Différences entre les versions de « Google, Facebook, etc : pourquoi et comment décoloniser Internet - Pierre-Yves Gosset »

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Quelque chose, dont je ne parlerai pas,
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Quelque chose, dont je ne parlerai pas, dont j'avais prévu de parler, parce qu'on est dans le track dans le politique, mais puisque je vous ai dit que je faisais deux confs en une, je vais aller un peu plus vite, je vais en profiter pour regarder où j'en suis. Ça va. C'est, évidemment, la problématique, derrière, de la récupération de ces données par des gouvernements. Si vous avez des questions sur les révélations d'Edward Snowden ou le projet de loi renseignement, je vous rappelle qu'il y a la FFDN qui est là, aujourd'hui, et qui en parlera très bien. Ils sont en bas, ils ont un stand, allez les voir. Vous pouvez, évidemment, vous rendre aussi sur le site de la Quadrature du Net, sur le site de l'April, ou sur le site de pas mal d'associations qui ont traité, plutôt avec brio, ces questions-là, et qui ont réussi, quand même, à sensibiliser une partie du public à ces questions-là.
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Donc, j'en reviens à qu'est-ce qu'on fait pour lutter contre ça. Je suis contractuellement obligé, dans mon contrat de travail je dois afficher des chatons dans mes diaporamas. Donc ne vous étonnez pas, ça va changer un petit peu, un petit plus fun, maintenant que je vous ai bien fait peur. Qu'est-ce qu'on fait, nous, association Framasoft pour ça ? Je n'ai pas parlé, au départ, de Framasoft. Framasoft c'est une association loi 1901, aujourd'hui reconnue « jeunesse éducation populaire », qui promeut le logiciel libre et la culture libre depuis une dizaine d'années. Donc on a trois axes, on fait du logiciel libre, de la culture libre et du service libre.
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Le logiciel libre, on a un annuaire, historiquement, de logiciels, que vous pouvez aller visiter. Voilà, je cherche, on est un peu les pages jaunes du logiciel libre, je cherche un logiciel pour faire de la retouche d'images, eh bien on va vous parler de Gimp, d'Inskape, etc. On a des projets autour du logiciel libre comme la Framakey ou le FramaDVD, dont je ne parlerai absolument pas aujourd'hui.
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Sur la partie culture libre, on édite le Framablog, qui est un des principaux blogs qui s'intéressent à la culture libre, donc à comment est-ce que le logiciel libre et les valeurs du logiciel libre influent sur le milieu de la culture libre et interagissent, parce qu'aujourd'hui ce n'est pas juste de l'influence, c'est vraiment de l'interaction. On essaye de faire des articles plutôt grand public, essentiellement issus de traductions, puisque les Français ont, apparemment, beaucoup de mal avec l'anglais. En culture libre aussi, on a un projet qui s'appelle Framabook, qui est une petite maison d'édition, qui compte aujourd'hui 25 ouvrages, je crois, qui sont tous publiés sous licence libre. Je vous encourage à aller voir le site Framasoft, vous trouverez les trois axes donc logiciel libre, culture libre et services libres.
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Et donc qu'est-ce qu'on a fait pour essayer, un petit peu, de résoudre, à notre toute petite échelle, cette problématique ? On s'est dit « bon on n'est pas contents, mais on n'est pas vraiment informaticiens qu'est-ce qu'on va faire pour lutter contre Google ? » Et on s'est dit « bon, aller, on va essayer quelque chose. On sait qu'on n'est pas contents. On qu'il y a un vrai problème de fond, mais on n'est pas développeurs de logiciels, on ne porte pas un logiciel, on porte plutôt une sensibilité, porte d'entrée, comment est-ce qu'on accueille le public, comment est-ce qu'on va le sensibiliser à ces questions ». Et donc, on a décidé de s’attaquer à Google. Alors, on a comparé.
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Google soixante milliards de chiffre d'affaires, je crois que c'est le chiffre 2013, peut-être 2014. Trois milliards de bénéfices, plus de cinquante mille employés, donc ça, ça compte les employés qu'ils ont intégrés relativement récemment. Sauf que, évidemment, ils ont, en fait, des centaines de milliers de prestataires, il y a vraiment des centaines de milliers d'emplois qui dépendent de Google, ce qui nous, nous pose problème quand on dit qu'on essaye de lutter contre l'hégémonie, un petit peu, de GAFAM. Évidemment, quand on dit que ce sont des millions d'emplois au travers de la planète entre Google, Microsoft, et d'autres, on passe, un peu, pour des empêcheurs de créer de l'emploi en rond. Ce qui est un peu compliqué. Il y a avait deux millions de serveurs Google en 2008, c'est le dernier chiffre officiel qui existe, je crois. Donc 2015, je vous laisse imaginer combien il peut y avoir de serveurs chez Google aujourd'hui, sachant que Google est un des principaux producteurs de serveurs dans le monde. Il produit lui-même ses serveurs qu'il se rachète à lui-même, en quelque sorte.
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Framasoft, c’était 158 000 euros de recettes, essentiellement qui proviennent de dons, à plus de 80 %. Le reste provient de quelques prestations qu'on peut faire et de ventes de tee-shirts, goodies, etc. Mais sinon, l'immense majorité de nos ressources provient des dons. C’était 10 000 euros de perte en 2013. Aujourd'hui c'est 2,7 salariés, je suis désolé pour le « virgule sept » Pouhiou, qui n'est pas à temps plein, on ne l'a pas coupé en rondelles. C'est une trentaine de membres, avec, évidemment, une communauté qui est beaucoup plus large derrière, puisqu'on a quand même, du coup, plusieurs milliers de donateurs qui nous soutiennent chaque année. Et c'est, aujourd'hui, on a réussi à réduire le nombre de serveurs pour faciliter la maintenance, et une vingtaine de machines virtuelles, pour gérer, en tout, on va dire plus d'une centaine de services qui comptent, eux-mêmes, en gros, une grosse quarantaine de produits différents. C’est-à-dire qu'on a du média wiki, du pmwiki, du Spip, du Drupal, du EtherPad, du EtherCalc, etc. Ce qui réclame, quand même, beaucoup de travail pour nos pauvres adminsys. C'est un gros boulot, mais on est plutôt contents de la façon dont on arrive à le faire.
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Donc on n'est rien. On est trente-huit mille fois plus petits que Google, mais on s'est dit quand même on va y aller, on n'a peur de rien, allons-y. Donc, en octobre 2013, on a commencé à manger la pâtée de notre chien, c'est-à-dire à s'appliquer à nous-mêmes les principes qu'on voudrait que le grand public adopte. C'est-à-dire que nous, on utilisait massivement les services de Google, et quand je dis massivement, ça veut dire nos mails étaient chez Google. Quand vous écriviez à pyg@framasoft.org, ils passaient par les serveurs de Google. Quand vous vouliez travailler sur la liste de diffusion, la liste de discussion Framalang, le groupe de travail Framalang, qui fait les traductions, c’était chez Google Groups. Lorsque vous alliez sur un site Framasoft, les stats utilisaient Google Analytics. On avait même de la publicité ! Honte sur nous. Donc entre octobre 2013 et octobre 2014, on a tout viré.
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''Applaudissements''
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Merci. Ça nous a pris un an. Ça a été un petit peu long. C'est assez difficile, je pense que là, il faut être honnête. Quitter Gmail quand ça fait des années qu'on utilise Gmail, ce n'est pas forcément une sinécure, ce n'est pas forcément simple. Évidemment il y a Thunderbird, il y a plein d'outils super bien dans le monde du Libre pour ça, mais changer ses habitudes, perdre en confort d'utilisation qu'on avait, à un moment donné, parce qu'il y a une conduite du changement qu'il faut suivre, eh bien c'est compliqué, c’est parfois douloureux, enfin Richard Stallman qui va suivre derrière moi, vous dira que la liberté a un prix, elle a une valeur, et que donc, il faut aussi être prêt à ça, de toutes façons.
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Donc, en octobre 2014, c’était ce dont je vous parlais tout à l'heure, on a décidé de lancer une campagne, il me reste moins de vingt minutes, qui s'appelle « Dégooglisons tiret internet point org ». Vous voyez qu'on a repris l'imagerie un peu, d'Astérix et Obélix, pour dire qu'il fallait, à un moment donné, résister. La conf s'intitule « Décoloniser le web », le fait est que, pour nous, il y a vraiment un problème de colonisation, petit à petit, de substitution de services libres qui existaient, qui étaient d'une grande diversité, par des services fermés, propriétaires, privateurs, et gratuits, de Google, Facebook, etc. Et c'est ce gratuit qui attire, évidemment, le grand public. On vous rappelle, enfin, là je vous renvoie aux confs de Tristan Nitot, qui vous explique très bien pourquoi si c'est gratuit c'est vous le produit. Il prend cet exemple souvent du cochon, enfin ce sont deux cochons qui sont une porcherie, il y en a qui fait « c'est vachement bien ici, on est nourri, logé ». L'autre fait « , en plus, du coup la porcherie est gratuite, on est vachement bien ». Et voilà. Et c'est un peu ça, aujourd'hui, malheureusement.
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''Cinq minutes ! Ça ne va pas être possible. On a commencé avec vingt minutes de retard. Je ne bougerai pas, il faudra venir me chercher, appelle la sécurité, Marie !''
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Donc qu'est-ce qu'on a fait depuis un an ?

Version du 31 juillet 2015 à 13:27


Titre : Google, Facebook, etc : pourquoi et comment décoloniser Internet ?

Intervenant : Pierre-Yves Gosset

Lieu : RMLL2015 - Beauvais

Date : Juillet 2015

Durée : 49 min 14

Lien vers la vidéo

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Résumé

Petit à petit, quelques entreprises collectent de plus en plus de données sur les utilisateurs de plus en plus nombreux à utiliser leurs services en ligne. Il est devenu quasiment impossible d’éviter Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft (« GAFAM ») en allumant son ordinateur ou son smartphone, en surfant sur internet, en échangeant (par email ou visio) avec d’autres personnes.

Et ces entreprises souhaitent étendre leur pouvoir sur des domaines qui sortent du web : téléphonie, télévision, domotique, robotique, nanotechnologies, intelligence artificielle ou même santé ou éducation.

Nous vous proposons de découvrir un rapide inventaire des supports de collecte d’informations personnelles, et l’ampleur de la colonisation latente d’Internet, pourtant au départ conçu de façon décentralisé.

Puis nous évoquerons quelques pistes de résistance, accessibles à tout-e-s, afin que nos données ne finissent pas systématiquement aspirées par le « trou noir » de GAFAM.

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Donc je vais sortir le un, si on peut me faire cinq minutes, cinq minutes avant la fin. Puisqu'en plus, c'est bien, il y a déjà des gens, je crois, qui sont là pour Richard Stallman, c'est pratique, du coup, de faire la conf juste avant, sauf que du coup, je vais sans doute un peu mordiller sur la pause pour, si jamais vous avez des questions, etc, on pourra les poser pendant le temps de pause, et évidemment, on pourra se retrouver juste après.

Deuxième contrainte, c'est qu'en fait je fais deux confs en une, finalement. Vous êtes venus ici pour voir « comment est-ce qu'on peut décoloniser Internet ». En fait, on avait une autre conf Framasoft, qui était prévue, un petit peu autour du bilan de cette opération qu'on a lancée il y a quelques mois, et donc je vais vous faire du deux en un, autant vous dire que ça va aller vite et que, du coup, je prendrai les questions sans doute après, plutôt que pendant.

Donc, la conférence s'intitule « Et si on décolonisait le Net, neuf mois après ? ». C'est un petit peu pour faire le bilan de ce que j'ai présenté aux RMLL 2014 à Montpellier, auxquelles on a présenté cette opération qu'on a lancée, finalement, au mois d'octobre. Donc, aux RMLL 2014, on tâtait un petit peu la température, et maintenant, eh bien il est temps de voir, un petit peu, ce qui s'est passé depuis. Donc, c'est là que je vais aller vite parce que si vous cherchez la présentation, vous pouvez retourner sur le site des RMLL, il y a une vidéo qui s'appelle « Et si on dégooglisait Internet ? », qui reprend, quand même, en grande partie ce que je vais vous dire là, pendant la première partie de la conf, qui est, un petit peu, quels sont les problèmes que pose GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, sur cette question de la centralisation du Net.

Google, je rappelle, est né en 98, donc ça ne fait pas, non plus, si longtemps que ça. Google n'a pas vingt ans et Google aujourd'hui, répond sur la partie moteur de recherche à environ 45 000 recherches par seconde. 45 000 recherches par seconde c'est, (Pyg fait claquer deux fois ses doigts), entre temps, là, il s'est passé 100 000 recherches sur Google, ça va quand même très vite et, évidemment, il y a une très grosse infrastructure derrière. C'est essentiellement pour ça que les gens connaissent Google. Mais l'idée c'est de faire un petit inventaire à la Prévert de ce que propose Google comme services et jusqu'où il va aujourd'hui.

Donc Google Mail, les dernières stats que j'ai trouvées dataient de 2012, et c’était, officiellement, sur le blog du compte Google, 500 millions de boîtes mails. Les adminsys qui sont dans la salle apprécieront. Aujourd'hui, ils doivent être à peu près à un milliard, c'est-à-dire que moi je vois que les gens autour de moi qui ne connaissant pas le logiciel libre et qui ne sont pas forcément sensibilisés à ces questions, vont quasi, maintenant, systématiquement, se créer un compte chez Gmail plutôt qu’ailleurs. Quand on parle de se créer une boîte mail, c'est Google. Avant on avait une pseudo diversité, un peu de Yahoo, un peu d'Outlook, que des choses bien libres évidemment. Autant vous dire que ça a changé depuis, et que Google truste l’essentiel des créations de boîtes mail.

Autre service extrêmement utilisé Google Drive. Est-ce qu'il y en a, parmi vous, qui utilisent Google Drive, ou que l'on force à utiliser Google Drive. Si vous pouvez lever la main. On est quand même là aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, donc, forcément, la stat est biaisée, mais ça veut dire que souvent on vous force à utiliser du Google Drive, parce que vous, vous êtes peut-être auto hébergé, vous avez peut-être votre propre boîte mail, mais, potentiellement, les gens qui vous disent « Ah ! Eh bien tiens j'ai partagé tel document sur Google Drive. Ah ouais, mais c'est mieux si tu te crées ton compte parce que, du coup, tu retrouveras les dossiers bien classés, comme il faut, etc, et puis tu pourras déposer les fichiers, etc ». Donc Google nous enferme, finalement, en hébergeant nos fichiers.

Dans les services, et je vais accélérer du coup, Google Agenda, YouTube. Là aussi, à Framasoft, on fait souvent des confs autour de ce projet de dégooglisation, quand on explique que Google et YouTube c'est la même chose, enfin, en tout cas, c'est la même entreprise, les gens sont souvent assez choqués. On a tendance à oublier que le grand public ne sait pas que YouTube est maintenu, est administré par Google. Sur les dernières stats, là aussi, qui datent d'il y a quand même plus de deux ans, on était à un milliard de visiteurs uniques par mois, et à cent heures de vidéo uploadées par minute. Autant dire que, aujourd’hui, YouTube est le premier média mondial devant la télé. C'est celui qui touche le plus d'utilisateurs et, évidemment, celui qui contrôle le premier média mondial, a, clairement, un pouvoir sur la population.

Dans les choses un peu plus cachées, que les gens connaissent moins, ce sont les outils pour webmaster, que propose Google. Typiquement Google Analytics, c'est-à-dire l'outil de stats que propose à Google. On a longtemps utilisé à Framasoft, honte sur nous, avant d'aller ailleurs, évidemment. C'est un service qui permet, en rajoutant deux lignes de code sur son site web, d'obtenir des statistiques, que fournit Google, avec des choses graphiques derrière, etc. Et, aujourd'hui, Google Analytics, donc ça ce sont les stats, là aussi officielles, sur les, je crois, dix mille ou cent mille plus gros sites du monde, représente à peu près 70 %. 70 % des dix mille ou cent mille plus gros sites, je ne me souviens plus exactement, utilisent les services de Google Analytics. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que sur l’essentiel des sites web visibles sur Internet, et sur lesquels les gens vont régulièrement, sont traqués à 70 %, sont traqués par Google Analytics. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que Google fournit le service de stats, mais évidemment, il stocke les statistiques, donc Google sait, quand on crée un site web et qu'on utilise Google Analytics, que, derrière, d'où vient le visiteur, combien de temps il est resté sur la page, sur quels liens il a cliqué, quel était, éventuellement, le contenu de cette page, est-ce qu'il a cliqué sur des publicités, si oui lesquelles, etc.

Évidemment, le fonds de commerce de Google c'est la publicité. Google est avant tout une régie publicitaire. C'est un peu bizarre de dire ça comme ça, parce que c'est, évidemment, une énorme boîte avec une infrastructure monstrueuse en termes de technologie et de serveurs, mais, c'est avant tout, enfin le business modèle de Google, c'est d’être la plus grosse régie publicitaire, et la plus efficace possible. Et donc, c'est là-dessus qu'ils basent une grosse partie de leurs revenus : treize milliards de dollars par mois, avec une faute à milliard.

Toujours dans les outils pour développeur, on a Google CDN, qui est là aussi, malheureusement, beaucoup utilisé, y compris par pas mal de sites qui tournent autour du logiciel libre, c'est-à-dire que vous, en tant que développeur, vous avez parfois tendance à utiliser des fontes, donc des polices de caractères qui viennent, en fait, qui sont en provenance de chez Google, tout simplement parce que c'est plus simple, et c'est beaucoup plus rapide à utiliser que de télécharger ces fontes sur son site et puis de les intégrer. Donc, pour gagner quelques minutes, on va tout simplement faire un petit copié collé d'un bout de texte que vient de chez Google, et Google va récupérer exactement les mêmes informations que avec Google Analytics, c'est-à-dire que, puisque vous chargez la police de caractères depuis chez Google, Google sait d'où vos visiteurs viennent, ce qu'ils ont vu comme pages, et, éventuellement, où est-ce qu'ils vont aller.

Dans les outils qui sont largement utilisés aussi, donc nous on travaille essentiellement avec des associations, Google Groups, c'est-à-dire service de listes de diffusion sur lequel, heureusement, enfin heureusement, malheureusement aujourd’hui, il y a un frein, c'est que, la plupart du temps, il faut avoir un compte Gmail pour utiliser Google Groups. Donc, c'est à la fois un mal parce que, forcément, ça pousse les gens à se créer une boîte mail Gmail, et, à la fois, c'est un bien, parce que les gens commencent à se rendre compte que, même si Google ne fait pas payer Google Groups, ça commence à faire un peu tilter les gens de se dire « mais pourquoi est-ce que je devrais me créer un compte chez Gmail et tout ça pour envoyer un message sur une liste de diffusion ».

Dans les outils, on a aussi Google Talk et Hangout, donc qui permettent de faire de la vision conférence et du chat. Et là, je vais déborder un petit peu sur ce qu'on ne voit pas toujours de Google, et là où Google commence doucement mais sûrement à s'implanter, c’est-à-dire, évidemment, les systèmes d’exploitation, le mobile, les Google Glass, etc..

Le premier dont je souhaitais vous parler c'est évidemment le mobile. Qui, ici, a un téléphone Android. Alors, même avec du Cyanogen dedans ? Tout de suite il y a un peu plus... Cyanogen, Replicant ou d'autres. Ça représente, oui, eh bien on est sur la stat à peu près officielle environ 70, 80 %. Est-ce qu'il y en a qui ont des iPhones ? Je pose la question, ça n'a rien à voir avec la conf, mais non ? Là, du coup, on sort de la stat officielle. Donc, clairement, Android, un système qui est aujourd'hui de plus en plus fermé par Google, la publication et le fait de commiter sur les sources d’Android, qui, à la base, étaient quand même relativement libres, même si ce n'était pas du 100 % libres, devient de plus en plus difficile.

Autre service sur lesquels Google s'étend, c'est le paiement sans contact, le paiement par téléphone, avec Google Wallet, qui, pour l'instant, est essentiellement implanté, évidemment, aux États-Unis, mais qui arrive, doucement mais sûrement, en France. Donc là on peut commencer un petit peu à s'inquiéter parce que ça veut dire que Google, en plus de filtrer sur le web, commence aussi à vous suivre sur vos paiements, sur les déplacements que vous faites : où est-ce que j'ai été ? Est-ce que j'ai acheté un muffin au chocolat ou un muffin à la myrtille ? Google, potentiellement, pourra le savoir, et peut le savoir déjà, même aujourd'hui, aux États-Unis.

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On voit que Google sort un petit peu, aussi, du côté web et flicage direct, en proposant des services qui sont extrêmement pratiques, typiquement la Google Car. Donc là j'ai pris, a priori c'est le modèle plus ou moins définitif qui roule aujourd’hui, je crois, sur les routes de Californie, puisque ça fait trois semaines, un mois, je crois, que ça a été autorisé aux États-Unis, le fait de faire rouler les Google Cars donc, sur des vraies routes, pour l'instant, évidemment, avec un chauffeur qui est là pour reprendre la main, au cas où. Mais, forcément, donc là on commence à voir un petit peu l’implication, l’intrication que commencent à avoir les différents services de Google entre « tiens j'utilise un smartphone savoir où va la personne. Donc, potentiellement, lorsqu’elle va monter dans sa voiture, si elle fait le même trajet tous les jours, je vais lui proposer, directement, de l'amener de son domicile à son lieu de travail ». On va savoir à quelle heure elle est partie, à quelle heure elle est revenue, qui est-ce qu'elle a croisé sur la route, etc. Les Google Cars ne sont pas juste des véhicules. Ils sont censés être des véhicules intelligents, évidemment des véhicules intelligents qui vont vous suivre. Je rappelle, au départ c'est juste une boîte qui faisait un moteur de recherche.

Les Google Glass, le projet est, pour l'instant, plus ou moins en stand-by, mais il semblerait qu'il puisse revenir sous peu. Il a un peu fait peur aux États-Unis, parce que, forcément, les défenseurs du droit à la vie privée, et à l'accès aux données personnelles se disaient « mais qu'est-ce qu'on va faire de toutes ces données, parce qu'on va se trimballer avec des Google Glass dans la rue, on va savoir qui est-ce qu'on a croisé. Google va savoir qu'est-ce qu'on a regardé ». Il y a des cafés, tout de suite, qui, à San Francisco, ont interdit les Google Glass en disant « non, les gens viennent boire un café et ils n'ont pas envie de savoir s'ils sont filmés ou pas filmés ; ce n'est pas du tout l’objet » . Donc Google, pour l’instant, a mis le projet en stand-by, mais ça ne veut pas dire, du tout, qu'il ne ressortira pas sous une autre forme, plus tard.

Dans la partie santé, Google, s'intéresse, vous avez à gauche une image de Google Doctor, qui est actuellement en test aux États-Unis. C'est-à-dire, voilà, vous marquez « j'ai mal aux genoux » et vous avez le premier lien « Parlez avec un docteur », docteur qui, aujourd'hui, est validé par Google, et auquel vous allez pouvoir poser des questions, etc. Donc Google s'intéresse évidemment à votre santé. Pourquoi ? Eh bien, parce que votre santé vous importe, et donc, potentiellement, il y a de l'argent à faire derrière, de la publicité, évidemment, mais aussi, pourquoi pas, vendre des services de médecine. Et ce qui a fait un petit peu scandale, c'est que, évidemment, il y avait pas mal de docteurs, de vrais médecins, qui disaient « mais d'où ça, Google a les capacités à valider, ou invalider, les compétences des médecins ? ».

Google travaille évidemment sur les nanoparticules, les nanoparticules et tout ce qui va être nanorobot.

Google achète, en tout cas a acheté en masse des bases de données d'ADN. L'ADN c'est de la data. Google sait traiter de la data en très grosses quantités. L'idée, évidemment, c'est d'utiliser les compétences et l'infrastructure de calcul de Google, pour traiter de l'ADN. Et donc, ça pose de vraies questions, parce que le directeur de la recherche et développement chez Google, donc Ray Kurzweil, est clairement, depuis des années, il ne s'en est jamais caché, affiché comme transhumaniste. Le transhumanisme c'est un courant de pensée qui dit que l’être humain est biologiquement limité, et qu'il a atteint, aujourd'hui, les limites de ce que pouvait porter, supporter son corps, et que, aujourd’hui, la technologie est là pour l'aider. Ça veut dire que Google aujourd'hui, et ce ne sont pas des projets de science-fiction, ce sont des projets qui sont en test aujourd’hui au, je ne sais plus comment s'appelle le département de recherche et développement, le Google Lab, si je dis pas de bêtise, la R&D de chez Google, ce sont des choses qu'ils testent ; par exemple on ingère des nanorobots qui vont tester notre niveau de diabète et qui vont nous prévenir, possiblement sur une montre Google, lorsqu’il va falloir prendre sa dose d’insuline, ou pas.

Google aussi, en 2012, je crois, ou 2013, a racheté différentes sociétés de robotique, et notamment Boston Dymanics, qui était une boîte qui travaillait essentiellement avec l'armée. Et donc, là aussi, ça pose un certain nombre de questions. C'est un peu comme les Google Cars, c'est, vraiment, on voit avancer, petit à petit, le fait que Google souhaite vous accompagner, y compris dans votre vie physique, et pas uniquement sur le côté numérique, à la fois par le téléphone que vous avez dans la poche, et pourquoi pas, plus tard par des robots qui seront chez vous, et qui seront équipés d'une intelligence artificielle quand même relativement poussée, et qui seront là pour vous aider. Là aussi, la question qui se pose derrière c'est, à un moment donné, qui contrôle ces robots ? Qui va, à un moment donné, pouvoir dire, quelqu'un qui tombe « est-ce que le robot est là pour m'aider ? Est-ce qu'il n'est pas là ? ». Comment est-ce qu'on va, à un moment donné, les programmer ? Qui va les diriger ? Et aujourd’hui, ça commence vraiment à faire peur à un certain nombre, pour l'instant d'Américains, parce que je trouve que la France est un peu en retard là-dessus, mais on peut commencer vraiment à s'interroger de savoir qui peut arrêter Google, avant que ça ne devienne possiblement Skynet. Je rappelle que le pitch de Terminator, premier du nom, c’était une intelligence artificielle qui, en gros, dérape, qui était là, au départ, pour assister les humains, et qui, évidemment, trouve que l'humain est un défaut à lui tout seul, essaie de savoir comment est-ce qu'on va éliminer l'humain, et le réduire en esclavage, voire l'éliminer directement.

Donc problème. S'il n'y avait que Google, à la limite, il serait clairement identifié. Aujourd’hui, il n'y a pas que Google. Donc là, les chiffres sont, quand même, en milliards de dollars. Il se trouve, quand même, que Apple est la première capitalisation boursière mondiale. Google est la seconde ou la troisième, et que ces entreprises disposent d'une trésorerie qui est absolument phénoménale, et qui pose un certain nombre de problèmes sur lesquels je reviendrai tout à l'heure. Donc on est face à des géants, des aspirateurs géants de données, et on continue, peut-être pas vous directement, ici, mais globalement, l'immense majorité de la population connectée à Internet, continue de leur donner des données, tous les jours.

Dans les dangers que ça pose, quand on parle de tout ça un peu à des entreprises, ce qui les touche le plus c'est peut-être le frein à l'innovation, c'est-à-dire que, un des soucis principaux qu'on va avoir avec Google et d'autres, c'est que ces boîtes ont tellement d'argent en caisse qu'elles peuvent racheter à peu près n'importe quelle boîte. Ça s'est vu quand Facebook a racheté Whatsapp pour plusieurs milliards de dollars. C’était une boîte qui comptait 52 employés. Forcément, quand on fait un chèque de plusieurs milliards de dollars, c'est assez compliqué de dire non, et ça peut se comprendre, et, du coup, ça pose, aujourd'hui, la problématique suivante, c'est qu'il y a beaucoup de startups qui ont comme business modèle de créer une activité, qu'elle pourront revendre à un plus gros, qui elle-même sera rachetée par un plus gros, et qui finira, tôt ou tard, chez une des cinq boîtes dont je vous parlais tout à l'heure.

Je pourrais citer tous les dangers, mais on y reviendra un petit peu plus tard. Il y en a un qui nous, nous paraît relativement important dans le milieu du logiciel libre, c'est, évidemment, le fait que, d'une part ça collecte les données, et d'autre part que ces logiciels, évidemment, ne soient pas libres. Facebook n'est pas libre. Google, évidemment, est un acteur à la marge du logiciel libre, sur pas mal de choses, mais c'est surtout, et avant tout, un acteur du logiciel propriétaire.

Donc, la question de fond, c'est comment est-ce qu'on évite que Google devienne Googleternet ou Facebookternet, et qu'on ne se retrouve pas, finalement, enfermé par des boîtes qui vont dire « moi je vous câble votre ville gratuitement, je vous mets les voitures qui vont bien, etc ». Et on vivrait, vraiment, avec des services aujourd'hui, des frigos Google, la voiture Google, la console Google, etc.

Tout ça, aujourd'hui, est vraiment en préparation, et c'est d'une logique absolument implacable pour eux, et c'est assez normal dans leur business plan, c'est de dire « on va être au plus près des utilisateurs et, plus on va les servir plus ils vont utiliser nos services, plus on pourra leur proposer de la publicité, plus on va gagner d'argent, plus on va pouvoir leur proposer autre chose ».

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Quelque chose, dont je ne parlerai pas, dont j'avais prévu de parler, parce qu'on est dans le track dans le politique, mais puisque je vous ai dit que je faisais deux confs en une, je vais aller un peu plus vite, je vais en profiter pour regarder où j'en suis. Ça va. C'est, évidemment, la problématique, derrière, de la récupération de ces données par des gouvernements. Si vous avez des questions sur les révélations d'Edward Snowden ou le projet de loi renseignement, je vous rappelle qu'il y a la FFDN qui est là, aujourd'hui, et qui en parlera très bien. Ils sont en bas, ils ont un stand, allez les voir. Vous pouvez, évidemment, vous rendre aussi sur le site de la Quadrature du Net, sur le site de l'April, ou sur le site de pas mal d'associations qui ont traité, plutôt avec brio, ces questions-là, et qui ont réussi, quand même, à sensibiliser une partie du public à ces questions-là.

Donc, j'en reviens à qu'est-ce qu'on fait pour lutter contre ça. Je suis contractuellement obligé, dans mon contrat de travail je dois afficher des chatons dans mes diaporamas. Donc ne vous étonnez pas, ça va changer un petit peu, un petit plus fun, maintenant que je vous ai bien fait peur. Qu'est-ce qu'on fait, nous, association Framasoft pour ça ? Je n'ai pas parlé, au départ, de Framasoft. Framasoft c'est une association loi 1901, aujourd'hui reconnue « jeunesse éducation populaire », qui promeut le logiciel libre et la culture libre depuis une dizaine d'années. Donc on a trois axes, on fait du logiciel libre, de la culture libre et du service libre.

Le logiciel libre, on a un annuaire, historiquement, de logiciels, que vous pouvez aller visiter. Voilà, je cherche, on est un peu les pages jaunes du logiciel libre, je cherche un logiciel pour faire de la retouche d'images, eh bien on va vous parler de Gimp, d'Inskape, etc. On a des projets autour du logiciel libre comme la Framakey ou le FramaDVD, dont je ne parlerai absolument pas aujourd'hui.

Sur la partie culture libre, on édite le Framablog, qui est un des principaux blogs qui s'intéressent à la culture libre, donc à comment est-ce que le logiciel libre et les valeurs du logiciel libre influent sur le milieu de la culture libre et interagissent, parce qu'aujourd'hui ce n'est pas juste de l'influence, c'est vraiment de l'interaction. On essaye de faire des articles plutôt grand public, essentiellement issus de traductions, puisque les Français ont, apparemment, beaucoup de mal avec l'anglais. En culture libre aussi, on a un projet qui s'appelle Framabook, qui est une petite maison d'édition, qui compte aujourd'hui 25 ouvrages, je crois, qui sont tous publiés sous licence libre. Je vous encourage à aller voir le site Framasoft, vous trouverez les trois axes donc logiciel libre, culture libre et services libres.

Et donc qu'est-ce qu'on a fait pour essayer, un petit peu, de résoudre, à notre toute petite échelle, cette problématique ? On s'est dit « bon on n'est pas contents, mais on n'est pas vraiment informaticiens qu'est-ce qu'on va faire pour lutter contre Google ? » Et on s'est dit « bon, aller, on va essayer quelque chose. On sait qu'on n'est pas contents. On qu'il y a un vrai problème de fond, mais on n'est pas développeurs de logiciels, on ne porte pas un logiciel, on porte plutôt une sensibilité, porte d'entrée, comment est-ce qu'on accueille le public, comment est-ce qu'on va le sensibiliser à ces questions ». Et donc, on a décidé de s’attaquer à Google. Alors, on a comparé.

Google soixante milliards de chiffre d'affaires, je crois que c'est le chiffre 2013, peut-être 2014. Trois milliards de bénéfices, plus de cinquante mille employés, donc ça, ça compte les employés qu'ils ont intégrés relativement récemment. Sauf que, évidemment, ils ont, en fait, des centaines de milliers de prestataires, il y a vraiment des centaines de milliers d'emplois qui dépendent de Google, ce qui nous, nous pose problème quand on dit qu'on essaye de lutter contre l'hégémonie, un petit peu, de GAFAM. Évidemment, quand on dit que ce sont des millions d'emplois au travers de la planète entre Google, Microsoft, et d'autres, on passe, un peu, pour des empêcheurs de créer de l'emploi en rond. Ce qui est un peu compliqué. Il y a avait deux millions de serveurs Google en 2008, c'est le dernier chiffre officiel qui existe, je crois. Donc 2015, je vous laisse imaginer combien il peut y avoir de serveurs chez Google aujourd'hui, sachant que Google est un des principaux producteurs de serveurs dans le monde. Il produit lui-même ses serveurs qu'il se rachète à lui-même, en quelque sorte.

Framasoft, c’était 158 000 euros de recettes, essentiellement qui proviennent de dons, à plus de 80 %. Le reste provient de quelques prestations qu'on peut faire et de ventes de tee-shirts, goodies, etc. Mais sinon, l'immense majorité de nos ressources provient des dons. C’était 10 000 euros de perte en 2013. Aujourd'hui c'est 2,7 salariés, je suis désolé pour le « virgule sept » Pouhiou, qui n'est pas à temps plein, on ne l'a pas coupé en rondelles. C'est une trentaine de membres, avec, évidemment, une communauté qui est beaucoup plus large derrière, puisqu'on a quand même, du coup, plusieurs milliers de donateurs qui nous soutiennent chaque année. Et c'est, aujourd'hui, on a réussi à réduire le nombre de serveurs pour faciliter la maintenance, et une vingtaine de machines virtuelles, pour gérer, en tout, on va dire plus d'une centaine de services qui comptent, eux-mêmes, en gros, une grosse quarantaine de produits différents. C’est-à-dire qu'on a du média wiki, du pmwiki, du Spip, du Drupal, du EtherPad, du EtherCalc, etc. Ce qui réclame, quand même, beaucoup de travail pour nos pauvres adminsys. C'est un gros boulot, mais on est plutôt contents de la façon dont on arrive à le faire.

Donc on n'est rien. On est trente-huit mille fois plus petits que Google, mais on s'est dit quand même on va y aller, on n'a peur de rien, allons-y. Donc, en octobre 2013, on a commencé à manger la pâtée de notre chien, c'est-à-dire à s'appliquer à nous-mêmes les principes qu'on voudrait que le grand public adopte. C'est-à-dire que nous, on utilisait massivement les services de Google, et quand je dis massivement, ça veut dire nos mails étaient chez Google. Quand vous écriviez à pyg@framasoft.org, ils passaient par les serveurs de Google. Quand vous vouliez travailler sur la liste de diffusion, la liste de discussion Framalang, le groupe de travail Framalang, qui fait les traductions, c’était chez Google Groups. Lorsque vous alliez sur un site Framasoft, les stats utilisaient Google Analytics. On avait même de la publicité ! Honte sur nous. Donc entre octobre 2013 et octobre 2014, on a tout viré.

Applaudissements

Merci. Ça nous a pris un an. Ça a été un petit peu long. C'est assez difficile, je pense que là, il faut être honnête. Quitter Gmail quand ça fait des années qu'on utilise Gmail, ce n'est pas forcément une sinécure, ce n'est pas forcément simple. Évidemment il y a Thunderbird, il y a plein d'outils super bien dans le monde du Libre pour ça, mais changer ses habitudes, perdre en confort d'utilisation qu'on avait, à un moment donné, parce qu'il y a une conduite du changement qu'il faut suivre, eh bien c'est compliqué, c’est parfois douloureux, enfin Richard Stallman qui va suivre derrière moi, vous dira que la liberté a un prix, elle a une valeur, et que donc, il faut aussi être prêt à ça, de toutes façons.

Donc, en octobre 2014, c’était ce dont je vous parlais tout à l'heure, on a décidé de lancer une campagne, il me reste moins de vingt minutes, qui s'appelle « Dégooglisons tiret internet point org ». Vous voyez qu'on a repris l'imagerie un peu, d'Astérix et Obélix, pour dire qu'il fallait, à un moment donné, résister. La conf s'intitule « Décoloniser le web », le fait est que, pour nous, il y a vraiment un problème de colonisation, petit à petit, de substitution de services libres qui existaient, qui étaient d'une grande diversité, par des services fermés, propriétaires, privateurs, et gratuits, de Google, Facebook, etc. Et c'est ce gratuit qui attire, évidemment, le grand public. On vous rappelle, enfin, là je vous renvoie aux confs de Tristan Nitot, qui vous explique très bien pourquoi si c'est gratuit c'est vous le produit. Il prend cet exemple souvent du cochon, enfin ce sont deux cochons qui sont une porcherie, il y en a qui fait « c'est vachement bien ici, on est nourri, logé ». L'autre fait « , en plus, du coup la porcherie est gratuite, on est vachement bien ». Et voilà. Et c'est un peu ça, aujourd'hui, malheureusement.

Cinq minutes ! Ça ne va pas être possible. On a commencé avec vingt minutes de retard. Je ne bougerai pas, il faudra venir me chercher, appelle la sécurité, Marie !

28' 12

Donc qu'est-ce qu'on a fait depuis un an ?