Le libre en 2017 : promouvoir et défendre, point d'actualité - Rémi Boulle

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Titre : Le libre en 2017 : promouvoir et défendre, point d'actualité

Intervenant : Rémi Boulle

Lieu : Capitole du Libre - Toulouse

Date : novembre 2017

Durée : 57 min 42

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Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO


Description

Après quelques rappels des fondamentaux, nous présenterons les principaux points d'actualité sur les dossiers institutionnels autour du logiciel libre en France. Il sera notamment question du contrat "Open Bar Microsoft - la Défense" signé sans appel d'offres ni procédure publique et contre l'avis des experts militaires. Nous aborderons aussi la politique numérique du gouvernement et les avancées ou reculs institutionnels en tentant de dégager des perspectives d'actions.

Transcription

Bonjour tout le monde, merci d’être venus. J’ai été obligé de faire la présentation sous Windows, mais ça restera entre nous, personne n’en parlera. Ça sera notre petit secret. Merci à tous d’être là, bien sûr. Je vois qu’il y a des anciens étudiants aussi dans la salle ; ça fait toujours plaisir. Ça peut montrer que mes cours n’étaient peut-être pas si catastrophiques que ça, je ne sais pas. Ou peut-être ça montre qu’ils me laissent une sorte de deuxième chance.

Je me présente. Je m’appelle Rémi Boulle. Dans la vraie vie je suis professeur à l’IUT de Blagnac, très bonne formation, je vous recommande, et je suis aussi au sein de l’April, enfin au conseil d’administration de l’April depuis maintenant une bonne dizaine d’années et je m’occupe particulièrement là-bas des questions d’éducation et d’un peu tous les dossiers. Je suis vice-président d’ailleurs de cette association depuis cinq-six ans.

Je vais vous présenter un peu le logiciel libre sous l’angle action politique, la politique dans le sens vie de la cité, parce qu’on a souvent tendance à avoir une approche un peu technicienne du Libre, des fonctionnalités. Nous essaie de voir un peu vraiment les enjeux, au-delà. Je vais présenter un peu les différents dossiers chauds de ce moment et voir qu’il se passe quand même des choses derrière, dans le dos un peu des citoyens.

L’association, qui sommes-nous ?

C’est une association qui date de 1996, plus de vingt ans. On a 4000 membres, à peu près, beaucoup de personnes physiques, des personnes morales aussi, des entreprises ; Google, notamment, est adhérent. Nous avons aussi plein d’autres sortes d’adhérents, beaucoup d’entreprises du monde du logiciel libre, mais pas que. Microsoft n’est pas adhérent, par exemple. Nous avons aussi des associations et des syndicats, dernièrement beaucoup de syndicats, notamment le SNES-FSU pour ceux qui connaissent dans le monde de l’enseignement, le syndicat des professeurs du premier degré et aussi des départements universitaires. Nous avons trois permanents qui sont basés sur Paris et qui, des fois, viennent aussi ici. Et surtout un gros tissu de bénévoles très actifs.

Avant de commencer les points chauds d’actu, je vais revenir un peu sur les fondamentaux du logiciel libre. Je pense que beaucoup de gens connaissent un petit peu. Nous, notre tagline c’est un peu « logiciel libre, société libre », puisqu’on s’intéresse à cette action politique.

Je vais rappeler les quatre libertés. Toujours le grand jeu du début et je vais aussi de donner des exemples. Là ce serait quelle liberté par exemple selon vous [Image du Discobole] ? Question ouverte. Oui, la liberté de lancer, c’est ça, c’est la liberté d’exécuter le logiciel, en fait ; ça vous la connaissez, liberté 0. On précise dans les licences libres que c’est pour tout usage. Ça veut dire que si vous mettez des restrictions, par exemple on ne peut pas utiliser tel logiciel pour dire du mal d’untel, de fait ce n’est plus un logiciel libre. Il faut savoir qu’il y a des licences qui existent qui proposent ce genre de contrainte. Par exemple un logiciel ne peut être utilisé que pour faire le bien et pas le mal. Je ne me souviens pas du nom de la licence mais ça existe, donc ce n’est pas vraiment une licence libre dans notre cadre.

Il faut voir que ça peut sembler relativement anodin, mais il y avait des logiciels qui existaient, je peux en nommer un qui est vieux, c’est FrontPage, vous connaissez FrontPage, c’est ancien, c’est un générateur de sites web, des pages HTML de Microsoft à l’époque et on pouvait l’utiliser pour ce qu’on voulait, mais il ne fallait surtout pas l’utiliser pour faire des pages web qui critiquaient Microsoft, Expedia et d’autres services. C’était marqué quand même noir sur blanc dans les conditions d’utilisation. D’autres logiciels ont des contraintes aussi à l’export. Donc ce n’est pas si anodin que ça cette liberté 0, juste d’exécuter.

Deuxième liberté c’est l’accès, vous voyez, étude [Image de formules mathématiques], bon là grosses études mathématiques. Donc c’est étudier le code, c’est pouvoir accéder au code, pouvoir le lire juste. D’accord ? Au moins on peut le visualiser, le télécharger et le regarder. Ça c’est la liberté nécessaire pour celles qui suivent. Ce sont des libertés qui, je le rappelle, sont données aux utilisateurs. L’auteur délègue des droits ; il laisse certains droits de copie aux utilisateurs finaux. Donc ça c’est vraiment nécessaire pour la liberté suivante, à savoir ici, vous devinez [Image d’outils en tous genres] c’est modifier, bricoler, hacker un peu le logiciel, l’adapter. Donc ça va au-delà parce que là on a perdu déjà une partie de tous les logiciels disponibles sur le marché avec cette liberté de modification, que ce soit à usage personnel, on est dans son garage, on travaille chez soi, on le modifie, on l’améliore, mais après, au bout d’un moment il va falloir le distribuer. Donc c’est ça, je reprends cette image-là que vous connaissez tous [La Cène], là c’est la liberté de redistribuer en respectant, bien sûr, les contraintes données par la licence, les libertés de la licence, je vais plutôt dire.

J’aime bien ce tableau-là [La Cène] parce que dedans il y a un personnage qui est toujours intéressant, je crois que c’est lui là, vous le reconnaissez, c’est qui ? C’est le Judas, je crois que c’est ça. Dans le monde du Libre pareil il y a des judas un petit peu qui ne respectent pas trop les enjeux, entre nous on parle de l’open source. Ça c’est l’open source qui est à, c’est le Judas, un peu, du logiciel libre. C’est juste pour polémiquer, mais ils ont tendance, des fois, à parasiter un peu le débat, les enjeux éthiques et sociétaux du Libre. D’accord ? Donc bien sûr il y a du business autour, mais dans le Libre aussi on peut faire du logiciel qui respecte ces quatre fondamentaux qui ont été édictés par Stallman. C’est juste pour des rappels, je pense que vous connaissez tout ça.

L’April offensive sur les outils de sensibilisation

Cela étant posé, on va voir comment nous on essaie d’agir à ce niveau-là pour essayer de promouvoir et défendre le logiciel libre. C’est notre enjeu depuis maintenant plus de vingt ans.

Donc on a plusieurs axes d’action, notamment d’abord tout ce qui est la sensibilisation, donc avec beaucoup de ressources que je vais vous montrer maintenant et après je vais parler de notre action au sens politique qui est moins visible, qui est un peu plus ingrate, finalement, puisque ça ne fait pas la Une des médias, c’est difficile. Des fois on arrive quand même à sortir quelques affaires intéressantes, mais on va y revenir après.

Les outils de sensibilisation c’est surtout fait par notre groupe de travail qui est ouvert à tous, Sensibilisation. Je montre les ressources que l’on diffuse. Ce sont des flyers que vous trouverez sur le stand de l’April qui est à l’étage. Là on a un flyer assez intéressant qui montre le cycle du logiciel libre, que vous pouvez télécharger, bien sûr, que vous pouvez modifier, que vous pouvez adapter. Il existe des centres d’accueil numériques, il existe des bibliothèques qui l’utilisent, qui le modifient, qui mettent leur logo, bref qui se le font un peu à leur sauce pour le diffuser. Et ça c’est un travail totalement collaboratif qui se fait sur liste de diffusion essentiellement, à l’initiative de quelques adhérents un peu plus engagés ou quelques membres de la liste simplement, pas forcément des adhérents. Au bout de plusieurs itérations, on arrive à ce genre de ressources-là que l’on distribue aussi nous gratuitement sur les stands, ou à coût modique, je vous montrerai après. Là on montre tous les types de logiciels libres, le cycle des améliorations successives, avec les itérations, comment on va en fait du producteur au consommateur.

Ensuite nous avons aussi une grosse campagne sur les formats ouverts. Là encore un document qui est intéressant. Formats ouverts, alors petit point politique, ils sont définis dans la loi, l’article 4 de la loi de confiance dans l’économie numérique et ils ont une définition qui est assez vague qui dit, qu’en fait, on appelle un format ouvert tout format dont les spécifications sont accessibles, sans restriction d’accès. Voilà, c’est tout ! Pour nous c’est clairement insuffisant, on essaie de pousser une définition un peu plus précise, où on souhaiterait qu’un vrai format ouvert, pas un faux comme la définition de la LCEN, loi de confiance, soit piloté par une organisation non-profit en fait ; une organisation indépendante, une ONG, en fait, qui pilote sans restriction de brevets, ni de licences, ni de mise en œuvre. Donc là il y a aussi une petite guerre de fond qu’on essaie de pousser régulièrement au gré des avancées législatives.

Petite anecdote, l’article 4 qui définissait ce qu’était censé être un format ouvert dans la loi – maintenant ça fait office de loi puisque ça a été voté – n’a pas eu de lobbying contre au niveau du gouvernement donc c’est qu’il devait bien satisfaire d’autres intérêts d’entreprises qui vivent grâce aux logiciels privateurs et aux formats fermés. Vous savez tous que quand on utilise des formats fermés, il y a un phénomène d’enfermement de l’utilisateur, quand je parle d’utilisateur ça peut être une entreprise, une collectivité, qui va se retrouver face à des coûts de migration qui vont être énormes, puisqu’il faut changer tout leur système et migrer toute leur documentation. Donc c’est un phénomène d’enfermement qui concerne certs des utilisateurs, mais aussi et surtout, je dirais, les grands comptes : collectivités, mairies, États et bien sûr les entreprises aussi. Donc c’est un peu le nerf de la guerre, je dirais, le format ouvert.

On a essayé de beaucoup pousser pour que l’État impose dans les relations avec les administrés des formats ouverts. Ça serait le minimum ! Je ne vais pas me référer à la Déclaration universelle des droits de l’homme ou des choses comme ça, mais on pourrait, puisque chaque citoyen, normalement, devrait pouvoir être acteur de la vie de la cité et devrait pouvoir accéder à tous les documents produits par l’État, l’autorité en fait, sans restriction. À l’heure actuelle il n’est pas vraiment normal qu’une mairie, une collectivité diffuse ses données dans des formats propriétaires, formats privateurs, nous on va dire, type excel(???) ou autres ; il faut au moins qu’il y ait le deuxième format fourni avec. Donc ça c’est un combat de longue haleine qu’on essaie de pousser lors de différentes campagnes, différentes actions.

On en a eu récemment : dans le monde de l’éducation on voulait que les documents de travail s’il y avait échange de documents bureautiques, dans ce cadre-là, ce soient des formats ouverts, typiquement format odt qu’on peut générer avec LibreOffice. Puisque là encore, est-ce que c’est normal que dans l’enseignement, public ou privé finalement, à partir du moment où il y a une relation d’enseignement, les ressources soient diffusées dans des formats qui imposent aux élèves ou aux autres enseignants d’utiliser tel logiciel. Ce n’est pas possible ! Il faudrait qu’il y ait un langage commun. Là, si je vous parle en français, je pense que vous me comprenez parce que le format est ouvert. Les spécifications sont claires, c’est piloté par une sorte d’ONG, je ne dirais pas que c’est l’Académie française, mais on peut dire ça, oui, première approximation, il n’y a pas de restrictions ; il y a un dictionnaire, tout le monde est d’accord là-dessus. Je ne passe pas par un filtre intermédiaire et vous aussi, par le même filtre, pour pouvoir communiquer. Donc dans le contexte éducatif, ce serait quelque chose de bien, vraiment vital.

Donc on essaie d’agir là-dessus. Et ça nous permet, vous allez le voir, ça montre aussi le travail de fond de l’April, grâce à des campagnes comme celle-ci, on arrive à tisser des relations avec des acteurs, des associations d’enseignants, des syndicats, des associations de professeurs spécialisés dans telle ou telle discipline qui, peu à peu, commencent à intégrer ces problématiques-là dans leur vie quotidienne. Après ils finissent aussi par adhérer à l’association, bien sûr, mais à relier nos campagnes. Et ça c’est un peu ce travail de fond qui n’est pas forcément visible.

La campagne en soi n’a pas été, on va dire, un grand succès puisque le ministre ou la ministre à l’époque n’a pas dit : « OK, je vous entends », donc on n’a pas gagné, mais on a pu quelque part, sur le terrain dans notre approche un peu par guérillas, petit à petit, rallier des gens à notre cause et mettre ces problématiques-là dans notre agenda. Donc peu à peu ça va finir par transpirer et ça arrive peu à peu.

11’ 28

Autre ressource, nous avons ce guide-là,