Différences entre les versions de « Logiciel Libre et ta liberté - Richard Stallman - RMLL 2014 »

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Il y a plus de mille distributions GNU et Linux, c'est-à-dire des versions distribuées du système installables et presque toutes contiennent du logiciel privateur.
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Il y a plus de mille distributions GNU et Linux, c'est-à-dire des versions distribuées du système, installables et presque toutes contiennent du logiciel privateur. Les distributions pour la plupart ne sont pas libres. Il y a plus ou moins dix distributions libres. La liste se trouve dans [http://www.gnu.org/distros/free-distros.html gnu.org/distros] ; il y a par exemple Ututo et gNewSense et Trisquel et Parabola. Mais évidemment ce ne sont pas des distributions très connues. Les distributions très connues contiennent des programmes privateurs. Et pourquoi ? Parce qu'elles sont développées par des gens qui ne sont pas défenseurs des droits de l'homme, des gens de l'opinion open source. Aujourd'hui, le programme Linux, comme il est distribué par monsieur Tordvalds, contient des programmes privateurs. Pourquoi ? Évidemment parce qu'il n'est pas d'accord. Il n’applique pas le mouvement logiciel libre, il dit open source. Pourquoi rejetterait-il des programmes privateurs ? Pour lui ce n'est pas une question de principe, donc la leçon, c'est que quand notre liberté dépend de quelqu'un qui ne valorise pas la liberté comme principe, notre liberté est vulnérable et précaire. Elle peut être perdue par une décision qui est de lui et uniquement pratique.
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En effet, en 91, il a commencé la distribution de Linux comme un programme privateur, puis en 92 il l'a libéré. Puis, des années plus tard, il a commencé à accepter des morceaux privateurs dans Linux. Mais il faut noter que les programmes privateurs sont séparés. Ce sont des programmes de firmware, pour charger dans des périphériques ou des coprocesseurs, mais ils sont privateurs, donc inacceptables. Évidemment il avait une motivation pour les accepter. Il y a des périphériques et des coprocesseurs qui ne fonctionnent pas sans les ???, les programmes privateurs. C'est un problème réel qui offre deux réponses possibles, parce que quand le périphérique, quand le support physique ne fonctionne pas sans programme privateur, il faut céder quelque chose : ou l'on cède la liberté ou l'on cède l'utilisation de ce périphérique. Donc si tu es libriste, si tu défends la liberté, tu cèdes l'utilisation de ce composant physique. Si tu es promoteur d'open source, tu cèdes la liberté et tu suggères aux autres qu'ils cèdent la liberté, même sans le dire. C'est ce que Torvalds fait aujourd'hui. Il distribue un programme dit open source, mais qui contient de morceaux qui ne sont pas open source. Mais pour lui, vu que rien n'est une question éthique, pas de problème. Mais pour nous ce serait un comportement injuste. Donc nous avons créé notre version modifiée de Linux, c'est-à-dire le noyau Linux, qui s'appelle Linux libre. C'est le même programme sans les morceaux privateurs. Ça fonctionne.
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Donc Linux libre c'est le même noyau mais sans les morceaux privateurs, donc il ne sait pas gérer les périphériques qui requièrent les morceaux privateurs, mais il respecte la liberté. Pour l'instant c'est la réponse correcte, c'est la réponse éthique. Mais sur le long terme, ce que nous voulons, c'est résoudre le problème de base. Pour cela il faut développer des remplacements libres aux morceaux privateurs. C'est-à-dire il faut de l'ingénierie inverse pour comprendre le fonctionnement du support physique afin que quelqu’un puisse écrire le remplacement libre. Si tu veux faire une contribution technique très importante au Logiciel Libre, fais l'ingénierie inverse, découvre le fonctionnement du support physique pour le publier. Pas besoin que tu écrives le remplacement libre. Il y en a d'autres capables de le faire. Le travail qui bloque le progrès c'est de découvrir comment fonctionne le hardware et je crois qu'il doit être illégal de vendre un ordinateur en cachant le mode d'emploi, parce que c'est le mode d'emploi qui est secret. Nous n'avons pas besoin de savoir des circuits intérieurs, nous avons besoin de savoir le mode d'emploi, pour écrire un programme pour utiliser ce produit. C'est le mode d'emploi qu'ils nous cachent et ça doit être illégal.
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Mais aussi il y a d'autres problèmes. Dans l'ordinateur même il y a des programmes remplaçables à distance, souvent conçus pour nous restreindre. Les PC normaux sont plein de supports physiques malveillants et de programmes installés, remplaçables et privateurs, malveillants. Que faire ? Enfin il faut nous échapper des nouveaux PC pour être vraiment libres. C'est-à-dire que la lutte s'étend au niveau plus bas dans le produit. Donc c'est difficile. Mais le logiciel privateur arrive aussi au navigateur, sans se déclarer, secrètement. Les pages web qui arrivent dans ton navigateur contiennent des programmes privateurs en JavaScript et donc les sites web font exécuter des programmes privateurs dans ton ordinateur, dans ton navigateur. Et pour rejeter le logiciel privateur, il faut les bloquer. Nous avons développé un add-on pour Firefox qui s'appelle LibreJS. Ce programme analyse tout programme en JavaScript qui essaie de s'installer dans ton navigateur pour savoir s'il est ou trivial ou libre et dans ces deux cas, le programme est autorisé à s’exécuter. Mais si le programme n'est ni trivial, ni libre,  LibreJS le bloque et t'avertit « cette page-ci contient du JavaScript privateur ». Le programme offre aussi la manière facile de te plaindre à la gestion du site, parce qu'il cherche dans les pages du site où envoyer les plaintes. Plaintes ? J'ai oublié le terme. Plaints ou plaintes ? Il cherche où envoyer les plaintes et ça facilite l'envoi des plaintes, parce que comme tu sais le grand travail est de trouver où les envoyer et comment. Il faut te plaindre à la gestion du site. C'est très important pour les convaincre de corriger ce problème. En une minute tu peux envoyer un message qui dit « je n'ai pas pu utiliser votre site parce qu'il exigeait l'exécution d'un programme Javascript pas libre. Corrigez-le ! » Moins d'une minute ! Et tu peux envoyer dix plaintes à dix sites différents chaque jour, facilement. Et ce serait une contribution.
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Mais pour faire une grande contribution, ce dont nous avons le plus grand besoin c'est la diffusion de l'idée du Logiciel Libre, de faire ce que je fais maintenant, des conférences, des articles, et la participation dans les forums, parce que beaucoup d'utilisateurs d’informatique n'ont jamais vu qu'il y a une question de leurs droits de l'homme dans ce qu'ils font. C'est à nous de les informer, mais moi je fais déjà ce que je peux faire. Pour en faire plus il faut que vous le fassiez. Merci.
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Aujourd'hui il y a une autre manière de perdre le contrôle de ton informatique.

Version du 14 août 2014 à 07:48


Titre : Le Logiciel Libre et ta liberté

Intervenant : Richard Stallman

Lieu : RMLL - Montpellier

Date : Juillet 2014

Durée : 1 h 45 min

Lien vers la vidéo : [1]


00' Transcrit MO

D'abord si vous faites des photos de moi, ne les mettez pas dans Facebook. Parce que Facebook est un moteur d'espionnage des utilisateurs. Si vous mettez les photos de quelqu'un dans Facebook, vous lui donnez une manière supplémentaire de l'espionner, ce qui n'est pas très aimable de faire à vos amis, et prière de ne pas le faire à moi. Et je vous propose de rien dire au sujet de vos amis dans Facebook. C'est à eux de décider de publier quelque chose ou pas. Mais le meilleur choix est de ne pas être utilisé par Facebook.

Applaudissements.

Aussi si vous filmez la conférence ou enregistrez le discours, et si vous voulez en distribuer des copies, prière de le faire uniquement dans les formats favorables au Logiciel Libre, c'est-à-dire dans les formats Ogg ou le format webM. Pas dans les formats mp quoi que ce soit. Jamais dans Flash, c'est-à-dire ne le mettez pas dans Youtube et jamais dans Windows Media Player ni QuickTime. Assurez qu'il soit possible de décharger une copie du fichier sans exécuter aucun code pas libre, même dans JavaScript envoyé par le site même, c'est–à-dire pas dans Youtube et mettez la licence Creative Commons Non Dérivée sur l’enregistrement parce que c'est une présentation d'un point de vue.

Maintenant c'est quoi le Logiciel Libre. Je peux expliquer le Logiciel Libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité.

Applaudissements.

Les choses que Sarkozy déteste. Liberté parce que le Logiciel Libre respecte la liberté des utilisateurs. Égalité parce que par le Logiciel Libre personne n'a de pouvoir sur personne. Et fraternité parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. Le Logiciel Libre respecte la liberté à la communauté des utilisateurs parce que les utilisateurs ont le contrôle du programme Dans le logiciel il y a deux possibilités. Pour chaque programme, c'est toujours l'un ou l'autre : ou les utilisateurs ont le contrôle du programme, ou le programme a le contrôle de ses utilisateurs. Quand les utilisateurs ont le contrôle du programme, c'est le Logiciel Libre, parce que pour avoir ce contrôle les utilisateurs ont besoin des quatre libertés essentielles qui les définissent le Logiciel Libre, qui font le critère d'un programme libre. La liberté 0 est celle d'exécuter le programme comme tu veux pour n'importe quel but. Et la liberté 1 est celle d’étudier le code source du programme et de le changer pour que le programme fasse ton informatique comme tu veux. Avec ces deux libertés chaque utilisateur a le contrôle séparé du programme. Mais le contrôle séparé ne suffit pas, d'abord parce que la bonne majorité des utilisateurs ne sont pas programmateurs, ne savent pas exercer la liberté 1, ne savent pas étudier le code source, donc pour eux, ça ne leur rend pas le contrôle. Mais même pour un programmeur, le contrôle séparé ne suffit pas, parce que tu utilises des centaines ou des milliers de programme et tu n'as pas le temps d'étudier le code source de chacun. Il faut donc le contrôle collectif d'un programme, c'est-à-dire que n'importe quel groupe d’utilisateurs du programme soit libre de coopérer en exerçant le contrôle de ce programme pour lui faire faire ce qu'il veut.

Le contrôle collectif requiert deux libertés en plus. La liberté numéro 2 est celle de faire des copies exactes et de les donner ou vendre aux autres quand tu veux. Et la liberté numéro 3 est celle de faire des copies de tes version modifiées pour les donner ou vendre aux autres quand tu veux. Avec ces deux libertés les utilisateurs qui veulent collaborer sont libres de collaborer dans l’exercice du contrôle de ce programme. Avec le contrôle séparé et le contrôle collectif, dans n'importe quel groupe, les utilisateurs ont le contrôle du programme et c'est distribué comme il faut éthiquement.

Mais si une de ces libertés essentielles manquent ou est insuffisante, les utilisateurs n'ont pas complètement le contrôle du programme, donc ce programme a le contrôle de ses utilisateurs et le propriétaire a le contrôle du programme. Donc ce programme est devenu un instrument du pouvoir injuste du propriétaire sur les utilisateurs. Nous appelons ce programme privateur, privateur parce qu'il prive de la liberté ses utilisateurs. Un instrument du pouvoir injuste. Le logiciel privateur ne doit pas exister et c'est à nous de l'éliminer du monde. Mais la première étape est de nous échapper. D'abord nous échapper du logiciel privateur, puis l'éliminer, puis aider les autres à s'échapper. Le but c'est la libération du cyberespace, c'est à-dire de tous ses habitants, de tous les utilisateurs de l’informatique. Si tu ne fais pas de l'informatique, tu n'as pas de problème, c'est bon donc. Mais si tu veux faire de l'informatique avec les droits de l'homme, il faut éliminer le logiciel privateur. Un programme privateur est un instrument de pouvoir injuste.

Aujourd'hui les développeurs du privateur sont complètement conscients de leur pouvoir sur les utilisateurs et cherchent toujours des manières d'abuser de leurs pouvoirs pour maltraiter les utilisateurs. Leurs utilisateurs sont leurs victimes. Ils organisent des entreprises avec le but de construire des chemins pour maltraiter des utilisateurs. Ils font des programmes qui espionnent l'utilisateur. Ça s'appelle spyware. Ils font des programmes pour restreindre l'informatique de l'utilisateur, pour lui interdire et pour le bloquer de faire ce qu'il voudrait avec les données qu'il possède. Ils font des programmes avec des portes dérobées, pour avoir encore plus de pouvoir sur les utilisateurs et produisent des programmes qui sont sur leurs utilisateurs, c'est-à-dire les produits privateurs souvent sont malware, sont du malware. Malware signifie un programme développé pour maltraiter ses utilisateurs. Si le programme contient une fonctionnalité malveillante c'est du malware. Et le malware est très répandu dans le monde privateur d'aujourd'hui.

Par exemple un paquet privateur, là il y a des gens qui se battent. Il y a des gens qui se battent qu'est-ce que nous devons faire ?

Voix off : Appeler la police.

RMS : Où étais-je ? Un paquet privateur qui fait toutes les quatre formes de malveillance, que vous connaissez peut-être de nom, s’appelle Microsoft Windows. Il y a des fonctionnalités d'espionnage, il y a des fonctionnalités pour restreindre l'utilisateur, c'est-à-dire les menottes numériques, les DRM, Digital Restriction Management, DRM. Il y a des portes dérobées, nous en connaissons trois dans Windows, et Windows 8 dans les ordinateurs mobiles fait la censure, la censure d'applications. L’utilisateur n'est plus même libre d'installer les programmes, applications de son choix. Il est limité, par la force, aux applications approuvées par Microsoft. Autre injustice. Donc Windows est malware de façon littérale. Il y a vingt ans des gens exagéraient en l'appelant malware, mais littéralement il est malware. Mais il est encore pire parce qu'une des portes dérobées offre à Microsoft le pouvoir d'imposer à distance des changements de logiciel dans Windows, n'importe quel changement. Microsoft peut imposer à distance, n'importe quelle fonctionnalité malveillante qui n'est pas dans Windows aujourd’hui peut être installée par la force demain. Windows est donc malware universel, malware sans limites.

Mac OS est malware parce qu'il a des menottes numériques. Mais les nouveaux systèmes d'exploitation d'Apple, dans les iThings, les monstres, sont bien pire, parce qu'ils espionnent utilisateur. Nous savons que Apple peut puiser beaucoup de données à distance depuis le iThings. Il y a des menottes numériques, bien sûr. Il y a au moins une porte dérobée, pour supprimer les applications installées et il fait la censure. C’était les utilisateurs du iPhone qui appelaient l'acte d’utiliser quelque moyen pour se permettre d'installer les applications de leur choix, ils l'ont appelé jailbreak, c'est-à-dire s'échapper d'une prison. Ils ont reconnu avec ce mot que ces ordinateurs, les iThinks, sont des prisons pour les utilisateurs. C'est pour ça que nous distribuons autocollant iBad, bad for your freedom que vous trouverez quelque part ici.

Applaudissements.

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Flash Player est malware aussi. Il a une fonctionnalité de traçage des visiteurs du site et des menottes numériques. Flash Player est gratuit mais pas libre. Voici l’intérêt de cet exemple, parce que Flashplayer démontre que la gratuité ne signifie rien. C'est la liberté qui importe. Le fait que Flashplayer est gratuit signifie qu'Adobe n'exige pas que l'utilisateur paye pour être, comment dit-on ? Pour être soumis. Je ne sais pas le dire bien en français. En anglais je dirais abused, mais en français abuser ce n'est pas la même chose. Quoi ? Exploité ? Trompé ? Pas vraiment trompé. Il faudra chercher le mot juste après.

Angry Birds est malware. Il espionne l'utilisateur et transmet les données de géolocalisation. Le Swindle d'Amazon, c'est-à-dire l'escroquerie d'Amazon, ça se réfère au lecteur numérique des livres numériques d'Amazon, mais je l'appelle escroquerie où Swindle n'est pas son nom officiel mais le nom juste du produit parce que ce produit est un escroc. Il ôte aux utilisateurs les libertés traditionnelles des lecteurs de livres, comme par exemple la liberté d'acquérir les livres à l'anonymat, payant en liquide, sans s'identifier. Impossible chez Amazon ! Amazon exige que l'utilisateur s’identifie et gère une grande base de données avec tous les livres que chaque utilisateur a lu, et le produit espionne. Encore plus, il transmet à Amazon quelle page de quel livre l'utilisateur est en train de lire. Et pas seulement ce produit. Les autres lecteurs numériques le font aussi. Et chez le Swindle si l'utilisateur écrit une note, le produit transmet la note à Amazon. Un produit espion. Mais encore pire, l'utilisateur perd aussi la liberté de donner, ou prêter, ou vendre, le livre aux autres, bloqué par les menottes numériques ; c'est interdit par les contrats qu'Amazon impose, des contrats injustes qu'il ne faut jamais accepter. Mais si tu l'as accepté tu dois le rompre, parce que ternir une promesse injuste est encore pire que le rompre.

Applaudissements

Il y a aussi la liberté de garder le livre tant que tu veux, qu'Amazon élimine par une porte dérobée dans le Swindle, une porte dérobée pour supprimer les livres à distance. Nous nous sommes rendus compte de cette porte dérobée par l'observation, parce qu'Amazon a supprimé des milliers d'exemplaires de livres en 2009, un acte orwellien. Et c’était quoi le livre ? C'étatit 1984 de Georges Orwell, qu'Amazon a supprimé. Une fois quelqu'un est venu à ma conférence et il m'a dit que le livre avait a disparu pendant qu'il était en train de lire. En milieu de lecture le livre a disparu ! Évidemment ces injustices sont possibles parce que le logiciel est privateur. Et enfin le nom officiel de ce produit est Kindle qui signifie incendier, peut-être pour incendier les livres. Si tu acceptes d’être la victime d'un tel produit, tu peux incendier tes livres, mais pas les miens ; jamais les miens parce que jamais je n'utiliserai un tel produit.

Mon dernier exemple est celui de presque tous les téléphones, qui sont des ordinateurs chargés de logiciels que quelqu'un peut changer. Si le produit s'appelle Smartphone ; ça veut dire que tu as quelque peu d'influence sur le logiciel installé dans le téléphone. Si le téléphone n'est pas un Smartphone ça veut dire que tu n'as aucune influence sur le logiciel installé, mais il y a une entreprise qui peut le changer à distance à n'importe quel moment, c'est-à-dire que c'est une porte dérobée universelle pour l'installation de changements de logiciels. Cette porte dérobée a été employée pour convertir des téléphones en dispositifs d'écoute qui écoutent tout le temps et transmettent tout le temps. Et pas besoin de parler dans le micro, ils peuvent t'écouter depuis l'autre bout de la pièce. Et si tu penses garder ta vie privée en, j'ai oublié comment on dit, en éteignant le téléphone, ça ne marche pas, parce qu'il fait semblant de s'éteindre pendant qu'il continue de marcher, écoutant et transmettant. Pour ne pas être espionné, il faut ôter toutes les piles, pas seulement une pile, mais toutes les piles, même les piles pas évidentes, ce qui souvent n'est pas possible. Vraiment le téléphone portable est le rêve de Staline, donc je refuse de le porter. Je n'en ai pas parce que je suis conscient de mon devoir de citoyen de résister à l'espionnage à tout moment. Donc je refuse ces produits. Mais évidemment ce danger existe à cause du logiciel privateur dans le téléphone.

Je viens de vous présenter un liste d'exemples, si communs, que presque tout utilisateur de logiciel privateur utilise au moins un de ces exemples. Évidemment donc être victime du malware privateur est le cas normal chez les utilisateurs du privateur.

Par contraste, dans le Logiciel Libre, il y a très peu de malware. il y a des cas connus, comme par exemple celui d'Ubuntu. Ubuntu dans les recherches espionne l'utilisateur. Il faut exiger qu'ils le corrigent pour maintenir propre le nom de notre communauté. Bien sûr Ubuntu a une autre faute, il contient des programmes privateurs, mais ces fautes sont distinctes. Pourquoi est-ce que les fonctionnalités malveillantes sont rares dans le Logiciel Libre ? Parce que les utilisateurs en ont le contrôle. D'abord les utilisateurs étudient de temps en temps le code source pour corriger une erreur ou ajouter une fonctionnalité, mais en même temps ils ont l’opportunité de découvrir quelque chose de malveillant, si il y en a, et puis ils peuvent le publier et publier une version corrigée. Tout le monde verra, en étudiant la différence, qui a raison et donc les utilisateurs peuvent choisir la version corrigée. Comme ça les contributeurs au Logiciel Libre ne ressentent pas la même tentation que les propriétaires du logiciel privateur. Eux ils sont très très tentés par leur pouvoir. Mais nous n'avons pas de pouvoir sur les utilisateurs : si les utilisateurs n'aiment pas ce que nous avons fait, ils peuvent le changer. Et bien sûr ils y a des versions modifiées d'Ubuntu qui n'espionnent pas. Maintenant il faut finir le processus d'éliminer la version malveillante d'Ubuntu.

Donc même si tu n'es pas programmeur tu as besoin de participer dans une communauté d'utilisateurs qui a le contrôle du programme. C'est la seule défense connue contre le malvare, c'est que les utilisateurs aient le contrôle du programme. Donc notre société a un choix : d'un côté il y a la liberté individuelle, la solidarité sociale et la démocratie parce que tous les utilisateurs peuvent participer dans choisir le futur d'un programme libre. De l’autre côté il y a le logiciel privateur comme joug du propriétaire sur les utilisateurs qui peut donc les commander, exploiter et maltraiter, comme ils veulent. La société doit rejeter le logiciel privateur et choisir les droits de l'homme.

Applaudissements

J'ai lancé le mouvement du LL dans l'année 83 quand j'ai annoncé le plan de développer un logiciel exploitation qui serait complètement de logiciels libres. En 83 il était impossible d’acheter un ordinateur et de l'utiliser en liberté, parce que l'ordinateur requiert un système d'exploitation. Tous les systèmes d’exploitation étaient privateurs, donc en le rendant utilisable tu perdais ta liberté. Comment changer. Je n’étais pas activiste politique, je ne savais pas organiser un mouvement. Très peu étaient d'accord avec moi, je n'avais pas d’argent. Que faire ? Je n'étais pas activiste politique mais plutôt développeur des systèmes d'exploitation. Donc j'avais l’idée de rendre possible l'utilisation de l'ordinateur en liberté, que tout le monde pourrait utiliser des ordinateurs en liberté avec mon système. C'est-à-dire que j'avais la possibilité de sauver des gens de l'injustice du logiciel privateur par un travail technique de mon propre champ. J'étais conscient de l'injustice du logiciel privateur, que la grande majorité ne reconnaissait pas comme injustice, et j’avais la capacité de sauver des gens, ou d'essayer de sauver des gens, et personne ne le ferait si ce n’était as moi. Donc j'avais été élu par les circonstances pour faire ce travail. C’était mon devoir. Donc j'ai décidé de développer. Oh ! Oh ! Le soleil m'attaque ! Le soleil est pour les tentes, mais pas pour nous !

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Puis j'ai décidé de développer un système d'exploitation qui serait complètement, 100 % de logiciels libres, parce que s'il y a un composant dans les système qui est privateur, ce composant te prive de la liberté, et donc le système ne nous donnerait pas la liberté. Pour que le système ensemble respecte la liberté chaque pièce, chaque morceau, chaque ligne de code doit être libre. Puis j'ai décidé de recruter des autres pour participer au développement. Puis j’ai décidé de faire un système de type UNIX, compatible avec UNIX. UNIX était un système d’exploitation avancé et avec du succès, mais privateur. Donc UNIX ne pouvait pas être la solution. Mais si je développais un système semblable à UNIX et compatible avec UNIX nous aurions les mêmes avancées techniques et les utilisateurs d'UNIX pourraient facilement migrer vers notre système. Puis j'ai donné au système une blague comme nom, une blague spécifique. Selon la tradition de ma communauté de logiciels libres, qui était morte à l'époque, mais la tradition était quand tu construis un programme semblable à un autre programme, tu peux reconnaître l'autre programme avec un nom qui dit que ton programme n'est pas l'autre. Donc en 76, j'ai développé le premier éditeur Emacs. Après il y eu trente, plus au moins, imitations d'Emacs et quelques-unes s'appelaient quelque chose Emacs. Mais il y a avait aussi FINE pour Fine Is Not Emacs et SINE pour Sine Is Not Emacs et Ine Is Not Emacs. Et une version incomplète s'appelait MINCE pour Mince Is Not Complete Emacs. Et la version numéro 2 de INE s’appelait SWII pour Swii Was Ine Initially

Donc je lui ai donné le nom GNU pour GNU's Not Unix. Mais aussi pourquoi GNU et pas FNU ou SNU ou ANU, parce que ce ne sont pas des mots mais GNU est un mot. C'est le nom de cet animal qui habite en Afrique. Voici un adorable gnou qui a besoin d'une famille. Mais pourquoi est-ce que le mot est GNU est si chargé d’humour ? C'est parce que selon le dictionnaire le G est muet et le mot se prononce new, c'est-à-dire nouveau. Quand tu veux écrire le mot GNU tu peux l'épeler G, N, U, au lieu de N, E, W, et c'est un jeu de mots, pas très bon mais il y en a beaucoup. Nous avons appris à mettre en relation ce mot avec les rires. Mais quand c'est le nom de notre système, prière de ne pas suivre le dictionnaire, en anglais surtout. Si tu dis « I'm using the new sytem », tu te trompes déjà parce que nous avons développé notre système GNU depuis trente ans et nous l'utilisons depuis vingt deux ans ; il n'est pas nouveau, it's no longer the new system, mais c'est toujours GNU, donc prière de le prononcer comme ça, GNU.

Nous avons travaillé pendant presque une décennie et l'année 91, nous avions presque tout le système GNU mais un composant essentiel manquait toujours, c'est le noyau. Le noyau est le composant du système d'exploitation qui fournit les ressources de la machine aux autres programmes. La Free Software Foundation que j'avais lancée en 85, a embauché en 90, un programmeur pour écrire notre noyau. Mais j'ai choisi une conception peut-être trop avancée, trop élégante et le développement est devenu un projet de recherche. Il a fallu six ans pour avoir une version de test. C’était dommage. Mais heureusement il ne fallut pas l'attendre, parce qu'en 92 monsieur Tordvalds a libéré son noyau Linux. Il a commencé le développement de son noyau en 91 comme un programme privateur, mais en 92, il l'a libéré en le publiant sous la Licence Publique Générale de GNU ou GPL de GNU, la licence que j'avais écrite pour publier la plupart des programmes de GNU. Mais il faut noter que le but était d'avoir un système d'exploitation complet et libre, complètement libre, pas d'avoir un système d'exploitation complètement écrit par nous. C'est-à-dire que, pour arriver au but, j'ai décidé d'utiliser beaucoup d'autres programmes libres qui sont apparus à l'époque. Donc dans le système GNU il y a des programmes écrits pour le projet GNU et d'autres programmes libres qui sont disponibles et servent pour arriver au but. Et enfin en 92, d'autres ont combiné le système incomplet GNU avec Linux One le noyau, pour avoir un système complet et libre. Notre but a été atteint.

Applaudissements

Mais ceux qui avaient combiné Linux avec GNU ne le reconnaissaient pas. Ils mettaient l'emphase tant sur ce dernier composant Linux qu'ils prenaient tout le reste du système pour une petite adjonction. Donc ils parlaient d'un système Linux, ce qui n’était pas correct ni beau. Quand il s'agit du système qui contient GNU et Linux, prière de l’appeler GNU et Linux. Donnez-nous la moitié de la reconnaissance, parce que notre contribution de code est la plus grande de toutes les contributions, mais aussi nous avons commencé le projet. Donc je crois qu'une reconnaissance égale est correcte pour nous.

Applaudissements

Avant j'ai vu quelqu'un qui portait un badge d'une organisation qui s'appelle d'utilisateurs de Linux et portait un manchot qui est le symbole de Linux. Un manchot sans gnou ça n'existe pas. Donc j'ai dit « j'ai horriblement chaud » et le voici l'horrible manchot ! Prière de mettre avec chaque manchot son gnou.

Mais nous avons avancé beaucoup depuis le commencement. Au commencement il était complètement impossible d'utiliser un ordinateur sans logiciel privateur. Maintenant nous avons des applications libres, des systèmes d'exploitation libres, des noyaux libres, des BIOS libres. Il est possible d'éliminer le logiciel privateur à beaucoup de niveaux dans l'ordinateur. Mais il y a aussi des faiblesses, parce que beaucoup dans la communauté de Logiciel Libre ne pensent pas à la liberté. Beaucoup n'ont jamais entendu mentionner la liberté, ni se sont posé les questions éthiques que je pose, parce que dans notre communauté il y a ceux qui veulent que ces questions s'oublient. L'année 98 ils ont inventé une expression pour cacher toute l'éthique, c'est l'expression open source. L'idée était de ne jamais dire libre et de ne jamais poser les questions de justice ou injustice, de liberté ou pouvoir injuste. Et ils avaient l'appui de la majorité de la communauté et surtout des entreprises. Donc les entreprises ont commencé presque toutes à ne jamais dire libre ni free software, toujours open. Le mot open est très faible. Ça sonne bon, mais ne dit pas beaucoup. C'est une manière de se présenter comme bon sans appuyer aucun principe.

Et maintenant nous devons faire un effort continu pour être vus à travers du mur d'open source qui nous cache. Et quels sont les résultats ? Celui qui a choisi le système GNU et Linux pour les idées qui s’appellent open, ne reconnaît pas les droits de l’homme, ou mieux dit, ne reconnaît pas que les droits de l'homme s’appliquent ici, dans l'informatique aussi. Donc il ne voit pas pourquoi rejeter un programme privateur, et juge selon la commodité. Les valeurs de open source sont rentabilité, efficacité, fiabilité, c’est-à-dire des valeurs pratiques, du court terme, pas les valeurs éthiques du long terme. Et c'est ça la signification d'open source, juger par le court terme, par les valeurs pratiques uniquement. Mais celui qui juge comme ça est vulnérable à la tentation d'utiliser un programme privateur parce que c'est commode, c'est-à-dire il peut être séduit, abandonner sa liberté. Donc la communauté reste vulnérable et nous pourrons le voir dans les résultats.

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Il y a plus de mille distributions GNU et Linux, c'est-à-dire des versions distribuées du système, installables et presque toutes contiennent du logiciel privateur. Les distributions pour la plupart ne sont pas libres. Il y a plus ou moins dix distributions libres. La liste se trouve dans gnu.org/distros ; il y a par exemple Ututo et gNewSense et Trisquel et Parabola. Mais évidemment ce ne sont pas des distributions très connues. Les distributions très connues contiennent des programmes privateurs. Et pourquoi ? Parce qu'elles sont développées par des gens qui ne sont pas défenseurs des droits de l'homme, des gens de l'opinion open source. Aujourd'hui, le programme Linux, comme il est distribué par monsieur Tordvalds, contient des programmes privateurs. Pourquoi ? Évidemment parce qu'il n'est pas d'accord. Il n’applique pas le mouvement logiciel libre, il dit open source. Pourquoi rejetterait-il des programmes privateurs ? Pour lui ce n'est pas une question de principe, donc la leçon, c'est que quand notre liberté dépend de quelqu'un qui ne valorise pas la liberté comme principe, notre liberté est vulnérable et précaire. Elle peut être perdue par une décision qui est de lui et uniquement pratique.

En effet, en 91, il a commencé la distribution de Linux comme un programme privateur, puis en 92 il l'a libéré. Puis, des années plus tard, il a commencé à accepter des morceaux privateurs dans Linux. Mais il faut noter que les programmes privateurs sont séparés. Ce sont des programmes de firmware, pour charger dans des périphériques ou des coprocesseurs, mais ils sont privateurs, donc inacceptables. Évidemment il avait une motivation pour les accepter. Il y a des périphériques et des coprocesseurs qui ne fonctionnent pas sans les ???, les programmes privateurs. C'est un problème réel qui offre deux réponses possibles, parce que quand le périphérique, quand le support physique ne fonctionne pas sans programme privateur, il faut céder quelque chose : ou l'on cède la liberté ou l'on cède l'utilisation de ce périphérique. Donc si tu es libriste, si tu défends la liberté, tu cèdes l'utilisation de ce composant physique. Si tu es promoteur d'open source, tu cèdes la liberté et tu suggères aux autres qu'ils cèdent la liberté, même sans le dire. C'est ce que Torvalds fait aujourd'hui. Il distribue un programme dit open source, mais qui contient de morceaux qui ne sont pas open source. Mais pour lui, vu que rien n'est une question éthique, pas de problème. Mais pour nous ce serait un comportement injuste. Donc nous avons créé notre version modifiée de Linux, c'est-à-dire le noyau Linux, qui s'appelle Linux libre. C'est le même programme sans les morceaux privateurs. Ça fonctionne.

(Ah je dois attendre ? Merci. Je peux recommencer ? J'attends ? Je recommence ?)

Donc Linux libre c'est le même noyau mais sans les morceaux privateurs, donc il ne sait pas gérer les périphériques qui requièrent les morceaux privateurs, mais il respecte la liberté. Pour l'instant c'est la réponse correcte, c'est la réponse éthique. Mais sur le long terme, ce que nous voulons, c'est résoudre le problème de base. Pour cela il faut développer des remplacements libres aux morceaux privateurs. C'est-à-dire il faut de l'ingénierie inverse pour comprendre le fonctionnement du support physique afin que quelqu’un puisse écrire le remplacement libre. Si tu veux faire une contribution technique très importante au Logiciel Libre, fais l'ingénierie inverse, découvre le fonctionnement du support physique pour le publier. Pas besoin que tu écrives le remplacement libre. Il y en a d'autres capables de le faire. Le travail qui bloque le progrès c'est de découvrir comment fonctionne le hardware et je crois qu'il doit être illégal de vendre un ordinateur en cachant le mode d'emploi, parce que c'est le mode d'emploi qui est secret. Nous n'avons pas besoin de savoir des circuits intérieurs, nous avons besoin de savoir le mode d'emploi, pour écrire un programme pour utiliser ce produit. C'est le mode d'emploi qu'ils nous cachent et ça doit être illégal.

Applaudissements

Mais aussi il y a d'autres problèmes. Dans l'ordinateur même il y a des programmes remplaçables à distance, souvent conçus pour nous restreindre. Les PC normaux sont plein de supports physiques malveillants et de programmes installés, remplaçables et privateurs, malveillants. Que faire ? Enfin il faut nous échapper des nouveaux PC pour être vraiment libres. C'est-à-dire que la lutte s'étend au niveau plus bas dans le produit. Donc c'est difficile. Mais le logiciel privateur arrive aussi au navigateur, sans se déclarer, secrètement. Les pages web qui arrivent dans ton navigateur contiennent des programmes privateurs en JavaScript et donc les sites web font exécuter des programmes privateurs dans ton ordinateur, dans ton navigateur. Et pour rejeter le logiciel privateur, il faut les bloquer. Nous avons développé un add-on pour Firefox qui s'appelle LibreJS. Ce programme analyse tout programme en JavaScript qui essaie de s'installer dans ton navigateur pour savoir s'il est ou trivial ou libre et dans ces deux cas, le programme est autorisé à s’exécuter. Mais si le programme n'est ni trivial, ni libre, LibreJS le bloque et t'avertit « cette page-ci contient du JavaScript privateur ». Le programme offre aussi la manière facile de te plaindre à la gestion du site, parce qu'il cherche dans les pages du site où envoyer les plaintes. Plaintes ? J'ai oublié le terme. Plaints ou plaintes ? Il cherche où envoyer les plaintes et ça facilite l'envoi des plaintes, parce que comme tu sais le grand travail est de trouver où les envoyer et comment. Il faut te plaindre à la gestion du site. C'est très important pour les convaincre de corriger ce problème. En une minute tu peux envoyer un message qui dit « je n'ai pas pu utiliser votre site parce qu'il exigeait l'exécution d'un programme Javascript pas libre. Corrigez-le ! » Moins d'une minute ! Et tu peux envoyer dix plaintes à dix sites différents chaque jour, facilement. Et ce serait une contribution.

Mais pour faire une grande contribution, ce dont nous avons le plus grand besoin c'est la diffusion de l'idée du Logiciel Libre, de faire ce que je fais maintenant, des conférences, des articles, et la participation dans les forums, parce que beaucoup d'utilisateurs d’informatique n'ont jamais vu qu'il y a une question de leurs droits de l'homme dans ce qu'ils font. C'est à nous de les informer, mais moi je fais déjà ce que je peux faire. Pour en faire plus il faut que vous le fassiez. Merci.

58' 00

Aujourd'hui il y a une autre manière de perdre le contrôle de ton informatique.