Différences entre les versions de « Radio campus rmll accessibilite puis c'est dans l'air »

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche
Ligne 53 : Ligne 53 :
 
==6' 12 ==
 
==6' 12 ==
  
Musique
+
Musique  
 +
 
 +
 
 +
==8'21 ==
 +
 
 +
'''Présentateur :''' Sur Radio RMLL on accueille à présent Luc qui est avec nous. Bonjour Luc !
 +
 
 +
'''Luc :''' Bonjour !
 +
 
 +
'''Présentateur :''' On n'est plus là pour parler accessibilité mais on va parler télévision. Mon Dieu on va parler télévision à la radio, c'est vraiment n'importe quoi ! Mais des fois il se passe des trucs à la télévision qui sont tout à fait intéressants. Alors autour de la table il y a  François Revol et donc pas René. Bonjour François !
 +
 
 +
'''François Revol :''' Bonjour !
 +
 
 +
'''Présentateur :''' Il y a un autre François, c'est François Pellegrini que tout le monde connaît comme universitaire mais surtout défenseur des logiciels libres et ennemi farouche du brevet logiciel en Europe. On a le président du Conseil National du logiciel libre, Patrice Bertrand, patron de Smile qui est une des plus grosses sociétés de logiciels libres en France. Bonjour.
 +
 
 +
'''Patrice Bertrand :''' Bonjour !
 +
 
 +
'''Présentateur :''' C'est la première fois que je vous ai au micro. Et puis Jeanne Tadeusz qu'on a au téléphone très régulièrement. Grâce aux RMLL on peut la voir en chair et en os. Bonjour Jeanne !
 +
 
 +
'''Jeanne Tadeusz :''' Bonjour !
 +
 
 +
'''Présentateur :'''  Alors qu'est-ce qui nous a amené là ? Je crois que c'était dans une émission de télé assez connue et plutôt assez bien foutue d'habitude.
 +
 
 +
'''Intervenant :''' C'est l'émission C'est dans l'air qui est une émission sur France 5, donc une émission française. Et donc il y avait une émission, un thème d'émission, sur la  surveillance, Prism et ce genre de choses, avec deux experts, plutôt centré sur la question de sécurité. L'objet n’était pas vraiment le logiciel libre mais évidemment ça touchait aux questions de surveillance au travers de l'informatique et il y a eu quelques phrases qui sont parties sur des sujets qui sont proches de ceux du logiciel libre et qui ont provoqué quelques réactions épidermiques auprès de certains libristes et on va écouter la première. Elle est dite par Éric Filiol. Il était au sein d'une interview, il n'était pas présent dans l'émission donc peut-être que ça a été monté, probablement. Éric Filiol, on le connaît, il était aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre en 2011, c'est un spécialiste en sécurité informatique et on va écouter ce qu'il a à dire.
 +
 
 +
'''Éric Filiol :''' Essayez de trouver un système d'exploitation qui ne soit pas américain. Vous avez le choix entre Apple et Microsoft. Bref ! Essayez de trouver un service de réseaux sociaux ou un service internet maintenant qui n'est pas concentré entre les mains de quelques acteurs américains. On s’aperçoit que finalement quelle que soit la partie du monde numérique avec laquelle on souhaite travailler, de toutes façons on est obligé de travailler avec le diktat technologique et commercial des États-Unis.
 +
 
 +
'''Présentateur :''' Donc voila, c'était Éric Filiol. Effectivement il dit qu'on ne peut pas trouver facilement d'ordinateurs qui ne soit pas soit Mac soit Windows et ce n'est pas complètement faux, mais cette absence d'alternative n'est pas tout à fait convaincante. Je ne sais pas quelles sont les réactions. Je vais peut-être me tourner vers Patrice Bertrand.
 +
 
 +
'''Patrice Bertrand :''' Sur la domination américaine dans l'industrie du logiciel, il n'y a aucun doute, c'est factuel, on ne va pas dire le contraire. Par contre sur le fait qu'on n'ait pas le choix, là je pense que, je ne sais pas si ce qu'il voulait dire c'est exactement soit qu'il n'existe pas de choix ou qu'il était difficile pour un particulier typiquement de trouver des alternatives. Voila c'est à peu près la réalité, hélas avec la domination des quelques géants dont il a parlé elle est manifeste, néanmoins des alternatives il y a en a, malheureusement il n'est pas facile pour un particulier d'y accéder, en particulier lorsqu'il est en train d’acheter un ordinateur dans une grande surface.
 +
 
 +
'''Présentateur :''' La fameuse vente liée !
 +
 
 +
'''Patrice Bertrand :''' C'est la fameuse vente liée. Après une fois qu'il aura acheté son ordinateur, qu'il l'aura amené chez lui, il aura encore beaucoup de choix qui se présentent à lui. Il va y installer des quantités de logiciels et là il y a à peu près sur tous les sujets des alternatives en logiciels libres. On pourra évoquer tout à l'heure la supériorité qu'ils peuvent promettre en terme de sécurité et de vie privée.
 +
 
 +
'''Présentateur :'''  Et d’indépendance !
 +
 
 +
'''François :''' Oui alors, il y a plusieurs points à considérer évidemment. Quand on parle en termes de sécurité, il existe énormément de systèmes d'exploitation libres. Le fait est qu’être libre n'est pas un gage de sécurité. Il y a eu des exemples qui ont été documentés de personnes qui ont été payées par les services gouvernementaux pour introduire des bugs dans des systèmes d'exploitation libres et ces bugs ont prospéré pendant plusieurs plusieurs années sans jamais avoir été découverts.
 +
Donc l’ouverture du code source n'est clairement pas un avantage décisif sur la sécurité intrinsèque du logiciel. En revanche, le fait est que, quand un faille de sécurité existe et est détectée, on peut la corriger rapidement. Donc ce qui est important c'est la capacité d'audit du code qui permet de le réaliser.
 +
 
 +
==13' 03 ==
 +
 
 +
Présentateur :  Force est de constater que personne n'imaginait qu'un Bull

Version du 26 juillet 2013 à 10:50


Écouter ici : [1]

00' transcrit Marie-Odile

Présentateur : Radio RMLL, c'est sur les ondes du nonante deux point un de Radio Campus ici à l'Université Libre de Bruxelles pour cette dernière journée des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. On va retrouver dans un petit instant François Pellegrini, Patrice Bertrand, Anne Colas qui va nous rejoindre d'une façon ou d'une autre. Jeanne Tadeusz, René Revol et puis Luc qui est toujours là et qui m'accompagne et qui vient


Luc : François Revol


Présentateur : Oui c’était une faute de Languedocien ça, évidemment, puisque nous avons un René Revol dans nos docs figurez-vous, enfin ça c'est une autre histoire qu'on ne va pas aborder tout de suite. On va retrouver pour parler accessibilité justement et bien Jean-Philippe avait un petit coup de gueule à dire, on va écouter ça et puis après on attaquera notre plateau, on va dire bilan sociétal 2012, disons ça comme ça, et puis actualité et contradictions et turpitudes autour du logiciel libre.


Luc : Alors on est avec Jean-Philippe, bonjour.


Jean-Philippe : Bonjour.


Luc : On n'a pas pu faire notre plateau accessibilité aujourd'hui en studio alors comme on passe par là et qu'on y pense quand même, tu avais quelques trucs à dire par rapport à cette question d'accessibilité qui est un des thèmes récurrents, je ne sais pas si tu étais là dès le départ aux RMLL, mais voila. En ces temps où on parle beaucoup d'ergonomie et puis des distributions Linux qui commencent à être adoptées par beaucoup de gens, tu avais un coup de gueule en quelque sorte à pousser ?


Jean-Philippe : Oui et j'avais déjà plus ou moins commencé l’année dernière. J'avais expliqué qu'il y avait de forts risques que les mises à jour des interfaces graphiques et des différentes distributions majeures comme Debian ou Ubuntu soient inaccessibles à partir du moment où elles interviendraient courant 2013 et fin 2012. Et c'est grosso modo ce qui s'est passé modulo quelques bonnes nouvelles. Typiquement Ubuntu a quand même trouvé des interfaces à peu près accessibles encore que si je me base sur les tests que j'ai récemment faits ??? n'est pas capable, je n'ai pas trouvé comment étendre le système avec l'interface qu'il nous propose donc je ne sais pas trop comment ça fonctionne.

On est dans la situation un petit peu que je craignais, encore un modulo parce qu'aujourd'hui quand même des choses se font, Gnome, qui est l'interface graphique qui était de base la seule mais la vraie accessible, évolue, ça se met à jour. Certes il y a encore beaucoup de travail et des bugs majeurs qui font que auprès du grand public c'est extrêmement difficile de faire passer le message. Pour autant c'est vrai que ça progresse quelque peu et puis ce qui personnellement me motive particulièrement ces derniers temps c'est d'une part l'émergence d'environnements alternatifs comme par exemple LXDE qui aujourd'hui fait un vrai effort pour devenir accessible et puis d'autre part quelques projets qui étaient un peu en berne, qui s'améliorent, je pense en particulier à OpenOffice.org ou à LibreOffice lesquels sont en train de devenir accessibles sous Windows, ce qui était un vraie limite jusqu'ici.


Luc : Au niveau juridique, légal, etc, l'accessibilité, un point de vue, un bilan à faire depuis l'année dernière ?


Jean-Philippe : Le bilan c'est que la loi initialement disait que l'accessibilité numérique devait être un objectif atteint en 2012 et finalement ça ne l'a pas été. Résultat des courses la prochaine échéance c'est 2015, d'abord parce que l'échéance que c'est la loi d'accessibilité en général qui a été votée en 2005 et ensuite parce que au niveau de l'Union Européenne des règles sont en train d'entrer en vigueur de sorte qu'aujourd'hui l'accessibilité numérique est l'objectif à atteindre par tous les sites internet et par tous les intervenants numériques d'ici 2015.

Donc on peut dire encore une fois que 2012 a été un semi échec mais que la prochaine date c'est 2015 et que ça nous permet encore de parler légitimement d'accessibilité en faisant réagir la corde sensible qui s'appelle la règle juridique et qui s'appelle la norme.


Luc : J'aborde cette question-là parce qu'il y a un trait d’union entre l'accessibilité et aussi le logiciel libre, ce sont les Carto-parties, OpenStreetMap, etc. A Montpellier où auront lieu les RMLL en 2014, il y a depuis quelques années déjà, une paire d'années, le lug local organise avec la ville des Carto-parties, des saisies-parties sur le thème de l’accessibilité pour voir si tel commerce ou si telle institution est accessible, s'il ne manque pas un bateau à tel endroit, etc. Alors que si je me souviens bien c'est en 2005 que, en France, on avait dit que tous les bâtiments publics, que tous les lieux devaient être accessibles aux gens en fauteuil, etc. Comme quoi depuis 2005 ça n'a pas bougé, non plus puisque quand ils font leurs Carto-parties ils se rendent bien compte qu'il y a des endroits qui ont été oubliés par l’urbanisme.


Jean-Philippe : C'est probablement le secteur où c'est le plus difficile. Le logiciel bon, c'est une chose, mais l’infrastructure, c'est-à-dire les bâtiments, les enceintes c'est probablement le plus complexe au niveau des communes parce que c'est ce qui génère le plus de coûts et c'est ce qui génère le plus de besoins de rénovation. Si on prend un bâtiment, autant quand on construit un bâtiment neuf on peut intégrer d'emblée les normes d'accessibilité en revanche quand il s’agit de mettre aux normes un bâtiment déjà existant, c'est parfois extrêmement compliqué. Typiquement le métro par exemple n'est pas forcément facile à mettre en accessibilité quand on a réseau qui date de plusieurs décennies et qui n'avait as du tout été conçu. pour ça. Donc c'est forcément aujourd'hui ce qu'il y a de plus difficile. Maintenant des sites comme OpenStreetMap sont extrêmement importants puisqu'ils permettent justement de recenser les points à la fois de facilité, d’accessibilité et les autres qui sont des points de difficulté d'accessibilité, si bien que du coup pour une personne notamment les personnes à mobilité réduite, elles peuvent préparer leurs trajets via des GPS ou via la base de données OpenStreetMap en sachant d'emblée et par avance à quoi elles doivent s'en tenir. Donc c'est plutôt déjà un progrès. Le libre a en ce sens a apporté énormément, je trouve, en termes d'outils à la disposition des handicapés pour qu'ils puissent avancer.


Luc : Merci beaucoup pour ce bilan 2012, on va dire ça comme ça, et puis au plaisir de parler plus longuement d'accessibilité dans le cadre des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre en 2014 à Montpellier.


Jean-Philippe : Merci à vous pour votre intérêt sur la question.


6' 12

Musique


8'21

Présentateur : Sur Radio RMLL on accueille à présent Luc qui est avec nous. Bonjour Luc !

Luc : Bonjour !

Présentateur : On n'est plus là pour parler accessibilité mais on va parler télévision. Mon Dieu on va parler télévision à la radio, c'est vraiment n'importe quoi ! Mais des fois il se passe des trucs à la télévision qui sont tout à fait intéressants. Alors autour de la table il y a François Revol et donc pas René. Bonjour François !

François Revol : Bonjour !

Présentateur : Il y a un autre François, c'est François Pellegrini que tout le monde connaît comme universitaire mais surtout défenseur des logiciels libres et ennemi farouche du brevet logiciel en Europe. On a le président du Conseil National du logiciel libre, Patrice Bertrand, patron de Smile qui est une des plus grosses sociétés de logiciels libres en France. Bonjour.

Patrice Bertrand : Bonjour !

Présentateur : C'est la première fois que je vous ai au micro. Et puis Jeanne Tadeusz qu'on a au téléphone très régulièrement. Grâce aux RMLL on peut la voir en chair et en os. Bonjour Jeanne !

Jeanne Tadeusz : Bonjour !

Présentateur : Alors qu'est-ce qui nous a amené là ? Je crois que c'était dans une émission de télé assez connue et plutôt assez bien foutue d'habitude.

Intervenant : C'est l'émission C'est dans l'air qui est une émission sur France 5, donc une émission française. Et donc il y avait une émission, un thème d'émission, sur la surveillance, Prism et ce genre de choses, avec deux experts, plutôt centré sur la question de sécurité. L'objet n’était pas vraiment le logiciel libre mais évidemment ça touchait aux questions de surveillance au travers de l'informatique et il y a eu quelques phrases qui sont parties sur des sujets qui sont proches de ceux du logiciel libre et qui ont provoqué quelques réactions épidermiques auprès de certains libristes et on va écouter la première. Elle est dite par Éric Filiol. Il était au sein d'une interview, il n'était pas présent dans l'émission donc peut-être que ça a été monté, probablement. Éric Filiol, on le connaît, il était aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre en 2011, c'est un spécialiste en sécurité informatique et on va écouter ce qu'il a à dire.

Éric Filiol : Essayez de trouver un système d'exploitation qui ne soit pas américain. Vous avez le choix entre Apple et Microsoft. Bref ! Essayez de trouver un service de réseaux sociaux ou un service internet maintenant qui n'est pas concentré entre les mains de quelques acteurs américains. On s’aperçoit que finalement quelle que soit la partie du monde numérique avec laquelle on souhaite travailler, de toutes façons on est obligé de travailler avec le diktat technologique et commercial des États-Unis.

Présentateur : Donc voila, c'était Éric Filiol. Effectivement il dit qu'on ne peut pas trouver facilement d'ordinateurs qui ne soit pas soit Mac soit Windows et ce n'est pas complètement faux, mais cette absence d'alternative n'est pas tout à fait convaincante. Je ne sais pas quelles sont les réactions. Je vais peut-être me tourner vers Patrice Bertrand.

Patrice Bertrand : Sur la domination américaine dans l'industrie du logiciel, il n'y a aucun doute, c'est factuel, on ne va pas dire le contraire. Par contre sur le fait qu'on n'ait pas le choix, là je pense que, je ne sais pas si ce qu'il voulait dire c'est exactement soit qu'il n'existe pas de choix ou qu'il était difficile pour un particulier typiquement de trouver des alternatives. Voila c'est à peu près la réalité, hélas avec la domination des quelques géants dont il a parlé elle est manifeste, néanmoins des alternatives il y a en a, malheureusement il n'est pas facile pour un particulier d'y accéder, en particulier lorsqu'il est en train d’acheter un ordinateur dans une grande surface.

Présentateur : La fameuse vente liée !

Patrice Bertrand : C'est la fameuse vente liée. Après une fois qu'il aura acheté son ordinateur, qu'il l'aura amené chez lui, il aura encore beaucoup de choix qui se présentent à lui. Il va y installer des quantités de logiciels et là il y a à peu près sur tous les sujets des alternatives en logiciels libres. On pourra évoquer tout à l'heure la supériorité qu'ils peuvent promettre en terme de sécurité et de vie privée.

Présentateur : Et d’indépendance !

François : Oui alors, il y a plusieurs points à considérer évidemment. Quand on parle en termes de sécurité, il existe énormément de systèmes d'exploitation libres. Le fait est qu’être libre n'est pas un gage de sécurité. Il y a eu des exemples qui ont été documentés de personnes qui ont été payées par les services gouvernementaux pour introduire des bugs dans des systèmes d'exploitation libres et ces bugs ont prospéré pendant plusieurs plusieurs années sans jamais avoir été découverts. Donc l’ouverture du code source n'est clairement pas un avantage décisif sur la sécurité intrinsèque du logiciel. En revanche, le fait est que, quand un faille de sécurité existe et est détectée, on peut la corriger rapidement. Donc ce qui est important c'est la capacité d'audit du code qui permet de le réaliser.

13' 03

Présentateur : Force est de constater que personne n'imaginait qu'un Bull