Logiciels libres, un modèle pour le développement durable

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche


Titre : Les logiciels libres, un modèle pour le développement durable de notre société.

Intervenant : Samuel Chenal

Lieu : Fêtons Linux - Genève

Date : Mai 2014

Durée : 51 min 56

Lien vers la vidéo : [1]


00' transcrit MO

Et ça fait aussi quelques années que je me suis intéressé aussi au développement durable et notamment aux liens qu'il y a entre développement durable et les logiciels Libres. Et on va voir qu'il y a des similitudes, des convergences qui sont très intéressantes.

Avant de pouvoir faire le lien entre ces deux mondes, il faut rapidement faire un petit résumé des logiciels libres. C'est une conférence populaire. Je ne suis pas sûr que tout le monde ici est un féru de logiciels libres et de Linux. Je vais y aller aussi assez rapidement pour aller au vif du sujet.

Est dit libre un logiciel qui respecte les quatre libertés fondamentales des logiciels libres. Donc de pouvoir utiliser le logiciel dans tous les usages et sans restrictions. Quand on parle de restrictions, il peut s'agir de restrictions géographiques, temporelles, de types d'usage ou de types d'utilisateurs. De pouvoir étudier le logiciel, c'est-à-dire avoir accès au code source et donc de pouvoir le comprendre. C'est aussi quelque chose d'important.

De pouvoir redistribuer des copies du logiciel de manière payante ou de manière gratuite. Ça c'est toujours quelque chose d'ouvert.

Et de pouvoir améliorer le logiciel et de publier ces améliorations et de les rendre, si on veut, ces améliorations à la communauté.

Donc de toutes ces libertés, la dernière est celle qui est la plus virale entre guillemets. C'est celle qui permet une amélioration continue des logiciels libres dans la société, dans la communauté.

On oppose souvent les logiciels libres aux logiciels propriétaires, qu'on appelle privatifs souvent, parce qu'ils privent de liberté les utilisateurs. Effectivement ces deux modèles s'opposent beaucoup. Si on prend des logiciels privatifs classiques du type Microsoft Office, même FileMaker Pro, iTunes, Photoshop par exemple, tout ça, ces logiciels ne respectent pas ces quatre libertés, ou ils n'en respectent peut-être qu'une seule, mais pas les quatre. Et il y a un point très important qu'il faut noter sur ces quatre libertés des logiciels libres. Ce ne sont pas des libertés qui s'attachent au logiciel en tant que tel. Ce sont des libertés qui touchent l'utilisateur, l’être humain qui les utilise. C'est vraiment ça qui est important dans les logiciels libres, c'est la liberté de l’utilisateur qui est en jeu.

Les logiciels libres sont protégés, puisque effectivement comme ils sont ouverts, ils doivent être protégés. Ils sont protégés en général par une licence. Un logiciel libre ne veut pas dire sans licence. Une licence qui est très populaire, c'est la licence GPLv3 qui est une licence qui garantit les quatre libertés dont j'ai parlé tout à l'heure. Il existe de nombreuses autres licences, qui ont des variantes, mais globalement elles ont toutes le même but de défendre ces quatre libertés. Ce sont des outils juridiques. On peut les utiliser dans des procès, dans des actions juridiques, pour défendre les droits des contributeurs ou des organismes ou des entreprises qui éditent des logiciels libres, pour garantir leurs droits.

Là on plonge rapidement sur des exemples de logiciels libres. Celui-là vous le connaissez sans doute, Linux, le noyau des systèmes d'exploitation. Il existe des centaines de distributions Linux différentes adaptées à tous les besoins. C'est vraiment le noyau de ces systèmes libres.

Si on prend un peu de recul on voit qu'il y aussi d'autres logiciels libres de la vie courante si on veut. Il y en des milliers par contre, là, des logiciels classiques de type Office, par exemple tableur, traitement de textes, etc, donc LibreOffice est un très bon exemple. Nous avons également le Gimp qui est un traitement de photos, extrêmement puissant. En dessous nous avons Inskape qui est un logiciel de dessin vectoriel, C'est d’ailleurs avec ce logiciel que j'ai pu faire cette présentation, de manière assez simple d'ailleurs. Ensuite un peu au-dessus nous avons VLC qui est logiciel de lecture vidéo. En dessous on a Scribus, qui est un logiciel de PAO, qui permet de faire des publications, des brochures, des affiches. Après bien sûr Firefox qui est très connu, très populaire comme navigateur. On a Blender qui un logiciel assez énorme, pour moi, c'est très complexe, très riche, pour pouvoir faire de la modélisation 3D, de l'animation 3D. Et Debian qui lui est une distribution Linux complète, open source, libre qui utilise bien sûr le pingouin comme moteur. Ça c'est un exemple parmi des milliers, évidemment.

Quand on parle des logiciels libres, on se rend compte qu'on parle aussi des valeurs qu'il y a derrière. Le mouvement des logiciels libres, l'esprit du libre, ce n'est pas uniquement de l’informatique, c'est beaucoup d’être humain, beaucoup de collaboration et finalement une forme de militantisme. Donc ce n'est pas qu'un mouvement technologique.

Là j'ai pris quelques valeurs qui me touchent particulièrement. On a la création participative, la liberté d'usage, de distribution, d'adaptation, l'indépendance, la liberté de choix, l’accès à l'information de manière transparente, équitable et pérenne. Et là on commence à voir dans ces valeurs qui sous-tendent le mouvement des logiciels libres les liens qu'il pourrait y avoir avec le développement durable. On parle de pérennité, on parle d'équité, on parle de liberté d'usage et d'indépendance. Donc on commence à voir les liens avec le développement durable qui sont finalement assez forts. Il y a une chose importante aussi dans le mouvement des logiciels libres, c'est, dans les années nonante, l'avènement d'internet, la création de communautés, de développeurs, de contributeurs et d'utilisateurs de logiciels libres, c'est ce qui a fait un peu exploser le mouvement, qui a fait croître ce mouvement à des dimensions importantes, et, c'est grâce à ces communautés que le libre a pu se développer. Mais ce qui est vraiment important là-dedans c'est que c'est un espèce de changement modèle. On a le modèle classique qui est le modèle des éditeurs et des acheteurs de logiciels. Et là on est dans un modèle beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe, avec un réseau d'individus qui sont à la fois des contributeurs, des acheteurs, des développeurs, des utilisateurs, des etc. Donc c'est vraiment multi casquettes, multi rôles.

Donc je repose la question. En quoi les logiciels libres sont-ils un modèle pour le développement durable ? C'est quand même assez ambitieux comme postulat. Pour pouvoir y répondre, je vais faire la même chose que ce que j'ai fait avec les logiciels libres mais avec le développement durable. Là on pourrait en parler de heures, ce n'est pas forcément le lieu pour. Je vais quand même essayer de très rapidement vous donner quelques clefs pour brosser le portrait du développement durable, pour pouvoir justement faire ces liens et prendre des exemples cohérents.

Cette phrase est issue, sauf erreur, d'un rapport, le rapport Brundtland qui était paru à la fin des années 80, qui définissait le développement durable, plus ou moins. « Un développement durable est un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Dit comme ça, ça paraît assez évident, finalement. On vit dans une monde fermé. C'est une terre ; elle n'est pas extensible. Il y a un capital de ressources qui est peut-être connu, qui est fini en tout cas, on ne peut pas l'étendre à l'infini. On n'a pas d'autre planète à choir. On n'a pas d'autre planète de réserve. On doit l'utiliser de manière pérenne, si on ne veut pas que les générations futures n'aient plus de ressources pour leur propre développement. Donc le développement durable s’appuie sur trois piliers de la société. C'est quelque chose que vous avez sans doute déjà vu. C'est peut-être plus médiatisé que le Logiciel Libre. C'est cette fameuse, ce que j'appelle les « patates durables ». Ce sont les trois grands trois piliers, social, économique, écologique, avec toutes les intersections qu'il y a entre ces trois piliers.

Lorsqu’on a une idée et qu’on souhaite savoir si elle est durable ou pas, eh bien on essaye de la placer dans ces patates durables. Je ne sais pas, il peut y avoir des dizaines d'exemples, il y en a des dizaines d'exemples et qui ne sont du tout liés à l'informatique, en l’occurrence. Par exemple un projet communal de chauffage à distance au biogaz, pour réutiliser les déchets agricoles. Par exemple une association qui lance un projet de nettoyage d'un cours d'eau, d'une rivière, avec les citoyens. Il peut y avoir un projet de transport public, il peut y avoir les écoquartiers, par exemple. On parle beaucoup des écoquartiers en ce moment. Les écoquartiers s'inscrivent vraiment bien dans ce modèle. Il y a des organismes internationaux, vous avez sans doute entendu parler du protocole de Kyoto, du sommet de la Terre, du sommet de Rio, es objectifs du millénaire, etc, le GIEC. Tous ces organismes internationaux donnent des directives, ils donnent des grandes directives et les états les prennent ou ne les prennent pas. Ensuite édictent des lois. Ensuite ça descend au niveau des cantons pour la Suisse, avec des agendas 21, des agendas 21 communaux, dans lesquels les citoyens sont impliqués pour les choix de société qui vont être pris.

Là où je veux en venir c'est qu'il y a dans l'esprit du développement durable, il y a la volonté d'impliquer le citoyen. Ce ne sont pas uniquement des technocrates qui sont à un niveau très élevé dans la hiérarchie humaine, sin on veut, au niveau international, qui vont prendre ces choix-là directement. C'est bien dans l'implication des citoyens que cela peut marcher.

10' 35

Voilà. On a maintenant un peu un état des lieux de ces deux domaines, ces deux mondes. On sait un peu comment ils fonctionnent. On sent bien qu'il y a des liens de valeur qui sont derrière ces deux domaines et maintenant on va prendre des exemples. On va prendre des exemples de convergence entre le Logiciel Libre et le développement durable et on va plonger dans ces patates durables pour prendre quelques exemples.

Premier volet, volet social. Donc je prendrai l’exemple de la réduction du fossé numérique. Je ne sais pas si vous connaissez le fossé numérique : des gens qui sont dans le dénuement ne peuvent pas accéder à l'information, ne peuvent pas accéder à l’informatique par manque de moyens. Avec du libre, avec des logiciels libres, on peut créer un poste de travail à un coût dérisoire. On peut acheter un ordinateur de seconde main, y installer des logiciels libres, donc sans aucun coût additionnel et de manière totalement légale, je précise, pour pouvoir avoir un mail, un traitement de textes, se connecter à internet, participer à des forums, à des réseaux sociaux, c’est-à-dire être connecté la société, participer en tant que citoyen à la société, ce qui est très important dans le mouvement.

Partie équitable maintenant. On a un exemple qui n'est pas trop facile à expliquer. Ce sont les formats de fichiers. Un logiciel, quel qu'il soit, produit des données, dans un format, dans un fichier. Par exemple un traitement de textes, un tableur, produit des données. Maintenant les logiciels privatifs, eux, fournissent des formats de fichiers qui sont fermés, qui sont cryptés, qui sont opaques. On ne sait pas comment l'information y est sauvegardée. Donc on a un certain nombre de problèmes. Sur le court terme on n'en a pas réellement, on en a seulement quand on reçoit un de ces fichiers, on est obligé de se procurer l'application qui l'a produit et la plupart du temps il faut l'acheter. Mais qu'est-ce qui se passe si la société qui l'a produite fait faillite ou décide de son propre chef d’arrêter l'édition de ce logiciel ? Eh bien le client est captif, le client est complètement captif de cette situation. Il ne peut plus lire, il ne pourra plus lire, après un certain temps, il ne pourra plus lire les informations qu'il a lui même créées. C'est absurde. C'est complètement absurde. Avec les formats ouverts, la structure même du fichier est complètement libre et diffusée sur internet. Du coup on peut imaginer d'en recréer une application, relire un fichier dix ans ou quinze ans ou vingt ans après. Donc il y a cette notion de pérennité et de transparence qui est très importante dans les logiciels libres. Au niveau économique. Alors on pourrait croire que logiciel libre, gratuité, on ne peut pas faire d'économie. Non, c'est faux ! En fait, on peut faire de l'économie, ce n'est pas uniquement pour des manifestations telles qu'aujourd'hui, philanthropiques ou de ce type. C'est un autre modèle. En fait c'est un autre modèle. C'est un modèle orienté sur le service, alors que les logiciels privatifs eux ont un modèle qui est essentiellement basé sur les licences, où on doit acheter un licence, payer de la maintenance tous les ans, dans les entreprises c'est ce qui se passe, ça peut être des fois très cher. Dans le monde du libre, eh bien, c'est plutôt le service qui est valorisé. Par exemple je trouve un logiciel libre sur internet, pour mon entreprise, je le télécharge, je le teste, je conçois qu'il convient bien à mes besoins, à part, je donne un exemple, que son interface n'est pas en français, elle est en anglais, en allemand, mais il me faudrait l'interface en français. Qu'est-ce que je fais ? Je m'adresse à une société de service informatique locale et je lui demande « Est-ce que vous pourriez me traduire cette interface en français » ? Comme le code source est libre, eh bien,ils ont les connaissances. Les langages de programmation sont également libres donc ils peuvent, ils ont tous les éléments en main pour pouvoir développer cette interface. Donc ils vont me demander de l'argent, un montant d'argent pour pouvoir faire ce travail. Je vais les payer et je vais pouvoir utiliser ma nouvelle fonctionnalité. Et cette nouvelle fonctionnalité va être réinjectée dans le socle des logiciels libres. C'est-à-dire que n'importe qui télécharge cette application dans le futur pourra bénéficier de cette interface en français.

Donc il y a, dans le Logiciel Libre, cette notion de gratuité, en quelque sorte, de liberté de téléchargement, mais il y a aussi cette idée de redistribution. On redistribue les choses qu'on a nous-mêmes contribué à créer. Sans compter que bien sûr, l'économie du libre est basée essentiellement sur une économie locale, donc c'est toujours plus intéressant de payer une société locale, à deux pas de chez soi, plutôt que d'envoyer des grosses sommes d'argent à une énorme société à l'autre bout du monde.

Il y a souvent trois mots qui reviennent dans l'économie du Logiciel Libre, l'émulation, la compétition, la qualité. Je ne sais pas si vous avez suivi la présentation de François Marthaler, il en a également parlé, c'est un modèle qui pousse à la qualité. Le code source est libre, donc tous les acteurs, contributeurs, à un projet libre sont à un niveau d'égalité. Ils savent exactement ce qui a déjà été développé. Ils ont tous les éléments en main pour pouvoir faire le travail. Du coup il y a cette compétition, cette coopération-compétition, entre les développeurs pour pouvoir réaliser le code le plus propre, le plus bien réalisé et le plus efficace. Donc au final c'est la qualité qui prime. Et il y a des études qui ont été sorties récemment qui prouvent qu'un Logiciel Libre, au niveau purement du code, a un niveau de qualité supérieure à un logiciel propriétaire équivalent.

Si on prend maintenant au niveau écologique. Ça reste de l'informatique. On pourrait se dire, c'est de toute manière polluant, c'est de toute manière vorace en matière d'énergie, c'est donc forcément mauvais. Mais on peut le voir d'un autre angle. Je vais prendre l'aspect sur la lutte contre l'obsolescence programmée qui a déjà été abordée par François Marthaler tout à l'heure. On peut trouver des pistes pour prolonger la durée de vie des ordinateurs. Je vais prendre un exemple. Je vais m'écarter de la caméra. Voilà. Ici on pourra le voir après si vous voulez descendre après pour le voir. Ici j'ai un ordinateur, vous voyez sa spécification à l'écran. Là c’était la vidéo Bug Bunny, libre évidemment, qui passait. C'est un ordinateur qui a onze ans et sur lequel j'ai installé la dernière version de Ubuntu, Lubuntu, qui est dédié aux ordinateurs de faible capacité, aux ordinateurs anciens et il se débrouille extrêmement bien. C'est un ordinateur qui consomme, juste après le démarrage, environ 100 méga de mémoire vive. Et si vous le comparez à un système d'exploitation privatif propriétaire actuel, comme Windows 7 ou Windows 8 ou MacOS 10, eh bien vous vous rendrez compte qu'il consomme moins que dix fois la quantité de mémoire consommée par ces concurrents.

Voilà quelques exemples des logiciels libres dans un contexte de développement durable. Mais, là où la conférence touche un point qui est à mon avis très intéressant, c'est qu'on ne se limite aux seuls logiciels et à la seule informatique. Vous l’avez vous vu également sur le salon. Il y a des stands qui ne touchent pas que l'informatique. L'esprit du libre inspire bien au-delà de l'informatique.

Je vais reprendre un élément qui a été aussi abordé tout à l'heure. C'est l'open hardware, c'est la même philosophie que l'open source, c'est à dire les logiciels libres, mais appliquée au matériel. Ce n'est pas forcément le hardware, comme on entend, l'ordinateur, le PC, ça peut être autre chose, ça peut être une éolienne par exemple. J'ai trouvé, en cherchant un petit peu, on peut trouver des plans d'une éolienne, libres sur Internet. Après il faut être bricoleur, c'est aussi pour ça que je l'ai mis dans la partie écologique, mais on peut imaginer bricoler, créer, inventer et redonner à la communauté pour que d'autres puissent les reprendre, les améliorer et les remettre à la communauté et ainsi de suite. C'est donc une forme de cycles positifs, si on veut, qui s'améliore.

Il y a plusieurs types d'organismes, d'associations qui tournent autour de l'open hardware. Les FabLabs c'est plus institutionnel. Ce sont des espaces qui sont mis à disposition soit d'entreprises, soit de particuliers, pour pouvoir tester du matériel, faire des prototypes, etc, et pour pouvoir comprendre comment fonctionnent les objets également. Ce sont des ateliers qui sont équipés de machines. Mais il y a aussi les hackersspaces qui sont, eux, des associations beaucoup plus proches de la société civile, si on veut, ce sont vraiment des regroupements d'individus, qui ont comme passion la recherche de comment fonctionnent les choses, les appareils, les machines. Vous avez un très bon exemple avec le Post Tenebras Lab, juste derrière, dans la manifestation. Ce sont des gens qui cherchent à comprendre les choses, qui essayent de construire eux-mêmes. On est toujours dans le mouvement « Do It Yourseft », le mouvement des Makers des États-Unis, c'est se réapproprier la fabrication des choses.

21' 02

J'ai un exemple aussi intéressant avec le Fairphone. Est-ce que certains connaissent le Fairphone dans l'assemblée ? Ah ! Je crois qu'il y en a un qui en a un. Ce serait intéressant d'aller voir. Le Fairphone est une initiative à mon avis très intéressante, qui est partie d'un financement participatif. C'est une société néerlandaise qui a eu l'idée de créer un téléphone qui est orienté écologie et social dans sa production. C’est-à-dire qu'il y a, sauf erreur, deux matériaux, le tantale et l'étain, qui sont, on va dire, extraits d'une mine sans conflits en Afrique. Ils sont allés en Afrique vérifier que la mine fonctionnait de manière correcte, que les enfants ne travaillent pas, etc, que les déchets sont correctement recyclés. Et ils ont fait pareil en Chine sur une usine, il ne s'agit pas de Foxconn évidemment, où ils ont mis des exigences très fortes pour la Chine, on est bien d'accord, afin d'avoir une force de travail en Chine qui soit beaucoup plus protégée. Mais à mon avis ce qui est aussi très important dans le Fairphone c'est qu'il a été conçu pour la durabilité. Il a été conçu pour durer. La batterie n'est pas soudée. Il y a deux emplacements pour les cartes SIM. Les plans sont quasiment open hardware. Je n'ai pas trouvé toutes les informations là-dessus, mais c'est en tout cas l'optique qu'ils ont, c'est d'avoir le plus possible de composants ouverts, et la couche logicielle qui est par-dessus Android, elle, est complètement open source.

Il y a un autre exemple qui m'intéresse aussi beaucoup, c'est la iFixit. C'est un réseau participatif sur Internet qui regroupe des manuels de réparation que les gens ont bien voulu créer pour ce site. Il y a un logiciel pour pouvoir créer les manuels de réparation qui est très bien fait. Et pour la petite histoire Fairphone a livré les plans de réparation de son téléphone à iFixit directement.

Je vais passer assez vite là-dessus parce que c'est quelque chose que tout le monde connaît. Il ne s'agit pas d'informatique ici. Il s'agit de connaissance libre et participative. C'est, à mon avis, un des exemples majeurs, le fer de lance de l'esprit du libre, dans l'informatique et en dehors de l’informatique. C'est quelque chose qu'il faut soutenir à tout prix. C’est une énorme chance d'avoir ce type de ressources sur la toile.

Je vais parler aussi un petit peu des licences, des licences, mais qui ne sont liées aux logiciels cette fois-ci, des licences qui sont liées au droit sur la propriété intellectuelle. Donc nous, tout le monde, peut créer quelque chose d'intellectuel, un œuvre d'art, une photo, un morceau de musique ou, que sais-je, une poésie, par exemple, et automatiquement, si on ne dit rien, on a un copyright. Copyright veut dire tous les droits réservés. C'est le fameux C, qui habituellement est dans l'autre sens.

Maintenant, vous ne pouvez pas, avec le copyright, dire j'aimerais garder des droits, mais j'aimerais aussi libérer des droits aux usagers qui vont pouvoir récupérer mon œuvre. C'est le principe du copyleft et des Creative Commons, c’est de pouvoir avoir une forme de flexibilité dans les droits qu'on octroie aux personnes qui vont pouvoir bénéficier de nos œuvres. Et ça permet, je ne vais pas entrer dans le détail parce que ça nous amènerait trop loin, mais ça permet de reprendre le modèle des logiciels libres et des quatre libertés, adapté à des œuvres de l'esprit comme une photo, un morceau de musique, etc. Jamendo est un réseau de musique Creative Commons. Wikipédia, toutes les images dans Wikipédia, sont en Creative Commons.

Je me suis beaucoup intéressé, j'ai lu un livre qui s'appelle « Utopie du Logiciel Libre – Du bricolage informatique à la réinvention sociale », de Sébastien Broca, aux Editions Le Passager clandestin, qui est excellent, et qui, lui aussi, reprend la philosophie du libre et qui découvre effectivement dans ce livre et qui explique les mouvements qui sont en train de naître dans la société, en dehors de l'esprit du libre informatique pur, mais dans l'open hardware et dans d'autres domaines.

Pour être cohérent, voyez, il y a le C copyright ici avec le C de copyleft en-dessus, je me suis intéressé à savoir quelle était la licence de ce livre. Donc si on regarde à la page 3, et sauf erreur pour vous aussi, donc le livre en lui-même est en copyright. C'est un objet matériel. On n'est pas encore au point de libérer les objets matériels à ce point. En revanche, c'est marqué, « cet ouvrage est placé dans sa version numérique sous licence Creative Commons et sera consultable librement sur le site Internet de l'éditeur ». Donc ils ont une forme de cohérence qui est excellente. Cela ne voulant pas dire qu'on peut aller pomper effectivement tout le texte pour ne rien payer. Encore une fois il y a toute la logique de distribution, on se rappelle, la logique du libre : on prend mais on rend aussi. Si c'est un livre qui nous intéresse eh bien on l’achète. Si c’est simplement pour aller chercher une référence, on peut y aller librement sans l’acheter. Si on n'a pas d'argent, on peut quand même le lire. Voilà, c'est ça un peu la philosophie qui est derrière. Sur la partie durable, c'est-à-dire l'intersection des trois piliers, social, économie, environnement, il y a l'open source écologie dont on a déjà parlé cet après-midi sauf erreur, mais pour ne pas avoir de redite, je vais vous passer une petite vidéo qui explique ce mouvement, qui est en anglais, mais qui est sous-titré français.

27' 05

Vidéo sous titrée

31' 13

Vous voyez, Creative Commons, la présentation est libre avec des droits particuliers qui lui sont octroyés.

Nous avons fait le tour de ces exemples d'inspiration des logiciels libres, de l'esprit du libre, sur d'autres domaines et ce qu'on a observé, beaucoup de choses, on a observé beaucoup de similitudes, mais ce qu'on a surtout observé c'est que ces deux modèles prônent la réappropriation des composants de notre société par les citoyens devenus contributeurs actifs.

J'ai également un autre exemple à vous montrer. Je ne sais pas si vous connaissez la Revue Durable. C'est une revue excellente qui parle de durabilité. Ce n'est pas une revue qui parle de logiciel, effectivement, c'est une revue qui est orientée sur la durabilité. Je relèverai deux numéros de cette revue qui sont à mon avis intéressants, c'est le 49, sur les technologies de l'information et de la communication et l'impératif de sobriété pour ces TIC. Et il y a le 51 qui est le dernier qui est sorti sur l'énergie citoyenne. Et ce qui est très intéressant dans ce numéro c'est que l'énergie citoyenne c'est quoi ? C'est la réappropriation de la production d'énergie renouvelable, par le citoyen, dans le cadre de coopératives, de mise en commun des efforts et des moyens pour pouvoir réussir la transition énergétique. Rien de moins que ça. Ça ressemble à s'y méprendre à tout le reste qu'on a vu aujourd'hui. Si vous êtes intéressés par la Revue Durable, excellente revue donc, ,'ai quelques exemplaires ici, du 49 et du 51, qui sont vendus à dix francs pièce, donc à presque la moitié du prix de base, si cela vous intéresse.

Que faire, quand on va sortir de cette pièce, et qu'on aimerait mettre en pratique ceci ? Ça paraît quand même peut-être très très vaste. On ne sait pas par où s'y prendre. Moi, ce que je peux vous conseiller de faire c'est d'essayer les logiciels libres, si vous ne les essayez pas déjà. Cela vous permettra de prendre conscience de la richesse qu'il y a derrière ces logiciels et surtout d'une forme de mascarade qu'il y a derrière le modèle traditionnel des logiciels privatifs.

De soutenir les communs. Les communs c'est précieux, c'est précieux dans notre monde, il faut les soutenir et il faut y contribuer. Et l’avantage avec Wikipédia c'est qu'on peut y contribuer sans connaître une once d'informatique. La plupart du temps ce sont des boîtes à remplir et à cocher, il n'y a pas besoin d’être un développeur pour pouvoir contribuer.

Et le dernier c'est de faire connaître l'esprit du libre comme on l'a vu aujourd'hui.

Voici quelques crédits et sources puisque qui dit Logiciel Libre ou esprit du libre ne dit pas on fait ce qu'on veut avec la connaissance. On doit citer ses sources, très important, elles doivent toujours être citées. Ici ce sont quelques éléments sur lesquels je me suis appuyé pour faire cette conférence. Et bien sûr cette conférence en elle-même est en Creative Commons. Donc si vous souhaitez la réutiliser pour l’améliorer, libre à vous. Les seules deux contraintes que vous avez, c'est de citer son auteur original, quand même, et de garder la même licence pour votre propre travail. C'est aussi simple que cela, c'est la philosophie du libre qui est derrière. Et en plus c'est un format ouvert, c'est un format SDG qui est tout à fait améliorable et éditable par n'importe quel logiciel libre de ce type.

Un petit d zoom sur les deux symboles de la présentation que j'ai choisie, Wikimédia Commons qui est à mon avis un très bon porte étendard du libre dans la connaissance et les trois patates durables que j'ai utilisées. Voilà, j'ai terminé ma présentation, on peut passer, je pense, aux questions.

Animateur : On attend les questions. Donc qui veut passer en premier ? Pas de questions ?

36' 00

Public : Tout d'abord merci pour cette présentation très intéressante.