Renouveler la démocratie avec internet et Open Data

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Titre : Renouveler la démocratie avec Internet et l’Open Data

Orateur : Alexandre Quintard Kaigre

Lieu : Paris, Open World Forum

Date : Octobre 2013

Durée : 34 min 52

Lien vers la vidéo : [1]

00' transcrit Marie-Odile

La conviction que je voulais partager avec vous ce matin, ce que j'appelle mais très modestement renouveler la démocratie c'est quelque chose que je vois et j'ai vu dans mes différentes fonctions puisque je dirige depuis 3 ans bientôt les affaires publiques et juridiques d'Etalab, la petite mission chargée de l'Open Data au niveau du gouvernement. J'ai eu l'occasion d'exercer avant et concrètement on voit que notre démocratie parfois s'essouffle un peu et a des pratiques qui sont certes traditionnelles mais qui ne correspondent pas aux attentes et à ce qu'on peut espérer de notre démocratie au XXIe siècle. Je l'avais exprimé il y a 3ans, à peu près, dans une conférence aussi, quand on parlait de l'interdiction du cumul des mandats dans le temps. Je suis absolument convaincu que c'est une nécessité. L'Open Data et comprendre les usages de l'internet, de la même manière pour la gouvernance des institutions, c'est aussi un de ces moyens au même titre que l'interdiction du cumul des mandats dans le temps, par exemple, pour renouveler, pour essayer d’insuffler un nouvel air et un peu plus de démocratie dans nos institutions. Pourquoi ? Simplement parce que nous voulons savoir. On veut savoir ce qui se passe derrière les portes de l’Assemblée, derrière les portes des ministères, ce qui se passe dans les réunions interministérielles ou ce qui se passe dans les collectivités territoriales. Nous sommes intéressés par la politique. C'est souvent quelque chose qui revient ; les Français, même s'il n'ont pas forcément confiance dans leurs élus, sont quasiment aux trois quarts, en tout cas plus des deux tiers, intéressés par ce qui se passe, par la chose publique, par la politique. Nous ne le faisons pas par curiosité malsaine, puisqu'on veut comprendre. Nous voulons comprendre. Nous voulons écouter, lire, qu'on nous donne de l'information sur les politiques publiques, sur l'état de la société, mais pour mieux comprendre et pour mieux évoluer. Nous recherchons l’intégrité. Je suis absolument convaincu que la plupart d'entre nous sommes des gens intègres, honnêtes, et nous recherchons, nous attendons de nos dirigeants et de nos institutions la même intégrité et cette intégrité doit être démontrée au quotidien. Et enfin je pense que nous voulons tous participer. On a la vocation, cette envie de s'impliquer dans la société et c'est aussi grâce à internet qu'on retrouve des outils à l'heure actuelle qui permettent de participer, qui permettent de prendre part au débat public, qui permettent de proposer des pétitions et de changer des lois, de faire évoluer les institutions. Je dis nous depuis tout à l'heure, mais soyons clairs c'est vous, moi, c'est tout le monde, c'est au fond toute cette foule d'anonymes qui ne sont forcément représentants, représentés parfois, mais qui ne sont pas mandatés pour être représentants de la nation mais qui ont envie de prendre part et de participer à l'évolution des institutions. Ce sont des citoyens, comme je disais, c'est l'ensemble de la salle a priori, mais c'est plein de gens à l'extérieur. Il y a des gens que vous croisez dans la rue, au supermarché, nous sommes encore une fois aux trois quarts intéressés par ce qui se passe, par l'évolution et on avait l'exemple même, évidemment ça ne concerne pas que la France, tout à l’heure Yassir et Abderahman nous expliquaient comment ça se passait au Maroc et au fond on a les mêmes caractéristiques, les mêmes intérêts, les mêmes volontés de faire bouger les lignes. Ce sont évidemment des associations, des ONG, je n'en ai pris qu'une mais on pourrait en prendre plein d'autres, et Transparency International qui travaille sur les sujets de corruption et de transparence mais une association comme Regards Citoyens en France fait un travail absolument fabuleux sur l'activité parlementaire et sur la circulation de l'information et des données. Ce sont évidemment des entrepreneurs connus, mais il y en a plein d'autres qui ne sont pas connus, j'y reviendrai sur l’impact économique que l'Open Data peut avoir. Là c'est évidemment Zuckerberg , mais il y a plein d'autres entrepreneurs qui ne sont pas du tout dans cette lumière et qui ont besoin d'informations, qui ont besoin de données, pour arriver à créer des services, créer des applications, échanger, partager de l'information, co-construire de nouveaux services. Évidemment les journalistes, dans une démocratie moderne, dans une démocratie dynamique, les journalistes et notamment les journalistes de données ont de plus en plus d'importance, de plus en plus de place. C'est un exemple encore une fois pas très français, pardonnez-moi mais on aurait pu aussi en trouver en France, le Guardian qui refait une data visualisation des résultats électoraux aux États-Unis lors de la dernière élection présidentielle il y a maintenant quelques mois. J'aime bien cette tribune de Michel Serres, vous l'avez peut-être lue pour certains d'entre vous, il nous appelle, nous, notamment moins de trente ans, puisque c’était un peu le point commun de tous les speakers de ce matin, il nous appelle les mutants, dans son essai qui s'appelle « La petite Poucette ». Vous l'avez peut-être vu passer il y a deux ans. Je trouvais ça intéressant de nous comparer à des mutants, une génération que finalement nos aînés ne comprennent plus. Nous sommes un peu les mutants des institutions, les mutants de la transparence parce que parfois effectivement nous avons des aînés qui ne nous comprennent pas, y compris, je pense au grand Lyon, y compris au sein de l'état, y compris dans d'autres collectivités territoriales où on nous dit mais pourquoi vous voulez faire de l'open data, pourquoi vous voulez partager de l'information et c'est sans doute cela que je vais vous expliquer. Voila on est une société colorée. On est divergents, on est différents, on habite à Paris, on habite à Strasbourg, on habite à Lyon, on habite à Brest, mais ce n'est pas grave on est tous différents, on vient du Maroc, on échange, on discute, on n'a plus de barrières, on n'a plus de frontières. C'est un des traits caractéristiques sans doute de notre génération c'est qu'on ne se limite pas aux frontières territoriales et aux barrières artificielles. On ne les comprend pas ces barrières artificielles. Quand on nous dit vous ne pouvez pas accéder à telle information parce que vous n'avez pas tel ou tel statut ou que vous n'appartenez pas à telle ou telle catégorie socio-professionnelle, c'est très certainement quelque chose que notre génération ne comprend pas, ne comprend plus. Il y a une autre revendication, elle est extrêmement claire, c'est de déverrouiller un certain nombre d'obstacles dans la société, de déverrouiller un peu cette démocratie, de l'oxygéner, de la renouveler, pour arriver à insuffler plus de transparence, plus d'information, plus d'intelligence. Un des éléments de réponse, je vous l'ai dit, je suis convaincu que pour oxygéner la démocratie on a besoin à la fois d'un certain nombre d'autres actions sur le cumul des mandats par exemple, mais aussi sur le partage et la liberté d'information, le partage de ces données publiques. On l'a entrepris au sein de l'état. Ça fait à peu près trois ans qu'Étalab a été créé au sein du Secrétariat général du Gouvernement, puis au sein du Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique, donc à Matignon, avec un rôle interministériel pour partager, pour mettre l'ensemble des citoyens, l'ensemble des ré-utilisateurs, au cœur aussi de la machine gouvernementale, comprendre comment fonctionnent les administrations et puis évidemment inciter et inviter voire parfois contraindre, il est vrai, certains ministères ou certaines administrations à ouvrir, à partager les informations. J’entendais tout à l'heure, il me semble que c’était Yassir qui parlait de silo, je ne suis pas sûr peut-être tu me corrigeras., mais on a trop souffert d'un fonctionnement en silo, hermétique, totalement vertical où finalement même les administrations entre elles ne partageaient plus l’information. Nous avions eu le cas, je le cite souvent mais c'est tellement symptomatique, du Ministère de l'Écologie, du Ministère de l'Agriculture, chacun conservant l'information sur des mesures de qualité de l'air, de pollution de rivières et de pollution des champs, chacun ayant fait ses mesures mais ne partageant pas avec l'autre. Il y a quelques règles, quelques standards, quelques fondamentaux quand on s'engage dans l'Open Data. Je l'ai dit, on a essayé effectivement de favoriser le plus possible la liberté de réutilisation, de faire en sorte que cette liberté soit la plus large possible, que la simplicité de réutilisation soit la plus favorisée, la plus engagée possible. Évidemment la gratuité de la réutilisation est pour nous un des points clef, une des pierres angulaires de la politique d'Open Data conduite par l’État pour une raison excessivement simple puisqu'on parle de l'Open Data appliquée aux données publiques, des données produites dans le cadre d'une mission de service public, par le service public, pour une finalité d’intérêt général. Ces données appartiennent à tout le monde, elles appartiennent à tous les gens qu'on pouvait citer tout à l'heure, elles vous appartiennent, elles m'appartiennent. Au fond il n'y a peut-être même pas d'appartenance. La réalité est que ces informations sont produites dans le cadre d'une mission de service publique et donc elles ont vocation à être partagées avec le plus grand nombre. Le service public ne peut pas être opaque, doit être transparent et ne peut être opaque et il doit être dans une ouverture la plus totale. C'est effectivement au soutien d'une stratégie d'Open Goverment qu'on essaye aussi d'engager la politique d'Open Data.

09'11

Donc effectivement pour nous c'est très clair il n'y a pas de droits de propriété sur les données publiques.