
<br />
<b>Henri Emmanuelli : </b>C’est le système du régulateur. Il faisait trop chaud, c’est redescendu, c’est remonté.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Elineau : </b>Ces rencontres devraient laisser, sans doute, un excellent souvenir.<br />
<br />
<b>Florian Martin : </b>Voilà. Eh bien merci à tous. On va terminer cette émission. Comme tu l’évoquais, Gilles, le village associatif plein de geeks, plein de barbus, plein de pingouins ce sera cet après-midi à 18 heures comme chaque jour. Et puis retrouvez-nous encore demain à 13 heures en direct toujours de Mont-de-Marsan aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2008. Voilà ! Nous allons rendre l’antenne notamment à la régie à Montpellier de Divergence FM. Restez à l’écoute du 93.9 et de Freenews TV.</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Nouvelles_de_l%27April_Avril/Mai_2015&diff=67522Nouvelles de l'April Avril/Mai 20152015-05-25T17:31:58Z<p>Bsibaud : Relecture</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
<br />
'''Titre :''' Nouvelles de l'April<br />
<br />
'''Intervenants :''' Luc Fievet, Jean-Christophe Becquet, Marie Duponchelle, Laurent Costy, Christian Momon, Laurent Guerby, Magali Garnero<br />
<br />
'''Date :''' Avril/Mai 2015<br />
<br />
'''Durée :''' 13 min 12<br />
<br />
''' [http://audio.april.org/ep/nouvelles-de-l-april-avril-2015/ Lien] vers la vidéo<br />
<br />
<br />
==''Transcrit MO''relu avec le son par Bookynette==<br />
<br />
'''Luc Fievet :''' Les nouvelles de l'April bonjour. J'ai deux micros puisque nous allons faire des interviews un peu sur le vif. Ce week-end on a une réunion de CA, c'est-à-dire qu'on passe tout le week-end, en réunions, à discuter de tas de choses, et évidemment, on invite les membres qui peuvent venir, le soir, à un apéro, pour discuter, boire des coups, des trucs comme ça. Donc ce qui explique qu'il y a beaucoup de monde derrière et on va aller solliciter un certain nombre de personnes, de membres, et de membres du CA de l'April, pour faire un petit peu le tour de l'actualité. Jean-Christophe bonjour, tu es le nouveau président de l'April.<br />
<br />
'''Jean-Christophe Becquet :''' Oui. Bonjour.<br />
<br />
'''Luc :''' Tu vas nous parler un petit peu de ce qui s'est passé récemment, dans la galaxie April, dans tout ce qui nous entoure, les sujets. Il y a déjà un truc qu'on a signé qui était lié à la Journée de Libération des Documents.<br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Oui, effectivement, l'April a signé la Journée de Libération des Documents<ref>[https://www.april.org/journee-de-liberation-des-documents-le-25-mars-2015 Journée de Libération des Documents]</ref> parce que ça parle de formats ouverts et donc c'est lié avec le Logiciel Libre. On a jugé important de soutenir cette initiative de la Document Foundation.<br />
<br />
'''Luc :''' Autre événement récent c'est la campagne Pacte du Logiciel Libre. <br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Oui, la campagne Pacte du Logiciel Libre<ref> [https://www.april.org/pacte-du-logiciel-libre-et-departementales-2015-bilan-de-la-campagne Pacte du Logiciel Libre]</ref>. C'est une campagne récurrente à l'April, à chaque échéance électorale, la campagne candidats.fr<ref> [http://www.candidats.fr/ candidats.fr]</ref>, qui appelle nos membres à interpeller les candidats aux élections sur la signature du Pacte du Logiciel Libre. On a reconduit cette initiative pour les Départementales, avec quelques signataires parmi lesquels certains élus. L’avantage c'est qu'ensuite ça nous donne des relais qui vont être plus sensibles à nos positions et qui vont pouvoir les défendre dans les différentes institutions, aux différents échelons administratifs. Donc là il s'agit des conseils départementaux.<br />
<br />
'''Luc :''' Cette année c'était quand même une petite configuration.<br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Une petite campagne, en partie due au petit succès et à la petite mobilisation citoyenne autour des élections départementales. Ce qui est certain c'est que candidats.fr est une initiative récurrente à l'April et qu'on recommence, à la fin de l'année, pour les Régionales dont on espère que ce sera une campagne plus mobilisatrice étant donné les enjeux autour des lycées, autour de la vie associative, autour du développement économique. Là, voilà, on a plusieurs sujets qui sont fortement mobilisateurs, on espère pouvoir interpeller nos membres et obtenir des participations sur le terrain à la fin de l'année pour les Régionales.<br />
<br />
'''Luc :''' Sinon, on a un nouveau membre à l'April, un membre de taille, c'est une ville. <br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Oui. On se félicite, effectivement, de l'adhésion de la ville de Paris<ref>[https://www.april.org/paris-adhere-lapril-et-renforce-son-engagement-pour-le-logiciel-libre adhésion de la ville de Paris]</ref>. On a également plusieurs adhésions en cours de négociation. Voilà. Je ne peux en dire plus pour le moment. <br />
<br />
'''Luc :''' Ça entretient le suspense !<br />
<br />
''' Jean-Christophe :''' Peut-être que dans quelques semaines on pourra annoncer l'adhésion de quelques conseils régionaux et ça montre, effectivement, la réceptivité des institutionnels au travail de sensibilisation, mené par l'April, qui semble porter, petit à petit, ses fruits.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien. Et dernier point, ça arrive un peu en vrac, mais les Journées du Logiciel Libre de Lyon ?<br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Oui, on était présent, comme chaque année depuis un certain nombre d’années, dans les stands associatifs des Journées du Logiciel Libre à Lyon. Ça fait partie des choses que l'April s'efforce de faire, d’être présente dans les événements locaux pour la partie sensibilisation au Logiciel Libre qui est essentielle. Évidemment, on est une structure de défense, mais si on veut gagner des alliés pour mieux défendre le Logiciel Libre, la première chose à faire c'est de sensibiliser, d'où notre présence aux Journées du Logiciel Libre de Lyon<ref> [http://www.jdll.org/ Journées du Logiciel Libre de Lyon]</ref>, aux RMLL<ref>[https://2015.rmll.info/ RMLL]</ref> cet été, et globalement, à chaque fois que l'invitation nous est faite, essayer d’être présents à travers des stands, des conférenciers, pour faire connaître l'April et son combat pour le Logiciel Libre.<br />
<br />
'''Luc :''' On sera notamment présents au Salon Geekopolis<ref>[http://www.geekopolis.fr/index.php Salon Geekopolis]</ref>, qui est un salon qu'on avait fait l'année dernière, qu'on refait cette année. Salon grand public, qui se déroule le 24/25 mai, si ma mémoire est bonne.<br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Oui. 24/25 mai, à Paris, et on sera à nouveau présents pour faire connaître le Logiciel Libre.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien. Eh bien Christophe, merci beaucoup. <br />
<br />
'''Jean-Christophe :''' Merci.<br />
<br />
'''Luc :''' Bonjour Marie. Tu es administratrice de l'April. On ne te connaît pas très bien mais ça va changer. Et tu vas nous parler de ce qui s'est passé du côté de la CADA et du code source de logiciels développés par le ministère des Finances, si j'ai bonne mémoire.<br />
<br />
'''Marie Duponchelle :''' Oui. En fait la CADA c'est l'administration qui donne, ou pas, l'autorisation de publier des documents administratifs. Et ce qui s'est passé, en fait, c'est qu'il y a un petit bonhomme lambda, un petit citoyen, qui a demandé...<br />
<br />
'''Luc :''' C'est un chercheur, de l'ENS.<br />
<br />
'''Marie :''' Ouais, un chercheur, tout seul, de sa propre initiative, qui a demandé à l'administration des finances de publier le code source de l'algorithme de calcul de l’impôt sur le revenu. Et ce qui s'est passé, c'est qu'il a eu un refus catégorique, il a saisi la CADA et la CADA est venue dire<ref>[https://www.april.org/la-cada-ouvre-une-voie-decisive-pour-la-liberation-des-logiciels-developpes-par-une-administration venue dire]</ref>, et c'est pour ça que ça nous intéresse, que le code source de ce logiciel-là est un document administratif, au sens de la loi qui permet l'accès aux documents administratifs. Potentiellement ça nous intéresse véritablement puisque ça signifie qu'on pourrait publier tous les documents administratifs, code source, qui sont faits par l'administration et qui nous permettraient, nous, de bosser sur ça, et de développer les logiciels libres, puisque c'est dans le format libre que ce serait plus facile de diffuser ces types de...<br />
<br />
'''Luc :''' Oui, c'est vrai que ça aurait plus de sens, effectivement. <br />
<br />
'''Marie :''' Voilà.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien. Donc on suit cette affaire de très près ?<br />
<br />
'''Marie :''' On suit de très près, et on va voir ce que ça va donner puisque en l'état, pour l'instant, ils n'ont pas publié le code source donc on attend de voir ce qu'ils vont faire. Est-ce qu'ils vont se plier à la décision de la CADA ou pas ? On verra à ce niveau-là.<br />
<br />
'''Luc :''' Pour parler un peu de toi parce que c'est quand même super intéressant. Tu es juriste, tu es avocate, tu a été stagiaire à l'April il y a quelques années.<br />
<br />
'''Marie :''' Il y a quelques années.<br />
<br />
'''Luc :''' Et également chez VLC. Et là, cette semaine, tu as fait un truc un peu balaise.<br />
<br />
'''Marie :''' Oui, cette semaine j'ai soutenu ma thèse sur le droit à l'interopérabilité. J'ai soutenu à Paris 1, et contre toute attente, ça a reçu un accueil très favorable de la part des juristes et de la part des membres du jury. Ce qui signifie que la problématique de l'interopérabilité et du droit, eh bien finalement, ça commence à avancer et ça signifie qu'on va faire des grandes avancées, je pense, dans les mois à venir et notamment avec la directive EUCD sur ce point.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien Marie, merci beaucoup. Bonjour Laurent.<br />
<br />
'''Laurent Costy :''' Bonjour Luc.<br />
<br />
'''Luc :''' Toi, ta spécialité au niveau professionnel et, y compris, dans le domaine du Logiciel Libre, c'est le milieu associatif.<br />
<br />
'''Laurent :''' Oui c'est un milieu qui m'intéresse particulièrement, effectivement, mais même à l'April et surtout à l'April aussi.<br />
<br />
'''Luc :''' Tu as lancé il y a quelque temps, on en a parlé dans les nouvelles du libre, un questionnaire qui s'appelle questionnaire Libre Association, et qui vise à comprendre quelle est la pratique informatique des associations.<br />
<br />
'''Laurent :''' Oui. Alors le groupe de travail Libre Association qui a relancé ce questionnaire, avait décidé de le relancer puisqu'on en avait déjà fait un en 2008/2009, et donc là l'idée c’était un peu de voir comment évoluait la question du Libre en milieu associatif. Donc on a lancé cette campagne-là début décembre 2014 et puis un mail questionnaire fin février. On a eu 231 associations qui ont répondu de manière complète, donc ça fait quand même pas mal de matière à étudier et on commence à dépouiller les résultats.<br />
<br />
'''Luc :''' Est-ce qu'il y a des tendances qui se dégagent ?<br />
<br />
'''Laurent :''' Des tendances, non, mais en tout cas il y a quelques petites surprises. On voit que, quand même, dans l'état d'esprit, les associations sont plus au courant de l’existence du Libre qu'il y a quatre/cinq ans. On commence à mesurer ça. Il y a un taux d’utilisation ou de connaissance des logiciels libres qui est bien plus élevé, a priori, qu'il y a quatre/cinq ans<br />
<br />
'''Luc :''' Est-ce qu'il y a des mauvaises surprises ou des choses un peu désespérantes ? Des trucs qui devraient mieux bouger ?<br />
<br />
'''Laurent :''' On a toujours tendance à penser que ça n'avance pas assez vite dans le milieu associatif, parce que les valeurs associatives rejoignent les valeurs du Logiciel Libre. Effectivement, on aimerait que ça aille plus vite.<br />
<br />
'''Luc :''' Est-ce que tu aurais des conseils à donner à un libriste qui aurait des activités associatives pour essayer de pousser le Libre, plus efficacement, dans son asso ?<br />
<br />
'''Laurent :''' Je pense qu’il faut vraiment accompagner les gens. Il y a souvent un décalage, quand même, entre la compétence technique et puis ce qui est présumé connu, de la part des libristes, par les associations, alors qu'en fait elles ont besoin d’être accompagnées, d’être formées. Il faut les écouter, quoi, quand elles disent quelque chose, elles disent « ce n'est pas accessible, etc ». Il faut savoir les entendre, il faut savoir les écouter, savoir les aider à trouver une solution à leur problématique.<br />
<br />
'''Luc :''' Les résultats de cette enquête vous les sortez quand du coup ?<br />
<br />
'''Laurent :''' On espère sortir une synthèse de l'étude avant l'été et puis il aura une retransmission pendant les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre aussi, il y aura une conférence dédiée sur le sujet.<br />
<br />
'''Luc :''' Et le groupe libre asso a quel type d'activités, hormis ce questionnaire ? C'est quoi votre boulot ?<br />
<br />
'''Laurent :''' En ce moment c'est essentiellement le questionnaire, quand même, mais c'est vrai qu'on essaye de promouvoir tous les outils libres. Il y a le site Libre Association<ref>[http://libreassociation.info/ Libre Association]</ref>, évidemment, pour info, qui explicite vraiment très pédagogiquement ce qu'est le Libre et comment on peut promouvoir le libre au sein de son association. On a sorti aussi un catalogue qui permet aux associations d’appréhender les outils qui peuvent être utiles au quotidien pour un usage associatif.<br />
<br />
'''Luc :''' Le catalogue a été réédité, remis à jour récemment, et réédité avec des budgets qu'on a récupérés auprès de je ne sais plus quel acteur pour le mettre à jour.<br />
<br />
'''Laurent :''' La fondation Macif nous a aidé à réimprimer le guide Libre Association<ref>[http://guide.libreassociation.info/html/ Libre Association]</ref>, qui nous permet de le distribuer de manière gracieuse. Évidemment, on a du mal à les distribuer à une personne en particulier. C'est vrai qu'on vise d'abord les têtes de réseaux associatifs pour qu'elles puissent le redistribuer au sein de leurs réseaux et autour d'elles.<br />
<br />
'''Luc :''' Bonjour Christian.<br />
<br />
'''Christian Momon :''' Bonjour l'April.<br />
<br />
'''Luc :''' Tu es un de nos adhérents actifs. Est-ce que tu suis l'actualité, un petit peu, de l'April, et l'actualité de nos sujets ?<br />
<br />
'''Christian :''' Oui, grâce à l'April, car il y a des bonnes listes de diffusion, il y a des communiqués de presse, il y a des résumés, c'est très, très bien !<br />
<br />
'''Luc :''' Est-ce que tu as entendu parler Julia Reda ?<br />
<br />
'''Christian :''' Oui.<br />
<br />
'''Luc :''' Tu en as retenu quoi ?<br />
<br />
'''Christian :''' Que ça fait bouger. Que ça fait du bruit. Qu'il y a des réactions, pas toujours les bonnes, et c'est bien de voir des nouveaux sujets apparaître.<br />
<br />
'''Luc :''' Déjà c'est qui, Julia Reda ?<br />
<br />
'''Christian :''' Eh bien c'est une députée européenne, du parti dit Pirate.<br />
<br />
'''Luc :''' Et qui a été chargée d'une mission.<br />
<br />
'''Christian :''' Elle est chargée d'une mission, absolument et s'est bien débrouillée dans les commissions pour être au bon endroit, au bon moment sur le sujet qu'elle maîtrise le mieux, d'ailleurs.<br />
<br />
'''Luc :''' Le droit d'auteur.<br />
<br />
'''Christian :''' Le droit d'auteur.<br />
<br />
'''Luc :''' Sur la réforme du droit d'auteur.<br />
<br />
'''Christian :''' Sur laquelle elle travaille depuis des années. Qui a fait son travail, effectivement d'analyse, d'un appel à avis ou positions, qui avait été demandé.<br />
<br />
'''Luc :''' Elle a fait toute une série de propositions. Elle a, comme mission, que ce qu'il y a dans l'EUCD soit enfin mis en œuvre, donc avec l'idée de faire une sorte de marché unique sur le domaine du droit d'auteur.<br />
<br />
'''Christian :''' Oui.<br />
<br />
'''Luc :''' Et elle a fait des propositions, notamment, sur les DRM et ça se passe bien en France ? Parce que tu as suivi ça.<br />
<br />
'''Christian :''' Globalement ça génère beaucoup de réactions plutôt négatives et même péjoratives. D'ailleurs il y en a qui ne cherchent même pas à comprendre le sujet et qui voient qu'elle fait partie du Parti Pirate et donc, d'office, rejettent. Globalement, après, je n'ai pas de visibilité sur ce qui s'est passé, à part un certain un nombre de lobbying qui s'est mis en action, avec l'efficacité redoutable que l'on connaît.<br />
<br />
'''Luc :''' Tout à fait. En fait la Commission européenne est plutôt pour, ce qui peut être surprenant parce qu'eux, ils étaient pour ACTA et ce genre de choses aussi. Mais là, en fait, ils sont plutôt pour le rapport de Julia Reda et c'est en France, notamment, où les ayants droit sont assez puissants, qu'il y a pas mal de réticences.<br />
<br />
'''Christian :''' Étonnamment !<br />
<br />
'''Luc :''' Donc nous, le sujet qui nous intéresse tout particulièrement ce sont les DRM, parce qu'elle a fait des propositions<ref>[https://www.april.org/rapport-de-julia-reda-sur-la-revision-de-la-directive-droit-dauteur-vers-un-droit-interoperer-avec-les-drm propositions]</ref> là-dessus, et on suit de très près ce que ça va donner. Pour l'instant c'est en discussion. Elle a rencontré des gens, notamment au Sénat, en France, mais on ne sait pas ce qui s'est passé parce que c’était une réunion privée. On n'a pas eu d'éléments là-dessus. En tout cas, voilà donc Julia Reda, son rapport sur l'évolution du droit d'auteur, et les liens avec les DRM. Il y a plein d'autres choses, évidemment. Tout ça nous intéresse énormément <br />
<br />
'''Christian :''' Et ce qui est étonnant, c'est que c'est en France, apparemment, qu'il y a eu la plus grosse levée de boucliers.<br />
<br />
'''Luc :''' Énormément pour l'exception culturelle. <br />
<br />
'''Christian :''' Ce qui est très intéressant c'est que ça bouge, que les sujets soient abordés, même pas forcément du meilleur côté, mais voilà que ça bouge et que ça bouillonne. Donc écrivez à vos députés, encouragez-les à bosser et à se bouger.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien. Eh bien Christian, merci beaucoup. Bonjour Laurent.<br />
<br />
'''Laurent Guerby :''' Bonjour.<br />
<br />
'''Luc :''' Tu es Laurent Guerby. Tu es au comité d'administration de l'April et tu fais plein d'autres trucs, notamment tu t’occupes de Tetaneutral<ref>[https://www.tetaneutral.net/ Tetaneutral]</ref> à Toulouse.<br />
<br />
'''Laurent :''' Oui.<br />
<br />
'''Luc :''' Et tu es en train d’organiser un événement sur Toulouse.<br />
<br />
'''Laurent :''' Oui. Aussi régulièrement que possible, l'April organise des ''April camps'', qui regroupent les permanents, les bénévoles et des sympathisants, dans un même lieu, pendant tout un week-end. Et à Toulouse on cherche une date et un lieu pour organiser ça dans le courant de 2015, on va dire.<br />
<br />
'''Luc :''' D’accord. Une idée à peu près.<br />
<br />
'''Laurent :''' Une première date mais ça risque d’être difficile, le 13/14 juin, dans les locaux de la société Ekito, qui est une société de conseil en Logiciel libre, et qui vient d'acquérir des nouveaux locaux en plein centre-ville de Toulouse, à 200 mètres de Jean Jaurès, donc le croisement des métros et de la gare, et qui le met à disposition gratuitement, déjà pour des associations dont Tetaneutral, pour faire des soirées. Donc voilà, il y a une convention, on a les clefs le soir. Il y a un superbe lieu, très proche du centre-ville. Donc on s'en sert déjà avec Tetaneutral et Toutlibre et pour les meet-ups embarqués Android et on devrait pouvoir s'en servir pour l'April aussi.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien, eh bien merci beaucoup. <br />
<br />
'''Laurent :''' Eh bien de rien.<br />
<br />
'''Luc :''' Bonjour Magali. <br />
<br />
'''Magali Garnero :''' Bonjour Luc.<br />
<br />
'''Luc :''' Tu peux nous parler de Libre en Fête<ref>[http://www.libre-en-fete.net/ Libre en Fête]</ref> ?<br />
<br />
'''Magali :''' Libre en Fête c'est un événement qui a lieu tous les ans, entre le 20 mars et le 20 avril à peu près, et le but c'est de faire la promotion du logiciel libre, à divers niveaux locaux. Chaque Gull peut organiser un événement et proposer soit une ''install party'', soit des conférences, soit des ateliers sur le Logiciel Libre.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien, Donc c'est une campagne. On invite les gens à se lancer là-dedans tous les gens qui font du Logiciel Libre, partout en France, et ailleurs. Et il y a combien d’événements, là, pour cette année ?<br />
<br />
'''Magali :''' Il y en a plus d'une cinquantaine, et partout en France. Paris forcément puisque c'est là qu'il y en a le plus, historiquement parlant, et puis il y en a aussi en Bretagne, dans le Nord, dans le Sud-Est, dans le Sud-Ouest, à Marseille, Lyon. Il y en a partout.<br />
<br />
'''Luc :''' Et tout ça est annoncé sur ?<br />
<br />
'''Magali :''' Tous les événements sont, bien sûr, sur les sites des associations locales, mais apparaissent aussi, si on met un petit tag qui s’appelle #libre-en-fête, sur l'agenda du libre. Donc agendadulibre.org<ref>[http://www.agendadulibre.org/ agendadulibre.org]</ref> et ça apparaît.<br />
<br />
'''Luc :''' Très bien. Et tu participes également à l'organisation des RMLL, les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre.<br />
<br />
'''Magali :''' Oui j'ai une grande chance c'est que Marc Hépiègne, directeur d'Oisux<ref>[http://www.oisux.org/ Oisux]</ref>, donc l’association de Beauvais, m'a demandé d’organiser le village associatif. Et donc on va avoir une quarantaine de stands, d'abord en centre-ville, sur le parvis de la cathédrale, samedi/dimanche, pour les journées grand public et ensuite dans l’université, directement, de Beauvais.<br />
<br />
'''Luc :''' Les dates c'est juillet ? C'est quoi déjà ? C'est début juillet ?<br />
<br />
'''Magali :''' C'est environ du 4 au 11 juillet, à un jour près.<br />
<br />
'''Luc :''' À Beauvais. Très bien. Eh bien, merci beaucoup. <br />
<br />
'''Magali :''' Mais je t'en prie. Au revoir.<br />
<br />
<references/></div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Le_cloud._Avantages,_libert%C3%A9s_et_gros_probl%C3%A8mes&diff=67514Le cloud. Avantages, libertés et gros problèmes2015-05-25T13:28:44Z<p>Bsibaud : Relecture</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
<br />
'''Titre :''' Le cloud. Avantages, libertés et gros problèmes<br />
<br />
'''Intervenant :''' Xavier Mouton-Dubosc<br />
<br />
'''Lieu :''' Capitole du Libre - Toulouse<br />
<br />
'''Date :''' Novembre 2014<br />
<br />
'''Durée :''' 23 min 51<br />
<br />
''' [http://videos2014.capitoledulibre.org/internet-libre/moutondubosc-cloud-avantages-libertes-problemes.webm Lien] vers la vidéo''' <br />
<br />
==00' ''transcrit MO''relu avec le son par Booky==<br />
<br />
Merci à tous d’être présents sur cette présentation qui va être très embrumée, voire complètement fumeuse sur donc le cloud. Alors, le cloud, en soi c’est un mot dont on entend beaucoup parler depuis cinq ans, sur lequel il y a une vraie mode à la fois au niveau technique mais surtout commercial et en fait, mon rôle à moi va être surtout d'essayer de démêler un petit peu tout ça et je vous jure que je me suis complètement ennuagé là-dedans. <br />
<br />
La première chose que j'ai envie de dire sur le cloud, c'est que, même si le mot est récent, en fait, il est présent depuis pratiquement les débuts de l'informatique. En fait, le cloud c'est principalement la relation entre un gros ordinateur central et des terminaux d’utilisateurs. Ça a toujours existé, c'est quelque chose que l'on maîtrise bien de ce côté-là depuis un sacré bon bout de temps. En soi, le cloud, ce sont des serveurs qui passent par des tuyaux, sauf que maintenant ce ne sont plus des liaisons série entre des bureaux, maintenant c'est l'ADSL ou les ondes Wi-fi, vers des minitels. Oui, en France on a été précurseurs sur le cloud et je vais vous le montrer. Le principe du cloud, en soi, c'est relativement simple, c'est déléguer ses données à un serveur. Pourquoi ? Parce que tout simplement ça me coûte moins cher que de devoir gérer moi-même ce serveur-là. Ensuite, ce serveur, comme c'est quelqu’un d'autre qui va s'occuper à ma place, il va être toujours disponible. Je n'aurai pas de problème parce que quelqu’un a débranché la prise chez moi, ou parce qu’il y a de la maintenance à faire. Quelqu’un d'autre la fera à ma place. <br />
<br />
Malheureusement, cela veut dire aussi, que c'est un serveur sur lequel je n'ai pas toutes les clefs et où je ne sais pas trop ce qu'il se passe derrière. Et le principal problème, c'est que si je ne sais pas trop ce qu'il se passe derrière, ça veut dire que les données que je vais transmettre, que j'accepte qu'elles soient publiques ou que ce soient des données qui sont vraiment personnelles, eh bien il faut se poser la question « qui est-ce qui a accès à ces données et qu'est-ce qu'il va en faire ? »<br />
<br />
En soi, l'informatique n'est plus personnelle. Alors je vous avais dit que le cloud, le principe terminal/grand serveur, a toujours existé dans l'informatique. Oui, mais il y a eu une révolution, en 1977, avec l’arrivée de l'Apple II. C’était un début de démocratisation d'une informatique qui est personnelle. C'est-à-dire que, tout d'un coup, vous avez la puissance de calcul nécessaire chez vous pour faire des traitements ; par exemple, pour travailler sur un tableur de données, pour en faire, par exemple, un carnet d'adresses, ou, par exemple, pour classer, faire votre inventaire si vous êtes une petite entreprise. Et cette informatique-là a été le début, vraiment, de la démocratisation de l'informatique et des développeurs en chambre.<br />
<br />
Malheureusement, le problème de cette informatique personnelle, c'est que l'on avait un problème d'échange de données. À l'époque, on utilisait des disquettes, ou on se transférait par câbles les données d'ordinateur à ordinateur. On avait un problème c'est que du coup, à un instant t, on n'avait pas forcément les mêmes données, tout le monde, sur lesquelles on travaillait. Bref, c’était un gros bazar, les données étaient verrouillées, vraiment, à votre disque dur. Donc il y avait un problème de travail collaboratif là-dessus.<br />
<br />
À partir de là, justement le cloud, la grande promesse, c'est que vous mettez des données quelque part, elles sont disponibles de manière uniforme et pour toutes les personnes qui sont autorisées et quel que soit le matériel. Je veux dire que je suis une preuve vivante, depuis le week-end dernier. Mais par exemple, quand on casse son téléphone, eh bien on est bien content de retrouver l’intégralité de son carnet d'adresses et de ses correspondances disponibles, prêtes à être injectées dans un nouveau téléphone.<br />
<br />
Malheureusement, cela veut dire une chose. Ça veut dire qu'on n'a plus d'informatique réellement personnelle. Ça veut dire que votre ordinateur, votre smartphone, ne sont plus, en soi, directement quelque chose qui vous appartient, quelque chose de strictement indépendant, mais ils sont des terminaux qui sont reliés à des services qui tournent sur des très gros serveurs et qui ne sont pas disponibles près de chez vous.<br />
<br />
Alors, rien que pour faire l'expérience : vous prenez un ordinateur moderne ou vous prenez un smartphone ou une tablette, avec eux c'est encore plus flagrant, vous les débranchez d'Internet et vous regardez ce qui vous reste comme fonctions. Et vous verrez que, tout d'un coup, les fonctions sont fortement dégradées. C'est-à-dire qu'on en est à un stade où ce sont vraiment des terminaux. Ils ont d'abord été conçus pour travailler avec des serveurs de données distants et continuellement avec eux.<br />
<br />
En fait, je vais être honnête, quand je dis que le cloud a toujours existé, ce n'est pas complètement vrai. Le cloud, ce qui fait maintenant qu'on en parle énormément, c'est une technologie qui s'appelle la virtualisation. La virtualisation ça veut dire qu'on n'a plus des serveurs matériels, en soi, qui prennent une certaine place, par exemple, typiquement, si on construisait le volume d'une boite à pizza, dans des salles de serveurs, mais on a des serveurs qui tournent sur des machines qui sont beaucoup plus grosses, qui sont capables de faire tourner en tâche de fond des dizaines, voire des centaines de serveurs derrière, ce qui veut dire qu'on a des data-centers qui leur sont strictement réservés et qui sont disponibles un petit peu partout dans le monde. Et on va voir que la virtualisation permet, par exemple, de rapprocher des données par rapport aux gens, c'est-à-dire ne plus avoir un serveur à un seul endroit dans le monde, mais à pouvoir les étoiler à travers le monde pour les avoir les plus proches, finalement, des utilisateurs<br />
<br />
La virtualisation, en soi, ce que c'est ? La virtualisation, c'est un concept qui consiste à dire, eh bien, le système d’exploitation d'un ordinateur et tout ce qui tourne par-dessus , que ça soit, par exemple, un serveur d'e-mails, que cela soit par exemple un client, un logiciel de comptabilité, tout ça, eh bien ce système d'exploitation va en faire un programme, justement, comme un autre, et il va tourner sur un autre OS. Donc, on peut aligner, indépendamment, plusieurs programmes, l'un à côté de l'autre, sur un très grand serveur. Ce qui veut dire, donc, qu'un serveur, une très grande boîte, peut héberger plusieurs petits serveurs, avant, qui étaient individuels. Le gros avantage, c’est que cette très grande boîte prend beaucoup moins de place que l'ensemble de ces petites boîtes à pizza et donc, à partir de là, on a un gain de place dans le data-center. On a aussi un immense apport au niveau écologique, puisqu'on mutualise l’achat du matériel, on mutualise la consommation d'électricité, on n'a pas besoin continuellement d'avoir des serveurs qui tournent en continu. Peut-être que certains n'auront besoin de tourner que, par exemple, entre 18 heures et 23 heures et d'autres n'ont besoin de travailler que de 9 heures à 17 heures. Cela aussi amène beaucoup de choses au niveau de la maintenance et donc sur plein d'autres points. Du coup, éventuellement, puisqu’on consomme moins d'électricité et qu'on a besoin de beaucoup moins de matériel, au final, ça coûte beaucoup moins cher. S'il y a une panne technique sur un OS, sur votre serveur, le gros avantage c'est qu'on peut le redémarrer beaucoup plus vite. On peut même prendre un instantané du système d’exploitation à un instant t, et relancer une instance de votre système d'exploitation, tel qu'il était une heure avant de planter, en un temps qui est quasiment ridicule par rapport au démarrage d'un vrai ordinateur, et aussi on peut le redimensionner. Ça c'est le grand apport réel du virtuel. Ça veut dire que, si, par exemple vous tenez un blog sur le cinéma, disons que votre blog va faire un millier de visiteurs par jour, ce qui est un chiffre très honorable, mais que, au moment où il y a trois blockbusters et le festival de Cannes qui a lieu en mai, eh bien, vous vous retrouvez avec un million de visiteurs uniques par jour. Si c’était un serveur physique, il serait très vite encombré. Là, dans une machine virtuelle, l'immense avantage, c'est qu'on peut dire qu'on ne loue, toute l'année, que très peu de CPU, très peu de mémoire et qu'à la volée, on dise, eh bien, je n'ai pas besoin de 512 mégas de mémoire, je veux un giga de mémoire, immédiatement, ou 14 gigas, je veux 14 CPU ; on redimensionne à la volée, on n'a même pas besoin de redémarrer le serveur. Donc il y a ce qu'on appelle, vraiment, une scalabilité, ce qui est un avantage en termes d'administration qui est énorme.<br />
<br />
Ce qu'on appelle le cloud, en fait, regroupe trois grandes familles. En fait ces familles-là, c'est quelque chose dont vous avez peut-être entendu parler par les acronymes, mais là je vais essayer, un petit peu, de les définir. J'ai dit essayer. <br />
<br />
Il y a ce qu'on appelle l'infrastructure. L'infrastructure comme un service, c'est quand on prend un ordinateur et qu'on le virtualise. C'est-à-dire, qu'en fait, vous allez juste louer le fait que l'ordinateur est virtualisé. À partir de là, la mise en place du système d’exploitation, la mise en place des logiciels qui sont derrière et leur administration sont de votre ressort. C'est une offre que Gandi fait depuis 2007, OVH fait à peu près depuis la même période. Amazon le fait, c'est ce qu'on appelle la technologie EC2, à peu près depuis la même période, et où, en fait, c'est un peu comme si on louait un serveur matériel, sauf que là il est virtualisé avec les avantages qu'on puisse changer de taille à la volée, le nombre de CPU, le nombre de disques durs qu'il y a dedans. L'infrastructure comme un service c'est une technologie qui, parfois, est utilisée par des particuliers, par des associations ou des entreprises.<br />
<br />
La plate-forme comme un service est un domaine un petit peu particulier. C'est-à-dire que l'OS n'est plus du ressort du client. On a installé, en fait, un service qui n'est pas directement utilisable. Par exemple, on va avoir un environnement d'un langage de programmation ou, par exemple, un base de données. Amazon, boite service, propose par exemple RDS c'est un serveur Postgres, MySQL, etc, c'est un serveur de bases de données qui, en fait, est virtualisé. C'est-à-dire que vous n’avez plus à vous occuper de l'OS, l'administration de ce serveur c'est eux qui la gèrent, vous n'avez plus qu'à l'utiliser. Par contre, c'est un domaine qui est très spécialisé et qui, là, est plus dans le cadre de professionnels très bien documentés ou d'entreprises vraiment spécialisées.<br />
<br />
Et il y a ce qu'on appelle le cloud, d'une manière beaucoup plus générale, d'une manière, je vais dire, un petit peu abusive et très réductrice, le cloud comme étant un logiciel comme un service. Alors là, en fait, tout est installé. L'OS, ce n'est plus vous qui le gérez, la plate-forme ça n'est plus vous qui la gérez ou qui la paramétrez. Vous, tout ce que vous avez à faire, c'est d'aller sur un site Internet, de vous connecter et d'utiliser. Éventuellement de sortir votre carte bleue et encore, je crois que certains services se passent de ce détail oiseux.<br />
<br />
==12' 07 relu avec le son par Booky==<br />
Pour vous donner des exemples de logiciels comme un service, il y a par exemple des clients d’e-mails comme Gmail, il y a par exemple des prestations de blogs comme wordpress.com ou OverBlog ou CanalBlog, il y a par exemple des prestations, aussi, de suites de bureautique comme Microsoft live office où, en fait, avec son navigateur, on a l'équivalent des services Excel ou Word, mais, en fait, on s'en sert à partir de son navigateur. Il y a des services d'échanges de fichiers, par exemple Dropbox. Et la Wikipédia, en soi, oui, la Wikipédia, est un service logiciel, puisque vous vous connectez sur un service, vous consultez les pages et si vous voulez l'éditer, eh bien vous créez un compte, vous n'avez pas à vous préoccuper de l’administration du serveur et du paramétrage du logiciel. Ce sont des personnes derrière qui s'en occupent.<br />
<br />
Pour un utilisateur de logiciels, le cloud a de nombreux avantages. Primo, la seule chose qu'il a à se poser comme question, c'est juste d'avoir un navigateur web et une connectivité. On n'a plus, par exemple, à installer, si on reprend la suite Office, ceux qui ont connu l'ère vaillante des disquettes, savent que Microsoft Office, à une époque, il fallait une bonne trentaine de disquettes pour l'installer, qu'on n’avait pas les bons pilotes, qu'on n'avait pas forcément assez de mémoire dans son ordinateur, et tout ça. Là, la question est transparente, ça marche dans votre navigateur web, donc le service logiciel, vous n'avez plus rien à faire, vous n'avez plus qu'à l'utiliser. <br />
<br />
Il n'y a pas de maintenance, donc ça veut dire qu'on n'a pas à se poser la question de la mise à jour. Quand vous vous connectez, par exemple sur Facebook, vous ne vous posez pas la question si vous utilisez la version 2/36 ou 3/14 de Facebook. Non, vous utilisez une version de Facebook, qui est uniforme pour tout un bassin d’utilisateurs. Donc, de ce côté-là, il n'y a plus à se poser la question « ai-je bien tous les logiciels qui sont mis à jour sur mon poste ? ». Les mises à jour, du coup, sont totalement transparentes, puisqu'en fait, ce n'est qu'une relation client-serveur et ce sont les personnes qui s'occupent du serveur qui vont mettre à jour les logiciels, au lieu que vous ayez à vous en occuper.<br />
<br />
Le logiciel comme un service a aussi d'immenses avantages quand on est éditeur logiciel. D'abord on n'a plus de problèmes de compatibilité. Quand on créait un logiciel, on se posait la question, par exemple, oui, eh bien c'est vrai, j'ai une version pour Windows, mais je n'ai pas une version pour Mac ; oui, j'ai une version pour Windows 95/98, oui elle ne marche pas sur XP ; ou oui, il y a des incompatibilités à cause de tel pilote de carte son ou tel pilote de carte réseau. Là on n'a plus à le gérer. On le configure très bien sur son serveur et on n'a plus qu'à déployer ; ça marche uniformément pour l'ensemble de nos clients ou l'ensemble des utilisateurs.<br />
<br />
La distribution, aussi, est simplifiée. Cela veut dire qu'on n'a plus à avoir une armada de commerciaux qui doivent faire en sorte que vos boîtes en carton, qui font un chouette volume, soient bien présentes dans l'ensemble des rayonnages de toutes les Fnac et tous les Cultura de France. Tout ça vous n'avez plus à le faire, vous n'avez plus qu'à communiquer sur un nom domaine et vous n'avez plus, justement, toute la logistique de distribution régionale, de distribution auprès des entreprises à faire, puisque maintenant tout se fait d'une manière uniforme, via Internet.<br />
<br />
Cela signifie aussi une maintenance beaucoup plus aisée, puisqu'on n'a plus une version A, une version B, une version C, à maintenir pour nos utilisateurs, puisque tout le monde utilise la même version. Donc on est beaucoup plus tranquille. Ça permet aussi d'embarquer une facturation. Donc on n'a plus à se dire « eh bien j'ai une suite Office pour les étudiants, j'ai une suite Office pour les particuliers, j'ai une suite Office pour les PME, j'ai une suite Office pour les grands comptes ». Non ! Finalement vous n'avez plus à gérer tous ces problèmes qui sont absolument oiseux, vous le gérez dans votre serveur, vous gérez aussi le système de facturation de carte bleue, puisque vous n'avez plus de commission à laisser à la Fnac ou à Cultura, donc, de suite, c'est largement plus simple. Ça veut dire aussi une chose, c'est que, s'il n'y a plus de boîte matérielle et que c'est sur le serveur, vous n'avez plus de piratage de licences, vous êtes assuré que tous les utilisateurs sur votre serveur sont des utilisateurs légitimes. <br />
<br />
Alors le cloud, en soi, c'est super ! Enfin oui ! C'est un service qui est vraiment chouette, auquel je donne mes données et avec envie et comme ça je peux faire de la glissade sur les trottoirs sans me préoccuper de savoir si je vais tout perdre ! Mais en fait, si on prend la toute première version du cloud que je vous ai donnée, la plate-forme comme un service, c'est une ''back door'', c'est une porte d’entrée. C’est-à-dire que si jamais par exemple, vous louez, en plate-forme, un serveur, vous mettez dessus un serveur d'entreprise sur lequel il y a votre compta, mais surtout, il y a des documents confidentiels propres à votre entreprise. Vous faites en sorte de ne pas vous faire pirater en instituant des canaux de communication protégés, par exemple du HTTPS ou du SFTP et, théoriquement, personne n'a accès à vos données sinon vous. Eh bien non ! Puisque, comme le logiciel d'exploitation que vous louez tourne dans un autre logiciel d'exploitation, tout est en clair. Ce que stocke en mémoire ou sur disque dur virtuel ce système d'exploitation est lisible par les administrateurs de ces data-centers. Donc, forcément, il y a un accès, privilégié, auquel vous n'avez plus droit et qui est totalement en dehors de vote contrôle.<br />
<br />
Autre chose aussi, qui est importante, c'est que vous relevez de la juridiction des serveurs du pays de votre hébergeur et du siège social de votre hébergeur. Nous sommes des citoyens français, donc, a priori, votre principal problème est de respecter la loi française. Mais si, par exemple, vous utilisez des services d'Amazon, n'oubliez pas qu'Amazon est une société américaine, donc vous relevez de la juridiction américaine et que ses data-centers, pour l'Europe, sont principalement basés à Dublin, donc vous relevez de la juridiction irlandaise. Donc vous êtes dans un début de complexification assez ardue du droit duquel vous relevez. <br />
<br />
Alors le problème ? Le problème du cloud c'est d'avoir le choix. Et comme je l'ai dit maintenant nos ordinateurs, nos smartphones, sont liés à ces services-là, ils sont intrinsèquement liés. Donc vous n’avez plus ce choix-là, et vous n'avez plus cette liberté que procurait auparavant l'informatique personnelle. En fait on n’achète plus du matériel. Quand vous regardez bien, quand vous achetez un smartphone, quand vous achetez une tablette, vous louez des services intégrés, et le terminal n'est juste qu'un petit bonus. Si je devais faire, en fait, une comparaison, ce n'est ni plus ni moins qu’une box ADSL, et après, vous pouvez, effectivement, faire tourner les logiciels dessus, mais vous êtes réellement dans ce qu'on appelle un silo. Un silo, ça veut dire que, quand vous achetez un iPhone, vous faites tourner dans iOS, vous faites tourner, donc, le système de facturation d'Apple, vous ne pouvez utiliser qu'un seul navigateur, qui est Safari, et vous ne pouvez utiliser des logiciels qui ne sont que ceux qui sont distribués par Apple. Idem chez Google. Idem chez Microsoft. Idem chez Blackberry. Je préfère ce terme écologique. C'est un écosystème replié, insulaire et autosuffisant. C'est un peu les îles Galapagos ou les Corses. Vous verrez, les Corses essaient de se placer ailleurs mais n’aiment pas qu'on aille se placer chez eux. En soi, le cloud, si je dois faire un jeu de mots, c'est capturer beaucoup de données utilisateurs. <br />
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Alors contre ça, heureusement on a proposé le Cloud Souverain, on a mis un judoka sur un nuage, magnifique, superbe. Mais le Cloud Souverain c'est une vaste blague. C'est un gâchis d'argent public, c'est-à-dire qu'on a débloqué plus de cinquante millions pour construire deux opérateurs, qui sont soutenus par deux groupes qui étaient complètement en retard sur ces technologies. Ce qui veut dire qu'ils concurrençaient Ikoula, OVH, Gandi, qui étaient déjà présents et très performants sur ce terme-là, sur lequel il n'y a aucune spécification solide. Numergy, par exemple, envoie ses e-mails via une plate-forme d'envoi d'e-mails, donc tous ses e-mails, à la fois les e-mails commerciaux, mais par exemple, les e-mails avec vos créances, nom d'utilisateur et mot de passe. Sauf que ces services de plate-forme étaient basés sur Amazon, donc vos mots de passe passaient par des entreprises américaines. Je pense qu'il y a mieux, quand même, comme Cloud Souverain, tandis que notre entreprise est en train de se revendre à des capitaux étrangers. Bref, c'est un concept absolument fumeux et impossible à appliquer et, qui plus est, une marque déposée par SFR.<br />
<br />
Autre problème, la concentration des services. Je vous l'ai dit, Amazon a ses principaux serveurs à Dublin qui arrosent l'Europe. Sauf que, c'est arrivé plus d'une fois, que les serveurs sautent à Dublin, suite à un orage, par exemple, et à partir de là, plein de services ne fonctionnent plus : Vimeo, Amazon, Pinterest, Github, Expédia, SoundCloud et toutes les entreprises qui sont basées du coup sur Amazon, n'étaient plus accessibles pour l'Europe. Ça a aussi existé pour l’hébergement matériel et ça existera toujours, mais cette concentration d'opérateurs rend le problème beaucoup plus grave. <br />
<br />
La concentration c'est aussi plus facile à écouter, puisque, évidemment, on a directement les tuyaux dans ce cas-là. <br />
<br />
Heureusement vous pouvez retrouver votre anonymat. Et pour retrouver votre anonymat, il y a une solution qui s'appelle Tor. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_%28r%C3%A9seau%29 Tor] est un système de proxys distribués entre différents serveurs, que vous ne contrôlez pas. Ouais, bon, passons.<br />
<br />
Heureusement les services SaaS reposent, parfois, sur des standards. Gmail, il y a un protocole derrière. Trois protocoles pour la gestion des e-mails. Ils les utilisent directement. Facebook, Twitter, Overblog sont des systèmes de blog et ont des systèmes d'export compatibles avec les systèmes de blog comme Wordpress ou Dotclear. Donc vous devriez pouvoir avoir le droit de récupérer toutes vos données en une fois, ce qu'on appelle la reversabilité. Si vous avez un protocole standard et que vous pouvez récupérer vos données, eh bien vous pouvez, à partir de là, devenir votre propre opérateur de service logiciel, devenir votre propre opérateur de cloud et c’est justement le cadre de la conférence suivante. Voilà. J'espère que cela vous aura, un petit peu, dégagé la vue sur la question. Merci<br />
<br />
''Applaudissements.''</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Le_cloud._Avantages,_libert%C3%A9s_et_gros_probl%C3%A8mes&diff=67513Le cloud. Avantages, libertés et gros problèmes2015-05-25T13:21:20Z<p>Bsibaud : Relecture</p>
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<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
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'''Titre :''' Le cloud. Avantages, libertés et gros problèmes<br />
<br />
'''Intervenant :''' Xavier Mouton-Dubosc<br />
<br />
'''Lieu :''' Capitole du Libre - Toulouse<br />
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'''Date :''' Novembre 2014<br />
<br />
'''Durée :''' 23 min 51<br />
<br />
''' [http://videos2014.capitoledulibre.org/internet-libre/moutondubosc-cloud-avantages-libertes-problemes.webm Lien] vers la vidéo''' <br />
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==00' ''transcrit MO''relu avec le son par Booky==<br />
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Merci à tous d’être présents sur cette présentation qui va être très embrumée, voire complètement fumeuse sur donc le cloud. Alors, le cloud, en soi c’est un mot dont on entend beaucoup parler depuis cinq ans, sur lequel il y a une vraie mode à la fois au niveau technique mais surtout commercial et en fait, mon rôle à moi va être surtout d'essayer de démêler un petit peu tout ça et je vous jure que je me suis complètement ennuagé là-dedans. <br />
<br />
La première chose que j'ai envie de dire sur le cloud, c'est que, même si le mot est récent, en fait, il est présent depuis pratiquement les débuts de l'informatique. En fait, le cloud c'est principalement la relation entre un gros ordinateur central et des terminaux d’utilisateurs. Ça a toujours existé, c'est quelque chose que l'on maîtrise bien de ce côté-là depuis un sacré bon bout de temps. En soi, le cloud, ce sont des serveurs qui passent par des tuyaux, sauf que maintenant ce ne sont plus des liaisons série entre des bureaux, maintenant c'est l'ADSL ou les ondes Wi-fi, vers des minitels. Oui, en France on a été précurseurs sur le cloud et je vais vous le montrer. Le principe du cloud, en soi, c'est relativement simple, c'est déléguer ses données à un serveur. Pourquoi ? Parce que tout simplement ça me coûte moins cher que de devoir gérer moi-même ce serveur-là. Ensuite, ce serveur, comme c'est quelqu’un d'autre qui va s'occuper à ma place, il va être toujours disponible. Je n'aurai pas de problème parce que quelqu’un a débranché la prise chez moi, ou parce qu’il y a de la maintenance à faire. Quelqu’un d'autre la fera à ma place. <br />
<br />
Malheureusement, cela veut dire aussi, que c'est un serveur sur lequel je n'ai pas toutes les clefs et où je ne sais pas trop ce qu'il se passe derrière. Et le principal problème, c'est que si je ne sais pas trop ce qu'il se passe derrière, ça veut dire que les données que je vais transmettre, que j'accepte qu'elles soient publiques ou que ce soient des données qui sont vraiment personnelles, eh bien il faut se poser la question « qui est-ce qui a accès à ces données et qu'est-ce qu'il va en faire ? »<br />
<br />
En soi, l'informatique n'est plus personnelle. Alors je vous avais dit que le cloud, le principe terminal/grand serveur, a toujours existé dans l'informatique. Oui, mais il y a eu une révolution, en 1977, avec l’arrivée de l'Apple II. C’était un début de démocratisation d'une informatique qui est personnelle. C'est-à-dire que, tout d'un coup, vous avez la puissance de calcul nécessaire chez vous pour faire des traitements ; par exemple, pour travailler sur un tableur de données, pour en faire, par exemple, un carnet d'adresses, ou, par exemple, pour classer, faire votre inventaire si vous êtes une petite entreprise. Et cette informatique-là a été le début, vraiment, de la démocratisation de l'informatique et des développeurs en chambre.<br />
<br />
Malheureusement, le problème de cette informatique personnelle, c'est que l'on avait un problème d'échange de données. À l'époque, on utilisait des disquettes, ou on se transférait par câbles les données d'ordinateur à ordinateur. On avait un problème c'est que du coup, à un instant t, on n'avait pas forcément les mêmes données, tout le monde, sur lesquelles on travaillait. Bref, c’était un gros bazar, les données étaient verrouillées, vraiment, à votre disque dur. Donc il y avait un problème de travail collaboratif là-dessus.<br />
<br />
À partir de là, justement le cloud, la grande promesse, c'est que vous mettez des données quelque part, elles sont disponibles de manière uniforme et pour toutes les personnes qui sont autorisées et quel que soit le matériel. Je veux dire que je suis une preuve vivante, depuis le week-end dernier. Mais par exemple, quand on casse son téléphone, eh bien on est bien content de retrouver l’intégralité de son carnet d'adresses et de ses correspondances disponibles, prêtes à être injectées dans un nouveau téléphone.<br />
<br />
Malheureusement, cela veut dire une chose. Ça veut dire qu'on n'a plus d'informatique réellement personnelle. Ça veut dire que votre ordinateur, votre smartphone, ne sont plus, en soi, directement quelque chose qui vous appartient, quelque chose de strictement indépendant, mais ils sont des terminaux qui sont reliés à des services qui tournent sur des très gros serveurs et qui ne sont pas disponibles près de chez vous.<br />
<br />
Alors, rien que pour faire l'expérience : vous prenez un ordinateur moderne ou vous prenez un smartphone ou une tablette, avec eux c'est encore plus flagrant, vous les débranchez d'Internet et vous regardez ce qui vous reste comme fonctions. Et vous verrez que, tout d'un coup, les fonctions sont fortement dégradées. C'est-à-dire qu'on en est à un stade où ce sont vraiment des terminaux. Ils ont d'abord été conçus pour travailler avec des serveurs de données distants et continuellement avec eux.<br />
<br />
En fait, je vais être honnête, quand je dis que le cloud a toujours existé, ce n'est pas complètement vrai. Le cloud, ce qui fait maintenant qu'on en parle énormément, c'est une technologie qui s'appelle la virtualisation. La virtualisation ça veut dire qu'on n'a plus des serveurs matériels, en soi, qui prennent une certaine place, par exemple, typiquement, si on construisait le volume d'une boite à pizza, dans des salles de serveurs, mais on a des serveurs qui tournent sur des machines qui sont beaucoup plus grosses, qui sont capables de faire tourner en tâche de fond des dizaines, voire des centaines de serveurs derrière, ce qui veut dire qu'on a des data-centers qui leur sont strictement réservés et qui sont disponibles un petit peu partout dans le monde. Et on va voir que la virtualisation permet, par exemple, de rapprocher des données par rapport aux gens, c'est-à-dire ne plus avoir un serveur à un seul endroit dans le monde, mais à pouvoir les étoiler à travers le monde pour les avoir les plus proches, finalement, des utilisateurs<br />
<br />
La virtualisation, en soi, ce que c'est ? La virtualisation, c'est un concept qui consiste à dire, eh bien, le système d’exploitation d'un ordinateur et tout ce qui tourne par-dessus , que ça soit, par exemple, un serveur d'e-mails, que cela soit par exemple un client, un logiciel de comptabilité, tout ça, eh bien ce système d'exploitation va en faire un programme, justement, comme un autre, et il va tourner sur un autre OS. Donc, on peut aligner, indépendamment, plusieurs programmes, l'un à côté de l'autre, sur un très grand serveur. Ce qui veut dire, donc, qu'un serveur, une très grande boîte, peut héberger plusieurs petits serveurs, avant, qui étaient individuels. Le gros avantage, c’est que cette très grande boîte prend beaucoup moins de place que l'ensemble de ces petites boîtes à pizza et donc, à partir de là, on a un gain de place dans le data-center. On a aussi un immense apport au niveau écologique, puisqu'on mutualise l’achat du matériel, on mutualise la consommation d'électricité, on n'a pas besoin continuellement d'avoir des serveurs qui tournent en continu. Peut-être que certains n'auront besoin de tourner que, par exemple, entre 18 heures et 23 heures et d'autres n'ont besoin de travailler que de 9 heures à 17 heures. Cela aussi amène beaucoup de choses au niveau de la maintenance et donc sur plein d'autres points. Du coup, éventuellement, puisqu’on consomme moins d'électricité et qu'on a besoin de beaucoup moins de matériel, au final, ça coûte beaucoup moins cher. S'il y a une panne technique sur un OS, sur votre serveur, le gros avantage c'est qu'on peut le redémarrer beaucoup plus vite. On peut même prendre un instantané du système d’exploitation à un instant t, et relancer une instance de votre système d'exploitation, tel qu'il était une heure avant de planter, en un temps qui est quasiment ridicule par rapport au démarrage d'un vrai ordinateur, et aussi on peut le redimensionner. Ça c'est le grand apport réel du virtuel. Ça veut dire que, si, par exemple vous tenez un blog sur le cinéma, disons que votre blog va faire un millier de visiteurs par jour, ce qui est un chiffre très honorable, mais que, au moment où il y a trois blockbusters et le festival de Cannes qui a lieu en mai, eh bien, vous vous retrouvez avec un million de visiteurs uniques par jour. Si c’était un serveur physique, il serait très vite encombré. Là, dans une machine virtuelle, l'immense avantage, c'est qu'on peut dire qu'on ne loue, toute l'année, que très peu de CPU, très peu de mémoire et qu'à la volée, on dise, eh bien, je n'ai pas besoin de 512 mégas de mémoire, je veux un giga de mémoire, immédiatement, ou 14 gigas, je veux 14 CPU ; on redimensionne à la volée, on n'a même pas besoin de redémarrer le serveur. Donc il y a ce qu'on appelle, vraiment, une scalabilité, ce qui est un avantage en termes d'administration qui est énorme.<br />
<br />
Ce qu'on appelle le cloud, en fait, regroupe trois grandes familles. En fait ces familles-là, c'est quelque chose dont vous avez peut-être entendu parler par les acronymes, mais là je vais essayer, un petit peu, de les définir. J'ai dit essayer. <br />
<br />
Il y a ce qu'on appelle l'infrastructure. L'infrastructure comme un service, c'est quand on prend un ordinateur et qu'on le virtualise. C'est-à-dire, qu'en fait, vous allez juste louer le fait que l'ordinateur est virtualisé. À partir de là, la mise en place du système d’exploitation, la mise en place des logiciels qui sont derrière et leur administration sont de votre ressort. C'est une offre que Gandi fait depuis 2007, OVH fait à peu près depuis la même période. Amazon le fait, c'est ce qu'on appelle la technologie EC2, à peu près depuis la même période, et où, en fait, c'est un peu comme si on louait un serveur matériel, sauf que là il est virtualisé avec les avantages qu'on puisse changer de taille à la volée, le nombre de CPU, le nombre de disques durs qu'il y a dedans. L'infrastructure comme un service c'est une technologie qui, parfois, est utilisée par des particuliers, par des associations ou des entreprises.<br />
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La plate-forme comme un service est un domaine un petit peu particulier. C'est-à-dire que l'OS n'est plus du ressort du client. On a installé, en fait, un service qui n'est pas directement utilisable. Par exemple, on va avoir un environnement d'un langage de programmation ou, par exemple, un base de données. Amazon, boite service, propose par exemple RDS c'est un serveur Postgres, MySQL, etc, c'est un serveur de bases de données qui, en fait, est virtualisé. C'est-à-dire que vous n’avez plus à vous occuper de l'OS, l'administration de ce serveur c'est eux qui la gèrent, vous n'avez plus qu'à l'utiliser. Par contre, c'est un domaine qui est très spécialisé et qui, là, est plus dans le cadre de professionnels très bien documentés ou d'entreprises vraiment spécialisées.<br />
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Et il y a ce qu'on appelle le cloud, d'une manière beaucoup plus générale, d'une manière, je vais dire, un petit peu abusive et très réductrice, le cloud comme étant un logiciel comme un service. Alors là, en fait, tout est installé. L'OS, ce n'est plus vous qui le gérez, la plate-forme ça n'est plus vous qui la gérez ou qui la paramétrez. Vous, tout ce que vous avez à faire, c'est d'aller sur un site Internet, de vous connecter et d'utiliser. Éventuellement de sortir votre carte bleue et encore, je crois que certains services se passent de ce détail oiseux.<br />
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==12' 07 relu avec le son par Booky==<br />
Pour vous donner des exemples de logiciels comme un service, il y a par exemple des clients d’e-mails comme Gmail, il y a par exemple des prestations de blogs comme wordpress.com ou OverBlog ou CanalBlog, il y a par exemple des prestations, aussi, de suites de bureautique comme Microsoft live office où, en fait, avec son navigateur, on a l'équivalent des services Excel ou Word, mais, en fait, on s'en sert à partir de son navigateur. Il y a des services d'échanges de fichiers, par exemple Dropbox. Et la Wikipédia, en soi, oui, la Wikipédia, est un service logiciel, puisque vous vous connectez sur un service, vous consultez les pages et si vous voulez l'éditer, eh bien vous créez un compte, vous n'avez pas à vous préoccuper de l’administration du serveur et du paramétrage du logiciel. Ce sont des personnes derrière qui s'en occupent.<br />
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Pour un utilisateur de logiciels, le cloud a de nombreux avantages. Primo, la seule chose qu'il a à se poser comme question, c'est juste d'avoir un navigateur web et une connectivité. On n'a plus, par exemple, à installer, si on reprend la suite Office, ceux qui ont connu l'ère vaillante des disquettes, savent que Microsoft Office, à une époque, il fallait une bonne trentaine de disquettes à installer, qu'on n’avait pas les bons drivers, qu'on n'avait pas forcément assez de mémoire dans son ordinateur, et tout ça. Là, la question est transparente, ça marche dans votre navigateur web, donc le service logiciel, vous n'avez plus rien à faire, vous n'avez plus qu'à l'utiliser. <br />
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Il n'y a pas de maintenance, donc ça veut dire qu'on n'a pas à se poser la question de la mise à jour. Quand vous vous connectez, par exemple sur Facebook, vous ne vous posez pas la question si vous utilisez la version 2/36 ou 3/14 de Facebook. Non, vous utilisez une version de Facebook, qui est uniforme pour tout un bassin d’utilisateurs. Donc, de ce côté-là, il n'y a plus à se poser la question « ai-je bien tous les logiciels qui sont mis à jour sur mon poste ? ». Les mises à jour, du coup, sont totalement transparentes, puisqu'en fait, ce n'est qu'une relation client-serveur et ce sont les personnes qui s'occupent du serveur qui vont mettre à jour les logiciels, au lieu que vous ayez à vous en occuper.<br />
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Le logiciel comme un service a aussi d'immenses avantages quand on est éditeur logiciel. D'abord on n'a plus de problèmes de compatibilité. Quand on créait un logiciel, on se posait la question, par exemple, oui, eh bien c'est vrai, j'ai une version pour Windows, mais je n'ai pas une version pour Mac ; oui, j'ai une version pour Windows 95/98, oui elle ne marche pas sur XP ; ou oui, il y a des incompatibilités à cause de tel driver de carte son ou tel driver de carte réseau. Là on n'a plus à le gérer. On le configure très bien sur son serveur et on n'a plus qu'à déployer ; ça marche uniformément pour l'ensemble de nos clients ou l'ensemble des utilisateurs.<br />
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La distribution, aussi, est simplifiée. Cela veut dire qu'on n'a plus à avoir une armada de commerciaux qui doivent faire en sorte que vos boîtes en carton, qui font un chouette volume, soient bien présentes dans l'ensemble des rayonnages de toutes les Fnac et tous les Cultura de France. Tout ça vous n'avez plus à le faire, vous n'avez plus qu'à communiquer sur un nom domaine et vous n'avez plus, justement, toute la logistique de distribution régionale, de distribution auprès des entreprises à faire, puisque maintenant tout se fait d'une manière uniforme, via Internet.<br />
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Cela signifie aussi une maintenance beaucoup plus aisée, puisqu'on n'a plus une version A, une version B, une version C, à maintenir pour nos utilisateurs, puisque tout le monde utilise la même version. Donc on est beaucoup plus tranquille. Ça permet aussi d'embarquer une facturation. Donc on n'a plus à se dire « eh bien j'ai une suite Office pour les étudiants, j'ai une suite Office pour les particuliers, j'ai une suite Office pour les PME, j'ai une suite Office pour les grands comptes ». Non ! Finalement vous n'avez plus à gérer tous ces problèmes qui sont absolument oiseux, vous le gérez dans votre serveur, vous gérez aussi le système de facturation de carte bleue, puisque vous n'avez plus de commission à laisser à la Fnac ou à Cultura, donc, de suite, c'est largement plus simple. Ça veut dire aussi une chose, c'est que, s'il n'y a plus de boîte matérielle et que c'est sur le serveur, vous n'avez plus de piratage de licences, vous êtes assuré que tous les utilisateurs sur votre serveur sont des utilisateurs légitimes. <br />
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Alors le cloud, en soi, c'est super ! Enfin oui ! C'est un service qui est vraiment chouette, auquel je donne mes données et avec envie et comme ça je peux faire de la glissade sur les trottoirs sans me préoccuper de savoir si je vais tout perdre ! Mais en fait, si on prend la toute première version du cloud que je vous ai donnée, la plate-forme comme un service, c'est une ''back door'', c'est une porte d’entrée. C’est-à-dire que si jamais par exemple, vous louez, en plate-forme, un serveur, vous mettez dessus un serveur d'entreprise sur lequel il y a votre compta, mais surtout, il y a des documents confidentiels propres à votre entreprise. Vous faites en sorte de ne pas vous faire pirater en instituant des canaux de communication protégés, par exemple du https ou du SFTP et, théoriquement, personne n'a accès à vos données sinon vous. Eh bien non ! Puisque, comme le logiciel d'exploitation que vous louez tourne dans un autre logiciel d'exploitation, tout est en clair. Ce que stocke en mémoire ou sur disque dur virtuel ce système d'exploitation est lisible par les administrateurs de ces data-centers. Donc, forcément, il y a un accès, privilégié, auquel vous n'avez plus droit et qui est totalement en dehors de vote contrôle.<br />
<br />
Autre chose aussi, qui est importante, c'est que vous relevez de la juridiction des serveurs du pays de votre hébergeur et du siège social de votre hébergeur. Nous sommes des citoyens français, donc, a priori, votre principal problème est de respecter la loi française. Mais si, par exemple, vous utilisez des services d'Amazon, n'oubliez pas qu'Amazon est une société américaine, donc vous relevez de la juridiction américaine et que ses data-centers, pour l'Europe, sont principalement basés à Dublin, donc vous relevez de la juridiction irlandaise. Donc vous êtes dans un début de complexification assez ardue du droit duquel vous relevez. <br />
<br />
Alors le problème ? Le problème du cloud c'est d'avoir le choix. Et comme je l'ai dit maintenant nos ordinateurs, nos smartphones, sont liés à ces services-là, ils sont intrinsèquement liés. Donc vous n’avez plus ce choix-là, et vous n'avez plus cette liberté que procurait auparavant l'informatique personnelle. En fait on n’achète plus du matériel. Quand vous regardez bien, quand vous achetez un smartphone, quand vous achetez une tablette, vous louez des services intégrés, et le terminal n'est juste qu'un petit bonus. Si je devais faire, en fait, une comparaison, ce n'est ni plus ni moins qu’une box ADSL, et après, vous pouvez, effectivement, faire tourner les logiciels dessus, mais vous êtes réellement dans ce qu'on appelle un silo. Un silo, ça veut dire que, quand vous achetez un iPhone, vous faites tourner dans iOS, vous faites tourner, donc, le système de facturation d'Apple, vous ne pouvez utiliser qu'un seul navigateur, qui est Safari, et vous ne pouvez utiliser des logiciels qui ne sont que ceux qui sont distribués par Apple. Idem chez Google. Idem chez Microsoft. Idem chez Blackberry. Je préfère ce terme écologique. C'est un écosystème replié, insulaire et autosuffisant. C'est un peu les îles Galapagos ou les Corses. Vous verrez, les Corses essaient de se placer ailleurs mais n’aiment pas qu'on aille se placer chez eux. En soi, le cloud, si je dois faire un jeu de mots, c'est capturer beaucoup de données utilisateurs. <br />
<br />
Alors contre ça, heureusement on a proposé le Cloud Souverain, on a mis un judoka sur un nuage, magnifique, superbe. Mais le Cloud Souverain c'est une vaste blague. C'est un gâchis d'argent public, c'est-à-dire qu'on a débloqué plus de cinquante millions pour construire deux opérateurs, qui sont soutenus par deux groupes qui étaient complètement en retard sur ces technologies. Ce qui veut dire qu'ils concurrençaient Ikoula, OVH, Gandi, qui étaient déjà présents et très performants sur ce terme-là, sur lequel il n'y a aucune spécification solide. Numergy, par exemple, envoie ses e-mails via une plate-forme d'envoi d'e-mails, donc tous ses e-mails, à la fois les e-mails commerciaux, mais par exemple, les e-mails avec vos créances, nom d'utilisateur et mot de passe. Sauf que ces services de plate-forme étaient basés sur Amazon, donc vos mots de passe passaient par des entreprises américaines. Je pense qu'il y a mieux, quand même, comme Cloud Souverain, tandis que notre entreprise est en train de se revendre à des capitaux étrangers. Bref, c'est un concept absolument fumeux et impossible à appliquer et, qui plus est, une marque déposée par SFR.<br />
<br />
Autre problème, la concentration des services. Je vous l'ai dit, Amazon a ses principaux serveurs à Dublin qui arrosent l'Europe. Sauf que, c'est arrivé plus d'une fois, que les serveurs sautent à Dublin, suite à un orage, par exemple, et à partir de là, plein de services ne fonctionnent plus : Vimeo, Amazon, Pinterest, Github, Expédia, SounCloud et toutes les entreprises qui sont basées du coup sur Amazon, n'étaient plus accessibles pour l'Europe. Ça a aussi existé pour l’hébergement matériel et ça existera toujours, mais cette concentration d'opérateurs rend le problème beaucoup plus grave. <br />
<br />
La concentration c'est aussi plus facile à écouter, puisque, évidemment, on a directement les tuyaux dans ce cas-là. <br />
<br />
Heureusement vous pouvez retrouver votre anonymat. Et pour retrouver votre anonymat, il y a une solution qui s'appelle Tor. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_%28r%C3%A9seau%29 Tor] est un système de proxys distribués entre différents serveurs, que vous ne contrôlez pas. Ouais, bon, passons.<br />
<br />
Heureusement les services SaaS reposent, parfois, sur des standards. Gmail, il y a un protocole derrière. Trois protocoles pour la gestion des e-mails. Ils les utilisent directement. Facebook, Twitter, Overblog sont des systèmes de blog et ont des systèmes d'export compatibles avec les systèmes de blog comme Wordpress ou Dotclear. Donc vous devriez pouvoir avoir le droit de récupérer toutes vos données en une fois, ce qu'on appelle la reversabilité. Si vous avez un protocole standard et que vous pouvez récupérer vos données, eh bien vous pouvez, à partir de là, devenir votre propre opérateur de service logiciel, devenir votre propre opérateur de cloud et c’est justement le cadre de la conférence suivante. Voilà. J'espère que cela vous aura, un petit peu, dégagé la vue sur la question. Merci<br />
<br />
''Applaudissements.''</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=News_education_fevrier_2011&diff=37537News education fevrier 20112011-02-10T08:24:58Z<p>Bsibaud : /* Les formations diplômantes en logiciel libre en 2011 */</p>
<hr />
<div>| [[Education]] | [[News_education | News dans l'Education]] | '''{{PAGENAME}}'''<br />
<br />
[[Catégorie:Education]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Les formations diplômantes en logiciel libre en 2011 ==<br />
<font color="#777777">Posté par Eric RAMAT sur linuxfr.org, modéré le mardi 08 février</font><br />
<br />
Après le bilan de 2008 des formations diplômantes en logiciel libre dans le système universitaire français, voici le bilan à la veille des choix cruciaux des étudiants pour leur avenir professionnel. Ce bilan liste les formations dont le cursus d'une ou plusieurs années est entièrement consacré au logiciel libre. Il ne faut pas oublier que dans la plupart des formations universitaires et/ou de cycles d'ingénieur, le logiciel libre est présent : soit sous forme d'un ou plusieurs modules durant le cursus ou, plus modestement (mais toutes les initiatives sont à saluer), par l'utilisation d'outils du monde du logiciel libre.<br />
<br />
En 2008, quatre licences professionnelles et un seul master étaient accessibles sans compter. Qu'en est-il aujourd'hui, après trois années ? <br /><br />
Aujourd'hui, trois licences professionnelles sont proposées en France (Nancy, Angers et Lyon). Chacune d'elles développe une spécialisation :<br />
<br />
* administration systèmes pour Nancy ;<br />
* systèmes, bases de données et réseaux pour Angers ;<br />
* communication et logiciels libres pour Lyon.<br />
<br />
Les deux premières licences professionnelles sont clairement destinées à des étudiants informaticiens, alors que la troisième permet à tout étudiant d'être formé à la question du logiciel libre et de répondre à la problématique du changement. Comme toute licence professionnelle, elles sont accessibles avec un diplôme bac + 2 (D.U.T., B.T.S., 2ème année de licence...) et l'entrée est possible après une phase de candidature.<br />
<br />
Si vous disposez d'un bac + 3 ou bac + 4 ou d'une équivalence ou d'une VAE/VAP, le master I2L (Ingénierie du Logiciel Libre - Calais) est aujourd'hui la seule possibilité de formation diplômante à bac + 5. Le master I2L s'articule autour de cinq axes :<br />
<br />
* système, réseaux et sécurité ;<br />
* développement d'applications Web ;<br />
* environnement de développement libre et gestion de projets ;<br />
* migration (bases de données, annuaires...) ;<br />
* environnement du Libre (droit, licences...), management et marketing du Libr<br />
<br />
En conclusion, la licence professionnelle de l'I.U.T. de Sénart-Fontainebleau a disparu et aucun autre diplôme n'est apparu. On peut néanmoins se féliciter de la percée des logiciels libres comme outil dans un grand nombre de formations, mais doit-on s'inquiéter de la diminution de l'offre spécifique ? L'utilisation de certains outils est une chose, mais comprendre le modèle du logiciel libre, les aspects économiques, légaux, l'organisation, etc., est une autre chose. <br />
<br />
* Réf : http://linuxfr.org/2011/02/08/27851.html<br />
<br />
== Produire du logiciel libre, le livre culte de Karl Fogel enfin en français chez Framabook ! ==<br />
<font color="#777777">Posté par Jean-Pierre Archambault sur la liste <Logiciel-libre-cndp@listes.tice.ac-caen.fr></font><br />
<br />
*http://www.framablog.org/index.php/post/2011/01/27/produire-du-logiciel-libre-framabook<br />
<br />
Framabook nous précise :<br />
<br />
"Dans la foulée du framabook sur Unix et sur le langage C, nous faisons un effort didactique tout particulier pour accompagner tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans la création de logiciels libres ou rejoindre un projet existant. Nous pensons à ceux qui ne maîtrisent pas forcément d’emblée l’anglais.<br /><br />
Nous pensons également aux jeunes débutants. Parce que, comme cela a déjà été souligné, même si la création à la rentrée 2012 d'un enseignement de spécialité optionnel "Informatique et sciences du numérique" en Terminale S est la bienvenue, l’informatique est encore l’une des grandes absentes de l’enseignement secondaire français. Alors, fille ou garçon, l’étudiant motivé se retrouve bien souvent livré à lui-même et c’est à lui de se débrouiller pour extraire le bon grain de l’ivraie du Grand Internet. Nous espérons lui être utile en lui apportant notamment ici gain de temps et efficacité."</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Comptabilit%C3%A9&diff=37465Comptabilité2011-02-08T12:52:39Z<p>Bsibaud : Annulation des modifications 37461 de 195.39.210.207</p>
<hr />
<div>=Le groupe Comptabilité de l'APRIL=<br />
<br />
Ce groupe travaille essentiellement sur :<br />
<br />
* La spécification d'un format de données interopérables et le développement d'une bibliothèque portable permettant de le manipuler.<br />
* Le développement d'un logiciel libre de comptabilité.<br />
<br />
''__Réflexions à valider :__''<br />
##La spécification porte sur un format de fichier d'échange de données entre logiciels de comptabilité;<br />
##la bibliothèque portable devrait être une bibliothèque libre contenant les éléments essentiels devant être intégrés à un logiciel de comptabilité;<br />
##le développement porte sur un logiciel libre de comptabilité utilisant les deux premiers éléments et destiné à la TPE/PME (sachant que ce qui distingue un logiciel destiné à la TPE et un logiciel destiné à la grande entreprise tient en deux fondamentaux : nombre d'opérations pouvant être géré et complexité de la structure administrative renseignant et utilisant le système d'information).<br />
<br />
=Le projet de logiciel libre de comptabilité=<br />
<br />
L'objectif de ce projet est de développer un logiciel de comptabilité disponible sous une licence libre.<br />
<br />
le but de ce projet est, outre de démontrer par l'exemple la possibilité de mettre en oeuvre une infrastructure d'interopérabilité comptable, de proposer un outil conforme aux différentes réglementations en vigueur en France et en Europe dans un premier temps.<br />
<br />
* [[CeQuEstLaComptabilité|Ce qu'est la comptabilité]]<br />
* [[CeQuEstUnLogicielDeComptabilité|Ce qu'est un logiciel de comptabilité]]<br />
* [[GlossaireComptable|Glossaire Comptable]]<br />
* [[Fonctionnalites|Fonctionnalités]]<br />
* [[Modelisation|Modélisation]]<br />
* [[TerminologieCompta|Terminologie utilisée]]<br />
<br />
=Interopérabilité Comptable=<br />
<br />
==La situation==<br />
<br />
Les entreprises recourent aujourd'hui de plus en plus à des logiciels libres pour mener à bien leurs tâches numériques. La suite bureautique [[OpenOffice]] rencontre ainsi un grand succès.<br />
<br />
Il n'existe cependant pas encore aujourd'hui de logiciel de comptabilité adapté aux besoins d'une PME disponible sous une licence libre. Cette absence contraint certaines sociétés à recourir à acheter une licence d'un système d'exploitation propriétaire pour être capable d'installer un logiciel de comptabilité propriétaire. Le coût total de cette opération, que l'on peut estimer entre 1000 et 2000 euros, n'est pas négligeable pour une petite structure.<br />
<br />
Une des raisons de la persistance de cette situation est que le passage à une solution libre peut imposer un changement notable dans le mode de fonctionnement, tant pour l'entreprise que pour l'expert-comptable avec lequel elle est typiquement en relation.<br />
<br />
Il existe pourtant de bonnes raisons de développer et d'utiliser un logiciel libre de comptabilité :<br />
# la réduction des coûts, l'entreprise n'ayant pas à s'acquitter d'un droit d'utilisation<br />
# la pérennité : les informations ne sont pas stockées dans le format opaque d'un logiciel propriétaire<br />
# la richesse fonctionnelle : l'existence d'un format intéropérable permettra la génération d'états spécifiques<br />
<br />
Pour les T.P.E., une autre raison peut être le vide existant dans les logiciels entre, d'une part, des logiciels comptables complets et qui nécessitent de réelles compétences (plan comptable, partie double, etc.) et d'autre part des logiciels de tenue de compte par trop simplistes.<br />
<br />
==Les raisons de la réflexion sur l'interopérabilité comptable==<br />
<br />
Les principales raisons pour une entreprise utilisatrice<br />
* Garantie dans le temps de la pérennité technique<br />
* Garantie d'accès à ses informations sans vice de forme<br />
* Garantie qu'elle puisse interagir avec les outils de son choix sans coût caché<br />
* Garantie d'intégration rapide des nouvelles dispositions<br />
* Garantie de souplesse dans les modifications de fonctionnement de l'entreprise<br />
* Réduction des dépenses liées au servage<br />
<br />
Les principales raisons pour un éditeur de solutions comptables<br />
* Garanties de l'inter-opérabilité pour la facilité de la mise en oeuvre de leurs modules dans des solutions tierces<br />
* Réduction des coûts de développement par le respect de normes déjà éprouvées<br />
<br />
==Les axes de réflexion==<br />
<br />
* un format de stockage de l'ajournement des opérations comptables<br />
* un protocole de communication pour ajourner ou rechercher une opération comptable<br />
* un langage de description des opérations comptables<br />
* un langage de description du plan comptable d'une entreprise<br />
<br />
<br />
<br />
=Les projets de logiciels sous licence libre=<br />
<br />
==Logiciels Monopostes==<br />
<br />
* GNU Cash (licence GNU GPL)<br />
http://www.gnucash.org/fr/<br />
<br />
* Grisbi (licence GNU GPL)<br />
http://www.grisbi.org/index.fr.html<br />
<br />
* KMyMoney2 (licence GNU GPL)<br />
http://kmymoney2.sourceforge.net/<br />
<br />
* HomeBank (licence GNU GPL)<br />
http://homebank.free.fr/<br />
<br />
* BulmaGES (en espagnol)<br />
http://bulmages.berlios.de/bulmacont.html<br />
<br />
http://developer.berlios.de/projects/bulmages/<br />
<br />
==Logiciels Client Serveur utilisant HTTP / HTML / XUL / Gambas==<br />
<br />
* Dolibarr ERP/CRM (multiplateforme) (et ses variantes DoliWamp pour Windows, DoliMamp pour MAC, Dolibuntu pour Ubuntu...)<br />
http://www.dolibarr.org/<br />
<br />
* OpenSI<br />
http://www.opensi.org/<br />
<br />
* Sql-Ledger<br />
http://www.sql-ledger.org/<br />
<br />
* Le Facturier<br />
http://ignu.ungi.org/<br />
<br />
* openDCF<br />
http://openDCF.1g6.biz/<br />
<br />
* pimentGest<br />
http://www.pimentech.fr/pimentech/site/solutions/pimengest<br />
<br />
* PhpCompta<br />
http://www.phpcompta.eu/<br />
<br />
* Cerise<br />
http://cerise-pgi.com/<br />
<br />
*LundiMatin<br />
http://www.lundimatin.fr/site2/<br />
* Laurux<br />
http://www.laurux.fr/<br />
<br />
==Les PGI ou progiciels de gestion intégrée (cad ERP ou Enterprise Resource Planning)==<br />
<br />
Bien qu'intégrés, ces ERP doivent pouvoir inter-opérer avec d'autres systèmes en mode à faible couplage. Ce faible couplage peut être assuré par une Architecture Orientée Services,notée SOA (Service-Oriented Architecture); Dans la SOA, un système publie des services (composés de données ou de toute autres information) que d'autres systèmes sont susceptibles de venir consommer en mode dits de "Web Services Sécurisés".<br />
<br />
<br />
* Compiere<br />
http://www.compiere.org/<br />
<br />
* Dolibarr ERP/CRM (multiplateforme) (et ces variantes DoliWamp pour Windows, DoliMamp pour MAC, Dolibuntu pour Ubuntu...)<br />
http://www.dolibarr.org/<br />
complété du module AltaCompta (http://www.altairis.net/articles/view.php?id=220&action=module-de-comptabilite-pour-dolibarr).<br />
<br />
* GNU Enterprise<br />
http://www.gnuenterprise.org/<br />
<br />
* GNU Enterprise Small Business<br />
<br />
* ERP5<br />
http://www.erp5.org/<br />
<br />
* Neogia<br />
http://www.neogia.org/<br />
<br />
* [[OpenBlueLab]] http://www.openbluelab.org<br />
<br />
* OpenErp http://www.openerp.com/ (anciennement Tiny ERP)<br />
<br />
* Oratio http://www.oratio-project.com/fr/<br />
<br />
* Openbravo (traduction française en cours)<br />
http://www.openbravo.com<br />
<br />
Bibliographie:<br />
<br />
* Manager avec les ERP, Architecture Orientée Services, Jean-Louis Lequeux, Editions d'organisation, Paris 2008. ISBN 978-2-212-54094-9<br />
<br />
==Les Outils de Bureautique==<br />
<br />
* Gnuméric (solution très simple, avec beaucoup de personnalisation...) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gnumeric<br />
<br />
* Open Office.org<br />
http://fr.openoffice.org<br />
<br />
==Logiciels non Classés mais actif==<br />
<br />
* ~PyCompta<br />
http://www.logilab.org/project/pycompta<br />
<br />
* Gasell<br />
http://www.gasell.org/<br />
à priori, pas d'activité constatée depuis deux ans (constat au 16 avril 2009). Exact le projet est considéré comme mort, nous devrions l'annoncé prochainement... au moins un développeur à rejoint le projet Piwam (http://code.google.com/p/piwam)<br />
<br />
* Amedes<br />
http://labs.libre-entreprise.org/projects/amedes/<br />
<br />
* Qt Tudo<br />
http://www.bemme.de/<br />
<br />
* No Mic Mac<br />
http://nomicmac.ouvaton.org/<br />
<br />
* GNULedger<br />
http://webaccountant.sourceforge.net/<br />
<br />
* CK-Ledger<br />
http://sourceforge.net/projects/ck-ledger<br />
<br />
* Facturalux<br />
http://www.facturalux.org/<br />
<br />
* CBB<br />
http://gna.org/projects/cbb<br />
<br />
==Logiciels à l'abandon==<br />
<br />
* Freegica<br />
http://www.mandrakesoft.com/products/freegica<br />
http://www.gica.biz/freegica/index.html<br />
<br />
* Lincompta<br />
http://lincompta.tuxfamily.org/<br />
<br />
* Borsalino<br />
http://www.linux-france.org/prj/borsalino/<br />
<br />
* Value<br />
http://value.sourceforge.net/<br />
<br />
* Linux-Kontor<br />
http://www.linux-kontor.org/en/<br />
<br />
* NOLA<br />
http://nola.noguska.com/<br />
<br />
* Open EAS<br />
http://www.openeas.org/<br />
<br />
* BANAL<br />
http://www.starnix.com/banal/<br />
<br />
* Tiny Accounting<br />
http://tinyaccounting.org<br />
<br />
<br />
=Differents liens et sources d'informations=<br />
<br />
==Les sites d'information==<br />
<br />
* APCE ( Agence pour la Création des Entreprises )<br />
http://www.apce.com/index.php<br />
<br />
* CCI ( Chambres du Commerce et de l'Industrie )<br />
http://www.acfci.cci.fr/<br />
<br />
* APCM ( Assemblée Permanente des Chambres de Métiers )<br />
http://www.apcm.com/<br />
<br />
* DRIRE<br />
http://www.drire.gouv.fr/<br />
<br />
* ANVAR<br />
http://www.anvar.fr/<br />
<br />
* INPI<br />
http://www.inpi.fr/<br />
<br />
==Les sites autour des réglementations==<br />
<br />
* CSEC ( Conseil Supérieur des Experts Comptables )<br />
http://www.experts-comptables.fr/<br />
<br />
* le MINEFI ( ministère de l'economie et des finances )<br />
http://www.finances.gouv.fr/reglementation/avis/avisCNCompta/<br />
<br />
* l'IASB ( International Accounting Standard Board )<br />
http://www.iasb.org/<br />
<br />
==Les ouvrages d'information, de références...==<br />
<br />
===Livres de Cours===<br />
* Cours BREAL pour les BTS<br />
** Comptabilité Générale<br />
** Comptabilité Analytique<br />
** Gestion Financière<br />
** Comptabilité des Sociétés Commerciales<br />
<br />
* Livres pour les DECF (beaucoup moins abordables)<br />
<br />
===A l'usage des créateurs===<br />
* Editions Francis Lefebvre<br />
** Gestion de la PME<br />
<br />
===Ouvrages Professionnels===<br />
* Editions Francis Lefebvre<br />
** Mémentos ( Comptable, Social, Fiscal )<br />
* Dalloz<br />
** Codes de lois<br />
* Le Journal Officiel<br />
http://www.journal-officiel.gouv.fr/accueil.php<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Comptabilite]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Comptabilit%C3%A9&diff=37464Comptabilité2011-02-08T12:52:09Z<p>Bsibaud : Annulation des modifications 37462 de Polux</p>
<hr />
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<hr />
<div>| [[Education]] | [[News_education | News dans l'Education]] | '''{{PAGENAME}}'''<br />
[[Catégorie:Education]]<br />
<br />
==Listes : Associations==<br />
<br />
<br />
===April : groupe de travail éducation===<br />
Pour s'abonner : http://www.april.org/wws/subrequest/educ<br />
* [mailto:educ@april.org educ@april.org]<br />
<br />
===ASTI (Fédération des Associations Françaises des Sciences et Technologies de l'Information=== <br />
Créée en 1998, l'ASTI est la société savante et professionnelle des Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication (STIC) en France et aussi une fédération d'associations du domaine. Pluridisciplinaire par nature, l'ASTI est un trait d'union entre la recherche académique et le monde de l'entreprise.<br><br />
Lors de la dernière réunion de bureau, Maurice Nivat a proposé la création d'une nouvelle association autour d'un objectif: permettre à une voix unique, représentant les informaticiens (chercheurs, enseignants, ingénieurs etc), de s'élever pour la promotion d'une culture informatique dans l'ensemble de la société francaise (en particulier dans l'enseignement secondaire ou supérieur).<br /><br />
Pour s'abonner à la liste Melusine : http://melusine.eu.org/cgi-bin/mailman/listinfo/itic<br />
<br />
===EPI : « Enseignement de l'Informatique et des TIC »===<br />
Liste du groupe : Enseignement de l'Informatique et des Technologies de l'Information et de la Communication de l'EPI<br />
* [mailto:itic@epi.asso.fr itic@epi.asso.fr]<br />
<br />
===OFSET (Organization for Free Software in Education and Teaching)===<br />
OFSET est une organisation française à but non lucratif de type association loi 1901. Elle a été créée pour répondre à la faiblesse du développement de logiciels libres éducatifs pour le système GNU. Elle fera la promotion de toutes les sortes de développements et de localisations nécessaires aux systèmes éducatifs à travers le monde. OFSET se veut très proche des aspirations philosophiques de la FSF.<br /><br />
'''liste''' : http://lists.ofset.org/wws/subscribe/ofset<br />
<br />
=== Sésamath ===<br />
<br />
L'association Sésamath a pour vocation essentielle de mettre à disposition de tous, gratuitement, des ressources pédagogiques libres et des outils professionnels libres utilisés pour l'enseignement des mathématiques via Internet.<br />
Inscrite délibérément dans une démarche de service public, l'association est attachée aux valeurs de la gratuité d'utilisation des ressources et du logiciel libre.<br />
<br />
http://www.sesamath.net/<br />
<br />
==Listes : Institutions==<br />
<br />
<br />
===Pole de compétences logiciels libres du CNDP===<br />
Pour souscrire : http://listes.tice.ac-caen.fr/cgi-bin/mailman/listinfo/logiciel-libre-cndp<br /><br />
Un courriel vous parviendra vous demandant une confirmation, cela empêche que d'autres personnes vous abonnent impunément. Ceci est une liste cachée, la liste des abonnés n'est consultable que par l'administrateur.<br /><br />
'''Liste''' : [mailto:logiciel-libre-cndp@listes.tice.ac-caen.fr logiciel-libre-cndp@listes.tice.ac-caen.fr]<br />
<br />
==Listes : Logiciels Libres==<br />
===GCompris===<br />
GCompris est un logiciel éducatif qui propose des activités variées aux enfants de 2 à 10 ans.<br /><br />
GCompris est un projet international. La liste de discussion principale est en Anglais. Vous pouvez rejoindre ou faire des recherches sur la liste de diffusion en Anglais de gcompris. <br />
*https://lists.sourceforge.net/lists/listinfo/gcompris-devel<br />
Si vous préférez le Français, vous pouvez consultez ou rejoindre la liste Francophone des utilisateurs et développeurs de GCompris.<br />
*https://lists.sourceforge.net/lists/listinfo/gcompris-france<br />
<br />
== Sites : Associations et Projets==<br />
===ACONIT===<br />
ACONIT, association pour un conservatoire de l'informatique et de la télématique, a été fondée à Grenoble en 1985 pour créer les structures permettant l'étude et l'illustration de l'évolution de l'informatique, en faisant revivre son histoire passée et en suivant ses développements futurs. (Situé à Grenoble ?)<br />
* http://www.aconit.org/<br />
<br />
===Association Enseignement Public & Informatique (EPI)===<br />
* http://www.epi.asso.fr <br />
* mél : [mailto:courrier@epi.asso.fr courrier@epi.asso.fr]<br />
<br />
===Collectif national de résistance à Base élèves===<br />
Contre le fichage à l’école<br /><br />
* http://retraitbaseeleves.wordpress.com/<br />
<br />
=== Intersitices ===<br />
Interstices est un site de culture scientifique, créé par des chercheurs pour rendre accessibles à un large public les sciences et technologies de l’information et de la communication.<BR /><br />
Il a été lancé en 2004 à l'initiative de l'INRIA, Institut national de recherche en informatique et en automatique. Il se développe dans un partenariat entre l'INRIA, le CNRS, les Universités et l'ASTI, Association Française des Sciences et Technologies de l'Information.<br />
* http://interstices.info/<br />
<br />
===Plume (Promouvoir les Logiciels Utiles Maîtrisés et Economiques dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche) ===<br />
Le projet PLUME vise à Promouvoir les Logiciels Utiles, Maîtrisés et Economiques dans la communauté de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, en majorité des logiciels libres.<br /><br />
* http://www.projet-plume.org/<br />
<br />
===Projet OLPC===<br />
Le projet One Laptop Per Child (OLPC) a pour objectif de fournir des ordinateurs comme outil éducatif aux enfants des pays en voie de développement. <br />
* http://olpc-france.org/wiki/index.php?title=Accueil<br />
<br />
===OFSET (Organization for Free Software in Education and Teaching)===<br />
Parce que la liberté et l'égalité d'accès aux nouvelles technologies sont importantes dans notre société, OFSET fait la promotion et développe activement les logiciels libres pour les écoles. Pour comprendre comment et à quelles conditions OFSET travaille pour atteindre cet objectif, nous vous invitons à lire attentivement le [http://www.ofset.org/tiki-index.php?page=Manifesto&bl=y Manifeste] et la [http://www.ofset.org/tiki-index.php?page=Charter&bl=y Charte] d'OFSET.<br />
* http://www.ofset.org/tiki-index.php?page=ofset+%28French%2C+fr%29<br />
<br />
===SCIDERALLE ===<br />
{| class="wikitable centre" width="100%"<br />
| width="148" valign="top"|<br />
[[Image:siteon0-4ee13.png]] <br />
| valign="top" |<br />
SCIDERALLE, association issue du projet [http://abuledu.org/ AbulÉdu], soutient des [http://scideralle.org/-Activites-projets-.html projets] visant à fournir à tout public des logiciels et ressources libres pour l’éducation entendue au sens large (enseignement, associations, éducation populaire...), logiciels, ressources et services d’intérêt collectif et d’utilité sociale.<br />
|-<br />
|}<br />
* http://scideralle.org/<br />
<br />
== Sites : Blogs==<br />
===Anthere's blog===<br />
Blog de Florence Devouard. Conférencière et consultante indépendante web 2.0 et spécialiste des pratiques collaboratives.<br />
<br /><br />
Ancienne présidente de la Wikimedia Foundation (hébergeur de Wikipedia) et membre de son advisory board. Membre fondateur de Wikimedia France<br />
* http://www.anthere.org/<br />
<br />
===Développement Durable des Connaissances===<br />
Blog d'Aimé Vareille membre de l'[http://www.april.org/ April] et d'[http://www.ofset.org/tiki-index.php?page=ofset OFSET]<br />
* http://connaissances.blogs.nouvelobs.com/<br />
<br />
===L'esprit libre===<br />
Blog de Thierry Noisette sur ZDnet.fr<br />
* http://www.zdnet.fr/blogs/l-esprit-libre/<br />
<br />
<br />
=== Framablog ===<br />
Le Framablog est intégré à Framasoft qui, né il y a plus de 7 ans, est devenu, avec le temps et les nombreuses contributions de ses utilisateurs, un [http://fr.wikipedia.org/wiki/Framasoft vaste réseau de sites et de projets] autour du logiciel libre dont le dénominateur commun est de proposer toutes ses ressources (annuaire, Framakey, Framabook, etc.) sous licences libres, garantissant leur mise à disponibilité au bénéfice de tous.<br />
* http://www.framablog.org/index.php<br />
<br />
==Sites : Institutions==<br />
===Académie des sciences : délégation à l'éducation et à la formation===<br />
La délégation à l'éducation et à la formation a pour mission de contribuer à représenter l’Académie des sciences dans la réflexion et les actions qui mettent en jeu la qualité et l’avenir de l’enseignement scientifique en France.<br />
* http://www.academie-sciences.fr/<br />
* http://www.academie-sciences.fr/enseignement/generalites.htm<br />
<br />
===ARTESI Ile-de-France===<br />
Organisme associé du Consei régional, ARTESI Ile-de-France est une agence de développement des TIC à l’écoute et au service des territoires.<br /><br />
Accompagner les collectivités territoriales dans la structuration de leur offre TIC, en identifiant les projets innovants, les bonnes pratiques et les domaines d’intervention.<br />
* http://www.artesi.artesi-idf.com/public/artesi/<br />
<br />
===CNIL===<br />
La CNIL a été créée par la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, modifiée en 2004. <br />
*http://www.cnil.fr/<br />
<br />
===CRDP de Versailles : Logiciels Libres et enseignement===<br />
Favoriser l’usage de logiciels libres et de formats ouverts.<br />
* http://www.tice.ac-versailles.fr/logicielslibres/<br />
<br />
=== Institut national de recherche pédagogique===<br />
Établissement public à caractère administratif, l’Institut national de recherche pédagogique (INRP) est un établissement de recherche et de diffusion des savoirs dans le domaine de l'éducation. Placé sous la tutelle du Ministère de l'Éducation nationale et du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, il est régi par le code de l'éducation.<br /><br />
L'INRP est membre associé de l'Université de Lyon, au sein du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) de Lyon, créé en 2007.<br /><br />
<u>Source</u> : http://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_national_de_recherche_p%C3%A9dagogique<br />
* http://www.inrp.fr/<br />
<br />
===Ministère Education nationale, de la jeunesse, la vie associative===<br />
*http://www.education.gouv.fr/<br />
<br />
===Projet Sankore d'Education Numérique pour tous en Afrique===<br />
Le programme Sankoré d’éducation numérique pour tous en Afrique s’inscrit dans la contribution française au partenariat franco-britannique destiné à atteindre les objectifs du Millenium en matière d’éducation sur le continent africain.<br /><br />
*http://www.sankore.org/<br />
<br />
===Rectorat de Besançon : Guide des équipements pédagogiques (STI2D)===<br />
Guide des équipements pédagogiques dans la série Sciences et Technologies de l'industrie et du développement durable (STI2D).<br />
* http://missiontice.ac-besancon.fr/sti/file/IPR/STI2D%20-%20Guide_equipements.pdf<br />
<br />
== Sites : Logiciels libres ==<br />
===Debian wiki===<br />
Ce wiki est un lieu de support et de documentation pour le projet Debian.<br />
*http://wiki.debian.org/<br />
<br />
<br />
===DrGeo===<br />
Dr. Geo is a winning award interactive geometry software for Linux, XO laptop, Windows and Mac OS X. Written entirely in Pharo Smalltalk, Dr. Geo allows one to create geometric figure plus the interactive manipulation of such figure in respect with their geometric constraints. It is usable in teaching situation with students from primary or secondary level.<br />
*http://community.ofset.org/index.php/DrGeo<br />
<br />
===OOo4Kids : Bienvenue !===<br />
Cette page est la page d'accueil du projet OOo4Kids. L'idée consiste à fournir un logiciel pour les 7-12 ans, basé sur les sources du logiciel OpenOffice.org<br />
* http://wiki.ooo4kids.org/index.php/Main_Page/fr<br />
<u>Wikis</u> :<br />
* http://wiki.ooo4kids.org réservé à tout ce qui tourne autour d'OOo4Kids.<br />
* http://wiki.educoo.org page francophone du wiki de EducOOo <br />
* http://wiki.ooolight.org Cette page est la page d'accueil du projet OOoLight.<br />
<br />
===Scenari=== <br />
Scenari est une suite logicielle libre de conception de chaînes éditoriales numériques permettant la création de documents multimédia à usage professionnel.<br /><br />
Une chaîne éditoriale est un procédé technologique et méthodologique, issu de la recherche en ingénierie documentaire. L'approche consiste à réaliser un modèle de document, à assister les tâches de création du contenu et à automatiser leur mise en forme.<br />
*http://scenari-platform.org/projects/scenari/fr/pres/co/<br />
<br />
==Sites : Manifestations et salons==<br />
===Educatec-Educatice===<br />
Le salon professionnel de l'éducation (Tarsus France, Groupe média et acteur spécialisé dans l’organisation de salons professionnels, l’édition de guides et de sites web professionnels)<br /><br />
*http://www.educatec-educatice.com/<br />
<br />
===Journée Méditerranéennes des logiciels libres (JM2L)===<br />
Organisée tous les ans par [http://www.linux-azur.org/ |Linux Azur] à l’École Polytech’Nice-Sophia.<br />
*http://jm2l.linux-azur.org/actu<br />
<br />
<br />
=== Solutions Linux Open Source ===<br />
Solutions Linux est un salon professionnel et associatif se déroulant chaque année à Paris depuis 1999. Il est consacré à l'[http://www.gnu.org/philosophy/words-to-avoid.fr.html#Ecosystem écosystème du logiciel libre] et aux [http://www.gnu.org/philosophy/words-to-avoid.fr.html#Linux systèmes d'exploitations basés sur Linux]. Il s'agit d'un des salons les plus importants d'Europe dans ce domaine.<br /><br />
Solutions Linux regroupe des sociétés, principalement de services, et des éditeurs de logiciels libres, ainsi que des associations d'utilisateurs et de créateurs de logiciels libre. En marge des exposants professionnels, qui représentent la grande majorité du salon, un village associatif permet aux associations et à des projets communautaires et non-lucratifs d'obtenir un stand gratuitement dans le village.<br /><br />
<u>Source</u> : http://fr.wikipedia.org/wiki/Solutions_Linux<br />
* http://www.solutionslinux.fr/<br />
<br />
==Sites : Magazine et Presse en ligne==<br />
<br />
=== Cyberpress ===<br />
Magazine Québécois.<br />
* http://www.cyberpresse.ca/<br />
<br />
===Educpros===<br />
Edité par le groupe l'Etudiant qui plublie plusieurs sites couvrant différentes populations concernés par les thèmes de l'Orientation scolaire et de l'éducation.<br /><br />
Depuis 1998, L'Etudiant est détenu par le Groupe Express-Roularta (lui-même filiale du groupe belge Roularta Media Group). Fondé par René Silvestre, le Groupe l'Etudiant est dirigé par Jean Weiss (PDG).<br /><br />
<u>Source</u> : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89tudiant<br />
* http://www.educpros.fr/<br />
<br />
===ITR News.com===<br />
Le premier quotidien des marchés numériques<br />
* http://www.itrnews.com/<br />
<br />
===Le post===<br />
Le Post est un site web français d'actualité, alimenté par une rédaction et par les informations postées par les internautes. Lancé le 9 septembre 2007, il est l'émanation du Monde interactif, filiale commune de la société anonyme Le Monde et du Groupe Lagardère (minoritaire) qui est dédiée à l'édition de sites Web.<br /><br />
<u>Source</u> : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Post<br />
* http://www.lepost.fr/<br />
<br />
===Réseaux & Télécoms===<br />
Réseaux & Télécoms (R & T) est un magazine d'informatique français, spécialisée en réseaux et télécommunications d'entreprise publié par la filiale française du groupe IDG (éditeur du Monde informatique). R & T traite aussi l'actualité de la sécurité informatique et des systèmes d'information..<br /><br />
<u>Source</u> : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seaux_%26_T%C3%A9l%C3%A9coms<br />
* http://www.reseaux-telecoms.net/<br />
<br />
==Sites : Syndicats==<br />
===Sgen-CFDT===<br />
*http://www.cfdt.fr/rewrite/site/3952/sgen.htm?idRubrique=5032</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=RapportMoral2010&diff=35863RapportMoral20102011-01-05T20:36:24Z<p>Bsibaud : /* Classement des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité à l'UNESCO */</p>
<hr />
<div>{{Travail En Cours|contenu=un texte }}<br />
<br />
= Règles de rédaction = <br />
<br />
Page pour la rédaction du rapport moral 2010, en cours de rédaction.<br />
<br />
La table des matières reprend celle du [http://www.april.org/fr/rapport-moral-sur-lactivite-de-lapril-en-2009 rapport moral 2009] et doit être enrichie<br />
de nouvelles entrées.<br />
<br />
Quelques règles concernant l'écriture du rapport moral :<br />
<br />
- dater précisément si possible les évènements ou actions que vous<br />
évoquez, par exemple ne mettez pas « L'association XXX a organisé les<br />
journées YYY » mais plutôt « L'association XXX a organisé le 23 mai<br />
2010 les journées YYY ».<br />
<br />
- indiquez les titres des personnes citées dans la rétrospective. Par<br />
exemple ne dites pas « Luc Chatel » mais « Luc Chatel (ministre de<br />
l'éducation, de la jeunesse et des sports) »<br />
<br />
- mettez des liens chaque fois que vous le pouvez si vous parlez d'un<br />
évènement, organisation...<br />
<br />
<br />
= Bref rappel = <br />
= Contexte de l'année =<br />
= Fonctionnement et vie de l'association =<br />
== Adhérents (stats, répartition géographique, bénévolat...) ==<br />
== Conseil d'administration, bureau ==<br />
== Permanents ==<br />
== Ressources : local, site, système de gestion des adhérents ==<br />
== Stagiaires ==<br />
== Assemblée générale de l'April ==<br />
== Bilan moral et feuille de route 2009-2014 ==<br />
== Divers ==<br />
= Dossiers =<br />
== ACTA / ACAC - Accord Commercial Anti-Contrefaçon ==<br />
== Abus de position dominante et interopérabilité ==<br />
== Brevets ==<br />
== Cadre européen d'interopérabilité (EIF) ==<br />
== Campagnes : le Pacte du Logiciel Libre ==<br />
== Consultations de l'Union européenne ==<br />
== Entreprises ==<br />
== Éducation ==<br />
== Forum Mondial du Libre ==<br />
== Feuille de route « 2020 FLOSS Roadmap » ==<br />
== Forum des Droits sur l'Internet ==<br />
== Hadopi ==<br />
== Marchés publics discriminants ==<br />
== Neutralité du net ==<br />
== Projet de création d'un « Conseil National du Numérique » ==<br />
== Relations avec les pouvoirs publics et rendez-vous ==<br />
== RGAA ==<br />
== RGI ==<br />
== Vente liée ==<br />
= Groupes de travail : point groupe par groupe =<br />
== Accessibilité et logiciels libres ==<br />
== Administration des serveurs ==<br />
== Agir-April ==<br />
== Animation ==<br />
<br />
<br />
Initiatives 2010 :<br />
* Organisation de 3 réunions IRC :<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-01-20<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-03-11<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-04-12<br />
* Réalisation Guide du bénévole : en attente de diffusion suite au manque de local (Antoine)<br />
**http://wiki.april.org/w/Comment_devenir_benevole_pour_l_april_en_5_minutes#M.C3.A9thode_de_travail<br />
* L'année 2010 a vu le lancement des piques-niques nationaux initiés par bookynette : http://wiki.april.org/w/AperosApril<br />
* Revue hebdomadaire sur #april tous les vendredi à 12h, à l'initiative de Fred : https://agir.april.org/issues/135. La première a eu lieu le 30 avril.<br />
* Message d'accueil des adhérents pour la liste educ@ (Rémi)<br />
* Envoi des réponses au questionnaire aux animateurs de groupes de travail (fait ou pas ?)<br />
* Amélioration du taux de recouvrement : diverses analyses et actions (courrier papier, enquête téléphonique, mails de radiation avec réadhésion en un clic...) pour inciter des adhérents très en retard à régler leur cotisation<br />
* Un quiz, une question, un jeu dans la lettre interne (Fred)<br />
* Compilation des ressources existantes pour mieux aiguiller l'adhérent (rayna)<br />
* Création dans le wiki d'une page linkée depuis l'accueil "Actualités" (liot, rayna)<br />
* Atelier et sondage pour la création d'un nouveau tshirt April (Eva, Antoine)<br />
<br />
Voeux 2011 :<br />
* trouver des ressources pour l'animation <br />
* améliorer la visibilité des réalisations, mieux valoriser la participation<br />
* mettre en place FudForum<br />
* mettre en place un base de compétences accessible (depuis gDTC)<br />
<br />
== Causeries ==<br />
<br />
Les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions organisées régulièrement, d'une durée d'une heure ou plus, sur un sujet donné. Les comptes-rendus sont publics ou restreints aux membres suivant les sujets abordés.<br />
<br />
Elles ont été lancées le 25 mars 2007 par Benoît Sibaud, avec les objectifs suivants :<br />
<br />
* permettre des discussions sans avoir à réunir tout le monde physiquement, et permettre des discussions régulières<br />
* permettre de poser facilement des questions sur les sujets retenus<br />
* voir quelles sont les questions que se posent les adhérents ou le public<br />
* avoir des comptes-rendus écrits sur divers sujets (en particulier sur l'actualité ou les groupes de travail)<br />
* de manière générale, faire circuler l'information<br />
<br />
Causeries de 2010 :<br />
<br />
* 17 septembre 2010 : « Le monde associatif et le logiciel libre » avec Laurent Costy, conseiller bénévole sur les questions associatives pour l'April et actuel animateur du groupe de travail "Libre association" ainsi que Bastien Sibille, membre actif de ce groupe et coordinateur de l'Association Internationale du Logiciel Libre (Ai2L) pour l'Économie Sociale.<br />
* 27 août 2010 : « L'économie et le logiciel libre » avec Tangui Morlier, consultant indépendant, spécialiste des questions économiques du logiciel libre, et président de l'April.<br />
<br />
L'activité du groupe a repris après une pause, mais reste faible. L'activité repose sur Yoann Nabat et Benoît Sibaud.<br />
<br />
Une passerelle IRC/Jabber mise en place en 2009 pour la synchronisation IRC/Jabber pour les causeries (offrant un plus large choix au public présent lors d'une causerie) reste à migrer sur un des serveurs de l'April. Même chose pour un serveur d'édition collaborative temps réel (type Gobby/Sobby) qui est utilisé.<br />
<br />
Ce groupe de travail a été incorporé dans le groupe de travail Animation.<br />
<br />
== Classement des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité à l'UNESCO ==<br />
<br />
À la base, en 2002, l'idée était d'obtenir un classement du Logiciel Libre par l'UNESCO comme patrimoine mondial immatériel de l'humanité (puis comme « Mémoire du monde »), pour des questions de reconnaissance et d'image. En pratique il était possible de passer par un logiciel libre donné (par exemple le projet GNU) comme porte drapeau (ce qui est indirectement arrivé en 2003). Il avait été envisagé de re-déposer un nouveau dossier.<br />
<br />
L'expérience montre qu'il y a peu de chances de progresser sur ce point du côté de l'UNESCO. Nous avons déjà essayé, il est peu probable que les<br />
motifs de refus évoqués en 2003 soient levés, le poids des États-Unis (et de leurs tenants du verrouillage de l'immatériel) à l'UNESCO a augmenté, etc, etc. Bref cela prendrait beaucoup de temps de re-déposer un dossier, pour un espoir de réussite très faible.<br />
<br />
Après discussion avec diverses personnes susceptibles de s'impliquer ainsi qu'avec le conseil d'administration de l'association, nous pensons<br />
que le jeu n'en vaut pas la chandelle, et que l'énergie peut être utilisée plus efficacement via d'autres actions de promotion et de sensibilisation (voir notamment le groupe de travail sensibilisation http://www.april.org/groupes/sensibilisation ). Et par ailleurs l'April parle déjà du logiciel libre comme d'un pot commun pour l'humanité, un bien commun, etc. <br />
<br />
Il est donc préférable dans ces conditions de choisir une autre voie pour promouvoir le logiciel libre. Il y a suffisamment d'idées à réaliser et de choses déjà en cours pour progresser autrement.<br />
<br />
Pour préserver la mémoire des actions entreprises, toute l'information historique a été transférée sur le site de l'April, notamment :<br />
* http://www.april.org/groupes/patrimoine-mondial/<br />
* http://www.april.org/groupes/patrimoine-mondial/travail-accompli.html<br />
* http://www.april.org/logiciels-libres-comme-patrimoine-de-lhumanite-action-aux-rmll-2002<br />
<br />
L'activité de ce groupe a été arrêtée et sa liste de diffusion archivée.<br />
<br />
== Communication externe ==<br />
== Développement et maintenance du site web ==<br />
== Diversité ==<br />
== Éducation ==<br />
== Libre Association (Logiciel Libre et monde associatif) ==<br />
== Libre en Fête ==<br />
== Revues de presse ==<br />
La revue de presse hebdomadaire de l'April est passées des mains de Lionel Allorge à celles d'Emmanuel Charpentier en juin 2010. Cette passation d'activité s'est faite sans interruption de service. Elle a été l'occasion d'automatiser un certain nombre de tâches :<br />
* créer un article «revue de presse» drupal en partant d'une URL<br />
* récupérer toutes les URL proposées par le bot alexandrie<br />
* générer et envoyer le mail pour relecture<br />
* générer et poster l'article sur drupal<br />
* générer et poster l'article sur linuxfr<br />
* envoi d'un mail de demande de publication sur drupal<br />
<br />
A partir du 21 octobre 2010, Emmanuel Charpentier et Luc Fievet enregistrent toutes les semaines 15 minutes de présentation de la revue de presse pour l'émission ''[http://www.divergence-fm.org/-Divergence-numerique-.html| Divergence numérique]'' de la radio montpelliéraine ''divergence FM''. Le fichier est également disponible en podcast en début de semaine sur [http://www.dogmazic.net/Revue_de_presse_de_lapril| Dogmazic].<br />
<br />
== RTFM (« Refonte, Travail de Fond et Modernisation ») ==<br />
Le projet RTFM lancé en 2009 est au point mort en 2010. La vingtaine d'entretiens menés en 2009 et 2010 ont débouché sur la rédaction d'un premier jet de questionnaire disponible sur le wiki : [[Questionnaire_RTFM]].<br />
<br />
== Sensibilisation au Logiciel Libre ==<br />
== Traductions ==<br />
<br />
À ne pas confondre avec les groupes traduction de la philosophie GNU et traduction des licences libres, l'objectif du groupe « Traductions » est de traduire dans différentes langues le site web de l'April et divers documents utiles, notamment les communiqués de presse. Ce groupe est ouvert aux non membres de l'April.<br />
<br />
L'animateur du groupe est Marc Chauvet depuis septembre 2008. Depuis août 2009, Thibaut Boyer est animateur suppléant.<br />
<br />
Parmi la soixantaine de traductions de l'année, nous pouvons noter :<br />
<br />
* la traduction anglaise de la feuille de route 2009-2014<br />
* les premières pages du site web en espagnol<br />
* la traduction arabe du poster de sensibilisation<br />
* plusieurs traductions de communiqués de presse (ACTA, marchés publiques, ...)<br />
<br />
<br />
<br />
Pour toute information supplémentaire, visitez la [http://www.april.org/groupes/traductions/ page d'accueil du groupe].<br />
<br />
== Traduction_de_la_philosophie_GNU ==<br />
== Transcriptions ==<br />
<br />
Le groupe Transcriptions a pour but de proposer une version texte des enregistrements audio et vidéo afin de faciliter leur indexation, leur accessibilité et leur réutilisation. Ces enregistrements sont soit déjà sur le site de l'April, soit proposés par des apriliens. Ils concernent tous le Logiciel Libre. Ces contenus, une fois transcrits, seront plus accessibles, disponibles dans les moteurs de recherche, imprimables, citables, etc. Des sous-titrages et des traductions sont aussi envisageables. <br />
<br />
L'animatrice du groupe est Magali Garnero, alias Bookynette depuis l'AG 2010.<br />
Ses suppléants sont Islem (snip) et Patrick (nca)<br />
<br />
Depuis le début de l'année 2010 environs 22 heures de vidéo ont été transcrites et publiées sur le site. Sept heures d'enregistrement sont en cours (attente de relecture et transcriptions non finies). Douze réunions ont été organisées.<br />
<br />
Pour plus d'informations : allez jeter un œil sur le [[Transcriptions page d'accueil | wiki du groupe]].<br />
<br />
== Autres actions ==<br />
=== Conférences ===<br />
=== Divers ===<br />
=== Entretiens ===<br />
=== Participation à des manifestations, stands (RMLL, FML, Solutions GNU/Linux...) ===<br />
=== Publications ===<br />
= Partenariats =<br />
== 1. AFUL ==<br />
== 2. ASTI == <br />
== 3. CPCA == <br />
== 5. FPH == <br />
== 6. Forum des Droits sur l'Internet ==<br />
== 7. La Cantine ==<br />
== 8. La Quadrature du Net ==<br />
== 9. Lolix ==<br />
== Master I2L ==<br />
== ODF Alliance == <br />
== OFSET ==<br />
== Scideralle ==<br />
== Wikimédia ==<br />
= Médias/presse =<br />
== Zoom de l'April dans le JT d'Intelli'N sur le logiciel libre ==<br />
== Communiqués de presse ==<br />
= Merci =</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=RapportMoral2010&diff=35862RapportMoral20102011-01-05T20:30:21Z<p>Bsibaud : /* Causeries */</p>
<hr />
<div>{{Travail En Cours|contenu=un texte }}<br />
<br />
= Règles de rédaction = <br />
<br />
Page pour la rédaction du rapport moral 2010, en cours de rédaction.<br />
<br />
La table des matières reprend celle du [http://www.april.org/fr/rapport-moral-sur-lactivite-de-lapril-en-2009 rapport moral 2009] et doit être enrichie<br />
de nouvelles entrées.<br />
<br />
Quelques règles concernant l'écriture du rapport moral :<br />
<br />
- dater précisément si possible les évènements ou actions que vous<br />
évoquez, par exemple ne mettez pas « L'association XXX a organisé les<br />
journées YYY » mais plutôt « L'association XXX a organisé le 23 mai<br />
2010 les journées YYY ».<br />
<br />
- indiquez les titres des personnes citées dans la rétrospective. Par<br />
exemple ne dites pas « Luc Chatel » mais « Luc Chatel (ministre de<br />
l'éducation, de la jeunesse et des sports) »<br />
<br />
- mettez des liens chaque fois que vous le pouvez si vous parlez d'un<br />
évènement, organisation...<br />
<br />
<br />
= Bref rappel = <br />
= Contexte de l'année =<br />
= Fonctionnement et vie de l'association =<br />
== Adhérents (stats, répartition géographique, bénévolat...) ==<br />
== Conseil d'administration, bureau ==<br />
== Permanents ==<br />
== Ressources : local, site, système de gestion des adhérents ==<br />
== Stagiaires ==<br />
== Assemblée générale de l'April ==<br />
== Bilan moral et feuille de route 2009-2014 ==<br />
== Divers ==<br />
= Dossiers =<br />
== ACTA / ACAC - Accord Commercial Anti-Contrefaçon ==<br />
== Abus de position dominante et interopérabilité ==<br />
== Brevets ==<br />
== Cadre européen d'interopérabilité (EIF) ==<br />
== Campagnes : le Pacte du Logiciel Libre ==<br />
== Consultations de l'Union européenne ==<br />
== Entreprises ==<br />
== Éducation ==<br />
== Forum Mondial du Libre ==<br />
== Feuille de route « 2020 FLOSS Roadmap » ==<br />
== Forum des Droits sur l'Internet ==<br />
== Hadopi ==<br />
== Marchés publics discriminants ==<br />
== Neutralité du net ==<br />
== Projet de création d'un « Conseil National du Numérique » ==<br />
== Relations avec les pouvoirs publics et rendez-vous ==<br />
== RGAA ==<br />
== RGI ==<br />
== Vente liée ==<br />
= Groupes de travail : point groupe par groupe =<br />
== Accessibilité et logiciels libres ==<br />
== Administration des serveurs ==<br />
== Agir-April ==<br />
== Animation ==<br />
<br />
<br />
Initiatives 2010 :<br />
* Organisation de 3 réunions IRC :<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-01-20<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-03-11<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-04-12<br />
* Réalisation Guide du bénévole : en attente de diffusion suite au manque de local (Antoine)<br />
**http://wiki.april.org/w/Comment_devenir_benevole_pour_l_april_en_5_minutes#M.C3.A9thode_de_travail<br />
* L'année 2010 a vu le lancement des piques-niques nationaux initiés par bookynette : http://wiki.april.org/w/AperosApril<br />
* Revue hebdomadaire sur #april tous les vendredi à 12h, à l'initiative de Fred : https://agir.april.org/issues/135. La première a eu lieu le 30 avril.<br />
* Message d'accueil des adhérents pour la liste educ@ (Rémi)<br />
* Envoi des réponses au questionnaire aux animateurs de groupes de travail (fait ou pas ?)<br />
* Amélioration du taux de recouvrement : diverses analyses et actions (courrier papier, enquête téléphonique, mails de radiation avec réadhésion en un clic...) pour inciter des adhérents très en retard à régler leur cotisation<br />
* Un quiz, une question, un jeu dans la lettre interne (Fred)<br />
* Compilation des ressources existantes pour mieux aiguiller l'adhérent (rayna)<br />
* Création dans le wiki d'une page linkée depuis l'accueil "Actualités" (liot, rayna)<br />
* Atelier et sondage pour la création d'un nouveau tshirt April (Eva, Antoine)<br />
<br />
Voeux 2011 :<br />
* trouver des ressources pour l'animation <br />
* améliorer la visibilité des réalisations, mieux valoriser la participation<br />
* mettre en place FudForum<br />
* mettre en place un base de compétences accessible (depuis gDTC)<br />
<br />
== Causeries ==<br />
<br />
Les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions organisées régulièrement, d'une durée d'une heure ou plus, sur un sujet donné. Les comptes-rendus sont publics ou restreints aux membres suivant les sujets abordés.<br />
<br />
Elles ont été lancées le 25 mars 2007 par Benoît Sibaud, avec les objectifs suivants :<br />
<br />
* permettre des discussions sans avoir à réunir tout le monde physiquement, et permettre des discussions régulières<br />
* permettre de poser facilement des questions sur les sujets retenus<br />
* voir quelles sont les questions que se posent les adhérents ou le public<br />
* avoir des comptes-rendus écrits sur divers sujets (en particulier sur l'actualité ou les groupes de travail)<br />
* de manière générale, faire circuler l'information<br />
<br />
Causeries de 2010 :<br />
<br />
* 17 septembre 2010 : « Le monde associatif et le logiciel libre » avec Laurent Costy, conseiller bénévole sur les questions associatives pour l'April et actuel animateur du groupe de travail "Libre association" ainsi que Bastien Sibille, membre actif de ce groupe et coordinateur de l'Association Internationale du Logiciel Libre (Ai2L) pour l'Économie Sociale.<br />
* 27 août 2010 : « L'économie et le logiciel libre » avec Tangui Morlier, consultant indépendant, spécialiste des questions économiques du logiciel libre, et président de l'April.<br />
<br />
L'activité du groupe a repris après une pause, mais reste faible. L'activité repose sur Yoann Nabat et Benoît Sibaud.<br />
<br />
Une passerelle IRC/Jabber mise en place en 2009 pour la synchronisation IRC/Jabber pour les causeries (offrant un plus large choix au public présent lors d'une causerie) reste à migrer sur un des serveurs de l'April. Même chose pour un serveur d'édition collaborative temps réel (type Gobby/Sobby) qui est utilisé.<br />
<br />
Ce groupe de travail a été incorporé dans le groupe de travail Animation.<br />
<br />
== Classement des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité à l'UNESCO ==<br />
== Communication externe ==<br />
== Développement et maintenance du site web ==<br />
== Diversité ==<br />
== Éducation ==<br />
== Libre Association (Logiciel Libre et monde associatif) ==<br />
== Libre en Fête ==<br />
== Revues de presse ==<br />
La revue de presse hebdomadaire de l'April est passées des mains de Lionel Allorge à celles d'Emmanuel Charpentier en juin 2010. Cette passation d'activité s'est faite sans interruption de service. Elle a été l'occasion d'automatiser un certain nombre de tâches :<br />
* créer un article «revue de presse» drupal en partant d'une URL<br />
* récupérer toutes les URL proposées par le bot alexandrie<br />
* générer et envoyer le mail pour relecture<br />
* générer et poster l'article sur drupal<br />
* générer et poster l'article sur linuxfr<br />
* envoi d'un mail de demande de publication sur drupal<br />
<br />
A partir du 21 octobre 2010, Emmanuel Charpentier et Luc Fievet enregistrent toutes les semaines 15 minutes de présentation de la revue de presse pour l'émission ''[http://www.divergence-fm.org/-Divergence-numerique-.html| Divergence numérique]'' de la radio montpelliéraine ''divergence FM''. Le fichier est également disponible en podcast en début de semaine sur [http://www.dogmazic.net/Revue_de_presse_de_lapril| Dogmazic].<br />
<br />
== RTFM (« Refonte, Travail de Fond et Modernisation ») ==<br />
Le projet RTFM lancé en 2009 est au point mort en 2010. La vingtaine d'entretiens menés en 2009 et 2010 ont débouché sur la rédaction d'un premier jet de questionnaire disponible sur le wiki : [[Questionnaire_RTFM]].<br />
<br />
== Sensibilisation au Logiciel Libre ==<br />
== Traductions ==<br />
<br />
À ne pas confondre avec les groupes traduction de la philosophie GNU et traduction des licences libres, l'objectif du groupe « Traductions » est de traduire dans différentes langues le site web de l'April et divers documents utiles, notamment les communiqués de presse. Ce groupe est ouvert aux non membres de l'April.<br />
<br />
L'animateur du groupe est Marc Chauvet depuis septembre 2008. Depuis août 2009, Thibaut Boyer est animateur suppléant.<br />
<br />
Parmi la soixantaine de traductions de l'année, nous pouvons noter :<br />
<br />
* la traduction anglaise de la feuille de route 2009-2014<br />
* les premières pages du site web en espagnol<br />
* la traduction arabe du poster de sensibilisation<br />
* plusieurs traductions de communiqués de presse (ACTA, marchés publiques, ...)<br />
<br />
<br />
<br />
Pour toute information supplémentaire, visitez la [http://www.april.org/groupes/traductions/ page d'accueil du groupe].<br />
<br />
== Traduction_de_la_philosophie_GNU ==<br />
== Transcriptions ==<br />
<br />
Le groupe Transcriptions a pour but de proposer une version texte des enregistrements audio et vidéo afin de faciliter leur indexation, leur accessibilité et leur réutilisation. Ces enregistrements sont soit déjà sur le site de l'April, soit proposés par des apriliens. Ils concernent tous le Logiciel Libre. Ces contenus, une fois transcrits, seront plus accessibles, disponibles dans les moteurs de recherche, imprimables, citables, etc. Des sous-titrages et des traductions sont aussi envisageables. <br />
<br />
L'animatrice du groupe est Magali Garnero, alias Bookynette depuis l'AG 2010.<br />
Ses suppléants sont Islem (snip) et Patrick (nca)<br />
<br />
Depuis le début de l'année 2010 environs 22 heures de vidéo ont été transcrites et publiées sur le site. Sept heures d'enregistrement sont en cours (attente de relecture et transcriptions non finies). Douze réunions ont été organisées.<br />
<br />
Pour plus d'informations : allez jeter un œil sur le [[Transcriptions page d'accueil | wiki du groupe]].<br />
<br />
== Autres actions ==<br />
=== Conférences ===<br />
=== Divers ===<br />
=== Entretiens ===<br />
=== Participation à des manifestations, stands (RMLL, FML, Solutions GNU/Linux...) ===<br />
=== Publications ===<br />
= Partenariats =<br />
== 1. AFUL ==<br />
== 2. ASTI == <br />
== 3. CPCA == <br />
== 5. FPH == <br />
== 6. Forum des Droits sur l'Internet ==<br />
== 7. La Cantine ==<br />
== 8. La Quadrature du Net ==<br />
== 9. Lolix ==<br />
== Master I2L ==<br />
== ODF Alliance == <br />
== OFSET ==<br />
== Scideralle ==<br />
== Wikimédia ==<br />
= Médias/presse =<br />
== Zoom de l'April dans le JT d'Intelli'N sur le logiciel libre ==<br />
== Communiqués de presse ==<br />
= Merci =</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=RapportMoral2010&diff=35861RapportMoral20102011-01-05T20:29:42Z<p>Bsibaud : /* Causeries */</p>
<hr />
<div>{{Travail En Cours|contenu=un texte }}<br />
<br />
= Règles de rédaction = <br />
<br />
Page pour la rédaction du rapport moral 2010, en cours de rédaction.<br />
<br />
La table des matières reprend celle du [http://www.april.org/fr/rapport-moral-sur-lactivite-de-lapril-en-2009 rapport moral 2009] et doit être enrichie<br />
de nouvelles entrées.<br />
<br />
Quelques règles concernant l'écriture du rapport moral :<br />
<br />
- dater précisément si possible les évènements ou actions que vous<br />
évoquez, par exemple ne mettez pas « L'association XXX a organisé les<br />
journées YYY » mais plutôt « L'association XXX a organisé le 23 mai<br />
2010 les journées YYY ».<br />
<br />
- indiquez les titres des personnes citées dans la rétrospective. Par<br />
exemple ne dites pas « Luc Chatel » mais « Luc Chatel (ministre de<br />
l'éducation, de la jeunesse et des sports) »<br />
<br />
- mettez des liens chaque fois que vous le pouvez si vous parlez d'un<br />
évènement, organisation...<br />
<br />
<br />
= Bref rappel = <br />
= Contexte de l'année =<br />
= Fonctionnement et vie de l'association =<br />
== Adhérents (stats, répartition géographique, bénévolat...) ==<br />
== Conseil d'administration, bureau ==<br />
== Permanents ==<br />
== Ressources : local, site, système de gestion des adhérents ==<br />
== Stagiaires ==<br />
== Assemblée générale de l'April ==<br />
== Bilan moral et feuille de route 2009-2014 ==<br />
== Divers ==<br />
= Dossiers =<br />
== ACTA / ACAC - Accord Commercial Anti-Contrefaçon ==<br />
== Abus de position dominante et interopérabilité ==<br />
== Brevets ==<br />
== Cadre européen d'interopérabilité (EIF) ==<br />
== Campagnes : le Pacte du Logiciel Libre ==<br />
== Consultations de l'Union européenne ==<br />
== Entreprises ==<br />
== Éducation ==<br />
== Forum Mondial du Libre ==<br />
== Feuille de route « 2020 FLOSS Roadmap » ==<br />
== Forum des Droits sur l'Internet ==<br />
== Hadopi ==<br />
== Marchés publics discriminants ==<br />
== Neutralité du net ==<br />
== Projet de création d'un « Conseil National du Numérique » ==<br />
== Relations avec les pouvoirs publics et rendez-vous ==<br />
== RGAA ==<br />
== RGI ==<br />
== Vente liée ==<br />
= Groupes de travail : point groupe par groupe =<br />
== Accessibilité et logiciels libres ==<br />
== Administration des serveurs ==<br />
== Agir-April ==<br />
== Animation ==<br />
<br />
<br />
Initiatives 2010 :<br />
* Organisation de 3 réunions IRC :<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-01-20<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-03-11<br />
**http://wiki.april.org/w/Compte-rendu_r%C3%A9union_Animation_2010-04-12<br />
* Réalisation Guide du bénévole : en attente de diffusion suite au manque de local (Antoine)<br />
**http://wiki.april.org/w/Comment_devenir_benevole_pour_l_april_en_5_minutes#M.C3.A9thode_de_travail<br />
* L'année 2010 a vu le lancement des piques-niques nationaux initiés par bookynette : http://wiki.april.org/w/AperosApril<br />
* Revue hebdomadaire sur #april tous les vendredi à 12h, à l'initiative de Fred : https://agir.april.org/issues/135. La première a eu lieu le 30 avril.<br />
* Message d'accueil des adhérents pour la liste educ@ (Rémi)<br />
* Envoi des réponses au questionnaire aux animateurs de groupes de travail (fait ou pas ?)<br />
* Amélioration du taux de recouvrement : diverses analyses et actions (courrier papier, enquête téléphonique, mails de radiation avec réadhésion en un clic...) pour inciter des adhérents très en retard à régler leur cotisation<br />
* Un quiz, une question, un jeu dans la lettre interne (Fred)<br />
* Compilation des ressources existantes pour mieux aiguiller l'adhérent (rayna)<br />
* Création dans le wiki d'une page linkée depuis l'accueil "Actualités" (liot, rayna)<br />
* Atelier et sondage pour la création d'un nouveau tshirt April (Eva, Antoine)<br />
<br />
Voeux 2011 :<br />
* trouver des ressources pour l'animation <br />
* améliorer la visibilité des réalisations, mieux valoriser la participation<br />
* mettre en place FudForum<br />
* mettre en place un base de compétences accessible (depuis gDTC)<br />
<br />
== Causeries ==<br />
<br />
Les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions organisées régulièrement, d'une durée d'une heure ou plus, sur un sujet donné. Les comptes-rendus sont publics ou restreints aux membres suivant les sujets abordés.<br />
<br />
Elles ont été lancées le 25 mars 2007 par Benoît Sibaud, avec les objectifs suivants :<br />
<br />
* permettre des discussions sans avoir à réunir tout le monde physiquement, et permettre des discussions régulières<br />
* permettre de poser facilement des questions sur les sujets retenus<br />
* voir quelles sont les questions que se posent les adhérents ou le public<br />
* avoir des comptes-rendus écrits sur divers sujets (en particulier sur l'actualité ou les groupes de travail)<br />
* de manière générale, faire circuler l'information<br />
<br />
Causeries de 2010 :<br />
<br />
* 17 septembre 2010 : « Le monde associatif et le logiciel libre » avec Laurent Costy, conseiller bénévole sur les questions associatives pour l'April et actuel animateur du groupe de travail "Libre association" ainsi que Bastien Sibille, membre actif de ce groupe et coordinateur de l'Association Internationale du Logiciel Libre (Ai2L) pour l'Économie Sociale.<br />
* 27 août 2010 : « L'économie et le logiciel libre » avec Tangui Morlier, consultant indépendant, spécialiste des questions économiques du logiciel libre, et président de l'April.<br />
<br />
L'activité du groupe a repris après une pause, mais reste faible. L'activité repose sur Yoann Nabat et Benoît Sibaud.<br />
<br />
Une passerelle IRC/Jabber mise en place en 2009 pour la synchronisation IRC/Jabber pour les causeries (offrant un plus large choix au public présent lors d'une causerie) reste à migrer sur un des serveurs de l'April. Même chose pour un serveur d'édition collaborative temps réel (type Gobby/Sobby) qui est utilisé.<br />
<br />
Ce groupe de travail a été incorporé dans le groupe de travail Animation.<br />
<br />
== Classement des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité à l'UNESCO ==<br />
== Communication externe ==<br />
== Développement et maintenance du site web ==<br />
== Diversité ==<br />
== Éducation ==<br />
== Libre Association (Logiciel Libre et monde associatif) ==<br />
== Libre en Fête ==<br />
== Revues de presse ==<br />
La revue de presse hebdomadaire de l'April est passées des mains de Lionel Allorge à celles d'Emmanuel Charpentier en juin 2010. Cette passation d'activité s'est faite sans interruption de service. Elle a été l'occasion d'automatiser un certain nombre de tâches :<br />
* créer un article «revue de presse» drupal en partant d'une URL<br />
* récupérer toutes les URL proposées par le bot alexandrie<br />
* générer et envoyer le mail pour relecture<br />
* générer et poster l'article sur drupal<br />
* générer et poster l'article sur linuxfr<br />
* envoi d'un mail de demande de publication sur drupal<br />
<br />
A partir du 21 octobre 2010, Emmanuel Charpentier et Luc Fievet enregistrent toutes les semaines 15 minutes de présentation de la revue de presse pour l'émission ''[http://www.divergence-fm.org/-Divergence-numerique-.html| Divergence numérique]'' de la radio montpelliéraine ''divergence FM''. Le fichier est également disponible en podcast en début de semaine sur [http://www.dogmazic.net/Revue_de_presse_de_lapril| Dogmazic].<br />
<br />
== RTFM (« Refonte, Travail de Fond et Modernisation ») ==<br />
Le projet RTFM lancé en 2009 est au point mort en 2010. La vingtaine d'entretiens menés en 2009 et 2010 ont débouché sur la rédaction d'un premier jet de questionnaire disponible sur le wiki : [[Questionnaire_RTFM]].<br />
<br />
== Sensibilisation au Logiciel Libre ==<br />
== Traductions ==<br />
<br />
À ne pas confondre avec les groupes traduction de la philosophie GNU et traduction des licences libres, l'objectif du groupe « Traductions » est de traduire dans différentes langues le site web de l'April et divers documents utiles, notamment les communiqués de presse. Ce groupe est ouvert aux non membres de l'April.<br />
<br />
L'animateur du groupe est Marc Chauvet depuis septembre 2008. Depuis août 2009, Thibaut Boyer est animateur suppléant.<br />
<br />
Parmi la soixantaine de traductions de l'année, nous pouvons noter :<br />
<br />
* la traduction anglaise de la feuille de route 2009-2014<br />
* les premières pages du site web en espagnol<br />
* la traduction arabe du poster de sensibilisation<br />
* plusieurs traductions de communiqués de presse (ACTA, marchés publiques, ...)<br />
<br />
<br />
<br />
Pour toute information supplémentaire, visitez la [http://www.april.org/groupes/traductions/ page d'accueil du groupe].<br />
<br />
== Traduction_de_la_philosophie_GNU ==<br />
== Transcriptions ==<br />
<br />
Le groupe Transcriptions a pour but de proposer une version texte des enregistrements audio et vidéo afin de faciliter leur indexation, leur accessibilité et leur réutilisation. Ces enregistrements sont soit déjà sur le site de l'April, soit proposés par des apriliens. Ils concernent tous le Logiciel Libre. Ces contenus, une fois transcrits, seront plus accessibles, disponibles dans les moteurs de recherche, imprimables, citables, etc. Des sous-titrages et des traductions sont aussi envisageables. <br />
<br />
L'animatrice du groupe est Magali Garnero, alias Bookynette depuis l'AG 2010.<br />
Ses suppléants sont Islem (snip) et Patrick (nca)<br />
<br />
Depuis le début de l'année 2010 environs 22 heures de vidéo ont été transcrites et publiées sur le site. Sept heures d'enregistrement sont en cours (attente de relecture et transcriptions non finies). Douze réunions ont été organisées.<br />
<br />
Pour plus d'informations : allez jeter un œil sur le [[Transcriptions page d'accueil | wiki du groupe]].<br />
<br />
== Autres actions ==<br />
=== Conférences ===<br />
=== Divers ===<br />
=== Entretiens ===<br />
=== Participation à des manifestations, stands (RMLL, FML, Solutions GNU/Linux...) ===<br />
=== Publications ===<br />
= Partenariats =<br />
== 1. AFUL ==<br />
== 2. ASTI == <br />
== 3. CPCA == <br />
== 5. FPH == <br />
== 6. Forum des Droits sur l'Internet ==<br />
== 7. La Cantine ==<br />
== 8. La Quadrature du Net ==<br />
== 9. Lolix ==<br />
== Master I2L ==<br />
== ODF Alliance == <br />
== OFSET ==<br />
== Scideralle ==<br />
== Wikimédia ==<br />
= Médias/presse =<br />
== Zoom de l'April dans le JT d'Intelli'N sur le logiciel libre ==<br />
== Communiqués de presse ==<br />
= Merci =</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=CharteGroupeDiversite&diff=34846CharteGroupeDiversite2010-12-10T20:12:45Z<p>Bsibaud : /* Animation du groupe de travail */</p>
<hr />
<div>==Motivations et objet du groupe du travail==<br />
<br />
===Constats===<br />
L'hétérogénéité et la nature des communautés libristes fait qu'il est très difficile de savoir quelle est la proportion de contributions venant de la part de femmes, de personnes d'âge "extrême" (adolescents, séniors), etc. Néanmoins, des tentatives d'évaluation des participations féminines ont été menées (par exemple [http://flosspols.org/ cette étude de la Commission Européenne]) et suggèrent que la proportion de contributrices est très faible (aux environs des 2-4%). À ce jour, aucune observation n'a été faite afin de connaître la proportion d'adolescents par exemple.<br/><br />
Au niveau de l'April, 5,6% des membres à jour de cotisation sont des femmes. Il n'y a pas eu d'estimation par tranche d'âge, chose difficile sans préparation de questionnaires dédiés. <br />
<br />
Ainsi, le groupe "Diversité" se voudrait un observatoire autant au niveau national et européen qu'interne à l'April. Comprendre pourquoi de telles irrégularités existent et se maintiennent est donc essentiel afin de pouvoir proposer des actions adéquates pour leur suppression.<br />
<br />
===Réflexions===<br />
Le groupe de travail "Diversité" vise à d'abord étudier le niveau de représentation des différents groupes au sein de l'April, des milieux associatifs, éducatifs, institutionnels, politiques et professionnels en lien avec les logiciels libres. Ces différents groupes de personnes pourraient être grossièrement définis ainsi :<br />
<br />
* sexe : représentation des femmes;<br />
* âge : proportion des adolescents et séniors;<br />
* localité : proportion des membres actifs à Paris/IdF et ailleurs en France et dans le monde, comparaison avec les structures similaires dans d'autres pays européens ;<br />
* "geek-attitude" : proportion des geeks/non geeks au sein de l'April. L'association ayant pour objectif la promotion des logiciels libres auprès du grand public en général, il serait intéressant d'établir le nombre de membres se définissant en tant que "geeks" (technophiles).<br />
<br />
===Objectifs et plans d'actions===<br />
Les objectifs sont de deux sortes :<br />
* établir un état des lieux spécifique à chaque question posée. Cela nécessitera l'écriture de questionnaires dédiés ainsi que la collecte d'informations factuelles auprès d'écoles d'ingénieurs, d'entreprises en lien avec l'informatique et les logiciels libres ainsi qu'un contact privilégié avec des associations nationales telles la CNISF ;<br />
* la prise en compte effective des résultats de ces investigations pour la création de chartes de conduite à l'intention de diverses associations et entreprises libristes, établissements éducatifs et autres. <br />
<br />
Les divers plans d'actions sont en cours d'élaboration.<br />
<br />
==Règles de fonctionnement==<br />
Ce groupe de travail étant à une forte visée politico-sociale, il est essentiel que des règles de fonctionnement claires soient énoncées et respectées. Ainsi :<br />
* '''Discussion. ''' Toute personne intéressée par l'objectif de ce groupe de travail, qu'elle soit ou non membre de l'April, est cordialement invitée à se joindre aux discussions via [[CharteGroupeDiversite#Liste_de_discussion|la liste de discussion]]. Les discussions traitant d'actions à mener par le groupe de travail font l'objet d'une synthèse de la part de la personne ayant initié le sujet. Cette synthèse est à prendre en compte dans le développement de feuilles de route ou autre et doit par conséquent être incluse dans la rédaction de tout projet à soumettre au conseil d'administration.<br />
* '''Circuit de validation. ''' Chaque projet d'action ou production visant des institutions, le grand public, etc. proposé et discuté sur la liste de discussion, doit être transmis au binôme du conseil d'administration représentant le groupe du travail. Le cas échéant (absence dudit binôme ou autre dont il/elle aura prévenu), la proposition est à adresser directement au conseil d'administration (ca AT april POINT org). Cet envoi est à annoncer sur la page du wiki dédiée au projet.<br />
<br />
* '''Licences des productions du groupe de travail. ''' Page générale de l'April à venir. <br />
<br />
* '''Collaboration avec d'autres groupe de travail de l'April. ''' Un contact étroit avec les groupes de travail "Sensibilisation" et "Accessibilité" est fortement souhaité.<br />
<br />
==Outils à disposition du groupe de travail==<br />
<br />
===Liste de discussion===<br />
Les échanges ont lieu sur la liste '''diversite AT april POINT org''' qui regroupe des membres et non-membres de l'April : http://www.april.org/wws/info/diversite<br />
<br />
Les avis exprimés sur celle-ci n'engagent que leurs auteurs et ne sauraient être considérés comme une position officielle de l'association exceptée mention expresse.<br />
La liste sert à initier un débat, une discussion autour de "comment faire", un appel à contributions, etc. Tous les échanges sont sauvegardés dans des archives publiques.<br />
Le respect des règles classiques de la Netiquette en matière de listes de discussion est demandé aux abonnés : cordialité des échanges et tolérance envers les moins experts, pas de lien sans explication, éviter le top-posting et les hors-sujets,... Voir notamment [http://wiki.april.org/w/Charte_liste_de_discussion la Charte de liste de discussion].<br />
<br />
===Wiki===<br />
Le MediaWiki est à disposition de tout membre de l'April. Quelques conseils pour les personnes non familières avec la syntaxe peuvent être trouvés [http://www.mediawiki.org/wiki/Help:Formatting/fr sur le site MediaWiki].<br />
<br />
[http://wiki.april.org/w/Diversité L'actuelle page] du groupe contient des liens envers les ressources bibliographiques et les actions en cours ou passées.<br />
<br />
Une page du wiki doit être ouverte à chaque nouvelle ouverture de topic spécifique afin de maintenir la lisibilité. La page d'accueil du wiki contient :<br />
* un rappel de l'objectif du groupe du travail,<br />
* un sommaire des thèmes abordés (à mettre à jour lorsqu'un un nouveau thème est initié), <br />
* les moyens de contact des animateur-trice(s) et suppléant-e(s),<br />
* des liens vers d'autres groupes de travail de l'April.<br />
<br />
==Animation du groupe de travail==<br />
<br />
Les rôles sont définis plus bas. La plupart des noms seront ajoutés ultérieurement.<br />
<br />
'''Animateur-trice(s):''' veiller à ce que les personnes s'engageant à faire quelque chose le fassent ;-)<br />
Son rôle est aussi d'intervenir auprès d'organisations officielles pour prise de contact (ou si un argument d'autorité est nécessaire... ). C'est également la personne qui se charge d'initier et valider les comptes-rendus afin de tenir le reste de l'association informé des activités du groupe.<br />
''Actuellement :'' Jeanne Tadeusz<br />
<br />
'''Suppléant-e(s) :''' seconder l'animateur-trice. ''Actuellement :'' Luc Fievet<br />
<br />
'''Binôme au Conseil d'Administration :''' membre dudit Conseil prenant activement part du groupe de travail. À contacter en cas de question administrative ou autre touchant à la position de l'April. Si cette personne n'est pas disponible, contacter le conseil d'administration directement. L'aval de cette personne n'est pas un pré-requis à l'initiation d'une activité.<br />
''Actuellement :'' Luc Fievet<br />
<br />
Toutes ces personnes participent selon leurs disponibilités à la rédaction des comptes-rendus d'avancement et articles, mais veillent à s'y impliquer équitablement :-)<br />
<br />
==Évaluation de l'avancement==<br />
<br />
Créer un système métrique simple et accessible à tous :<br />
* Rédaction d'un compte-rendu trimestriel de l'activité du groupe de travail (pour information notamment des membres via la lettre d'information interne, publication de résumés sur le site de l'April).<br />
* Renseigner [http://www.april.org/my?action=benevalo son bénévolat valorisé].<br />
<br />
==Historique==<br />
<br />
Ce groupe de travail « Diversité » a été formalisé à l'approche du 2000e adhérent, par souci de la représentativité de l'April, autrement dit en Janvier 2008. Il fait suite à une discussion sur la féminisation de l'April, par extension de la problématique de sous-représentation de certaines classes de la population. Merci à Estelle Falcy d'avoir pris l'initiative et assuré l'animation pendant les mois suivant la création du groupe.<br />
<br />
==Divers==<br />
<br />
L'action de l'April s'inscrivant souvent dans un contexte européen, les documents principaux que le présent groupe de travail produit sont traduits en anglais (espagnol et allemand facultativement, en fonction des disponibilités).<br />
<br />
[[Catégorie:Diversité]]<br />
[[Catégorie:Groupe de travail]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Nomenclature_des_groupes_de_travail&diff=34845Nomenclature des groupes de travail2010-12-10T20:11:18Z<p>Bsibaud : /* GI09 : Diversité */</p>
<hr />
<div>Le but d'une nomenclature est proposer une classification des groupes de travail de l'April. Elle permet également d'attribuer une fois pour toute un code alphanumérique à chaque groupe de travail. Ce code a pour avantage de rester signifiant pour un lecteur humain (en tout cas plus qu'un simple numéro) et de pouvoir être facilement manipulé par un programme (pas d'ambigüité sur l'écriture, pas d'espace ou de caractères spéciaux).<br />
<br />
Pour chaque groupe de travail, il est indiqué l'animateur, le suppléant, le référent CA, la liste de diffusion, la page sur le site de l'April, la catégorie Wiki, le portail Wiki et d'autres sites éventuellement.<br />
<br />
<br />
==GE : Groupes de travail externes ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail qui concernent une thématique générale du libre. Ils sont ouverts à des personnes extérieures à l'April et leur production peut être utilisé dans un cadre plus large que l'April.<br />
<br />
===GE01 : Traduction de la philosophie GNU ===<br />
*Animateur : Cédric Corazza<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/trad-gnu trad-gnu]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeTradGnu Charte du groupe]<br />
<br />
===GE02 : Causeries (obsolète) ===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : http://www.april.org/wws/info/causeries<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeCauseries Charte du groupe]<br />
<br />
===GE03 : Logiciels libres bien commun (obsolète) ===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/patrimoine-mondial patrimoine-mondial]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/patrimoine-mondial/<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===GE04 : Transcriptions ===<br />
*Animateur : Magali Garnero<br />
*Suppléants : Islem Abd-El Rahman, <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/transcriptions transcriptions]<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Transcriptions]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Transcriptions_page_d'accueil Transcriptions - page d'accueil]<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===GE05 : Libre Association ===<br />
*Animateur : Laurent Costy<br />
*Suppléants : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Référent CA : Jean-Christophe Becquet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/libreassociation libreassociation]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/libreassociation<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Libre_Association]]<br />
*Portail wiki : [[Libre Association]]<br />
*Autres sites : http://www.april.org/groupes/libreassociation [http://www.libreassociation.info www.libreassociation.info] [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeLibreassociation Charte du groupe]<br />
<br />
===GE06 : Sensibilisation ===<br />
*Animateur : [mailto:jcb@apitux.com Jean-Christophe Becquet]<br />
*Suppléants : [mailto:fpoulain@gmail.com François Poulain]<br />
*Référent CA : [mailto:jcb@apitux.com Jean-Christophe Becquet]<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/sensibilisation sensibilisation]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/sensibilisation<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Sensibilisation]]<br />
*Portail wiki : [[Sensibilisation]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/Charte_de_fonctionnement_du_groupe_Sensibilisation_de_l'April Charte du groupe]<br />
<br />
===GE07 : Revue de presse ===<br />
*Animateur : Lionel Allorge (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Page site April : http://www.april.org/revue-de-presse<br />
*Liste de diffusion : /<br />
*Catégorie wiki : /<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/RevuesPresse<br />
*Autres sites : [http://www.april.org/fr/petit-guide-revue-de-presse Page sur le site April] [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeRevueDePresse Charte du groupe]<br />
<br />
===GE08 : Traduction des GNU GPL ===<br />
*Animateur : Sébastien Blondeel<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/trad-gpl trad-gpl]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/trad-gpl<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : <br />
*Autres sites : <br />
<br />
<br />
<br />
==GI : Groupes de travail internes ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail sur des problématiques propres à l'April.<br />
<br />
===GI01 : Administration du système ===<br />
*Animateur : Theocrite<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : liste interne<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/AdminSys<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAdministrationSysteme Charte du site]<br />
<br />
===GI02 : Maintenance du site web ===<br />
*Animateur : Lionel Allorge (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Liste de diffusion : liste interne<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:SiteWeb]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/SiteWeb Page d'accueil]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeSiteWeb Charte du groupe]<br />
<br />
===GI03 : gestionnaire Des Tâches Courantes (gDTC) ===<br />
*Charte : [[CharteGroupegDTC]]<br />
*Animateur : Benjamin Drieu (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benjamin Drieu<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/gdtc-devel gdtc-devel]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : https://gna.org/projects/gdtc<br />
<br />
===GI04 : Communication externe ===<br />
*Animateur : François Poulain<br />
*Suppléants : Gilles Coulais<br />
*Référent CA : François Poulain<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/comm-externe comm-externe]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:CommunicationExterne]]<br />
*Portail wiki : [[CommExterne]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteCommunicationExterne Charte du groupe]<br />
<br />
===GI05 : Traductions ===<br />
*Animateur : Marc Chauvet<br />
*Suppléants : Thibaut Boyer<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/traductions traductions]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/traductions<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Traductions]]<br />
*Portail wiki : [[Traductions]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeTraductions Charte du groupe]<br />
<br />
===GI06 : Animation ===<br />
*Animateur : Xavier Antoviaque<br />
*Suppléants : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Référent CA : Rayna Stamboliyska<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/animation animation]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Animation]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Animation Page d'accueil]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAnimation Charte du groupe]<br />
<br />
===GI07 : Site web ===<br />
*Animateur : Olivier Fraysse et Lionel Allorge (membres du CA)<br />
*Suppléants : Frédéric Couchet<br />
*Référent CA : Lionel Allorge <br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/siteweb siteweb]<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : Catégorie:SiteWeb<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/SiteWeb<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeSiteWeb Charte du groupe]<br />
<br />
===GI08 : Agir-April===<br />
*Animateur : Tony Bassette (membre du CA)<br />
*Suppléants : Eva Mathieu<br />
*Référent CA : Lionel Allorge <br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/agir<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : <br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAgirApril Charte du groupe]<br />
<br />
===GI09 : Diversité ===<br />
*Animateur : Jeanne Tadeusz<br />
*Suppléants : Luc Fievet<br />
*Référent CA : Luc Fievet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/diversite diversite]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Diversité]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Groupe_de_travail_Diversité page wiki]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeDiversite Charte du groupe]<br />
<br />
===GI10 : RTFM - Méthodes et outils internes ===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : Lionel Allorge et Luc Fiévet <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/rtfm rtfm]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/RTFM<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeRTFM Charte du groupe]<br />
<br />
==GF : Groupes de travail en cours de formalisation ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail qui sont en cours de formalisation.<br />
<br />
===GF01 : Éducation et logiciels libres ===<br />
*Animateur : Rémi Boulle<br />
*Suppléants : Ivaylo Ganchev, Patrice Pillot et Philippe-Charles Nestel <br />
*Référent CA : Jean-Christophe Becquet/Frédéric Couchet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/educ educ]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/educ/<br />
*Catégorie wiki : http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:%C3%89ducation<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/%C3%89ducation<br />
*Autres sites : <br />
*Note : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeEducation Charte du groupe]<br />
<br />
==ER : Événements réguliers ==<br />
<br />
Il s'agit de participation à des événéments réguliers :<br />
<br />
===ER01 : RMLL ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER02 : Libre en fête ===<br />
*Animateur : Thomas Petazzoni (membre du CA)<br />
*Suppléants : Erwan Léherissé<br />
*Référent CA : Thomas Petazzoni<br />
*Liste de diffusion : http://www.libre-en-fete.net/wws/info/lef<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/lef<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : http://www.libre-en-fete.net/ [http://wiki.april.org/w/Charte_de_fonctionnement_du_groupe_Libre_en_F%C3%AAte Charte du groupe]<br />
<br />
===ER03 : Salon Solutions GNU-Linux ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://lists.april.org/wws/info/sgl linux-expo]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER04 : Paris Capitale du libre ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER05 : Forum Mondial du Libre ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== CM : Campagnes ==<br />
<br />
Il s'agit d'opérations ponctuelles qui sont l'occasion de communiquer auprès d'autres publics.<br />
<br />
===CM01 : Candidats.fr ===<br />
*Animateur : Alix Cazenave<br />
*Suppléants : Frédéric Couchet<br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/candidatsfr-actu candidatsfr-actu] [http://www.april.org/wws/info/candidatsfr-locaux candidatsfr-locaux]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://www.candidats.fr candidats.fr]<br />
<br />
===CM02 : Questionnaire Association, informatique et logiciels libres ===<br />
*Animateur : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Suppléants : Laurent Costy<br />
*Référent CA/Permanents : Frédéric Couchet<br />
*Liste de diffusion : (sur la liste [http://www.april.org/wws/info/libreassociation LibreAssociation])<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://www.libreassociation.info/questionnaire Accueil du questionnaire]<br />
<br />
== DT : Dossiers thématiques ==<br />
<br />
L'April suit divers dossiers de fond.<br />
<br />
===DT01 : Vente liée ===<br />
*Animateur : Alix Cazenave et/ou Lionel Allorge<br />
*Suppléants : Alix Cazenave et/ou Lionel Allorge<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/vente-liee<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT02 : Abus de position dominante===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT03 : Informatique déloyale===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/informatique-deloyale informatique-deloyale]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===DT04 : Normalisation===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===DT05 : Brevets logiciels===<br />
*Animateur : Alix Cazenave et/ou Gibus<br />
*Suppléants : Alix Cazenave et/ou Gibus<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/brevets<br />
*Catégorie wiki : [http://wiki.april.org/w/Catégorie:Brevets Catégorie:Brevets]<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT06 : Entreprises/économie ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Tangui Morlier<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/entreprises<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT07 : formats ouverts et interopérabilité ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Sébastien Dinot<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT08 : Accessibilité/handicap ===<br />
*Animatrice : Armony Altinier<br />
*Suppléants : Christelle Thomas, Jean Gilissen, Sylvain Grille<br />
*Référent CA : François Poulain<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/accessibilite<br />
*Liste de diffusion : [mailto:accessibilite@april.org| accessibilite@april.org]<br />
**[http://www.april.org/wws/arc/accessibilite Archives de la liste de discussion]<br />
*Catégorie wiki : [http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:Accessibilit%C3%A9 Accessibilité]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Accessibilit%C3%A9_et_logiciels_libres#Pr.C3.A9sentation_du_groupe_de_travail_.22Accessibilit.C3.A9_et_logiciels_libres.22| Accessibilité et logiciels libres]<br />
*Autres sites : http://libre-et-accessible.org<br />
<br />
===DT09 : Collectivités/administration ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA/Permanents : Alix Cazenave<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== ME : Actions dans le cadre d'autres associations ==<br />
<br />
===ME01 : Forum des Droits sur l'Internet===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/fdi/<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===ME02 : Commission spécialisée de terminologie===<br />
*Animateur : Loïc Dachary<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/commission-terminologie<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== AR : Actions régulières ou récurrentes ==<br />
<br />
L'April mène certaines actions récurrentes.<br />
<br />
===AR01: Rétrospective sur le logiciel libre===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/fr/retrospectives-april-sur-le-logiciel-libre-et-les-sujets-afferents<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
<br />
<br />
== AP : Actions ponctuelles ==<br />
<br />
Préciser le contenu de cette rubrique<br />
<br />
<br />
<br />
[[catégorie:Animation]] [[Catégorie:Groupe_de_travail]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Mod%C3%A8les_causeries&diff=34481Modèles causeries2010-11-26T19:57:15Z<p>Bsibaud : /* Message de demande d'interview */</p>
<hr />
<div>{{Introduction|Cette page regroupe les différents modèles utilisables pour la préparation et le déroulement des causeries.<br />
Les termes en minuscules gras sont à choisir (les possibilités sont séparées par "/"). Les termes en majuscules gras sont à remplacer.<br />
}}<br />
= Message de demande d'interview =<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
je suis '''animateur/suppléant''' des entretiens « causeries » de l'association April de promotion et de défense du logiciel libre et je chercherais à savoir si '''l'un d'entre vous (ou plusieurs)/vous''' '''serait/seriez''' d'accord pour participer à un entretien dans ce cadre. La date étant à fixer avec '''le / les personnes concernées/vous''', mais il s'agirait à priori de vendredi '''DATE''' vers 21h. Le thème serait : '''THEME CAUSERIE''' Pour mémoire, les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions organisées régulièrement (avec un objectif d'une par semaine ou quinzaine), d'une durée d'une heure ou plus, sur un sujet donné.<br />
<br />
Librement,<br />
Merci par avance,<br />
<br />
'''SIGNATURE'''<br />
<br />
= Article d'annonce sur DLFP ou sur les listes de diffusion =<br />
<br />
L'entretien se fera dans le cadre des « Causeries April » (des interviews ou des discussions organisées plus ou moins régulièrement sur un sujet donné) le '''DATE''' à partir de 21h :<br />
<br />
* sur irc://irc.geeknode.org/#aprilchat [Attention ! Passage à FreeNode imminent]<br />
* et via Jabber/XMPP sur le salon causerie .@. chat.jabberfr.org <br />
<br />
Page des causeries : http://www.april.org/groupes/causeries/<br />
<br />
'''BREVE DESCRIPTION DES INVITES''' '''répondront/répondra''' à vos questions concernant le monde associatif et le logiciel libre.<br />
<br />
Les questions seront posées via LinuxFr.org, dans les commentaires.<br />
<br />
= Message d'accueil sur IRC/XMPP/HTTP le soir de la causerie =<br />
<br />
Bonsoir à toutes et à tous, nous avons le plaisir d'accueillir ce soir pour notre '''NOMBRE''' causerie April '''BREVE DESCRIPTION DES INVITES''', afin de répondre à toutes vos questions sur le thème '''THEME CAUSERIE'''. Pour mémoire, les questions sont à envoyer en message privé aux modérateurs Yoann Nabat et Benoît Sibaud.<br />
<br />
= Message de fin de causerie sur IRC/XMPP/HTTP = <br />
<br />
Merci encore. Merci à LinuxFr.org pour la collecte d'une partie des questions. Merci à tous pour les questions. Et bonne nuit à tous. La prochaine causerie aura lieu bientôt, sur un sujet à déterminer :).<br />
<br />
[[Catégorie:Animation]]<br />
__FORCETOC__</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Charte_Groupe_Causeries&diff=34480Charte Groupe Causeries2010-11-26T19:55:23Z<p>Bsibaud : </p>
<hr />
<div>''Le groupe a été fusionné avec le groupe [[Animation]]<br />
<br />
Nom : Causeries April<br />
<br />
==Objet==<br />
<br />
Les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions organisées régulièrement (avec un objectif d'une par semaine ou quinzaine), d'une durée d'une heure ou plus, sur un sujet donné.<br />
Le thème abordé peut être un sujet d'actualité, un groupe de travail de l'association, un sujet plus général comme une menace sur le logiciel libre ou le logiciel libre dans un secteur donné, ou l'interview d'une personne donnée. Les objectifs sont :<br />
* permettre des discussions sans avoir à réunir tout le monde physiquement, et permettre des discussions régulières<br />
* permettre de poser facilement des questions sur les sujets retenus<br />
* voir quelles sont les questions que se posent les adhérents ou le public<br />
* avoir des comptes-rendus écrits sur divers sujets (en particulier sur l'actualité ou les groupes de travail)<br />
* de manière générale, pour faire circuler l'information<br />
<br />
Les causeries sont positives pour tout le monde : pour le public qui peut poser des questions, interactivement ou non ; pour l'interviewé qui voit les interrogations du public, pour un coût réduit en temps d'une ou deux heures (à la différence d'un texte rédigé ou d'échanges par courriel) ; pour l'association en général, cela permet de diffuser l'information.<br />
<br />
==Attributions==<br />
<br />
* Proposer des sujets de causeries ou des personnes à interviewer<br />
* Assurer la communication avant et après la causerie<br />
* Préparer la causerie (communication, questions, contacts, explications)<br />
* Gérer la causerie (accueil, modération/animation, remerciements)<br />
* Écrire et diffuser le compte-rendu (mise en forme, relecture, validation, communication)<br />
<br />
==L'existant==<br />
<br />
La page principale sur le site : http://www.april.org/groupes/causeries<br />
<br />
La page principale pour les membres : http://www.april.org/secure/members/evenements/causeries/<br />
<br />
==Règles et historique ==<br />
<br />
Voir les détails techniques et l'ensemble des causeries réalisées sur http://www.april.org/groupes/causeries<br />
<br />
==Composition==<br />
<br />
Animateur : Benoît Sibaud<br />
<br />
Suppléant(s) : Yoann Nabat<br />
<br />
Binôme au CA : ?<br />
<br />
Le rôle des animateurs et des suppléants est d'assurer l'organisation des causeries (avant, pendant, après).<br />
<br />
==Métrique==<br />
<br />
La métrique proposée est le nombre de causeries réalisées (sur une période de temps donnée).<br />
<br />
Le bénévolat valorisé contient une rubrique Causeries pour mesurer le temps passé par les bénévoles.<br />
<br />
[[catégorie:Animation]] [[Catégorie:Groupe_de_travail]] [[Catégorie:PageHistorique]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Groupes_de_travail&diff=34479Groupes de travail2010-11-26T19:52:30Z<p>Bsibaud : /* Groupes de travail */</p>
<hr />
<div>==[[:Catégorie:Groupe_de_travail|Groupes de travail]]==<br />
<br />
Voir également la page [[Nomenclature des groupes de travail]]<br />
<br />
* [[Accessibilité et logiciels libres]]<br />
* [[CharteGroupeAdministrationSysteme|Administration système (accès restreint)]]<br />
* [[Animation|Animation de la communauté April]]<br />
* [[Diversité | Groupe de travail Diversité]]<br />
* [[DTC|gestionnaire Des Tâches Courantes]]<br />
* [[Education| Éducation]] et [[EducPop|Logiciel libre et éducation populaire]]<br />
* [[Entreprises|Le groupe de rencontres et communication des entreprises membre de l'April]]<br />
* [[RevuesPresse|Revues de Presse]]<br />
* [[Sensibilisation|Sensibilisation au logiciel libre]]<br />
* [[Traductions|Traductions des pages stratégiques du site et des documents urgents]]<br />
* [[TradGnu|Traduction Philosophie Gnu (TradGnu)]]<br />
* [[Transcriptions]]<br />
* [[SiteWeb|Site Web]]<br />
<br />
Initiatives :<br />
* [[LibreEnFete|Libre en Fête]]<br />
* [[Libre Association|Logiciel libre et monde associatif (Libre Association)]]<br />
* [[ITCommons|Groupe de travail sur les biens communs informationnels]]<br />
<br />
<br />
Contacts utiles :<br />
* [[Presse|Contacts Presse]]<br />
* [[GnuLinuxExpo|Salon Solutions GNU/Linux (GnuLinux-expo)]]<br />
* [[DonneesPubliquesLibres|Données Publiques Libres]]<br />
* [[CommExterne|Communication Externe]]<br />
<br />
[[Catégorie:Animation]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=PatrimoineMondial&diff=34478PatrimoineMondial2010-11-26T19:51:48Z<p>Bsibaud : </p>
<hr />
<div>L'APRIL et la FSF France avaient mis en place en 2002 un groupe de travail pour [http://www.april.org/groupes/patrimoine-mondial/ obtenir le classement des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité] par l'UNESCO (sur une idée de [[Utilisateur:PierreJarillon|Pierre Jarillon]], président de l'ABUL).<br />
<br />
[[Catégorie:PageHistorique]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Nomenclature_des_groupes_de_travail&diff=34476Nomenclature des groupes de travail2010-11-26T19:48:57Z<p>Bsibaud : </p>
<hr />
<div>Le but d'une nomenclature est proposer une classification des groupes de travail de l'April. Elle permet également d'attribuer une fois pour toute un code alphanumérique à chaque groupe de travail. Ce code a pour avantage de rester signifiant pour un lecteur humain (en tout cas plus qu'un simple numéro) et de pouvoir être facilement manipulé par un programme (pas d'ambigüité sur l'écriture, pas d'espace ou de caractères spéciaux).<br />
<br />
Pour chaque groupe de travail, il est indiqué l'animateur, le suppléant, le référent CA, la liste de diffusion, la page sur le site de l'April, la catégorie Wiki, le portail Wiki et d'autres sites éventuellement.<br />
<br />
<br />
==GE : Groupes de travail externes ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail qui concernent une thématique générale du libre. Ils sont ouverts à des personnes extérieures à l'April et leur production peut être utilisé dans un cadre plus large que l'April.<br />
<br />
===GE01 : Traduction de la philosophie GNU ===<br />
*Animateur : Cédric Corazza<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/trad-gnu trad-gnu]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeTradGnu Charte du groupe]<br />
<br />
===GE02 : Causeries (obsolète) ===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : http://www.april.org/wws/info/causeries<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeCauseries Charte du groupe]<br />
<br />
===GE03 : Logiciels libres bien commun (obsolète) ===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/patrimoine-mondial patrimoine-mondial]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/patrimoine-mondial/<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===GE04 : Transcriptions ===<br />
*Animateur : Magali Garnero<br />
*Suppléants : Islem Abd-El Rahman, <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/transcriptions transcriptions]<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Transcriptions]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Transcriptions_page_d'accueil Transcriptions - page d'accueil]<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===GE05 : Libre Association ===<br />
*Animateur : Laurent Costy<br />
*Suppléants : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Référent CA : Jean-Christophe Becquet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/libreassociation libreassociation]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/libreassociation<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Libre_Association]]<br />
*Portail wiki : [[Libre Association]]<br />
*Autres sites : http://www.april.org/groupes/libreassociation [http://www.libreassociation.info www.libreassociation.info] [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeLibreassociation Charte du groupe]<br />
<br />
===GE06 : Sensibilisation ===<br />
*Animateur : [mailto:jcb@apitux.com Jean-Christophe Becquet]<br />
*Suppléants : [mailto:fpoulain@gmail.com François Poulain]<br />
*Référent CA : [mailto:jcb@apitux.com Jean-Christophe Becquet]<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/sensibilisation sensibilisation]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/sensibilisation<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Sensibilisation]]<br />
*Portail wiki : [[Sensibilisation]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/Charte_de_fonctionnement_du_groupe_Sensibilisation_de_l'April Charte du groupe]<br />
<br />
===GE07 : Revue de presse ===<br />
*Animateur : Lionel Allorge (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Page site April : http://www.april.org/revue-de-presse<br />
*Liste de diffusion : /<br />
*Catégorie wiki : /<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/RevuesPresse<br />
*Autres sites : [http://www.april.org/fr/petit-guide-revue-de-presse Page sur le site April] [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeRevueDePresse Charte du groupe]<br />
<br />
===GE08 : Traduction des GNU GPL ===<br />
*Animateur : Sébastien Blondeel<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/trad-gpl trad-gpl]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/trad-gpl<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : <br />
*Autres sites : <br />
<br />
<br />
<br />
==GI : Groupes de travail internes ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail sur des problématiques propres à l'April.<br />
<br />
===GI01 : Administration du système ===<br />
*Animateur : Theocrite<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : liste interne<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/AdminSys<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAdministrationSysteme Charte du site]<br />
<br />
===GI02 : Maintenance du site web ===<br />
*Animateur : Lionel Allorge (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Liste de diffusion : liste interne<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:SiteWeb]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/SiteWeb Page d'accueil]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeSiteWeb Charte du groupe]<br />
<br />
===GI03 : gestionnaire Des Tâches Courantes (gDTC) ===<br />
*Charte : [[CharteGroupegDTC]]<br />
*Animateur : Benjamin Drieu (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benjamin Drieu<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/gdtc-devel gdtc-devel]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : https://gna.org/projects/gdtc<br />
<br />
===GI04 : Communication externe ===<br />
*Animateur : François Poulain<br />
*Suppléants : Gilles Coulais<br />
*Référent CA : François Poulain<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/comm-externe comm-externe]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:CommunicationExterne]]<br />
*Portail wiki : [[CommExterne]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteCommunicationExterne Charte du groupe]<br />
<br />
===GI05 : Traductions ===<br />
*Animateur : Marc Chauvet<br />
*Suppléants : Thibaut Boyer<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/traductions traductions]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/traductions<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Traductions]]<br />
*Portail wiki : [[Traductions]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeTraductions Charte du groupe]<br />
<br />
===GI06 : Animation ===<br />
*Animateur : Xavier Antoviaque<br />
*Suppléants : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Référent CA : Rayna Stamboliyska<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/animation animation]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Animation]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Animation Page d'accueil]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAnimation Charte du groupe]<br />
<br />
===GI07 : Site web ===<br />
*Animateur : Olivier Fraysse et Lionel Allorge (membres du CA)<br />
*Suppléants : Frédéric Couchet<br />
*Référent CA : Lionel Allorge <br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/siteweb siteweb]<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : Catégorie:SiteWeb<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/SiteWeb<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeSiteWeb Charte du groupe]<br />
<br />
===GI08 : Agir-April===<br />
*Animateur : Tony Bassette (membre du CA)<br />
*Suppléants : Eva Mathieu<br />
*Référent CA : Lionel Allorge <br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/agir<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : <br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAgirApril Charte du groupe]<br />
<br />
===GI09 : Diversité ===<br />
*Animateur : Rayna Stamboliyska<br />
*Suppléants : Luc Fievet<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/diversite diversite]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Diversité]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Groupe_de_travail_Diversité page wiki]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeDiversite Charte du groupe]<br />
<br />
===GI10 : RTFM - Méthodes et outils internes ===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : Lionel Allorge et Luc Fiévet <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/rtfm rtfm]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/RTFM<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeRTFM Charte du groupe]<br />
<br />
==GF : Groupes de travail en cours de formalisation ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail qui sont en cours de formalisation.<br />
<br />
===GF01 : Éducation et logiciels libres ===<br />
*Animateur : Rémi Boulle<br />
*Suppléants : Ivaylo Ganchev, Patrice Pillot et Philippe-Charles Nestel <br />
*Référent CA : Jean-Christophe Becquet/Frédéric Couchet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/educ educ]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/educ/<br />
*Catégorie wiki : http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:%C3%89ducation<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/%C3%89ducation<br />
*Autres sites : <br />
*Note : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeEducation Charte du groupe]<br />
<br />
==ER : Événements réguliers ==<br />
<br />
Il s'agit de participation à des événéments réguliers :<br />
<br />
===ER01 : RMLL ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER02 : Libre en fête ===<br />
*Animateur : Thomas Petazzoni (membre du CA)<br />
*Suppléants : Erwan Léherissé<br />
*Référent CA : Thomas Petazzoni<br />
*Liste de diffusion : http://www.libre-en-fete.net/wws/info/lef<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/lef<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : http://www.libre-en-fete.net/ [http://wiki.april.org/w/Charte_de_fonctionnement_du_groupe_Libre_en_F%C3%AAte Charte du groupe]<br />
<br />
===ER03 : Salon Solutions GNU-Linux ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://lists.april.org/wws/info/sgl linux-expo]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER04 : Paris Capitale du libre ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER05 : Forum Mondial du Libre ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== CM : Campagnes ==<br />
<br />
Il s'agit d'opérations ponctuelles qui sont l'occasion de communiquer auprès d'autres publics.<br />
<br />
===CM01 : Candidats.fr ===<br />
*Animateur : Alix Cazenave<br />
*Suppléants : Frédéric Couchet<br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/candidatsfr-actu candidatsfr-actu] [http://www.april.org/wws/info/candidatsfr-locaux candidatsfr-locaux]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://www.candidats.fr candidats.fr]<br />
<br />
===CM02 : Questionnaire Association, informatique et logiciels libres ===<br />
*Animateur : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Suppléants : Laurent Costy<br />
*Référent CA/Permanents : Frédéric Couchet<br />
*Liste de diffusion : (sur la liste [http://www.april.org/wws/info/libreassociation LibreAssociation])<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://www.libreassociation.info/questionnaire Accueil du questionnaire]<br />
<br />
== DT : Dossiers thématiques ==<br />
<br />
L'April suit divers dossiers de fond.<br />
<br />
===DT01 : Vente liée ===<br />
*Animateur : Alix Cazenave et/ou Lionel Allorge<br />
*Suppléants : Alix Cazenave et/ou Lionel Allorge<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/vente-liee<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT02 : Abus de position dominante===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT03 : Informatique déloyale===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/informatique-deloyale informatique-deloyale]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===DT04 : Normalisation===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===DT05 : Brevets logiciels===<br />
*Animateur : Alix Cazenave et/ou Gibus<br />
*Suppléants : Alix Cazenave et/ou Gibus<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/brevets<br />
*Catégorie wiki : [http://wiki.april.org/w/Catégorie:Brevets Catégorie:Brevets]<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT06 : Entreprises/économie ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Tangui Morlier<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/entreprises<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT07 : formats ouverts et interopérabilité ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Sébastien Dinot<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT08 : Accessibilité/handicap ===<br />
*Animatrice : Armony Altinier<br />
*Suppléants : Christelle Thomas, Jean Gilissen, Sylvain Grille<br />
*Référent CA : François Poulain<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/accessibilite<br />
*Liste de diffusion : [mailto:accessibilite@april.org| accessibilite@april.org]<br />
**[http://www.april.org/wws/arc/accessibilite Archives de la liste de discussion]<br />
*Catégorie wiki : [http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:Accessibilit%C3%A9 Accessibilité]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Accessibilit%C3%A9_et_logiciels_libres#Pr.C3.A9sentation_du_groupe_de_travail_.22Accessibilit.C3.A9_et_logiciels_libres.22| Accessibilité et logiciels libres]<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT09 : Collectivités/administration ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA/Permanents : Alix Cazenave<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== ME : Actions dans le cadre d'autres associations ==<br />
<br />
===ME01 : Forum des Droits sur l'Internet===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/fdi/<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===ME02 : Commission spécialisée de terminologie===<br />
*Animateur : Loïc Dachary<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/commission-terminologie<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== AR : Actions régulières ou récurrentes ==<br />
<br />
L'April mène certaines actions récurrentes.<br />
<br />
===AR01: Rétrospective sur le logiciel libre===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/fr/retrospectives-april-sur-le-logiciel-libre-et-les-sujets-afferents<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
<br />
<br />
== AP : Actions ponctuelles ==<br />
<br />
Préciser le contenu de cette rubrique<br />
<br />
<br />
<br />
[[catégorie:Animation]] [[Catégorie:Groupe_de_travail]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Nomenclature_des_groupes_de_travail&diff=34475Nomenclature des groupes de travail2010-11-26T19:46:11Z<p>Bsibaud : /* GE02 : Causeries */</p>
<hr />
<div>Le but d'une nomenclature est proposer une classification des groupes de travail de l'April. Elle permet également d'attribuer une fois pour toute un code alphanumérique à chaque groupe de travail. Ce code a pour avantage de rester signifiant pour un lecteur humain (en tout cas plus qu'un simple numéro) et de pouvoir être facilement manipulé par un programme (pas d'ambigüité sur l'écriture, pas d'espace ou de caractères spéciaux).<br />
<br />
Pour chaque groupe de travail, il est indiqué l'animateur, le suppléant, le référent CA, la liste de diffusion, la page sur le site de l'April, la catégorie Wiki, le portail Wiki et d'autres sites éventuellement.<br />
<br />
<br />
==GE : Groupes de travail externes ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail qui concernent une thématique générale du libre. Ils sont ouverts à des personnes extérieures à l'April et leur production peut être utilisé dans un cadre plus large que l'April.<br />
<br />
===GE01 : Traduction de la philosophie GNU ===<br />
*Animateur : Cédric Corazza<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/trad-gnu trad-gnu]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeTradGnu Charte du groupe]<br />
<br />
===GE02 : Causeries (obsolète) ===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : http://www.april.org/wws/info/causeries<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeCauseries Charte du groupe]<br />
*Note : Ludovic Fauvet a indiqué le 05/03/2009 qu'il ne pouvait plus rester suppléant faute de temps<br />
<br />
===GE03 : Logiciels libres bien commun ===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/patrimoine-mondial patrimoine-mondial]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/patrimoine-mondial/<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
*Note : groupe en sommeil<br />
<br />
===GE04 : Transcriptions ===<br />
*Animateur : Magali Garnero<br />
*Suppléants : Islem Abd-El Rahman, <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/transcriptions transcriptions]<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Transcriptions]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Transcriptions_page_d'accueil Transcriptions - page d'accueil]<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===GE05 : Libre Association ===<br />
*Animateur : Laurent Costy<br />
*Suppléants : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Référent CA : Jean-Christophe Becquet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/libreassociation libreassociation]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/libreassociation<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Libre_Association]]<br />
*Portail wiki : [[Libre Association]]<br />
*Autres sites : http://www.april.org/groupes/libreassociation [http://www.libreassociation.info www.libreassociation.info] [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeLibreassociation Charte du groupe]<br />
<br />
===GE06 : Sensibilisation ===<br />
*Animateur : [mailto:jcb@apitux.com Jean-Christophe Becquet]<br />
*Suppléants : [mailto:fpoulain@gmail.com François Poulain]<br />
*Référent CA : [mailto:jcb@apitux.com Jean-Christophe Becquet]<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/sensibilisation sensibilisation]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/sensibilisation<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Sensibilisation]]<br />
*Portail wiki : [[Sensibilisation]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/Charte_de_fonctionnement_du_groupe_Sensibilisation_de_l'April Charte du groupe]<br />
<br />
===GE07 : Revue de presse ===<br />
*Animateur : Lionel Allorge (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Page site April : http://www.april.org/revue-de-presse<br />
*Liste de diffusion : /<br />
*Catégorie wiki : /<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/RevuesPresse<br />
*Autres sites : [http://www.april.org/fr/petit-guide-revue-de-presse Page sur le site April] [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeRevueDePresse Charte du groupe]<br />
<br />
===GE08 : Traduction des GNU GPL ===<br />
*Animateur : Sébastien Blondeel<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/trad-gpl trad-gpl]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/trad-gpl<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : <br />
*Autres sites : <br />
<br />
<br />
<br />
==GI : Groupes de travail internes ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail sur des problématiques propres à l'April.<br />
<br />
===GI01 : Administration du système ===<br />
*Animateur : Theocrite<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : liste interne<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/AdminSys<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAdministrationSysteme Charte du site]<br />
<br />
===GI02 : Maintenance du site web ===<br />
*Animateur : Lionel Allorge (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Liste de diffusion : liste interne<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:SiteWeb]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/SiteWeb Page d'accueil]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeSiteWeb Charte du groupe]<br />
<br />
===GI03 : gestionnaire Des Tâches Courantes (gDTC) ===<br />
*Charte : [[CharteGroupegDTC]]<br />
*Animateur : Benjamin Drieu (membre du CA)<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA : Benjamin Drieu<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/gdtc-devel gdtc-devel]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : https://gna.org/projects/gdtc<br />
<br />
===GI04 : Communication externe ===<br />
*Animateur : François Poulain<br />
*Suppléants : Gilles Coulais<br />
*Référent CA : François Poulain<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/comm-externe comm-externe]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:CommunicationExterne]]<br />
*Portail wiki : [[CommExterne]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteCommunicationExterne Charte du groupe]<br />
<br />
===GI05 : Traductions ===<br />
*Animateur : Marc Chauvet<br />
*Suppléants : Thibaut Boyer<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/traductions traductions]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/traductions<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Traductions]]<br />
*Portail wiki : [[Traductions]]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeTraductions Charte du groupe]<br />
<br />
===GI06 : Animation ===<br />
*Animateur : Xavier Antoviaque<br />
*Suppléants : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Référent CA : Rayna Stamboliyska<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/animation animation]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Animation]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Animation Page d'accueil]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAnimation Charte du groupe]<br />
<br />
===GI07 : Site web ===<br />
*Animateur : Olivier Fraysse et Lionel Allorge (membres du CA)<br />
*Suppléants : Frédéric Couchet<br />
*Référent CA : Lionel Allorge <br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/siteweb siteweb]<br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki : Catégorie:SiteWeb<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/SiteWeb<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeSiteWeb Charte du groupe]<br />
<br />
===GI08 : Agir-April===<br />
*Animateur : Tony Bassette (membre du CA)<br />
*Suppléants : Eva Mathieu<br />
*Référent CA : Lionel Allorge <br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/agir<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : <br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeAgirApril Charte du groupe]<br />
<br />
===GI09 : Diversité ===<br />
*Animateur : Rayna Stamboliyska<br />
*Suppléants : Luc Fievet<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/diversite diversite]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki : [[:Catégorie:Diversité]]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Groupe_de_travail_Diversité page wiki]<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeDiversite Charte du groupe]<br />
<br />
===GI10 : RTFM - Méthodes et outils internes ===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : Lionel Allorge et Luc Fiévet <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/rtfm rtfm]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/RTFM<br />
*Autres sites : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeRTFM Charte du groupe]<br />
<br />
==GF : Groupes de travail en cours de formalisation ==<br />
<br />
Il s'agit des groupes de travail qui sont en cours de formalisation.<br />
<br />
===GF01 : Éducation et logiciels libres ===<br />
*Animateur : Rémi Boulle<br />
*Suppléants : Ivaylo Ganchev, Patrice Pillot et Philippe-Charles Nestel <br />
*Référent CA : Jean-Christophe Becquet/Frédéric Couchet<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/educ educ]<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/educ/<br />
*Catégorie wiki : http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:%C3%89ducation<br />
*Portail wiki : http://wiki.april.org/w/%C3%89ducation<br />
*Autres sites : <br />
*Note : [http://wiki.april.org/w/CharteGroupeEducation Charte du groupe]<br />
<br />
==ER : Événements réguliers ==<br />
<br />
Il s'agit de participation à des événéments réguliers :<br />
<br />
===ER01 : RMLL ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER02 : Libre en fête ===<br />
*Animateur : Thomas Petazzoni (membre du CA)<br />
*Suppléants : Erwan Léherissé<br />
*Référent CA : Thomas Petazzoni<br />
*Liste de diffusion : http://www.libre-en-fete.net/wws/info/lef<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/lef<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : http://www.libre-en-fete.net/ [http://wiki.april.org/w/Charte_de_fonctionnement_du_groupe_Libre_en_F%C3%AAte Charte du groupe]<br />
<br />
===ER03 : Salon Solutions GNU-Linux ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion : [http://lists.april.org/wws/info/sgl linux-expo]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER04 : Paris Capitale du libre ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===ER05 : Forum Mondial du Libre ===<br />
*Animateur :<br />
*Suppléants :<br />
*Référent CA :<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== CM : Campagnes ==<br />
<br />
Il s'agit d'opérations ponctuelles qui sont l'occasion de communiquer auprès d'autres publics.<br />
<br />
===CM01 : Candidats.fr ===<br />
*Animateur : Alix Cazenave<br />
*Suppléants : Frédéric Couchet<br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/candidatsfr-actu candidatsfr-actu] [http://www.april.org/wws/info/candidatsfr-locaux candidatsfr-locaux]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://www.candidats.fr candidats.fr]<br />
<br />
===CM02 : Questionnaire Association, informatique et logiciels libres ===<br />
*Animateur : [[Utilisateur:Vic|Vincent Calame]]<br />
*Suppléants : Laurent Costy<br />
*Référent CA/Permanents : Frédéric Couchet<br />
*Liste de diffusion : (sur la liste [http://www.april.org/wws/info/libreassociation LibreAssociation])<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : [http://www.libreassociation.info/questionnaire Accueil du questionnaire]<br />
<br />
== DT : Dossiers thématiques ==<br />
<br />
L'April suit divers dossiers de fond.<br />
<br />
===DT01 : Vente liée ===<br />
*Animateur : Alix Cazenave et/ou Lionel Allorge<br />
*Suppléants : Alix Cazenave et/ou Lionel Allorge<br />
*Référent CA : Lionel Allorge<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/vente-liee<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT02 : Abus de position dominante===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT03 : Informatique déloyale===<br />
*Animateur : Benoît Sibaud (membre du CA)<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : [http://www.april.org/wws/info/informatique-deloyale informatique-deloyale]<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===DT04 : Normalisation===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion :<br />
*Page site April :<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===DT05 : Brevets logiciels===<br />
*Animateur : Alix Cazenave et/ou Gibus<br />
*Suppléants : Alix Cazenave et/ou Gibus<br />
*Référent CA : Benoît Sibaud<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/brevets<br />
*Catégorie wiki : [http://wiki.april.org/w/Catégorie:Brevets Catégorie:Brevets]<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT06 : Entreprises/économie ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Tangui Morlier<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/entreprises<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT07 : formats ouverts et interopérabilité ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : Sébastien Dinot<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT08 : Accessibilité/handicap ===<br />
*Animatrice : Armony Altinier<br />
*Suppléants : Christelle Thomas, Jean Gilissen, Sylvain Grille<br />
*Référent CA : François Poulain<br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/accessibilite<br />
*Liste de diffusion : [mailto:accessibilite@april.org| accessibilite@april.org]<br />
**[http://www.april.org/wws/arc/accessibilite Archives de la liste de discussion]<br />
*Catégorie wiki : [http://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:Accessibilit%C3%A9 Accessibilité]<br />
*Portail wiki : [http://wiki.april.org/w/Accessibilit%C3%A9_et_logiciels_libres#Pr.C3.A9sentation_du_groupe_de_travail_.22Accessibilit.C3.A9_et_logiciels_libres.22| Accessibilité et logiciels libres]<br />
*Autres sites :<br />
<br />
===DT09 : Collectivités/administration ===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA/Permanents : Alix Cazenave<br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : <br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== ME : Actions dans le cadre d'autres associations ==<br />
<br />
===ME01 : Forum des Droits sur l'Internet===<br />
*Animateur : <br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/fdi/<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites : <br />
<br />
===ME02 : Commission spécialisée de terminologie===<br />
*Animateur : Loïc Dachary<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/groupes/commission-terminologie<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
== AR : Actions régulières ou récurrentes ==<br />
<br />
L'April mène certaines actions récurrentes.<br />
<br />
===AR01: Rétrospective sur le logiciel libre===<br />
*Animateur : Frédéric Couchet<br />
*Suppléants : <br />
*Référent CA : <br />
*Liste de diffusion : <br />
*Page site April : http://www.april.org/fr/retrospectives-april-sur-le-logiciel-libre-et-les-sujets-afferents<br />
*Catégorie wiki :<br />
*Portail wiki :<br />
*Autres sites :<br />
<br />
<br />
<br />
== AP : Actions ponctuelles ==<br />
<br />
Préciser le contenu de cette rubrique<br />
<br />
<br />
<br />
[[catégorie:Animation]] [[Catégorie:Groupe_de_travail]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=ProjetsApril&diff=34474ProjetsApril2010-11-26T19:44:34Z<p>Bsibaud : Patrimoine</p>
<hr />
<div>=Groupes de travail et projets de l'April=<br />
<br />
Cette page liste les pages wiki de certains groupes de travail de l'April.<br />
<br />
C'est une page de travail en évolution.<br />
<br />
La page officielle http://www.april.org/groupes/ présente les groupes de travail publics de l'April.<br />
<br />
Un guide pour la création d'un nouveau groupe de travail est disponible sur cette page : [[NewGroupHowto]]<br />
<br />
==Campagnes==<br />
<br />
* [[Assisesdunumerique|Assises du numérique]]<br />
<br />
* [[ProjetLoiLutteContrefacon|Projet de loi sur la lutte contre la contrefaçon]]<br />
<br />
* [[CandidatsFR|Candidats.fr]]<br />
<br />
* [[CandidatsBE|Candidats.be]]<br />
<br />
* [[Libre Association]]<br />
<br />
==[[:Catégorie:Groupe_de_travail|Groupes de travail]]==<br />
<br />
Voir également la page [[Nomenclature des groupes de travail]]<br />
<br />
* [[Animation|Animation de la communauté April]]<br />
<br />
* [[Sensibilisation|Sensibilisation au logiciel libre]]<br />
<br />
* [[CommExterne|Communication Externe]]<br />
<br />
* [[DTC|gestionnaire Des Tâches Courantes]]<br />
<br />
* [[EducPop|Logiciel libre et éducation populaire]]<br />
<br />
* [[Entreprises|Le groupe de rencontres et communication des entreprises membre de l'April]]<br />
<br />
* [[TradGnu|Traduction Philosophie Gnu (TradGnu)]]<br />
<br />
* [[Education| Éducation]]<br />
<br />
* [[GnuLinuxExpo|Salon Solutions GNU/Linux (GnuLinux-expo)]]<br />
<br />
* [[ITCommons|Groupe de travail sur les biens communs informationnels]]<br />
<br />
* [[Vulgarisation|Documents (fiches) de vulgarisation sur le Libre]]<br />
<br />
* [[DonneesPubliquesLibres|Données Publiques Libres]]<br />
<br />
* [[VoteElectronique|Vote électronique]]<br />
<br />
* [[Presse|Contacts Presse]]<br />
<br />
* [[Traductions|Traductions des pages stratégiques du site et des documents urgents]]<br />
<br />
* [[LibreEnFete|Libre en Fête]]<br />
<br />
* [[RevuesPresse|Revues de Presse]]<br />
<br />
* [[Catalogue|Catalogue de ressources sur le libre]]<br />
<br />
* [[Libre Association|Logiciel libre et monde associatif (Libre Association)]]<br />
<br />
* [[Accessibilité et logiciels libres]]<br />
<br />
* [[Diversité | Groupe de travail Diversité]]<br />
<br />
* [[Transcriptions page d'accueil|Transcriptions]]<br />
<br />
==Groupes de travail interne==<br />
<br />
* [[AdminSys|Administration système]]<br />
<br />
* [[AgirApril|Liste des actions à proposer aux membres]] (voir aussi [http://www.april.org/groupes/agir/ Agir-APRIL])<br />
<br />
* [[SiteWeb|Gestion du site web de l'April]]<br />
<br />
* [[RTFM|Refonte des méthodes de travail]]<br />
<br />
* [[LivreBlancLicences|Projet de livre blanc sur les licences libres]]<br />
<br />
Pour les groupes de travail internes voir sur la page [[InterneApril]]<br />
<br />
==Actions ponctuelles==<br />
<br />
* [[Pique-niques pour fêter les 5 000 adherents]]<br />
<br />
* [[Carte voeux pour le libre et/ou l'April 2009]]<br />
<br />
* [[Rétrospective 2008]]<br />
<br />
* [[EmissionNolife|Emission LL pour Nolife]]<br />
<br />
* [[CalendrierLibre2009|Calendrier Libre 2009]]<br />
<br />
* [[Retrospective2007|Retrospective 2007]]<br />
<br />
* [[CalendrierLibre2008|Calendrier Libre 2008]]<br />
<br />
* [[Journée Logiciel Libre et monde associatif]]<br />
<br />
==Groupes de travail inactifs en recherche éventuellement de responsable==<br />
<br />
* [[LoisSurLeLobbying|Loi encadrant le lobbying]] (page créée le 23/09/2006)<br />
<br />
* [[MaisonduLibre|Maison du numérique et du libre]]<br />
<br />
* [[Comptabilite|Comptabilité]]<br />
<br />
* [[Business|Business]]<br />
<br />
* [[Science|Logiciels libres pour la science]]<br />
<br />
==Anciens groupes de travail==<br />
<br />
* [http://www.april.org/groupes/selection/ Sélection Libre]<br />
<br />
* [[PatrimoineMondial|Classement des logiciels libres comme patrimoine immatériel de l'humanité]] à l'[http://www.unesco.org Unesco]<br />
<br />
* [[GuideCommunication|Guide sur la communication]]<br />
<br />
* [[SMSI|Sommet Mondial sur la Société de l'Information]]<br />
<br />
* [[UpgradeOpenKnowledge|Traduction d'Upgrade consacré au thème Open Knowledge]]<br />
<br />
* [[FSE2003|Forum Social Européen]]<br />
<br />
* [[SpamCISI|Groupe de contact des acteurs de la lutte contre le "spam"]]<br />
<br />
* [[ProjetDocumentation|Documentation de logiciels libres (ProjetDocumentation)]]<br />
<br />
* [[Entretiens|Entretien avec des personnalités du libre (Entretiens)]]<br />
<br />
* [[LaboApril|Laboratoire April (LaboApril)]]<br />
<br />
* [[SamedisLibres|Samedis du Libre (SamedisLibres)]]<br />
<br />
==Futurs Groupes de travail (projets)==<br />
<br />
* [[VenteaDistanceGoodies]]<br />
<br />
* [[InformationPresse]]<br />
<br />
* MutuelleDeveloppeursLibre<br />
<br />
* [[PoleCompetenceJuridique]]<br />
<br />
* [[MerciBeaucoup]]<br />
<br />
* [[SecuritéSI&LL|Securité des Systemes d'Informations & Logiciels Libres (SecuritéSI&LL)]]<br />
<br />
* [[CoopNordSud|Coopération Nord/Sud et transfert de technologie]]<br />
<br />
[[catégorie:Animation]] [[Catégorie:Groupe_de_travail]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Discussion:Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33544Discussion:Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:23:56Z<p>Bsibaud : </p>
<hr />
<div>{| border="1" style="text-align: center;border-collapse:collapse;border:1px solid grey;" <br />
|-<br />
! style="background-color:#b8b8b8"| Partie <br />
! style="background-color:#b8b8b8"| Relue avec le son<br />
! style="background-color:#b8b8b8"| Relecture finale<br />
! style="background-color:#b8b8b8"| Reste des ???<br />
|-<br />
| 1ère<br />
|x<br />
|X<br />
|x<br />
|-<br />
| 25:37<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
| 31:27<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
| 32:05<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
| 33:19<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
|34:04<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
|34:58<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
|37:04<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
| 39:43<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
| 41:26<br />
|x<br />
|X<br />
|<br />
|-<br />
| 43:01<br />
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| ''partie''<br />
| ''relue avec le son''<br />
| ''relecture finale''<br />
| ''reste des ???''<br />
|}</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33543Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:22:39Z<p>Bsibaud : /* 1:01:32 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous mes enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnête qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Pour rappel, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points Godwin</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : À ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire... on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia... Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils n'en ont brûlé pas beaucoup !</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man dans la salle) On nous a quand même saboté le réseau avec HADOPI là...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer... même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention, les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la Commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur. on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne avec les Länder, etc., nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capables avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi, sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur la partie qui vient de se dérouler</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question ?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
<p>Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par câbles, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines tâches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos tables rondes. Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33542Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:18:28Z<p>Bsibaud : /* 59:55 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
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<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
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====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous mes enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnête qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Pour rappel, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points Godwin</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : À ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire... on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia... Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils n'en ont brûlé pas beaucoup !</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man dans la salle) On nous a quand même saboté le réseau avec HADOPI là...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer... même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention, les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la Commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur. on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne avec les Länder, etc., nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capables avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi, sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur la partie qui vient de se dérouler</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question ?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
<p>Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par câbles, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33540Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:17:28Z<p>Bsibaud : /* 57:44 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous mes enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnête qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Pour rappel, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points Godwin</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : À ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire... on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia... Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils n'en ont brûlé pas beaucoup !</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man dans la salle) On nous a quand même saboté le réseau avec HADOPI là...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer... même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention, les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la Commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur. on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne avec les Länder, etc., nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capables avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi, sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur la partie qui vient de se dérouler</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question ?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33538Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:14:10Z<p>Bsibaud : /* 55:10 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
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<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
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====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous mes enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnête qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Pour rappel, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points Godwin</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : À ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire... on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia... Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils n'en ont brûlé pas beaucoup !</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man dans la salle) On nous a quand même saboté le réseau avec HADOPI là...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer... même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention, les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la Commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur. on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33536Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:10:33Z<p>Bsibaud : /* 54:06 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous mes enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnête qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Pour rappel, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points Godwin</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : À ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire... on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33535Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:07:09Z<p>Bsibaud : /* 52:46 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
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<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
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====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous mes enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnête qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Pour rappel, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33533Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:05:52Z<p>Bsibaud : /* 50:17 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33532Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:05:37Z<p>Bsibaud : /* 50:17 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
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<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
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====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel à la Constitution politique, les infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement le député Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant, le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc le recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de loi. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33530Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:02:05Z<p>Bsibaud : /* 48:44 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant... Alors forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà, ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen : Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez '''le droit''' d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. Il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de *consulter* et de *transmettre* les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi, c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on a parlé la première fois ici du Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, et de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question, parce que je la vis.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais œil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33528Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T20:00:13Z<p>Bsibaud : /* 47:00 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux Français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève de l’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que de grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boîtes qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33526Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:58:38Z<p>Bsibaud : /* 44:59 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. C’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512 (kbit/s). Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33524Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:57:00Z<p>Bsibaud : /* 44:24 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». C'est tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33519Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:55:52Z<p>Bsibaud : /* 43:01 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33518Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:55:11Z<p>Bsibaud : /* 41:26 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration, vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparties sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33514Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:53:22Z<p>Bsibaud : /* 39:43 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avant les élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je me posais même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors, parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33513Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:51:07Z<p>Bsibaud : /* 37:04 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je n'ai pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire dans le nominatif, mais il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de loi, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour ne pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux.<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ils pourraient dire en sortant : « J’ai voté » puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. <br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : Je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33510Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:44:29Z<p>Bsibaud : /* 37:04 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculer sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une Assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un Parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportionnelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de loi mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33508Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:41:44Z<p>Bsibaud : /* 34:58 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la Commission va le reprendre. Et la Commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif.<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est aux [ordres ?]... il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : « Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député. »</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> ils savent que la licence [globale]...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculé sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportinelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de lois mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33506Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:37:13Z<p>Bsibaud : /* 33:19 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la commission va le reprendre. Et la commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois ?? bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif. ?? 36:00<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est au.. il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : «Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député.»</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p>36:38<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> :ils savent que la licence...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculé sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportinelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de lois mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33503Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:36:13Z<p>Bsibaud : /* 32:05 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers, que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécoms derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessmen, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligentes. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée Nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la commission va le reprendre. Et la commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois ?? bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif. ?? 36:00<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est au.. il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : «Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député.»</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p>36:38<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> :ils savent que la licence...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculé sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportinelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de lois mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
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====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33502Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:30:33Z<p>Bsibaud : /* 25:37 */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement, évidemment, et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? OU d'autre chose... C’est une provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours. On me le supprime là bientôt. Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui comprenaient ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ? 2006 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus, et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
<p>Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est-à-dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des œuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du Parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez-vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est-à-dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces salauds qui pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaires. Et à plusieurs reprise on a été majoritaires lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaires parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est-ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers. Que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée Nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet Télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécom derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessman, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligente. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée Nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la commission va le reprendre. Et la commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois ?? bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif. ?? 36:00<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est au.. il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : «Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député.»</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p>36:38<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> :ils savent que la licence...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculé sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportinelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de lois mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33496Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T19:20:20Z<p>Bsibaud : /* VIDÉO */</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
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<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur Barnier, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
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ou 16min<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeunes en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit « partage de fichiers ». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres, s'y sont opposés. C'est le seul point du Paquet télécom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France ; c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça savoureux, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA/Palladium], le Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau ouvert, des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, t'es obligé de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pellégrini y a qui qui a compris ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très très forts là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques, et à la ??? européenne évidemment, de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit de français du Parlement européen en français normal, c’est quasiment un communiqué de presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers ; on a marqué des points. C'est une des raisons pour lesquelles pour moi cette intervention a un sens. Dans le capharnaüm européen, on a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François ?</p><br />
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<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, de Catherine Trautmann il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
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<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des Rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer une politique et d'interagir avec des politiques… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débat avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans votre pratique parlementaire régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essonne depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
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====25:37====<br />
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<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou, et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée Nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement et directement et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? C’est de la provocation !</p><br />
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<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
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<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours ??? Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui connaissent ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est à dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des oeuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est à dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces s**** qui vous pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaire. Et à plusieurs reprise on a été majoritaire lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaire parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers. Que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée Nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet Télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécom derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessman, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligente. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée Nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la commission va le reprendre. Et la commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois ?? bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif. ?? 36:00<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est au.. il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : «Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député.»</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p>36:38<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> :ils savent que la licence...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculé sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportinelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de lois mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
<br />
====52:46====<br />
<br />
<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
<br />
<p>53:00</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
<br />
====54:06====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
<br />
<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
<br />
<p>55:09</p><br />
<br />
<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
<br />
====55:10====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
<br />
<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
<br />
<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
<br />
====57:44====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
<br />
<p>58:41</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
<br />
====59:55====<br />
<br />
Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
<br />
<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
<br />
====1:01:32====<br />
<br />
<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
<br />
<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
<br />
<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
<br />
====1:03:00 environs====<br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaudhttps://wiki.april.org/index.php?title=Transcription_de_la_table_ronde_des_rmll_2010,_en_direct&diff=33481Transcription de la table ronde des rmll 2010, en direct2010-10-27T18:41:14Z<p>Bsibaud : Relecture ->16min</p>
<hr />
<div>===Présentation===<br />
<br />
Cette vidéo (quand on l'aura) a été filmée le jeudi 8 juillet dans le grand amphi de l'ENSEIRB à Bordeaux.<br />
<br />
Vous pouvez la trouver ici : http://media.april.org/video/2010-rmll/ en plusieurs parties. Nous attendons la publication officielle du groupe de travail Vidéo/audio des rmll pour avoir une vidéo en entier, nettoyée et avec du bon son.<br />
<br />
La transcription s'est faite en direct par une équipe de "releveurs" du défi qui se composait de :<br />
<strong>Bookynette</strong>, <strong>Ikerk</strong> (qui a fait l'erreur de s'asseoir à côté de nous), <strong>Olive</strong> (qui avait mal au dos), <strong>PoluX</strong> (qui corrigeait au fur et à mesure), <strong>Quesh</strong> (qui fait de supers massages relaxant pendant la conf), <strong>Snip</strong> (qui est à l'origine de l'idée du direct), <strong>Taziden</strong> un d(es premiers fous à avoir dit ok), <strong>Theocrite</strong> (qui a du nous installer un réseau Goby en toute urgence) et <strong>Vinci</strong> (qui a un buffer immense et une vitesse de frappe impressionnante).<br />
<br />
Environ 2 000 lignes, 18 000 mots, soient plus de 100 000 caractères, ont été tapés en trois heures.<br />
<br />
6 intervenants ont fait leur conférence de 14h40 à 18h.<br />
<br />
<strong>Pour la relecture je vous propose d'utiliser la page de discussion</strong><br />
<br />
===Transcription===<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On va se lancer. Bonjour tout le monde. <strong>Donc</strong> dans cette deuxième partie, j’avais envie de vous parler un petit peu de techniques de combat parlementaire, comme l’an dernier, sauf que je voulais qu’on change de point de vue puisque l'an dernier, je vous ai expliqué comment, nous, on allait discuter avec nos élus soit à l’Assemblée nationale soit au Parlement européen, comment on travaillait, comment on leur envoyait des arguments, comment on leur téléphonait, comment on leur écrivait, comment on essayait de les rencontrer ; </p><br />
<p>Et puis ben cette année, j'avais envie qu'on présente la façon dont eux, travaillent le dossier et un petit peu le ressenti qu’ils en ont, etc.</p><br />
<p>On a demandé à certains parlementaires de venir, Monsieur <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/NicolasDupontAignan">Nicolas Dupont-Aignan</a> a pu venir, d’autres n’ont pas pu, en particulier, <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/CatherineTrautmann/fr">Catherine Trautmann</a>, députée européenne, venir nous parler pour plein de raisons. D’abord parce que c’est elle qui traitait en tant que rapporteur le Paquet télécom qui est une des pierres angulaires législatives très importantes de ces dernières années, en particulier parce que c’est là que se joue l’enjeu de la neutralité d’Internet et donc de savoir si on gardera un réseau qui permet les échanges ou un réseau qui ne permet que le commerce. L’enjeu étant majeur, comme vous le savez. Donc elle n'a pas pu venir puisqu'il y a une séance plénière ce matin même à Strasbourg. Là ils doivent finir à l’instant de voter donc comme il n’y a pas encore de téléporteur suffisamment efficace, elle ne pouvait pas être parmi nous. Par contre elle nous a envoyé une vidéo, pas très longue, une dizaine de minutes. Je vous recommande d’être assez attentifs ; elle aborde pas mal de sujets, en particulier quelques éléments du fonctionnement du Parlement européen, puis quelques éléments sur le Paquet télécom, puis quelques éléments sur l’impact pour les libertés numériques, sur comment l'amendement 138 a été sacrifié sur l'autel du compromis. C’est une lecture parfois un petit peu aride, en particulier le passage sur les techniques parlementaires européennes. C’est pour cela que je vous recommande une certaine attention.</p><br />
<p>Et puis j’essaierai de sous-titrer, à la fin de sa vidéo. Ensuite on va, avec Tangui Morlier - sous quelle qualification je te présente ? <a href="http://www.nosdeputes.fr/">Nosdeputes.fr</a> ? <a href="http://www.deputesgodillots.info/">Députés Godillots.info</a>?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : <a href="http://www.regardscitoyens.org/">Regards citoyens</a>…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Regards citoyens, un certain temps, regardes tu verras, tu choisiras ta casquette. L’idée c'est : on discute avec un élu, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue de bois, pour voir comment les parlementaires vivent ces sujets-là. Le fait est que c’est un des rares dossiers sur lesquels ils se font embêter même en direct par des militants. Voilà, je pense qu’il y a pas mal de questions qui se posent sur le contrepoint de la vision qu'on en a nous, ce qui nous permettra de mener à terme la deuxième partie qui nous mènera vers 15h30 où il sera l’heure d’aller respirer un peu avant d'attaquer la troisième partie sur les différents défis qui nous attendent et tous les textes pièges que l'on va se prendre dans les mois qui viennent, il y a du beau boulot pour les parlementaires tant côté européen que côté français.</p><br />
<br />
<p> On va voir si la partie technique suit, est-ce que on a le son là-dessus ?</p> …<br />
<br />
====VIDÉO==== <br />
<br />
à 4min<br />
<br />
<p><strong>Catherine Trautmann</strong>, députée au Parlement Européen, et présidente de la délégation socialiste française depuis 2009, ancienne rapporteur de la révision des directives cadres accès autorisation, qui sont le cœur du fameux Paquet Télécom. Et je voudrais remercier Benjamin Bayart de <a href="http://fdn.fr">French Data Network</a>, en charge de l’organisation de cette table ronde politique de me permettre d’apporter un éclairage européen sur les débats qui vous occupent actuellement. Je suis désolée de ne pouvoir être physiquement présente avec vous puisque je suis retenue par un moment primordial de l'exercice de mon mandat, c’est à dire la séance de vote en session plénière, d’où mon intervention par les moyens de communication que vous voyez en ce moment.</p><br />
<p>À ce titre, une première question que m’a posée Benjamin Bayart, est celle de la spécificité du processus législatif européen. Je sais que souvent on se pose la question devant la complexité de notre processus car il repose sur un monopole d’initiative de la Commission. Le Parlement ne peut donc pas formellement s’auto-saisir d’un sujet mais inversement, la Commission ne peut plus jouer qu’un rôle de courtier, une fois que le coup est parti et que la directive est engagée dans les tuyaux. Car ensuite ce processus fait intervenir un pouvoir législatif dual qui complète le triangle institutionnel, le Parlement, composé de députés élus au suffrage universel direct, le Conseil qui représente les États membres et en particulier les 27 exécutifs nationaux.</p><br />
<p>C’est la raison pour laquelle on parle souvent de compromis, et le compromis peut être de plusieurs sortes :<br />
<ul><li>le compromis entre délégations nationales au sein d’un même groupe politique,</li><br />
<li>le compromis entre groupes politiques ensuite, là on a souvent deux logiques qui s’affrontent, celle de la différenciation au rang politique des oppositions idéologiques car les citoyens ont besoin de cette visibilité et puis ce sont nos convictions et celles de l’Union institutionnelle car il faut que nous puissions atteindre une majorité au Parlement pour pouvoir avoir une position forte lorsque nous devons discuter avec le Conseil. Car l’étape suivante, la plus délicate, est bien celle de la négociation entre le Parlement et le Conseil, ce sont ces fameux triangles, puisqu’ils impliquent également la Commission et à l’issue de cette négociation, sans compromis, ce serait toute la procédure qui tomberait. Par conséquent il faut chercher à aboutir à une position dans laquelle le Parlement tente, par le soutien de son Assemblée, d'être le plus fort possible.</li></ul></p><br />
<br />
<p>Dans le cas du Paquet Télécom, lors de la conciliation qui portait exclusivement sur le fameux amendement 138, qui imposait le recours à une autorité judiciaire avant toute coupure, le Parlement Européen s'est vu confirmer par son service juridique qu'au titre de l'article 95 du traité, qui est à la base de cette directive, il n'avait pas la possibilité d’obliger les États membres à modifier leur ordre juridictionnel interne et à leur imposer une telle disposition.</p><br />
<p>Cette faiblesse de compétence risquait de fragiliser cette disposition à laquelle nous tenions fortement puisqu'elle a été adoptée par deux fois à une très large majorité dans notre Assemblée. C'est pourquoi le Parlement s'est battu pour imposer préalablement à toute coupure et quelque soit le type d'autorité prenant cette décision, des garanties comme le respect de la vie privée qui pèse sur la manière de collecter des éléments qui pourraient être éventuellement incriminants, de la présomption d’innocence, qui elle, a son importance pour la charge de la preuve, du contradictoire, du droit à être entendu qui limite le traitement automatisé. Tout ceci se place dans le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens. Et c’est ce que j’entends par procédure juste et impartiale. À mon sens et une fois que le délai de transposition aura été atteint, les cas où l'accès à Internet pourrait être coupé seront très peu nombreux. Voilà donc pour le processus, le compromis et la conciliation.</p><br />
<br />
<p>Ensuite la question qui m’a été posée c’est quelles sont les implication du Paquet télécom en matière de neutralité. Ça, ça a été un deuxième sujet sensible et je voudrais dire que l’objectif général qui est indiqué dans l’article 8 de la directive cadre, fixe parmi les objectifs de la régulation, la nécessité pour les régulateurs nationaux de veiller à ce que la concurrence ne soit pas faussée ou entravée dans le secteur des communications électroniques, y compris pour la transmission du contenu. Ce sont ces mots qui fixent, dès le départ, la nécessité de veiller à ce que la transmission de contenus ne soit pas percutée, ne soit pas gênée par des interventions extérieures. Dans l’article 8-4, au paragraphe G, il est indiqué que des régulateurs sont habilités à promouvoir le droit des utilisateurs finaux, à transmettre et recevoir les contenus, services et applications de leur choix. Il faut en effet que ceux-ci puissent avoir accès à l'information, il faut préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applications et les services de leur choix. Le choix est donc du côté des consommateurs ou des utilisateurs finaux. Il ne peut être considéré, de la même façon, que ce soit une possibilité pour les fournisseurs d’accès et de services.</p><br />
<br />
<p>Enfin, troisième élément, c’est l'obligation de transparence vis-à-vis de ces utilisateurs finaux. Transparence relative aux éventuelles restrictions d’usages pratiquées par les opérateurs de réseau. Ainsi qu’aux politiques de gestion de trafic, car il faut bien gérer le trafic lorsqu’il y a surabondance de demandes, surabondance de transmissions de données, que l'on constate soi-même d’ailleurs, à certain moment de l’usage du Net. Et donc c'est à ce moment là que les opérateurs peuvent intervenir et on peut avoir effectivement à ce moment-là des interventions qui doivent découler de mesures nationales compatibles avec le droit communautaire. Là on se réfère à l’article 20 et 21 de la directive « service universel » et un autre article, l’article 9-1 de la directive « accès ».</p><br />
<br />
<p>Voila pour les trois premiers points, mais il existe aussi un élément complémentaire qui est relativement délicat à définir mais qui est important et que le régulateur français, par exemple, a pris en charge pour l’analyser, c’est le nouveau pouvoir de fixation d’une qualité minimale de services encadrée par la Commission en cas de menace sur le bon fonctionnement des réseaux par certaines pratiques de gestion de trafic. Là nous sommes à l’article 22 de la directive « service universel ». Nous avions demandé, j'avais demandé comme rapporteur principal du Paquet Télécom sur la directive cadre et les trois directives liées que je viens d’évoquer, une déclaration de la Commission dans le cadre de cette conciliation, cette procédure de conclusion de la révision du Paquet télécom. Cette déclaration a été faite, les représentants des États membres n'ont pas voulu qu'elle puisse être publiée comme nous pouvions le souhaiter. Mais, néanmoins, la Commission s'est engagée à prendre des initiatives.</p><br />
<br />
<p>Alors quelles sont les perspectives européennes qui peuvent aujourd’hui nous intéresser sur ce sujet ? Et là, nous sommes en pleine actualité, si je puis dire. D’abord une consultation qui a été annoncée par la Commission sur la neutralité du Net qui doit avoir lieu courant de l'été alors qu’un processus comparable est en cours dans un certain nombre d’États membres dont, en particulier, la France. La commissaire européenne Nelly Kroes, a mentionné à plusieurs reprises, son intérêt pour l’organisation d'un sommet sur la neutralité. Je pense que c’est le succès du sommet sur le spectre radioélectrique qui l’inspire et qui lui indique au fond que, quand on rassemble l'ensemble des partenaires, la Commission, le Parlement européen mais également aussi, les professionnels, les ONG, bref tous ceux qui sont concernés, y compris les consommateurs, on peut arriver dans un débat très ouvert, transversal, qu’on peut qualifier de "bottom up" c'est à dire qui part finalement des utilisateurs vers ceux qui auront à prendre des responsabilités. On a en quelque sorte un débat qui se déroule dans de bonnes conditions puisque sinon il peut être très rapidement crispé. C'est en effet aussi cette même méthode que vous connaissez bien, sûrement, qui est appliquée au forum sur la gouvernance de l’Internet.</p><br />
<p>Nelly Kroes a également été explicite sur son soutien aux standards ouverts lors d'une intervention à l’Open Forum Europe 2010. Nous l’avons bien noté, nous attendons aussi sur ce point des initiatives. Je l’ai moi-même interrogée lorsqu’elle est venue devant notre commission <a href="http://www.laquadrature.net/wiki/Eurodeputes_ITRE">industrie, télécommunication, recherche et énergie</a>, et elle a évoqué effectivement cette motivation à avancer.</p><br />
<br />
<p>En parallèle il y a bien sûr, aussi ce dont on parle beaucoup en ce moment, des discussions autour du rapport de Mme Gallo, sur la mise en œuvre de la protection de la propriété intellectuelle, avec aujourd’hui une opposition entre deux approches. L'approche que je qualifierais de traditionnelle, qui ne voit pas et ne préconise pas une autre façon de gérer la question de la propriété intellectuelle autre que celle qui est en vigueur aujourd'hui. Et une autre approche qui tient compte des nouvelles pratiques et notamment du partage de fichiers. Et donc nous avons reporté pendant cette semaine le vote au mois de septembre, puisqu’il faut bien constater le désaccord et le fait que le débat doive se poursuivre entre les différents points de vue. Ce n'est certes qu’un rapport d'initiative mais la Commission européenne et en particulier monsieur ?? Barouillé, fera des propositions législatives à propos de la distance paneuropéenne, de la gestion collective, bref c’est un sujet qui va certainement animer les prochaines semaines, et les prochains mois.</p><br />
<p>En attendant évidemment, moi, je vous souhaite d’excellents échanges, je serai extrêmement attentive, comme beaucoup de mes collègues aux conclusions de vos travaux, mais aussi aux arguments, informations échangées lors de vos débats. Je crois qu’il est très important que l’on puisse construire, en quelque sorte, un monde numérique ouvert et en même temps, attentif aux libertés.</p><br />
<p>Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire en conclusion de ce propos que Benjamin Bayart, très aimablement, m'avait proposé de tenir par la voie numérique. À bientôt.</p><br />
<br />
ou 16min<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Alors le propos n'est pas toujours très simple à suivre. Il y a quelques éléments que je vais sous-titrer, si il y en a sur lesquels vous voulez des explications, il faut demander, il ne faut pas hésiter. Il y a d’abord un mot, moi, qui m’a frappé, quand j’ai entendu, ce matin, ce qu’expliquait Catherine Trautmann, ça peut paraître assez anodin, je rappelle à ceux d’entre vous, un petit peu jeune en politique, Catherine Trautmann était ministre de la culture, il n’y a pas si longtemps que ça en France, elle a occupé le poste de Christine Albanel, pour vous aider à situer. Elle n’a pas dit les méchants pirates pédonazis, elle a dit «partage de fichiers». Je ne sais pas si vous vous rendez compte du chemin que l’on a parcouru. Si vous vous rendez compte de l’immensité que cela représente.<br />
Elle ne parle pas de vol, elle ne parle pas de pirate, elle ne parle même pas de téléchargement, elle dit qu'il faut bien évidemment tenir compte des nouveaux usages dont, évidemment, le partage de fichiers.</p><br />
<p>Grande Grande avancée politique pour nous. Un point assez net à marquer. Et ce n’est pas une déclaration isolée, C’est la patronne du groupe socialiste au niveau du Parlement européen qui le dit. J'ai tendance à croire que ça doit intéresser tout le groupe socialiste normalement.</p><br />
<p>Dans les autres points qui sont intéressants, qui ont besoin d’être déchiffrés, parce qu’un député ne peut pas forcément dire du mal aussi ouvertement qu’un activiste barbu, les explications un petit peu compliquées autour de l'amendement 138. Je vous rappelle, l’amendement 138, c’est celui qui avait été voté en pleine bataille HADOPI au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, qui déclarait qu’on ne pouvait pas, bien évidemment, couper l’accès Internet de quelqu’un sans la décision d’un juge parce que cela remettait en cause les libertés fondamentales.</p><br />
<p>L’amendement 138 a été voté par le Parlement européen, deux fois, de mémoire ça doit être de 87/89%, majorité discrète tout de même. L’amendement 138 ne figure pas dans le texte définitif parce que le Conseil européen, donc les groupes de ministres s’y sont opposés. C'est le seul point du Paquet Telecom auquel ils se soient opposés. Et ils s’y sont opposés à la demande de la France, c'est donc bien le gouvernement français qui s’est opposé à l’amendement 138, il n'y a pas d'autre formulation possible. Basiquement le Parlement a été contraint de céder sur des arguments assez vaseux en expliquant qu’effectivement le Parlement européen n'a pas autorité pour légiférer en matière de pénal. Il se trouve que c’est la France qui a avancé ces arguments-là, après que le Conseil Constitutionnel ait déclaré qu’en France on ne peut pas couper l'accès à Internet à quelqu’un sans passer par un juge. Je trouve ça assez drôle, le gouvernement français soutient devant le Parlement européen à peu près le contraire de ce que dit la Constitution.</p><br />
<p>Ça c’est un des éléments, une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à Catherine Trautmann de vous parler de la technique parlementaire européenne, parce que c'est une technique complexe, c'est un jeu à 3. Dans ce mariage à trois, il y a deux nommés et un élu. Les deux nommés sont la Commission et le gouvernement, l’élu c’est le Parlement. Moi je constate, après quand même pas mal d'années de pratique, que sur le brevet logiciel le Parlement avait fait un bon boulot. Que même sur le Paquet Télécom, on arrivait à une solution sortie du Parlement qui était assez propre. On a mis longtemps à leur expliquer, ça a pris du temps. Mais je me souviens de l'état dans lequel était le Paquet Télécom y a deux ans quand Jérémie Zimmermann et Christophe Espern sont arrivés épuisés aux RMLL, en catastrophe, en retard etc… un petit peu comme va arriver Jérémie cette année. C’était lamentable, dedans il y avait les brevets logiciel, dans le Paquet Télécom ils nous avaient mis [http://fr.wikipedia.org/wiki/Trusted_Computing_Group TCPA] ?? IVE??, Trusted Computing, le filtrage à gogo de tout et n'importe quoi dans tous les sens, l’interdiction du réseau PR?? , des trucs ahurissants.</p><br />
<p>On s'en sort avec un Paquet Télécom qui est globalement assez propre, il reste 2-3 bêtises dedans, mais il est globalement assez propre. Il y a un des points, par exemple, qui est intéressant, forcément Catherine Trautmann nous a dit ça en des termes juridiques, elle parlait de « transmission de contenus ». Il y en a combien dans la salle qui ont compris ce que ça veut dire quand un député européen parlant de liberté sur Internet, parle de « transmission de contenus » ? Dans la salle ? François, inutile de lever la main, je sais que tu as compris. Et à part François Pélégrini ? Voilà ils sont quatre. Ça veut dire qu'on ne peut pas vous interdire d'héberger un serveur chez vous. C’est ça qu’a voté le Parlement européen. Transmettre, pas juste recevoir et consulter, mais transmettre. Vous avez le droit d'héberger les services et contenus que vous voulez, où vous voulez. C’est une déclaration qui pour un geek est assez obscure mais qui en droit est extrêmement importante. En droit il y a écrit dans le Paquet Télécom que les abonnés sont libres de consulter et de transmettre les contenus qu’ils veulent. Ça veut dire que le réseau qui sert à diffuser Mickey, ben en Europe c’est pas valable. Il y a quand même quelques éléments que je trouve très très fort là-dedans même si c'est dit en termes très policés, très Parlement européen, en français pas normal.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ce qui est important à noter aussi c'est que ça vient de la rapporteuse du Paquet Télécom. Il y a deux ans, lorsqu’on parlait de Paquet Télécom, on n'aurait jamais imaginé que Catherine Trautmann puisse faire l'effort d’être avec nous, de tenir ce type de propos. Et ça c’est grâce, à mon avis, à la mobilisation qui a eu lieu notamment à l'initiative de la Quadrature (du Net) sur toutes ces problématiques .???.de la neutralité d’Internet. Tout ce dont on parle autour d’ACTA.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il y a eu énormément de travail, beaucoup d’organisations, les deux organisations françaises qu'on voit le plus dans le Parlement européen c'est la Quadrature (du Net) et dans les argumentaires FDN a pas mal contribué, mais il y a énormément d’associations au niveau européen, il y en a de tous les pays d’Europe qui viennent travailler là dessus. Il faut repérer qu’il y a 2 ans on était quasiment en guerre ouverte avec Catherine Trautmann alors que là ce que vous venez d’entendre, si on traduit du français parlementaire au français normal, c’est quasiment un Communiqué de Presse de la Quadrature du Net. Liberté pour tous les citoyens de faire ce qu’ils veulent avec Internet depuis chez eux. C’est ça qu’elle a dit. Y compris de partager des fichiers, on a marqué des points. C'est une des raisons pour moi pour lesquelles cette intervention a un sens dans le capharnaüm européen. On a marqué un vrai point démocratique. On a discuté longuement, parfois virilement avec les députés, ils nous ont écoutés, ils ont compris. François?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> (dans la salle) : Je ne peux que saluer le travail parce qu’effectivement je me souviens, en écoutant ça, il y a deux ans, on en était pas là. Je ne suis pas d’accord avec Tangui, pour la directive brevet logiciel, le rapporteur en deuxième lecture était aussi venu aux rencontres mondiales du logiciel libre,… </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: je parlais sur le Paquet Télécom.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je veux dire par là que, finalement, l'importance de la communauté qui gravite autour du logiciel libre sur ces législations-là est reconnue par le législateur à travers la présence de deux rapporteurs du Parlement européen sur ces dossiers aux tables rondes politiques des rencontres mondiales.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Oui tout à fait et je pense que c’est là où la communauté du libre est assez novatrice dans la nouvelle manière de créer des politiques et d'interagir… je pense qu’on va vraiment rentrer dans le débats avec Nicolas Dupont Aignan pour l'interroger sur sa perception de ce changement démocratique, particulièrement dans la politique parlementaire. Notre point de vue, c’est qu’il y a de plus en plus d'échanges entre les citoyens et les personnes qui les représentent au Parlement. Es-ce que c’est quelque chose que vous sentez dans vos pratiques parlementaires régulièrement et est-ce que la communauté du logiciel libre, ou la communauté du libre en général, est atypique à ce niveau là ou est-ce que cela a tendance à se diffuser?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Écoutez, d’abord bonjour, merci de votre invitation. Pour ceux qui ne me connaissent pas je suis un député de l'Essone depuis un certain temps, 1997, j'ai été député UMP que j'ai quitté en 2007 pour fonder un parti politique gaulliste social qui s'appelle "Debout la République". </p><br />
<br />
====25:37====<br />
<br />
<p>Je siège en non-inscrit puisque nous n'avons pas assez de membres parlementaires. Nous sommes deux députés de Debout la République et je siège aux cotés de François Bayrou, et des trois députés Modem, puisque nous sommes huit députés non-inscrits à l'Assemblée Nationale. Donc je suis une sorte de député libre, si je puis dire.</p><br />
<p>Pour répondre à votre question, d’abord je crois qu'il y a deux mondes qui ne se connaissent pas, du moins le monde politique ne connait pas du tout votre monde. Et aujourd'hui, je vais vous parler très franchement et directement et surtout vous verrez très bien que je suis un néophyte complet. Je ne vais pas venir vous dire « Je connais ceci et cela ». Il faut bien comprendre que, pour nous, c'était quelque chose de totalement inconnu et que ces projets de loi nous sont tombés dessus, sont tombés sur des néophytes complets, à peine si on savait se servir d'un Blackberry, ce qui n’est pas bien, hein ? C’est de la provocation !</p><br />
<br />
<p><em>rires de l’assistance)</em></p><br />
<br />
<p> Je dois dire quand même que ma ville est adhérente de l'April et que nous mettons tout en logiciels libres chez nous. Donc il faut que je me débarrasse de ça (son Blackberry) vite fait, j'ai plus que quelques jours ??? Mais tout ça pour dire que, nous sommes dans l'ensemble, ce serait prétentieux de dire, que sur 577 députés il y en a peut-être 20, et encore, qui connaissent ce que vous racontiez et ce qu'il y avait dans les projets de lois. C'est comme ça, c’est un fait, il ne faut pas le nier. Pour autant, je pense en être un autre exemple, ainsi que quelques autres, mon ami monsieur Brard, même si on n’est pas du tout de la même couleur politique, madame Billard, comment il s'appelle celui de l'UMP ? Monsieur Tardi. Monsieur Suguenot. Un certain nombre de parlementaires en fait, qui, au cours du combat politique, quand on a eu des débats sur les premières lois comme DADVSI, puis HADOPI. Mais surtout ça a commencé en décembre euh… je ne sais pas…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : 2005 ?</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : 2005.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : On s'est retrouvé, comme ça, sur les bancs de l'Assemblée et puis vous savez, les séances de nuit, il n’y a pas grand monde, on discute un peu. Et puis on se disait : « Mais c'est du délire, c'est quoi ce truc-là ? » On s’est dit : « Il y a anguille sous roche. » Et très simplement, vous nous avez alertés et, comme on est peut-être pas doués en informatique, mais on est quand même un peu doués en politique sinon on aurait pas été élus et comme on voyait se répandre dans les couloirs les représentants des lobbies que j'appelle ainsi pour ne pas être plus désobligeants, qui avaient quasiment investi l'Assemblée nationale comme s'ils étaient chez eux, je pense à tous les grands majors, ça a quand même mis anguille sous roche et on s'est dit, "tiens il y a quelque chose de bizarre".</p><br />
Et puis on a creusé et on a découvert l'évidence. Et ce que je veux dire quand je dis l'évidence, c'est quoi ? Ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant quelques années, c'est qu'on peut être néophyte en informatique et comprendre très bien l'enjeu du logiciel libre, de la neutralité des réseaux et de la révolution numérique. Voilà. Et moi je reprends une image que vous avez peut-être déjà entendue de ma part, mais je suis désolé parce que je répète toujours la même chose, mais c'est tellement simple. Nous sommes exactement comme il y a plusieurs centaines d'années, quand il fallait passer des moines copistes qui recopiaient la bible à la main, à l'imprimerie. Rien n'a changé. Alors est-ce qu'on met en prison ceux qui veulent casser le monopole des moines copistes ou est-ce qu'on s'adapte à ce qui se passe, c'est à dire non pas qu'on s'adapte d'une manière défaitiste ou comme ça pour subir, mais est-ce qu'on anticipe l'extraordinaire chance que représente le numérique pour la diffusion des oeuvres par exemple.</p> <br />
Et ce qui était insupportable dans la loi, ce qui était insupportable dans les deux débats qu'on a eus à l'Assemblée, c'est que les majors et le gouvernement aidés, faut quand même être clair aussi par une partie du parti socialiste, Monsieur Lang et compagnie, souvenez vous en, nous, comment dire, abusaient de la crédulité des parlementaires, de leur non connaissance du sujet, pour leur faire croire qu'en plus ils étaient des remparts de la culture française et de la liberté de la création. C'est ça qui était insupportable. C'est à dire qu'on était face à une imposture, c'est à dire qu'on mobilisait les parlementaires pour leur dire : vous allez voter le projet de loi gouvernemental parce que comme ça vous allez défendre contre ces s**** qui vous pillent et pillent la culture. C'est à dire qu'il y avait des grands sentiments en bandoulières. et c'est ça qui a permis, je crois, cet abus qui a fait réagir quand même un certain nombre de parlementaires, puisque même dans une soirée de décembre, on a été majoritaire. Et à plusieurs reprise on a été majoritaire lors des votes, <br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : il y a des histoires de rideaux qui sont restées célèbres !</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Voilà, on a été quand même majoritaire parce que simplement le bon sens était là, tout simplement, l'évidence et la question majeure, il n'y a qu'une seule question, c'est : est ce que cette innovation technologique essentielle majeure sera confisquée par des puissances économiques ou sera au service des citoyens ? C'est ça la seule question. Très simple en fait. Et bien évidemment face à une innovation technologique majeure, il y a un enjeu de pouvoir et il y a un enjeu d'argent. On n'a rien inventé. L'enjeu de pouvoir c'est qu'Internet gêne. Internet gêne parce que comme une certaine oligarchie politique a mis la main sur certains médias, ils ont mis du temps, c'est un éternel combat,<br />
<br />
====31:27====<br />
<br />
Ils voient d’un très mauvais œil ce que peut être Internet, comme un élément de liberté et de diffusion politique. J’en parlerai après si vous le souhaitez. Moi j'ai pu monter mon parti, et si "Debout la République" a eu autant de succès, d’adhésions, de financements, même l'électorat, si on a pu y aller, c’est que parce qu’il y avait Internet, jamais je n'aurais pu faire ça avant Internet. Pas les moyens d’envoyer des timbres, des lettres etc. Donc ça montre bien qu’il y a un enjeu de pouvoir, Internet. Et puis après il y a un enjeu économique et comme par hasard, ceux qui veulent verrouiller politiquement Internet s'entendent à merveille avec ceux qui veulent retirer le plus grand profit. Voilà, c'est tout l'enjeu des prochaines années.</p><br />
<br />
====32:05====<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Moi, il y a un point qui me fascine, en fait, pour avoir suivi ces dossiers-là depuis un certain nombre d’années, on arrive avec le Parlement européen en discutant avec les députés impliqués qui suivent les dossiers. Que quelques députés, parmi les 577 députés de l'Assemblée Nationale connaissent le dossier c'est normal tout le monde n'est pas compétent sur tout. Mais on arrive au Parlement européen...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : le problème c'est qu'il n'y en avait aucun.</p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On arrive, en discutant au Parlement européen avec les députés, à progresser. Typiquement le rapporteur du Paquet Télécom, qui est un texte colossal, faut repérer ses cinq directives, c’est épais, il y a toute l’industrie des télécom derrière. Je vous laisse imaginer la pointure des businessman, des lobbyistes, derrière, c'est du gros bras. On arrive à discuter, et à se faire comprendre, et à se faire entendre. Et à obtenir une réflexion. Je ne dis pas qu’on a gain de cause sur tout. Mais on arrive à faire changer d'avis le rapporteur sur le texte et à obtenir des prises de position intelligente. Comment dire, on ne va pas dire du mal de Franck Riester, il ne faut pas parler des absents. </p><br />
<br />
<p><em>(rires dans la salle)</em></p><br />
<br />
====33:19====<br />
<br />
<p>(il n’a) jamais écouté un argument, jamais déplacé une virgule. Comment il peut y avoir une telle différence de qualité de travail parlementaire entre l’Assemblée Nationale et le Parlement européen ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Parce que l’enjeu n’est pas le même. Et parce que le rapport de force politique n'est pas du tout pareil. C’est pas faire insulte au Parlement européen que de dire, pardonnez-moi, vous allez peut-être mal le prendre, qu'il a à la fois un rôle important et un rôle non décisif. Donc l’enjeu de pouvoir n'est pas du tout le même. Madame Trautmann , je vous parle d’elle parce que je l’aime bien au demeurant, mais elle a beau jeu de dire : « On essaie, on ne va pas y arriver" et d’ailleurs on a fait sauter l'amendement. Non mais attendez, parce que moi, je veux bien qu’on ne soit pas idiot, mais pour le moment il a quand même sauté.</p><br />
<br />
====34:04====<br />
<br />
Si le Parlement européen avait l'enjeu du Parlement national, du parlement allemand, espagnol, anglais ou français, je peux vous dire que ce serait autrement verrouillé et que le dialogue serait beaucoup plus difficile. C’est pas que je sous-estime... Vous voyez ce que je veux dire ?<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : oui.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est qu’il y a une marge de manœuvre plus forte parce qu’il y a un enjeu politique moins important puisqu’ils ne sont pas décisionnaires, enfin, dans l’ensemble. Ils sont décisionnaires en partie. Vous avez pu les influencer et ça a joué. Et ça a été utile. Mais c’est beaucoup plus flexible.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morliez</strong> : Vous avez quand même vu l'intervention ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : J’ai vu l’intervention, elle est quand même intéressante. C'était de dire, vous avez raison, je défends mais c'est un compromis, on fait ce qu'on peut, etc. Je connais par cœur le mode de fonctionnement. C’est toujours ce qu’on dit. Puis après vous verrez que le compromis, en général, il est sérieusement écorné à chaque fois. </p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que ça veut dire que vous pensez que le travail des parlementaires français est un travail de décisionnaires ?</p><br />
<br />
====34:58====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non pas totalement mais, pas totalement dans cette affaire. Mais simplement le Parlement... il est décisionnaire par le vote de la loi mais il est tenu par le fait majoritaire, c’est tout. Donc il est plus décisionnaire que le Parlement européen, c’est une évidence. Ce n’est pas une critique, c'est un fait. Donc si vous voulez, ce que le Parlement européen veut donner, la commission va le reprendre. Et la commission va le reprendre parce que c’est un jeu à trois ?? bandes, État, Commission. Si, il y avait un Parlement européen avec un fait majoritaire comme les Parlements nationaux, je pense que très vite certains seraient rappelés à l'ordre, beaucoup plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire ? Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas, au niveau national, avoir un travail plus approfondi. Mais si on a choisi, si ils ont choisi, ce n’est pas moi, monsieur Riester ce n’est pas par hasard. Si ils avaient choisi quelqu'un d’ouvert et de sensible à vos thèses, cela aurait été gênant pour la suite du vote. Puisque vous savez quel est très bien l’objectif. ?? 36:00<br />
Vous me faites dire que le Parlement français est au.. il y a un fait majoritaire brutal, c’est une évidence. Et dans cette affaire tout le monde sait que l'UMP (et c'est pour ça que je suis bien content d'en être parti) n'a pris aucune responsabilité puisque le Président de la République est derrière ça, immédiatement directement avec certains lobbies. Et que donc le Président de la République a convoqué à plusieurs reprises ceux qui battaient de l’aile, si je puis dire, ceux qui étaient sensibles à vos thèses, à nos thèses, pour les rappeler à l'ordre, en leur disant : «Maintenant si tu votes ce texte, on te retirera ton investiture et tu ne seras plus député.»</p><br />
<br />
<p><em>passage inaudible</em></p>36:38<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong> :ils savent que la licence...vu que vous avez été plus investi sur la DADVSI, il y a... vous avez...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oh moi non, parce que moi, ils savent que je suis un cas perdu. Je n’ai plus de pressions, j’en ai jamais eu parce qu'ils me connaissent. Donc Sarko, il me connait très bien, il sait que s'il y aura une pression, j'écrirai sur mon blog dans la journée. Donc voilà quoi. «Perdu pour perdu, ce pauvre type, voilà qu'il reste où il est.»</p><br />
<br />
====37:04====<br />
<br />
<p>Là dessus je n'ai jamais eu de pression, mais là dessus, je connais mes collègues, je sais comment ça fonctionne et bien sûr qu’ils ont eu une quantité de pressions. D’ailleurs voyez les abstentions, voyez .. je vais pas calculé sur l’affaire mais vous avez dû être observateurs attentifs, voyez ceux qui ne sont pas venus voter. Voilà. Quand des députés de la majorité, mais c’était pareil au moment des socialistes, et ça s’est fait parce qu’on a eu une assemblée nationale élue au scrutin majoritaire, et pas à la proportionnelle, et ça c’est différent du Parlement européen. Donc on a un parlement européen beaucoup plus ouvert là-dessus puisqu’il est élu à la proportionnelle, que vous avez beaucoup plus de points d'entrée et qui est moins décisionnaire. Ça c'est le problème de la proportinelle et le problème du fait majoritaire. Tout ça pour dire que moi j'ai bien vu comment ça s'était passé, les parlementaires du style Suguenot, je sais plus ce qu'il a voté à la fin,</p><br />
<br />
37:44 <br />
<br />
<p><em>hésitation partagée avec Tangui Morlier</em></p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong>: Sur Hadopi, il me semble qu'il a voté pour...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je ne sais plus... Bon bref, tout ça c'est le fait majoritaire et c'est ce qui ne va pas dans notre système institutionnel. C’est le problème de rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Parce que je reste convaincu que si le législatif avait un peu plus de puissance vous auriez trouvé très vite des parlementaires tout à fait ouverts à vos thèses, sans doute pas le rapporteur du projet de lois mais beaucoup.. parce que pour le coup...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça c'est un des éléments sur lequel je voulais vous faire réagir, on a régulièrement, je ne me suis pas amusé à rechercher les noms, j’ai pas envie de faire langue de minette,??? parce qu’il y en a plusieurs, des députés qui déclarent dans la presse, ou qui déclarent en tête à tête, c’est très fréquent, mais dans la presse, être contre le projet de lois, typiquement HADOPI, alors que, c'est idiot de leur part, le scrutin est public, on a la liste des votants et on sait qui a voté quoi. Comment est-ce qu’on peut se retrouver... Je peux comprendre qu’un député se plie aux pressions pour garder son investiture, pour garder son financement, pour pas être blackboulé la prochaine fois. Mais se retrouver à dire dans la presse quelque chose qui est vérifiable, comme étant ouvertement un mensonge, c'est curieux comme positionnement.</p><br />
<br />
<p><strong> Nicolas Dupont Aigan</strong> : C’est même choquant plus que curieux. Ils pourraient dire en sortant : «J’ai voté» puis nous sortir un argument vaseux, éventuellement faible. Mais je vais vous dire, le problème de fond c’est ce système qui est complètement vérolé sur plein de sujets, j’en connais tellement qui font ça. Le problème de fond c'est que si on veut être efficace, c'est quoi, c'est vous qui détenez les manettes, la pression des internautes a été importante, ils en ont peur, ils ont peur de vous.<br />
<br />
====39:43====<br />
<br />
Beaucoup plus que vous ne croyez ? Donc, il faut faire pression politiquement ; d’ailleurs j'ai toujours dit que ce projet HADOPI ne serait jamais appliqué pour une raison simple : vous voyez un gouvernement envoyer avent des élections, des milliers, des centaines de milliers de rappels à l'ordre aux électeurs pour leur faire cesser une pratique généralisée ? Non, mais il faut être complètement fou, suicidaire. D'ailleurs moi je poserai même la question de savoir comment un gouvernement pouvait défendre un projet aussi débile. Les ministres, je me demandais même s'ils ne faisaient pas ça pour la forme. Se faisant, ils perdraient beaucoup de temps à ne pas créer la licence globale, à ne pas avoir un vrai mode de rétribution des auteurs. C'est ce que j'ai expliqué cent fois aux auteurs, aux associations d'auteurs et aux associations en général, de leur dire mais vous êtes complètement manipulés par les majors parce qu'à force d'attendre vous n'aurez ni votre rémunération, par eux, puisque le système ne marchera jamais, mais vous n'aurez même pas la licence globale qui permettrait de financer la création, parce que c'est légitime dans un pays, et ça c’est le rôle d’un parlementaire, la ministre de la culture, de se poser la question légitime, de la création, de la langue, de savoir vivre ensemble, de vouloir vivre ensemble et d'aider par un mécanisme financier, qui était un prélèvement sur les fournisseurs d'accès ou autre solution. Ce faisant, on a bien vu dans ce débat qui était passionnant, sur le plan institutionnel et politique, que le gouvernement, pour faire plaisir aux majors, pour verrouiller le système, pour faire plaisir au Président de la République qui obéissait à des clientèles, prétendait défendre les artistes et ce faisant ne les défendait pas puisque le système, à mon avis, n'est pas jouable.</p><br />
<br />
====41:26====<br />
<br />
<p>Il ne peut pas être mis en œuvre, c’est une aberration vous ne retenez pas la marée avec, comme les gamins avec des châteaux de sable qui sont tour à tour sur la plage. C'est absurde et donc, à la fin du compte, qui va perdre ? Tout le monde, les artistes le gouvernement qui aura créé cette usine à gaz, l’argent du contribuable, etc, etc. Mais plus grave que ça, parce qu'il y a ça. Il y a beaucoup plus grave qui pour moi, aujourd'hui, est la manière dont on aborde la création du réseau de fibres optiques en France, la confusion des rôles entre les fournisseurs d'accès et les fournisseurs de services. Je pense que là on est dans une espèce de conflit d'intérêt ou de confusion d'intérêt, c'est à dire que l'enjeu pour notre pays ce serait quand même de construire un réseau de fibres optiques équitablement réparti sur le territoire français pour un moindre cout. Donc c'est complètement absurde de voir les fournisseurs d’accès investir sur des réseaux parallèles dans les grandes villes et puis de voir parallèlement le monde rural, le monde des banlieues. Moi j’habite à vingt kilomètres de Paris, on a rien. La moitié de la population qui n a même pas accès à l’ADSL, et la limite, 20 kilomètres de Paris. Et aucun des opérateurs ne veut investir. Vous avez des millions de personnes qui ne l'auront pas ! Donc ça c’est un problème majeur, c'est le problème des tuyaux. Et en confiant les tuyaux à ceux qui fournissent les accès et à ceux qui essaient de s'emparer du contenu, il y a une confusion majeure et c’est toute la question de la neutralité du net, mais c’est en train de se faire en ce moment et on va gaspiller des milliards d'euros dans l’installation dans des zones, des zones urbaines très denses, alors qu’après on nous dira, au contribuable : « qui va payer pour le reste ? »</p><br />
<br />
====43:01====<br />
<br />
<p>Et j'estime que là, il y a un vrai enjeu politique. Et là il y a du boulot à faire auprès des<br />
parlementaires qui n'ont rien compris, pardonnez moi de le dire mais…</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Mais justement, pour en revenir à l’influence des citoyens dans le travail parlementaire. Qu'est-ce qui a été décisif pour vous durant DAVDSI ou à quel moment s'est produit le déclic ? Est-ce que c'est les dizaines de mails que vous receviez dans la journées ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non, pas pour moi, parce qu’honnêtement ce n'est pas ça qui m'a… Moi j'ai été convaincu parce que j'ai eu la chance de vous rencontrer, je ne sais pas comment, par quelqu'un qui vous connaissait. Et puis parce que je suis féru d'histoire et je me suis tout de suite vu sous Gutenberg, pauvre Gutenberg en prison parce qu'il remettait en cause quelque chose. Moi c'est ma culture historique entre guillemets qui m'a sauvé dans cette affaire, voyez, comme quoi. Mais l'histoire se répète.</p><br />
<br />
====43:47====<br />
<br />
<p>Moi ce n’est pas par ce… mais en revanche, mes collègues, moi je, et puis même nous, ce qu'il faut faire, c'est les abreuver de mails, il n'y a que ça, et attendez, c’est normal. On est élu, il faut que les électeurs se manifestent, il n'y a pas de secret. Donc organisez-vous, abreuvez les de mails, il faut qu'ils se rendent compte et puis faites les battre, il n'y a pas de secret. Organisez-vous. Quand il y a un député qui a voté contre, envoyez lui un mail et généralisez en disant : « il a voté contre ». Battez-le aux élections et puis, vous verrez, ça va changer. Pourquoi le parti socialiste a évolué entre nous ? Parce que souvenez vous au Sénat, le groupe PS…</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Au Sénat, le groupe PS a voté à l’unanimité</p><br />
<br />
====44:24====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : …a voté à l'unanimité la loi. Il ne faut pas l'oublier quand même. Donc, Dieu sait si je ne suis pas fana de l'UMP, mais il faut quand même… il y a un certain double jeu du PS sur le sujet. Donc pourquoi ? Parce qu’ils se sont dit : « Zut, on est en train de se fâcher avec la jeunesse de la France ». Cest tout. Et ça c’est normal, c’est le boulot d'un élu. Est-ce que vous connaissez un commerçant qui veut se fâcher avec ses clients ? Bon, un député, en général, il ne veut pas se fâcher avec ses électeurs. Donc votre boulot, c’est de faire pression sur les parlementaires, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Et il faut quand même leur faire rentrer dans le crâne que… Enfin, là ils commencent à comprendre qu’ils vont au suicide politique.</p><br />
<br />
====44:59====<br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Qu'est-ce qui a fait que sur DADVSI vous avez été vraiment très actif et que sur HADOPI vous l’avez été un peu moins ? On vous a vu de manière plus sporadique, plus en discussion générale qu’en défense d’amendements.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Parce que je suis le Président d'un parti politique que je suis en train de monter, je suis candidat aux élections du Parlement et que je ne peux pas tout faire. Je n'ai que deux députés et qu’il y en a d'autres qui le faisaient très bien. Voilà, moi j'avais fait mon boulot. Mon boulot c’était, comme de parlementaire, essayer de convaincre le maximum de mes collègues, je n'allais pas répéter les amendements de mon ami Brard parce que voilà. Et c’est tout. Il n’y avait pas du tout de différence, je suis convaincu pareil.</p><br />
<br />
<p> En ce moment, mon dada c’est plutôt parce que je le vis dans mon territoire. Je suis Président d'une communauté d'agglomération de plus de cent mille habitants, je suis le maire d’une ville de trente mille. Je suis à 20km de Paris et j’ai, dans ma ville, sur 11/12 mille foyers, j’en ai 4 mille qui sont au minimum légal de 512. Minimum légal de 512, c’est que les gens qui sont à 20km de Paris, s’installent, ils emménagent et viennent me voir : «Monsieur le maire, nous, on peut pas. On peut rien faire. On a créé une petite boite où mon fils est ingénieur, ma fille est ceci» et on peut pas être relié. Je suis en négociation avec France Télécom, Free et les autres depuis 3 ans et ils nous baladent. Ils nous disent : « Vous n'avez qu'à payer". Voila c’est au contribuable à payer. Mais enfin, on est en plein... C’est de la folie furieuse ! Là, voilà le vrai enjeu. </p><br />
<br />
<p>46:20</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc selon vous, c'est localement qu’il y a moyen de faire évoluer les choses ? Plus qu’au niveau parlementaire ?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Les deux. Les deux devraient mais à condition que les citoyens fassent pression. Et puis que vous, vous continuiez votre travail de lobbying, que vous appuyiez au sein de chaque groupe parlementaire sur quelques poissons pilote. On crée, on a créé une sorte d’amitié avec ... On a jamais été aussi copain avec monsieur Brard, Martine Billard et quelques autres.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Donc c’est comme ça régulièrement. Vous avez créé un intergroupe..</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Vous savez, il n’y a pas besoin de créer d’intergroupe, il y a assez de bureaucratie comme ça dans notre pays. Je veux dire, on se voit...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier </strong>: Mais c’est rare quand on voit un député de droite valoriser le travail de son adversaire politique </p><br />
<br />
====47:00====<br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je sais que d’autres n’osent pas le faire parce qu’ils vont passer pour d’horribles... donc ils n’osent pas toujours le faire mais on est très copains et, à la buvette, on en parle. Et puis voilà, et on échange et on a envie de convaincre nos collègues, c’est une affaire humaine aussi. Je veux dire, il ne faut pas non plus...</p><br />
<p>Il faut faire prendre conscience, en revanche, là c’est sérieux et plus grave. Si on ne fait pas prendre conscience aux français que c’est un enjeu de liberté publique, et que c'est un enjeu de liberté économique. C’est vital pour le développement du pays. Parce que notre pays il crève d’oligarchie, il crève économiquement aussi de ça. De cette incapacité à créer une nouvelle société, le fait qu’il y ait tant de chercheurs français qui soient à l’étranger, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, c’est quand même un problème. Et ça c’est pas qu’on est moins bon que les autres, c’est qu'on a un mode de fonctionnement clanique, oligarchique. et que des très grandes entreprises du CAC 40 et d’ailleurs, ne veulent pas qu’il y ait cette émergence de ce tissu, or le numérique c’est cette diversité, c’est ce réseau. Voilà moi ce que j’ai compris, pourtant je n’y connais rien dans votre truc, bon c’est ça. Et il faut que notre pays réussisse ce virage et ce n’est pas avec ces abrutis, pardonnez moi de parler comme ça, il y a beaucoup de journalistes, il ne faut pas trop le dire, mais ces majors qui sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, ici, ....</p><br />
<br />
<p>intervention de Benjamin Bayart : Ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas de la salle. </p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Ces fournisseurs d'accès, ces ceci .., etc. Ce n’est pas possible de continuer comme cela, parce qu’on est en train de louper un virage essentiel, essentiel. Et moi j’ai dit que l’aménagement du territoire, les banlieues, on doit pouvoir essaimer. Moi j’ai plein de petites boites qui veulent s’installer chez moi, alors qu’on est pas une zone avec de grandes zones d’activité. Ils fuient les grandes zones d'activité. On a des petites sociétés très performantes qui s’installent. Il faut qu’ils aient la couverture internet et voilà.</p><br />
<br />
====48:44====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : François?</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan </strong> : Je suis un peu passionné sur cette question.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Je ne peux que seconder l'analyse de monsieur Dupont Aignan et je vois toujours d'un très mauvais oeil les gouvernements qui réduisent les heures d'histoire pour les lycéens. Il me semble que justement le Parlement français, à la différence du Parlement européen, peut s'auto-saisir de propositions de lois. Alors qu'au niveau européen, nous avons des velléités de la Commission de retirer au public la gestion des infrastructures de la fibre, comme vous l'avez dit, alors que justement, dans le modèle économique classique, les infrastructures appartiennent au public, je pense aux routes, au réseau d'eau, au transfert d'électricité, puisque que ce sont les syndicats d'électricité qui les ont, pour ensuite laisser les opérateurs louer ces infrastructures. Est-ce que le Parlement français ne pourrait pas prendre l'initiative, c’est le rôle de cette table ronde politique. Je me souviens de la table ronde en 2000 où Gilles Savary nous avait fait, nous avait dit : « Mais venez au Parlement européen vous battre sur les brevets logiciels, on va vous aider ». Puisque vous êtes là, puisque vous amenez le sujet sur la table, est-ce qu'on ne pourrait pas, là, prendre la décision de dire : "Tiens et si on faisait un peu d'éducation au niveau du Parlement français pour démarrer une proposition de lois autour d'un service public de la fibre et d'un maillage de la fibre, au niveau français, en espérant que cela fasse tâche d'huile au niveau européen."</p><br />
<br />
====50:17====<br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Tu veux dire, par exemple, petit rappel de la constitution politique, n’importe quelles infrastructures essentielles doivent être publiques.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Bon là je te laisse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est une très bonne idée.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il faut savoir je crois qu’il y a eu une réunion hier. Parce que le bruit qu'a fait HADOPI a été assez fort et il y a quelques personnes, notamment à l'UMP, qui se rendent compte qu'il faut quand même faire quelque chose. Il y a eu une réunion publique hier à la salle Lamartine et visiblement Hervé Mariton, qui est encore à l'UMP, a demandé à Jean François Copé quand est-ce qu’on allait enfin pouvoir parler de neutralité de l'Internet et qu'à priori cela devrait être avant la fin de l'année. Et même si, Copé s’y serait engagé, même si avec le remaniement arrivant,le sourire de côté était très interprétable.</p><br />
<br />
<p>51:06</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Juste un dernier point, François ?</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Juste un dernier point aussi, pour seconder monsieur Dupont Aignan, ayons une pensée émue pour monsieur Donnedieu de Vabres qui n’a pas passé les élections suivantes, son rôle de rapporteur sur DADVSI. Ayons une pensée émue pour monsieur Riester.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Parce que le rapporteur Vanneste a, du coup, a changé d'opinion.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Et madame Albanel s'est retrouvée directrice de la com d'Orange.</p><br />
<br />
<p><strong>François</strong> : Justement, je pense que là ils ont été malins sur ce coup-ci parce qu'ils ont pris quelqu'un qui n'avait pas de fonction élective et n'avait donc rien à perdre au niveau gouvernemental. Donc au niveau recyclage...</p><br />
<br />
<p>51:46</p><br />
<br />
p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Attendez, attendez. Je ne veux pas être... enfin je.. c'est quand même surréaliste ce qui se passe. Une ministre de la Culture qui passe chez Orange. Là je suis.. je suis sans doute un peu réactionnaire, j’ai encore quelques principes en tête. Mais c'est ça qui est insupportable aujourd'hui dans notre pays. Passons.</p><br />
<p>Sur votre affaire, moi je vous propose même mieux : Pourquoi on organiserait pas au mois d'octobre, à la rentrée, salle Lamartine ou Victor Hugo, ce sera un beau nom d'ailleurs, une petite journée, un petit colloque, où vous pourriez mettre des gens compétents pour cela ? Et on inviterait tous les parlementaires, on ferait avant d’aller déposer la proposition de lois. On peut monter quelque chose là-dessus. Et s'appuyer sur tous les groupes. Moi je ne cherche pas à faire de la publicité à partir de cela, je cherche à ce qu'il y ait une prise de conscience chez mes collègues qui n'ont pas compris l'enjeu pour beaucoup. Ils le comprennent à travers leurs enfants d'ailleurs pour la plupart. Et d'ailleurs la grande réflexion, vous vous souvenez ?</p><br />
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====52:46====<br />
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<p>C'était : «ah bah oui c’est pas bien, je vote contre le téléchargement, mais je ne comprends pas tous les enfants téléchargent. Alors comment ça marche ?» Je lui disais : «Ben tu regardes, va voir comment fait ta fille ou ton fils, tu vas comprendre.» </p><br />
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<p>53:00</p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous avez vraiment beaucoup discuté avec votre collègue Brard parce que c’est exactement... finalement...</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est ma fille, il faut être honnète qui m’a aidé. Avec tout ce qu’elle a téléchargé, je commençais à être inquiet. <em>rires dans la salle</em> Je me suis dit... faut quand même que... mais au delà de ça... Voyez c’est amusant mais personnellement c’est pas ça. Vraiment, ma hantise c’est de voir confisquer une innovation aussi importante, publique, de la voir confisquer et donc de laisser se perdurer, dans notre pays, des rentes de situations. Des rentes de situations qui sont inefficaces économiquement et choquantes moralement et politiquement. Donc c'est ça qui est en jeu. Et ne vous trompez pas, ce qui se passe aujourd’hui, par exemple sur l’affaire MediaPart et sur ses déclarations ahurissantes. </p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Vous étiez en hémicycle...</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Oui.</p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Est-ce que vous êtes sorti ou vous êtes...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je suis sorti, oui avec Monsieur Bayrou et d’autres. Mais...</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Je vous rappelle, le ministre du budget a dit que...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : qu’on était des fascistes.</p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Que Médiapart, Twitter et Internet étaient des fascistes..</p><br />
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====54:06====<br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On peut peut-être compter les points ???</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Moi je propose <br />
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<p><em>rire puis applaudissements</em></p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : A ce moment là, la société d’autoroute est responsable des accidents de moto, vous n’allumez plus l’électricité parce que vous allez vous faire..on est en plein délire. Mais c’est pas innocent, parce que quand vous voyez que monsieur Bertrand traite de fasciste, comme ça, MediaPart, qui, entre nous sauve l’honneur de la presse française, surtout que quand on la connait, on peut se poser des questions. Je veux dire que c'est quand même incroyable, c'est le monde à l'envers. Et si vous voulez... voilà, on est dans des extravagances, je ne dis pas pour autant... et je ne suis pas pour remettre en cause la présomption d’innocence, mais il n'y a que la justice qui peut juger, et en tout cas, on n’a pas le droit, parce qu’il y a des allégations, de dire vous êtes.. Internet alors Internet. C’est la même réaction, vous vous souvenez, Gutenberg a été mis en prison quand même. Je me demande s’il n’est pas mort en prison, je ne sais plus. Si il y a des historiens dans la salle...</p><br />
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<p>55:09</p><br />
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<p><strong>Une personne du public</strong> : Là Wikipedia nous le dira</p><br />
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====55:10====<br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Regardez Wikipédia...Mais attendez, attendez. L'inventeur de l'imprimerie qui a été mis en prison. Plus personne ne s’en souvient ce qui est normal cela date d’un peu de temps.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : De mémoire, il a été essentiellement mis en prison pour une histoire de dettes mais par contre il y a eu énormément de gens imprimant des livres qui ont été brulés comme hérétiques. C’était œuvre du diable.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous vous en sortez plutôt pas mal.</p><br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On s’en sort bien nous. Ils en ont brûlé pas beaucoup ! ???</p><br />
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<p>(Intervention de mmu_man)??? incompréhensible sur ma version...</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Oui mais c’est pour autre chose. HADOPI n'y est pour rien, je t’assure. France wireless peut être, mais HADOPI non.</p><br />
<br />
<p><em>rires</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : En revanche ce qui est très réconfortant c’est que vous avez lancé tout ça. Il y a la force d'un mouvement réseau, la force de la liberté, tout ça, tout ce que vous avez raconté sur les négociations avec l’Europe, la manière dont malgré tout, on a pu, quand même, faire évoluer...même si on a été battu par la logique du fait majoritaire, on a pu faire évoluer les choses. Il y a quand même eu un énorme progrès en très peu de temps. Donc moi je suis quand même très confiant. Si on arrive à sensibiliser les élus et les représentants du peuple, si on arrive à mobiliser la population, je pense que, de fait, on va y arriver, parce que le réseau est plus fort, parce que c'est une marée, on ne peut pas l'empêcher. Et c’est ça qu’ils vont devoir comprendre à un moment. En revanche, paradoxalement, je pense que ce sera plus facile de gagner sur le pouvoir politique, qui a déjà perdu sur Hadopi.</p><br />
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<p>56:44</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Pour moi, il a déjà perdu, alors peut-être que je suis trop optimiste, mais je ne vois pas comment un gouvernement, avant les élections, va envoyer des mails pour couper les liaisons. Cela me parait improbable. Je me trompe peut-être. En revanche, attention les forces économiques organisées sont beaucoup plus puissantes que le gouvernement et il est clair que ce qui se joue dans les négociations internationales, monsieur Kouchner n’a toujours pas répondu à ma lettre...</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Sur ACTA ?</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Sur ACTA etc. Donc ce qui se joue dans les négociations internationales entre les plus grosses entreprises, les intérêts américains, la commission de Bruxelles qui est aux ordres des intérêt américains comme tout le monde le sait et ce qui existe ici ou là, je peux vous dire que là, ça na va pas être de la tarte pour essayer de garantir la neutralité du Net et qu’ils ne profitent pas de l’encombrement des réseaux etc etc. Là, il y a un conflit majeur.</p><br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Monsieur..???... on a des projections, Mais j'ai bien noté pour la rentrée, il faut qu'on...</p><br />
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====57:44====<br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Vous êtes les bienvenus. L'avantage de n’appartenir à aucun groupe c'est de pouvoir réserver des salles comme je veux.</p><br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Il me semble effectivement qu’à l’Assemblée nationale sur les questions fibres optiques, neutralité du Net...</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Neutralité du Net et comment on pourrait se... On a cette capacité en France, on a des atouts par rapport à d’autres pays. On a cette capacité, on a un état centralisé, on est capable de claquer 10 milliards ou 20 milliards sur un coup de tête. On peut le faire et c’est un énorme atout par rapport à l’Allemagne. ?? en guerre?? nous on a cette capacité. Pourquoi on a pas été capable avec le plan de relance, de se dire : «Voilà l’enjeu majeur des vingt prochaines années c’est ça, on va mettre le paquet là-dessus». Je peux vous dire que c’est de l'argent qui est autrement mieux investi que dans beaucoup d’autres choses. C’est ça l’enjeu. Et donc, cette idée là d’un réseau national de fibres optiques et qu’après les fournisseurs d’accès le louent, ou y participent d’ailleurs, sur leurs fonds propres mais dans la clarté et qu'on arrête de doublonner les infrastructures.</p><br />
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<p>58:41</p><br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Ça me parait être intéressant ça.</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Mais faut me le préparer parce que moi,sur le plan technique.</p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Et bien c'est justement l'objet de la deuxième partie de la table ronde politique que l’on va justement attaquer...</p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Il y a des questions ? Une question quand même ?</p><br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : ???</p><br />
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<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Aucune question?</p><br />
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<p><strong>Personne du public</strong> : J’ai une toute petite question : vous disiez tout à l’heure que vous n'avez pas d'infrastructure. Du côté d’Hyères, ma ville, c'est un peu le bazar. Comme vous avez dit, comme à certains endroits, il n'y avait que la moitié de la ville qui était couverte, est-ce que vous pensez, ne serait-ce que pour votre ville, essayer de rencontrer des gens qui sont souvent capable de fournir des connaissances et des compétences dans le domaine de la fibre.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je vais te donner une réponse...</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : On est déjà en contact.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : C’est déjà fait et mon objectif justement c’est de casser leur monopole en construisant un réseau de fibres optiques. Et donc, en passant justement par des personnalités libres qui vont me faire baisser les coûts. Puisqu’ils (les FAI) se sucrent à tous les niveaux, cabinets d'étude, organisateurs, travaux publics, à tous les niveaux, on est en train de racketter le citoyen.</p><br />
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====59:55====<br />
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Et à faire payer une fortune ce qui pourrait être fait à moindre coût. Donc je voudrais justement un établissement pilote. Je pense que l’on peut faire un laboratoire avec cent mille habitants et court-circuiter les opérateurs.</p><br />
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<p><em>applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : L'objectif, parce que ça ne sert à rien de faire de grands discours si l’on est pas concret. L’objectif c’est vraiment 1er juin, l’année prochaine, première prise installée. 1er juin, ça fait un an, vous vous démerdez comme vous voulez pour le faire.</p><br />
<br />
<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Je pense que vous ne l’aurez pas.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Ça va vous couter cher.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Non non pas si cher que ça vous verrez. Non mais je ne plaisante pas. Je n’ai pas l’habitude de plaisanter, on va y arriver. On a mis les bouchées doubles, on a le premier audit qui sera prêt le 18 juillet, en octobre on lance l’appel d'offre, on a trois mois et après on commence. Quitte à faire de l’aérien, quitte à faire par cables, quitte à se débrouiller, moi je veux offrir la liaison en fibres optiques à mes concitoyens. Voilà. Parce que j'ai envie d'être ré-élu.</p><br />
<br />
<p><em>rires et applaudissements</em></p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Je vais vous dire, quand on n'a pas le soutien d'un grand parti politique, il vaut mieux avoir les électeurs. Mais je suis assez confiant parce que je pense que ceux qui ont trop obéi aux consignes n’auront plus d’électeurs. Voilà.</p><br />
<br />
<p><strong>Tangui Morlier</strong> : Il y a une question.</p><br />
<br />
<p><strong>Personne du public</strong> : Il me semble qu'en France, je ne sais plus quel département ou quelle région, a fait un appel d'offre pour créer un réseau de fibres optiques, qui serait exploité pendant 20 ans de façon privée...</p><br />
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====1:01:32====<br />
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<p>et qui après serait la propriété de ???</p><br />
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<p><strong>Il me manque un bout de la vidéo</strong></p><br />
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<p>Il y en a un paquet, il y a les initiatives sous différentes formes juridiques et différents endroits. Neuf fois sur dix gérées sous forme de délégation de service public et qui donnent un fonctionnement, je vais faire court parce que je peux faire très long sur le sujet et je n'ai pas envie. Basiquement c'est un moyen simple d'injecter du pognon dans le privé.</p><br />
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<p><em>rires</em></p><br />
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<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> : Hors détournement de manière malhonnête.</p><br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Non, non. Pas de manière malhonnête. C’est juste personne veut foutre de l’ADSL dans ton territoire paumé. Par ce biais-là, la région, le département, la ville, machin, injectent 50 ou 60 millions pour que Free, France Télécom, SFR et les autres veuillent bien venir gagner de l'argent. C'est un moyen simple d’injecter du pognon.</p><br />
<br />
<p><strong>Nicolas Dupont Aignan</strong> Vous savez qu’il y a le même problème, on parlait d’histoire, pour les réseaux de chemin de fer. On a eu un bazar pas possible sur les réseaux de chemin de fer au début du chemin de fer, qui a abouti à la fin, par la nationalisation. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout nationaliser, pas du tout. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut qu'on se pose la question : « Où va l'argent public» et qu’on arrête cette confusion d’intérêt privé, d’intérêt public. Il faut du privé pour dynamiser l’économie, il faut un certain moment que l’intérêt général soit garanti par le public et en tout cas l'argent public ne peut pas alimenter des logiques privées. C'est tout le problème qu'on a aujourd’hui avec France Télécom, c’est tout le problème qu’on a avec EDF qui est hostile à la privatisation EDF et Gaz de France. C’est parce que vous avez certaines taches monopolistiques qui relèvent de l’argent public et il faut de la clarté. Et à partir du moment où vous avez un système d’actionnariat privé, on arrive à la confusion des genres. C'est ce qui arrive à France Télécom où les opérateurs payent à France Télécom l’utilisation du réseau. France Télécom, qu’est-ce qu’il fait de cet argent ? Est-ce qu’il le réinvestit ? Quelle est la somme qu’il réinvestit ? Quelle est la somme qu’il garde pour lui et qui rémunère l’actionnaire ? Il y a un vrai problème, il y a double entrée et il y a une confusion totale. Donc c’est ça qu’il faut remettre droit, au plus vite, si l’on veut accélérer. Mais je suis trop bavard, je vais vous laisser avec vos ??? tableaux ??? . Bon courage à vous tous, vous êtes des héros de la liberté, donc battez vous.</p><br />
<br />
<p><em> rires et applaudissements</em></p> <br />
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<p><strong>Benjamin Bayart</strong> : Si je t'assure si on ne fait pas une pause, ils vont tous mourir étouffés. On se fait 15 minutes de break et on enchaine juste derrière.</p><br />
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====1:03:00 environs====<br />
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[[Catégorie:Transcriptions]]</div>Bsibaud