Différences entre les versions de « Greenwasher numérique : un métier d'avenir et sans risque - Pierre Beyssac »

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'''Titre :''' Greenwasher numérique : un métier d'avenir et sans risque
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Publié [https://www.librealire.org/greenwasher-numerique-un-metier-d-avenir-et-sans-risque ici] - Novembre 2023
 
 
'''Intervenant :''' Pierre Beyssac
 
 
 
'''Lieu :''' FRnOG 38, FRench Network Operators Group
 
 
 
'''Date :''' 6 octobre 2023
 
 
 
'''Durée :''' 22 min 13
 
 
 
'''[https://peertube.eu.org/w/aoyBc1VEKF7h2HmNvV2mGH Vidéo]'''
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Illustration :''' À Prévoir
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
Pourquoi je suis là ? Désolé Philippe pour les sueurs froides parce que j'ai dû terminer la présentation.à 15 heures
 
 
 
Mon objet c'était de revenir un petit peu, une sorte de point d'étape de ce qui se passe en matière de comm’ sur le numérique et de vous montrer que, je ne dirais pas que c'est un métier facile, mais peut-être plus facile que le nôtre, côté ingénieur.<br/>
 
Je suis désolé ce n'est pas une présentation d'ingénieur avec des super trucs techniques, mais c'est quand même important, je pense, de savoir un peu où on en est.
 
 
 
==La sobriété, un secteur en plein croissance==
 
 
 
Les métiers de la sobriété, tout le monde en parle, partout, tout le temps, en ce moment, que ce soit en matière de numérique ou pas. C’est un secteur en pleine croissance, donc, si vous voulez évitez la décroissance ce n'est pas mal de vous orienter vers ce domaine-là parce que vous allez trouver des subventions assez facilement, vous allez être sollicité par les entreprises, bon ! C'est un secteur qui ne connaît pas la crise, au contraire.<br/>
 
La source du graphique c'est l’Ademe, ce sont les budgets distribués par l'Ademe au fil des dernières années, ça n'arrête pas d'augmenter. Il n'y a pas que du consulting là-dedans, il y a aussi beaucoup de partenariats, il y a des aides diverses à des installations d'énergie, mon but n'est pas de faire la pub de l’action de l'Ademe ici, à tel point que – on me l’a filé dans l'oreillette – même si vous faites des centrales au charbon, vous pouvez recevoir des crédits au titre de l'écologie aujourd'hui, en Indonésie en tout cas, c'est assez intéressant.
 
 
 
==Multiples domaines==
 
 
 
Si vous travaillez dans le <em>greenwashing</em> actuellement, vous pouvez taper à peu près dans tous les métiers, dans tous les domaines : collectivités locales, les administrations et agences publiques, toutes sont obligées de s'y mettre et toutes ont d'ailleurs, à peu près aujourd'hui, le même type de discours, vous entendez ça de partout, du ministère de l'Environnement, mais ça essaime ça et maintenant à l'Arcom. L'Arcep arrive encore à avoir un discours intelligent dans nos domaines, mais est quand même un petit peu obligée de se mettre sur les lignes politiques actuelles de la communication publique.<br/>
 
Vous pouvez faire de la consultance, là il y a pas mal d'argent à se faire.<br/>
 
Vous pouvez faire de la politique, donc obtenir des mandats électoraux, des partis entiers sont dédiés à ce sujet.<br/>
 
Dans les entreprises, le grand truc des dircoms en ce moment, c'est de vous dire de nettoyer vos mails, ça fait dix ans que ça dure et ça fait plaisir aux dircoms : c’est un truc qui ne coûte pas grand-chose et ça fait un petit mouvement d'entreprise interne. <br/>
 
Il y a aussi, maintenant, l'écoconception qui commence à monter, qui permet d'avoir du pognon pour optimiser les systèmes, ce qui n’est pas mal parce que, jusque-là, tout le monde s'en foutait.<br/>
 
Vous avez les <em>community manager</em> : sur Twitter ou sur les réseaux sociaux en général vous pouvez écrire n'importe quoi ; vous pouvez faire des vidéos pour dire aux gens de regarder moins de vidéos ; vous pouvez faire des tweets pour dire aux gens de faire moins de tweets, personne ne vous en voudra, au contraire. <br/>
 
Vous pouvez vendre des solutions, ce n’est pas ce qui manque.<br/>
 
 
 
==Déclinable dans de nombreux métiers==
 
 
 
J’ai un petit peu parlé des métiers.<br/>
 
En ingénierie, ça peut nous intéresser parce que c'est vrai que jusque-là, quand il s'agissait de passer du temps à optimiser des process, la réponse standard c'était « tu t'en fous, tu rajoutes un serveur, on n’a pas de temps pour s'occuper de ça !» Ça arrive encore pas mal aujourd'hui, mais, maintenant on peut dire que c'est de l'écoconception et on peut réduire de un serveur ou deux.<br/>
 
On peut aussi réimporter, migrer à nouveau nos serveurs sur de l'électricité française plutôt qu’allemande, irlandaise ou américaine, donc ça permet de décarboner. Deux mois d'écoconception pour gratter les PNG d'un site, ça ne va pas vous gagner grand-chose, peut-être quelques pourcents en volume de données, mais rapatrier les serveurs ça vous gagne 85 % en CO2 si vous les mettez en France. Ça peut donc être pas mal.
 
Le consulting permet de dégager, comme je l'ai dit, des crédits de l'Ademe.
 
 
 
==Éthique incluse==
 
 
 
Tout ça c'est pour la planète, donc on ne va pas vous trop vous embêter sur l'exactitude de ce que vous racontez, de toute façon c'est pour le bien, donc, si vous dites qu'il faut nettoyer sa boîte mail, OK ! Des gens, comme moi, vont vous dire « ça ne sert à rien ! », mais vous pouvez toujours dire que c'est le symbole qui compte, c'est littéralement ce qu'on entend, l'important c'est de montrer de la bonne volonté, ce n'est pas de faire des choses utiles !
 
 
 
[Applaudissements]
 
 
 
Loi de Brandolini joue à fond : il est facile de dire n'importe quoi en une minute, mais il faut deux heures pour vous répondre, donc vous êtes plutôt du bon côté du manche.<br/>
 
Les subventions vont couler à flots, parce qu'elles sont ajustées aux discours et pas tellement aux résultats.
 
Et puis on a un système de buzz médiatique, alors là ça marche à tous les coups ! Si vous dites qu’une conversation ChatGPT consomme un demi-litre d'eau, personne n'ira vérifier, le chiffre a l'air vachement paniquant ! Je prends ma douche une fois par jour, je dois consommer 20 litres d'eau, je ne fais pas une conversation avec ChatGPT par jour, je vais en parler un peu plus tard.<br/>
 
En fait, plus le chiffre est paniquant, si c'est rediffusé, si ça buzz dans un système médiatique, aujourd'hui nous sommes coupables de ça, parce que c'est aussi qu’on ne se pose pas trop de questions. Par défaut, on a tendance à se dire que si la presse sort un chiffre paniquant, ils ont bien dû le vérifier, si c’est si énorme, ils ne vont pas le publier sans faire attention. Eh bien, en fait si !<br/>
 
Les errata ça ne sert à rien, je peux je peux parler d'expérience. Ça demande du travail qui n'est pas vraiment médiatisable, parce que ça donne des chiffres non buzzables puisque ce sont des chiffres pas trop paniquants en général. Ça peut vous mettre en faute parce que ça veut dire que, parfois, vous n'avez pas vérifié ce que vous avez diffusé, et personne ne les lit. C'est fait pour ça, on les met en en note de bas de page, ça ne va jamais buzzer.
 
C'est bien d'ignorer les corrections, donc du même style, je vais vous donner un exemple tout à l'heure. Ça demande du boulot en moins, donc ça fait du volume de données en moins et ça fait du volume de CO2 en moins, donc c'est très bien !
 
 
 
==Petit manuel du consultant==
 
 
 
Vous montez une petite asso loi 1901, avec un but sympa, un but noble genre participer à la réduction du CO2 français, ou décarbonation ou empreinte numérique en général ou empreinte…<br/>
 
Une asso 1901, en général, ça ne va pas faire beaucoup d'argent, donc vous montez des petits cabinets de consultants qui permettent de faire le boulot des gens qui sont sollicités par l'association. Ça vous donne un petit carnet de contacts tranquille et puis, derrière, vous faites des prestations. C’est un truc assez classique en France, ce n'est pas forcément illégitime.<br/>
 
En plus, l’association vous donne une petite couverture pour faire du législatif, du lobbying propre, c'est-à-dire que vous allez voir les parlementaires : « Attention, le volume de données sur Internet c’est vachement embêtant, il faudrait faire un amendement à la loi machin, à la loi truc, pour réduire le volume de données sur Internet ou afficher le CO2 sur les factures des fournisseurs ». Ce qui se pratique maintenant au Parlement, c'est que souvent, dans les amendements législatifs, les parlementaires indiquent quand même la source de leur amendement, donc on peut voir un peu d'où viennent les choses intelligentes et d'où viennent les choses moins intelligentes.<br/>
 
Un autre truc : vous pouvez aussi utiliser l'effet viral, je l'ai constaté, en fait, vous pouvez faire du mini chantage. Quand vous faites un audit, typiquement un audit de ce qu'on appelle les analyses de cycle de vie qui consiste à regarder un peu dans l'entreprise quels sont les fournisseurs, les produits que vous utilisez, vous allez donc être obligé de savoir, fournisseur par fournisseur, quel serait le résultat d'un audit chez ce fournisseur. Sur Twitter, quelqu'un m'a signalé qu'il avait reçu un message d'un consultant d'un de ses clients qui lui disait : « On fait l'audit chez telle boîte, vous êtes un fournisseur et on n'a pas votre analyse de cycle de vie. On peut vous la faire – il faut payer, évidemment – sinon on vous met la note pire, qu’est-ce que vous préférez ? », littéralement. Ça veut dire que de proche en proche la boîte peut viraliser ta situation et s'appuyer sur la loi parce qu’il y a aussi des lois qui obligent à faire ce genre de chose.
 
 
 
C'est un graphique que j'aime bien parce qu’on l'entend partout. Ça vient de The Shift Project, ça date de 2019, c'est le graphique circulaire sur le les proportions de volumes de données sur Internet. On entend aujourd'hui partout : 60 % des données transmises sur Internet c'est de la vidéo, c'est très grave, c'est très embêtant, il faut réduire le poids de la vidéo. On sait bien qu’il n'y a pas de corrélation simple, quasiment pas en fait, entre le volume de données et le CO2 émis, mais ce n'est pas grave. Dans une phrase, si on ne fait pas gaffe, ça passe très bien. Ce truc circule en boucle depuis cinq ans, c'est partout dans les médias, dans les argumentaires politiques, c'est même dans les trucs de l’Arcom et de l'Arcep.<br/>
 
Récemment j'ai participé à une consultation de l'Arcom suite à la loi REEN, la loi réduction de l'empreinte environnementale du numérique parce que les gens me disent : « Pierre, c’est bien joli, tu gueules partout, mais en fait qu'est-ce que tu fais pour changer les choses ? ».J’essaie donc de participer aux trucs en amont pour voir. Je ne crois que ça n’aura beaucoup d'effet, c'est surtout pour vérifier que ça n'aura pas d'effet ! J'ai donc participé à la consultation que l'Arcom a faite pour mettre en place les exigences de communication de l'empreinte en CO2, notamment, des services numériques. La loi REEN a dit : « L'Arcom se chargera de dire aux fournisseurs d'accès, etc., aux services de vidéo en ligne, de communiquer auprès de leurs clients des informations fiables, etc. ». J'ai repris le truc des 60 % de vidéo et j’ai fait un petit laïus. Je ne sais pas si ça a changé un mot dans ce que l'Arcom a communiqué <em>in fine</em>, mais, au moins, j'ai essayé. Je peux d'ailleurs fournir le papier aux gens que ça intéresse.
 
 
 
Une chose à savoir, je n'ai pas l'habitude de communiquer avec des administrations et des agences publiques et il y a tout un formalisme de politesse à employer sur les introductions, ça demande quelques fioritures diplomatiques, et je me suis aidé de ChatGPT pour faire l'intro et la conclusion. C'est une vraie histoire et, honnêtement, ça aide beaucoup, « merci pour cette consultation fantastique, c'est une très bonne idée de consulter les citoyens, etc. ». À la fin c’est « nous sommes à votre disposition, etc. ». II y a des gens, dont c'est le métier, qui savent écrire ça, mais moi je ne sais pas, ChatGPT m'a beaucoup aidé. Je ne dis pas qu'il ne faut pas reformuler un peu derrière pour éviter les grosses bêtises, mais, globalement ça aide pas mal.
 

Dernière version du 22 novembre 2023 à 12:50


Publié ici - Novembre 2023