Différences entre les versions de « Itopie - Et si on voulait des technologies éthiques »

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche
(Page créée avec « Catégorie:Transcriptions '''Titre :''' Itopie - Et si on voulait des technologies éthiques ? '''Intervenants :''' Samuel Chenal '''Lieu :''' Émission TIC - éthi... »)
 
(Contenu remplacé par « Catégorie:Transcriptions Publié [https://www.april.org/itopie-et-si-voulait-des-technologies-ethiques ici] - Juin 2017 »)
 
(14 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
[[Catégorie:Transcriptions]]
 
[[Catégorie:Transcriptions]]
  
'''Titre :''' Itopie - Et si on voulait des technologies éthiques ?
+
Publié [https://www.april.org/itopie-et-si-voulait-des-technologies-ethiques ici] - Juin 2017
 
 
'''Intervenants :''' Samuel Chenal
 
 
 
'''Lieu :''' Émission TIC - éthique #7 - Radio alto
 
 
 
'''Date :''' Février 2017
 
 
 
'''Durée :'''  46 min 27
 
 
 
'''[https://soundcloud.com/user-901548212/tic-ethique-07-itopie?in=user-901548212/sets/tic-ethique-et-si-on-voulait Écouter l'enregistrement]'''
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Statut :''' Transcrit MO
 
 
 
==00'==
 
 
 
<b>Voix off : </b> « Bonsoir. Gardons-nous de faire grief à la science des difficultés où elle nous mettra », écrivait quelque part Jean Rostand. Il pensait à toutes les révolutions techniques auxquelles il avait assisté ou participé, par exemple les techniques biologiques ou chirurgicales qui pourront un jour transformer l’homme à volonté. Mais c’est aussi séduisant que redoutable. Eh bien il se passe la même chose pour l’informatique. Au colloque qui se tient actuellement à Paris sur le thème « Informatique et société », où M. Giscard d’Estaing est venu dire ce qu’il pensait du sujet cet après-midi, on a parlé des grandes espérances mais aussi des grandes craintes que suscite l’informatique. Nous aidera-t-elle à simplifier nos problèmes au maximum ?, ça c’est certainement vrai, et à mieux nous informer ?, c’est sûr et plus vite, mais en même temps ne portera-t-elle pas gravement atteinte à nos libertés individuelles dans la mesure où nous serons partout mis en fiches. De toutes façons, il ne sert à rien de nier l’informatique. Il faut s’aligner sur ceux qui l’ont développée, au contraire. Mais il y a toutes sortes de façons de développer l’informatique. L’important est de se dépêcher de réfléchir et de faire les choix corrects. Et c’est ainsi que le président de la République demandera au gouvernement, par exemple, de réfléchir aux propositions du syndicaliste CFDT Edmond Maire, quand celui-ci a fait remarquer tout récemment que l’informatique des entreprises risquait de conduire, à court terme, à des transformations profondes donc traumatisantes. Une des propositions d’Edmond Maire, faite sur TF1, à 13 heures, il y a quelques jours, était que les travailleurs puissent s’exprimer sur leurs conditions de travail dans les services et dans les usines, pour faire en sorte que la façon d’appliquer l’informatique serve réellement au progrès, au lieu servir aujourd’hui uniquement à peu près l’intérêt de quelques-uns. »
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Vous venez d’entendre un extrait du journal télévisé de TF1 de 1976. Ça laisse un peu rêveur. Vous l’aurez compris notre émission TIC éthique d’aujourd’hui aura un rapport avec l’informatique, mais pas celui de 1976. Non ! L’informatique d’aujourd’hui ; celle qui semble avoir oublié que derrière les machines il y a des hommes. Fort heureusement certaines personnes se soucient encore de la place de l’humain à l’heure du tout technologique. Héloïse et Amélie ont rencontré Samuel Chenal qui travaille à itopie et qui a pour conviction profonde que l’informatique doit être service de l’homme et pas l’inverse.
 
 
 
[Musique]
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Je suis avec Samuel Chenal, d’itopie, en plein cœur de Genève. Bonjour Samuel. Est- ce que tu peux te présenter et nous présenter un peu itopie ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Bien sûr. Moi je suis donc un informaticien de gestion, à l’origine, qui a passé une partie de sa première vie dans une grande entreprise internationale, classique, dans des fonctions informatiques où j’ai acquis un grand nombre de mes expériences que j’ai actuellement. Et j’ai quitté cette entreprise, non pas que c’est une mauvaise entreprise, bien au contraire, mais c’est que son poids de multinationale me pesait. Une forme de rigidité aussi et un manque d’éthique, mais ça on va pouvoir le développer plus tard.
 
 
 
En fait, dans mon parcours personnel, depuis quand même une quinzaine d’années, je me suis intéressé à d’autres éléments de la société, des éléments plus politiques aussi, mais également le développement durable. Des problématiques environnementales qui m’ont passablement intéressé. Je me suis formé aussi, j’ai suivi une formation de conseil et communication en environnement qui était donnée par le WWF à Lausanne. Mais en parallèle, j’ai développé, alors là depuis plus d’années encore, depuis 20 ans, un intérêt marqué pour les logiciels libres, notamment GNU/Linux, qui est le système d’exploitation libre par excellence. Et en fait, je me suis posé la question, mais ces deux mouvements, donc le développement durable et le logiciel libre, ils ont quelque chose en commun. Je n’arrivais pas bien à savoir de quoi il s’agissait. J’ai beaucoup fait des recherches sur Internet et j’ai trouvé très peu de choses.
 
On trouvait beaucoup d’aficionados des logiciels libres, très, on va dire, enfermés dans leur propre discipline et très peu conscients des problématiques internationales ou développement durable ou des problèmes de société, etc.
 
 
 
Et a contrario on trouvait beaucoup de militants environnementalistes ou dans les ONG qui n’avaient aucune conscientisation, aucune conscience, de l’informatique libre.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Donc toi tu as eu envie de lier ces deux domaines, ces deux aspects, que tu sentais liés, justement, dans les valeurs et les problématiques ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Voilà. Donc en fait, on a un peu creusé la chose et puis on s’est rendu compte que les valeurs étaient globalement similaires.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Lesquelles ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Les valeurs qui sous-tendent ces deux mouvements. On a des valeurs humanistes importantes, puisque dans le développement durable on a les trois domaines qu’on retrouve classiquement, donc l’environnement, le social et l’économie. Et en fait, on se rend compte que dans le logiciel libre on a le même genre de préoccupations sur le social, sur l’environnement et sur l’économie.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>C’est cette base qu’est née l’idée d’itopie ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Moi je ne suis pas à la base d’itopie.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Tu les as rejoins alors.
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>C’est mon collègue Maurizio Notarangelo qui a fondé la coopérative avec Esteban Briones, son collègue, il y a au moins quatre ou cinq ans je crois, basé sur une expérience individuelle, donc d’entreprise individuelle et moi j’ai rejoins le bateau plus tard, il y a à peu près un an et demi.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Ce qui t‘as fait rejoindre le bateau d’itopie c’est parce que tu retrouvais ces valeurs-là dont tu viens de parler au sein de cette coopérative ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Exactement. En fait c’est la pierre qui manquait à l’édifice, pour moi, en termes de valeur et en termes de cohérence dans mon engagement personnel. C’était le problème que je n’avais pas d’engagement professionnel. Et en fait, on passe le plus clair de son temps au travail. Donc je m’étais dit mais pour pouvoir m’investir, certes je peux donner quelque peu de mon argent à des associations pour me donner bonne conscience, mais ça ne suffisait plus. Et du coup, je me suis dit il faut vraiment que je change de travail. Il y avait effectivement cette lourdeur des grands groupes internationaux qui me pesait, le fait qu’il y avait un manque d’éthique, un manque de considération de l’humain et une quête de sens aussi pour moi. Effectivement, dans ces grandes entreprises, c’est clair que ce n’est pas l’endroit où il y a beaucoup de logiciels libres. Finalement c’est très schématique on pourrait débattre là-dessus. On a effectivement une dichotomie entre les deux mondes.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Est-ce que tu pourrais nous dire que fait itopie ? Qu’est-ce que propose cette entreprise ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Itopie est une société coopérative active dans l’informatique. Donc c’est vraiment au sens de la raison sociale une coopérative avec des coopérateurs qui sont constitués en coopérative à un moment donné, avec des parts et avec un but commun et une charte.
 
 
 
Donc en fait itopie, la charte d’itopie, est vraiment centrée sur des valeurs humanistes et des TIC voulant remettre, finalement, l’homme au centre du débat et pas la technologie. Donc surtout dans le domaine informatique où c’est très sensible et où, finalement, l’humain est en train de prendre un certain de nombre de revers, on va dire, et perdre du terrain eh bien, itopie se positionne réellement comme une alternative contre ce mouvement, cette lame de fond si on veut, ramener l’homme au centre du débat et ne plus se faire, finalement, contrôler par la technologie.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Comment est-ce que vous réussissez cet exploit de mettre l’humain au cœur de la technologie ?
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>C’est essentiellement une question d’approche ; parce que dans les faits on fait de l’informatique : on installe des systèmes, on configure des systèmes, on fait de l’assistance à des clients. Au final, le métier est le même que celui que je faisais, finalement, avant. Il y a des projets, il y a des nouvelles applications qu’on doit configurer, installer, etc. Finalement le travail au jour le jour, c’est la même chose ; mais c’est vraiment l’approche qui est différente. C’est-à-dire qu’on a une approche qui privilégie ce qu’on appelle en anglais le <em>low-tech</em>, la basse technologie, c’est-à-dire qu’on ne va pas faire de la technologie pour faire de la technologie. On va vraiment s’intéresser aux besoins des clients pour ne prendre que, par exemple, 80 % des besoins qui sont les plus importants et développer une solution informatique pour ces besoins-là.
 
 
 
Et on se rend compte que la plupart des gens achètent des systèmes informatiques, que ça soit des particuliers ou des entreprises, qui vont bien au-delà de ce qu’ils ont demandé ou de ce dont ils ont vraiment besoin.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>Qu’ils n’utilisent pas, en fait !
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>Qu’ils n’utilisent pas. Et en fait, il y a une tendance qui est liée à la notion de progrès, qui empile les couches de technologie. Et pour que ça soit bien il faut qu’il y ait ces couches-là qui soient superposées pour que l’interface utilisateur soit jolie, pour que le que système soit réactif, pour qu’il puisse être interconnecté avec tous les objets de la terre.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>C’est aussi une course à la consommation qui est globale d’ailleurs.
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b>C’est une course, une course qui peut avoir des côtés angoissants. Moi lorsque j’ai commencé mon parcours professionnel à la fin des années 90, eh bien j’étais dans une structure à peu près avec trois/quatre cents employés et on avait un informaticien qui maîtrisait globalement tous les éléments de l’informatique de cette entreprise, aussi bien applicatifs que infrastructure.
 
 
 
Aujourd’hui c’est juste peine perdue. Maintenant on est dans des systèmes, au niveau des grandes entreprises principalement, où les informaticiens sont devenus des spécialistes qui ne maîtrisent qu’une infime partie du système d’information. Et là où ça se gâte, c’est quand il y a des vrais problèmes, parce qu’il n’y a plus de vision globale et il y a une perte de maîtrise du système.
 
 
 
<b>Journaliste : </b>C’est ce que tu veux dire aussi quand tu dis que l’humain doit rester maître de la technologie et non pas l’inverse. C’est-à-dire que des fois, maintenant, ça a pris tellement d’ampleur et c’est tellement complexe que du coup il y a peu de personnes qui peuvent avoir une maîtrise sur l’ensemble des technologies et, ce que tu disais, sur la vision globale, etc.
 
 
 
==10’ 57==
 
 
 
<b>Samuel Chenal : </b Oui, c’est exactement ça
 

Dernière version du 16 juin 2017 à 13:55


Publié ici - Juin 2017