Formation au numérique solution à crise et chômage

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Titre : La formation au numérique : une solution à la crise et au chômage de masse ?

Intervenants : Fatiha Gas, Roberto Di Cosmo,Kwame Yamgnane

Lieu : Paris, Open World Forum

Date : Octobre 2013

Durée : 38 min 38

Lien vers la vidéo : [1]


00' transcrit MO

Présentateur : Bonjour à tous. Donc on est en tout petit peu en retard comme vous avez dû vous y attendre. Si vous pensez voir les sujets suivants il faudra attendre un tout petit peu. Là on va parler d'une question qui dépasse le logiciel libre et qui est pourtant portée aujourd'hui par des acteurs du libre. On parle beaucoup de chômage de masse, on parle beaucoup de problèmes d'emploi et de l'autre côté on a une économie numérique qui est en très forte croissance, qui génère beaucoup d'emplois, dans laquelle les entreprises se plaignent de ne pas avoir assez de compétences. La question du panel aujourd'hui c'est est-ce qu'on a une solution ? On a des cycles longs, on a des cycles courts, est-ce qu'on a vraiment une solution aujourd'hui pour combler ce besoin de compétences en France et dans une logique peut-être soit de court terme soit de moyen terme ? On va commencer par la première personne à ma droite.


Fatiha Gas : Par les dames. C'est ça.


Présentateur : Par les dames, oui.


Fatiha Gas : Bonsoir à tous. Je voudrais commencer d'abord par réagir à la remarque qui a été faite tout à l'heure qui disait que les formations ne sont pas bonnes. Je dis et je répète les formations sont bonnes, elles sont bien pensées, mais parfois elles ne sont pas forcément pensées en adéquation avec le besoin des entreprises. Et pour que ces formations soient pensées en adéquation avec votre besoin il faut qu'il y ait plus de dialogue, il faut qu'il y ait plus de partage, plus de travail en commun pour qu'on réussisse à mettre, entre guillemets sur le marché, un produit qui convienne aux entreprises. Voila, ça c’était ma première remarque. La seconde par rapport à est-ce qu'il y a une solution ? Eh bien ma foi s'il y avait une solution je crois qu'on ne serait pas là.


Présentateur : Très bien. Alors là il y a une question, je connais un peu Roberto. Il va beaucoup avoir aimé le côté « on met un produit sur le marché » en parlant d’étudiants qu'on va former. Par rapport à ça justement aujourd’hui il y a différentes notions. Aujourd'hui on doit former des ingénieurs, on doit former des développeurs, on a des cursus en France, on a un historique même d’enseignement qui est fort. L'idée ce n'est pas remettre en cause cet historique mais d'où vient ce sentiment aujourd'hui partagé par des entreprises et certaines activités, de ce décalage entre la demande d'emploi et l'offre aujourd'hui ? Roberto !


Roberto Di Cosmo : Est-ce que je peux répondre à une question différente de celles que tu as posées ?


Présentateur : Oui tu as le droit.


Roberto Di Cosmo : Je vais essayer de le faire quand même. Je vais juste revenir un instant sur une question qui me parait très importante. Ça a été évoqué tout au long des interventions antérieures par Patrice, par Tony. On a besoin de plus en plus de faire en sorte qu'on prenne conscience de l'importance essentielle du logiciel dans notre vie d'aujourd'hui, donc de la compréhension du logiciel, de la maîtrise de ce logiciel. Maîtriser le logiciel est essentiel pour maîtriser finalement nos vies. Vous savez que ce sont les logiciels qui contrôlent nos vies aujourd’hui. Ça ne se résume pas juste à répondre aux besoins d'entreprises qui ont besoin d'embaucher un peu plus d'ingénieurs. Évidemment ce serait une partie de la question mais ça ne s’arrête pas là.

Je vais essayer de donner quelques éléments de réponses et des réflexions. Si vous regardez un instant on vit aujourd'hui une révolution industrielle majeure. L'arrivée de l'informatique fait en sorte que tout un tas de choses qui étaient difficiles à faire aujourd'hui disparaissent parce qu'il y a des automatismes pour les simplifier, on construit des programmes qui remplacent des personnes anciennes et on a une grosse tendance de la part d'un certain nombre d’entreprises d'essayer de transformer l'ensemble de la population en utilisateurs plutôt qu'en acteurs du logiciel. C'est pour ça que finalement on ne s'étonne que trop tard du fait que notre vie privée est compromise, que nos connaissances sont prises en otage, que nos données disparaissent, etc, alors que ce devrait être quelque chose d'assez évident, qui était assez évident pour un certain nombre d'entre nous. Si on veut répondre à tout ça, il est absolument important que la plus grande partie de la population, donc pas seulement les ingénieurs qu'on va former dans nos écoles aient une bonne idée, un bon modèle mental, de ce qu'est un ordinateur, ce qu'est l'informatique, ce qu'est cette révolution qui est en train de changer nos vies. Il n'y a pas d'autre façon, c'est triste à dire, il n'y a pas de choses gratuites dans la vie, si vous voulez avoir un bon modèle mental de quelque chose, il faut mettre la main dans la pâte, jouer avec, essayer d’apprendre. Les mathématiques, on apprend dès qu'on est tout petit, on commence à compter sur nos doigts, un, deux, trois, quatre, puis on fait trois plus deux, deux plus trois, on s'aperçoit que c'est la même chose, on apprend la commutativité, etc, depuis qu'on est tout petit.

Qu'est-ce qui se passe avec les logiciels ? Eh bien les logiciels, on a essayé de faire des efforts, des très bonnes volontés, mais insuffisantes, c'est-à-dire mettre des enfants devant des ordinateurs pour jouer avec des traitements de texte ou des jeux vidéos. C'est sûrement très intéressant pour leur faire perdre la peur du mulot, de la souris, mais ça ne leur donne pas un modèle mental de ce qu'un ordinateur peut faire. C'est absolument essentiel qu'ils apprennent à coder, à savoir aussi qu'elle est limite du code. Un certain nombre de choses que des chercheurs ont découvert il y a très longtemps, il ne faut pas que ce soit caché parce que c'est difficile. Il y a des résultats importants. On ne peut pas tout faire avec un ordinateur. Il y a des résultats limitatifs importants et ça il faut que ce soit porté à la portée de tout le monde de la façon la plus large possible. C'est essentiel pour que cette révolution informatique dans laquelle on vit soit profitable pour tout le monde.

Maintenant je vais arriver à la réponse. Je vois le temps qui passe. Je vais essayer de m’arrêter relativement vite. Après pour ce qui concerne les formations en France, la France vit dans un monde un petit peu paradoxal, parce que souvent on nous dit : « En France vous avez des personnes qui sont des ingénieurs, des développeurs fantastiques mais ils se tirent tous pour aller s'installer en Californie, là où il y a 150 000 ingénieurs par ailleurs ». C'est complètement fou. Regardez un instant. Il y a un paradoxe un peu chez nous qui n'existe pas ailleurs. Regardez aux États-Unis, les meilleurs étudiants sont dans les meilleures universités, en contact avec les meilleures équipes de recherche qui leurs transmettent dans le cadre de leur formation une vision de qu'ils pensent va être le monde dans dix ans, dans quinze ans. Ces étudiants sortent avec une avance technologique formidable.

Ici en France, pour des raisons qui me dépassent, étant italien je n'ai pas vécu ça, je le découvre maintenant avec mes enfants, l'idée c'est on essaye de prendre les meilleurs étudiants possibles, on les met dans des écoles, séparés, dans lesquelles on ne met pas les laboratoires de recherche ou les personnes qui font du développement technologique super avancé et dans lesquelles on essaye de répondre un peu trop directement aux besoins directs des entreprises. Je pense que là c'est une erreur fondamentale. Il faut remettre en contact tout ça : la recherche, l’enseignement et le développement. N’oubliez qu'en France vous avez une énorme quantité de contributeurs au monde du logiciel libre, qui est issue du monde de la recherche, on l'a vu ce matin, pas que et heureusement, pas que issue du monde de la recherche, mais c'est un avantage compétitif énorme dont il faudrait tirer partie et ne pas se laisser juste, disons, bloquer par l’ancien carcan dans lequel on est habitué dans la séparation écoles d'ingénieurs, universités, etc. Tout ceci il faut le remettre en question et essayer de remettre un peu plus de contact entre l'activité d'innovation moderne dont on dispose et l'enseignement qu'on donne qui ne peut pas, je le répète ça c'est mon rôle d'académique de le rappeler, ne peut pas se résoudre en formation spécifique pour les besoins ponctuels d'une entreprise aujourd'hui

7'42

Présentateur : D'accord.