Différences entre les versions de « Pour une societe numerique libre-Richard Stallman-Choisy-le-roi-avril 2016 »

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Donc le sujet pour aujourd'hui est « Pour une société numérique libre ».
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Donc le sujet pour aujourd'hui est « Pour une société numérique libre ». Beaucoup de projets donnent pour acquis que la participation dans une société numérique est bonne. Et donc il y a des projets qui visent de brancher plus de gens à la société numérique. Ils supposent que d'avoir accès à l'Internet est bon. Mais est-ce bon ou pas ? Ça dépend des détails. Ça dépend de si la société numérique dans laquelle tu participes est juste ou injuste. Si elle est injuste, le vrai but n'est pas l'inclusion numérique mais plutôt notre extraction numérique de cette société injuste. Nous devrions chercher à nous échapper de la société numérique injuste. Donc, lesquelles sont les menaces à notre liberté dans la société numérique. En principe, j'ai neuf menaces à traiter si j'ai le temps.
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Mais une menace à la base de beaucoup d'autre, c'est le logiciel dont les logiciels n'ont pas le contrôle. C'est à dire les programmes pas libre. Donc, je présente d'abord la question du logiciel libre. En anglais, je dois dire « Free Software » et « Free » en anglais est ambigu. Ce mot signifie ou « libre » ou « gratuit ». Mais dans ce cas, il signifie « libre », uniquement « libre ». Il ne signifie pas « gratuit ». Le logiciel libre n'est pas forcément gratuit, pas toujours, souvent oui, mais pas toujours. Et ce n'est pas la question, le prix est une question secondaire. Pas besoin de traiter cette question secondaire, elle ne m'intéresse pas tant. Donc, en anglais, je dois expliquer qu'il signifie « libre » et pas « gratuit » ou « gratis », le mot anglais pour « gratuit » est « gratis ».
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Donc pour nous, peu importe si tu paies une copie d'un programme ou reçoit cette copie gratuitement. La question pour nous, c'est : « quand tu reçois ce programme, qu'est-ce que tu as ? Est-ce que ce programme respecte ta liberté et ta communauté ou pas ? » Mais c'est quoi un programme, c'est quoi un ordinateur ? Un ordinateur est une machine très simple conceptuellement, qui ne sait faire qu'une chose : prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, et prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, et prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit… Des millions de fois par seconde. Mais c'est toujours pareil. Mais les instructions viennent d'un programme. Et selon quelles instructions le programme contient, le même ordinateurs peut faire n'importe quoi. Dans quelques limites, il y a des choses impossibles que l'ordinateur ne peut pas faire. Ormis les choses impossibles, n'importe quel ordinateur peut faire n'importe quoi selon quel programme il exécute.
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Donc qui donne les instructions à ton ordinateur ? Tu peux croire que c'est toi. Mais en vérité, c'est quelqu'un d'autre. Tu peux croire que ton ordinateur t'obéis, tandis qu'en vérité il obéit en premier à quelqu'un d'autre et à toi seulement quand l'autre l'autorise.
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Je peux donc expliquer la question du logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. C'est à dire que l'État français ne respecte plus. Liberté parce que l'utilisateur d'un programme libre est libre dans son informatique. Égalité parce que le programme libre ne fournit à personne aucun pouvoir sur personne. Les utilisateurs sont égaux. Et fraternité parce que le logiciel libre encourage la coopération entre ses utilisateurs.
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Pour n'importe quel programme, il y a deux possibilités : ou les utilisateurs ont le contrôle du programme ou le programme a le contrôle des utilisateurs. Il n'y a pas d'autre possibilité. C'est toujours l'un ou l'autre. Quand les utilisateurs ont le contrôle du programme, nous l'appelons du logiciel libre. Et pourquoi ? C'est quoi la liberté ? La liberté est d'avoir le contrôle de ta propre vie, le contrôle des activités que tu fais dans ta vie. Mais si tu utilises un programme pour faire l'activité, le contrôle de l'activité requière le contrôle du programme. Donc si les utilisateurs ont le contrôle du programme, ce programme respecte leur liberté et leur communauté, donc c'est du logiciel libre. Et pour que les utilisateurs aient le contrôle de ce programme, il doit porter les quatre libertés essentielles.
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Nous arrivons aux critères concrets du logiciel libre.
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La liberté zéro est la liberté d'exécuter le programme comme tu veux pour n'importe quel but.
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Et la liberté 1 est la liberté d'étudier le fonctionnement du programme et de le changer pour qu'il fasse ton informatique, pour qu'il fasse tes activités informatiques comme tu veux. Cette liberté pour être pratique requière la disponibilité du code source du programme. Voilà du code source d'un programme très simple. Le code source est comme un mélange des mathématiques et de l'anglais. Si tu as appris le langage de programmation, tu peux lire le code, comprendre ce qu'il fait et le changer pour faire d'autres choses. Mais pour l'exécuter, il faut le convertir en forme exécutable, une série de « 1 » et de « 0 » énigmatique, très difficile à comprendre. Pour un petit programme comme ça, le programmeur pourrait comprendre sans beaucoup de travail ce que les « 1 » et  « 0 » signifient. Mais pour un grand programme, ce travail est énorme et très difficile. Ça s'appelle l'ingénierie inverse.
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Si le développeur disait aux utilisateurs : « oui, tu es libre de changer mon programme et on fait l'ingénierie inverse », ça serait se moquer des utilisateurs, ce n'est pas vraiment la possibilité pratique de faire des changements. Donc la liberté n°1 exige la disponibilité du code source du programme aux utilisateurs.
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Ces deux libertés fournissent ensemble le contrôle séparé du programme. C'est à dire que chaque utilisateur a séparément le contrôle de ses copies. Je peux changer mes copies et tu peux changer tes copies, séparément.

Version du 23 avril 2016 à 06:14


Date : samedi 16 avril 2016

Lieu : Médiathèque Aragon, Choisy-le-roi (http://mediatheque.choisyleroi.fr/)

Événément : http://mediatheque.choisyleroi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=413:conference-de-richard-stallman-qpour-une-societe-numerique-libreq&catid=33:actualites

Page de la Vidéo : http://www.tmplab.org/video/index.php?conference=stallman

URL de la vidéo : http://www.tmplab.org/video/stallman/20160416-R.M.Stallman-Choisy.ogv


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Richard Stallman : J'ai une question au sujet de cet espace numérique public, est-ce qu'il permet que l'utilisateur vienne et utilise les ordinateurs sur Internet en anonymat ? Est-ce que l'utilisateur est obligé de s'identifier pour naviguer ? Parce que moi, je refuse de m'identifier pour me connecter à l'Internet. Où ils m'imposent de m'identifier pour me connecter, je refuse, par principe car c'est une injustice.

Souvent, il faut donner un numéro de téléphone portable pour recevoir la clé. Je n'ai pas de téléphone portable, je ne peux pas les utiliser. Mais personne ne doit les utiliser. Il faut changer ce système.

Mais pour commencer, j'ai des conditions pour vous. Si vous faites des photos de moi, ne les mettez pas dans Facebook, Instagram ni Whatsapp, parce que ces entreprises sont des moteurs de flicage. Et il reconnait les personnes par les visages ou par le dos de la tête. Si quelqu'un apparait dans une photo et qu'il met cette photo dans Facebook, tu aides l'entreprise à le fliquer. Il ne faut pas le faire, c'est du mauvais traitement de l'autre, par exemple de tes amis ou de moi. Prière de ne pas me le faire. Aussi, si tu veux faire des photos de moi avec un ordinateur portable comme un téléphone, prière de désactiver d'avance la fonctionnalité de mettre la géolocalisation dans les photos car ça augmente le flicage. Aussi, si tu fais un enregistrement et que tu veux en distribuer des copies, prière de le faire uniquement dans les formats favorables aux logiciels libres. C'est à dire le format OGG ou le format webm, pas dans « mp quoi que ce soit » parce que ces formats sont brevetés dans beaucoup de pays. Surtout pas en Flash parce que Flash exige un programme privateur pour s'afficher. Et pas dans Windows Media Player, ni Real Player, ni QuickTime. Et assure-toi que le fonctionnement normal du site d'accès, du site de distribution permette le téléchargement des copies sans exécuter aucun programme pas libre. Voilà le problème de Youtube. Youtube refuse de fonctionner si l'utilisateur n'exécute pas un programme pas libre en Javascript contenu dans la page même.

Et prière de mettre sur l'enregistrement la licence « Creative Commons Non Derivé », parce que c'est une présentation d'un point de vue.

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Donc le sujet pour aujourd'hui est « Pour une société numérique libre ». Beaucoup de projets donnent pour acquis que la participation dans une société numérique est bonne. Et donc il y a des projets qui visent de brancher plus de gens à la société numérique. Ils supposent que d'avoir accès à l'Internet est bon. Mais est-ce bon ou pas ? Ça dépend des détails. Ça dépend de si la société numérique dans laquelle tu participes est juste ou injuste. Si elle est injuste, le vrai but n'est pas l'inclusion numérique mais plutôt notre extraction numérique de cette société injuste. Nous devrions chercher à nous échapper de la société numérique injuste. Donc, lesquelles sont les menaces à notre liberté dans la société numérique. En principe, j'ai neuf menaces à traiter si j'ai le temps.

Mais une menace à la base de beaucoup d'autre, c'est le logiciel dont les logiciels n'ont pas le contrôle. C'est à dire les programmes pas libre. Donc, je présente d'abord la question du logiciel libre. En anglais, je dois dire « Free Software » et « Free » en anglais est ambigu. Ce mot signifie ou « libre » ou « gratuit ». Mais dans ce cas, il signifie « libre », uniquement « libre ». Il ne signifie pas « gratuit ». Le logiciel libre n'est pas forcément gratuit, pas toujours, souvent oui, mais pas toujours. Et ce n'est pas la question, le prix est une question secondaire. Pas besoin de traiter cette question secondaire, elle ne m'intéresse pas tant. Donc, en anglais, je dois expliquer qu'il signifie « libre » et pas « gratuit » ou « gratis », le mot anglais pour « gratuit » est « gratis ».

Donc pour nous, peu importe si tu paies une copie d'un programme ou reçoit cette copie gratuitement. La question pour nous, c'est : « quand tu reçois ce programme, qu'est-ce que tu as ? Est-ce que ce programme respecte ta liberté et ta communauté ou pas ? » Mais c'est quoi un programme, c'est quoi un ordinateur ? Un ordinateur est une machine très simple conceptuellement, qui ne sait faire qu'une chose : prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, et prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, et prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit… Des millions de fois par seconde. Mais c'est toujours pareil. Mais les instructions viennent d'un programme. Et selon quelles instructions le programme contient, le même ordinateurs peut faire n'importe quoi. Dans quelques limites, il y a des choses impossibles que l'ordinateur ne peut pas faire. Ormis les choses impossibles, n'importe quel ordinateur peut faire n'importe quoi selon quel programme il exécute.

Donc qui donne les instructions à ton ordinateur ? Tu peux croire que c'est toi. Mais en vérité, c'est quelqu'un d'autre. Tu peux croire que ton ordinateur t'obéis, tandis qu'en vérité il obéit en premier à quelqu'un d'autre et à toi seulement quand l'autre l'autorise.

Je peux donc expliquer la question du logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. C'est à dire que l'État français ne respecte plus. Liberté parce que l'utilisateur d'un programme libre est libre dans son informatique. Égalité parce que le programme libre ne fournit à personne aucun pouvoir sur personne. Les utilisateurs sont égaux. Et fraternité parce que le logiciel libre encourage la coopération entre ses utilisateurs.

Pour n'importe quel programme, il y a deux possibilités : ou les utilisateurs ont le contrôle du programme ou le programme a le contrôle des utilisateurs. Il n'y a pas d'autre possibilité. C'est toujours l'un ou l'autre. Quand les utilisateurs ont le contrôle du programme, nous l'appelons du logiciel libre. Et pourquoi ? C'est quoi la liberté ? La liberté est d'avoir le contrôle de ta propre vie, le contrôle des activités que tu fais dans ta vie. Mais si tu utilises un programme pour faire l'activité, le contrôle de l'activité requière le contrôle du programme. Donc si les utilisateurs ont le contrôle du programme, ce programme respecte leur liberté et leur communauté, donc c'est du logiciel libre. Et pour que les utilisateurs aient le contrôle de ce programme, il doit porter les quatre libertés essentielles.

Nous arrivons aux critères concrets du logiciel libre. La liberté zéro est la liberté d'exécuter le programme comme tu veux pour n'importe quel but. Et la liberté 1 est la liberté d'étudier le fonctionnement du programme et de le changer pour qu'il fasse ton informatique, pour qu'il fasse tes activités informatiques comme tu veux. Cette liberté pour être pratique requière la disponibilité du code source du programme. Voilà du code source d'un programme très simple. Le code source est comme un mélange des mathématiques et de l'anglais. Si tu as appris le langage de programmation, tu peux lire le code, comprendre ce qu'il fait et le changer pour faire d'autres choses. Mais pour l'exécuter, il faut le convertir en forme exécutable, une série de « 1 » et de « 0 » énigmatique, très difficile à comprendre. Pour un petit programme comme ça, le programmeur pourrait comprendre sans beaucoup de travail ce que les « 1 » et « 0 » signifient. Mais pour un grand programme, ce travail est énorme et très difficile. Ça s'appelle l'ingénierie inverse.

Si le développeur disait aux utilisateurs : « oui, tu es libre de changer mon programme et on fait l'ingénierie inverse », ça serait se moquer des utilisateurs, ce n'est pas vraiment la possibilité pratique de faire des changements. Donc la liberté n°1 exige la disponibilité du code source du programme aux utilisateurs.

Ces deux libertés fournissent ensemble le contrôle séparé du programme. C'est à dire que chaque utilisateur a séparément le contrôle de ses copies. Je peux changer mes copies et tu peux changer tes copies, séparément.