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'''Titre :''' Droits et libertés sur Internewt
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Transcription publiée [https://www.april.org/droits-et-libertes-sur-internet-jeremie-zimmermann ici] en janvier 2017
 
 
'''Intervenant :''' Jérémie Zimmermann
 
 
 
'''Lieu :''' Toulouse Hacker Space Factory
 
 
 
'''Date :''' Mai 2015
 
 
 
'''Durée :''' 1 h 00 min 40
 
 
 
'''[https://vimeo.com/128188399 Lien] vers la vidéo'''
 
 
 
 
 
==00' transcrit ''MO''==
 
 
 
Je suis très content d’être ici parce que, eh bien voila, parce que c'est la famille, ce sont les copains ; parce que, d'année en année, même si j'ai manqué l'édition de l'année dernière, on sent à quel point et d'une le discours politique évolue, devient de plus en plus mûr, à quel point la réflexion se projette, de plus en plus, dans la partie politique des conférences ici, et, en même temps, combien les interactions avec les artistes, la culture, la musique, les machins qui clignotent dans tous les sens, se fait, là aussi, de plus en plus en profondeur, et ça, en soi, par la pratique, confirme une bonne partie de ce dont on va discuter ici. Ce qui m'amène à un point.
 
 
 
Je suis Jérémie, je suis cofondateur de la Quadrature du net, plus opérationnel à plein temps comme je l'ai été pendant six ans et demi, depuis maintenant un an, et j'ai envie, aujourd'hui, de vous raconter une histoire, pour qu'en fait on se réapproprie le ''storytelling'', un anglicisme qui commence, se raconter des histoires ; se raconter des histoires parce qu'on a un petit peu perdu l'habitude de ça, voire on ne l'a jamais prise, et parce que, toute la journée, on s'en fait raconter des histoires. On se fait raconter des histoires de terrorisme, des histoires de sécurité, des histoires de renseignement, de police. On se fait raconter des histoires d'informatique de confiance, de réseau intelligent, de services priorisés et de choses comme ça. Et, vous allez voir l'idée, c'est une espèce d'expérience que j'ai commencée la semaine dernière à Berlin, qu'on va poursuivre ici, une expérience, donc, de ''storytelling'' et de comment s'approprier, se réapproprier les moyens du discours et de l'action politique au travers d'histoires.
 
 
 
L'histoire que j'ai choisie, vous l'aurez tout de suite reconnue, c'est celle du ''Terminator''. On dit ''Terminator'' comme ça en langue des signes, ''Jérémie se frappe le front avec le côté de la main''. Donc l’histoire du ''Terminator'', c'est le film de James Cameron, de 1984, que vous avez peut-être tous vu ? Qui n'a pas vu le film ''Terminator'' ici ? Peu de gens. Je vous invite à le voir. Quand j'avais une douzaine d'années, il me semblait que c’était un super film d’action avec Arnold Schwarzenegger, et, quand on le regarde aujourd'hui, on s'aperçoit que c'est, en fait, une page de satire sociale et politique. Et l'hypothèse que je vais mener ici c'est qu'on est, en réalité, déjà, dans le monde du ''Terminator''. Alors pourquoi je trouve ça intéressant ? Pourquoi je trouve ça amusant ? Parce que le terminator c'est un objet qui fait aujourd'hui partie de l'inconscient collectif, vraiment, on ne dit pas ''mainstream'', mais du grand public et qui évoque, pour tout le monde, quelque chose d'effrayant. Le terminator, c'est une machine qui évoque quelque chose d'effrayant chez à peu près tout le monde. Arnold Schwarzenegger, son fort accent autrichien, les armes automatiques et pas tant d’effets spéciaux que ça dans la première mouture font de l'ensemble quelque chose qui a marqué les esprits. On se souvient tous de ce robot dont la caractéristique principale était le caractère implacable. On se sentait dans la peau de Sarah Connor et de Kyle Reese pendant tout le film, à ne pas pouvoir échapper au terminator, à être convaincu qu'on n'allait pas être capable d’échapper au terminator.
 
 
 
Et donc l’histoire du terminator m'intéresse à plus d'un titre, parce que c'est une version modernisée du mythe du cyborg, que l'on trouve aux confins de la science-fiction, et, comme dans une bonne partie du reste de la science-fiction, pose la question de l'interaction entre l'homme, l'humain et la machine. Et que cette question de l'interaction avec la machine, notre rapport en tant qu'humain, en tant qu'individu à la machine est, je pense, profondément bouleversé, au point que dans l'esprit de chacun, on se fait des histoires. On s'est monté des histoires sur ce qui était notre rapport aux machines et que la réalité est, à mon sens, tellement loin de ces histoires que l'on s'est montées, que voilà ! Par le biais d'une histoire j'ai envie de vous amener sur ce terrain-là. Donc dans ''Terminator'', on se souvient il y a ce héros venu d'un autre âge, Kyle Reese, qui est envoyé du futur pour prévenir Sarah Connor. Kyle Reese va expliquer à Sarah Connor, qui est une humaine comme les autres, insouciante, qui écoute son walkman, de la disco dans son walkman, walkman Sony, ''product placement'' pardon, un placement produit particulièrement efficace, Sarah Connor fait sa gym en écoutant son walkman en mangeant de la ''junk food'', en préparant son rencard du soir, quand débarque Kyle Reese pour lui expliquer une réalité, pour lui expliquer une vérité à laquelle elle ne peut échapper et dans laquelle elle deviendra, malgré elle, l'actrice principale. En fait, l’histoire de ''Terminator'' c'est, quelque part, la capacitation de Sarah Connor, qui va se retrouver nez à nez avec les dures réalités, qui ne sont pas exactement celles de son temps, mais qui sont les réalités dans lesquelles elle baigne, malgré elle.
 
 
 
Donc, on ne va pas parler ici, sauf si vous me le demandez, et d'une de tactique impliquant des armes automatiques ou des explosions, et de deux, de voyage dans le temps. Si quelqu'un, parmi vous, possède la technologie pour le voyage dans le temps, je vous remercierai de venir me parler avant la conférence, sinon on pourra peut-être en discuter tout à l'heure.
 
 
 
La technologie dans ''Terminator'' et la technologie du terminator. Pour les besoins de la traduction et des autres, je vais vous lire ça en français. Donc Sarah Connor demande à Reese : « ''I don't understand'' ; je ne comprends pas », parce qu'au début elle un petit peu une cruch,e Sarah Connor. Après elle ! Voilà (''geste avec le pouce en l'air''). Je ne comprends pas. Non, non, c'est le film qui est comme ça, au début elle est cruche et elle s'''empower'' et c'est bien l'histoire de son ''empowerment'', mais comme dans toutes les histoires, évidemment, les personnages ont des traits de caractère très marqués et, effectivement, au début de l’histoire, on pourrait considérer que Sarah Connor est dépeinte, de façon sexiste, comme une cruche, mais ça s'améliore.
 
 
 
Reese lui répond : L les ordinateurs du réseau de la défense ». Là, déjà, peut-être que ça va évoquer quelque chose chez certains. On pourrait remplacer défense par sécurité nationale, enfin nationale de quelqu’un, nouveau, puissant, branché dans tout, à qui l'on fait confiance pour tout faire tourner. ???passage ???. L'histoire dit que c'est devenu intelligent, une nouvelle forme d'intelligence, puis il a vu tous les gens comme une menace, pas seulement ceux du côté d'en face. Il a décidé de notre destin dans une microseconde, l'extermination. Donc ça c'est l'histoire du ''Terminator'', c'est l'histoire d'un réseau d’ordinateurs qui
 
 
 
1/ est branché dans tout
 
 
 
2/ à qui l'on fait confiance pour tout
 
 
 
3/ qui voit tous les gens comme une menace
 
 
 
et
 
 
 
4/ qui décide du destin de l'humanité.
 
 
 
Dans ''Terminator'', Kyle Reese est identifié par ce qui s’apparente à une sorte de code barre, un identifiant unique qui permet aux machines de l'identifier à tout moment. On n'est pas dans la science-fiction, vous voyez, on a tous dans notre poche, soit un passeport biométrique, une carte d'identité biométrique, soit un ordinateur mobile, connecté plus en moins en permanence à un réseau téléphonique, une carte de crédit et autant d'appareils identifiants auxquels il est particulièrement difficile d'échapper, en tout cas d'échapper dans leur ensemble. Le seul fait d'avoir un compte Facebook ou un compte Google, puis de ne pas être logué dessus et de continuer votre navigation, par l'identifiant unique de Facebook dans votre navigateur, ou l'identifiant unique de Google dans votre navigateur, permet à Facebook ou à Google de savoir à coup sûr qui vous êtes lorsque vous consultez n'importe quel page contenant un bouton ''like'', une publicité par Google, un morceau de JavaScript par Google, une fonte servie par Google ou un moteur d'analyse par Google derrière. Donc cette identification unique des individus, mon point ici est que dans notre rapport quotidien à l'informatique, notre rapport quotidien aux technologies est déjà une réalité.
 
 
 
==10' 05==
 
 
 
Vous vous souvenez dans les années 90 on disait
 

Dernière version du 24 janvier 2017 à 08:42


Transcription publiée ici en janvier 2017