Je n'ai rien à cacher - J. Vaubourg - Questions du public

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Titre : Je n'ai rien à cacher. Questions du public

Intervenant : Julien Vaubourg

Lieu : Séminaire MathC2+ - Inria Grand Est - Nancy

Date : Avril 2015

Durée : 25 min 12

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Public : Bonjour. Mais juste, là, d'accord on est surveillé partout et tout le temps, mais qu'est-ce qu'on peut faire ? Enfin c'est trop tard ! De toutes façons la majorité des gens ici ils ont tous un compte Facebook, peut-être Twitter, enfin voilà. Et qu'est-ce qu'on peut faire pour que justement ça s’arrête et qu'on puisse se rebeller face à tout ça ?

Julien Vaubourg : C'est très facile et c'est ça qui est intéressant, c'est qu'on a tous le pouvoir en fait. C'est-à-dire qu'à un moment donné, si tu n'es pas d'accord avec ce que fait Google ou Facebook sur toi, tu n'es pas obligée de les utiliser. Si tout le monde dit « moi Google, Facebook, j’arrête », ça veut dire que eux, à un moment donné, ils vont devoir réagir, parce que ce ne sont que des sociétés qui sont là pour gagner de l'argent, au final. Donc tu as l'entier pouvoir de ce qui se passe. Tu n'es pas une victime, tu ne subis pas. Tu peux te positionner et dire « eh bien moi, Facebook, j’arrête ». Ou alors, faire un compromis, c'est -à-dire que plutôt que d’utiliser Facebook pour tout et n'importe quoi, plutôt que d'écrire en permanence à quelqu'un dans la messagerie instantanée de Facebook, eh bien je vais utiliser plutôt un e-mail, qui soit, de préférence, pas chez Google. Et petit à petit, comme ça, se sortir un peu de ce genre de service qui ne mérite pas notre confiance. On a tous les pouvoirs, sur beaucoup de choses, en fait.

Public : Vous avez dit que la NSA a des profils sur nous. C'est juste la NSA ou il y a aussi quelque chose en France ou en Allemagne ?

Julien Vaubourg : Effectivement on connaît bien la NSA parce qu'il y a eu les révélations d'Edward Snowden là-dessus, de Wikileaks avec Julien Assange avant, et d'autres, et que c'est parce que c'est d'ampleur particulièrement impressionnante. Cela dit, effectivement, il ne faut pas se tromper, tous les pays rêveraient d'avoir plus ou moins ce que fait la NSA. Et ils l'ont à une échelle plus basse. On a eu des révélations, en France, il n'y a pas très longtemps, de ce faisait la DGSE et on sait qu'ils ont quelque chose, qui est, au moins pour l'échelle française, plutôt similaire. En France, en ce moment, on est aussi sur le débat de la loi de renseignement, qui consiste à faire comme les États-Unis mais, en plus, à le faire en légal. Donc, là, c'est ce que proposent nos députés, nos députés qui sont censés nous protéger, eh bien, en ce moment ils sont prêts à voter une loi qui va autoriser l’État à poser des boîtes noires sur tous les matériels des fournisseurs d'accès à Internet. Ça veut dire que l’État va pouvoir, à un moment donné, espionner l'ensemble des communications des citoyens sur Internet.. C'est intolérable dans une démocratie, et pourtant, nos députés vont peut-être voter ça dans quelques jours. Donc oui, en France, effectivement, on a le même problème.

Public : Les données que la NSA a, elles sont stockées où en fait ? Elles ont stockées où ? Où on peut les trouver si on veut, par exemple ?

Julien Vaubourg : Où exactement ça va être compliqué à déterminer. Cela dit il y a quelques centres de données qui sont connus, globalement ça va être dans ce qu'on appelle des data centers. Ces sont des grands hangars, remplis d'ordinateurs, qui ont eux-mêmes tout plein de disques durs, et c'est là-dessus que c'est stocké. Donc c'est purement physique. Il y a des endroits, et si on veut aller tout faire sauter on peut, et c'est bien pour ça que ces différents ne sont certainement pas répertoriés sur une carte accessible à tous.

Public : La loi qui est en cours de vote actuellement, c'est juste une réédition, en fait, de la loi de Sarkozy d'il y a une dizaine d'années quand il était ministre de l’Intérieur, puisqu'il imposait déjà aux fournisseurs d'accès de stocker les informations pour cinq ans sur l'intégralité des clients.

Julien Vaubourg : Ouais, mais il y a une différence qui est fondamentale, c'est qu'effectivement on a nous a toujours demandé, pendant un an, de stocker l'ensemble de ces métadonnées. Et ensuite, c'est le gouvernement qui va faire des requêtes, dans le cadre d'une procédure judiciaire, pour savoir, pour obtenir des informations. Ça veut dire que les fournisseurs savent exactement ce qu'on leur demande, ils n'ont pas le droit de le divulguer mais il y a une certaine forme de contrôle. Ici on parle de quelque chose de beaucoup plus proactif. Non seulement on va poser des boites noires, et vraiment le boites noires a été utilisé par Manuel Vals, c'est-à-dire qu'on va poser un équipement dont on n'a aucune connaissance de ce qu'il fait, et c'est le gouvernement qui va pouvoir y accéder quand il souhaite pour espionner l'ensemble des communications. Donc on ne sait pas du tout ce qu'ils font avec, ni dans quelle mesure, et enfin, surtout très important, c'est que tout ça c'est sans juge.

Public : Inaudible.

Julien Vaubourg : C'est ça. Donc là ils font ce qu'ils veulent et, en plus, même s'ils veulent le faire légalement, eh bien ce n'est pas très compliqué parce qu'ils n'ont pas besoin de s’embêter. C'est le principe, presque, d'un État policier.

Public : Est-ce que justement, pour la loi renseignement, là, il y a une lettre type qui existe, qu'on peut envoyer à nos députés, avec les argumentaires que tu as évoqués, avec les arguments que tu as évoqués. Ça, ça se fait assez souvent, ça s'est fait pour d'autres lois. Les députés sont quand même assez réactifs sur ce que les citoyens qui les ont élus racontent.

Julien Vaubourg : Il y a tout un site qui existe qui s'appelle sous tiret surveillance point fr, qui regroupe plein d'informations. Il y a notamment le piphone. En fait c'est une initiative de la Quadrature du Net, qu'ils ressortent malheureusement souvent, avec l'ensemble des députés qui sont référencés. On peut simplement cliquer et on peut appeler un député depuis Internet gratuitement pour lui parler. Après des lettre types, il y en a qui existent. Le souci c'est que ça, ça passe vite dans les spams les lettres-types, parce qu'effectivement un député qui va recevoir cinquante fois la même lettre, c'est comme une pétition, ça perd très vite de sa valeur. Par contre c'est important, les députés c'est censé être notre accès local au gouvernement, donc c'est important d'aller les rencontrer et de leur parler les yeux dans les yeux pour leur demander « eh bien vous, qu'est-ce que vous votez ? Vous vous y êtes intéressé, qu'est-ce que vous en pensez ? » C'est vraiment l'argument de proximité qu'il faut privilégier, je pense.

Public : Les données qu'ils stockent, les profils, ils sont bien protégés alors, sûrement ? Est-ce qu'ils se sont déjà faits cracker une fois par quelqu'un ?

Julien Vaubourg : Pour la NSA, c'est dur de savoir, étant donné qu'on n'a aucune information sur ce qu’ils font. Du coup, on n'aura certainement pas l'information s'ils se font voler des choses. Cela dit ils se sont quand même fait voler des choses. Edward Snowden, c'est le principe, c'est qu'il a volé plein d'informations, il les a données. Ça va que c'est un citoyen et qu'il a donné des choses qui protègent les citoyens. J’imagine qu'il aurait pu sortir des choses qui mettent à mal les citoyens. Après, pour tous les intermédiaires, comme Google et Facebook, ça je l'ai dit, eux, par contre, ils se font régulièrement voler des données. Tout ce que vous leur confiez, toutes les choses qui concernent la moindre conversation que vous envoyez sur Facebook, ça arrive qu'ils se fassent voler tout ça. Et là on ne sait pas où ça part.

Public : Si on s'inscrit, la NSA et on se fait recruter par eux, on a accès à toutes ces données ?

Julien Vaubourg : Ça ne peut pas te répondre. J'imagine qu'ils ont des procédures, en interne, qui font que la moindre personne qui est agent d'entretien dans la NSA n'a pas accès à toutes les données. Mais Edward Snowden, qui est un informaticien, qui était un militant, il y a eu accès et c'est une bonne chose pour nous.

Public : ???, il faut monter alors pour avoir accès à plus ou moins de données ?

Julien Vaubourg : Pardon ?

Public : Inaudible.

Julien Vaubourg : Je n'en sais rie du tout. Je ne peux pas. C'est aussi le problème, c'est que finalement tout ça c'est opaque. C'est un souci que je ne puisse pas te donner la réponse. C'est qu'à un moment donné, ils ont toutes les informations et, comme j'ai dit, c’est chez eux. On ne sait pas comment c'est protégé.

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Public : En fait dans les révélations de Snowden