Différences entre les versions de « Réseau Tor - Interview de Lunar - Radio RMLL 2014 »

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche
(Page créée avec « Catégorie:Transcriptions '''Titre :''' Réseau Tor '''Intervenant :''' Lunar - Thomas '''Lieu :''' RMLL - Montpellier '''Date :''' Juillet 20... »)
 
(transcription publiée page à supprimer. Merci!)
 
(15 versions intermédiaires par 4 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
[[Catégorie:Transcriptions]]
 
[[Catégorie:Transcriptions]]
  
'''Titre :''' Réseau Tor
+
transcription publiée : http://www.april.org/reseau-tor-interview-de-lunar-radio-rmll-2014
 
 
'''Intervenant :'''  Lunar - Thomas
 
 
 
'''Lieu :''' RMLL - Montpellier
 
 
 
'''Date :''' Juillet 2014
 
 
 
'''Durée :''' 24 min 37
 
 
 
'''Lien vers l'enregistrement : [http://radio2014.rmll.info/e/2014/ep/reseau-tor]
 
 
 
 
 
== 00' ''transcrit MO'' ==
 
 
 
'''Thomas :''' Bonjour à tous et à toutes. Vous êtes toujours à l'écoute de Radio RMLL. Ici c'est Thomas qui vous parle et on est avec Lunar qui est du projet Tor. Lunar, est-ce que tu peux nous rappeler un peu ce que c'est Tor ?
 
 
 
'''Lunar :''' Tor c'est un réseau d'anonymisation des connections sur Internet et de contournement de la censure. Ce sont six mille relais à travers le monde que font tourner entre trois et quatre mille bénévoles et qui permettent, en passant, en fait, on va faire rebondir nos connexions à travers trois de ces relais, chaque fois qu'on va se connecter à un site, plutôt que de s'y connecter directement et ce processus de rebonds va faire deux choses : il va empêcher notre fournisseur d'accès de savoir quels sont les sites qu'on visite, ce qui l’empêche de nous surveiller, ce qui l’empêche de éventuellement censurer les sites auxquels on a le droit d'accéder ou pas. Et de l'autre côté, les sites qu'on visite, ne vont pas pouvoir connaître la connexion Internet qu'on utilise et donc notre adresse. Ça, ce sont les deux propriétés qui va donner Tor aux gens qui l'utilisent.
 
 
 
'''Thomas :''' Et ça a démarré comment ?
 
 
 
'''Lunar :''' En fait, Tor c'est le routage en oignons, c'est pour ça que le logo de Tor c'est un oignon. Les premières recherches sur le routage en oignon c'est 96, c'est vraiment très vieux et ensuite le projet en lui-même, dans sa forme actuelle, il a dix ans cette année.
 
 
 
'''Thomas :''' D'accord. Et donc au niveau du développement, ça s'est développé assez vite ?
 
 
 
'''Lunar :''' En fait, ce qui est intéressant dans l'histoire du projet Tor, c'est qu'on a commencé avec quelque chose qui était un projet de recherche et qui cherchait à résoudre un problème théorique. Le problème théorique c’est « Comment séparer le routage de l'identification ». C'est le nom un peu pompeux que les chercheurs utilisent et en fait petit à petit on s'est rendu compte que c'est un réseau d’anonymisation et donc pour que ça fonctionne, on a besoin que tout le monde l'utilise. Une des racines du projet Tor c'est le laboratoire de recherche de la Navy des États-Unis, et en fait la Navy ne peut pas faire son propre réseau d'anonymisation, parce que sinon quand on voit une connexion qui sort du réseau de la Navy, on se dit « Ah c'est la Navy ! ».
 
 
 
Donc on est obligé que tout le monde se mélange et donc dans les gens qui utilisent Tor, il y a autant, bon, sûrement des gens de la Navy, que des journalistes, que des particuliers qui ne veulent pas être fichés par les agences de pub, que des gens qui contournent la censure en Chine, que je ne sais pas, vraiment tout un tas de gens différents qui utilisent Tor. Et petit à petit, avant on était vraiment sur une technologie qui était une affaire de spécialistes, c'est-à-dire que pour utiliser Tor c’était compliqué, il fallait configurer non pas un logiciel mais trois, il fallait faire attention à ne pas faire d’erreurs. Là, où on en est à l'heure actuelle, c'est que pour utiliser Tor, la façon la plus simple, c'est un navigateur web, qui s'appelle le Tor Browser. On a une version pour Linux, une version pour Mac OS X, une version pour Windows. C'est un logiciel libre, le téléchargement est gratuit, il suffit d'aller sur le site du Tor Project. On installe, c'est deux clics. On le lance, et hop, on a une fenêtre de navigation qui s'ouvre, qui ressemble à celle de Firefox, en fait parce que Tor Browser est basé sur Firefox et il suffit d'utiliser ce navigateur-là plutôt qu'un autre et on passe par le réseau Tor et on est protégé par le réseau Tor dans sa navigation web.
 
 
 
'''Thomas :''' Là, tu parlais, tu disais différents usages, derrière. Au niveau de la question des usages est-ce que ça pose parfois des problèmes en terme juridique ou au niveau politique, etc, derrière ? Est-ce que vous avez déjà des retours à niveau-là ?
 
 
 
'''Lunar :''' Disons qu'en fait Tor n'est pas différent d'Internet qui n'est pas différent de la vie. Tor est un outil de navigation. Les gens utilisent des outils de communication pour communiquer sur ce qu'ils font. Dans ce monde il y a des gens qui font des trucs nuls ou illégaux ou répréhensibles ou moralement condamnables. Et puis il y a des gens qui font des trucs chouettes, ou légitimes ou importants ou juste qui communiquent avec leurs amis. En fait c'est un outil de communication, il va être utilisé pour communiquer.
 
 
 
'''Thomas :''' Et vous, vous ne investissez pas dans tout ce qui est question justement, vous n’êtes pas dans l’idée du contournage de la censure ?
 
 
 
'''Lunar :''' Si, si. C'est un des usages de Tor, en fait, qui est pour nous crucial. On est un outil de contournement de la censure. On est utilisé par des gens en Chine, on est utilisé par des gens en Iran, on est utilisé par des gens en France parce leur entreprise les empêche d'accéder à leur boite Gmail, ce qui des fois les empêche de bosser, alors qu’en fait ils ont envie de bosser, alors ils installent Tor dans leur bureau et ils se connectent à leur compte  Gmail.
 
 
'''Thomas :''' D'accord.
 
 
 
'''Lunar :''' Disons c'est sûr que l'idée c'est n'importe qui doit pouvoir accéder à l'information disponible.
 
 
 
'''Thomas :''' D'accord. Alors on va faire un petit lien avec autre chose, donc c’était Nos oignons, c'est ça ?
 
 
 
'''Lunar :''' Ce qui s'est passé c'est que dans plusieurs endroits à travers le monde se sont montées des associations pour participer au réseau Tor, mais plus du côté logiciel et développement, mais du côté relais. C'est ce que j'expliquais au début, le réseau Tor est constitué de six mille relais à travers le monde. Et donc plutôt que chaque personne fasse son petit relais dans son coin, eh bien de mettre de l’argent en commun et de récolter des dons, de façon à monter des associations qui vont pouvoir aller chercher des contrats dans les centres d'hébergement de données, avec des gros serveurs qui ont des gros tuyaux. Ce qui fait que le réseau Tor marche mieux, va plus vite, parce qu'on a plus de capacité pour accueillir et relayer l'information des gens. Et donc l'association qu'on a montée en France s'appelle Nos oignons, sur ce principe-là, et on a monté ça il y a, on a commencé à travailler là-dessus en 2012, et là ça fait à peu près un an qu'on est sous la forme associative, un peu plus.
 
 
 
'''Thomas :''' Et au niveau de la question juridique, tu m'en parlais avant l'émission, avant l'interview ?
 
 
 
'''Lunar :''' Un des aspects, ce système de relais, c'est que le dernier relais de la chaîne, donc il y en a trois, le dernier relais de la chaîne, celui qui va se connecter au site Internet qu'on visite, c'est lui que le site va voir. Donc c'est ce relais-là qui peut être pris à partie, on va dire, en disant « Ah mais c'est vous qui attaquez mon serveur ! », si jamais des gens lancent des attaques à travers le réseau Tor. Du coup, nous au sein des Nos oignons on a travaillé avec un avocat et notre position c'est de dire, en fait, on n'est pas à l'origine des communications qu'on transporte, on ne les sélectionne pas et on ne les modifie pas.
 
 
 
Et alors quand on fait passer trois trucs, c'est un statut qui est défini par la Directive européenne du 8 juin 2000 sur le commerce électronique et qui s'appelle le statut de « mere conduit », de simple tuyau. Et ce statut-là dit que, non seulement on n'a pas à enregistrer ce qui se passe, mais qu'on n'a même pas le droit. C'est-à-dire on ne doit pas regarder les informations qu'on transporte, sauf si jamais on a des exceptions et en France les exceptions c'est si la police demande de mettre une écoute.
 
 
 
Mais en tout cas nous on pense à être notre sortie Tor, c'est être un simple tuyau, mais ça on n'a jamais pu le prouver au niveau judiciaire encore, il n'y a pas eu de procès, et donc, l'idée de monter Nos oignons c'est pour faire tourner nos sorties, c’était aussi de monter une association qui ne fait que ça, faire tourner notre sortie. Donc pour un juge ce sera plus simple d'évaluer notre activité, au regard de ce qu'on pense qu'elle est, plutôt que si c'est un particulier, où il faut démêler éventuellement la moralité du particulier ou pourquoi il fait ça, c'est quoi sa vie, c'est quoi son travail. Nous, on est une association, avec un seul et unique but, donc ça devrait être plus simple pour un juge de faire le travail, de dire, est-ce que c'est un simple tuyau ou est-ce que ce n'est pas un simple tuyau ?
 
 
 
Et clairement, si ça arrive à un moment donné, on est prêt à remonter jusqu'aux instances européennes, pour essayer au maximum de valider notre théorie, parce que sinon ça veut dire que ça va être très difficile de continuer à aider des personnes à protéger leur intimité sur Internet à travers Tor.
 
 
 
'''Thomas :''' D'accord. Et au niveau des poursuites judiciaires, etc, est-ce qu'il y en a déjà eues autre part dans le monde ?
 
 
 
'''Lunar :''' Il y a eu, récemment, la semaine dernière, il y a eu un jugement en première instance d'un opérateur qui est en Autriche, et qui effectivement a été jugé responsable de ce que les gens ont fait avec son relais. C'est une première instance et, a priori, on va essayer d'offrir tout le soutien nécessaire à cette personne pour aller en appel et continuer. Je vais dire, entre autre, de ce que j'ai compris, le jugement ne fait pas du tout référence à cette condition de simple tuyau, mais fait référence à d'autres morceaux de la loi, et on pense que c'est une erreur d’interprétation.
 
 
 
'''Thomas :''' Et au niveau justement du particulier, etc, est-ce que tu as besoin de rentrer dans l'association pour bénéficier de l'aide que peut fournir, par exemple, Nos oignons ?
 
 
 
'''Lunar :''' Le réseau Tor est accessible à n'importe qui. Il suffit de télécharger le logiciel qui se connecte au réseau Tor, le Tor Browser par exemple, et hop l'accès est libre. Et ensuite, c'est pour ça que ça repose sur les épaules de bénévoles, c'est qu'il y a des tonnes de gens qui ne peuvent pas donner d'argent parce que ça poserait problème, ils ne seraient plus anonymes s'ils faisaient ça.
 
 
 
'''Thomas :''' Je parlais plutôt de la question au niveau des relais. Si par exemple moi je décide de monter mon relais, est-ce que je dois rentrer nécessairement dans votre association ?
 
 
 
'''Lunar :''' Non, n'importe qui peut faire tourner un relais Tor. Après, Nos oignons est une association ouverte, quoi. N'importe qui peut nous rejoindre. On a une équipe de bénévoles. On a une équipe d'admin sys, et l'idée de Nos oignons ce n'est pas de faire tourner pour des gens, c'est de faire tourner des relais en tant qu'association en tant que groupe, parce que c'est moins chiant de s'occuper d'une machine à quatre, quand on peut tourner et partir en vacances, que tout seul.
 
 
 
'''Thomas :''' Ouais, c'est sûr.
 
 
 
'''Lunar :''' Et après c'est possible de devenir membre de Nos oignons. L'adhésion est à prix libre. L'essentiel de ce que ça donne d’être membre de Nos oignons, c'est que ça permet d'approuver les rapports moraux et financiers du conseil d'administration et de participer à l'élection du conseil d'administration. On a publié nos premiers rapports, là, ils sont disponibles publiquement maintenant sur le site, et on a une vingtaine de membres.
 
 
 
'''Thomas :''' Donc Nos oignons ça fait combien d'années là maintenant ?
 
 
 
'''Lunar :''' On a commencé le projet ça fait un an et demi. Après il a fallu le temps de monter l'asso, de monter la structure, de commercer à trouver des endroits où mettre les relais. Et là, ça fait depuis l'automne dernier qu'on a deux relais principalement et on pousse 125 Mégabits sur le réseau. Ce qui n'est pas énorme, mais c'était important, toute cette période de monter, l'administratif ça prend vraiment toujours du temps, de se constituer une équipe, là maintenant on est des bénévoles, on se connaît, on travaille bien ensemble. Je suis vraiment impressionné par la qualité de la documentation technique qu'on a produite en interne et qu'on est en train d'essayer de diffuser. Là on a commencé à reprendre contact avec des nouveaux opérateurs et j'espère que d'ici la fin de l'année on aura deux ou trois nouveaux relais qu'on va mettre en place.
 
 
 
'''Thomas :''' D'accord. Et plutôt de façon générale, Tor, en tant que tel, ça a combien d'années ?
 
 
 
'''Lunar :''' Eh bien, la chose qui s'appelle Tor, ça fait dix ans.
 
 
 
'''Thomas :''' D'accord. Vous avez beaucoup évolué en terme de débit ou en terme de sécurité, etc ?
 
 
 
'''Lunar :''' Par rapport au papier de recherche original qui a été publié il y a dix ans, il y a eu plusieurs révisions du design qui était critique, quoi, parce qu'il y avait des choses qui n'étaient pas assez bien, pas assez résistantes. Ça, ça sera entre autres les éléments que je vais aborder dans la présentation que je fais mardi après-midi dans le thème sécurité. Un peu pompeusement c'est baptisé « Défis passés et futurs de Tor ». Mais l'idée c'est bien de revenir sur ce qui s'est passé les dernières années et d'essayer de voir aussi ce qui nous pend au nez comme problèmes et comme gros changements qu'on va avoir à faire là.
 
 
 
==12' 42 ==
 
 
 
Thomas ; OK. Et au niveau des histoires de surveillance, NSA, etc, vous l’avez pris comment en tant que tel ?
 

Dernière version du 21 septembre 2014 à 20:38