Différences entre les versions de « Importance de l'éducation populaire au numérique - Genma - PSESHSF2016 »

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'''Genma :''' Oui pardon ? Oui, on peut twitter, il n'y a pas de souci, on peut le faire. Je ne m'offusquerai pas si vous êtes en train de pianoter comme des malades, il n'y a aucun souci avec ça.
 
'''Genma :''' Oui pardon ? Oui, on peut twitter, il n'y a pas de souci, on peut le faire. Je ne m'offusquerai pas si vous êtes en train de pianoter comme des malades, il n'y a aucun souci avec ça.
  
Et après un autre souci d'accessibilité, c'est celui de l'audition. Je parle très vite, mais vraiment très vite, je pense que vous vous en rendrez compte. Donc s’il y a quelqu'un qui a un souci avec ma vitesse d'expression, vous faites un signe, vous me faites « parle un petit moins vite », je ne m'en offusquerai pas, au contraire, le but c'est vraiment d’être compris par toutes et tous ; ce n'est pas qu'il y ait quelqu'un qui reste sur le bord de la route.
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Et après un autre souci d'accessibilité, c'est celui de l'audition. Je parle très vite, mais vraiment très vite, je pense que vous vous en rendrez compte. Donc s’il y a quelqu'un qui a un souci avec ma vitesse d'expression, vous faites un signe, vous me faites « parle un petit moins vite », je ne m'en offusquerai pas, au contraire, le but c'est vraiment d’être compris par toutes et tous ; ce n'est pas qu'il y ait quelqu'un qui reste sur le bord de la route.
  
 
'''Public :''' Comme à Nuit debout ?
 
'''Public :''' Comme à Nuit debout ?
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==Comment éduquer au numérique ?==
 
==Comment éduquer au numérique ?==
  
Donc j'ai dit le pourquoi, maintenant le comment. Comment on peut faire ça. Peut-être il faut commencer par définir le numérique. C'est un nouveau savoir fondamental au même titre que parler, écrire et compter. Pour moi, à l'heure actuelle, dans la société moderne, il faut savoir utiliser le numérique au sens large. Donc il faut savoir lire, écrire et compter et savoir diffuser et, comment dire, et aller chercher de l'information via le numérique au sens large, Internet, etc. D'accord ? Mais le numérique c'est très large. Donc comment on pourrait définir ça ? C'est : est-ce que c'est être au courant des dernières tendances et savoir s'adapter ? Est-ce que c'est savoir coder ? Parce qu'on parle beaucoup de don va appendre aux enfants à développer, à coder. Est-ce que c'est savoir gérer un réseau ? Parce que quand on a une box WIFI chez soi est-ce que ça va jusque-là ? Est-ce que c'est maîtriser les fichiers multimédias, pour les vieux et les vieilles comme moi qui ont connu l'époque du cédérom, du multimédia. Voilà. Donc ce n'est pas facile et c'est où on s’arrête, parce qu'il y a énormément de choses qu'on peut apprendre en informatique, donc c'est où on commence où on s’arrête. Mais je vais vous donner peut-être des réponses.
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Donc j'ai dit le pourquoi, maintenant le comment. Comment on peut faire ça. Peut-être il faut commencer par définir le numérique. C'est un nouveau savoir fondamental au même titre que parler, écrire et compter. Pour moi, à l'heure actuelle, dans la société moderne, il faut savoir utiliser le numérique au sens large. Donc il faut savoir lire, écrire et compter et savoir diffuser et, comment dire, et aller chercher de l'information via le numérique au sens large, Internet, etc. D'accord ? Mais le numérique c'est très large. Donc comment on pourrait définir ça ? C'est : est-ce que c'est être au courant des dernières tendances et savoir s'adapter ? Est-ce que c'est savoir coder ? Parce qu'on parle beaucoup de don va appendre aux enfants à développer, à coder. Est-ce que c'est savoir gérer un réseau ? Parce que quand on a une box WIFI chez soi est-ce que ça va jusque-là ? Est-ce que c'est maîtriser les fichiers multimédias, pour les vieux et les vieilles comme moi qui ont connu l'époque du cédérom, du multimédia. Voilà. Donc ce n'est pas facile et c'est où on s’arrête, parce qu'il y a énormément de choses qu'on peut apprendre en informatique, donc c'est où on commence où on s’arrête. Mais je vais vous donner peut-être des réponses.
  
 
Je pense que ce qu'il est important de faire, c'est servir de facilitateur. C'est nous en tant que sachant, que connaisseur, on soit là pour faciliter l'accès à ces outils numériques aux personnes qui en ont peut-être même plus besoin que nous. Il faut faire de l'éducation populaire. Là c'est passer du temps à diffuser ses connaissances, aller vers l'autre, ne pas rester entre nous, entre informaticiens. Partager ses connaissances. Comme je dis c’est faire des tutos, des wikis, etc., c'est très important. Mais peut-être faire aussi des tutos plus simplifiés, plus accessibles. Toujours avoir cette notion de quel est le public que je vise. Faire des docs très techniques, mais aussi des docs un petit peu plus simplifiées. Pas simplistes, simplifiées, accessibles.
 
Je pense que ce qu'il est important de faire, c'est servir de facilitateur. C'est nous en tant que sachant, que connaisseur, on soit là pour faciliter l'accès à ces outils numériques aux personnes qui en ont peut-être même plus besoin que nous. Il faut faire de l'éducation populaire. Là c'est passer du temps à diffuser ses connaissances, aller vers l'autre, ne pas rester entre nous, entre informaticiens. Partager ses connaissances. Comme je dis c’est faire des tutos, des wikis, etc., c'est très important. Mais peut-être faire aussi des tutos plus simplifiés, plus accessibles. Toujours avoir cette notion de quel est le public que je vise. Faire des docs très techniques, mais aussi des docs un petit peu plus simplifiées. Pas simplistes, simplifiées, accessibles.
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==Quelques conseils==
 
==Quelques conseils==
  
Quelques conseils que je me permets de donner par rapport à mon expérience : se rappeler d'où on vient. On a tous été des débutants. Rappelez-vous ça en tête, on a toutes et tous été des débutants, et on l'est encore dans beaucoup d'autres domaines. Je vais prendre un exemple un peu caricatural, je m'excuse par avance s'il y a des gens qui font du sport ou du marathon. J'ai un pote, lui c'est un marathonien, et il me fait : « Ah tu n'as pas couru tes vingt kilomètres ce week-end ! Mais tu es nul ! Oh tu ne fais pas ton footing tous les matins ! Mais tu es nul ! » Et là, il est dans le jugement. Je me dis « mais attends, c'est quoi cet abruti ! Il me traite de nul parce que je ne coure pas, etc. ». Mais pour lui c'est simple de courir ses cinq kilomètres tous les matins ou je n'en sais rien. C'est simple de faire son semi-marathon toutes les semaines. Pourquoi ? Parce qu'il a passé du temps et des années à s’entraîner, à courir encore et encore. Il a peut-être des facilités physiques pour pouvoir faire cet entraînement-là. Et toutes ces heures que lui a passées à courir dans un stade, moi ce sont des heures que j'ai passées à faire de l'informatique, à apprendre l'informatique. Donc si je lui dis : « Attends tu ne connais pas GNU/Linux, mais tu es nul. Tu utilises Windows 7 ! Ah, c'est le mal ! Pire, tu utilises Windows Vista, tu es vraiment un nul ! » Voilà, ça vous fait rire. Mais on a toutes et tous entendu ce genre de propos. Dites-vous que quand quelqu'un vous dit : « Tu es nul, tu ne fais pas ton marathon ! », ça revient à quand vous lui dites : « Mais attends, tu utilises Windows Vista, tu es nul ! »
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Quelques conseils que je me permets de donner par rapport à mon expérience : se rappeler d'où on vient. On a tous été des débutants. Rappelez-vous ça en tête, on a toutes et tous été des débutants, et on l'est encore dans beaucoup d'autres domaines. Je vais prendre un exemple un peu caricatural, je m'excuse par avance s'il y a des gens qui font du sport ou du marathon. J'ai un pote, lui c'est un marathonien, et il me fait : « Ah tu n'as pas couru tes vingt kilomètres ce week-end ! Mais tu es nul ! Oh tu ne fais pas ton footing tous les matins ! Mais tu es nul ! » Et là, il est dans le jugement. Je me dis « mais attends, c'est quoi cet abruti ! Il me traite de nul parce que je ne coure pas, etc. ». Mais pour lui c'est simple de courir ses cinq kilomètres tous les matins ou je n'en sais rien. C'est simple de faire son semi-marathon toutes les semaines. Pourquoi ? Parce qu'il a passé du temps et des années à s’entraîner, à courir encore et encore. Il a peut-être des facilités physiques pour pouvoir faire cet entraînement-là. Et toutes ces heures que lui a passées à courir dans un stade, moi ce sont des heures que j'ai passées à faire de l'informatique, à apprendre l'informatique. Donc si je lui dis : « Attends tu ne connais pas GNU/Linux, mais tu es nul. Tu utilises Windows 7 ! Ah, c'est le mal ! Pire, tu utilises Windows Vista, tu es vraiment un nul ! » Voilà, ça vous fait rire. Mais on a toutes et tous entendu ce genre de propos. Dites-vous que quand quelqu'un vous dit : « Tu es nul, tu ne fais pas ton marathon ! », ça revient à quand vous lui dites : « Mais attends, tu utilises Windows Vista, tu es nul ! »
  
 
Donc voilà, déjà on se braque par rapport à l'autre. D'où la notion qui est importante de respecter. Il faut respecter l'autre, il faut comprendre ses besoins, ses attentes, ses demandes, être à l'écoute. Dire voilà : « Qu’est-ce que toi tu as besoin de faire avec un ordinateur ? Ah ben j'aimerais bien ! » Et lui expliquer les possibilités. Dire « voilà, tu peux faire un blog pour partager ton vécu. OK. Je n'y connais rien en informatique. Qu'est-ce que tu voudrais faire ? Ah ben j'aimerais bien parler des recettes de cuisine que je fais. D'accord. Eh bien je vais t'accompagner, je vais t'expliquer c'est quoi les bases d'Internet, c'est quoi un nom de domaine. » Et je ne vais pas commencer à lui faire de l'administration système sur le chiffrement par exemple, s'il n'en a pas besoin. C'est adapter le discours aux besoins de la personne. Donc mettre la personne au centre. Lui dire : « Voila, qu'est-ce que tu veux communiquer ? Comment tu veux le faire ? Jusqu'où tu es prêt à aller ? Combien de temps tu es prêt à passer pour faire ce que tu veux faire ? » Et ne pas lui cacher, par exemple s'il dit : « Ah j'aimerais bien avoir ma box pour faire mon auto-hébergement, etc. », ce ne sont pas les mêmes contraintes que de lancer un site internet. Donc vraiment lui dire : « Voilà, eh bien ça va te prendre du temps. Il y a des contraintes. Est-ce que tu as le temps d'apprendre ça ? Est-ce que tu es prêt à le faire ? » Il faut se mettre à son niveau, donc s'adapter et puis monter le niveau de compétence. Mais ne pas commencer très haut au départ. C'est vraiment commencer par définir le vocabulaire, être bien d'accord que la personne a compris et, petit à petit, on élève son niveau de connaissances et de compétences.
 
Donc voilà, déjà on se braque par rapport à l'autre. D'où la notion qui est importante de respecter. Il faut respecter l'autre, il faut comprendre ses besoins, ses attentes, ses demandes, être à l'écoute. Dire voilà : « Qu’est-ce que toi tu as besoin de faire avec un ordinateur ? Ah ben j'aimerais bien ! » Et lui expliquer les possibilités. Dire « voilà, tu peux faire un blog pour partager ton vécu. OK. Je n'y connais rien en informatique. Qu'est-ce que tu voudrais faire ? Ah ben j'aimerais bien parler des recettes de cuisine que je fais. D'accord. Eh bien je vais t'accompagner, je vais t'expliquer c'est quoi les bases d'Internet, c'est quoi un nom de domaine. » Et je ne vais pas commencer à lui faire de l'administration système sur le chiffrement par exemple, s'il n'en a pas besoin. C'est adapter le discours aux besoins de la personne. Donc mettre la personne au centre. Lui dire : « Voila, qu'est-ce que tu veux communiquer ? Comment tu veux le faire ? Jusqu'où tu es prêt à aller ? Combien de temps tu es prêt à passer pour faire ce que tu veux faire ? » Et ne pas lui cacher, par exemple s'il dit : « Ah j'aimerais bien avoir ma box pour faire mon auto-hébergement, etc. », ce ne sont pas les mêmes contraintes que de lancer un site internet. Donc vraiment lui dire : « Voilà, eh bien ça va te prendre du temps. Il y a des contraintes. Est-ce que tu as le temps d'apprendre ça ? Est-ce que tu es prêt à le faire ? » Il faut se mettre à son niveau, donc s'adapter et puis monter le niveau de compétence. Mais ne pas commencer très haut au départ. C'est vraiment commencer par définir le vocabulaire, être bien d'accord que la personne a compris et, petit à petit, on élève son niveau de connaissances et de compétences.
  
Il faut être patient, il faut être pédagogue. Ce n'est pas donné, ce n'est pas évident, ce 'est pas facile tous les jours, des fois on râle. Je pense qu'on a tous et toutes de parents qui disent : « Ouais, mais je clique, ça ne marche ! » OK. On va faire un cours de clic de souris : il y a un clic gauche, un clic droit. Des fois on en est à ce niveau. Ça fait sourire, mais oui, mais un jour, moi je ne savais pas utiliser une souris. J'ai appris à utiliser une souris. Alors peut-être ? Après on dit souvent : « Les enfants sont plus à l'aise, etc. » Non, c'est juste qu'ils n'ont pas d'appréhension ! Ils n'ont pas d’appréhension parce que pour eux il y a une tablette, OK, je touche. Ils ont un iPad, un Android, etc. Pour eux ce sont des icônes, je touche, je manipule et puis je fais planter le truc. Mais ils ne savent pas comment ça marche derrière. C'est juste qu'ils n'ont pas l'appréhension, par rapport à des personnes peut-être un peu plus adultes, un peu plus âgées, qui là vont dire : « Ah non je vais peut-être casser, je vais peut-être prendre un risque. « Moi, la première fois que j'ai eu mon ordi, le soir même je l'ai réinstallé parce que j'ai viré des fichiers dans C : windows, et puis « Ah ben ça ne marche plus ». Ça fait rire, mais c'est comme ça que j'ai appris.
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Il faut être patient, il faut être pédagogue. Ce n'est pas donné, ce n'est pas évident, ce 'est pas facile tous les jours, des fois on râle. Je pense qu'on a tous et toutes de parents qui disent : « Ouais, mais je clique, ça ne marche ! » OK. On va faire un cours de clic de souris : il y a un clic gauche, un clic droit. Des fois on en est à ce niveau. Ça fait sourire, mais oui, mais un jour, moi je ne savais pas utiliser une souris. J'ai appris à utiliser une souris. Alors peut-être ? Après on dit souvent : « Les enfants sont plus à l'aise, etc. » Non, c'est juste qu'ils n'ont pas d'appréhension ! Ils n'ont pas d’appréhension parce que pour eux il y a une tablette, OK, je touche. Ils ont un iPad, un Android, etc. Pour eux ce sont des icônes, je touche, je manipule et puis je fais planter le truc. Mais ils ne savent pas comment ça marche derrière. C'est juste qu'ils n'ont pas l'appréhension, par rapport à des personnes peut-être un peu plus adultes, un peu plus âgées, qui là vont dire : « Ah non je vais peut-être casser, je vais peut-être prendre un risque. « Moi, la première fois que j'ai eu mon ordi, le soir même je l'ai réinstallé parce que j'ai viré des fichiers dans C : Windows, et puis « Ah ben ça ne marche plus ». Ça fait rire, mais c'est comme ça que j'ai appris.
  
 
==11' 30==
 
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Dans le respect, il y a aussi pas de propos sexistes
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Dans le respect, il y a aussi pas de propos sexistes, misogynes, excluant. Il ne faut pas que les personnes avec qui on discute se sentent exclues. Comme je disais, il y avait le côté marathonien, etc. Mais pareil, si on dit : « Ah, mais tu es nulle, tu es fille, même si on trouve ça drôle. Ou dire : Ah mais toi tu es blonde ! » Non ! C'est une blague de merde. On arrête. Il faut être, comment dire, inclusif. Il ne faut pas être dans le jugement de l'autre, dire : « Tu serais un mec, tu comprendrais ! » On oublie toutes ces blagues de merde-là. On est dans le respect de l'autre, on a un être humain en face de soi. On prend le temps et on s'adapte. Après, il ne faut pas dire : « Oh, mais tu es trop bête pour comprendre ! » Non elle n'est pas trop bête ! C'est peut-être à nous de nous remettre en question et de se dire « on n'a peut-être pas le vocabulaire adapté ou autre. »
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Donc d'une façon générale, je disais il faut arrêter l’intégrisme. Ce n'est pas forcément l'intégrisme. C'est plus, comment dire, l'extrémisme. Mais pas l’arrêter. On peut dire « voilà, moi, dans mon idéal, je fais ça, etc. », mais pas imposer à l'autre. Lui dire « voilà, moi mes règles de conduite c'est ça, je dis GNU/Linux », comme on verra après, etc., mais il faut peut-être un petit peu de tolérance.
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==Il faut sortir de notre tour d'ivoire==
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Le point important c'est il faut sortir de notre tour d'ivoire. Un petit test pour voir ceux qui sont nés avant les années 2000. Comment on peut faire pour sortir de notre tour d'ivoire ?
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Utiliser un vocabulaire adapté. Attention bouchez-vous les oreilles. On peut dire Linux et même Ubuntu. Ce que j'ai dit, tout à l'heure, c'est il faut simplifier, mais il ne faut pas mettre dans l'erreur. Donc on va commencer par dire « voilà, il y a Ubuntu. » Et après si la personne est réceptive, elle commence à comprendre un petit peu, on va dire « il y a Linux ». Et après on va dire « et il faut dire GNU/Linux ». Mais il ne faut pas commencer en disant : « Ouais, j'ai un truc qui s'appelle… Linux ! '''GNU/Linux !''' » Non ! Tout de suite on est agression. « Tu n'as pas couru ton marathon, tu es nul ! » Non, on va lui dire : Écoute, il y a Linux, c'est un noyau, etc. Ah, mais c'est quoi un noyau ? Eh ben c'est le moteur. » Un moteur, on connaît. Adapter le discours. Si éventuellement la personne est réceptive, on va lui dire « GNU/Linux » et après peut-être qu'elle dira « GNU/Linux ». Mais peut-être qu'elle ne dira jamais ça, elle dira peut-être « Linux » ou « ah ton truc avec le pingouin. Ou ton truc là, avec le renard, que je clique pour aller sur Internet ». Il faut accepter que oui il y a des personnes qui puissent utiliser un vocabulaire qui n'est pas forcément le nôtre. Ce qui est important c'est que le message passe. Idéalement, on va élever le niveau de connaissances, utiliser le bon vocabulaire, mais, au départ, il faut faire des petites concessions. Même si ça déplaît à Richard !
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On va parler par exemple de coffre-fort numérique. On ne va pas de suite parler de VeraCrypt, TrueCrypt, KeePass. Oui c'est la finalité derrière. Mais, de mon expérience, quand je parle aux gens je dis « voilà, tu vas faire un coffre-fort numérique ». Là les gens tout de suite comprennent. Coffre-fort c'est quelque chose, c'est un objet qu'on comprend. Et après on amène, on dit : « Tiens, est-ce que tu aimerais avoir un coffre-fort numérique pour mettre tes documents en sécurité ? Les gens disent oui. Je dis OK. Alors ce coffre-fort numérique c'est KeePass ou c'est  VeraCrypt, etc. », et là on amène le tutoriel technique. On a créé un besoin ou on a dit à la personne « tu as peut-être besoin de ça », mais comme elle sait que le logiciel, là, qui a un nom bizarre, un truc en anglais, machin, c'est un coffre-fort numérique c'est plus facile pour elle d’appréhender les connaissances techniques derrière.
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Il faut accepter qu'on dise « crypter ».
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'''Public :''' Ah non !
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'''Genma :''' Oui. Mais j'explique ! J'ai dit « il faut accepter ». Ce qu'il faut dire c'est, la personne dit « crypter », il ne faut pas dire : « Ah, mais on dit chiffrer ! On va dire écoute OK, c'est crypter, dans le bon vocabulaire, crypter est un anglicisme ». Mais déjà le mot anglicisme est peut-être compliqué, il faut peut-être le définir. Et après on va élever le niveau de connaissance, dire : « Voilà, crypter n'est pas le bon terme, on utilise chiffrer. » Mais il ne faut pas être dans le jugement. On apporte la connaissance, mais ne pas tout de suite sauter sur ses grands chevaux et dire : « Ah non, on ne dit pas crypter ». Après, moi je me permets de crypter mes disques durs parce que je les chiffre et après je les mets dans le caveau familial, donc ils ont à la fois chiffrés et cryptés. Voilà pour l'humour. Non mais ça, ça fait sourire. Rappelez-vous le marathonien : « Oh tu ne cours pas ton marathon tu es nul ! Ah tu dis crypter ! Ahhh ! » Non ! Ça peut être marrant entre nous, mais quelqu'un d'extérieur va dire « c’est quoi ces gens, ils parlent de trucs obscurs. » Donc il faut faire attention.
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On peut utiliser des métaphores pour une communication adaptée. Utiliser des analogies comme celle des recettes de cuisine. Un bon exemple que moi j'ai trouvé pour communiquer sur ce qu'est le logiciel libre, j'ai utilisé les recettes de cuisine. Donc toujours pareil : on utilise une métaphore, une image, pour aider la personne à comprendre un concept et après on l'amène à des choses un peu plus techniques. Si on commence par la GPL c'est…, la règle 0, la règle 1. Ça devient compliqué ! On peut faire un petit peu simple. Ou « le logiciel libre je le définirai en trois mots : liberté, égalité, fraternité ». C'est un petit déjà une forme de vulgarisation, c'est un petit peu plus accessible. Une autre forme c'est de dire « voilà, le droit d'accéder au code source. Il faut voir un programme informatique, un logiciel, comme un gâteau. On a une recette de cuisine, on va pouvoir regarder ce qu'il y a dedans. L’intérêt de regarder ce qu'il y a dedans, c'est de voir ce qu'il y a. S'il y a des allergènes, je suis allergique aux noisettes, je sais que le gâteau n'est pas bon pour moi. Mais comme je peux le modifier, je vais pouvoir enlever les noisettes et les remplacer par quelque chose de meilleur, ou autre, ou faire un gâteau à la vanille, au chocolat, etc ». Et là, la personne elle comprend. Elle si dit « ah ouais, tu peux faire la même chose sur informatique ? Oui. Si tu sais cuisiner, tu fais des gâteaux autres. Si tu sais programmer, tu vas faire des logiciels autres, en partant d'un logiciel déjà défini ».
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Le droit de faire des copies du logiciel, c'est typiquement les livres de recettes de cuisine. Le droit de vendre du logiciel. On peut vendre du logiciel libre. Oui, on vend un service. Le service qu'on vend, c'est quoi ? C'est un gâteau qui est déjà tout fait, qu'on achète au pâtissier ou version industrielle. Moi je n'ai pas le temps de cuisiner et je n'y connais rien, eh bien je vais acheter un gâteau déjà tout fait, qui peut suivre éventuellement une recette que j'ai regardée, qui dit « voilà, il n'y a pas d'allergènes », donc je peux manger ce gâteau-là. Et là, tout de suite, la notion de logiciel libre passe beaucoup plus facilement auprès des personnes.
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Et le droit d’améliorer, eh bien c'est typiquement les sites où, comme je disais, modifier la recette, l’améliorer, la changer. Et, là voilà en quelques images, je lui ai fait passer le concept de logiciel libre. Donc si vous voulez expliquer à quelqu'un c'est quoi le logiciel libre, c'est quoi les GNU/Linux, etc., utilisez l'analogie des recettes de cuisine. Et après on passe à : il y a la GPL, c'est une licence. C'est quoi une licence ? C'est une sorte de contrat, etc., et on va un peu plus loin. Et comme au départ on a déjà donné des notions, des concepts, on a permis à la personne de s'approprier les notions, c'est plus facile après d'aborder les choses un peu plus techniques.
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Donc il faut utiliser une communication accessible.
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Quelques exemples, pour les enfants il y a Scratch For Kids ou Python pour les Kids. Là on voit il y a un visuel coloré. C'est amener des notions de programmation, mais ce n'est pas tout de suite de la doc Python, ce n'est pas un <I>man Python</I>, il y a des petits exemples, des formes de jeux et donc ça c'est une communication accessible. Il y a <I>Il était une fois l'Internet</I>. Et là c'est un très bon exemple : comprendre comment ça marche Internet sous forme de théâtre, mais comme je le disais la vulgarisation ne veut pas dire raconter n'importe quoi. Les personnes qui ont fait <I>Il était une fois l'Internet</I>. Et là c'est un très bon exemple : comment comprendre Internet, comment ça marche sous forme de théâtre se sont beaucoup documentées, ont pris le temps de comprendre les concepts et vont amener des notions sous forme un peu ludique, donc là sous forme de théâtre. Donc c'est cet après-midi quinze heures, c'est ça ? Donc pour celles et eux que ça intéresse, cet après-midi quinze heures, vous aurez le spectacle, un extrait de <I>Il était une fois l'Internet</I>. Je vous recommande. Et voilà c'est un bon exemple. Ça permet de découvrir un domaine sans tout de suite mettre les mains dans le cambouis, rentrer dans la technique et après, si on veut, on peut le faire.
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Un visuel qui interpelle, qui est lié à la culture populaire. Un bon exemple c'est Framasoft avec sa campagne de sensibilisation <I>Dégooglisons Internet</I>, qui a repris l'image avec les irréductibles villages libristes et les camps romains à côté. Eh bien là, tout de suite, ça attire l’œil, ça parle aux gens. Et après on va dire aux gens « est-ce que vous avez un compte Facebook ? La plupart des gens me répondent oui. Est-ce que vous mettez tout sur Facebook. Et puis là les personnes vont me dire eh bien non, je ne mets pas tout. Pourquoi ? » Je ne suis pas dans le jugement dire « ah vous avez un compte Facebook, c'est le mal ! » Non ! Je suscite l'interrogation de la personne. La personne me dit « oui, j'ai un compte Facebook. OK. Est-ce que vous mettez tout ? Eh bien non je ne mets pas tout. Pourquoi ? » À aucun moment j'ai été dans le jugement. J'ai été dans l'interrogation. Et après la personne me dit : « Ah parce qu'on peut m’espionner ou je n'ai pas envie qu'ils sachent tout de moi ». Et là on amène les notions un peu plus techniques en disant : « Est-ce que vous savez que chaque fois que le j'aime de Facebook, le petit bouton j'aime là apparaît, Facebook sait que vous êtes allé sur le site », la notion de <I>tracker</I>, etc., on élève le niveau de compétence et on voit un petit peu si la personne est réceptive ou pas. Ou si la personne dit : « De toutes façons je n'ai rien à cacher, je mets tout sur Facebook », on adapte le discours. Il ne faut pas être dans le jugement dire « non de toutes façons, on a tous quelque chose à cacher ». Non ! C'est essayer de comprendre comment la personne pense, essayer de faire passer son argumentaire et d'adapter la communication. Mais ne pas être dans le jugement. Rappelez-vous le marathonien.
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Un bon exemple de communication aussi,

Version du 19 juillet 2016 à 15:30


Titre : De l’importance de l’éducation populaire au numérique

Intervenant : Genma

Lieu : PSESHSF

Date : Juillet 2016

Durée : 55 min 29

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Statut : En cours de transcription MO

Description

L’Informatique et Internet sont partout dans nos vies quotidiennes. Il me semble important que le grand public, tout à chacun soit à même de s’approprier les connaissances nécessaires et suffisantes pour comprendre ces outils qui changent les fondements mêmes de notre société, dans notre accès à l’information, aux connaissances, au partage, à la communication... Comment communiquer vers ce public, comment faire de l’éducation populaire au numérique ?


00' Transcription

Bonjour à toutes et à tous. Je suis ici pour vous parler de l’importance de l'éducation populaire au numérique. C'est un titre un peu pompeux, on va voir ce n'est pas aussi compliqué que ça.

Accessibilité

Déjà je voudrais commencer par l'accessibilité. Quand on fait une conférence la première à chose à faire c'est de voir si tout le monde arrive à lire la présentation. Donc là, il y a peut-être la qualité de l'écran ou, etc. Je sais par expérience que les couleurs que moi j'utilise sont visibles par toutes et tous, mais si jamais il y quelqu'un qui avait des difficultés à voir ces couleurs-là ou autre, il faudrait le signaler parce que ça me permettrait d’améliorer les prochaines présentations. Après, il faut savoir que la présentation est disponible en ligne, donc ce n'est pas la peine de prendre des notes, vous pouvez vous contenter d'écouter. S’il y a des choses que vous voulez reprendre à tête reposée, vous pourrez le faire.

Public : On peut twitter ?

Genma : Oui pardon ? Oui, on peut twitter, il n'y a pas de souci, on peut le faire. Je ne m'offusquerai pas si vous êtes en train de pianoter comme des malades, il n'y a aucun souci avec ça.

Et après un autre souci d'accessibilité, c'est celui de l'audition. Je parle très vite, mais vraiment très vite, je pense que vous vous en rendrez compte. Donc s’il y a quelqu'un qui a un souci avec ma vitesse d'expression, vous faites un signe, vous me faites « parle un petit moins vite », je ne m'en offusquerai pas, au contraire, le but c'est vraiment d’être compris par toutes et tous ; ce n'est pas qu'il y ait quelqu'un qui reste sur le bord de la route.

Public : Comme à Nuit debout ?

Genma : Ouais, vous faites comme à Nuit debout, un peu un signe, parle-moins vite. Des fois quand, par exemple, il y a un interprète, ça peut être un souci, parce que l’interprète il faut qu'il fasse ça en langue des signes. Donc ce sont des petites choses qui sont importantes pour l'accessibilité. Donc je disais l'importance de la communication, c'est un peu le fil conducteur de ma présentation. Ça commence par ça : être accessible visuellement et de façon auditive. Pour l'accessibilité, pour la mobilité, il faut voir, ça c'est une contrainte par rapport au lieu. Le conférencier n'est pas forcément le plus à même pour ça. Donc c'est parti. Voilà.

Qui je suis ?

À propos de moi. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas encore, je m'appelle Genma, j'ai un blog et un twitter. Je vous laisse chercher ou sinon vous venez me voir et je vous ferai ma petite présentation personnelle. Ce qui est vraiment important, pourquoi je parle de moi, c'est que j'ai avant tout une expérience d'autodidacte. J'ai appris à apprendre l'informatique. Je ne suis pas informaticien de formation, je n'ai pas fait une école d'ingénieur ou autre. J'ai appris grâce à des gens qui ont pris le temps de partager sur Internet leurs connaissances. Donc je remercie tous les hackeurs et les hackeuses qui ont partagé des tas de tutos, qui ont fait des tas de choses sur Internet qui m'ont permis, moi, d'apprendre. Et maintenant j'ai certain bagage informatique qui me permet à mon tour de diffuser mes connaissances. Moi je suis plus dans un aspect de vulgarisation, de sensibilisation des personnes, pour les amener, elles-mêmes, à s'approprier ces connaissances-là. Comme je dis, je me définis comme un vulgarisateur. J'ai fait des formations, des conférences, des ateliers, destinés avant tout à des grands publics. Aussi des gens qui je qualifierais de libristes, quelquefois des journalistes ou même des fois des geeks activistes. J'ai différentes activités dans le milieu associatif surtout libriste, tout ce qui est Framasoft, Mozilla Firefox, les cafés vie privée, etc., donc je trafique autour de toutes ces sphères-là. Donc ce que je voudrais présenter, là, c'est un petit peu un retour d’expérience sur comment parler des causes qui nous sont chères, au grand public. Des fois on a envie d'en parler, de dire « oui le libre c'est très bien, etc. », mais on n'a peut-être pas les bonnes formulations et on se retrouve face à des personnes qui nous disent : « Oui mais toi tu t'y connais. Toi tu es informaticien ! » D'où le côté « eh bien moi je ne suis pas informaticien de départ ». J'ai pris le temps d'apprendre et on va voir après quelles conséquences ça a.

Pourquoi de cette présentation ?

Là c'est un texte, je vais le résumer un petit peu. Je pense que l'avez toutes et tous constaté : l’informatique est présente dans notre vie de tous les jours. On a potentiellement tous accès à un ordinateur. On n'a pas forcément tous un ordinateur, parce que c'est quelque chose qui coûte cher. Mais on a accès, au moins via les médiathèques, on les en remercie, accès à Internet. Donc on a accès à un outil de savoir, de connaissance et de partage. Il y a cette notion-là qui est importante aussi. Il faut que les personnes comprennent c'est quoi Internet, et que ce n'est pas uniquement un minitel, ce n'est pas TF1. Il y a une accessibilité à du savoir, mais aussi une possibilité de diffuser, à leur tour, le savoir. Et pour faire ça il y a une importance de la communication et de la vulgarisation. Vulgarisation ça ne veut pas dire on raconte n'importe quoi. Il faut peut-être simplifier, mais il faut tenir des propos justes, il faut trouver les bonnes formulations. Il ne faut pas enseigner n'importe quoi. Donc c'est un équilibre à trouver entre je simplifie/je vulgarise, mais il ne faut pas non plus que la personne reparte avec des idées fausses ou des a priori, donc c'est un petit peu difficile.

C'est important pour moi, qu'on pense plus RTFM. RTFM, pour celles et ceux qui ne savent pas c'est « va lire ton foutu manuel ». Quand on dit à quelqu’un : « Oui, eh bien, tu n'as qu’à lire, il y a de la doc ». Oui, mais ce n'est pas forcément évident. Est-ce que la doc est vraiment accessible ? Parce qu'il y a peut-être des termes techniques qu'on ne comprend pas, qui pour nous informaticiens, sont évidents et pour d'autres ne le sont pas. Donc il faut peut-être faire des glossaires ou autre et donc c'est important de garder ça en tête.

Et que chacun et chacune ait le moyen de s'approprier le numérique et de comprendre les enjeux. Moi, ma cause qui est importante, c'est j'adore Internet et j'ai envie que tout le monde puisse utiliser l'Internet que j'aime. Donc c'est l'importance de la neutralité du Net, importance de la vie privée, la lutte conte les GAFAM, etc., de faire passer le message, que la personne le comprenne et s'approprie, après, ce message-là, éventuellement le diffuse.

Comment éduquer au numérique ?

Donc j'ai dit le pourquoi, maintenant le comment. Comment on peut faire ça. Peut-être il faut commencer par définir le numérique. C'est un nouveau savoir fondamental au même titre que parler, écrire et compter. Pour moi, à l'heure actuelle, dans la société moderne, il faut savoir utiliser le numérique au sens large. Donc il faut savoir lire, écrire et compter et savoir diffuser et, comment dire, et aller chercher de l'information via le numérique au sens large, Internet, etc. D'accord ? Mais le numérique c'est très large. Donc comment on pourrait définir ça ? C'est : est-ce que c'est être au courant des dernières tendances et savoir s'adapter ? Est-ce que c'est savoir coder ? Parce qu'on parle beaucoup de don va appendre aux enfants à développer, à coder. Est-ce que c'est savoir gérer un réseau ? Parce que quand on a une box WIFI chez soi est-ce que ça va jusque-là ? Est-ce que c'est maîtriser les fichiers multimédias, pour les vieux et les vieilles comme moi qui ont connu l'époque du cédérom, du multimédia. Voilà. Donc ce n'est pas facile et c'est où on s’arrête, parce qu'il y a énormément de choses qu'on peut apprendre en informatique, donc c'est où on commence où on s’arrête. Mais je vais vous donner peut-être des réponses.

Je pense que ce qu'il est important de faire, c'est servir de facilitateur. C'est nous en tant que sachant, que connaisseur, on soit là pour faciliter l'accès à ces outils numériques aux personnes qui en ont peut-être même plus besoin que nous. Il faut faire de l'éducation populaire. Là c'est passer du temps à diffuser ses connaissances, aller vers l'autre, ne pas rester entre nous, entre informaticiens. Partager ses connaissances. Comme je dis c’est faire des tutos, des wikis, etc., c'est très important. Mais peut-être faire aussi des tutos plus simplifiés, plus accessibles. Toujours avoir cette notion de quel est le public que je vise. Faire des docs très techniques, mais aussi des docs un petit peu plus simplifiées. Pas simplistes, simplifiées, accessibles.

Dans quel but tout ça. C'est apprendre vraiment aux gens à être vraiment les acteurs du web. C'est ça qui est important dans l'éducation au numérique, c'est que les gens deviennent des acteurs du web, qu'ils ne soient pas des consommateurs. Et être acteur du web, ce n'est pas commenter pour troller sur des sites de news people, c'est diffuser sa propre connaissance. Ça peut être le petit vieux, qui a connu la guerre, qui va faire sa biographie sur Internet pour partager son expérience. Ça peut être quelqu'un qui sait faire du pain ou de la bière, qui va partager sa conférence. Et PSES est un bon exemple de cette notion de partage, d'aller vers l'autre, de diffuser ses connaissances. C'est une forme d’éducation populaire. Donc on remercie les orgas de PSES pour nous proposer un superbe endroit, et la médiathèque aussi, pour faire cette diffusion de connaissance-là. Et puis d'une façon générale, c'est il faut sensibiliser.

Quelques conseils

Quelques conseils que je me permets de donner par rapport à mon expérience : se rappeler d'où on vient. On a tous été des débutants. Rappelez-vous ça en tête, on a toutes et tous été des débutants, et on l'est encore dans beaucoup d'autres domaines. Je vais prendre un exemple un peu caricatural, je m'excuse par avance s'il y a des gens qui font du sport ou du marathon. J'ai un pote, lui c'est un marathonien, et il me fait : « Ah tu n'as pas couru tes vingt kilomètres ce week-end ! Mais tu es nul ! Oh tu ne fais pas ton footing tous les matins ! Mais tu es nul ! » Et là, il est dans le jugement. Je me dis « mais attends, c'est quoi cet abruti ! Il me traite de nul parce que je ne coure pas, etc. ». Mais pour lui c'est simple de courir ses cinq kilomètres tous les matins ou je n'en sais rien. C'est simple de faire son semi-marathon toutes les semaines. Pourquoi ? Parce qu'il a passé du temps et des années à s’entraîner, à courir encore et encore. Il a peut-être des facilités physiques pour pouvoir faire cet entraînement-là. Et toutes ces heures que lui a passées à courir dans un stade, moi ce sont des heures que j'ai passées à faire de l'informatique, à apprendre l'informatique. Donc si je lui dis : « Attends tu ne connais pas GNU/Linux, mais tu es nul. Tu utilises Windows 7 ! Ah, c'est le mal ! Pire, tu utilises Windows Vista, tu es vraiment un nul ! » Voilà, ça vous fait rire. Mais on a toutes et tous entendu ce genre de propos. Dites-vous que quand quelqu'un vous dit : « Tu es nul, tu ne fais pas ton marathon ! », ça revient à quand vous lui dites : « Mais attends, tu utilises Windows Vista, tu es nul ! »

Donc voilà, déjà on se braque par rapport à l'autre. D'où la notion qui est importante de respecter. Il faut respecter l'autre, il faut comprendre ses besoins, ses attentes, ses demandes, être à l'écoute. Dire voilà : « Qu’est-ce que toi tu as besoin de faire avec un ordinateur ? Ah ben j'aimerais bien ! » Et lui expliquer les possibilités. Dire « voilà, tu peux faire un blog pour partager ton vécu. OK. Je n'y connais rien en informatique. Qu'est-ce que tu voudrais faire ? Ah ben j'aimerais bien parler des recettes de cuisine que je fais. D'accord. Eh bien je vais t'accompagner, je vais t'expliquer c'est quoi les bases d'Internet, c'est quoi un nom de domaine. » Et je ne vais pas commencer à lui faire de l'administration système sur le chiffrement par exemple, s'il n'en a pas besoin. C'est adapter le discours aux besoins de la personne. Donc mettre la personne au centre. Lui dire : « Voila, qu'est-ce que tu veux communiquer ? Comment tu veux le faire ? Jusqu'où tu es prêt à aller ? Combien de temps tu es prêt à passer pour faire ce que tu veux faire ? » Et ne pas lui cacher, par exemple s'il dit : « Ah j'aimerais bien avoir ma box pour faire mon auto-hébergement, etc. », ce ne sont pas les mêmes contraintes que de lancer un site internet. Donc vraiment lui dire : « Voilà, eh bien ça va te prendre du temps. Il y a des contraintes. Est-ce que tu as le temps d'apprendre ça ? Est-ce que tu es prêt à le faire ? » Il faut se mettre à son niveau, donc s'adapter et puis monter le niveau de compétence. Mais ne pas commencer très haut au départ. C'est vraiment commencer par définir le vocabulaire, être bien d'accord que la personne a compris et, petit à petit, on élève son niveau de connaissances et de compétences.

Il faut être patient, il faut être pédagogue. Ce n'est pas donné, ce n'est pas évident, ce 'est pas facile tous les jours, des fois on râle. Je pense qu'on a tous et toutes de parents qui disent : « Ouais, mais je clique, ça ne marche ! » OK. On va faire un cours de clic de souris : il y a un clic gauche, un clic droit. Des fois on en est à ce niveau. Ça fait sourire, mais oui, mais un jour, moi je ne savais pas utiliser une souris. J'ai appris à utiliser une souris. Alors peut-être ? Après on dit souvent : « Les enfants sont plus à l'aise, etc. » Non, c'est juste qu'ils n'ont pas d'appréhension ! Ils n'ont pas d’appréhension parce que pour eux il y a une tablette, OK, je touche. Ils ont un iPad, un Android, etc. Pour eux ce sont des icônes, je touche, je manipule et puis je fais planter le truc. Mais ils ne savent pas comment ça marche derrière. C'est juste qu'ils n'ont pas l'appréhension, par rapport à des personnes peut-être un peu plus adultes, un peu plus âgées, qui là vont dire : « Ah non je vais peut-être casser, je vais peut-être prendre un risque. « Moi, la première fois que j'ai eu mon ordi, le soir même je l'ai réinstallé parce que j'ai viré des fichiers dans C : Windows, et puis « Ah ben ça ne marche plus ». Ça fait rire, mais c'est comme ça que j'ai appris.

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Dans le respect, il y a aussi pas de propos sexistes, misogynes, excluant. Il ne faut pas que les personnes avec qui on discute se sentent exclues. Comme je disais, il y avait le côté marathonien, etc. Mais pareil, si on dit : « Ah, mais tu es nulle, tu es fille, même si on trouve ça drôle. Ou dire : Ah mais toi tu es blonde ! » Non ! C'est une blague de merde. On arrête. Il faut être, comment dire, inclusif. Il ne faut pas être dans le jugement de l'autre, dire : « Tu serais un mec, tu comprendrais ! » On oublie toutes ces blagues de merde-là. On est dans le respect de l'autre, on a un être humain en face de soi. On prend le temps et on s'adapte. Après, il ne faut pas dire : « Oh, mais tu es trop bête pour comprendre ! » Non elle n'est pas trop bête ! C'est peut-être à nous de nous remettre en question et de se dire « on n'a peut-être pas le vocabulaire adapté ou autre. »

Donc d'une façon générale, je disais il faut arrêter l’intégrisme. Ce n'est pas forcément l'intégrisme. C'est plus, comment dire, l'extrémisme. Mais pas l’arrêter. On peut dire « voilà, moi, dans mon idéal, je fais ça, etc. », mais pas imposer à l'autre. Lui dire « voilà, moi mes règles de conduite c'est ça, je dis GNU/Linux », comme on verra après, etc., mais il faut peut-être un petit peu de tolérance.

Il faut sortir de notre tour d'ivoire

Le point important c'est il faut sortir de notre tour d'ivoire. Un petit test pour voir ceux qui sont nés avant les années 2000. Comment on peut faire pour sortir de notre tour d'ivoire ?

Utiliser un vocabulaire adapté. Attention bouchez-vous les oreilles. On peut dire Linux et même Ubuntu. Ce que j'ai dit, tout à l'heure, c'est il faut simplifier, mais il ne faut pas mettre dans l'erreur. Donc on va commencer par dire « voilà, il y a Ubuntu. » Et après si la personne est réceptive, elle commence à comprendre un petit peu, on va dire « il y a Linux ». Et après on va dire « et il faut dire GNU/Linux ». Mais il ne faut pas commencer en disant : « Ouais, j'ai un truc qui s'appelle… Linux ! GNU/Linux ! » Non ! Tout de suite on est agression. « Tu n'as pas couru ton marathon, tu es nul ! » Non, on va lui dire : Écoute, il y a Linux, c'est un noyau, etc. Ah, mais c'est quoi un noyau ? Eh ben c'est le moteur. » Un moteur, on connaît. Adapter le discours. Si éventuellement la personne est réceptive, on va lui dire « GNU/Linux » et après peut-être qu'elle dira « GNU/Linux ». Mais peut-être qu'elle ne dira jamais ça, elle dira peut-être « Linux » ou « ah ton truc avec le pingouin. Ou ton truc là, avec le renard, que je clique pour aller sur Internet ». Il faut accepter que oui il y a des personnes qui puissent utiliser un vocabulaire qui n'est pas forcément le nôtre. Ce qui est important c'est que le message passe. Idéalement, on va élever le niveau de connaissances, utiliser le bon vocabulaire, mais, au départ, il faut faire des petites concessions. Même si ça déplaît à Richard !

On va parler par exemple de coffre-fort numérique. On ne va pas de suite parler de VeraCrypt, TrueCrypt, KeePass. Oui c'est la finalité derrière. Mais, de mon expérience, quand je parle aux gens je dis « voilà, tu vas faire un coffre-fort numérique ». Là les gens tout de suite comprennent. Coffre-fort c'est quelque chose, c'est un objet qu'on comprend. Et après on amène, on dit : « Tiens, est-ce que tu aimerais avoir un coffre-fort numérique pour mettre tes documents en sécurité ? Les gens disent oui. Je dis OK. Alors ce coffre-fort numérique c'est KeePass ou c'est  VeraCrypt, etc. », et là on amène le tutoriel technique. On a créé un besoin ou on a dit à la personne « tu as peut-être besoin de ça », mais comme elle sait que le logiciel, là, qui a un nom bizarre, un truc en anglais, machin, c'est un coffre-fort numérique c'est plus facile pour elle d’appréhender les connaissances techniques derrière.

Il faut accepter qu'on dise « crypter ».

Public : Ah non !

Genma : Oui. Mais j'explique ! J'ai dit « il faut accepter ». Ce qu'il faut dire c'est, la personne dit « crypter », il ne faut pas dire : « Ah, mais on dit chiffrer ! On va dire écoute OK, c'est crypter, dans le bon vocabulaire, crypter est un anglicisme ». Mais déjà le mot anglicisme est peut-être compliqué, il faut peut-être le définir. Et après on va élever le niveau de connaissance, dire : « Voilà, crypter n'est pas le bon terme, on utilise chiffrer. » Mais il ne faut pas être dans le jugement. On apporte la connaissance, mais ne pas tout de suite sauter sur ses grands chevaux et dire : « Ah non, on ne dit pas crypter ». Après, moi je me permets de crypter mes disques durs parce que je les chiffre et après je les mets dans le caveau familial, donc ils ont à la fois chiffrés et cryptés. Voilà pour l'humour. Non mais ça, ça fait sourire. Rappelez-vous le marathonien : « Oh tu ne cours pas ton marathon tu es nul ! Ah tu dis crypter ! Ahhh ! » Non ! Ça peut être marrant entre nous, mais quelqu'un d'extérieur va dire « c’est quoi ces gens, ils parlent de trucs obscurs. » Donc il faut faire attention.

On peut utiliser des métaphores pour une communication adaptée. Utiliser des analogies comme celle des recettes de cuisine. Un bon exemple que moi j'ai trouvé pour communiquer sur ce qu'est le logiciel libre, j'ai utilisé les recettes de cuisine. Donc toujours pareil : on utilise une métaphore, une image, pour aider la personne à comprendre un concept et après on l'amène à des choses un peu plus techniques. Si on commence par la GPL c'est…, la règle 0, la règle 1. Ça devient compliqué ! On peut faire un petit peu simple. Ou « le logiciel libre je le définirai en trois mots : liberté, égalité, fraternité ». C'est un petit déjà une forme de vulgarisation, c'est un petit peu plus accessible. Une autre forme c'est de dire « voilà, le droit d'accéder au code source. Il faut voir un programme informatique, un logiciel, comme un gâteau. On a une recette de cuisine, on va pouvoir regarder ce qu'il y a dedans. L’intérêt de regarder ce qu'il y a dedans, c'est de voir ce qu'il y a. S'il y a des allergènes, je suis allergique aux noisettes, je sais que le gâteau n'est pas bon pour moi. Mais comme je peux le modifier, je vais pouvoir enlever les noisettes et les remplacer par quelque chose de meilleur, ou autre, ou faire un gâteau à la vanille, au chocolat, etc ». Et là, la personne elle comprend. Elle si dit « ah ouais, tu peux faire la même chose sur informatique ? Oui. Si tu sais cuisiner, tu fais des gâteaux autres. Si tu sais programmer, tu vas faire des logiciels autres, en partant d'un logiciel déjà défini ».

Le droit de faire des copies du logiciel, c'est typiquement les livres de recettes de cuisine. Le droit de vendre du logiciel. On peut vendre du logiciel libre. Oui, on vend un service. Le service qu'on vend, c'est quoi ? C'est un gâteau qui est déjà tout fait, qu'on achète au pâtissier ou version industrielle. Moi je n'ai pas le temps de cuisiner et je n'y connais rien, eh bien je vais acheter un gâteau déjà tout fait, qui peut suivre éventuellement une recette que j'ai regardée, qui dit « voilà, il n'y a pas d'allergènes », donc je peux manger ce gâteau-là. Et là, tout de suite, la notion de logiciel libre passe beaucoup plus facilement auprès des personnes.

Et le droit d’améliorer, eh bien c'est typiquement les sites où, comme je disais, modifier la recette, l’améliorer, la changer. Et, là voilà en quelques images, je lui ai fait passer le concept de logiciel libre. Donc si vous voulez expliquer à quelqu'un c'est quoi le logiciel libre, c'est quoi les GNU/Linux, etc., utilisez l'analogie des recettes de cuisine. Et après on passe à : il y a la GPL, c'est une licence. C'est quoi une licence ? C'est une sorte de contrat, etc., et on va un peu plus loin. Et comme au départ on a déjà donné des notions, des concepts, on a permis à la personne de s'approprier les notions, c'est plus facile après d'aborder les choses un peu plus techniques.

Donc il faut utiliser une communication accessible.

Quelques exemples, pour les enfants il y a Scratch For Kids ou Python pour les Kids. Là on voit il y a un visuel coloré. C'est amener des notions de programmation, mais ce n'est pas tout de suite de la doc Python, ce n'est pas un man Python, il y a des petits exemples, des formes de jeux et donc ça c'est une communication accessible. Il y a Il était une fois l'Internet. Et là c'est un très bon exemple : comprendre comment ça marche Internet sous forme de théâtre, mais comme je le disais la vulgarisation ne veut pas dire raconter n'importe quoi. Les personnes qui ont fait Il était une fois l'Internet. Et là c'est un très bon exemple : comment comprendre Internet, comment ça marche sous forme de théâtre se sont beaucoup documentées, ont pris le temps de comprendre les concepts et vont amener des notions sous forme un peu ludique, donc là sous forme de théâtre. Donc c'est cet après-midi quinze heures, c'est ça ? Donc pour celles et eux que ça intéresse, cet après-midi quinze heures, vous aurez le spectacle, un extrait de Il était une fois l'Internet. Je vous recommande. Et voilà c'est un bon exemple. Ça permet de découvrir un domaine sans tout de suite mettre les mains dans le cambouis, rentrer dans la technique et après, si on veut, on peut le faire.

Un visuel qui interpelle, qui est lié à la culture populaire. Un bon exemple c'est Framasoft avec sa campagne de sensibilisation Dégooglisons Internet, qui a repris l'image avec les irréductibles villages libristes et les camps romains à côté. Eh bien là, tout de suite, ça attire l’œil, ça parle aux gens. Et après on va dire aux gens « est-ce que vous avez un compte Facebook ? La plupart des gens me répondent oui. Est-ce que vous mettez tout sur Facebook. Et puis là les personnes vont me dire eh bien non, je ne mets pas tout. Pourquoi ? » Je ne suis pas dans le jugement dire « ah vous avez un compte Facebook, c'est le mal ! » Non ! Je suscite l'interrogation de la personne. La personne me dit « oui, j'ai un compte Facebook. OK. Est-ce que vous mettez tout ? Eh bien non je ne mets pas tout. Pourquoi ? » À aucun moment j'ai été dans le jugement. J'ai été dans l'interrogation. Et après la personne me dit : « Ah parce qu'on peut m’espionner ou je n'ai pas envie qu'ils sachent tout de moi ». Et là on amène les notions un peu plus techniques en disant : « Est-ce que vous savez que chaque fois que le j'aime de Facebook, le petit bouton j'aime là apparaît, Facebook sait que vous êtes allé sur le site », la notion de tracker, etc., on élève le niveau de compétence et on voit un petit peu si la personne est réceptive ou pas. Ou si la personne dit : « De toutes façons je n'ai rien à cacher, je mets tout sur Facebook », on adapte le discours. Il ne faut pas être dans le jugement dire « non de toutes façons, on a tous quelque chose à cacher ». Non ! C'est essayer de comprendre comment la personne pense, essayer de faire passer son argumentaire et d'adapter la communication. Mais ne pas être dans le jugement. Rappelez-vous le marathonien.

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Un bon exemple de communication aussi,