Logiciels libres, un modèle pour le développement durable

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Titre : Les logiciels libres, un modèle pour le développement durable de notre société.

Intervenant : Samuel Chenal

Lieu : Fêtons Linux - Genève

Date : Mai 2014

Durée : 51 min 56

Lien vers la vidéo : [1]


00' transcrit MO

Et ça fait aussi quelques années que je me suis intéressé aussi au développement durable et notamment aux liens qu'il y a entre développement durable et les logiciels Libres. Et on va voir qu'il y a des similitudes, des convergences qui sont très intéressantes.

Avant de pouvoir faire le lien entre ces deux mondes, il faut rapidement faire un petit résumé des logiciels libres. C'est une conférence populaire. Je ne suis pas sûr que tout le monde ici est un féru de logiciels libres et de Linux. Je vais y aller aussi assez rapidement pour aller au vif du sujet.

Est dit libre un logiciel qui respecte les quatre libertés fondamentales des logiciels libres. Donc de pouvoir utiliser le logiciel dans tous les usages et sans restrictions. Quand on parle de restrictions, il peut s'agir de restrictions géographiques, temporelles, de types d'usage ou de types d'utilisateurs. De pouvoir étudier le logiciel, c'est-à-dire avoir accès au code source et donc de pouvoir le comprendre. C'est aussi quelque chose d'important.

De pouvoir redistribuer des copies du logiciel de manière payante ou de manière gratuite. Ça c'est toujours quelque chose d'ouvert.

Et de pouvoir améliorer le logiciel et de publier ces améliorations et de les rendre, si on veut, ces améliorations à la communauté.

Donc de toutes ces libertés, la dernière est celle qui est la plus virale entre guillemets. C'est celle qui permet une amélioration continue des logiciels libres dans la société, dans la communauté.

On oppose souvent les logiciels libres aux logiciels propriétaires, qu'on appelle privatifs souvent, parce qu'ils privent de liberté les utilisateurs. Effectivement ces deux modèles s'opposent beaucoup. Si on prend des logiciels privatifs classiques du type Microsoft Office, même FileMaker Pro, iTunes, Photoshop par exemple, tout ça, ces logiciels ne respectent pas ces quatre libertés, ou ils n'en respectent peut-être qu'une seule, mais pas les quatre. Et il y a un point très important qu'il faut noter sur ces quatre libertés des logiciels libres. Ce ne sont pas des libertés qui s'attachent au logiciel en tant que tel. Ce sont des libertés qui touchent l'utilisateur, l’être humain qui les utilise. C'est vraiment ça qui est important dans les logiciels libres, c'est la liberté de l’utilisateur qui est en jeu.

Les logiciels libres sont protégés, puisque effectivement comme ils sont ouverts, ils doivent être protégés. Ils sont protégés en général par une licence. Un logiciel libre ne veut pas dire sans licence. Une licence qui est très populaire, c'est la licence GPLv3 qui est une licence qui garantit les quatre libertés dont j'ai parlé tout à l'heure. Il existe de nombreuses autres licences, qui ont des variantes, mais globalement elles ont toutes le même but de défendre ces quatre libertés. Ce sont des outils juridiques. On peut les utiliser dans des procès, dans des actions juridiques, pour défendre les droits des contributeurs ou des organismes ou des entreprises qui éditent des logiciels libres, pour garantir leurs droits.

Là on plonge rapidement sur des exemples de logiciels libres. Celui-là vous le connaissez sans doute, Linux, le noyau des systèmes d'exploitation. Il existe des centaines de distributions Linux différentes adaptées à tous les besoins. C'est vraiment le noyau de ces systèmes libres.

Si on prend un peu de recul on voit qu'il y aussi d'autres logiciels libres de la vie courante si on veut. Il y en des milliers par contre, là, des logiciels classiques de type Office, par exemple tableur, traitement de textes, etc, donc LibreOffice est un très bon exemple. Nous avons également le Gimp qui est un traitement de photos, extrêmement puissant. En dessous nous avons Inskape qui est un logiciel de dessin vectoriel, C'est d’ailleurs avec ce logiciel que j'ai pu faire cette présentation, de manière assez simple d'ailleurs. Ensuite un peu au-dessus nous avons VLC qui est logiciel de lecture vidéo. En dessous on a Scribus, qui est un logiciel de PAO, qui permet de faire des publications, des brochures, des affiches. Après bien sûr Firefox qui est très connu, très populaire comme navigateur. On a Blender qui un logiciel assez énorme, pour moi, c'est très complexe, très riche, pour pouvoir faire de la modélisation 3D, de l'animation 3D. Et Debian qui lui est une distribution Linux complète, open source, libre qui utilise bien sûr le pingouin comme moteur. Ça c'est un exemple parmi des milliers, évidemment.

Quand on parle des logiciels libres, on se rend compte qu'on parle aussi des valeurs qu'il y a derrière. Le mouvement des logiciels libres, l'esprit du libre, ce n'est pas uniquement de l’informatique, c'est beaucoup d’être humain, beaucoup de collaboration et finalement une forme de militantisme. Donc ce n'est pas qu'un mouvement technologique.

Là j'ai pris quelques valeurs qui me touchent particulièrement. On a la création participative, la liberté d'usage, de distribution, d'adaptation, l'indépendance, la liberté de choix, l’accès à l'information de manière transparente, équitable et pérenne. Et là on commence à voir dans ces valeurs qui sous-tendent le mouvement des logiciels libres les liens qu'il pourrait y avoir avec le développement durable. On parle de pérennité, on parle d'équité, on parle de liberté d'usage et d'indépendance. Donc on commence à voir les liens avec le développement durable qui sont finalement assez forts. Il y a une chose importante aussi dans le mouvement des logiciels libres, c'est, dans les années nonante, l'avènement d'internet, la création de communautés, de développeurs, de contributeurs et d'utilisateurs de logiciels libres, c'est ce qui a fait un peu exploser le mouvement, qui a fait croître ce mouvement à des dimensions importantes, et, c'est grâce à ces communautés que le libre a pu se développer. Mais ce qui est vraiment important là-dedans c'est que c'est un espèce de changement modèle. On a le modèle classique qui est le modèle des éditeurs et des acheteurs de logiciels. Et là on est dans un modèle beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe, avec un réseau d'individus qui sont à la fois des contributeurs, des acheteurs, des développeurs, des utilisateurs, des etc. Donc c'est vraiment multi casquettes, multi rôles.

Donc je repose la question. En quoi les logiciels libres sont-ils un modèle pour le développement durable ? C'est quand même assez ambitieux comme postulat. Pour pouvoir y répondre, je vais faire la même chose que ce que j'ai fait avec les logiciels libres mais avec le développement durable. Là on pourrait en parler de heures, ce n'est pas forcément le lieu pour. Je vais quand même essayer de très rapidement vous donner quelques clefs pour brosser le portrait du développement durable, pour pouvoir justement faire ces liens et prendre des exemples cohérents.

Cette phrase est issue, sauf erreur, d'un rapport, le rapport Brundtland qui était paru à la fin des années 80, qui définissait le développement durable, plus ou moins. « Un développement durable est un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Dit comme ça, ça paraît assez évident, finalement. On vit dans une monde fermé. C'est une terre ; elle n'est pas extensible. Il y a un capital de ressources qui est peut-être connu, qui est fini en tout cas, on ne peut pas l'étendre à l'infini. On n'a pas d'autre planète à choir. On n'a pas d'autre planète de réserve. On doit l'utiliser de manière pérenne, si on ne veut pas que les générations futures n'aient plus de ressources pour leur propre développement. Donc le développement durable s’appuie sur trois piliers de la société. C'est quelque chose que vous avez sans doute déjà vu. C'est peut-être plus médiatisé que le Logiciel Libre. C'est cette fameuse, ce que j'appelle les « patates durables ». Ce sont les trois grands trois piliers, social, économique, écologique, avec toutes les intersections qu'il y a entre ces trois piliers.

Lorsqu’on a une idée et qu’on souhaite savoir si elle est durable ou pas, eh bien on essaye de la placer dans ces patates durables. Je ne sais pas, il peut y avoir des dizaines d'exemples, il y en a des dizaines d'exemples et qui ne sont du tout liés à l'informatique, en l’occurrence. Par exemple un projet communal de chauffage à distance au biogaz, pour réutiliser les déchets agricoles. Par exemple une association qui lance un projet de nettoyage d'un cours d'eau, d'une rivière, avec les citoyens. Il peut y avoir un projet de transport public, il peut y avoir les écoquartiers, par exemple. On parle beaucoup des écoquartiers en ce moment. Les écoquartiers s'inscrivent vraiment bien dans ce modèle. Il y a des organismes internationaux, vous avez sans doute entendu parler du protocole de Kyoto, du sommet de la Terre, du sommet de Rio, es objectifs du millénaire, etc, le GIEC. Tous ces organismes internationaux donnent des directives, ils donnent des grandes directives et les états les prennent ou ne les prennent pas. Ensuite édictent des lois. Ensuite ça descend au niveau des cantons pour la Suisse, avec des agendas 21, des agendas 21 communaux, dans lesquels les citoyens sont impliqués pour les choix de société qui vont être pris.

Là où je veux en venir c'est qu'il y a dans l'esprit du développement durable, il y a la volonté d'impliquer le citoyen. Ce ne sont pas uniquement des technocrates qui sont à un niveau très élevé dans la hiérarchie humaine, sin on veut, au niveau international, qui vont prendre ces choix-là directement. C'est bien dans l'implication des citoyens que cela peut marcher.

10' 35

Voilà. On a maintenant un peu un état des lieux de ces deux domaines, ces deux mondes.