Différences entre les versions de « Penser sens code source à la lumière Simondon - Stéphane Couture »

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'''Titre :''' Penser le sens du code source à la lunière de Gilbert Simondon
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Publié [https://www.april.org/penser-le-sens-du-code-source-la-lumiere-de-gilbert-simondon ici] - Octobre 2017
 
 
'''Intervenant :''' Stéphane Couture
 
 
 
'''Lieu :''' Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
 
 
 
'''Date :''' Juillet 2017
 
 
 
'''Durée :''' 35 min 28
 
 
 
'''[https://rmll.ubicast.tv/videos/sens_code_source_32101/ Visionner la vidéo]'''
 
 
 
'''[ Support de la présentation]
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Statut :''' Transcrit MO
 
 
 
==00’==
 
 
 
Mon nom c’est Stéphane Couture. Je suis professeur en communication à l’université York au Canada. En fait, on m’a approché pour faire une présentation sur Simondon, sur Gilbert Simondon ou plutôt en hommage à Gilbert Simondon. Gilbert Simondon est un philosophe de la technique, qui est décédé en 1989 [est-ce que vous m’entendez bien ?] et, en fait, qui est né à Saint-Étienne. Donc Saint-Étienne, comme vous le savez, c’est cette ville-ci, donc c’est pour ça qu’on m’a demandé de parler de Simondon. Et comme j’avais travaillé sur ce philosophe-là et sur le logiciel libre, c’est pour ça qu’on m’a demandé d’en parler. Ceci dit ça fait assez longtemps que j’ai travaillé là-dessus donc j’ai récupéré des documents d’archive, en quelque sorte, pour vous présenter ça.
 
 
 
Qui connaît ici Simondon ? Trois personnes ! Bon.
 
 
 
Donc ma présentation, en fait, va être assez pédagogique. Je vais surtout présenter des extraits de vidéos de Simondon et des extraits de citations de lui, pour montrer un peu l’esprit du philosophe, l’esprit de l’auteur et je vais essayer de voir comment il aurait analysé le logiciel libre, le code source et tout ça. Je vais essayer de faire souvent un petit peu, peut-être que ça va vous interpeller aussi ce que Simondon disait et comment vous voyez son approche, sa réflexion sur le code source.
 
 
 
Vous pouvez visiter ma page web si vous le voulez.
 
 
 
Comme je l’ai mentionné, Gilbert Simondon, on lui attribue beaucoup un philosophe de la technique, mais son œuvre est beaucoup plus large en fait. Il a cherché à passer le concept d’individuation. Comment en fait des êtres, des êtres techniques ou des êtres vivants, viennent à se différencier d’autres êtres et deviennent des individus. Un exemple facile ça serait un bébé. Un bébé, un fœtus, lorsqu’il est dans le ventre de sa mère, il n’y a pas de différence entre la mère et l’enfant, même avant, et progressivement l’enfant devient, est devenu un individu, au point d’être complètement séparé de sa mère. C’est un peu ça qu’il pense, pas seulement la question du fœtus mais l’ensemble des individus. Donc les individus autant techniques que biologiques.
 
 
 
Il est né à Saint-Étienne en 1924. Il est mort le 7 février 89 à Palaiseau près de Paris. Il a défendu sa thèse de doctorat en 58 qui s’appelait <em>L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information</em>. Donc c’est surtout une réflexion en opposition à la cybernétique, s’il y en a qui connaissent la cybernétique. Il a réalisé plusieurs autres publications jusqu’en 69.
 
 
 
Simondon est mort en 89, mais, en fait, il est mort dans la solitude – ça arrive souvent pour des intellectuels – et sa pensée a été redécouverte dans les années 2000. Donc à partir des années 2000, on a commencé à republier ses œuvres, mais ensuite on a trouvé dans ses greniers, dans sa maison, certains extraits de cours, ses notes de cours qu’on a republiées. Et il a commencé à être traduit en anglais vers 2010/2015, donc c’est tout récent. Et souvent ça va aux États-Unis, ça revient ensuite, donc ça se peut que dans quelques années il va être très populaire.
 
 
 
Ceci dit, il a influencé des philosophes très connus, très influents comme Gilbert Deleuze ou Bernard Stiegler, que vous connaissez sans doute peut-être aujourd’hui.
 
 
 
Moi je vais me concentrer ici sur un de ses livres, son livre [<em>Du mode d’existence des objets techniques</em>] qui est, en fait, comme la deuxième partie de sa thèse de doctorat et qui a fait l’objet d’une publication immédiate suite à sa thèse de doctorat en 1958.
 
 
 
Je ne vais pas entrer dans tous les détails de toute sa théorie, je dirais, en fait pour les personnes qui étaient présentes à la présentation de Coline [Coline Ferrarato] il y a deux jours, elle a présenté plus un peu en détail ce qu’était un objet technique.
 
 
 
Moi ce qui m’interpelle beaucoup, en fait, chez son Simondon c’est son objectif que je dirais politique. Il ne parle pas de politique lui-même, mais je le définis comme ça. Comme on peut voir, en fait, dès la première phrase de son ouvrage il dit : «  Cette étude est animée par l’intention de susciter une prise de conscience du sens des objets techniques » OK ? Et même dans le paragraphe suivant il dit que cet objectif lui apparaît aussi important que l’émancipation des esclaves. OK ? Il prend ça très au sérieux et la critique qu’on peut faire à Simondon, ce n’est peut-être pas aussi important que de libérer les esclaves, son projet. Mais c’est un projet qui parle beaucoup aux techniciens, aux gens qui ont une sensibilité technique.
 
 
 
Donc deux choses avant – les personnes que je pensais qui allaient être là ne sont pas là – mais deux choses sur lesquelles je voudrais insister, Simondon n’aborde pas beaucoup les enjeux politiques, économiques, sociaux, donc je ne vais pas beaucoup aborder ça ici ; je pourrai l’aborder dans d’autres présentations ou dans la discussion, mais ce n’est pas l’objet de ma discussion. Ensuite c’est de la philosophie, donc ce n’est pas facile à instrumentaliser. On peut avoir une réflexion à quoi ça sert Simondon, mais pour moi ça sert à comprendre le monde, ça ne sert pas à faire un logiciel libre en tant que tel ou à changer les politiques.
 
 
 
Je vais montrer un extrait de Simondon, qui j‘espère va fonctionner. En fait c’est une vidéo, c’est la seule entrevue avec Simondon qui a été réalisée, par ailleurs, par Radio Canada, par les Québécois en 1968 et ça vous donne un peu une idée du personnage, passée une minute.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Vous vous situez, à votre sens, de quelle façon dans ce courant mécanologique encore rétroactif (???) .
 
 
 
<b>Stéphane Couture : </b>On ne comprend pas très bien.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Vers quoi entendez-vous le faire déboucher ?
 
 
 
<b>Gilbert Simondon : </b>Oui. Je voudrais aller surtout, surtout, vers quelque chose de culturel. Ce qui maintenant me préoccupe le plus, ce n’est pas une étude froide et objective que je crois nécessaire. Une étude froide et objective des choses, je ne veux pas faire un musée, encore que j’en reconnaisse la nécessité et l’utilité. Je voudrais surtout éveiller culturellement mes contemporains en ce qui concerne la civilisation technique ou plutôt les différents feuillets historiques et les différentes étapes d’une civilisation technique. Car j’entends des grossièretés qui me découragent, particulièrement l’objet technique est rendu responsable de tout ; nos civilisations sont techniciennes ; il n’y a pas assez d’âme. Ou bien la civilisation de consommation est rendue responsable des désastres de nos de jours et du désagrément de vivre. Elles n’est pas tellement technicienne notre civilisation, mais quand elle l’est, elle l’est quelquefois très mal. Autrement dit, je crois bien qu’il faudrait apporter un tempérament, qu’il faudrait modifier l’idée selon laquelle nous vivons dans une civilisation qui est trop technicienne, simplement elle est mal technicienne.
 
 
 
<b>Stéphane Couture : </b>Donc il disait qu’elle était mal technicienne. Mais vous voyez, en fait, son objectif c’est de changer le tempérament, la culture. Donc c’est vraiment ça que moi je retiens, que je veux retenir ici.
 
 
 
Donc une des choses que Simondon reconnaît, constate, en fait, ne reconnaît pas, mais il constate dès les premières pages, dès l’introduction, il note un peu comme mentionné dans la vidéo, il note que la culture, en particulier la culture occidentale, est déséquilibrée parce qu’elle reconnaît certains objets, comme l’objet esthétique, comme des objets qui ont du sens, une certaine signification culturelle. Mais d’autres objets, surtout les objets techniques seraient, en fait, sans structure, n’auraient pas de sens, n’auraient pas de signification ; ce seraient des êtres, des individus, qui seraient morts, inertes. OK ? En fait c’est contre ça qu’il s’oppose.
 
 
 
Pour Simondon, ce qu’il appelle ce déséquilibre ou ce malaise de la technique, a pour conséquence ou a pour symptôme, deux attitudes différentes face à la technique.
 
 
 
D’une part l’idolâtrie. Donc les personnes qui sentent la signification ou qui sentent, en fait, qu’il y a un sens aux objets techniques, qu’un objet technique peut être beau, ou peut avoir, je vais en reparler tout à l’heure, mais ce sont les mots qu’il utilise, peuvent avoir une certaine poésie mais ne sont pas capables de l’exprimer en tant que poésie parce que ce n’est pas reconnu dans la société, donc ce qu’ils vont faire c’est qu’ils vont idolâtrer des objets techniques. Donc une espèce d’idolâtrie de la technologie.
 
 
 
Vous avez sûrement entendu ça, une technophilie ambiante, des gens, en fait, croient que Facebook ou que n’importe quelle technologie va sauver le monde.
 
 
 
Et de l’autre part un dénigrement : l’objet technique n’est que purement fonctionnel, sans signification, et en fait c’est d’aucun intérêt, on ne va pas l’étudier de façon anthropologique ou culturelle ou quelque chose comme ça.
 
 
 
Donc en fait Simondon réagissait à plusieurs autres auteurs de son époque, notamment Jacques Ellul et ??? qui notaient que la technologie envahissait le monde et qu’on devenait un monde de plus en plus froid et inhumain.
 
 
 
Ce que Simondon dit c’est que, au contraire, en fait, la technologie ce n’est pas un nouveau dieu. OK ! Ce n’est pas non plus un monde inerte, mais en revanche c’est quelque chose d’humain, il faut l’appréhender comme quelque chose d’humain de façon très humble, ni plus ni moins que ça.
 
 
 
==10’ 38==
 
 
 
Une des choses, on en a parlé avant-hier à la présentation,
 

Dernière version du 17 octobre 2017 à 07:09


Publié ici - Octobre 2017