Différences entre les versions de « L'utilisation des données dans l'Éducation nationale - Philippe Ajuelos »

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<b>Philippine Dolbeau : </b>Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'<em>École du futur</em>.
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Qu'elles soient brutes ou traitées par des outils pour en simplifier la lecture, les données permettent de nous éclairer, oui, d'anticiper des situations, aussi, mais aussi et surtout de répondre à des enjeux de souveraineté et d'amélioration du service public et c'est notamment le cas dans l'Éducation nationale. On en parle avec notre invité Philippe Ajuelos. Bonjour Philippe.
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<b>Philippe Ajuelos : </b>Bonjour.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Bienvenue sur ce plateau, nous sommes ravis de vous avoir. Vous êtes administrateur ministériel des données, des algorithmes et des codes sources au sein de la Direction du numérique pour l'éducation. Ce sont des termes un peu complexes dont on va parler dans un instant, vous allez le voir, c'est promis, on va les décrypter juste après le focus.
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[ Focus, partie non transcrite]
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Déjà fortement impliqués dans des actions locales, à l'image des académies régionales, les ministères proposent désormais tout un tas d'outils pour des données beaucoup plus intuitives, qui répondent aussi à différents enjeux de transparence pour les citoyens. À quels défis l'Éducation nationale fait-elle face en matière d'<em>open data</em> et puis que veut dire <em>open data</em> ? On en parle avec notre invité dans la première partie du talk.
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==Le talk==
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Aujourd'hui à nos côtés pour en parler, Philippe Ajuelos. Je rappelle votre titre, parce que dans votre titre il y a tout un tas de sujets dont on va parler aujourd'hui dans l'émission. Vous êtes administrateur ministériel des données, des algorithmes et des codes sources, au sein de la Direction du numérique pour l'éducation. Nous sommes ravis de vous avoir, Philippe. On a beaucoup de sujets à voir avec vous aujourd'hui. Peut-être une première question : on a commencé à parler, en introduction, de l'<em>open data</em>, un gros mot, mais vous allez peut-être le décrypter pour nous. Qu’est-ce que ça veut dire l'<em>open data</em> ?
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<b>Philippe Ajuelos : </b>L’<em>open data</em>, c'est d'abord, pour toutes les administrations, les collectivités, les établissements publics, l'obligation de mettre à disposition toutes les informations qui ont été créées par des outils numériques à l'occasion d'un service public. C'est une obligation. Il y a évidemment des contraintes : ne pas dévoyer certaines règles concernant les données à caractère personnel, mais, à partir du moment où on n'est pas dans ce cadre-là, on doit mettre à disposition. C'est l'obligation pour tout le monde.<br/>
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Le plus de l'éducation, c'est aussi un outil pédagogique pour la culture du numérique d'une façon générale, et de l'apprentissage des technologies, notamment le fait de maîtriser la donnée, l'information, et aussi essayer d'en faire quelque chose.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Justement en 2021, Philippe, votre ministère, celui de l'Éducation nationale, a mis en place une feuille de route dans le cadre d'une politique qui se constitue comme une priorité stratégique pour l'État qui est celle des données. Pourquoi était-ce si important, pour le ministère, de mettre en place ce plan sur la politique des données ? Pourquoi est-ce essentiel aujourd'hui ?
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<b>Philippe Ajuelos : </b>Peut-être rappeler, avant, que cette démarche n'est pas une démarche du ministère, c'est une démarche du Gouvernement qu'on applique au sein du ministère, qu'on adapte au sein du ministère. On a des AMDAC, des administrateurs ministériels des données, des algorithmes et des codes sources dans chaque ministère, un à l’Enseignement supérieur et la recherche, à l' Éducation nationale, au ministère des Finances. Et vous avez compris que selon nos obsessions et nos volontés on va axer sur un domaine plutôt qu'un autre.<br/>
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On avait une masse d'informations, parfois on a l'impression que c'est de l'imaginaire qui est projeté quand on parle des mines d'or d'informations, ce sont beaucoup de choses qu'on doit exploiter, mais avec des systèmes d'information qui sont un peu vieillots, différents, disparates. On a des informations dans les établissements, dans nos services, l’idée c’est comment on peut faire, avec nos services en interne, des EdTech ou des labos de recherche, pour en faire quelque chose, avoir une information claire, en tout cas une information qui complète l'information qu'on peut avoir avec les outils classiques. On est dans des démarches de constats, mais aussi de prévisions, voire de prédictions. C’est l'objectif du ministère : trouver des moyens pour avoir une meilleure visibilité de ce qu'on fait, voire des réponses à ce qu'on veut faire.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>N’y a-t-il pas aussi, Philippe, un sujet de confiance avec lequel le ministère souhaite renouer : amplifier l'ouverture des données, oui, effectivement, des algorithmes et des codes sources, mais aussi plus de transparence de l'action publique ?
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<b>Philippe Ajuelos : </b>C'est très important parce qu'en réalité, dans cette démarche d'accompagnement des élèves, des professeurs, c'est aussi accompagner des générations à maîtriser des technologies, à ne pas en avoir peur, ne pas être naïves par rapport à ces technologies-là, notamment l'intelligence artificielle, donc expliquer comment ça fonctionne, comment un algorithme fonctionne. La meilleure façon de le faire c'est d'abord de publier l'algorithme, les éléments de l'algorithme, les codes sources, de publier les données qui sont issues de toutes ces informations qu'on récolte et puis d’expliquer. On explique et on donne aussi les moyens, à d'autres, d'expliquer ce qu'on met à disposition, en toute transparence.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Comprendre la donnée brute, on l'a compris, n'est pas à la portée de tous, et c'est aussi au cœur de vos actions, ça implique aussi et surtout de la formation, la formation des personnels à ces nouvelles technologies, à ces nouvelles pratiques aussi. C'est justement au cœur de votre métier, vous n'avez pas trop la pression non plus ?
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<b>Philippe Ajuelos : </b>On a beaucoup de pression parce que le passage de l'échelle c'est un peu comme l’EdTech, les problématiques de numérique pédagogique, c'est accompagner 860 000 profs, pratiquement 13 millions d'élèves, donc c'est compliqué pour nous.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Comment on s’y prend ?
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<b>Philippe Ajuelos : </b>Comment on s'y prend ? Il faut avoir la pêche le matin, l'envie et se dire que peu importe la fatigue du soir, on va retourner le lendemain avec l'envie de faire bien et puis essayer de changer les choses concrètement au quotidien dans les établissements. On propose des formations, on accompagne sur le terrain et on démultiplie par capillarité. L'inconvénient c'est qu'on est partout, l'avantage c'est qu'on est partout aussi, donc on peut agir de façon dynamique par rapport à ça.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Donc ça passe par de la formation. Vous vous rendez dans les établissements scolaires, auprès des enseignants, des élèves.
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<b>Philippe Ajuelos : </b>On le fait sous différentes formes, on utilise du numérique, notamment des outils en ligne. On le fait aussi, parce que le numérique a besoin d'humain, par des rencontres avec les professeurs, avec les cadres du ministère, avec les associations aussi, les collectivités, tous nos partenaires,pour essayer de mobiliser l'ensemble des acteurs de l'éducation par rapport à cette problématique de la donnée.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Philippe, au cœur de cette feuille de route du Gouvernement, il y a aussi, selon ce dernier, d'améliorer l'efficacité de l'action publique grâce à la donnée, parce que jusqu'alors la donnée était très peu utilisée dans l'évaluation des politiques publiques en France.
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<b>Philippe Ajuelos : </b>En fait, beaucoup de choses avaient déjà été faites. La vraie question c'est de croiser nos informations, travailler aussi sur la qualité de la donnée parce que quand on ne comprend pas à quoi ça sert, la personne qui doit saisir ces données-là ne va pas forcément le faire avec l'idée de le faire bien, en tout cas c'est en plus de son quotidien, de son travail. Donc, on explique à quoi ça va servir et surtout, pour chaque donnée récoltée, on assure à la personne qui saisit qu'on va lui rendre l'information, qu'elle va pouvoir se comparer, qu'elle va pouvoir aussi diffuser et même créer des liens. C'est l'intérêt, pour nous, d'accompagner ce mouvement-là.<br/>
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Il y a la formation, il y a l'amélioration des outils, il y a aussi la capacité, pour nous, de proposer des outils qui permettent de lire facilement la donnée. Personne n’est capable de lire un tableau ? Donc, quand vous allez sur notre <em>open data</em>, pour certains jeux, vous cliquez sur un bouton et vous avez une cartographie qui s'affiche avec les informations sur l'établissement, sur ce qu'il propose en termes de langues, de spécialités. Pour certaines régions académiques, vous avez la possibilité de savoir quelles sont les activités sportives les plus proches de son établissement ou de sa maison. Ce sont les informations qu’on donne.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Plus de lisibilité. C'est aussi un moyen de développer l'esprit critique de la population vis-à-vis de certains préjugés qui sont portés envers l'Éducation nationale comme envers d'autres ministères d'ailleurs. L'accès à la donnée permet aussi de changer un peu les points de vue.
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<b>Philippe Ajuelos : </b>Nous avons fait un travail sur nous. Nous avions été un peu contestés sur certains jeux de données, notamment la publication de l'indice de position sociale qui permet de savoir quelle est l'origine sociale des parents. C'était donc des jeux de données un peu sensibles. On a le pari de les publier et de répondre à des sollicitations de certaines associations qui voulaient avoir encore plus d'informations, non seulement avoir l'indice de position sociale sur l'année 2022, ce qu'on avait fait, mais sur les années antérieures et avoir ce qu'on appelle l'écart-type au sein l'établissement. C'est quoi l'écart-type ? C'est savoir si, au sein d'un établissement, il y a aussi de la mixité. On a dit OK, on va tout publier et on rend compte en même temps à ces associations, à ces professeurs, à ces élèves, de la réalité de l'état de ces établissements. Pour nous c'était important de commencer par là. La Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, qui est notre service statistique, nous a aidé à faire ça, était évidemment responsable de ce jeu de données, a joué le jeu et est allé au-delà de ce que demandait la réglementation. C'est important pour nous :aller au-delà de ce que demande la réglementation. La réglementation demandait uniquement la publication de ce jeu de données, nous sommes allés dans un niveau de granularité qui était beaucoup plus important, une étendue beaucoup plus importante, et puis la lisibilité qui était nécessaire pour comprendre comment lire ce jeu de données.<br/>
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Après, des élèves se sont emparés de ça pour savoir comment améliorer la carte scolaire, donc discuter avec les collectivités et c'est aussi un élément de fierté.
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<b>Philippine Dolbeau : </b>Parce qu'avoir des données c'est bien, mais savoir les lire c'est encore mieux effectivement.<br/>
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On va continuer à évoquer ces sujets ensemble, Philippe, si vous le voulez bien, d'abord on va faire un tour du côté de la planète tech.
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[Le Zap – Partie non transcrite]
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==22’ 35==
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==Le talk – deuxième partie==
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<b>Philippine Dolbeau : </b>En intégrant

Version du 9 février 2024 à 16:22


Titre : L'utilisation des données dans l'Éducation nationale - L’École du futur

Intervenant·e·s : Philippe Ajuelos - Philippine Dolbeau

Lieu : SQOOL TV - L’École du futur

Date : 11 janvier 2024

Durée : ??? deux parties ne sont pas transcrites

Vidéo

Présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Philippine Dolbeau : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'École du futur. […] Qu'elles soient brutes ou traitées par des outils pour en simplifier la lecture, les données permettent de nous éclairer, oui, d'anticiper des situations, aussi, mais aussi et surtout de répondre à des enjeux de souveraineté et d'amélioration du service public et c'est notamment le cas dans l'Éducation nationale. On en parle avec notre invité Philippe Ajuelos. Bonjour Philippe.

Philippe Ajuelos : Bonjour.

Philippine Dolbeau : Bienvenue sur ce plateau, nous sommes ravis de vous avoir. Vous êtes administrateur ministériel des données, des algorithmes et des codes sources au sein de la Direction du numérique pour l'éducation. Ce sont des termes un peu complexes dont on va parler dans un instant, vous allez le voir, c'est promis, on va les décrypter juste après le focus.

[ Focus, partie non transcrite]

Philippine Dolbeau : Déjà fortement impliqués dans des actions locales, à l'image des académies régionales, les ministères proposent désormais tout un tas d'outils pour des données beaucoup plus intuitives, qui répondent aussi à différents enjeux de transparence pour les citoyens. À quels défis l'Éducation nationale fait-elle face en matière d'open data et puis que veut dire open data ? On en parle avec notre invité dans la première partie du talk.

Le talk

Philippine Dolbeau : Aujourd'hui à nos côtés pour en parler, Philippe Ajuelos. Je rappelle votre titre, parce que dans votre titre il y a tout un tas de sujets dont on va parler aujourd'hui dans l'émission. Vous êtes administrateur ministériel des données, des algorithmes et des codes sources, au sein de la Direction du numérique pour l'éducation. Nous sommes ravis de vous avoir, Philippe. On a beaucoup de sujets à voir avec vous aujourd'hui. Peut-être une première question : on a commencé à parler, en introduction, de l'open data, un gros mot, mais vous allez peut-être le décrypter pour nous. Qu’est-ce que ça veut dire l'open data ?

Philippe Ajuelos : L’open data, c'est d'abord, pour toutes les administrations, les collectivités, les établissements publics, l'obligation de mettre à disposition toutes les informations qui ont été créées par des outils numériques à l'occasion d'un service public. C'est une obligation. Il y a évidemment des contraintes : ne pas dévoyer certaines règles concernant les données à caractère personnel, mais, à partir du moment où on n'est pas dans ce cadre-là, on doit mettre à disposition. C'est l'obligation pour tout le monde.
Le plus de l'éducation, c'est aussi un outil pédagogique pour la culture du numérique d'une façon générale, et de l'apprentissage des technologies, notamment le fait de maîtriser la donnée, l'information, et aussi essayer d'en faire quelque chose.

Philippine Dolbeau : Justement en 2021, Philippe, votre ministère, celui de l'Éducation nationale, a mis en place une feuille de route dans le cadre d'une politique qui se constitue comme une priorité stratégique pour l'État qui est celle des données. Pourquoi était-ce si important, pour le ministère, de mettre en place ce plan sur la politique des données ? Pourquoi est-ce essentiel aujourd'hui ?

Philippe Ajuelos : Peut-être rappeler, avant, que cette démarche n'est pas une démarche du ministère, c'est une démarche du Gouvernement qu'on applique au sein du ministère, qu'on adapte au sein du ministère. On a des AMDAC, des administrateurs ministériels des données, des algorithmes et des codes sources dans chaque ministère, un à l’Enseignement supérieur et la recherche, à l' Éducation nationale, au ministère des Finances. Et vous avez compris que selon nos obsessions et nos volontés on va axer sur un domaine plutôt qu'un autre.
On avait une masse d'informations, parfois on a l'impression que c'est de l'imaginaire qui est projeté quand on parle des mines d'or d'informations, ce sont beaucoup de choses qu'on doit exploiter, mais avec des systèmes d'information qui sont un peu vieillots, différents, disparates. On a des informations dans les établissements, dans nos services, l’idée c’est comment on peut faire, avec nos services en interne, des EdTech ou des labos de recherche, pour en faire quelque chose, avoir une information claire, en tout cas une information qui complète l'information qu'on peut avoir avec les outils classiques. On est dans des démarches de constats, mais aussi de prévisions, voire de prédictions. C’est l'objectif du ministère : trouver des moyens pour avoir une meilleure visibilité de ce qu'on fait, voire des réponses à ce qu'on veut faire.

Philippine Dolbeau : N’y a-t-il pas aussi, Philippe, un sujet de confiance avec lequel le ministère souhaite renouer : amplifier l'ouverture des données, oui, effectivement, des algorithmes et des codes sources, mais aussi plus de transparence de l'action publique ?

Philippe Ajuelos : C'est très important parce qu'en réalité, dans cette démarche d'accompagnement des élèves, des professeurs, c'est aussi accompagner des générations à maîtriser des technologies, à ne pas en avoir peur, ne pas être naïves par rapport à ces technologies-là, notamment l'intelligence artificielle, donc expliquer comment ça fonctionne, comment un algorithme fonctionne. La meilleure façon de le faire c'est d'abord de publier l'algorithme, les éléments de l'algorithme, les codes sources, de publier les données qui sont issues de toutes ces informations qu'on récolte et puis d’expliquer. On explique et on donne aussi les moyens, à d'autres, d'expliquer ce qu'on met à disposition, en toute transparence.

Philippine Dolbeau : Comprendre la donnée brute, on l'a compris, n'est pas à la portée de tous, et c'est aussi au cœur de vos actions, ça implique aussi et surtout de la formation, la formation des personnels à ces nouvelles technologies, à ces nouvelles pratiques aussi. C'est justement au cœur de votre métier, vous n'avez pas trop la pression non plus ?

Philippe Ajuelos : On a beaucoup de pression parce que le passage de l'échelle c'est un peu comme l’EdTech, les problématiques de numérique pédagogique, c'est accompagner 860 000 profs, pratiquement 13 millions d'élèves, donc c'est compliqué pour nous.

Philippine Dolbeau : Comment on s’y prend ?

Philippe Ajuelos : Comment on s'y prend ? Il faut avoir la pêche le matin, l'envie et se dire que peu importe la fatigue du soir, on va retourner le lendemain avec l'envie de faire bien et puis essayer de changer les choses concrètement au quotidien dans les établissements. On propose des formations, on accompagne sur le terrain et on démultiplie par capillarité. L'inconvénient c'est qu'on est partout, l'avantage c'est qu'on est partout aussi, donc on peut agir de façon dynamique par rapport à ça.

Philippine Dolbeau : Donc ça passe par de la formation. Vous vous rendez dans les établissements scolaires, auprès des enseignants, des élèves.

Philippe Ajuelos : On le fait sous différentes formes, on utilise du numérique, notamment des outils en ligne. On le fait aussi, parce que le numérique a besoin d'humain, par des rencontres avec les professeurs, avec les cadres du ministère, avec les associations aussi, les collectivités, tous nos partenaires,pour essayer de mobiliser l'ensemble des acteurs de l'éducation par rapport à cette problématique de la donnée.

Philippine Dolbeau : Philippe, au cœur de cette feuille de route du Gouvernement, il y a aussi, selon ce dernier, d'améliorer l'efficacité de l'action publique grâce à la donnée, parce que jusqu'alors la donnée était très peu utilisée dans l'évaluation des politiques publiques en France.

Philippe Ajuelos : En fait, beaucoup de choses avaient déjà été faites. La vraie question c'est de croiser nos informations, travailler aussi sur la qualité de la donnée parce que quand on ne comprend pas à quoi ça sert, la personne qui doit saisir ces données-là ne va pas forcément le faire avec l'idée de le faire bien, en tout cas c'est en plus de son quotidien, de son travail. Donc, on explique à quoi ça va servir et surtout, pour chaque donnée récoltée, on assure à la personne qui saisit qu'on va lui rendre l'information, qu'elle va pouvoir se comparer, qu'elle va pouvoir aussi diffuser et même créer des liens. C'est l'intérêt, pour nous, d'accompagner ce mouvement-là.
Il y a la formation, il y a l'amélioration des outils, il y a aussi la capacité, pour nous, de proposer des outils qui permettent de lire facilement la donnée. Personne n’est capable de lire un tableau ? Donc, quand vous allez sur notre open data, pour certains jeux, vous cliquez sur un bouton et vous avez une cartographie qui s'affiche avec les informations sur l'établissement, sur ce qu'il propose en termes de langues, de spécialités. Pour certaines régions académiques, vous avez la possibilité de savoir quelles sont les activités sportives les plus proches de son établissement ou de sa maison. Ce sont les informations qu’on donne.

Philippine Dolbeau : Plus de lisibilité. C'est aussi un moyen de développer l'esprit critique de la population vis-à-vis de certains préjugés qui sont portés envers l'Éducation nationale comme envers d'autres ministères d'ailleurs. L'accès à la donnée permet aussi de changer un peu les points de vue.

Philippe Ajuelos : Nous avons fait un travail sur nous. Nous avions été un peu contestés sur certains jeux de données, notamment la publication de l'indice de position sociale qui permet de savoir quelle est l'origine sociale des parents. C'était donc des jeux de données un peu sensibles. On a le pari de les publier et de répondre à des sollicitations de certaines associations qui voulaient avoir encore plus d'informations, non seulement avoir l'indice de position sociale sur l'année 2022, ce qu'on avait fait, mais sur les années antérieures et avoir ce qu'on appelle l'écart-type au sein l'établissement. C'est quoi l'écart-type ? C'est savoir si, au sein d'un établissement, il y a aussi de la mixité. On a dit OK, on va tout publier et on rend compte en même temps à ces associations, à ces professeurs, à ces élèves, de la réalité de l'état de ces établissements. Pour nous c'était important de commencer par là. La Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, qui est notre service statistique, nous a aidé à faire ça, était évidemment responsable de ce jeu de données, a joué le jeu et est allé au-delà de ce que demandait la réglementation. C'est important pour nous :aller au-delà de ce que demande la réglementation. La réglementation demandait uniquement la publication de ce jeu de données, nous sommes allés dans un niveau de granularité qui était beaucoup plus important, une étendue beaucoup plus importante, et puis la lisibilité qui était nécessaire pour comprendre comment lire ce jeu de données.
Après, des élèves se sont emparés de ça pour savoir comment améliorer la carte scolaire, donc discuter avec les collectivités et c'est aussi un élément de fierté.

Philippine Dolbeau : Parce qu'avoir des données c'est bien, mais savoir les lire c'est encore mieux effectivement.
On va continuer à évoquer ces sujets ensemble, Philippe, si vous le voulez bien, d'abord on va faire un tour du côté de la planète tech.

[Le Zap – Partie non transcrite]

22’ 35

Le talk – deuxième partie

Philippine Dolbeau : En intégrant