Pour une societe numerique libre-Richard Stallman-Choisy-le-roi-avril 2016

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche


Date : samedi 16 avril 2016

Lieu : Médiathèque Aragon, Choisy-le-roi (http://mediatheque.choisyleroi.fr/)

Événément : http://mediatheque.choisyleroi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=413:conference-de-richard-stallman-qpour-une-societe-numerique-libreq&catid=33:actualites

Page de la Vidéo : http://www.tmplab.org/video/index.php?conference=stallman

URL de la vidéo : http://www.tmplab.org/video/stallman/20160416-R.M.Stallman-Choisy.ogv

Statut : en cours de transcription par Cpm


00'00

Richard Stallman : J'ai une question au sujet de cet espace numérique public, est-ce qu'il permet que l'utilisateur vienne et utilise les ordinateurs sur Internet en anonymat ? Est-ce que l'utilisateur est obligé de s'identifier pour naviguer ? Parce que moi, je refuse de m'identifier pour me connecter à l'Internet. Où ils m'imposent de m'identifier pour me connecter, je refuse, par principe car c'est une injustice.

Souvent, il faut donner un numéro de téléphone portable pour recevoir la clé. Je n'ai pas de téléphone portable, je ne peux pas les utiliser. Mais personne ne doit les utiliser. Il faut changer ce système.

Mais pour commencer, j'ai des conditions pour vous. Si vous faites des photos de moi, ne les mettez pas dans Facebook, Instagram ni Whatsapp, parce que ces entreprises sont des moteurs de flicage. Et il reconnait les personnes par les visages ou par le dos de la tête. Si quelqu'un apparait dans une photo et qu'il met cette photo dans Facebook, tu aides l'entreprise à le fliquer. Il ne faut pas le faire, c'est du mauvais traitement de l'autre, par exemple de tes amis ou de moi. Prière de ne pas me le faire. Aussi, si tu veux faire des photos de moi avec un ordinateur portable comme un téléphone, prière de désactiver d'avance la fonctionnalité de mettre la géolocalisation dans les photos car ça augmente le flicage. Aussi, si tu fais un enregistrement et que tu veux en distribuer des copies, prière de le faire uniquement dans les formats favorables aux logiciels libres. C'est à dire le format OGG ou le format webm, pas dans « mp quoi que ce soit » parce que ces formats sont brevetés dans beaucoup de pays. Surtout pas en Flash parce que Flash exige un programme privateur pour s'afficher. Et pas dans Windows Media Player, ni Real Player, ni QuickTime. Et assure-toi que le fonctionnement normal du site d'accès, du site de distribution permette le téléchargement des copies sans exécuter aucun programme pas libre. Voilà le problème de Youtube. Youtube refuse de fonctionner si l'utilisateur n'exécute pas un programme pas libre en Javascript contenu dans la page même.

Et prière de mettre sur l'enregistrement la licence « Creative Commons Non Derivé », parce que c'est une présentation d'un point de vue.

04'00

Donc le sujet pour aujourd'hui est « Pour une société numérique libre ». Beaucoup de projets donnent pour acquis que la participation dans une société numérique est bonne. Et donc il y a des projets qui visent de brancher plus de gens à la société numérique. Ils supposent que d'avoir accès à l'Internet est bon. Mais est-ce bon ou pas ? Ça dépend des détails. Ça dépend de si la société numérique dans laquelle tu participes est juste ou injuste. Si elle est injuste, le vrai but n'est pas l'inclusion numérique mais plutôt notre extraction numérique de cette société injuste. Nous devrions chercher à nous échapper de la société numérique injuste. Donc, lesquelles sont les menaces à notre liberté dans la société numérique. En principe, j'ai neuf menaces à traiter si j'ai le temps.

Mais une menace à la base de beaucoup d'autre, c'est le logiciel dont les logiciels n'ont pas le contrôle. C'est à dire les programmes pas libre. Donc, je présente d'abord la question du logiciel libre. En anglais, je dois dire « Free Software » et « Free » en anglais est ambigu. Ce mot signifie ou « libre » ou « gratuit ». Mais dans ce cas, il signifie « libre », uniquement « libre ». Il ne signifie pas « gratuit ». Le logiciel libre n'est pas forcément gratuit, pas toujours, souvent oui, mais pas toujours. Et ce n'est pas la question, le prix est une question secondaire. Pas besoin de traiter cette question secondaire, elle ne m'intéresse pas tant. Donc, en anglais, je dois expliquer qu'il signifie « libre » et pas « gratuit » ou « gratis », le mot anglais pour « gratuit » est « gratis ».

Donc pour nous, peu importe si tu paies une copie d'un programme ou reçoit cette copie gratuitement. La question pour nous, c'est : « quand tu reçois ce programme, qu'est-ce que tu as ? Est-ce que ce programme respecte ta liberté et ta communauté ou pas ? » Mais c'est quoi un programme, c'est quoi un ordinateur ? Un ordinateur est une machine très simple conceptuellement, qui ne sait faire qu'une chose : prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, et prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, et prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit… Des millions de fois par seconde. Mais c'est toujours pareil. Mais les instructions viennent d'un programme. Et selon quelles instructions le programme contient, le même ordinateurs peut faire n'importe quoi. Dans quelques limites, il y a des choses impossibles que l'ordinateur ne peut pas faire. Ormis les choses impossibles, n'importe quel ordinateur peut faire n'importe quoi selon quel programme il exécute.

Donc qui donne les instructions à ton ordinateur ? Tu peux croire que c'est toi. Mais en vérité, c'est quelqu'un d'autre. Tu peux croire que ton ordinateur t'obéis, tandis qu'en vérité il obéit en premier à quelqu'un d'autre et à toi seulement quand l'autre l'autorise.

Je peux donc expliquer la question du logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. C'est à dire que l'État français ne respecte plus. Liberté parce que l'utilisateur d'un programme libre est libre dans son informatique. Égalité parce que le programme libre ne fournit à personne aucun pouvoir sur personne. Les utilisateurs sont égaux. Et fraternité parce que le logiciel libre encourage la coopération entre ses utilisateurs.

Pour n'importe quel programme, il y a deux possibilités : ou les utilisateurs ont le contrôle du programme ou le programme a le contrôle des utilisateurs. Il n'y a pas d'autre possibilité. C'est toujours l'un ou l'autre. Quand les utilisateurs ont le contrôle du programme, nous l'appelons du logiciel libre. Et pourquoi ? C'est quoi la liberté ? La liberté est d'avoir le contrôle de ta propre vie, le contrôle des activités que tu fais dans ta vie. Mais si tu utilises un programme pour faire l'activité, le contrôle de l'activité requière le contrôle du programme. Donc si les utilisateurs ont le contrôle du programme, ce programme respecte leur liberté et leur communauté, donc c'est du logiciel libre. Et pour que les utilisateurs aient le contrôle de ce programme, il doit porter les quatre libertés essentielles.

Nous arrivons aux critères concrets du logiciel libre. La liberté zéro est la liberté d'exécuter le programme comme tu veux pour n'importe quel but. Et la liberté 1 est la liberté d'étudier le fonctionnement du programme et de le changer pour qu'il fasse ton informatique, pour qu'il fasse tes activités informatiques comme tu veux. Cette liberté pour être pratique requière la disponibilité du code source du programme. Voilà du code source d'un programme très simple. Le code source est comme un mélange des mathématiques et de l'anglais. Si tu as appris le langage de programmation, tu peux lire le code, comprendre ce qu'il fait et le changer pour faire d'autres choses. Mais pour l'exécuter, il faut le convertir en forme exécutable, une série de « 1 » et de « 0 » énigmatique, très difficile à comprendre. Pour un petit programme comme ça, le programmeur pourrait comprendre sans beaucoup de travail ce que les « 1 » et « 0 » signifient. Mais pour un grand programme, ce travail est énorme et très difficile. Ça s'appelle l'ingénierie inverse.

Si le développeur disait aux utilisateurs : « oui, tu es libre de changer mon programme et on fait l'ingénierie inverse », ça serait se moquer des utilisateurs, ce n'est pas vraiment la possibilité pratique de faire des changements. Donc la liberté n°1 exige la disponibilité du code source du programme aux utilisateurs.

Ces deux libertés fournissent ensemble le contrôle séparé du programme. C'est à dire que chaque utilisateur a séparément le contrôle de ses copies. Je peux changer mes copies et tu peux changer tes copies, séparément.

??'??

Voilà quatre utilisateurs d'un programme dont un change le programme et les autres trois l'utilisent tel quel. Et le contrôle séparé est nécessaire mais ne suffit pas parce que beaucoup d'utilisateurs ne sont pas des programmeurs, ne savent pas programmer. Ils font d'autres choses dans la vie. Comment peuvent-ils participer dans l'exercice du contrôle sur ce programme sans savoir le faire directement. Par le contrôle collectif, c'est à dire la liberté de collaborer avec les autres en exerçant le contrôle de ce programme.

Voilà au dessus un groupe de trois utilisateurs qui collaborent en faisant des changements de ce programme. Les deux à la droite, changent directement le code. Évidemment, ils sont des programmeurs. Le troisième, à gauche, ne change pas directement le programme. Peut-être il ne sait pas le faire. Mais par sa participation dans le groupe, il participe dans les décisions de quels changements à faire. Et comme ça, il participe dans le contrôle de ce que fait le programme.

En bas, il y a deux autres utilisateurs qui ne participent pas dans le groupe et utilisent le programme tel quel, la version originale. Pourquoi ne participent-ils pas ? Nous ne savons pas. Il y a beaucoup de raisons possibles. Peut-être ils ne se connaissent pas. Peut-être les deux en bas ont d'autres désirs, d'autres idées de comment changer ce programme. Peut-être ils ne veulent pas utiliser la version modifiée de ce groupe. Peut-être ils voudraient mais ne connaissent pas le groupe, et demain ils commenceront à collaborer tous les cinq. Qui sait ?

Mais le contrôle collectif, c'est la liberté de collaborer avec ceux qui veulent collaborer avec toi. Et le contrôle collectif requière deux libertés essentielles. La liberté deux est de faire des copies exactes du programme pour les donner ou les vendre aux autres quand tu veux. Et la liberté trois est de faire des copies de tes versions modifiées pour les donner ou vendre aux autres quand tu veux. Avec ces deux libertés, les utilisateurs ont le contrôle collectif parce que si chaque membre du groupe fait une version modifiée, par la liberté trois peut faire d'autres copies de cette version modifiée pour les transmettre à d'autres membres du groupe, puis eux par leur liberté numéro deux, peuvent en faire d'autres copies de la même version, ce seront des copies exactes de la version qu'ils auront reçus. Donc ils peuvent donner ou vendre ces copies aux autres jusqu'à ce que tout le groupe possède des copies. Mais ils peuvent aussi offrir des copies aux autres et peuvent même publier cette version, c'est à dire offrir des copies au grand public.

Quand le programme porte ces quatre liberté de manières complètes, les utilisateurs ont le contrôle de ce programme qui se qualifie de « logiciel libre ». Et c'est donc la manière éthique et juste de distribuer des copies d'un programme. Mais si une de ces libertés manque ou est incomplète, en ce cas, les utilisateurs n'ont pas vraiment le contrôle du programme, c'est donc le programme qui a le contrôle des utilisateurs, et le propriétaire du programme qui a le contrôle du programme. Donc ce programme pas libre est un instrument du pouvoir injuste de son propriétaire sur ses utilisateurs. Voici pourquoi nous l'appelons un programme privateur. Parce que la nature de sa manière de distribution est de priver de la liberté aux utilisateurs. Un programme donc privateur est injuste. L'existence même d'un programme privateur est une injustice. Il faut ne jamais participer dans le développement d'un programme privateur, ni sa promotion, parce que ça produit du mal.

??'??

C'est déjà une injustice mais ça mène à une autre injustice.