Différences entre les versions de « Logiciel libre, Internet, surveillance, écologie - Benjamin Sonntag »

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La protection des données au Parlement européen.
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La protection des données au Parlement européen. Ça n'a pas trop bougé. Il y a un tri-logue, c'est-à-dire la discussion entre le Parlement, le Conseil et la Commission. Donc en gros, quand on a une montre c'est bien, quand on en a deux c'est ce qu'il y a de pire, à trois je ne pas sûr que ça marche bien. Le dialogue entre les trois ne se passe pas très bien et, pour l'instant, il y a un gros lobby de toutes les boîtes qui font de la donnée et ce n'est pas que les Google, Apple, Facebook, Microsoft, c'est aussi tous les assureurs, tous les banquiers, toutes les personnes qui sont susceptibles de savoir des choses sur les citoyens, eh bien ça les intéresse de pouvoir en faire tout ce qu'ils veulent pour de l'exploitation en masse, de la vente de pub, etc., du <i>profiling</i>. Donc ceux-là sont vent debout pour une protection très faible des citoyens. Donc si vous voulez que vos données sur Internet soient un peu sures, vos données personnelles de tout type, y compris avec l'internet des objets qui se profile à l'horizon, eh bien il va falloir à nouveau se bouger au Parlement européen de temps en temps. On est en train de mettre à jour le site de ce côté-là. Ah oui le site controle-tes-donnees.net, sur lequel je vous invite à aller voir si vous voulez aider à protéger vos données sur Internet. Merci Agnès.
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Et la dernière, celle-là est très récente. C'est tout simplement vous avez vu l'arrivée de l’état d'urgence. La Quadrature suivie de près par <em>Le Monde</em>, suivie de près par tout un tas d'autres médias, s'est lancée dans une espèce de recensement des abus de l'état d'urgence. On n'a jamais eu autant de visites sur le communiqué de presse correspondant. On n'a jamais eu autant de visites sur un pad de la Quadrature. On a essayé de recenser tout ça, on était cinq cents sur le pad. Délirant ! Apparemment ça concerne les citoyens, ça concerne beaucoup de monde, parce qu'il y a eu des abus de perquisitions administratives en masse depuis le 13 novembre. Donc on essaie de recenser un peu ça et on essaie de voir dans quelle mesure le numérique, s'il est touché, va essayer de se défendre et on va essayer d'aider les citoyens, de leur fournir des outils et des analyses et des moyens pour se défendre. Mais bon ! Là aussi, souvenez-vous du 11 septembre 2001, voyez ce que ça a donné sur les quinze ans qui suivent aux États-Unis. La France n'est pas les États-Unis, mais on a les mêmes politiciens débiles avec les mauvaises idées aux commandes.
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Alors ça ce n'est pas Quadrature, c'est tout à fait personnel. Je me souviens d'un truc , c'est quand il y a eu le 11 septembre, M. Bush était là en mode « c'est la guerre, c'est la guerre c'est la guerre ». Jacques Chirac, le président de la France, pour qui je n'avais pas voté à l'époque, avait dit : « Je ne suis pas sûr que le terme de guerre soit très approprié. » Ça avait fait un scandale ! Il n’était pas tombé dans le piège qui consiste à répondre à une agression par une agression. Le œil pour œil, on sait que ça ne marche pas. Sur le long terme, ça ne peut faire que des morts civils, alors que c'est la guerre des puissants. Vous voyez. « C'est leur guerre, nos morts », comme on dit, merci Julien. Et donc, ce qui se passe, c'est que là M. Hollande est tout simplement tombé dans le piège. Et aujourd'hui il nous a dit « la guerre, la guerre, la guerre ». L’état d'urgence est déclaré sans raison a priori valable, parce que les services secrets français n'ont pas leur boulot en écoutant en masse les citoyens, plutôt qu'en essayant d'écouter sous forme de cible, les gens concernés. Donc on voit ce que ça donne. Gros boulot en perspective pour la Quadrature !
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Par contre il y a plein de bonnes nouvelles cette année. Il y a un groupe constitué de trois organisations avec la Quadrature du net, la Fédération des fournisseurs d'accès associatifs, FFDN et French Data Network qui est un des plus anciens fournisseur d'accès français, de type associatif qui plus est, se sont mis ensemble, depuis un an maintenant quasiment, dans un petit groupe que certains politiques ont appelé « les exégètes amateurs », et on a fini par dire qu'on va les appeler comme ça, ça marche bien, qui a fait une dizaine maintenant, je crois, de dossiers d'attaque en justice, soit au Conseil constitutionnel, soit au Conseil d’État pour des décrets. On envisage d'autres cas s'il y a besoin, tout simplement à des tribunaux civils ou carrément à des cours européennes si besoin, sur des décrets de type projet de loi de renseignement et tous les décrets ou lois qui peuvent être impliqués et qui sont pour nous anticonstitutionnels, eh bien on les attaque. Si vous avez des avocats, des juristes autour de vous, ou si vous êtes vous-même avocat ou juriste et que vous avez envie d'aider, je pense qu'il y a toujours preneur. Ils se réunissent par téléphone ou physiquement dans Paris tous les lundis, je crois, tous les lundis soir, et c'est un groupe qui déchire. Ils font des super dossiers, merci à tous ceux qui en font partie. Je n'ai pas les noms en tête. Je vous laisse aller voir. URL, laquadrature.net/recours, vous permet de voir où on en est. C'est une page qu'on met à jour régulièrement avec les <i>news</i> de ces sujets
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On a mis à jour nos propositions. Parce qu'à la Quadrature on râle beaucoup, mais on a toujours proposé des alternatives, on a toujours proposé de manière très précise. Donc si vous voulez savoir un peu, avoir une petite idée de comment on peut essayer de défendre les libertés, de défendre les données des citoyens dans le numérique, n'hésitez pas à aller voir nos propositions. Un truc phare, un peu de la Quadrature, c'est de dire « il y en a marre d'avoir une justice administrative qui est très difficile à mettre en œuvre pour les citoyens pour se défendre, notamment parce qu'ils ne sont pas toujours au courant des décisions en la matière. Donc on cherche à avoir tout simplement qu'il y ait plus de moyens pour la justice judiciaire et moins d'arbitraire administratif, notamment confère les perquisitions de ces derniers jours.
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Dans les trucs à venir, c'est très récent, on est à peine en train de balbutier là-dessus, mais on a envie de relancer des ateliers comme on le faisait <em> il est où lui. C'est le bazar dans mes docs, je suis désolé ! Oh la la ! Tagada tsouin tsouin ! Ça ce sont les fameux gif, ça ne passe pas. Mon Dieu ! </em>. Donc à venir une ouverture de la Quadrature, comme je vous disais tout au début, on va de plus en plus s'ouvrir à d'autres ONG, avec d'autres ONG, les Amnisty international, les ligues des droits de l'Homme, les syndicats de la magistrature et d'autres. On est vraiment ouvert à toute discussion avec toute ONG relative, de près ou de loin, à la défense des libertés des individus, à essayer de faire des choses un peu plus centrées sur les libertés en général, parce que quand on voit l'évolution de notre État et le déclin démocratique progressif mais certain, eh bien voilà ! Je vous invite à nous aider à faire ça, si vous êtes dans des ONG de ce type, venir nous écrire, à essayer de faire des trucs ensemble. Et dans les trucs ensemble, on va essayer de faire plus souvent des ateliers comme on faisait à une époque, soit des ateliers techniques où on va mettre au point ou améliorer des outils techniques comme Memopol, comme le Piphone, ou d'autres à venir, ou des sites web comme <i>contrôle tes données</i>. Soit simplement des campagnes. On va publier des contenus, mettre en ligne, inviter à faire des flyers, des trucs comme ça, des gifs animés comme on en voit d'autres. C'est-à-dire faire du bruit.
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Il faut savoir que un des trucs fondateurs de la Quadrature et je vous invite à le garder pour vous et à l’utiliser avec d'autres, c'est tout simplement que les pouvoirs en place n'arrivent à faire du mal que dans le noir. C'est comme des vampires. Ils ne peuvent mordre que dans la nuit. Si vous mettez les projecteurs dessus, ils disparaissent. Le coût politique de faire quelque chose sous les yeux des citoyens est trop élevé. S'il est trop élevé ils ne le feront pas. ACTA a été une réussite pour ça. HADOPI a été une réussite pour ça. On peut gagner d'autres batailles. Il faut juste suivre ces idées-là, je pense qu'il y a vraiment quelque chose à faire, tout simplement en faisant beaucoup de bruit
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Dans ce contexte-là, la Quadrature a lancé sa campagne annuelle de financement. Donc si vous avez quelques sous à mettre, n'hésitez pas. On a un super site web avec des jolis gifs animés, que vous pouvez voir ici sur soutien.laquadrature.net. On en a besoin, vraiment. Si vous ne pouvez pas nous aider avec une action, en appelant vos députés, en ayant une espèce de force citoyenne de proposition et de défense, eh bien n'hésitez pas à donner quelques sous. Et si vous ne pouvez pas donner quelques sous, n'hésitez pas à nous écrire et à dire comment on peut aider. Sur le site il y a plein de façons d'aider qui peuvent être très utiles.
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Voilà. Ça c’était le bilan un peu des activités de la Quadrature. On va passer un peu au questionnement du moment, sur le logiciel libre, l'Internet, la surveillance, l'écologie et les Communs en général. En quoi ça serait peut-être quelque chose d'assez révolutionnaire finalement, même si le logiciel libre a été inventé il y a trente ans, on pourrait dire globalement par Richard Stallman.
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Je suis parti d'un constat c'est que quand j’étais jeune j'ai fait beaucoup de Lego, Lego Technique, des trucs comme ça, avec ceux de mes frères et sœurs, et à chaque fois je faisais de trucs marrants. Et puis mes parents étaient là : « Ah c'est cool ! Tu vas déposer un brevet ? 
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– Oh ouais peut-être ! » Bon ! Je n'ai jamais déposé de brevet parce que, quand on a douze ans, on ne dépose pas des brevets. Et puis quand on a vingt ans, on voit comment ça s'écrit un brevet, on se dit « hou là, jamais ! » Et puis quand on a vingt-cinq ans, on découvre le logiciel libre et on se rend compte que c'est chouette parce qu'on peut accéder au code des autres et on peut modifier le code des autres et faire faire autre chose avec, et puis on peut faire son propre code et le partager avec d'autres qui pouf ! se mettent à faire des trucs avec. Et juste on se retrouve dans une espèce d'écosystème génial. C'est très biologique, c'est très vivant, ça bouillonne et à la fin on ne se souvient plus comment on faisait avant en fait. « Ah si, je piratais PaintShop Pro 3 sous Windows ». Ouais, c'était nul parce que je ne pouvais pas <i>débugger</i> le machin qui faisait les flous, qui était tout pourri. Et puis je ne pouvais pas non plus distribuer le flou tout neuf que j'avais écrit et qui permettait de faire des jolis flous sous PaintShop Pro, que je n’ai pas pu faire vu que je n'avais pas le droit de le faire de toutes manières et je n'avais pas le code source.
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Finalement, avec le temps, le logiciel libre ça m'est vraiment apparu comme une évidence. Mais plus qu'une évidence, c'est même une nécessité. Et on s'en est rendu compte avec les histoires d'Edward Snowden et avec le monde de la crypto,  c'est-à-dire le monde des codes secrets et du chiffrement et du petit cadenas dans votre navigateur. On s'est rendu compte d'une chose, c'est qu'on n'a pas trouvé de logiciel propriétaire qui ne soit pas noyauté de l'intérieur. C'est-à-dire pour lequel il n'y a pas soit une clef qui permet de passer outre le chiffrement, soit une clef qui permet de tout déchiffrer, soit un bug franchement volontaire. Parce que les bugs pas volontaires de ceux, parmi ceux qu'on a pu voir, c'était trop gros ! Qui fait qu'on peut désactiver la crypto ou lui dire « ne fais pas de crypto ». Ce qui fait que les services ou des écoutes ciblées peuvent éventuellement écouter les conversations des gens, ou écouter ce qu'on fait, sans problème.
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C'est un problème. C'est un problème aussi industriel. On oublie souvent, on pense souvent, nous on dit souvent  « oui si vous avez des choses à cacher ou même si vous êtes activiste c'est important ». Mais si vous êtes dans une grosse industrie ou dans une entreprise qui a des secrets ou des choses, c'est un problème, parce que vous ne pouvez pas communiquer entre vous de manière confidentielle sans que des États ou des barbouzes ne puissent vous écouter pour un oui pour un non. Et si un État peut le faire, des barbouzes le font, il ne faut pas croire. On a même vu avec les révélations de cette boîte italienne qui s'était faite pirater, que ça se trouve, ça peut s’acheter des logiciels d'écoute, sans problème.
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Et donc finalement, pour moi, le logiciel libre est devenu pour moi vraiment une nécessité. Pire, au fur et à mesure on se dit « on a entendu parler aussi des musiques libres ». Alors les musiques libres, j'ai un vrai problème avec ça, ou l'art libre en général, c'est que autant je peux prendre Gimp à la place de PaintShop Pro, autant je vais pas écouter X, Y, Z à la place de Pink Floyd. Parce que juste X, Y, Z, il ne fait pareil que Pink Floyd. Et c'est un vrai problème pour l'art et je n'ai pas trouvé de solution pour l'art, d'ailleurs, pas aujourd'hui. Si ce n'est les propositions de la Quadrature qui consistent à dire « quand même,  on va un peu loin là : 70 ans après la mort de l'auteur avant qu'un œuvre puisse s'élever dans le domaine public, c'est un peu long ». Et puis vous savez, essayer de mettre des trucs d'ayants droit entre deux qui font plutôt plaisir aux <em>middle men</em>, aux intermédiaires, plutôt que financer les vrais auteurs et les vrais acteurs et les vrais interprètes, ce n'est pas une bonne idée non plus. À part ces grandes idées de la Quadrature qui finalement ne sont pas forcément très orientées <i>open source</i>, logiciel libre, applicables à l'art, je n'ai pas trouvé trop pour l'art.
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Il y a plein d'autres domaines dans lesquels les concepts de logiciel libre sont vraiment super intéressants. On va en parler un petit peu.
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Un des exemples c’était la surveillance,

Version du 29 mai 2016 à 09:20


Titre : Logiciel libre, Internet, surveillance, écologie : vision commune d’une révolution en cours

Intervenant : Benjamin Sonntag - Agnès de Cornulier

Lieu : Ubuntu Party - Paris

Date : Novembre 2015

Durée : 52 min 47

Pour suivre la vidéo

00' Transcription MO

Bonjour. Ça va être une conférence un peu particulière. D'habitude, à toutes les Ubuntu Party, il y a quelqu’un de la Quadrature du Net, dont je fais partie, qui fait un point un peu sur les sujets de la Quadrature, où est-ce qu'on est, ce qu'on a fait. Cette fois-ci on va faire un truc un peu différent, parce que c'est un peu ce qu'on avait envie de faire, et puis parce que ce ne sont pas les mêmes qui ont fait la conf. Et donc on est partis d'une idée assez rigolote qu'on avait un peu, à deux ou trois, dans le conseil d'orientation et puis des gens proches de la Quadrature. Et puis on a essayé de tirer le bout de ficelle et j'ai plus de questions que de réponses à vous apporter aujourd’hui, mais c'est bien d'avoir des questions. On va essayer de se poser quelques questions.

L'idée c’était de voir, un peu, entre le logiciel libre, la façon dont fonctionne Internet, la surveillance de masse et l'écologie et un peu l'avenir de la planète. Ça tombe bien avec COP 21, on est un peu. Non, on n'y est pas du tout, on oublie COP 21, mais la surveillance, par contre, on est dessus. En quoi c'est quelque chose en relation avec ce qu'on appelle les Communs, qu'est-ce que c'est et, en tout cas de mon point de vue, pourquoi c'est une révolution qui est en cours. Et le petit truc bleu dans le coin, c'est un peu le centre du sujet.

Rapidement, je suis Benjamin Sonntag, je suis un des cofondateurs de la Quadrature du Net. Je ne fais pas beaucoup d'apparitions publiques. C'est plutôt les Jérémie, Philippe ou Félix qui s'y collent et maintenant Adrienne, beaucoup. Mais je suis plutôt le geek de la bande. S'il y a des trucs à faire avec les machines c'est plutôt moi qui m'y colle. Sauf qu’aujourd’hui on ne va pas trop parler des machines

Qui n'a jamais entendu parler de la Quadrature du Net ici ? Avant aujourd'hui ? Non, alors toi je sais que c'est faux, toi je sais que c'est faux donc c'est bon. Donc personne. Tout le monde en a entendu parler donc je ne vais pas vous dire ce que c'est. Association de défense des libertés dans le numérique. Juste un petit truc. Au début on était une association de défense des libertés numériques. Puis c'est devenu il y a quoi, deux ans, une association de défense des libertés dans le numérique. C'est-à-dire qu'on applique des contextes où il y a Internet, la communication, etc. Et en fait, aujourd’hui, on est plus ou moins en train de se demander si on ne va pas juste se faire association de défense des libertés, point. Le contexte politique actuel peut en expliquer beaucoup.

Avant de parler du sujet, de questions qui nous intéressent, je vais vous poser quand même un petit bilan de ce qu'on a fait à la Quadrature du Net dans l'année passée. Eh bien ça été très lourd, je me dis, l'année 2015. Eh bien peut-être de laisser, Agnès, si elle veut nous dire 45 secondes ce qu'on a fait au niveau de la neutralité du net. Est-ce qu'il y en a à qui le concept de neutralité du net est totalement inconnu ici ? OK. Les mêmes qui veulent jouer. Donc c'est bon. La neutralité du net, je vais quand même faire une toute petite définition, c'est l'idée très rapide de dire que, sur Internet, qui est un réseau de communication, où l'intelligence est aux extrémités, c'est-à-dire c'est votre ordinateur ou le serveur en face qui est intelligent, mais les tuyaux entre deux sont bêtes, ils ne font que passer l'information. Il est fondamental et il devrait être politiquement défendu, enfin oui, on devrait défendre politiquement le fait que les opérateurs n'ont pas le droit d'accélérer, ralentir, bloquer ou mettre sur des tuyaux préférentiels les contenus en fonction de leur origine, de leur destination ou de leur nature.

En gros, une lettre à la poste, quel que soit le contenu de la lettre, elle ira à la même vitesse. Il n'y a pas de raison qu'il n'en soit pas de même sur Internet, notamment pour favoriser l'innovation et pour éviter les groupements de gros acteurs. Donc c’est un sujet qui est très débattu au Parlement européen et je vais laisser Agnès nous dire où est-ce qu'on en est très récemment.

Agnès : Donc la neutralité du net. On a eu des négociations sur le règlement européen pendant des années, enfin depuis au moins 2011/12. Le règlement a fini par passer il y a quelques semaines, moins bien que ce qu'on aurait aimé et ce qu'on aurait pu espérer. Moins mauvais que ce qu'on craignait. Mais il n'est pas parfait du tout. On a jusqu’au bout essayé de déposer des amendements pour le renforcer, ils ne sont pas passés, donc on n'est pas contents. Et du coup tout n'est pas perdu, Il y a encore des régulateurs européens réunis au sein de l'Union européenne, au sein du PEREC. Les régulateurs des Télécoms, c'est l'ARCEP en France et puis les ARCEP de tous les pays de l'Union européenne, qui sont réunis au sein de l'Union européenne, au sein d'une organisation qu'on appelle le PEREC. Et ce PEREC a six mois pour sortir des lignes directrices, pour donner aux régulateurs nationaux, donc aux ARCEP, des lignes directrices pour savoir comment appliquer exactement ce règlement dans les différents pays. Et là-dessus on va essayer de jouer encore un petit peu pour renforcer, via ces lignes directrices, le règlement. Donc c'est quelque chose qu'on continue à faire, on continue à travailler avec l'ARCEP et au niveau du PEREC, au niveau européen. Voilà.

Benjamin : Le vert est coupé, ce n'est ps grave. Merci Agnès. C'est un des sujets de la Quadrature sur lequel on est très actifs dès le début de la Quadrature finalement. Il y a un autre qui nous est un peu tombé dessus en début d'année, qui était prévu depuis longtemps, mais forcément, après les attentats de Charlie hebdo, ça a été compliqué à défendre, c’était le projet de loi renseignement qui visait, en gros, à légaliser la surveillance de masse des citoyens par les services secrets français. Et quand je dis des citoyens c'est des citoyens français et des citoyens non français, c'est-à-dire y compris les tuyaux de l'internet qui viennent ou qui sortent du pays. Les services secrets se permettent d'écouter et surtout aussi ce que font les citoyens français, ils se permettent d'écouter en masse. Eh bien le projet de loi renseignement visait à, tout simplement, légaliser ces pratiques et dire que les services ont le droit de faire ça et que c'est normal.

Ce n'est pas ce qu'il y a écrit dans les fondamentaux de notre République. Mais bon ils ont essayé de faire passer cette loi. FDN, FFDN et la Quadrature ont attaqué un certain nombre de décrets, de choses comme ça. On a attaqué, non pas les décrets. On a attaqué au Conseil constitutionnel. On s'est fait rabrouer, on s'est fait rabrouer massivement. Ce projet de loi est passé comme une lettre à la poste sauf un petit bout qui est la partie surveillance internationale, parce qu'en gros c’était vraiment open bar côté surveillance internationale. Et dans tous les cas les institutions de régulation, c'est-à-dire le machin semi-parlementaire chargé de vérifier que les services font bien leur boulot n'a, a priori, quasiment pas de pouvoir, en tout cas surtout pas en amont et en aval, enfin, après coup, il ne va pas pouvoir faire grand-chose. Donc le sous-projet surveillance internationale est ensuite passé comme proposition au de projet de loi et il est aussi passé comme une lettre à la poste. Et on a su récemment que le Conseil constitutionnel le validait en disant : « Non, non, tout va bien, il n'y a pas de problème. »

Donc, citoyens, bienvenue. Tout ce que vous dites sur votre téléphone, sur votre accès Internet, tout ce que vous faites sur Internet est écouté et mis en statistiques par nos services qui sont censés nous protéger. On sait ce que ça a donné avec les révélations Snowden. On a vu tous les abus que les Américains ont fait en la matière. Je ne doute pas que nos services soient capables de faire le même genre d'abus.

Donc, si vous êtes sur Internet protégez-vous. Considérez que vos conversations, comme toutes les enveloppes en Allemagne de l'Est, sous la Stasi, étaient ouvertes, considérez que tout ce que vous faites sur Internet est fiché. Et ce n'est pas une paranoïa. Snowden nous l'a prouvé et même ça ne coûte rien !

La loi numérique de Mme Axelle Lemaire, avec sa consultation bidon. Alors ça a donné un vrai succès, il y a plein de citoyens qui se sont exprimés. Et puis ils ont pris à peu près tout ce qui avait été exprimé et puis ils ont tout jeté, dès que le CSPLA ou d'autres trucs d'ayants droit ont dit : « Non, mais cet article-là est nul, on n'en veut pas ! ». Ils ont dit : « Bon d'accord, fschuit ». Globalement la loi numérique on n'en attend rien, ça ne va pas changer, ça ne va pas défendre la neutralité, ça ne va pas permettre le partage des œuvres entre citoyens. Ça ne va pas avancer grand-chose. Peut-être un peu sur l'open data et encore. Voilà. Donc ce n'est pas gagné.

La loi création avec notre autre ministre, Fleur Pellerin, à venir, pas encore finie d'écrire a priori. On a eu des brouillons, déjà noyautés par les ayants droit ou les ayants tort, je ne sais plus trop, enfin bon. Celle-là aussi elle est bien. Il va falloir probablement taper très fort sur nos députés. Mais comme, de toutes façons, le pouvoir en place, l'exécutif, prend tous les moyens pour aller au forcing, on n'y croit plus trop, mais il va falloir quand même se battre parce que des fois on a des petites victoires de batailles et on se dit « au moins celui-là ils s'en souviendront ». Souvenez-vous d'HADOPI, joli fiasco.

D'autres petits projets de loi comme, par exemple, le projet de loi contre le système prostitutionnel. Ça c'est un des exemples. Avant HADOPI, en gros, quand il y avait des projets de loi, ils ne parlaient pas d'Internet. Ils parlaient de sujets A, B, C. Et puis il y avait d’autres projets de loi qui parlaient du numérique et d'Internet. Après HADOPI, ils ont commencé, peu à peu, à faire des projets de loi sur tous les sujets, comme d'habitude, mais qui, à chaque fois, incluaient un article parlant d'Internet. Et c'est devenu un problème pour la Quadrature, c'est qu'on s'est retrouvés sous l'eau de projets de loi à suivre et d’articles de projets de loi à défendre ou à attaquer. Typiquement, celui sur la lutte contre le système prostitutionnel, comme tous les projets de loi de ce type, ou la défense du consommateur ou la protection des données, etc., à chaque fois ils proposent de pouvoir censurer des sites web sans intervention du juge judiciaire, ce qui n'est pas normal, a priori. Parce que quand on veut faire de la censure, l'atteinte à la liberté d'expression c'est quelque chose de grave. Il n'y a pas de raison qu'on ne passe pas par un juge qui dit : « Bonjour, c’est normal, ce n'est pas normal, il faut bloquer, il ne faut pas bloquer ». Donc ça c'est devenu la petite marotte du gouvernement, celui-là et le précédent d'ailleurs, que de censurer administrativement à tout-va. Donc voilà un autre exemple, on n'est pas bien partis.

Dans les bonnes nouvelles, il y a eu l'invalidation du Safe Harbor qui est en gros le fait que, au niveau européen, on disait s'il y a des pays, considérant l'UE comme un pays, où les données des citoyens sont à peu près bien protégées, on autorise les boîtes privées à faire des transferts de données entre ces pays, entre l'UE et ces pays, sans avoir besoin de règlement particulier, tant que ça respecte les lois du pays cible.

Les États-Unis faisaient partie du Safe Harbor, parce que vous comprenez bien, les données des citoyens sont protégées aux États-Unis. Suite aux révélations de Snowden, c'est la CEDH ou la CJUE, la CJUE, la Cour de justice de l'Union européenne a décidé que le Safe Harbor, pour les États-Unis, était invalide, parce qu'il n'y avait aucune raison d’avoir confiance dans les fournisseurs américains. Ce qui veut dire que théoriquement les Facebook, Google, Apple, Microsoft, et tous ces gens qui aspirent vos données, qui regardent tout ce que vous faites sur Internet pour vous traquer, vous ficher, devraient normalement avoir leurs données uniquement en Europe typiquement, ou ne plus avoir le droit de les transférer vers les États-Unis en tout cas. Vous vous doutez bien que ça ne va pas aller aussi vite, mais c’est quand même un sujet intéressant. Donc à suivre pour en voir les conséquences surtout. Donc là-dessus, c'est assez rigolo.

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La protection des données au Parlement européen. Ça n'a pas trop bougé. Il y a un tri-logue, c'est-à-dire la discussion entre le Parlement, le Conseil et la Commission. Donc en gros, quand on a une montre c'est bien, quand on en a deux c'est ce qu'il y a de pire, à trois je ne pas sûr que ça marche bien. Le dialogue entre les trois ne se passe pas très bien et, pour l'instant, il y a un gros lobby de toutes les boîtes qui font de la donnée et ce n'est pas que les Google, Apple, Facebook, Microsoft, c'est aussi tous les assureurs, tous les banquiers, toutes les personnes qui sont susceptibles de savoir des choses sur les citoyens, eh bien ça les intéresse de pouvoir en faire tout ce qu'ils veulent pour de l'exploitation en masse, de la vente de pub, etc., du profiling. Donc ceux-là sont vent debout pour une protection très faible des citoyens. Donc si vous voulez que vos données sur Internet soient un peu sures, vos données personnelles de tout type, y compris avec l'internet des objets qui se profile à l'horizon, eh bien il va falloir à nouveau se bouger au Parlement européen de temps en temps. On est en train de mettre à jour le site de ce côté-là. Ah oui le site controle-tes-donnees.net, sur lequel je vous invite à aller voir si vous voulez aider à protéger vos données sur Internet. Merci Agnès.

Et la dernière, celle-là est très récente. C'est tout simplement vous avez vu l'arrivée de l’état d'urgence. La Quadrature suivie de près par Le Monde, suivie de près par tout un tas d'autres médias, s'est lancée dans une espèce de recensement des abus de l'état d'urgence. On n'a jamais eu autant de visites sur le communiqué de presse correspondant. On n'a jamais eu autant de visites sur un pad de la Quadrature. On a essayé de recenser tout ça, on était cinq cents sur le pad. Délirant ! Apparemment ça concerne les citoyens, ça concerne beaucoup de monde, parce qu'il y a eu des abus de perquisitions administratives en masse depuis le 13 novembre. Donc on essaie de recenser un peu ça et on essaie de voir dans quelle mesure le numérique, s'il est touché, va essayer de se défendre et on va essayer d'aider les citoyens, de leur fournir des outils et des analyses et des moyens pour se défendre. Mais bon ! Là aussi, souvenez-vous du 11 septembre 2001, voyez ce que ça a donné sur les quinze ans qui suivent aux États-Unis. La France n'est pas les États-Unis, mais on a les mêmes politiciens débiles avec les mauvaises idées aux commandes.

Alors ça ce n'est pas Quadrature, c'est tout à fait personnel. Je me souviens d'un truc , c'est quand il y a eu le 11 septembre, M. Bush était là en mode « c'est la guerre, c'est la guerre c'est la guerre ». Jacques Chirac, le président de la France, pour qui je n'avais pas voté à l'époque, avait dit : « Je ne suis pas sûr que le terme de guerre soit très approprié. » Ça avait fait un scandale ! Il n’était pas tombé dans le piège qui consiste à répondre à une agression par une agression. Le œil pour œil, on sait que ça ne marche pas. Sur le long terme, ça ne peut faire que des morts civils, alors que c'est la guerre des puissants. Vous voyez. « C'est leur guerre, nos morts », comme on dit, merci Julien. Et donc, ce qui se passe, c'est que là M. Hollande est tout simplement tombé dans le piège. Et aujourd'hui il nous a dit « la guerre, la guerre, la guerre ». L’état d'urgence est déclaré sans raison a priori valable, parce que les services secrets français n'ont pas leur boulot en écoutant en masse les citoyens, plutôt qu'en essayant d'écouter sous forme de cible, les gens concernés. Donc on voit ce que ça donne. Gros boulot en perspective pour la Quadrature !

Par contre il y a plein de bonnes nouvelles cette année. Il y a un groupe constitué de trois organisations avec la Quadrature du net, la Fédération des fournisseurs d'accès associatifs, FFDN et French Data Network qui est un des plus anciens fournisseur d'accès français, de type associatif qui plus est, se sont mis ensemble, depuis un an maintenant quasiment, dans un petit groupe que certains politiques ont appelé « les exégètes amateurs », et on a fini par dire qu'on va les appeler comme ça, ça marche bien, qui a fait une dizaine maintenant, je crois, de dossiers d'attaque en justice, soit au Conseil constitutionnel, soit au Conseil d’État pour des décrets. On envisage d'autres cas s'il y a besoin, tout simplement à des tribunaux civils ou carrément à des cours européennes si besoin, sur des décrets de type projet de loi de renseignement et tous les décrets ou lois qui peuvent être impliqués et qui sont pour nous anticonstitutionnels, eh bien on les attaque. Si vous avez des avocats, des juristes autour de vous, ou si vous êtes vous-même avocat ou juriste et que vous avez envie d'aider, je pense qu'il y a toujours preneur. Ils se réunissent par téléphone ou physiquement dans Paris tous les lundis, je crois, tous les lundis soir, et c'est un groupe qui déchire. Ils font des super dossiers, merci à tous ceux qui en font partie. Je n'ai pas les noms en tête. Je vous laisse aller voir. URL, laquadrature.net/recours, vous permet de voir où on en est. C'est une page qu'on met à jour régulièrement avec les news de ces sujets

On a mis à jour nos propositions. Parce qu'à la Quadrature on râle beaucoup, mais on a toujours proposé des alternatives, on a toujours proposé de manière très précise. Donc si vous voulez savoir un peu, avoir une petite idée de comment on peut essayer de défendre les libertés, de défendre les données des citoyens dans le numérique, n'hésitez pas à aller voir nos propositions. Un truc phare, un peu de la Quadrature, c'est de dire « il y en a marre d'avoir une justice administrative qui est très difficile à mettre en œuvre pour les citoyens pour se défendre, notamment parce qu'ils ne sont pas toujours au courant des décisions en la matière. Donc on cherche à avoir tout simplement qu'il y ait plus de moyens pour la justice judiciaire et moins d'arbitraire administratif, notamment confère les perquisitions de ces derniers jours.

Dans les trucs à venir, c'est très récent, on est à peine en train de balbutier là-dessus, mais on a envie de relancer des ateliers comme on le faisait il est où lui. C'est le bazar dans mes docs, je suis désolé ! Oh la la ! Tagada tsouin tsouin ! Ça ce sont les fameux gif, ça ne passe pas. Mon Dieu ! . Donc à venir une ouverture de la Quadrature, comme je vous disais tout au début, on va de plus en plus s'ouvrir à d'autres ONG, avec d'autres ONG, les Amnisty international, les ligues des droits de l'Homme, les syndicats de la magistrature et d'autres. On est vraiment ouvert à toute discussion avec toute ONG relative, de près ou de loin, à la défense des libertés des individus, à essayer de faire des choses un peu plus centrées sur les libertés en général, parce que quand on voit l'évolution de notre État et le déclin démocratique progressif mais certain, eh bien voilà ! Je vous invite à nous aider à faire ça, si vous êtes dans des ONG de ce type, venir nous écrire, à essayer de faire des trucs ensemble. Et dans les trucs ensemble, on va essayer de faire plus souvent des ateliers comme on faisait à une époque, soit des ateliers techniques où on va mettre au point ou améliorer des outils techniques comme Memopol, comme le Piphone, ou d'autres à venir, ou des sites web comme contrôle tes données. Soit simplement des campagnes. On va publier des contenus, mettre en ligne, inviter à faire des flyers, des trucs comme ça, des gifs animés comme on en voit d'autres. C'est-à-dire faire du bruit.

Il faut savoir que un des trucs fondateurs de la Quadrature et je vous invite à le garder pour vous et à l’utiliser avec d'autres, c'est tout simplement que les pouvoirs en place n'arrivent à faire du mal que dans le noir. C'est comme des vampires. Ils ne peuvent mordre que dans la nuit. Si vous mettez les projecteurs dessus, ils disparaissent. Le coût politique de faire quelque chose sous les yeux des citoyens est trop élevé. S'il est trop élevé ils ne le feront pas. ACTA a été une réussite pour ça. HADOPI a été une réussite pour ça. On peut gagner d'autres batailles. Il faut juste suivre ces idées-là, je pense qu'il y a vraiment quelque chose à faire, tout simplement en faisant beaucoup de bruit

Dans ce contexte-là, la Quadrature a lancé sa campagne annuelle de financement. Donc si vous avez quelques sous à mettre, n'hésitez pas. On a un super site web avec des jolis gifs animés, que vous pouvez voir ici sur soutien.laquadrature.net. On en a besoin, vraiment. Si vous ne pouvez pas nous aider avec une action, en appelant vos députés, en ayant une espèce de force citoyenne de proposition et de défense, eh bien n'hésitez pas à donner quelques sous. Et si vous ne pouvez pas donner quelques sous, n'hésitez pas à nous écrire et à dire comment on peut aider. Sur le site il y a plein de façons d'aider qui peuvent être très utiles.

Voilà. Ça c’était le bilan un peu des activités de la Quadrature. On va passer un peu au questionnement du moment, sur le logiciel libre, l'Internet, la surveillance, l'écologie et les Communs en général. En quoi ça serait peut-être quelque chose d'assez révolutionnaire finalement, même si le logiciel libre a été inventé il y a trente ans, on pourrait dire globalement par Richard Stallman.

Je suis parti d'un constat c'est que quand j’étais jeune j'ai fait beaucoup de Lego, Lego Technique, des trucs comme ça, avec ceux de mes frères et sœurs, et à chaque fois je faisais de trucs marrants. Et puis mes parents étaient là : « Ah c'est cool ! Tu vas déposer un brevet ?  – Oh ouais peut-être ! » Bon ! Je n'ai jamais déposé de brevet parce que, quand on a douze ans, on ne dépose pas des brevets. Et puis quand on a vingt ans, on voit comment ça s'écrit un brevet, on se dit « hou là, jamais ! » Et puis quand on a vingt-cinq ans, on découvre le logiciel libre et on se rend compte que c'est chouette parce qu'on peut accéder au code des autres et on peut modifier le code des autres et faire faire autre chose avec, et puis on peut faire son propre code et le partager avec d'autres qui pouf ! se mettent à faire des trucs avec. Et juste on se retrouve dans une espèce d'écosystème génial. C'est très biologique, c'est très vivant, ça bouillonne et à la fin on ne se souvient plus comment on faisait avant en fait. « Ah si, je piratais PaintShop Pro 3 sous Windows ». Ouais, c'était nul parce que je ne pouvais pas débugger le machin qui faisait les flous, qui était tout pourri. Et puis je ne pouvais pas non plus distribuer le flou tout neuf que j'avais écrit et qui permettait de faire des jolis flous sous PaintShop Pro, que je n’ai pas pu faire vu que je n'avais pas le droit de le faire de toutes manières et je n'avais pas le code source.

Finalement, avec le temps, le logiciel libre ça m'est vraiment apparu comme une évidence. Mais plus qu'une évidence, c'est même une nécessité. Et on s'en est rendu compte avec les histoires d'Edward Snowden et avec le monde de la crypto, c'est-à-dire le monde des codes secrets et du chiffrement et du petit cadenas dans votre navigateur. On s'est rendu compte d'une chose, c'est qu'on n'a pas trouvé de logiciel propriétaire qui ne soit pas noyauté de l'intérieur. C'est-à-dire pour lequel il n'y a pas soit une clef qui permet de passer outre le chiffrement, soit une clef qui permet de tout déchiffrer, soit un bug franchement volontaire. Parce que les bugs pas volontaires de ceux, parmi ceux qu'on a pu voir, c'était trop gros ! Qui fait qu'on peut désactiver la crypto ou lui dire « ne fais pas de crypto ». Ce qui fait que les services ou des écoutes ciblées peuvent éventuellement écouter les conversations des gens, ou écouter ce qu'on fait, sans problème.

C'est un problème. C'est un problème aussi industriel. On oublie souvent, on pense souvent, nous on dit souvent « oui si vous avez des choses à cacher ou même si vous êtes activiste c'est important ». Mais si vous êtes dans une grosse industrie ou dans une entreprise qui a des secrets ou des choses, c'est un problème, parce que vous ne pouvez pas communiquer entre vous de manière confidentielle sans que des États ou des barbouzes ne puissent vous écouter pour un oui pour un non. Et si un État peut le faire, des barbouzes le font, il ne faut pas croire. On a même vu avec les révélations de cette boîte italienne qui s'était faite pirater, que ça se trouve, ça peut s’acheter des logiciels d'écoute, sans problème.

Et donc finalement, pour moi, le logiciel libre est devenu pour moi vraiment une nécessité. Pire, au fur et à mesure on se dit « on a entendu parler aussi des musiques libres ». Alors les musiques libres, j'ai un vrai problème avec ça, ou l'art libre en général, c'est que autant je peux prendre Gimp à la place de PaintShop Pro, autant je vais pas écouter X, Y, Z à la place de Pink Floyd. Parce que juste X, Y, Z, il ne fait pareil que Pink Floyd. Et c'est un vrai problème pour l'art et je n'ai pas trouvé de solution pour l'art, d'ailleurs, pas aujourd'hui. Si ce n'est les propositions de la Quadrature qui consistent à dire « quand même, on va un peu loin là : 70 ans après la mort de l'auteur avant qu'un œuvre puisse s'élever dans le domaine public, c'est un peu long ». Et puis vous savez, essayer de mettre des trucs d'ayants droit entre deux qui font plutôt plaisir aux middle men, aux intermédiaires, plutôt que financer les vrais auteurs et les vrais acteurs et les vrais interprètes, ce n'est pas une bonne idée non plus. À part ces grandes idées de la Quadrature qui finalement ne sont pas forcément très orientées open source, logiciel libre, applicables à l'art, je n'ai pas trouvé trop pour l'art.

Il y a plein d'autres domaines dans lesquels les concepts de logiciel libre sont vraiment super intéressants. On va en parler un petit peu.

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Un des exemples c’était la surveillance,