Différences entre les versions de « Grands acteurs web magiciens jouent avec nos données »

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Ensuite j'ai un troisième canal qui n'est pas négligeable, c'est peut-être même le plus important, il va tendre à devenir le plus important, c'est celui de votre entourage, de vos relations. Votre famille par exemple va parler de vous en vous envoyant un mail, en racontant une histoire qui vous concerne, automatiquement ils vont créer des informations personnelles, ils vont créer vos informations personnelles. De la même manière vos amis vont créer des informations personnelles, vont créer vos informations personnelles. Pourquoi ? Parce que s'ils vous invitent à un événement sur Facebook par exemple, eh bien automatiquement ils enregistrent quelque part que vous avez été invité à cet événement. Si jamais vous confirmez que vous venez à cet événement, quelque part est enregistré que vous êtes allé à tel événement, tel jour. Donc c'est une information personnelle, à laquelle vous avez peu participé mais qui a été créée plus par votre entourage.
  
Ensuite j'ai un troisième canal qui n'est pas négligeable
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Bien sûr, plus évidentes, ce sont les relations professionnelles. Dans le cadre du travail on passe énormément de temps à créer des documents pour les autres, on collabore énormément, forcément dans tout ça ne serait-ce qu'une simple gestion de toutes vos listes partagées eh bien ça fait qu'on crée plein d'informations sur ce que vous avez fait dans la journée.
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On se rend compte que via ces trois canaux on constitue un énorme tas d'informations personnelles. Ça a plein d'avantages. Notamment ça vous permet de jouer un peu avec ces informations. Quand on accumule plein de choses sur nous, après c'est nous qui décidons ce qu'on veut montrer. Si je prends l'exemple du CV, parce que c'est une pratique qui existe depuis très longtemps, si je prends le CV, au final, je prends des informations personnelles que je connais, qui sont faciles à retenir et à enregistrer, un CV je vais mettre mes diplômes et mon expérience professionnelle. Je ne vais pas envoyer le même CV si je candidate dans une banque par exemple ou si je candidate dans une jeune start-up. On utilise les données personnelles à bon escient et on les adapte à la cible à laquelle on s'adresse. Se dire qu'on en a beaucoup beaucoup, tout de suite on se dit qu'on va pouvoir faire des choses intéressantes avec.
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Sur internet c'est pareil. Sur internet ce qu'on fait souvent, c'est qu'on se crée plusieurs identités. Par exemple, moi je jouais beaucoup aux jeux vidéos il y a une dizaine d'années, ça m'arrive toujours de jouer mais je joue beaucoup moins, et j'avais mon profil de gamer, en gros, je me présentais comme un joueur de jeux vidéos. Aujourd'hui je suis plus développeur entrepreneur, donc ce que je travaille comme image sur internet, c'est plus l'image du développeur et de l’entrepreneur. C'est plus ça que je vais présenter. En fait, en sachant utiliser mes données personnelles à bon escient, cela peut me servir.
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En même temps, tout ça ça veut dire que, il y a un moment, il y a eu beaucoup beaucoup d'informations sur moi et en plus ces informations sont historisées. On va voir par la suite que c'est un aspect qui est aussi important. En fait toutes ces informations, quand on y repense, ça nous définit un peu au final. On peut construire notre identité dessus mais si on les prend, si on les regarde au microscope, un programme informatique est capable de faire ça, si on les regarde au microscope, c'est un peu une photographie de nous, complète et détaillée, qu'on obtient. Cette photographie, on peut l'imaginer maintenant, là aujourd’hui, donc là si je prends mon exemple, je suis Frank Rousseau, développeur et cofondateur de Cozy Cloud par exemple. Voila, on peut dire dire c'est moi. C'est beaucoup plus détaillé que ça. Après il y a aussi une notion de temps, d'historisation. C'est que là aujourd'hui, on peut dire quelque part que je suis la description que je viens de vous donner, mais si je reprends il y a dix ans, j’étais Frank Rousseau, étudiant à l'université Pierre et Marie Curie de Paris VI. Donc au final, ce qu'on fait, c'est qu'on dit, tout au cours du temps, on dit des choses sur nous.
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Là je vais faire un petit parallèle. Pour commercer ce parallèle, première question, est-ce que dans la salle certains d'entre vous tiennent un journal intime ? Il y a une personne. Voilà. C'est très intéressant le principe du journal intime parce qu'on a des tas de bonnes raisons de tenir un journal intime. En gros ça consiste à écrire tous les jours, si on le fait sérieusement, tous les jours, ce qu'on a fait, ça peut ne pas être tous les jours mais régulièrement ce qu'on a fait et ce qu'on a vécu. Il y a plein de raisons de faire ça et une principale c'est de ne pas oublier en fait, de se souvenir. J'espère que je ne me trompe pas, de se souvenir de ce qu'on a fait. Il y a des gens qui ont poussé cette pratique un peu plus loin. Ils ont dit que ce qui les intéressait dans cette pratique c'était surtout l'aspect souvenir. Après ils peuvent l'agrémenter pour dire comment ils ont vécu les choses, etc, mais ce souvenir, ils ont voulu le conserver en filmant tout ce qu'ils voyaient toute la journée. Ils filment tout ce qu'ils voient et ils enregistrent tout. Ils mettent ça sur des gros disques durs et du coup ils enregistrent toute leur vie. Cette pratique s'appelle le life logging et ça au final, comme ça peut paraître un peu particulier, on peut se dire, oui, ils font ça, OK, chacun fait ce qu'il veut et ils s'amusent ! Mais le problème c'est que si on se remémore tous les canaux de communication qu'on a, notre informatique personnelle qu'on utilise de plus en plus, nos objets qu'on utilise quasiment toujours, nos relations, c'est assez rare d'avoir des personnes qui ne connaissent personne, du coup au final, il y a énormément de choses qui sont enregistrées et donc du coup nous aussi, sans s'en rendre, on se livre à la pratique du life logging . On enregistre toute notre vie en continu.
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Tout ça pour dire qu'en fait sur internet, le rapport qu'on a avec internet, fait qu'à un moment, on dépose tout le théâtre de notre vie, sur internet. Les choses ne vont pas aller en s'améliorant, plus les objets seront sophistiqués, plus les logiciels seront sophistiqués, plus on va partager ; pas forcément partager, mais plus on va décrire, plus on va se livrer sur internet. Là il ne faut pas avoir peur. C'est quelque chose de nouveau certes. Au final on enregistre beaucoup de choses sur nous. Mais tant que c'est maîtrisé ce n'est pas très grave. Effectivement il y aura des frottements. C'est sûr que si sur Facebook vous mettez une photo de vous tout nu après avoir trop bu lors d'une soirée, il ne fait pas l'envoyer à n'importe qui. Généralement vous avez de contacts de confiance et à eux vous leur envoyez ce qu'il faut.
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Du coup, même si aujourd'hui c'est nouveau et qu'il y aura des frottements, ce qui va se passer, c'est que petit à petit on va tous maîtriser cet aspect qu'on livre beaucoup de choses sur internet et ça se passera bien.
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Par contre là où ça pose un problème, c'est que certains ont bien compris le fonctionnement d'internet. Ils se sont dit qu'eux ils pourraient en tirer profit, ils pourraient en tirer partie. Il y a quelques mystifications. Et ça qu'on va voir dans la seconde partie de cette présentation.
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Ces personnes, je les appelées ici, notamment dans le titre de la présentation, les magiciens du web.

Version du 8 septembre 2013 à 08:05


Titre : Comment les grands acteurs du web s’improvisent magiciens et jouent avec nos données personnelles

Intervenant : Frank Rousseau

Lieu : Bruxelles, RMLL

Date : Juillet 2013

Durée : 57 min 11

Lien vers la vidéo :[1]


00' transcrit Marie-Odile

Je suis Frank. Je suis développeur de web applications depuis de nombreuses années. Ça m'a permis de comprendre pas mal de choses sur internet et tout ce qu'on y dépose. C'est pourquoi aujourd'hui je vous fait cette présentation à propos des données personnelles et d'internet. Pour donner un cadre à cette présentation ce que je vais faire c'est que je vais vous raconter un rencontre que j'ai faite, il y a environ quinze ans de cela, avec un ami qui était très sympathique au premier abord, qui m'a notamment beaucoup aidé, qui m'a permis de construire beaucoup de choses, de rencontrer beaucoup de monde, de découvrir des nouvelles choses. Avec lui j'ai rapidement entamé une relation très proche. Ça a été mon véritable confident, je lui racontais beaucoup de choses et ça a été très profitable pour moi.

Malheureusement je me suis rendu compte au bout d'un moment que cet ami avait un vilain défaut, c'est que bien souvent il répétait tout ce que je disais. Au début j'ai voulu me fâcher. Je me suis dit « C'est fini je ne veux plus lui parler ! » Puis après je me suis dit « Quand même il m'a rendu beaucoup de services, c'est peut-être à mon tour de lui rendre un service ! » Et donc ensemble on a cherché des solutions et on a fini par en trouver. Heureusement je n’étais pas seul, parce que cet ami vous l'avez rencontré vous aussi. D'autres comme vous ont réagi. Cet ami vous l'avez compris, c’est le web.

A travers cette présentation on va essayer de voir un peu comment j'en suis arrivé à tout lui raconter, dans une première partie. Ensuite, dans une seconde partie, on va voir pourquoi ça c'est mal passé quand il a commencé à répéter tout ce que lui disais. Enfin, pour terminer, on va essayer de voir ensemble quelles sont les solutions qu'on a trouvées lui, moi et les autres pour pallier à ces problèmes.

Tout d'abord revenons à la première rencontre, au tout début. Ça a commencé comment ? Pour moi c’était en fait mon père qui envoyait, il y a quinze ans de cela, mon père qui envoyait des e-mails et commençait à échanger des informations avec ses amis. Je trouvais ça génial, j'étais fasciné parce que ça allait quand même beaucoup plus vite qu'une lettre à la poste. Et ensuite, là où ça a été un deuxième temps fort on va dire, la deuxième chose qui m'a vraiment convaincue, c'est quand mon frère a publié son premier site web. J'ai trouvé ça juste génial. On créait un contenu et on pouvait automatiquement le mettre à disposition de beaucoup de monde. Donc je l'ai imité. J'ai créé un contenu. J'ai mis des choses intéressantes, je pouvais mettre des images, du texte. J'ai même fait une belle mise en forme, parce qu'à l'époque j'étais plus attiré par le graphisme que par le développement, donc la mise en forme me plaisait beaucoup puis en plus, c'est assez rigolo, parce que les sites n'étaient pas très jolis, ils étaient tous en ??? etc, c’était d’autant plus motivant de faire quelque chose de joli.

Et ensuite le web immédiatement m'a apporté trois choses. La première chose qu'il m'a apportée, c'est que ce contenu que je venais de créer il le mettait à disposition partout. C'est-à-dire que si je pouvais y accéder depuis chez moi, depuis mon école ou depuis mon lieu de vacances et ce même si j'étais loin. C'est le premier point.

La deuxième chose qu'il a apportée et qui est très importante, c'est qu'il a permis d'y accéder de manière instantanée. En très peu de temps, oui à l’époque les modems n'étaient pas très formants, ça c'est sûr, mais ça prenait genre une minute quelque chose comme ça, mais en très peu de temps je pouvais accéder à mon contenu. On ne parlait pas de 24 heures ou 48 heures, voire plus, quand on envoyait une lettre postale, une lettre par la poste. Donc c’était tout de suite un grand pas en avant. Donc permis d’accéder de partout de manière instantanée à mes contenus.

Et là où ça devient vraiment intéressant c'est que ce contenu ne restait pas qu'à mon niveau. Ce contenu, je pouvais le partager avec tout le monde. Donc il se crée un véritable échange avec la planète entière. Comme j'ai dit ce contenu est accessible de partout. Ça veut dire que quelqu’un à l'autre bout de la planète pouvait consulter ça. En créant ma première page web, en me faisant ami avec le web, j'ai automatiquement pu la rendre accessible de partout, de manière instantanée et par tout le monde. Même mieux seulement par ceux avec qui je le voulais.

Comme ça, ça peut paraître anodin ce que je viens de vous dire, mais aujourd'hui ça permet énormément de choses. Ça permet d'apprendre beaucoup beaucoup. Si je prends juste un exemple pour illustrer, plutôt que vous expliquer ça pendant longtemps, ce que ça permet c'est que tout simplement aujourd'hui si je veux apprendre une danse traditionnelle indonésienne, sans jamais mettre le pied en Indonésie, eh bien je peux. Parce qu’aujourd’hui s'il y a quelqu'un de suffisamment motivé en Indonésie pour produire des contenus vidéos, pour construire des textes, des tutoriaux, etc, des didacticiels pour m'aider, eh bien il peut le faire. Bien souvent ils le font, donc moi je peux apprendre. Alors ça n'aura pas effectivement la qualité d'un enseignement direct, mais ça devient possible.

Tout ça, tout cet apport, c'est très joli, c'est très agréable, mais par contre il faut commencer à prendre conscience de quelque chose.

En fait à chaque fois que je crée un contenu, c'est quelque part, ce sont mes données, c'est quelque chose qui me concerne que je mets à disposition. Soit je le mets à disposition uniquement de moi, soit des autres. Là vous me direz, oui mais je ne fais pas des pages web tous les jours donc ce n'est pas très grave. Vous avez raison. Par contre c'est là ce dont il faut bien se rendre compte c'est qu'on a plusieurs canaux de création de données personnelles. La création d'un contenu n'en est qu'un parmi plein d'autres. Pour simplifier les choses je vais vous décrire trois canaux. Le premier c'est notre informatique personnelle. C'est le plus évident, c'est celui quand vous utilisez votre ordinateur tous les jours. Vous allez par exemple faire un document de travail, vous allez envoyer un mail, tout ça constitue des données personnelles. Évidemment il y a aussi le mobile. Le mobile c'est intéressant parce que c'est beaucoup moins pratique à utiliser qu'un ordinateur personnel, qu'un ordinateur de bureau plutôt, par contre il nous suit partout. Ça veut dire qu'avec le mobile je peux créer des informations de moins bonne qualité mais je peux en créer plus souvent. Ensuite il y a les tablettes. Les tablettes c'est un exemple finalement c'est encore un terminal de plus parmi tous ceux qu'on a qui vont créer de la donnée. Dès qu'on va utiliser un service sur internet, on va créer de la donnée. Si je mets un statut sur Facebook, je crée une donnée personnelle. Il n'y a pas besoin d'aller jusqu'au site web pour créer de la donnée. Ensuite le deuxième canal qui est intéressant, là j'anticipe un peu parce qu'aujourd'hui ce n'est pas très répandu, ce sont les objets. Tous les objets qu'on utilise aujourd’hui, petit à petit, vont être de plus en plus bavards. Il vont commencer à raconter des choses. Par exemple un frigo, ce qu'il va faire, c'est que tout simplement il va faire l'inventaire de ce qu'il y a dans notre frigo et puis il va nous tenir au courant. Ce sera beaucoup plus facile pour faire ses courses par exemple.

Quelque chose qui existe déjà c'est la balance. Aujourd'hui on vend des balances qui se connectent à internet et qui vont automatiquement sauvegarder votre poids tous les jours. C'est très pratique parce que ça vous permet de suivre l'évolution de la courbe de votre poids, ça peut être très intéressant, moi je m'en fiche, mais il y a des gens pour qui ça peut être utile. Et aussi après, ça je ne vous le souhaite pas, mais puisqu’on parle de santé un petit peu, si un jour vous avez un pacemaker, ce qui se passe c'est que le pacemaker va aller enregistrer les informations sur internet pour que votre médecin puisse savoir à tout moment dans quel état il se situe. Ça fait un deuxième canal de production de données. Le premier c’était l'informatique personnelle, le plus évident, celui qu'on utilise tous les jours. Le deuxième canal ce sont les objets.


Intervention inaudible


Frank : Il y aura une session de questions-réponses à la fin. Donc voila ça c’était une deuxième canal. Ensuite, oui pardon j’avais oublié, c'est que là je ne suis pas entrain de vous dire qu'il faut que vous ayez peur des objets. vous pouvez continuer à utiliser votre frigo ça marchera toujours, il n'y a aucun souci là-dessus. Il faut juste avoir conscience de ce qui se passe. Je crois qu'il y avait une conférence ce matin à ce sujet. De plus en plus les objets vont parler, il va savoir où est-ce qu'ils parlent. Mais ça vous allez le comprendre dans la suite de la présentation pourquoi c'est important de savoir ça.

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Ensuite j'ai un troisième canal qui n'est pas négligeable, c'est peut-être même le plus important, il va tendre à devenir le plus important, c'est celui de votre entourage, de vos relations. Votre famille par exemple va parler de vous en vous envoyant un mail, en racontant une histoire qui vous concerne, automatiquement ils vont créer des informations personnelles, ils vont créer vos informations personnelles. De la même manière vos amis vont créer des informations personnelles, vont créer vos informations personnelles. Pourquoi ? Parce que s'ils vous invitent à un événement sur Facebook par exemple, eh bien automatiquement ils enregistrent quelque part que vous avez été invité à cet événement. Si jamais vous confirmez que vous venez à cet événement, quelque part est enregistré que vous êtes allé à tel événement, tel jour. Donc c'est une information personnelle, à laquelle vous avez peu participé mais qui a été créée plus par votre entourage.

Bien sûr, plus évidentes, ce sont les relations professionnelles. Dans le cadre du travail on passe énormément de temps à créer des documents pour les autres, on collabore énormément, forcément dans tout ça ne serait-ce qu'une simple gestion de toutes vos listes partagées eh bien ça fait qu'on crée plein d'informations sur ce que vous avez fait dans la journée.

On se rend compte que via ces trois canaux on constitue un énorme tas d'informations personnelles. Ça a plein d'avantages. Notamment ça vous permet de jouer un peu avec ces informations. Quand on accumule plein de choses sur nous, après c'est nous qui décidons ce qu'on veut montrer. Si je prends l'exemple du CV, parce que c'est une pratique qui existe depuis très longtemps, si je prends le CV, au final, je prends des informations personnelles que je connais, qui sont faciles à retenir et à enregistrer, un CV je vais mettre mes diplômes et mon expérience professionnelle. Je ne vais pas envoyer le même CV si je candidate dans une banque par exemple ou si je candidate dans une jeune start-up. On utilise les données personnelles à bon escient et on les adapte à la cible à laquelle on s'adresse. Se dire qu'on en a beaucoup beaucoup, tout de suite on se dit qu'on va pouvoir faire des choses intéressantes avec.

Sur internet c'est pareil. Sur internet ce qu'on fait souvent, c'est qu'on se crée plusieurs identités. Par exemple, moi je jouais beaucoup aux jeux vidéos il y a une dizaine d'années, ça m'arrive toujours de jouer mais je joue beaucoup moins, et j'avais mon profil de gamer, en gros, je me présentais comme un joueur de jeux vidéos. Aujourd'hui je suis plus développeur entrepreneur, donc ce que je travaille comme image sur internet, c'est plus l'image du développeur et de l’entrepreneur. C'est plus ça que je vais présenter. En fait, en sachant utiliser mes données personnelles à bon escient, cela peut me servir.

En même temps, tout ça ça veut dire que, il y a un moment, il y a eu beaucoup beaucoup d'informations sur moi et en plus ces informations sont historisées. On va voir par la suite que c'est un aspect qui est aussi important. En fait toutes ces informations, quand on y repense, ça nous définit un peu au final. On peut construire notre identité dessus mais si on les prend, si on les regarde au microscope, un programme informatique est capable de faire ça, si on les regarde au microscope, c'est un peu une photographie de nous, complète et détaillée, qu'on obtient. Cette photographie, on peut l'imaginer maintenant, là aujourd’hui, donc là si je prends mon exemple, je suis Frank Rousseau, développeur et cofondateur de Cozy Cloud par exemple. Voila, on peut dire dire c'est moi. C'est beaucoup plus détaillé que ça. Après il y a aussi une notion de temps, d'historisation. C'est que là aujourd'hui, on peut dire quelque part que je suis la description que je viens de vous donner, mais si je reprends il y a dix ans, j’étais Frank Rousseau, étudiant à l'université Pierre et Marie Curie de Paris VI. Donc au final, ce qu'on fait, c'est qu'on dit, tout au cours du temps, on dit des choses sur nous.

Là je vais faire un petit parallèle. Pour commercer ce parallèle, première question, est-ce que dans la salle certains d'entre vous tiennent un journal intime ? Il y a une personne. Voilà. C'est très intéressant le principe du journal intime parce qu'on a des tas de bonnes raisons de tenir un journal intime. En gros ça consiste à écrire tous les jours, si on le fait sérieusement, tous les jours, ce qu'on a fait, ça peut ne pas être tous les jours mais régulièrement ce qu'on a fait et ce qu'on a vécu. Il y a plein de raisons de faire ça et une principale c'est de ne pas oublier en fait, de se souvenir. J'espère que je ne me trompe pas, de se souvenir de ce qu'on a fait. Il y a des gens qui ont poussé cette pratique un peu plus loin. Ils ont dit que ce qui les intéressait dans cette pratique c'était surtout l'aspect souvenir. Après ils peuvent l'agrémenter pour dire comment ils ont vécu les choses, etc, mais ce souvenir, ils ont voulu le conserver en filmant tout ce qu'ils voyaient toute la journée. Ils filment tout ce qu'ils voient et ils enregistrent tout. Ils mettent ça sur des gros disques durs et du coup ils enregistrent toute leur vie. Cette pratique s'appelle le life logging et ça au final, comme ça peut paraître un peu particulier, on peut se dire, oui, ils font ça, OK, chacun fait ce qu'il veut et ils s'amusent ! Mais le problème c'est que si on se remémore tous les canaux de communication qu'on a, notre informatique personnelle qu'on utilise de plus en plus, nos objets qu'on utilise quasiment toujours, nos relations, c'est assez rare d'avoir des personnes qui ne connaissent personne, du coup au final, il y a énormément de choses qui sont enregistrées et donc du coup nous aussi, sans s'en rendre, on se livre à la pratique du life logging . On enregistre toute notre vie en continu.

Tout ça pour dire qu'en fait sur internet, le rapport qu'on a avec internet, fait qu'à un moment, on dépose tout le théâtre de notre vie, sur internet. Les choses ne vont pas aller en s'améliorant, plus les objets seront sophistiqués, plus les logiciels seront sophistiqués, plus on va partager ; pas forcément partager, mais plus on va décrire, plus on va se livrer sur internet. Là il ne faut pas avoir peur. C'est quelque chose de nouveau certes. Au final on enregistre beaucoup de choses sur nous. Mais tant que c'est maîtrisé ce n'est pas très grave. Effectivement il y aura des frottements. C'est sûr que si sur Facebook vous mettez une photo de vous tout nu après avoir trop bu lors d'une soirée, il ne fait pas l'envoyer à n'importe qui. Généralement vous avez de contacts de confiance et à eux vous leur envoyez ce qu'il faut.

Du coup, même si aujourd'hui c'est nouveau et qu'il y aura des frottements, ce qui va se passer, c'est que petit à petit on va tous maîtriser cet aspect qu'on livre beaucoup de choses sur internet et ça se passera bien.

Par contre là où ça pose un problème, c'est que certains ont bien compris le fonctionnement d'internet. Ils se sont dit qu'eux ils pourraient en tirer profit, ils pourraient en tirer partie. Il y a quelques mystifications. Et ça qu'on va voir dans la seconde partie de cette présentation.

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Ces personnes, je les appelées ici, notamment dans le titre de la présentation, les magiciens du web.