Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 16 juin 2020

De April MediaWiki
Révision datée du 23 juin 2020 à 15:13 par Morandim (discussion | contributions) (/* « Au cœur de l'April ». Plusieurs personnes actives au sein de l'April – Antoine Bardelli, Magali Garnero, Quentin Gibeaux, Isabella Vanni, Laurent Poujoulat, Frédéric Couchet – parlent des groupes de travail, des activités de l'April, d...)
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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 16 juin 2020 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Noémie Bergez - Magali Garnero - Antoine Bardelli - Quentin Gibeaux - Laurent Poujoulat - Isabella Vanni - Béatrice Pradillon - Frédéric Couchet - William Agasvari à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 16 juin 2020

Durée : 1 h 30 min

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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Au cœur de l’April, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. J’aurai le plaisir d’avoir avec moi plusieurs personnes actives au sein de l’April pour parler des activités de l’April, de son fonctionnement. Posez-nous toutes vos questions pendant le direct, nous y répondrons. Avec également au programme StopCovid et également une présentation du label Territoire Numérique Libre ouvert à toutes les collectivités.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France, en DAB+ 24 heures sur 24 et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose également d’une application Cause Commune pour téléphone mobile.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’April c’est april.org et vous y trouvez d’ores et déjà une page consacrée à cette émission avec les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.

Nous sommes mardi 16 juin 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Si vous voulez réagir avec nous, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission #libreavous.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique « In code we trust » de Noémie Bergez, avocate, qui porte sur l'application StopCovid sous l'angle du traitement des données personnelles des personnes utilisatrices

Frédéric Couchet : Évoquer le code à la main une règle de droit ou un procès en lien avec les œuvres, les données, les logiciels ou les technologies, c´est la chronique « In code we trust », « Dans le code nous croyons » de Noémie Bergez avocate au cabinet Dune.
Déjà on a le plaisir du retour de Noémie après quelques semaines d’absence. Bonjour Noémie.

Noémie Bergez : Fred, bonjour. Est-ce que tu m’entends ?

Frédéric Couchet : Là c’est parfait. Bonjour Noémie.
Noémie, tu souhaites aujourd’hui de nous parler de l’application StopCovid sous l’angle des données personnelles des personnes utilisatrices. Je te laisse la parole.

Noémie Bergez : Bonjour à tous. J’espère que vous vous portez bien.
La chronique de ce jour est consacrée à StopCovid, l’application pour smartphone développée dans le cadre du déconfinement.
C’est une première. Cette application a fait couler beaucoup d’encre avant même sa mise en œuvre. Beaucoup s’interrogent sur l’utilité de cette application ou, plus grave, les atteintes aux libertés publiques qu’elle pourrait engendrer. Y a-t-il suffisamment de garde-fous autour de cette application ?
Après avoir identifié les caractéristiques de StopCodvid et les conditions de son développement nous reviendrons sur quelques avis émis par des experts et nous aborderons comment le public a réceptionné cette application.

Les caractéristiques de l’application.
StopCovid est une application mobile de suivi de contact qui repose sur le volontariat des personnes et utilise la technologie Bluetooth. Elle vise à dépister et isoler les personnes infectées par le coronavirus et alerter les personnes en contact avec ces dernières.
Cette application est placée sous la responsabilité du ministère des Solidarités et de la Santé. Elle est disponible depuis le 2 juin 2020 en téléchargement depuis les plateformes des GAFA. On l’installe de manière non obligatoire, elle est gratuite, son téléchargement est gratuit. Elle implique pour son utilisateur l’acceptation de la politique de données.
En pratique, le smartphone va stocker une liste de pseudonymes temporaires des appareils qu’il a croisés pendant 14 jours, c’est ce qu’on appelle l’historique de proximité. Ensuite, l’application va alerter l’utilisateur ayant été récemment en contact prolongé à moins d’un mètre de distance et durant au moins 15 minutes avec une personne ayant volontairement déclaré avoir été testée positive au coronavirus. Donc L’utilisateur peut volontairement déclarer dans l’application qu’il est positif en saisissant pour cela un code transmis par son médecin ou un laboratoire. Cela va générer une alerte envoyée à l’ensemble des utilisateurs ayant été en contact rapproché avec lui les jours précédents et dans la limite des 14 jours.
Vraisemblablement, à la suite d’une alerte, l’utilisateur en contact va très certainement se faire dépister et, s’il le souhaite, il se confinera dans l’attente du résultat et de la suite du protocole. Il y est d’ailleurs grandement invité par l’application.
Cette application est présentée comme étant transparente et protectrice de la vie privée. Son objectif annoncé c’est de casser la chaîne de transmission du coronavirus.
L’application en elle-même, évidemment, traite des données de santé. Pour rappel les données de santé sont toutes les données relatives à la santé physique ou mentale, passées, présentes ou futur d’une personne physique et qui révèlent des informations sur son état de santé.
En revanche il n’y a pas de données de localisation des personnes qui sont utilisées via l’application puisque c’est la technique du Bluetooth.
Il faut savoir que les données collectées sont rendues anonymes, car l’application va générer des pseudonymes au moyen d’identifiants.
Tout ça fait que cette application est soumise au Règlement général sur la protection des données, le RGPD.
Il faut également noter que l’application est temporaire et qu´elle n´a pas vocation à être proposée au public après la fin de l’épidémie. La durée de vie de cette application est en principe de six mois à compter de la fin d’urgence sanitaire.

S´agissant des conditions du développement de l´application.
Le développement a été confié à l´Inria, l´Institut national de recherche en informatique, qui est également en charge de la recherche en sciences et technologies du numérique. Dans le cadre du projet de cette application StopCovid l´Inria et un institut allemand ont publié le protocole ROBERT. Ce protocole peut être utilisé pour la construction d’applications mobiles de suivi de contact avec deux objectifs :
le premier, le respect de la réglementation sur les données ;
le deuxième objectif c’est de pouvoir être résistant à des attaques crédibles.
S’agissant de ce protocole la Commission nationale de l´informatique et des libertés, la CNIL, s’est prononcée dans son avis du 25 mai 2020, on y reviendra. Pour la CNIL, ce protocole est construit dans une logique de minimisation et de protection des données, donc il est considéré comme satisfaisant.
S’agissant du code source de l´application, il est publié non pas en intégralité mais en partie, c’est d’ailleurs ce qui fait débat puisque la politique de publication du code source développé dans le cadre de ce projet est présentée comme reposant sur trois catégories : une partie restreinte non publiée qui serait des tests ou des parties critiques pour la sécurité de l’infrastructure ; une partie rendue publique sans appel à contribution qui correspondrait à des parties qui implémentent directement des spécifications très précises et une partie relevant de l’ « open source », entre guillemets, avec des appels à contribution sur le cœur de l’application, notamment l’implémentation du protocole ROBERT.
Ces critiques sont continues et jusqu’à présent c’est vrai qu’elles ont notamment eu comme point principal de dire que les parties de ce code qui n’étaient pas soumises à licence propriétaire étaient critiquables, il n’y avait pas publication sous licence libre de l’application et la CNIL avait en fait, elle, demandé, nous le verrons un peu plus tard, que le code source soit librement accessible, ce qui n’a pas été suivi.
Il y a d’autres analyses qui ont été faites à propos de cette application. Plusieurs experts se sont prononcés dans le milieu médical. On a le Conseil national de l’ordre des médecins, le Conseil scientifique, l’Académie nationale de Médecine, mais également dans le domaine du numérique avec le Comité Consultatif National d'Éthique, la Commission Supérieure du Numérique et des Postes.
De mon côté j’ai retenu les informations les avis de la CNIL, du Conseil national du Numérique et de la Commission nationale consultative des droits de l’homme qui m’ont semblé très intéressants d’un point de vue juridique, puisque la CNIL, à deux reprises, avant et après la mise en œuvre de StopCovid, s’est prononcée. Le 24 avril 2020 nous avons un premier avis de la CNIL sur le principe même de mise en œuvre de cette application. La CNIL indique qu’il faudra respecter certaines conditions pour être conforme au RGPD, elle insiste notamment sur l’usage volontaire de l´application, l’utilisation de pseudonymes, une utilisation temporaire et évidemment une conservation des données limitée dans le temps, la sécurisation des données, ainsi qu’une vigilance particulière pour le traitement des données de santé.
Pour la CNIL, la finalité de cette application doit être strictement limitée à l’alerte de personnes exposées au risque de contamination et surtout ne pas avoir pour objet de surveiller le respect des mesures de confinement ou d’autres obligations sanitaires ou bien même d’organiser une prise de contact avec la personne alertée ou de réaliser un suivi du nombre de personnes qui ont été infectées, voire d’identifier des zones dans lesquelles ces personnes se seraient déplacées. La CNIL avait considéré que dans ces conditions la mise en œuvre de StopCovid, sous réserve qu’elle soit utile à la stratégie de déconfinement et qu’elle soit conçue de façon à protéger la vie privée des utilisateurs, était envisageable.
Le 25 mai 2020, la CNIL a rendu un second avis cette fois-ci sur le projet de décret encadrant StopCovid. La CNIL va rappeler que cette application doit être mise en œuvre avec prudence. Elle relève que l’application est utile et que le traitement est nécessaire et qu’il existe des garanties pour limiter les atteintes à la protection des données. Elle retient également que la durée limitée à six mois est satisfaisante. Elle émet cependant quelques critiques sur la manière de fonctionner de cette application, également aussi sur les informations qui sont transmises notamment à l’égard des mineurs et des parents des mineurs. Elle évoquait aussi dans cet avis le libre accès à l’intégralité du code source de l’application.
Nous avons ensuite un arrêt également favorable par rapport à cette application qui a été émis par le Conseil national du Numérique avec quelques recommandations qui n’ont pas toutes été suivies d’effet.
En revanche, beaucoup plus limitée, la Commission nationale consultative des droits de l’homme s’était auto-saisie sur ce projet et a considéré que la conformité à la seule réglementation sur la protection des données personnelles n’équivaut pas au respect des droits et libertés fondamentaux, donc elle a émis un avis en mettant en avant une atteinte disproportionnée.
L’Ordre des avocats du barreau de Paris a également déconseillé l’utilisation de cette application.

Aujourd’hui qu’en est-il ?
La CNIL a lancé dès le mois de juin une série de contrôles qui vont se poursuivre jusqu’à la suppression des données donc sur une période quand même de plusieurs et ces constatations pourront être suivies si nécessaire de sanctions.

Comment l’application est-elle reçue par le public ?
Le bilan est mitigé à ce jour. Il y a 1,5 million de téléchargements ce qui représente à peine 2 % de la population française qui aurait téléchargé l´application. On ne sait même pas si ceux qui l’ont téléchargée en ont une fait une utilisation active, si ce sont vraiment des utilisateurs, on ne sait pas. Le gouvernement a lancé une nouvelle campagne de communication qui est quand même teintée de certaines polémiques notamment sur la localisation des serveurs et également sur la maintenance et l’hébergement qui auraient été confiés à une société sans appel d’offres. Il faut savoir que dans d’autres pays de telles applications ont également été développées, proposées à la population et que certains ont commencé à suspendre leurs applications, notamment la Norvège.

En conclusion StopCovid est une application qui fédère peu d’utilisateurs, avec quelques points juridiques qui demeurent quand même assez flous. Donc on peut s’interroger sur l’avenir de cette application. Ce sera donc à suivre dans les prochains mois.

Frédéric Couchet : Merci Noémie. Je rajouterai aussi que ce matin dans un article Mediapart explique que la collecte des données est beaucoup plus large que ce qui était annoncé et notamment prévu par le décret. Je renvoie les personnes qui écoutent l´émission à l´article de Mediapart et aussi, évidemment, aux références que nous mettrons sur april.org et causecommune.fm.
Merci Noémie pour cette reprise de chronique et j’espère qu’après la pause estivale on se retrouvera dans le studio de la radio pour ta prochaine chronique en septembre.

Noémie Bergez : Ce sera avec grand plaisir.

Frédéric Couchet : Merci Noémie. Passe un bel été.

Noémie Bergez : Merci Au revoir.

Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : On va écouter Gimnastka par Alexandr Zhelanov. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Gimnastka par Alexandr Zhelanov.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Gimnastka par Alexandr Zhelanov, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
On va passer au sujet principal.

[Virgule musicale]

« Au cœur de l'April ». Plusieurs personnes actives au sein de l'April – Antoine Bardelli, Magali Garnero, Quentin Gibeaux, Isabella Vanni, Laurent Poujoulat, Frédéric Couchet – parlent des groupes de travail, des activités de l'April, de son fonctionnement

Frédéric Couchet : Le sujet principal va porter sur l’April. Nous avons intitulé ce sujet principal « Au cœur de l’April ». Depuis 1996 l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre, diffuse l’esprit du Libre. Notre vision étant que la liberté informatique est un enjeu de société.
L’émission Libre à vous ! est un de nos projets, mais il y en bien d’autres.
On va essayer aujourd’hui, également dans le cadre d’une deuxième émission mardi 30 juin, de vous faire découvrir les coulisses de l’association, quelques actions, découvrir les personnes soit membres de l’équipe salariée soit bénévoles qui nous permettent d’avoir une association vivante et active pour la promotion et la défense du logiciel libre. On va tenter, modestement, de vous diffuser l’esprit de l’April.
N’hésitez pas à participer à notre conversation, à nous faire des remarques, à nous poser des questions. Pour cela rendez-vous sur le salon web de l’association, site causecommune,fm, bouton « chat », salon #libreavous.

Avec moi il y a cinq personnes. Je vais simplement commencer par une petite question. J’avais prévenu chacun et chacune d’entre vous de vous présenter, d’où vous venez, ce que vous faites à l’April de façon courte évidemment. Je vais commencer par l’ordre des gens que je vois affichés sur le salon Mumble. Mumble est l’outil d’audioconférence qu’on utilise pour l’émission du jour. Je vais commencer par Antoine Bardelli.

Antoine Bardelli : Bonjour. Je suis designer graphique ou graphiste et j’interviens sur la liste Sensibilisation de l’April.

Frédéric Couchet : Super. Magali Garnero.

Magali Garnero : Bonjour. Je suis libraire et j’anime les stands de l’April. Je vais aussi un peu de radio avec le Décryptualité tous les lundis soir.

Frédéric Couchet : Merci Magali. Isabella Vanni.

Isabella Vanni : Bonjour à tout le monde. Je fais partie de l’équipe salariée depuis 2014. Je suis coordinatrice vie associative et responsable projets. Je m’occupe de la gestion des membres, de l’organisation administrative et des nombreuses actions liées à la sensibilisation, notamment auprès du grand public.

Frédéric Couchet : Laurent Poujoulat.

Laurent Poujoulat : Bonjour. Je suis informaticien, je suis membre de l’April depuis 2016. Je participe au Chapril comme animateur des services Valise et Mumble et je participe aussi au groupe de traduction GNU.

Frédéric Couchet : Bien sûr on aura l’occasion tout à l’heure d’expliquer ce qu’est le Chapril.
Dernière personne, Quentin Gibeaux.

Quentin Gibeaux : Bonjour. Moi c’est Quentin, ???. Je suis membre de l’April depuis 2009. Je suis entré dans l’aspect technique en 2012 avec un stage pendant mes études. Je suis revenu après en 2016 en tant que bénévole sur l’admin-sys de l’April et je suis actuellement le scrum master de l’équipe admin-sys de l’April. On gère l’infrastructure et tous les outils nécessaires au fonctionnement de l’association.

Frédéric Couchet : Merci Quentin. Tout à l’heure on aura l’occasion d’expliquer ce qu’est un scrum master.
Première remarque que je vais faire : sur les cinq personnes qui sont présentes il y a deux informaticiens et les trois autres personnes ne sont pas informaticiennes. L’April n’est pas une association remplie d’informaticiens ou d’informaticiennes, au contraire c’est une association très diverses.
Vous avez vu cinq personnes avec moi, on va aborder plusieurs sujets. On fera une deuxième émission avec d’autres personnes. On va commencer par la partie sensibilisation. L’April c’est promouvoir et défendre le logiciel libre. Aujourd’hui on va parler plutôt parler de la partie promotion. On va commencer par le groupe de travail Sensibilisation notamment avec Antoine et Isabella qui sont deux personnes très actives au niveau de ce groupe.
Première question Isabella, est-ce que tu peux nous expliquer ce que fait ce groupe, les objectifs et le fonctionnement du groupe de travail Sensibilisation ?

Isabella Vanni : Le groupe de travail Sensibilisation a pour but de proposer des outils de communication pour sensibiliser notamment le grand public aux logiciels libres et aux formats ouverts. Quand je parle d’outils de communication, ça peut être plusieurs choses. Ça peut être des flyers, des dépliants, des affiches, des autocollants, voire des panneaux d’information comme l’Expolibre, on en parlera peut-être tout à l’heure. Au cours des deux dernières années on a lancé aussi deux nouveaux projets, un quiz sur les enjeux de l’informatique et un jeu de plateau coopératif.
C’est important de dire que toutes les ressources sont disponibles sur notre site, elles sont publiées sous licence libre, cela va de soi. De cette façon tout le monde peut les utiliser, les partager, les adapter à ses besoins et, pour ce qui concerne le fonctionnement, le groupe, en fait, a une liste de discussion dédiée, ouverte à tout le monde, n’importe qui intéressé à ces sujets peut s’inscrire, membre de l’April ou pas. On fait aussi des réunions régulières chaque troisième jeudi du mois. Avant cette situation sanitaire particulière, on faisait des réunions physiques à Paris. Depuis le confinement, on a l’habitude de les faire à distance, ça marche très bien. On a aussi une page wiki et on travaille énormément sur les pads, c’est-à-dire des documents collaboratifs auxquels chacun et chacune peut contribuer à distance.
C’est important de dire, comme tu le rappelais tout à l’heure, qu’on parle de la promotion, donc il ne faut pas être forcément informaticien/informaticienne pour participer au groupe. On parle de sensibilisation, des principes, de la philosophie du logiciel libre, donc n’importe qui intéressé par ce sujet peut participer, peut nous donner des idées, faire des relectures, faire des propositions, relever des points d’amélioration sur les ressources qu’on a produites. C’est vraiment un groupe ouvert à tout le monde.

Frédéric Couchet : Merci Isabella. Avant de passer la parole à Antoine, dans l’émission on va essayer aussi de mettre en valeur des points communs à l’ensemble des actions de l’April et des groupes de travail. Une chose importante que tu as dite c’est que la plupart, la quasi-totalité des activités de l’April sont des activités publiques, c’est-à-dire que n’importe qui, que la personne soit membre ou pas de l’April, peut participer à l’activité. Typiquement pour le groupe de travail Sensibilisation c’est simplement l’inscription sur une liste de discussion qui permet de participer et participer à des réunions, sans vérification que la personne est membre ou pas.
Parmi les outils que tu as cités un outil qu’on utilise beaucoup, tu as parlé du pad, en fait ce sont des bloc-notes, ce sont des outils en ligne qui permettent de modifier du texte sans avoir à se créer un compte, etc. Un autre exemple d’utilisation de blocs-notes c’est la préparation de l’émission Libre à vous !. Toute la préparation de l’émission Libre à vous !, si vous allez sur april.org ou sur causecommune.fm vous trouverez le lien, se fait via un bloc-notes dédié sur lequel on place nos idées d’émission, nos idées de personnes à inviter. Pour les musiques on a aussi un bloc-notes dédié. On les met, on les choisit là-dedans et d’autres personnes peuvent contribuer. C’est un point essentiel dans l’activité de l’April : c’est une activité qui peut être faite par n’importe quelle personne, qu’elle soit membre ou pas de l’April.
D’ailleurs Antoine Bardelli, toi tu es graphiste. Je ne me souviens si quand tu as rejoint le groupe Sensibilisation tu étais déjà membre ou pas de l’April, à la limite peu importe, en tout cas tu es arrivé il y a quelques années maintenant, plus d’une dizaine d’années je pense, où on avait bien besoin de graphistes, tu es arrivé dans le groupe Sensibilisation. Tu as commencé par travailler sur un projet qui existe toujours qui est un poster et un dépliant qui s’appelle « Le logiciel libre comment ça marche ». Quelle a été ton expérience de contribution justement à ce groupe Sensibilisation ?

Antoine Bardelli : Oui, Isabella a déjà bien décrit le groupe. Effectivement, je suis arrivé il y a plus d’une dizaine d’années dans le groupe Sensibilisation parce que je voulais contribuer au logiciel libre. Avant, on va dire deux ans avant, j’étais déjà passé au logiciel libre, mais c’est vrai que j’avais envie de contribuer. Je me suis tourné vers quelque chose qui était plus proche de mes activités, j’étais directeur artistique en agence à l’époque. Ça m’intéressait de mettre en application pour le logiciel libre que je ne trouvais pas forcément assez bien mis en valeur dans la communication en général, on ne le voyait pas forcément. Le logiciel libre, on va dire, n’a pas des moyens d’entreprise pour se payer de la communication. C’était intéressant pour moi d’intervenir à ce niveau-là.
Quand je suis arrivé dans le groupe Sensibilisation, il y avait effectivement quand même beaucoup de projets qui étaient en place des choses qui étaient faites, il fallait quand même travailler l’aspect final pour qu’on puisse le diffuser avec plus d’impact vers le public. Donc c’était une des premières phases, une des premières intentions quand je suis arrivé dans ce groupe. Après, bien entendu, dans la sensibilisation il y a tout un process – on va dire qu’on fait tous plus ou moins un petit peu comme on souhaite, ce n’est pas forcément un process établi –, mais il y a des étapes où on discute beaucoup sur ce qu’on peut faire, sur ce qu’on a envie de faire, ce qu’on a envie de prendre en charge et puis on propose, c’est-à-dire qu’on fait le travail un petit peu dans son coin des fois, et puis on propose une version et des personnes annotent, etc. Petit à petit on arrive à des outils de communication qui sont finalement assez aboutis, mais ça prend effectivement un certain temps.

Frédéric Couchet : C’était il y a combien de temps ? Est-ce que tu t’en souviens ?

Antoine Bardelli : C’était en 2011 [2009, Note de l’intervenant] à peu près.

Frédéric Couchet : D’accord. Je croyais que c’était plus ancien. 2011, ça fait quand même presque neuf ans et tu continues à contribuer. On parlera aussi tout à l’heure d’un autre projet, l’Expolibre, qui a commencé il y a bien longtemps et dont on vient de publier récemment une version italienne après les versions espagnole, anglaise et française.
Tu disais qu’à l’époque tu étais directeur artistique, par rapport à ton expérience d’avant, quand tu es arrivé dans la communauté du groupe Sensibilisation de l’April est-ce que c’était pareil ? Est-ce que les remarques étaient du même format ? Est-ce que c’était plus compliqué de travailler avec nous ? Comment c’était ?

Antoine Bardelli : Non ! Moi je suis arrivé d’un univers qui est totalement différent. La création graphique ou la création artistique c’est relié au droit d’auteur et tout le monde travaillait avec des logiciels propriétaires. J’étais arrivé un petit peu comme le loup dans la bergerie. Effectivement, une fois qu’on a acquis tous les principes du logiciel libre, tout ce qui relève des licences libres, etc., on peut aussi faire la même chose. Donc effectivement, quand je suis arrivé, on se demandait un petit peu comment j’allais pouvoir participer.

Frédéric Couchet : Quand tu disais qu’on se demandait comment tu allais pouvoir participer, c’est-à-dire que ton expérience d’outils, notamment pour la création que ce soit d’images, de flyers, c’était que le logiciel libre était en retard ou pas à cette époque-là ?

Antoine Bardelli : Ce n’était pas un retard, c’était que ça prenait beaucoup plus de temps pour réaliser les mêmes tâches. Avec le logiciel propriétaire, les flux de production dans ce domaine sont assez avancés. A aujourd’hui on peut faire pratiquement tout ce qu’on veut avec du logiciel libre, sans problème, on peut faire la même chose. Il faut juste connaître les logiciels et c’est effectivement ce que j’ai fait en arrivant. J’ai vu que je devais passer par des logiciels libres à fond pour pouvoir produire des documents. Donc il y a effectivement une année où j’ai appris tous les logiciels libres qui étaient les plus proches de mon métier pour faire les documents de l’April.

Frédéric Couchet : Finalement ça t’a permis d’augmenter ta capacité de travail et de découvrir une nouvelle informatique. Par exemple aujourd’hui, si je me souviens bien, même pour tes clients tu fais tes sites web en Wordpress ou en Spip qui sont deux logiciels libres pour créer des sites web.

Antoine Bardelli : Oui, aujourd’hui effectivement le logiciel libre fait partie intégrante de mon offre on va dire professionnelle, de ce que je propose à mes clients. Oui, même s’ils n’en ont pas toujours conscience !

Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas je pense que sur le site de l’April il doit y avoir un historique de nos productions de type sensibilisation, je pense que vous verrez un avant et un après un Antoine Bardelli sur la qualité. L’avant Bardelli c’est sans doute très noir avec beaucoup de texte. L’Après Bardelli il y a beaucoup plus de couleur, beaucoup plus d’images, c’est beaucoup plus aéré, en tout cas c’est beaucoup plus joli et surtout beaucoup plus percutant pour les publics ciblés.

Antoine Bardelli : La coupure ne se verra peut-être pas forcément si bien que ça, quand même, mais il y a effectivement des documents qui sont déjà beaucoup plus illustrés on va dire. Effectivement, avant il y avait beaucoup de texte, c’était très verbeux. Il a fallu beaucoup travailler sur la réduction ou sur la synthèse des textes, bien avant de commencer à faire des choses visuelles on va dire. C’est pour ça qu’il y a des process qui sont assez longs sur la liste Sensibilisation, parce qu’effectivement les textes ça se discute, beaucoup, alors que le graphisme, finalement, étant donné qu’il y a moins de graphistes ou de designers sur la liste, je suis un petit peu en autonomie.

Frédéric Couchet : Ça c’est un point intéressant. Je précise que sur le salon Quentin précise qu’on devrait plutôt parler de l’époque « pendant Bardelli » plutôt que « après Bardelli », parce que Antoine Bardelli est évidemment toujours avec nous et j’espère pour longtemps.
Justement, tu parles du process, je vais relancer Isabella sur ce sujet. Comment sur la partie textuelle, pas sur la partie effectivement des images là où Antoine se retrouve peut-être un petit tout seul, donc on encourage également les gens graphistes, les personnes graphistes à rejoindre le groupe Sensibilisation, pour les textes comment ça se discute ? Quel est le processus, comment arrive-t-on finalement à un texte validé ? Isabella.

Isabella Vanni : C’est une bonne question. J’ai en tête deux possibilités. Déjà une personne qui a envie de proposer un outil, par exemple une nouvelle affiche, va proposer cet outil la liste de discussion, va peut-être ouvrir un pad pour commencer déjà à rédiger quelques suggestions de texte. Ça peut être aussi une proposition de ma part lors de réunions, je peux dire « je propose de travailler, de réfléchir à ce sujet », donc j’ouvre un pad ou bloc-notes, pour mieux me faire comprendre, et on commence à faire une tempête de cerveau, comme on dit en français, pour donner des idées. Donc on va dire l’éditeur de texte en ligne c’est vraiment l’outil le plus pratique parce que c’est très intuitif, il n’y a pas besoin d’inscription. Il suffit juste de se connecter avec un navigateur et on peut commencer à écrire et, en plus, chaque contributeur a une couleur, donc il est aussi possible de suivre les propositions, il est possible de faire des commentaires. C’est une façon de travailler qui est très enrichissante, très inspirante et aussi très bruyante parfois, c’est-à-dire qu’il peut y avoir beaucoup de propositions, de variantes, de personnes qui ne sont pas d’accord sur une phrase, qui voudraient la reformuler, mais ça fait partie du processus et c’est comme ça qu’on arrive à faire un texte.

Frédéric Couchet : Tu disais effectivement que sur les textes il faut être précis, c’est de la sensibilisation. Il faut être d’autant plus précis que le texte peut être court. On va prendre un exemple qui est l’Expolibre. Le site web consacré à l’Expolibre c’est expolibre.org, ce sont actuellement huit panneaux de sensibilisation au logiciel libre. Les premiers panneaux, ce n’est pas nous qui les avions faits, il y avait beaucoup de texte et l’une des premières contributions d’Antoine a été de dire il faut revoir le graphisme, mais il faut réduire le texte. Dans ce cadre-là, en réduisant le texte, forcément on met moins de texte, donc il faut être plus précis sur les mots en sachant qu’en plus l’Expolibre s’adresse au grand public. L’un des choix qui avait fait, si je me souviens bien, c’est aussi de dire de ne pas mettre des noms de logiciels ou autres pour ne pas dater l’Expolibre, parce qu’on considère que l’Expolibre doit être affichée dans des endroits où il y a des gens qui vont répondre aux questions.
Antoine, est-ce que je résume bien ta contribution sur la partie Expolibre et qu’est-ce que tu as retiré de ta version 2 en français et ensuite des différentes traductions ?

Antoine Bardelli : Effectivement, l’idée c’est de synthétiser.
Dans les versions 1 et 2 de l’Expolibre, il y avait vraiment beaucoup de texte, donc il fallait vraiment faire quelque chose de beaucoup plus synthétique sur l’Expolibre 3. Le fait de faire quelque chose de plus synthétique ça permet aussi d’avoir plus de place et de travailler et de mettre en avant un petit peu les visuels. Ça c’était effectivement l’objectif et je pense qu’on a relativement bien réussi ce projet. Il y a des projets qui sont effectivement du même ordre. Au début il y a beaucoup de contenu et puis il faut le réduire pour qu’il y ait vraiment une synthèse pour le grand public. Ça c’est effectivement très important.

Frédéric Couchet : Oui, tout à fait. Je vois sur le salon qu’il y a une remarque sur les pads, les blocs-notes. Effectivement un outil ne suffit pas à lui seul, il y a toute une méthode de travail et justement une des actions actuellement de Isabella, on en parlera peut-être tout à l’heure, c’est d’accompagner les gens, les personnes à utiliser les blocs-notes et peut-être trouver des nouvelles versions, des nouveaux outils, pour permettre aux personnes néophytes de pouvoir contribuer facilement. Isabella tu en parles un petit peu, rapidement, maintenant, comme ça après on va passer à des aspects un peu plus techniques, mais on reviendra évidemment sur la sensibilisation. Isabella, justement sur ces fameux blocs-notes.

Isabella Vanni : Le pad est très utile, mais dans le cas d’un texte particulièrement long et complexe on s’est rendu compte qu’on avait du mal à recruter de nouvelles personnes contributrices, c’est-à-dire qu’on s’est rendu compte que c’était, comment dire, un peu brut et aussi un peu difficile pour ce qui concerne la navigation, c’est-à-dire que les personnes disaient « je ne trouve pas l’information, c’est trop long, je ne comprends pas trop ce qui se passe ». L’idée c’est de faire évoluer notre outil actuel pour que ce soit plus agréable à lire, pour que ce soit plus facile concernant la navigation et que, du coup, ça attire du monde et que ça donne envie de participer. L’outil c’est important, mais il faut aussi prendre en compte les besoins et les aptitudes des personnes qui souhaiteraient participer. Donc on est en train de chercher.

Frédéric Couchet : Exactement. Comme je le dis l’outil principal qu’on utilise actuellement notamment pour préparer l’émission de radio c’est un bloc-notes, vous retrouverez les références sur april.org et causecommune.fm. Vous verrez que c’est assez long, mais tant qu’on n’a pas trouvé de meilleur outil on continue à l’utiliser. Le point important c’est que vous pouvez contribuer en proposant des sujets, en proposant des musiques, donc n’hésitez pas surtout pas.
Tu parlais de point technique, on va enchaîner justement avec l’aspect technique au niveau de l’April, même si évidemment on va revenir tout à l’heure sur la sensibilisation et qu’on ne s’en éloigne pas totalement, en fait, avec l’un des autres projets. On va passer un petit peu à l’admin-sys et à Chapril. L’admin-sys c’est donc l’administration système, c’est la gestion des serveurs et des services pour l’April et Chapril ce sont des services libres et loyaux proposés par l’April à toute personne qui souhaite les utiliser. On va déjà commencer par une courte explication sur ces deux groupes de travail. Pour l’admin-sys Quentin Gibeaux. Quentin, explique-nous ce que fait, quel est l’objectif de ce groupe de travail admin-sys et comment il fonctionne.

Quentin Gibeaux : Le groupe de travail admin-sys c’est une petite équipe de bénévoles tous membres de l’April. C’est une petite contrainte qu’on a : comme on gère un petit peu les données, on a un engagement personnel à faire les choses correctement, donc il faut au moins que les personnes soient adhérentes.
On est quelques bénévoles et on gère l’infrastructure donc tous les serveurs, tous les services, tous les outils techniques qui permettent à l’association de fonctionner. Ça va être le site web, les différents services en ligne, ce Mumble qu’on utilise actuellement pour l’émission de radio. C’est à la fois du travail d’installation, beaucoup de travail aussi de maintenance, réparer les pannes quand elles surviennent, changer un disque dur quand il y a un disque dur à changer sur le serveur, etc.
La particularité de ce groupe, un peu comme pour tous les groupes de l’April, c’est de n’être composé que de bénévoles ce qui impose certaines contraintes en fait sur ce métier-là qui ne sont pas forcément présentes professionnellement : on est peut-être sur du temps un peu plus long que professionnellement car c’est suivant les agendas des gens qui contribuent. C’est pour ça qu’on a une organisation qui se force à avoir des réunions mensuelles pour faire le point sur l’infrastructure et d’avoir une certaine agilité qu’on a mise en place pour pouvoir se forcer à se poser les questions des choses qui sont à faire en ce moment, les différentes urgences, etc. Après on a forcément adapté l’agilité pour qu’elle soit un petit peu plus sur le long terme que sur le court terme parce qu’évidemment c’est difficile d’être sur du temps très court en tant que bénévole, mais c’est comme ça qu’on fonctionne.
Je voulais refaire un petit parallèle, du coup, avec ce que Antoine disait sur le fait de se forcer à utiliser des logiciels libres. On a la même chose, en fait, dans ce groupe de travail. Tous les outils de l’April sont des logiciels libres, donc c’est aussi intéressant professionnellement pour nous parce que ça nous pose dans un contexte spécial. Si notre métier c’est de faire de l’admin-sys, dans le contexte du travail on ne va pas forcément avoir les contraintes de n’utiliser que du logiciel libre, donc ça va être facile de tomber dans « on va utiliser tel logiciel privateur à côté et ne pas se poser la question de est-ce qu’il y a vraiment une solution libre disponible ? » Donc une manière aussi de s’émanciper dans ce groupe de travail c’est de se forcer à avoir ce contexte 100 % libre, de ne chercher vraiment que des solutions libres pour répondre à tous les besoins qui peuvent se présenter.
Peut-être pour faire un petit parallèle avec Chapril, le projet Chapril a été créé dans un premier temps par l’équipe admin-sys parce qu’il fallait bien démarrer de quelque part, mais justement on l’a créé de manière à ce qu’il s’émancipe lui-même et toujours avec l’idée que ce soit indépendant l’un de l’autre, comme ça il n’y a pas de conflit sur l’infrastructure et sur les différents outils.

Frédéric Couchet : Quentin, sur le salon web mon collègue Étienne Gonnu, Isabella aussi et moi-même disons qu’on tient à saluer la réactivité des admin-sys de l’April car même si vous êtes bénévoles vous êtes très réactifs. Vraiment félicitations et un grand merci. En introduction tu as employé tout à l’heure un mot, scrum master, il faut que tu mettes un terme à ce suspense, c’est quoi un scrum master en quelques mots ?

Quentin Gibeaux : En fait ça fait partie de la philosophie de l’agilité. C’est simplement une manière de concevoir le besoin et les choses à faire. On a défini plusieurs rôles : le product owner c’est la personne qui « gère » le produit entre guillemets, le scrum master c’est la personne qui gère les scrums d’agilité. En fait, c’est simplement qu’il y a une personne qui se positionne dans la réflexion de qu’est-ce qu’on a besoin pour l’April et une personne qui va se positionner sur comment répondre à ce besoin et c’est cette personne-là qui va gérer l’équipe et dispatcher les tâches, le travail, suivant les bénévoles, les disponibilités et les choses à faire.

Frédéric Couchet : Antoine tu es le scrum master, on va dire que c’est toi qui animes l’équipe d’admin-sys, c’est une sorte de coordinateur. Moi je suis ce qu’on appelle le product owner en anglais, je ne sais pas comment ça se traduit, mais en fait en gros je représente l’association et j’exprime les besoins. Chaque mois, comme tu l’as dit tout à l’heure, à 21 heures sur Mumble on fait un point entre moi et l’équipe sur les besoins, où on en est, etc. C’est un travail d’équipe mais effectivement la majeure partie de l’admin-sys de l’April est gérée par des bénévoles.
Tu viens d’expliquer que l’admin-sys c’est pour les services de l’April, pour l’association, ses membres, son équipe salariée. Il y a quelques années on a lancé le Chapril pour participer au collectif CHATONS de Framasoft. Laurent Poujoulat, tu fais partie du Chapril. Explique-nous ce qu’est le Chapril et qu’elle est la différence d’objectifs et peut-être la différence de fonctionnement, la complémentarité avec le groupe admin-sys.

Laurent Poujoulat : Le Chapril c’est un groupe qui a pour but de montrer qu’on peut utiliser au quotidien des services libres, pas forcément directement des logiciels libres mais au moins des services libres, montrer aux gens qu’on peut se passer des services des GAFAM, tout simplement.
Pour ça l’April s’est dotée du groupe Chapril et, en se basant sur l’infrastructure construite par les admin-sys, on a un groupe d’admin-sys, non pas ???, qui chacun va gérer un service.
Pou la gestion de ces services chacun choisit le service qui lui plaît le plus, évidemment on en discute, on ne fait pas n’importe quoi, puis le met en place, le déploie dans l’infrastructure du Chapril et après le gère et l’anime, ou non admin-sys d’ailleurs.

Frédéric Couchet : D’accord. On va rappeler que les GAFAM sont les fameux géants du Net qui se gavent de nos données personnelles, Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et autres. Le site Chapril sur lequel vous pouvez trouver les services Chapril c’est chapril.org. Par exemple vous allez trouver un service de blocs-notes, vous allez trouver un service de copie de documents, enfin d’hébergement de fichiers, vous allez trouver un serveur d’audioconférence Mumble et d’autres services qui existent et qui vont arriver. D’ailleurs, dans l’émission du 30 juin nous aurons Christian-Pierre Momon qui est l’animateur du Chapril. Ces services, contrairement aux services de l’admin-sys, sont ouverts à toute personne qui le souhaite qu’elle soit ou pas membre de l’April, ils sont ouverts librement et gratuitement. Nous on a un engagement de le maintenir sur le long terme.
Je vois quand même que le temps file. On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : On va écouter Memories par Atch. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Memories par Atch.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Memories par Atch, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de la radio causecommune.fm.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous allons poursuivre notre tour d’horizon des activités de l’April et du fonctionnement de l’April.
Juste avant la pause musicale on parlait un petit de technique, on va y revenir après. Je voudrais qu’on aborde un nouveau sujet qui est un petit lié au premier, la sensibilisation, c’est la présence de l’April à des conférences, à des évènements, à des stands, donc de l’importance de la présence à ces évènements, quels types d’évènements, etc. Je vais commencer par demander à Magali Garnero qui a tenu de très nombreux stands pour l’April. Magali est-ce que tu peux expliquer pourquoi il est important, selon toi, d’être présente à des évènements et à quels types d’évènements l’April est présente ?

Magali Garnero : L’April est présente