La sphère s'intéresse au logiciel libre - Radio Canada

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Titre : Logiciels libres

Intervenants : Matthieu Dugal - Nadia Seraiocco -

Lieu : Émission La sphère - Radio Canada

Date : Septembre 2017

Durée : 53 min 15

[ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/la-sphere/episodes/389873/logiciels-libres Écouter l'enregistrement]

Licence de la transcription : Verbatim

Transcription

Sommaire et tour de table avec Matthieu Dugal

Ici Matthieu Dugal. Vous écoutez La sphère.

Matthieu Dugal : Aujourd’hui l’émission, ce n’est pas compliqué, une grande émission spéciale où on ne vous parlera pas des nouveaux produits Apple.

Chères auditrices, chers auditeurs, qui nous écoutez de plus en plus nombreux, bienvenue à cette nouvelle Sphère en direct du studio 25 à Radio Canada, à Montréal. On est très contents d’être ici dans notre deuxième sous-sol climatisé, dans ce beau samedi. On espère que partout au pays c’est le cas pour vous. Aujourd’hui, dans l’émission, dans la foulée de cette annonce de produit Apple, on a décidé de s’intéresser au logiciel libre. Alors ne changez de poste tout de suite, ne fermez pas votre radio ! Continuez à faire ce que vous faites et vous allez voir, c’est beaucoup simple que ce qu’on pourrait en penser, à priori, cette question du logiciel libre. Et en studio pour me seconder dans cette tâche au cours des prochaines minutes, Nadia Seraiocco bonjour.

Nadia Seraiocco : Bonjour Matthieu.

Matthieu Dugal : Fabien Loszach.

Fabien Loszach : Bonjour Matthieu.

Matthieu Dugal : Bonjour. On a une nouvelle amie en studio. C’est une nouvelle collaboratrice. On vous avait promis des nouveautés cette année à La sphère, on est très contents d’avoir maintenant avec nous, elle était déjà venue comme invitée La sphère, mais là maintenant on l’a vraiment repêchée, c’est une joueuse de ???, on va le dire tout de suite, on est très chanceux de l’avoir ici à l’émission. Il s’agit de Chloé Freslon du journal Métro. Bonjour Chloé.

Chloé Freslon : Bonjour Matthieu.

Matthieu Dugal : Officiellement bienvenue à l’émission.

Chloé Freslon : Merci beaucoup.

Matthieu Dugal : Vous allez nous parlez de femmes en techno lors de cette saison 2017/208.

Chloé Freslon : Oui, absolument des portraits de femmes qui s’illustrent dans leur catégorie, dans l’industrie pour les choses extraordinaires qu’elles font.

Matthieu Dugal : Et il y en a beaucoup plu qu’on le pense.

Chloé Freslon : Il y en a plein !

Matthieu Dugal : Il faut quand même le souligner et on va les découvrir, notamment aujourd’hui vous allez nous parler d’Emmanuelle Raynauld et son makerspace ; c’est un espace de travail collaboratif. En fait c’est dans le thème de l’émission d’aujourd’hui. On va parler de logiciel libre.

Cette semaine je ne sais pas si vous avez vu cette nouvelle de Tesla. On est au cœur de l’ouragan Irma. Écoutez bien ça. C’est Irma, évidemment tout est sens dessus dessous en Floride ; il y a des gens qui fuient cette catastrophe naturelle et les propriétaires de Tesla ont des autos qui ont toutes les mêmes batteries. Mais eux n’avaient payé que pour la charge de 60 kW. Ils se réveillent un matin, ils se rendent compte que leur batterie affiche 75 kW. Bonne nouvelle ! Parce que Tesla, dans sa grande mansuétude, dit : « Vous n’avez pas payé pour une mise à jour qui vous offre 75 kW, mais on va vous la donner pareil parce que c’est l’ouragan qui le décide. On va vous permettre de quitter cet ouragan-là. »

Dans le monde du Libre et dans bien des domaines, ça a fait grincer un peu des dents parce que des gens ont dit : « Mais c’est un peu ridicule ! On a une batterie, la même batterie sous le capot, mais si tu ne donnes pas 8 000, 10 000 dollars de plus, eh bien tu n’as pas accès à cette puissance-là. »

Nadia Seraiocco : C’est un logiciel qui contrôle ça, Matthieu, c’est donc en quelques secondes qu’on peut activer ça, et c’est que les modèles qu’on vend moins cher de Tesla, en ce moment, n’ont pas la même capacité de la batterie. Les modèles haut de gamme ont donc cette capacité-là et quand Tesla a vu cette situation-là, eux, tout ce qu’ils ont fait, ils sont allés en ligne avec les coordonnées des voitures en question et en un clic, littéralement, ils ont pu augmenter la capacité de la batterie. Et là, pour les économistes, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est un prix discriminatoire. Or ça veut dire que si Fabien a acheté le modèle haut de gamme, il y a la même batterie que moi, mais moi parce que j’ai payé un prix différent, je n’ai pas la même capacité.

Fabien Loszach : Les marques de voiture font déjà ça depuis longtemps, ce sont des économies d’échelle. Il y a même une économie de ça qu’on appelle chiper son auto pour aller changer la puce et pour aller gagner quelques chevaux.

Nadia Seraiocco : Tout à fait.

Nadia Seraiocco : Les autos sont déjà bridées et les manufacturiers qui ont souvent plusieurs marques, Volkswagen, Audi, Lamborghini, travaillent souvent sur les mêmes plateformes et ils brident les moteurs.

Matthieu Dugal : En informatique aussi c’est un modèle qui existe.

Nadia Seraiocco : Il y a le freemium et le premium entre autres.

Matthieu Dugal : Cela dit, mais c’est l’aspect discrétionnaire de la compagnie qui décide, elle-même, qu’on va laisser la chance à certains propriétaires qui n’ont pas payé la surprime d’avoir accès à surplus de puissance. Moi j’aimerais savoir quelqu’un qui travaille dans le Libre. Jean-François Fortin Tam, on va parler des ordinateurs qui s’appellent Purism, des ordinateurs qui sont vraiment construits selon l’éthique du Libre. Qu’est-ce que vous pensez de ce qui s’est passé cette semaine avec Tesla ?

Jean-François Fortin Tam : Moi sans même le chapeau de Purism, je trouve que c’est une aberration. On paye pour du matériel. Qu’il y ait une différence physique de capacité, passe encore, ça c’est correct, mmais que l’on soit artificiellement bridé pour une question logicielle, ça montre juste à quel point les gens sont dépossédés du produit qu’ils ont acheté.

Matthieu Dugal : Tout à fait !

Jean-François Fortin Tam : Si on ne contrôle pas le logiciel, on ne contrôle pas son produit. Il n’y a aucun garantie que Tesla va rester gentil et sympathique dans le futur et même que le produit va continuer à fonctionner dans le futur ou va pouvoir être adapté à nos besoins.

Matthieu Dugal : Et la compagnie aurait pu décider de ne pas augmenter la puissance des puissances des batteries ; elle aurait été dans son droit le plus strict là également.

Jean-François Fortin Tam : Mais comme c’est aux États-Unis, ils se seraient probablement fait poursuivre par la ???

[Rires]

Matthieu Dugal : Effectivement. Oui c’est bien qu’on le dise. Est-ce que vous avez suivi, Jean-François, l’annonce des produits Apple de cette semaine.

Jean-François Fortin Tam : Je la suis un peu sur le côté de la bande, simplement un peu en dérision à chaque fois, parce que je me dis ils ne savent plus trop quoi inventer. Maintenant c’est la reconnaissance faciale. Moi je regarde ça d’un point de vue sécurité et là cette reconnaissance faciale, pour moi, ce que ça veut dire, si c’est ça le mécanisme principal pour débloquer un iPhone, ça veut dire que si la NSA ou les gens aux frontières veulent lire tout le contenu de mon téléphone, ils ont juste à me mettre en face. Et donc maintenant il n’y a plus de vie privée.

Matthieu Dugal : Et ça pose beaucoup de questions aussi sur le contrôle, vous l’avez dit Nadia, en fait le contrôle qu’on a sur ces technologies-là qui nous entourent de plus en plus.

Nadia Seraiocco : Que l’on paye et qui ne nous appartiennent pratiquement pas, Matthieu. Comme Jean-François le disait, dans le cas par exemple de Tesla, supposons qu’il y ait une collaboration entre les autorités et Tesla, on peut décider qu’on arrête votre voiture et ça commence à distance, ça commence à se faire même pour des questions de paiement sur d’autres modèles de voitures. Et là vous avez la même chose : vous avez un téléphone qui est censément à vous, mais s’il peut se retourner contre vous, finalement, il ne vous obéît pas !

Fabien Loszach : Vous avez acheté votre voiture sur un plan de financement que vous n’avez pas payé, elle ne démarre plus !

Nadia Seraiocco : Et c’est arrivé, Fabien. Vous savez j’en parlais dans une chronique ailleurs et quelqu’un m’a dit : « Oui, dans notre région quelqu’un s’est fait barrer son démarreur à distance par le concessionnaire parce qu’il avait manqué un paiement. » Et là on se dit oh !

Matthieu Dugal : Là, quand c’est pour une auto, à la limite on peut dire bon, les implications sont grandes mais pas tant. Mais quand on parle de nos données, quand on parle de ce qui nous appartient de plus intime, maintenant, en plus, on le voit avec les nouvelles montres connectées d’Apple, les données biométriques sont colligées, sont enregistrées de facto, là les questions sont beaucoup plus grandes, en fait les implications de ça sont beaucoup plus grandes.

Fabien Loszach : Si je peux permettre d’interrompre là-dessus, il y a aussi tout le domaine médical et là c’est un spaghetti incroyable. Je connais une personne qui est fan du logiciel libre et qui a un pacemaker ; mais le problème c’est qu’elle n’a pas le code source de son pacemaker et ces trucs-là ont des vulnérabilités qui peuvent être exploitées à distance ; ça a été prouvé. Vous pouvez imaginer que cette personne-là ne dort pas très bien la nuit.

Nadia Seraiocco : Vous savez que c’est arrivé il y a deux semaines, on s’est aperçu qu’une compagnie de pacemakers qui avait laissé aller justement sa marque, qui a été racheter par une autre, et puis ils ont été obligés de rappeler les gens, littéralement, pour mettre à jour ce logiciel-là. Justement on avait détecté des vulnérabilités qui pouvaient être exploités à distance. Et la personne ne peut pas changer le mot de passe, comme on ne peut pas changer le mot de passe de la plupart des objets connectés qu’on a en ce moment.

Matthieu Dugal : Eh bien voilà où on en est ! Tout ça pour dire que la philosophie du logiciel libre à la maison, dans votre auto, si vous nous écoutez un peu partout, ça peut vous paraître très loin de votre vie de tous les jours, mais c’est ce dont on va vous parler aujourd’hui, c’est-à-dire le contrôle qu’on a, ou pas, sur la technologie qui nous entoure ; et des gens y pensent depuis très longtemps et c’est ce dont va nous parler Nadia Seraiocco.

09’00

Le logiciel libre selon Richard Stallman : Chronique de Nadia Seraiocco

Richard Stallman chante The Free Software Song