Interview de Mme Anca Luca 20ansApril

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Titre : Interview de Mme Anca Luca

Intervenants : Anca Luca, Open Food Facts - OliCat - Clara - Ludovic Dubost

Lieu : Le Petit Bain - Paris

Date : 26 janvier 2017

Durée : 28 min 03

Écouter l'enregistrement de Radio Libre à Toi

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Transcription

OliCat : Bonjour à toi. Quel est ton prénom ?

Anca : Bonjour. Je m’appelle Anca.

OliCat : Anca. Alors Open Food Facts. Super. Tu sais que Open Food Facts, France en tout cas, a été soutien de la candidature de Libre à Toi pour une fréquence FM au CSA. Donc je suis d’autant plus heureux de t’avoir pour nous parler d’Open Food Facts. Qu’est-ce c’est ?

Anca :Open Food Facts, c’est une base de données d’informations sur les produits alimentaires. Il y a beaucoup de gens qui font des signes.

OliCat : Où ça ?

Anca : Non, mais je ne sais pas. C’est compliqué ici. C’est la fête.

OliCat : Oui, mais attends ! Mais non, là c’est compliqué de se concentrer sur une conversation alors qu’il y a plein de choses qui se passent autour !

Anca : Et qu’on bave devant ce gâteau super qui est devant nous.

OliCat : Mais regarde, Ludovic s’en est très bien sorti. On dirait qu’il a fait de la radio toute sa vie.

Anca : Mais Ludo, il a des capacités spéciales.

OliCat : C’est le président de XWiki en même temps.

Anca : Open Food Facts[1] c’est une base de données d’informations sur les produits alimentaires. C’est le Wikipédia des produits alimentaires. L’idée c’est de pouvoir apprendre des choses sur ce qu’on mange. Apprendre des choses dans le sens d’essayer de comprendre un peu toutes ces informations qui sont écrites sur les étiquettes des produits soit trop petit, soit des infos différentes sur chaque étiquette. Il y a quelqu’un qui va marquer un additif avec un E quelque chose, l’autre qui va marquer l’additif avec les lettres.

OliCat : Mais c’est le même en fait.

Anca : C’est exactement le même, voilà. Donc ça permet de comprendre un peu les étiquettes des produits. Et moi, une fonctionnalité que j’adore, c’est de comparer les produits. Comme c’est une base de données énorme, en France je pense qu’on est à peu près à 80 :000 produits.

OliCat : Ah oui. C’est absolument énorme.

Anca : C’est énorme. J’espère que je ne me trompe pas. Si ce n’est pas 80 :000, c’est 60 :000.

OliCat : Effectivement, ce chiffre m’évoque quelque chose.

Anca : C’est très élevé, donc ça permet de comparer les produits entre eux et d’apprendre, par exemple, qu’il y a des produits de la même catégorie que le produit qu’on vient de manger qui n’ont pas le même additif. Moi, une surprise que j’ai eue, je mangeais des soupes. Moi je ne suis pas une fofolle de l’alimentation, voilà, je ne faisais pas et je ne fais toujours pas attention particulièrement à ce que je mange, mais ça m’intéresse. J’ai une curiosité, comme tout le monde ; tout le monde est un peu curieux par rapport à ce qu’on mange, voilà, moi aussi. J’ai appris plein de choses.

OliCat : Et notamment ?

Anca : Je mangeais cette soupe. C’est une soupe en brique, machin. J’ai lu l’étiquette, enfin je l’ai scannée bien sûr, parce que Open Food Facts ça marche avec son téléphone mobile, je ne l’ai pas dit.

OliCat : Raconte-nous comment ça marche.

Anca : Il faut dire comment ça marche. Il y a une appli mobile. On prend son téléphone. On scanne le produit, le code-barres de ce produit.

OliCat : Tu accèdes à la base.

Anca : Tu accèdes à la base.

OliCat : Totale de sa composition.

Anca : Tu accèdes aux informations qui sont disponibles sur ce produit. S’il n’y a pas d’infos disponibles, l’application va te proposer de prendre toi-même les photos de l’emballage pour qu’on puisse remplir, après, les informations sur le produit, à base de ces photos. C’est important d’avoir les photos et c’est important d’avoir les informations à base des étiquettes de produits parce que toutes les lois, en France, sont pour les étiquettes. Ce n’est pas pour autre chose. Par exemple, si le fabriquant veut présenter des choses sur son site web par rapport à la composition de ses produits, les lois sont beaucoup moins strictes sur ça que sur ce qui est présent effectivement sur l’étiquette. Donc les lois sont là-dessus, donc on utilise ça comme source d’informations.

Et donc, j’ai pris mon téléphone mobile, j’ai scanné cette soupe, et j’ai découvert qu’il y avait dedans des additifs controversés. Je ne vais pas dire le nom parce que je ne veux pas que les gens écoutent et se disent : « Ah, ça c’est mauvais sur la santé ! » Chacun juge avec ses propres connaissance et avec ses propres informations si c’est bon ou pas. Donc j’ai trouvé qu’il y avait un additif controversé et je me suis dit – parce que c’était un exhausteur de goût, maintenant tout le monde sait de quoi je parle, bon bref – et je me dis « c’est normal, c’est une soupe dans un carton, qui est valable trois ans, c’est normal qu’il y ait des exhausteurs de goût, ça ne peut pas avoir un goût ». Et en cherchant dans cette base de données énorme.

OliCat : Tu as trouvé la même soupe ?

Anca : Non, j’ai trouvé le même type de produit.

OliCat : Le produit équivalent, sans cet exhausteur de goût !

Anca : Sans cet exhausteur de goût ! Et je me suis rendu compte que oui, il n’y en pas qu’une seule, il y en plusieurs et que, finalement, c’est aussi un choix du fabricant de mettre ou pas un certain additif dans les produits, etc.

OliCat : Et tu as goûté la fameuse autre soupe ?

Anca : Ouais.

OliCat : Et alors ?

Anca : Il n’y a aucune différence, en fait.

OliCat : Eh bien voilà !

Anca : Peut-être que j’ai le palais pas assez affûté, mais en fait non, pour moi il n’y a aucune différence entre les deux. Et pareil pour les biscuits, par exemple. On regarde un biscuit, on trouve qu’il y a 50 % de sucre dedans, en regardant les infos nutritionnelles, on n’a pas forcément besoin d’Open Food Facts pour ça, mais ça aide. Et en fait, on se dit : « C’est un peu normal que les biscuits soient à 40 grammes de sucre par 100 grammes de produit ». Mais en fait, en regardant la grande base de données, on se rend compte que non. On se rend compte qu’il y a des biscuits qui sont à beaucoup moins que ça. Et c’est ça la grande valeur, enfin une des grandes valeurs de cette base de données, c’est que ça nous permet de comparer les produits et ça nous permet d’appendre des choses sur ce qu’on mange. De sortir un peu, comment dire, d’aller un peu plus loin que « on va au supermarché, on prend toujours les choses qui nous plaisent bien et on mange toujours la même chose et on ne se pose pas de questions ».

OliCat : Ou alors qu’on achète par critères de prix aussi.

Anca : Mais le critère de prix peut rester en fait. Il ne faut pas se dire que tout le monde peut choisir, peut ignorer ce critère.

OliCat : Non, ce n’est pas ce que je veux dire.

Anca : Oui, il y a plein d’autres critères. Ça nous permet, enfin, d’apprendre des choses. Voilà. Moi, ça m’a permis d’apprendre des choses.

OliCat : Juste un petit point de détail, j’ai oublié ton prénom excuse-moi !

Anca : C’est Anca.

OliCat : Anca. Concernant ceux qui nous écoutent, Open Food Facts, la base de données, elle est accessible uniquement sur l’appli qu’on télécharge ou il y a un site web ?

Anca : Non, non. Il y a un site web. Donc il y a le site web openfoodsfacts.fr[2] et c’est d’ailleurs là qu’on peut trouver ces informations d’agrégation des infos sur les produits. Et aussi, la base de données est libre, c’est ça l’idée en fait. L’idée principale c’est que ces informations-là sont dans une base de données libre et accessible à tout le monde et réutilisable. Donc c’était l’idée, justement, de fournir ces données, de les mettre ensemble et de les rendre disponibles aux gens qui vont faire des choses avec. Et faire des choses avec, ça commence avec des applications pour détecter les allergènes, parce qu’il y a des gens qui ont besoin.

OliCat : Oui. Absolument.

Anca : Et ça finit sur des jeux sur « devinez combien de sucre il y a dans cette bouteille de ketchup ? »

OliCat : Et alors, Anca, Ludovic t’as présentée comme contributrice de Open Food Facts . Qu’est-ce que tu fais pour eux ?

Anca : Eh bien je remplis des produits pour commencer. Je remplis aussi des produits roumains,

OliCat : OK. Parce que tu vis en Roumanie ?

Anca : Non, pas en Roumanie, je vis à Paris, mais je voyage. Il y a des pays qui ne sont pas très remplis sur Open Food Facts. La France a très bien décollé, mais il y a d’autres pays qui ne sont pas si remplis que ça. Donc je scanne des produits de France ou de Roumanie. Donc déjà, je contribue avec des produits et je participe aussi.

OliCat : Tu vends très bien, en fait, la chose, déjà à la radio !

Anca : Je vends la chose à la radio !

OliCat : Tu es la responsable de com’ pour la France ?

Anca : Non, ce n’est pas moi. Il y des gens qui parlent encore mieux que moi. Donc je traduis des choses, je rends le logiciel accessible. Je traduis, par exemple, l’interface du logiciel ou la catégorisation des produits et tout ça en roumain, donc je fais ça sur la langue que je parle. Et puis, après, j’ai aussi participé en mode de développement. J’essaye de contribuer, des petites améliorations aux logiciels, soit à l’application mobile, soit le logiciel qui fait le site web. Et aussi, depuis peu, je suis membre dans le conseil d’administration de l’association Open Food Facts.

OliCat : C’est une asso, à la base.

Anca : C’est une association 1901, et je fais partie du conseil d’administration. Donc j’essaye d’aller un peu plus loin, d’être impliquée, un peu plus dans la vie de Open Food Facts. Donc il faut quand même donner les remerciements. Donc je voudrais remercier les gens qui ont créé le projet, parce que ce n’est pas mon projet à moi.

OliCat : Alors c’est qui ?

Anca : Voilà, justement c’est Stéphane.

OliCat : Ce n’est pas grave, continue à parler. Il y a le retour qui est coupé, mais ça continue, en fait.

Anca : Donc c’est Stéphane Gigandet[3] qui a créé le projet il y a, peut-être, je pense que c’est plutôt vers 2007, un truc comme ça. Lui il a créé le projet. Il a fait une bonne partie du chemin tout seul, avec des contributeurs de produits. Maintenant on est plusieurs dans le projet qui travaillons autour de cette idée qui nous plaît beaucoup. Et il y a aussi des petits bébés de ce projet-là : il y a le projet Open Beauty Facts[4].

OliCat : C’est quoi ? Je ne le connais pas.

Anca : C’est la même chose avec les produits de beauté, c’est très simple. C’est exactement la même chose avec les produits de beauté.

OliCat : Il y a de quoi faire, je pense. En termes de composition c’est pareil. Il y a déjà un site, une appli, de quoi scanner ? Il y a tout ?

Anca : Oui, il y a quasi tout. C’est juste, la base de données, elle est beaucoup plus petite que la base de données des produits alimentaires.

OliCat : Forcément. Donc tu vas contribuer ?

Anca : Oui, je mets aussi des produits de beauté quand j’ai occasion. La différence c’est que pour transférer les informations, l’idée c’est qu’il y a des gens, il y a des contributeurs, il y a tous ces contributeurs, en fait, qui transfèrent les informations des photos, les textes des photos, dans des informations texte dans la base de données. On a de la reconnaissance de texte qui aide, mais ça ne suffit pas, parce que je ne sais pas si vous avez déjà essayé de lire les étiquettes des produits alimentaires, mais des fois c’est complètement illisible !

OliCat : C’est relou. C’est clair.

Anca : Et on imagine qu’on prend une photo dans des conditions très bizarres, et on essaie, après, d’utiliser un logiciel pour reconnaître le texte, ça peut être assez difficile. Donc il y a plein de gens qui recopient, on va dire, les étiquettes. Il y a une différence énorme entre recopier « farine » et recopier « deuxtroispolybutanol de je ne sais pas quoi ». Voilà. C’est extrêmement compliqué. Donc les ingrédients des produits de beauté sont complètement différents des ingrédients de produits alimentaires. Pardon !

Clara : Et c’est pire, en plus ! Ils sont beaucoup plus longs. Ils sont en latin. C’est insupportable !

Anca : Oui, ils sont beaucoup plus longs, ils sont en latin, mais dans les produits alimentaires, il y a aussi des choses qu’on a du mal à prononcer.

Clara : Ouais, mais c’est beaucoup plus codifié : le E131, le E, etc.

Anca : En fait, c’est très codifié dans l’industrie cosmétique aussi. C’est-à-dire que dans l’industrie cosmétique tous les ingrédients sont codifiés.

Clara : Eh bien oui, puisqu’il y a une nomenclature internationale.

Anca : Tout existe déjà. Il y a une nomenclature et tout ça.

Clara : Mais elle existe aussi pour les produits alimentaires, plus ou moins. Disons qu'ils ont des passe-droits sur certains ingrédients.

Anca : Plus ou moins. Il y a tous les additifs et tout ça, mais les ingrédients, si c’est un ingrédient naturel, je pense qu’on peut le mettre direct sur l’étiquette.

Clara : Même additif, ils ont droit de mettre juste le nom : ils ont le droit de mettre caramel au lieu de mettre E951.

OliCat : Ah, les enfoirés !

Anca : Tout à fait. C’est là qu’Open Food Facts ça donne un coup de main à comprendre toutes ces choses-là et à comprendre qu’en fait, finalement, c’est la même chose.

2 h 16’ 16

Clara : Moi j’avais une question sur Open Food Facts par rapport au bio.

Anca : Oui. Par rapport au bio ?

Clara : Est-ce qu’il y a une prise en compte des ingrédients d’origine biologique dans les produits ?

Anca : C’est une prise en compte des labels et pas que les labels bio, tous les autres labels. Donc il y a une zone où on peut remplir les labels qui sont présents sur l’étiquette du produit. Si c’est label bio, on va dire bio, ça va être reconnu, ça va être mis en avant donc on va avoir même logo du bio sur le site, on va avoir ces choses-là.

Clara : Oui, mais ingrédient par ingrédient, parce que maintenant le bio est complètement dévoyé. Tu peux avoir un produit bio…

OliCat : Avec des E machins.

Clara : Avec 50 %, 60 %, non 80 % de produits, donc des ingrédients qui peuvent ne pas être biologiques de toutes façons.

OliCat : C’est le problème du AB [Agriculture biologique, NdT].

Anca : Ça, ça va être plutôt un problème du label et c’est très lié, en fait, à l’idée de label lui-même. C’est-à-dire qu’un label a tout un cahier des charges derrière et toute une spécification : à qui on donne ce label, comment on le donne, etc. C’est lié à l’information.

Clara : Eh bien, oui, mais comme c’est tellement le bazar entre le bio, entre le nature et progrès, le bio européen, les labels biodynamiques, enfin, il y a tellement de différences, le label AB, aujourd’hui, ne vaut plus rien.

OliCat : Mais là ce que je trouve intéressant justement.

Clara : Enfin on n’en était pas là. C’était Open Food Facts.

Anca : Non, mais c’est très intéressant.

OliCat : Non, mais Clara tu as tout à fait raison. Là, justement, en fait on passe au-delà de ça, puisque c’est une base de données très objective.

Clara : Oui, mais justement c’était par rapport aux ingrédients, c’était s’il y avait une case de prévue par rapport à la composition d’un produit, pour marquer que cet ingrédient était d’origine biologique.

OliCat : Oui, c’est le cas.

Anca : L’idée c’est de recopier.

OliCat : Mais justement ça peut permettre, du coup, de voir que certains, pas ingrédients, mais certains produits labellisés bio vont avoir autant de merde que certains autres produits, en fait. Mais on ne va pas pondérer positivement un truc bio par rapport à un autre truc. La base de données est très objective.

Clara : C’était la base des ingrédients. Si les ingrédients bio étaient identifiés comme ingrédients bio ?

Anca : Tout autant que c’est identifié sur l’étiquette du produit. C’est-à-dire que nous on ne fait pas plus que l’étiquette du produit.

OliCat : En fait, il y a deux trucs : soit tu peux scanner le produit, tu scannes le code-barres et donc tu as la liste, soit tu recopies à la main, c’est la majorité des contributions ou pas ? Comment ça se distribue les contributions à la base de données entre les scans et les re copies manuelles ?

Anca : Le scan, ce n’est pas une contribution en elle-même. C’est-à-dire qu’on scanne le produit. On rajoute les images si elles ne sont pas là. Tout est une contribution manuelle, en fait. Toutes c’est une recopie de l’étiquette. En fait, l’idée c’est de renseigner les infos qui se trouvent sur les étiquettes des produits dans la base de données.

OliCat : D’accord. Donc c’est vraiment ce que les gens écrivent, en fait.

Anca : C’est vraiment ce qui est sur l’étiquette, parce que c’est la photo qui est reine on va dire. C’est-à-dire que s’il y a une info qui apparaît sur le site qui n’est pas présente sur une photo, s’il n’y a pas la preuve que l’information était vraiment sur l’étiquette du produit, dans ce cas-là on un petit problème. C’est-à-dire que peut-être qu’on va changer l’information sur le site, pour garder l’info en synchronisation avec la photo. Donc il faut qu’il y ait vraiment la preuve que cette info-là se trouve sur l’étiquette du produit. Donc l’étiquette gagne, toujours, c’est ça l’idée, c’est que ce qui est sur l’étiquette c’est ça qui est la vérité, on va dire, même si ce n’est pas vraiment la vérité, mais nous on ne peut pas vérifier ça, ce n’est pas notre travail.

OliCat : Non, c’est juste la data.

Anca : C’est la data voilà, c’est la data obtenue des étiquettes de produits. Donc nous on va recopier ce qui est sur l’étiquette du produit et sur l’étiquette du produit, oui, très souvent sur les produits bio, il y a une petite étoile dans la liste des ingrédients.

Clara : Voilà, c’est ça, comme ça il est identifié.

Anca : Qui dit tel produit…

Clara : … Est issu de l’agriculture biologique.

OliCat :Oui. Issu de l’agriculture biologique.

Anca : Issu de l’agriculture biologique. Après, nous ce qu’on va faire, c’est qu’on va essayer de mettre des données en relation pour permettre aux gens de s’informer et c’est ça qui est le plus important. C’est vrai que, par exemple sur un additif, peut-être qu’on ne va pas dire forcément : « Celui-là est bon, celui-là est mauvais », parce que sur les additifs très, très souvent c’est extrêmement controversé, il y a des gens qui disent que c’est bon, il y a des gens qui disent que ce n’est pas bon.

Clara : À partir du moment où c’est autorisé, on peut imaginer que ce n’est pas spécialement mauvais. L’autorité européenne n’autoriserait pas des poisons, sur nous !

OliCat : Non, eh bien non ! Ça n’existe pas !

Anca : L’autorisation is a fact et l’idée d’Open Food Facts c’est de présenter des facts. Voilà ! Donc nous ce qu’on va dire, on va dire : « Voilà, telle chose est autorisée ! » Après à nous d’interpréter, est-ce que ça nous convient, ça ne nous convient pas ou je ne sais pas, on a d’autres idées, ça ne nous plaît pas et tout ça. Nous, ce qu’on va essayer de faire, on va essayer de mettre en relation des informations. Donc vous allez trouver un additif, vous allez trouver des liens de cet additif vers Wikidata qui vont permettre d’identifier l’additif, etc., de trouver les infos qui sont ailleurs et ça va permettre à la personne de s’informer. Mais nous, on essaye quand même de rester assez facts c’est-à-dire rester sur les faits, et puis chacun s’informe comme il sait le faire.

OliCat : Justement est-ce que vous savez si les gens s’informent ?

Anca : Moi je me suis informée par exemple.

OliCat : Oui, tu nous l’as expliqué tout à l’heure.

Clara : Il y a combien de contributions, par exemple, sur la base. Est-ce qu’on arrive à chiffrer, à peu près, le nombre de contributeurs ?

Anca : Les contributeurs, je ne veux pas dire de conneries parce que je n’ai pas les chiffres exacts.

Clara : Une fourchette, tu vois.

Anca : C’est quelques milliers.

Clara : Quelques milliers. En France ?

Anca : En France, en fait, la base de données est la plus riche, je l’ai dit tout à l’heure, on est à peu près à 80 000 produits remplis, enfin pas remplis, pardon, renseignés et les contributeurs ça doit être quelques milliers, quelques bons milliers.

Clara : Est-ce que vous êtes proches d’autres organisations comme, par exemple, foodwatch ? J’imagine que vous connaissez.

Anca : Non, pas vraiment.

Clara : foowatch[5], c’est une ONG, internationale, qui travaille, justement, sur la composition des aliments. C’est par exemple eux qui ont attaqué Leclerc l’année dernière parce qu’ils affichaient, non pas Leclerc, on ne va pas citer de marque, mais une marque de yaourts.

OliCat : Non. Il faut en citer trois !

Clara : On s’en fout. Mais si, on peut balancer aussi, mais comme je ne les ai plus. Ah oui, la marque Les 2 Vaches, par exemple, Les 2 Vaches qui faisaient des yaourts.

OliCat : Les yaourts au chocolat sont super bons.

Clara : Des yaourts aux myrtilles, des yaourts bio aux myrtilles sans myrtilles, quand même, ou avec très peu de myrtilles. Ou Maggi qui faisait du potage, attends c’était un potage au bœuf sans bœuf, enfin tu vois, des trucs ! Je ne sais pas si ça te dit quelque chose, ils ont fait pas mal de campagnes de presse l’année dernière et justement ils sont beaucoup là-dessus, sur dénoncer les incohérences de composition alimentaire. C’est une ONG internationale. Ils sont en Allemagne.

Anca : On n’est sûrement pas les seuls à faire ce genre de choses.

Clara : Mais ils n’ont pas le même protocole. Enfin si, ils appellent aussi les citoyens il me semble, je ne sais plus, enfin bref ! Excuse-moi. Vas-y continue ! Donc foodwatch ne te dit rien !

Anca : Non, moi perso. Mais moi, comme je l’ai dit tout à l’heure, je ne suis pas quelqu’un de, comment dire, moi je ne suis pas militante là-dessus. C’est-à-dire que l’idée me plaît, j’aime bien l’idée de renseigner les données et de faire cette base de données libre, parce que c’est ça, finalement, le fond. C’est d’avoir toutes ces infos et toutes ces données qu’on peut réutiliser derrière. Après, comment on les réutilise, et c’est plutôt là que foodwatch agit, en fait. Nous, notre rôle, enfin notre idée, c’est collecter l’info.

Clara : C’est de collecter l’info.

Anca : Nous, on collecte l’info et on la rend disponible. Après, ce que les gens font avec et si les gens veulent aller faire des procès ou des manifestations ou protester et dire : « Arrêtez d’appeler ça des myrtilles, alors qu’il n’y a pas une myrtille dedans », etc., nous on va voir ces choses-là, parce qu’on les voit en fait, c’est marqué myrtilles dessus et finalement.

Clara : II y a 0 virgule.

Anca : On va les voir, on va dire : « Oui, il y a cette chose-là », mais notre rôle c’est juste de fournir ces informations aux gens, mais pas forcément d’aller agir suite à ces choses-là.

Clara : Une question Ludovic ?

Ludovic : Moi j’ai une petite question. Finalement c’est super cette base de données, mais il n’y a pas un moyen de savoir s’il faut manger le produit ou pas, ou si c’est bon pour la santé, ou mauvais pour la santé ?

Clara : C’est une très bonne question. Après chacun fait comme il peut.

Anca : Non, pour le bon pour la santé, mauvais pour la santé, il y a d’autres gens qui se préoccupent pour ça, pas que Open Food Facts. Le projet Open Food Facts implémente une des formules de calcul d’indicatif nutritionnel des aliments qui ont été soumis à une expérimentation cet automne, je pense, donc il y a une grande expérimentation avec ça. Et nous on implémente, en fait, la notation de A à E et on l’implémentait même avant. C’est une formule qu’on implantait depuis très longtemps. Ça a été proposé et, finalement, il y a eu cette expérimentation, etc. Donc si on scanne un produit qui a les informations nutritionnelles remplies, on pourra avoir cette note calculée de A à E qui est une des notes qui a été soumise à l’expérimentation dont les résultats on les attend toujours, je pense.

Ludovic : C’est vachement intéressant cette notation. Pourquoi on ne l’a pas dans les magasins ?

Clara : Ça va venir ?

Ludovic : Question innocente !

Anca : Question très innocente !

Clara : Déjà, quand tu vois la difficulté, parce qu’il y avait un projet d’étiqueter les produits qui ont des teneurs très élevées en matières grasses, de mettre un code couleur pour repérer les produits qui ont du mauvais gras. Et les industriels ont tellement fait le forcing pour que ça ne se fasse pas ! On n’imagine pas qu’ils ne fassent pas le forcing pour qu’il n’y ait pas d’étiquetage.

Anca : Il y a eu effectivement tout le débat cet automne à propos de cet étiquetage des produits alimentaires. Je ne vais pas m’exprimer par rapport à la qualité de l’étiquetage ou pas.

Clara : Moi je veux juste dire un truc qu’un nutritionniste m’avait expliqué c’est que eux s’étaient battu pour que sur l’étiquetage, eh bien quand c’est gras, ça s’affiche rouge, quoi, tu vois, comme un truc « attention danger ». Mais les industriels ont trouvé ça beaucoup trop agressif. Eux ils préféraient avoir du violet, du rose, enfin des choses beaucoup plus douces que du rouge, tu vois, qui te dit : « Attention ! Danger !" »

Anca : C’était un des débats de cet automne à propos de cet étiquetage, etc.

Ludovic : Il y avait une très bonne émission de télé sur France 2 sur le sujet.

Anca : On ne va pas faire la pub d’une émission de télé.

Ludovic : Où l’industriel expliquait : « Vous comprenez, ça va faire baisser les ventes ! » Eh bien oui, justement.

Clara : C’est l’idée !

Ludovic : C’est bien l’objectif !

Anca : Pour revenir au but d’Open Food Facts, nous, on essaie de fournir les informations et justement, de donner la possibilité aux gens qui veulent faire une appli qui juge de la composition ou de ces choses-là, ils peuvent faire ça. Notre but c’est de fournir les données et de renseigner ces données, et notre base de données, mine de rien, elle est quand même assez importante. C’est-à-dire que c’est une sorte de petit rêve.

Clara : Oui. Est-ce qu’on peut faire des recherches ? On peut faire des recherches, j’imagine dedans ?

Anca : Justement, j’ai expliqué tout à l’heure.

Clara : Eh bien, mais je ne vais pas te faire répéter. J’écouterai. Question déjà posée, mauvaise note pour moi, excuse-moi !

Anca : On a parlé tout à l’heure du pouvoir de la puissance de comparaison, on va dire. Quand on a une telle base de données, on peut faire tout un tas de comparaisons, on peut faire des graphiques, regarder sur le graphique, par exemple, constater justement que les, comment ça s’appelle ça, les bouillons bio n’ont pas moins de sel qu’un bouillon non bio.

Clara : Tout à fait !

Anca : Mais quand on voit bio, on se dit : « Il faut acheter bio, c’est très bon ! » Mais en fait non, pas du tout. Le label bio ne te dit pas combien de sel tu vas mettre dans ton bouillon, le bouillon cube, pardon, on ne va pas te dire combien de sel tu vas mettre. Ils vont mettre pareil, c’est juste que le persil qui est dedans va être bio.

Clara : Et le sel bio, là, on fait autre chose ?

Anca : Le sel bio, je pense que ça n’existe pas d’ailleurs. Parce qu’il y a une catégorie de choses pour lesquelles ça n’existe pas du bio. L’eau, par exemple.

Clara : L’autre question que j’avais : est-ce qu’il y a la valeur énergétique dedans ? Ça c’est indiqué.

Anca : Oui, tout à fait. Les informations nutritionnelles qui sont sur l’étiquette vont être renseignées sur le site, donc les informations nutritionnelles telles qu’on les trouve sur l’étiquette. C’est-à-dire que s’il y a des produits alimentaires qui ne renseignent pas ça, si j’ai bien compris, c’est devenu obligatoire depuis un petit moment maintenant, enfin un petit moment c’est-à-dire quelques mois, je pense. C’est devenu obligatoire de renseigner les informations nutritionnelles et donc, si elles sont là, elles vont être sur le site Open Food Facts et on va pouvoir comparer les produits entre eux par rapport à ces informations-là.

Clara : Super. Alors openfoodfacts.org, j’imagine ?

Anca : .org, .fr, la version française elle existe en .fr. Mais s’il y a des auditeurs à l’international, en fait ça existe à peu près pour tous les pays de l’Europe, au moins, pour tous les pays du monde. Ça existe, ce n’est pas point, ça ne va pas être point quelque chose d’autre, ça va être plutôt le préfixe du pays .openfoddfacts.org. Et là on va trouver son pays. Moi je trouve mon pays à moi, moi je viens de Roumanie donc je trouve là les produits roumains, il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a.

Clara : Est-ce qu’il y a le prix aussi dessus ?

Anca : Il n’y a pas le prix.

Clara : C’est dommage !

Anca : C’est dommage ! Il n’y a pas le prix, mais il y avait eu l’idée de mettre le prix. On a des infos sur, par exemple, où est-ce que le produit a été acheté, dans quel magasin, quelle ville, etc. Il n’y a pas encore le prix, il n’y a pas le prix, en fait. Il n’y a pas de projet précis là-dessus, mais il y a des idées de rajouter des prix, parce que ça ne va pas être un seul prix, ça peut être plusieurs prix, rajouter des prix pour pouvoir renseigner sur les prix aussi. Après pareil, comme pour toutes les autres informations, les gens vont utiliser cette information comme ils veulent, parce que c’est l’idée.

Clara : Eh bien oui ! Ludovic, tu as une autre question peut-être ?

Ludovic : Non, non vas-y, il faut remplacer l’animateur, apparemment il a déserté.

Clara : Il est parti.

Anca : L’animateur a dû trouvé le gâteau.

Ludovic : Il n’est pas loin, il a trouvé les bières, c’est surtout ça.

Anca : Ah, il a trouvé les bières l’animateur.

Ludovic : On peut le remplacer, ce n’est pas un problème.

OliCat : Il faut conclure.

Ludovic : Donc merci beaucoup, Anca, d’être venue sur Libre à toi. C’était vraiment une très belle présentation et Open Food Facts c’est un superbe projet. Il va être mis sur Libre à toi la semaine prochaine ! Openfoodfacts.libreatoi.org

Clara : On va faire une petite coupure musicale et on se retrouve très vite. Merci à toi Anca.

Anca : Merci à vous !