Différences entre les versions de « Un autre internet est-il possible - France Inter »

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'''Guillaume Erner :''' Un autre internet est-il possible ? Peut-on naviguer sans Google, Gmail, Microsoft et consorts ? Pour en parler je suis en compagnie tout d'abord d’Éric Léandri. Bonjour.
 
'''Guillaume Erner :''' Un autre internet est-il possible ? Peut-on naviguer sans Google, Gmail, Microsoft et consorts ? Pour en parler je suis en compagnie tout d'abord d’Éric Léandri. Bonjour.
  
'''Eric Léandri :''' Bonjour.
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'''Éric Léandri :''' Bonjour.
  
 
'''Guillaume Erner :''' Éric Léandri vous êtes cofondateur de qwant.com, un moteur de recherche européen alternatif, qui ne vous traque pas, alternatif évidemment à Google. Vous nous expliquerez comment ça fonctionne, comment vous vivez et quels sont les bénéfices que l'on peut attendre, donc, d'utiliser Qwant plutôt que Google. En face de vous Stanislas Sabatier. Bonjour.  
 
'''Guillaume Erner :''' Éric Léandri vous êtes cofondateur de qwant.com, un moteur de recherche européen alternatif, qui ne vous traque pas, alternatif évidemment à Google. Vous nous expliquerez comment ça fonctionne, comment vous vivez et quels sont les bénéfices que l'on peut attendre, donc, d'utiliser Qwant plutôt que Google. En face de vous Stanislas Sabatier. Bonjour.  
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'''Guillaume Erner :''' Service public sur France Inter.
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'''Guillaume Erner :''' Service public sur France Inter. Comment continuer à surfer sur Internet sans le secours des géants d'Internet ? Comment protéger sa vie privée ? Comment aussi protéger son porte-monnaie ? Nous sommes en compagnie de plusieurs acteurs de ce mouvement. Tout d'abord Lionel Allorge, président de l’association April qui milite pour le Logiciel libre, Éric Léandri cofondateur de Qwant, Qwant est un moteur de recherche qui concurrence Google, Stanislas Sabatier, fondateur Mailden, une société qui vous propose un e-mail sécurisé et privé. Et puis enfin, Adrienne Charmet-Alix de la Quadrature du net, une association qui combat pour les libertés sur le net. Et pour vous montrer que tout ceci est très simple, on a fait un test, on a pris quelqu'un que vous connaissez bien, que nous connaissons bien, Louis Bozon et on lui a montré comment on se servait de Qwant pour montrer que tout le monde pouvait se servir de Qwant, même quand on n'a pas toujours l'habitude d'Internet. C’est le test du jour dans Service public.
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''Musique''
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'''Voix féminine :''' Un deux, un deux. J'ai testé pour vous la pilule nobab, je ne peux rien dire encore, mais il n'est pas impossible qu'il faille la prendre deux fois par jour. Un deux, un deux.
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''Voix masculine :''' Nous allons maintenant faire le test de capacité à l'autorégulation thermique, mettez vos casques.
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'''Guillaume Erner :''' Bonjour Lenora.
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'''Lenora Krief :''' Bonjour Guillaume.
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'''Guillaume Erner :''' Alors comment ça c'est passé avec Louis Bozon ? Vous l’avez fait surfer.
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'''Lenora Krief :''' Tout à fait. je l'ai fait surfer sur le net. Louis Bozon qui anima durant 13 ans sur notre station « Le jeu des mille euros » et qui fait aujourd’hui partie de la bande originale de Nagui, a donc accepté de se lancer dans cette aventure informatique. Louis Bozon a un usage modéré d'Internet, il préfère la lecture papier au numérique et surtout ne souhaite pas y passer trop de temps. Sur la toile il recherche avant tout la simplicité. Avec votre collègue Yannick Hillair, responsable marketing de Qwant, nous sommes allés chez lui pour installer ce moteur de recherche sur son ordinateur. Est-ce que vous compterez bientôt Louis Bozon dans vos nouveaux utilisateurs ? La réponse dans ce reportage.
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'''Louis Bozon :''' Entrez.
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'''Lenora Krief :''' Bonjour monsieur Bozon.
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'''Lenora Krief :'''  C'est un service à domicile pour rendre votre ordinateur libre et indépendant.
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'''Louis Bozon :''' Eh bien écoutez je n'attends que ça. Bonjour.
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'''Yannick Hillair :''' Bonjour monsieur Bozon.
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'''Louis Bozon :''' Entrez par là. Alors moi, Internet, je m'en sers pour tout ce qui est évidemment mail, e-mail. J'écris mes livres là-dessus, je consulte Wikipédia, tout ce qui est renseignement, la bande originale de Nagui. Il faut toujours que j'ai une information qui m'est passionnée dans la semaine.  Je cherche. Voila comment j'utilise mon ordinateur.
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'''Lenora Krief :''' Est-ce que vous utilisez Google pour faire vos recherches ?
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'''Louis Bozon :''' Oui, oui, c'est vraiment le principe pour moi, je suis Google incontestablement.
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'''Lenora Krief :''' Vous utilisez Google et vous avez même Google Chrome comme navigateur
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'''Louis Bozon :''' À dire vrai, tout ça, je joue avec ça sans trop savoir ce que j'utilise.
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'''Yannick Hillair :''' La boite mail.
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'''Lenora Krief :''' La boite de messagerie c'est Gmail. C'est la boîte de messagerie de Google.
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'''Louis Bozon :''' Voilà exactement.
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'''Lenora Krief :''' Alors qu'est-ce que vous en pensez, justement, Yannick ?
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'''Yannick Hillair :''' Qu'est-ce que j'en pense ? En fait, en réalité, ce sont souvent des choses qui sont installées par défaut. Mais en général, quand on clique et que ça apparaît tout de suite, c’est qu'il y a peut-être quelque chose de caché derrière.
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'''Louis Bozon :''' C'est même sûr !
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'''Lenora Krief :''' Et c'est pour cela que nous avons lancé notre moteur de recherche qwant.com qui est à notre sens une brique, une solution pour permettre aux utilisateurs, aux gens, de pouvoir se protéger au quotidien.
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'''Lenora Krief :''' Justement vous allez nous montrer à quoi ressemble ce moteur de recherche Qwant.
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'''Yannick Hillair :''' Avec grand plaisir, je vais vous entrer l'adresse Q,W,A,N,T, point com.
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'''Louis Bozon :'''  Q,W,A,N,T, point com.
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'''Lenora Krief :''' Nous y voici. On fait un test ?
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'''Louis Bozon :'''  Faisons un test.
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'''Lenora Krief :''' Tapons par exemple prix Nobel.
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'''Louis Bozon :''' Je le tape.
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'''Yannick Hillair :''' Ici, dans la barre de recherche,
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'''Louis Bozon :''' Prix Nobel alors ?
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'''Lenora Krief :''' Eh bien on tape prix Nobel
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'''Louis Bozon :''' Qu'est-ce qui apparaît ?
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'''Yannick Hillair :''' On arrive ici sur ce qu'on appelle la vue colonne, parce que nous avons choisi de séparer le web en cinq, comme je vous l'ai dit. D'une part vous avez le web classique avec les sites institutionnels. Vous avez l'actualité. Tout ce qui est dit dans la presse, dans les médias, remonte ici.
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'''Louis Bozon :''' Très utile.
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'''Yannick Hillair :''' Nous avons le social, toutes les mentions du terme prix Nobel dans les réseaux sociaux remontent là.
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'''Lenora Krief :''' Donc il y a une colonne réservée aux réseaux sociaux.
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'''Yannick Hillair :''' Tout à fait.
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'''Lenora Krief :''' Vous tweetez monsieur Bozon ?
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'''Louis Bozon :''' Non je ne tweete pas. Je ne suis pas à Facebook. Là encore, ça ne m'intéresse pas du tout, ce n'est pas la peine. J'ai mes rapports quotidiens avec mon monde. Non, je ne sais pas. Alors disons que je ne suis pas du tout, je suis en marge d'une société, incontestablement.
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'''Lenora Krief :''' Alors cette colonne, réseaux sociaux, n’intéresserait pas monsieur Bozon.
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'''Yannick Hillair :''' Oui et non.
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'''Louis Bozon :''' Je pourrais m'y mettre, je pourrais m'y mettre, mais bon pourquoi pas ?
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'''Lenora Krief :''' On a des vidéos aussi sur Qwant ?
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'''Yannick Hillair :''' Exact. Un nom, un artiste qui vous plairait ?
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'''Louis Bozon :''' Alors Schubert ; Allez, on met Schubert. Schubert
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''Musique de Schubert''
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'''Louis Bozon :''' C'est bien Schubert. Je ne sais pas si j'écouterais. Je recherche plutôt des documentations plutôt que d'écouter de la musique ; j'ai des disques. Eh bien, c'est bien, c'est très vivant.
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'''Yannick Hillair :''' Pour terminer on ferme et on retourne à la page de Qwant,
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'''Lenora Krief :''' Est-ce que ça vous plaît justement qu'on sépare en cinq colonnes ?
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'''Louis Bozon :''' Je vais m'y habituer. C'est plus vivant, c'est beaucoup plus vivant. Écoutez, très sincèrement, moi je suis assez fermé, je suis assez victime d'habitudes comme tout le monde, mais là ça ne me fait pas peur du tout, ça me fait plaisir, vraiment. Qu'est-ce qu'il faut je fasse moi pour utiliser Qwant ? Parce que je me l'ai pas Qwant. Il faut que j'adapte quelque chose à mon ordinateur ?
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'''Yannick Hillair :''' Du tout. Vous avez accès sur tous les navigateurs, qwant.com, quand vous le tapez de n'importe où, ça fonctionne.
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'''Lenora Krief :''' Même Google accepte ?
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'''Yannick Hillair :'''  Même Google accepte Qwant.
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'''Louis Bozon :''' Il aurait pu le refuser.
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'''Yannick Hillair :''' Il aurait pu le refuser.
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'''Louis Bozon :''' Il ne se protège pas bien finalement. Mais alors quand je me sers de Qwant, quand j'envoie mes e-mails, ils seront plus protégés parce que je me sers de Qwant ?
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'''Yannick Hillair :''' Du tout. Qwant c'est un moteur de recherche. Gmail envoie des mails.
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'''Louis Bozon :''' Je suis encore le seul dans la nature.
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'''Yannick Hillair :''' Mais justement c'est de là que vient la curiosité de se dire quelles sont les alternatives à Gmail par exemple.
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'''Lenora Krief :'''  Bientôt Qwant aura sa messagerie.
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'''Yannick Hillair :'''  Tout à fait.
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'''Lenora Krief :'''  Et vous pourrez passer de Gmail à Qwant mail.
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'''Yannick Hillair :'''  Tout à fait.
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'''Louis Bozon :''' Écoutez je vais me lancer. Si vous entendez des hurlements demain matin, vous ne serez pas là, tant mieux pour vous.
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'''Guillaume Erner :''' Merci Louis Bozon, merci Lenora Krief. Maintenant, grâce à vous Lenora, Louis Bozon a appris à se servir de Qwant. Qwant c'est donc ce moteur de recherche alternatif à Google. Comment ça fonction Éric Léandri ? Quels sont les capitaux que vous avez utilisés pour monter ce moteur de recherche ?
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'''Éric Léandri :''' On a utilisé plusieurs millions d'euros. En fait d'abord français pour la plupart et ensuite internationaux et aujourd'hui on a rajouté encore plusieurs millions d'euros, on va mettre dans la dizaine, pour continuer l'aventure avec des capitaux cette fois venant d'Allemagne.
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'''Guillaume Erner :''' Mais ces millions ils viennent d'où ? De qui ?
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'''Éric Léandri :''' Ils viennent d'investisseurs privés, tous privés, tout ça c'est de l'argent privé.
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'''Guillaume Erner :''' On est tous privés à un moment ou à un autre.
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'''Éric Léandri :''' Oui, sauf l'argent public, mais pour le reste, on est tous privés. Donc ces investisseurs.
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'''Guillaume Erner :''' Qui nous dit qu'il n'y a pas derrière Qwant un autre géant du net qui ne voudrait pas se faire connaître ?
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'''Éric Léandri :''' Deux choses. Et une des choses qui est la plus intéressante c'est le dernier investisseur, Axel Springer, qui lui est très connu, qui est un grand groupe de médias allemands, nous a obligés, et on en est très heureux, on l'a signé des deux mains, à écrire dans son investissement que tant qu'on préservait la tranquillité de nos internautes, tant qu'on préservait la vie privée de nos internautes, il serait au capital. Si jamais on changeait de politique, si jamais on changeait notre politique générale depuis le début, ils sortiraient du capital et ils arrêteraient de nous aider et de nous financer.
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'''Guillaume Erner :''' Et quel est son intérêt à lui ?
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'''Éric Léandri :''' Son intérêt à lui : le ??? d' Axel Springer est la personne qui a fait l'article expliquant que maintenant il commençait à avoir vraiment peur de Google. Et quelle est sa peur ? Sa peur est très simple. Aujourd’hui vous avez chez Google une envie de verticaliser. C'est-à-dire que quand Google fait Google Shopping, il détruit des milliers de sites qui faisaient du classement pour le shopping. Quand ils font du Google Travel, ils détruisent les sites qui faisaient tout simplement du classement pour vos voyages, comme TripAdvisor ou d'autres. Donc aujourd'hui quand Google commence à faire des niches, quand Google commence à être concurrent des propres sites qui sont sur l'Internet, ça commence à être très difficile de jouer contre le numéro un.
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'''Guillaume Erner :''' C'est le premier danger de Google le fait qu'aujourd'hui sa position de monopole absolu sur Internet peut lui permettre, effectivement, de tuer tous les autres acteurs et donc d'atteindre une taille telle qu'il deviendrait, peut-être, l'une des sociétés les plus puissantes qui n’ait jamais existé. Et puis il y a la question de la vie prive. La question de la vie privée elle n'est absolument pas abstraite, elle est même très concrète. Si on fouille dans ces conditions d'utilisation des services internet, c'est-à-dire quelque chose qu'on ne fait évidemment jamais, mais que vous, vous avez fait pour nous, Stanilas Sabatier, fondateur de Mailden.
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'''Stanislas Sabatier :''' Oui, par exemple si on regarde

Version du 24 janvier 2015 à 14:54


Titre : Un autre Internet est-il possible ? Naviguer sans Google, g-mails, Microsoft et consorts.

Intervenant : Adrienne Charmet-Alix - Eric Léandri - Lionel Allorge - Stanislas Sabatier - Guillaume Erner

Lieu : France Inter - Émission Service public

Date : Octobre 2014

Durée : 52 min

Lien vers la vidéo : [1]

00' transcrit MO

Guillaume Erner : Laetitia, on va tout vous expliquer, on va vous expliquer comment vous allez pouvoir surfer sur Internet en vous passant des géants du net, car vous savez que ceux-ci sont dangereux et représentent une menace pour votre vie privée et quelle vie privée !

Laetitia : Et donc vous pensez que je suis la seule. D'accord, super, merci.

Guillaume Erner : On vous retrouve à 11 heures pour une autre page d'informations et pendant ce temps-là, on va parler du net, des logiciels libres, des boîtes mails qui ne sont pas forcément sur Gmail ou sur Hotmail, avec vos questions et vos témoignages au 014524700, sur le site internet de France Inter, franceinter.fr et sur Twitter, car oui, nous sommes sur Twitter nous nous appelons service public FI.

Musique

01'05

Guillaume Erner : L’accident de Michael Schumacher révèle une nouvelle fois l’état catastrophique des médias. Vous vous demandez quel lien peut bien exister entre l’accident de ski du champion automobile et l’information que l’on nous sert. Eh bien voilà : depuis cette chute de ski, personne ne comprend comment un choc a priori peu violent, en tout cas en apparence, a pu provoquer un traumatisme crânien, et plonger le pilote de F1 dans un coma aussi profond. Or aujourd’hui, quelques mois après le drame, une hypothèse surgit mezza voce : le cerveau de Schumacher n’aurait pas été endommagé par la chute directement, il n'aurait été endommagé qu’indirectement par cette chute. La pierre, initialement montrée du doigt, ne serait pas l’unique coupable. C’est la caméra qu’il portait sur son casque, une Go Pro, et même plus précisément le pilier de la Go Pro, le petit tube de métal qui maintient la caméra sur le casque, qui aurait causé le traumatisme. Alors je suis évidemment incapable de vous dire si la Go Pro est effectivement responsable de l’état actuel du champion. Mais ce que je sais, c’est que les journaux se sont bien gardés de l’écrire. Et pour une bonne raison : Go Pro est aujourd’hui un gros annonceur ; enquêter sur les dommages causés par la caméra aurait fait désordre, et ce d’autant plus que Go Pro a été introduit en bourse en juin dernier, soit trois mois après le drame. Attention, je ne dis pas qu’un complot Go Pro existe, mon hypothèse est bien plus pessimiste que cela : les médias du monde entier se sont autocensurés pour ne pas s’aliéner un gros annonceur. Tout cela pour vous dire que si un jour, un homme meurt parce qu’il a avalé son Iphone, ou bien devient idiot à cause de Netflix, nous ne le saurons jamais. Comme dans le cas de Schumacher, on accusera les pierres, parce que, pour l’instant, aucun gros acteur du marché publicitaire ne vend des pierres.

France Inter – Service public – Guillaume Erner

Musique

Guillaume Erner : Un autre internet est-il possible ? Peut-on naviguer sans Google, Gmail, Microsoft et consorts ? Pour en parler je suis en compagnie tout d'abord d’Éric Léandri. Bonjour.

Éric Léandri : Bonjour.

Guillaume Erner : Éric Léandri vous êtes cofondateur de qwant.com, un moteur de recherche européen alternatif, qui ne vous traque pas, alternatif évidemment à Google. Vous nous expliquerez comment ça fonctionne, comment vous vivez et quels sont les bénéfices que l'on peut attendre, donc, d'utiliser Qwant plutôt que Google. En face de vous Stanislas Sabatier. Bonjour.

Stanislas Sabatier : Bonjour.

Guillaume Erner : Vous êtes fondateur de Mailden, une société qui commercialise des comptes e-mails sécurisés et privés, sécurisés et privés pour que l'on conserve donc une vie privée, et, en échange de quoi, vous ne vivez pas de la publicité mais des sommes que l'on vous verse. Là aussi vous nous expliquerez comment tout ceci fonctionne. Lionel Allorge vous êtes président de l’association April qui fait de la promotion et de la défense du Logiciel libre.

Lionel Allorge : Bonjour.

Guillaume Erner : Un logiciel libre, c'est la preuve que finalement on peut surfer, on peut travailler sur un ordinateur sans avoir recours aux produits Microsoft ? C'est ça ?

Lionel Allorge : Voilà, tout à fait. Les logiciels libres proposent une vaste alternative de logiciels qui sont respectueux des libertés des utilisateurs.

Guillaume Erner : Ces logiciels sont par exemple un traitement de texte, un tableur ?

Lionel Allorge : Tout à fait. Vos auditeurs connaissent peut-être Firefox qui est un navigateur sur Internet. On peut citer aussi VLC qui est un lecteur de fichiers audio et vidéo, qui est assez réputé, et tout ça ce sont des logiciels libres.

Guillaume Erner : Donc ils sont gratuits et on peut à la fois les utiliser lorsqu'on est un néophyte évidemment, ils sont accessibles, il ne faut pas être informaticien pour les utiliser. Et il est également possible de les améliorer là, cette fois-ci, si on est informaticien, tout le monde peut participer à l’élaboration de ces logiciels libres.

Lionel Allorge : Voilà, tout à fait. Ce sont des logiciels qui permettent aux utilisateurs de s'impliquer dans le développement des logiciels et, a minima, de vérifier ce que font les logiciels, donc ce qui est important pour ce qui nous concerne aujourd'hui.

Guillaume Erner : Et puis au cœur de tout cela,il y a évidemment la notion même de vie privée, puisque ce que l'on peut d'abord reprocher à Google, Facebook et consorts, c'est d'utiliser la vie privée des individus dans la manière donc dont ils se servent de leur boîte mail, de leurs messages Facebook. La vie privée est-ce si important que cela ? Bonjour Adrienne Charmet-Alix. Vous êtes coordinatrice des campagnes de la Quadrature du net, association de défense des libertés numériques. Si on n'est pas un terroriste, en quoi a t-on à redouter ce que Google ou ce que Facebook font de nos données privées ?

Adrienne Charmet : Bonjour. Alors il n'y a pas besoin d’être un terroriste pour avoir envie et besoin d'avoir une vie privée. Ça semble être une notion élémentaire. Vous ne vivez pas avec un appartement avec des murs en verre, vous avez envie d'avoir votre intimité, vous n'avez pas envie que votre facteur ouvre votre courrier, vous n'avez pas forcément envie qu'on vous propose. Imaginez, si vous avancez dans la rue, et en permanence, suivant ce que vous avez dans la tête ou les conversations que vous avez eues avec des gens précédemment on vous envoie des pubs ciblées en permanence, et on analyse tout ce que vous pensez, tout ce que vous écoutez comme musique, etc. La vie privée c'est simplement avoir sa part de tranquillité, d'intimité, et on n'a pas besoin d'avoir quelque chose à cacher pour avoir le droit à ça.

Guillaume Erner : Avez-vous l'impression que ce combat, votre combat puis que c'est celui que vous menez à la Quadrature du net, est un combat qui commence à se diffuser dans l’opinion ? Ou bien a t-on encore tendance à croire qu'il faut être, encore une fois, Ben Laden pour avoir quelque chose à cacher ?

Adrienne Charmet : Non, je pense qu'un des avantages paradoxaux de l'affaire Snowden,

Guillaume Erner : L'affaire Snowden, donc cet homme,

Adrienne Charmet : Cet homme qui a révélé l'importance et le côté très massif des écoutes des services secrets américains sur les internautes du monde entier.

Guillaume Erner : Dévoilant qu'il y avait une collaboration étroite entre ces grandes entreprises du net et des services de renseignement.

Adrienne Charmet : Voilà, qui avaient accès, de manière directe, aux services de Google, aux services de Microsoft, etc, selon la loi américaine. Paradoxalement, cette affaire-là, qui semble assez lointaine, a fait prendre conscience aux gens, de manière massive, qu'ils avaient beaucoup de données qui intéressaient beaucoup de gens et qu'il fallait peut-être réfléchir à ce qu'on allait en faire.

Guillaume Erner : Eh bien figurez-vous qu'on a justement un extrait d'un message diffusé par Edward Snowden, c’était en Noël dernier. Voici la voix d'Edward Snowden.

Voix d'Edward Snowden : A child born today will grow up with no conception of privacy allow. He will never know what it means to have a private moment for himself, an unrecorded an unanalyzed record. And that's a problem because privacy is major. Privacy is what allows us to determine who we are and who we want to be.

Guillaume Erner : Que dit Snowden dans ce message ? Il dit : « Un enfant qui naît aujourd'hui grandira sans aucune notion de vie privée. Il ne saura jamais ce que signifie d'avoir un moment privé pour lui-même, une pensée non enregistrée et non analysée . Et c'est un problème parce que la confidentialité est importante. La vie privée est ce qui nous permet de déterminer qui nous sommes et qui nous voulons être ». Il y a la vie privée par rapport aux pouvoirs publics, il y a la vie privée par rapport aux multinationales et on peut se battre, peut-être faut-il même se battre pour la conserver. On écoute ??? dans New-York et tout de suite après on continue à évoquer les possibilités qui nous sont offertes pour surfer sans le secours des géants du net.

Musique

11' 15

Guillaume Erner : Service public sur France Inter. Comment continuer à surfer sur Internet sans le secours des géants d'Internet ? Comment protéger sa vie privée ? Comment aussi protéger son porte-monnaie ? Nous sommes en compagnie de plusieurs acteurs de ce mouvement. Tout d'abord Lionel Allorge, président de l’association April qui milite pour le Logiciel libre, Éric Léandri cofondateur de Qwant, Qwant est un moteur de recherche qui concurrence Google, Stanislas Sabatier, fondateur Mailden, une société qui vous propose un e-mail sécurisé et privé. Et puis enfin, Adrienne Charmet-Alix de la Quadrature du net, une association qui combat pour les libertés sur le net. Et pour vous montrer que tout ceci est très simple, on a fait un test, on a pris quelqu'un que vous connaissez bien, que nous connaissons bien, Louis Bozon et on lui a montré comment on se servait de Qwant pour montrer que tout le monde pouvait se servir de Qwant, même quand on n'a pas toujours l'habitude d'Internet. C’est le test du jour dans Service public.

Musique

Voix féminine : Un deux, un deux. J'ai testé pour vous la pilule nobab, je ne peux rien dire encore, mais il n'est pas impossible qu'il faille la prendre deux fois par jour. Un deux, un deux.

Voix masculine :' Nous allons maintenant faire le test de capacité à l'autorégulation thermique, mettez vos casques.

Musique

Guillaume Erner : Bonjour Lenora.

Lenora Krief : Bonjour Guillaume.

Guillaume Erner : Alors comment ça c'est passé avec Louis Bozon ? Vous l’avez fait surfer.

Lenora Krief : Tout à fait. je l'ai fait surfer sur le net. Louis Bozon qui anima durant 13 ans sur notre station « Le jeu des mille euros » et qui fait aujourd’hui partie de la bande originale de Nagui, a donc accepté de se lancer dans cette aventure informatique. Louis Bozon a un usage modéré d'Internet, il préfère la lecture papier au numérique et surtout ne souhaite pas y passer trop de temps. Sur la toile il recherche avant tout la simplicité. Avec votre collègue Yannick Hillair, responsable marketing de Qwant, nous sommes allés chez lui pour installer ce moteur de recherche sur son ordinateur. Est-ce que vous compterez bientôt Louis Bozon dans vos nouveaux utilisateurs ? La réponse dans ce reportage.

Toc-toc

Louis Bozon : Entrez.

Lenora Krief : Bonjour monsieur Bozon.

Louis Bozon : Entrez bonjour.

Lenora Krief : C'est un service à domicile pour rendre votre ordinateur libre et indépendant.

Louis Bozon : Eh bien écoutez je n'attends que ça. Bonjour.

Yannick Hillair : Bonjour monsieur Bozon.

Louis Bozon : Entrez par là. Alors moi, Internet, je m'en sers pour tout ce qui est évidemment mail, e-mail. J'écris mes livres là-dessus, je consulte Wikipédia, tout ce qui est renseignement, la bande originale de Nagui. Il faut toujours que j'ai une information qui m'est passionnée dans la semaine. Je cherche. Voila comment j'utilise mon ordinateur.

Lenora Krief : Est-ce que vous utilisez Google pour faire vos recherches ?

Louis Bozon : Oui, oui, c'est vraiment le principe pour moi, je suis Google incontestablement.

Lenora Krief : Vous utilisez Google et vous avez même Google Chrome comme navigateur

Louis Bozon : À dire vrai, tout ça, je joue avec ça sans trop savoir ce que j'utilise.

Yannick Hillair : La boite mail.

Lenora Krief : La boite de messagerie c'est Gmail. C'est la boîte de messagerie de Google.

Louis Bozon : Voilà exactement.

Lenora Krief : Alors qu'est-ce que vous en pensez, justement, Yannick ?

Yannick Hillair : Qu'est-ce que j'en pense ? En fait, en réalité, ce sont souvent des choses qui sont installées par défaut. Mais en général, quand on clique et que ça apparaît tout de suite, c’est qu'il y a peut-être quelque chose de caché derrière.

Louis Bozon : C'est même sûr !

Lenora Krief : Et c'est pour cela que nous avons lancé notre moteur de recherche qwant.com qui est à notre sens une brique, une solution pour permettre aux utilisateurs, aux gens, de pouvoir se protéger au quotidien.

Lenora Krief : Justement vous allez nous montrer à quoi ressemble ce moteur de recherche Qwant.

Yannick Hillair : Avec grand plaisir, je vais vous entrer l'adresse Q,W,A,N,T, point com.

Louis Bozon : Q,W,A,N,T, point com.

Lenora Krief : Nous y voici. On fait un test ?

Louis Bozon : Faisons un test.

Lenora Krief : Tapons par exemple prix Nobel.

Louis Bozon : Je le tape.

Yannick Hillair : Ici, dans la barre de recherche,

Louis Bozon : Prix Nobel alors ?

Lenora Krief : Eh bien on tape prix Nobel

Louis Bozon : Qu'est-ce qui apparaît ?

Yannick Hillair : On arrive ici sur ce qu'on appelle la vue colonne, parce que nous avons choisi de séparer le web en cinq, comme je vous l'ai dit. D'une part vous avez le web classique avec les sites institutionnels. Vous avez l'actualité. Tout ce qui est dit dans la presse, dans les médias, remonte ici.

Louis Bozon : Très utile.

Yannick Hillair : Nous avons le social, toutes les mentions du terme prix Nobel dans les réseaux sociaux remontent là.

Lenora Krief : Donc il y a une colonne réservée aux réseaux sociaux.

Yannick Hillair : Tout à fait.

Lenora Krief : Vous tweetez monsieur Bozon ?

Louis Bozon : Non je ne tweete pas. Je ne suis pas à Facebook. Là encore, ça ne m'intéresse pas du tout, ce n'est pas la peine. J'ai mes rapports quotidiens avec mon monde. Non, je ne sais pas. Alors disons que je ne suis pas du tout, je suis en marge d'une société, incontestablement.

Lenora Krief : Alors cette colonne, réseaux sociaux, n’intéresserait pas monsieur Bozon.

Yannick Hillair : Oui et non.

Louis Bozon : Je pourrais m'y mettre, je pourrais m'y mettre, mais bon pourquoi pas ?

Lenora Krief : On a des vidéos aussi sur Qwant ?

Yannick Hillair : Exact. Un nom, un artiste qui vous plairait ?

Louis Bozon : Alors Schubert ; Allez, on met Schubert. Schubert

Musique de Schubert

Louis Bozon : C'est bien Schubert. Je ne sais pas si j'écouterais. Je recherche plutôt des documentations plutôt que d'écouter de la musique ; j'ai des disques. Eh bien, c'est bien, c'est très vivant.

Yannick Hillair : Pour terminer on ferme et on retourne à la page de Qwant,

Lenora Krief : Est-ce que ça vous plaît justement qu'on sépare en cinq colonnes ?

Louis Bozon : Je vais m'y habituer. C'est plus vivant, c'est beaucoup plus vivant. Écoutez, très sincèrement, moi je suis assez fermé, je suis assez victime d'habitudes comme tout le monde, mais là ça ne me fait pas peur du tout, ça me fait plaisir, vraiment. Qu'est-ce qu'il faut je fasse moi pour utiliser Qwant ? Parce que je me l'ai pas Qwant. Il faut que j'adapte quelque chose à mon ordinateur ?

Yannick Hillair : Du tout. Vous avez accès sur tous les navigateurs, qwant.com, quand vous le tapez de n'importe où, ça fonctionne.

Lenora Krief : Même Google accepte ?

Yannick Hillair : Même Google accepte Qwant.

Louis Bozon : Il aurait pu le refuser.

Yannick Hillair : Il aurait pu le refuser.

Louis Bozon : Il ne se protège pas bien finalement. Mais alors quand je me sers de Qwant, quand j'envoie mes e-mails, ils seront plus protégés parce que je me sers de Qwant ?

Yannick Hillair : Du tout. Qwant c'est un moteur de recherche. Gmail envoie des mails.

Louis Bozon : Je suis encore le seul dans la nature.

Yannick Hillair : Mais justement c'est de là que vient la curiosité de se dire quelles sont les alternatives à Gmail par exemple.

Lenora Krief : Bientôt Qwant aura sa messagerie.

Yannick Hillair : Tout à fait.

Lenora Krief : Et vous pourrez passer de Gmail à Qwant mail.

Yannick Hillair : Tout à fait.

Louis Bozon : Écoutez je vais me lancer. Si vous entendez des hurlements demain matin, vous ne serez pas là, tant mieux pour vous.

Musique

Guillaume Erner : Merci Louis Bozon, merci Lenora Krief. Maintenant, grâce à vous Lenora, Louis Bozon a appris à se servir de Qwant. Qwant c'est donc ce moteur de recherche alternatif à Google. Comment ça fonction Éric Léandri ? Quels sont les capitaux que vous avez utilisés pour monter ce moteur de recherche ?

Éric Léandri : On a utilisé plusieurs millions d'euros. En fait d'abord français pour la plupart et ensuite internationaux et aujourd'hui on a rajouté encore plusieurs millions d'euros, on va mettre dans la dizaine, pour continuer l'aventure avec des capitaux cette fois venant d'Allemagne.

Guillaume Erner : Mais ces millions ils viennent d'où ? De qui ?

Éric Léandri : Ils viennent d'investisseurs privés, tous privés, tout ça c'est de l'argent privé.

Guillaume Erner : On est tous privés à un moment ou à un autre.

Éric Léandri : Oui, sauf l'argent public, mais pour le reste, on est tous privés. Donc ces investisseurs.

Guillaume Erner : Qui nous dit qu'il n'y a pas derrière Qwant un autre géant du net qui ne voudrait pas se faire connaître ?

Éric Léandri : Deux choses. Et une des choses qui est la plus intéressante c'est le dernier investisseur, Axel Springer, qui lui est très connu, qui est un grand groupe de médias allemands, nous a obligés, et on en est très heureux, on l'a signé des deux mains, à écrire dans son investissement que tant qu'on préservait la tranquillité de nos internautes, tant qu'on préservait la vie privée de nos internautes, il serait au capital. Si jamais on changeait de politique, si jamais on changeait notre politique générale depuis le début, ils sortiraient du capital et ils arrêteraient de nous aider et de nous financer.

Guillaume Erner : Et quel est son intérêt à lui ?

Éric Léandri : Son intérêt à lui : le ??? d' Axel Springer est la personne qui a fait l'article expliquant que maintenant il commençait à avoir vraiment peur de Google. Et quelle est sa peur ? Sa peur est très simple. Aujourd’hui vous avez chez Google une envie de verticaliser. C'est-à-dire que quand Google fait Google Shopping, il détruit des milliers de sites qui faisaient du classement pour le shopping. Quand ils font du Google Travel, ils détruisent les sites qui faisaient tout simplement du classement pour vos voyages, comme TripAdvisor ou d'autres. Donc aujourd'hui quand Google commence à faire des niches, quand Google commence à être concurrent des propres sites qui sont sur l'Internet, ça commence à être très difficile de jouer contre le numéro un.

Guillaume Erner : C'est le premier danger de Google le fait qu'aujourd'hui sa position de monopole absolu sur Internet peut lui permettre, effectivement, de tuer tous les autres acteurs et donc d'atteindre une taille telle qu'il deviendrait, peut-être, l'une des sociétés les plus puissantes qui n’ait jamais existé. Et puis il y a la question de la vie prive. La question de la vie privée elle n'est absolument pas abstraite, elle est même très concrète. Si on fouille dans ces conditions d'utilisation des services internet, c'est-à-dire quelque chose qu'on ne fait évidemment jamais, mais que vous, vous avez fait pour nous, Stanilas Sabatier, fondateur de Mailden.

20' 31

Stanislas Sabatier : Oui, par exemple si on regarde