Des algorithmes à l'art de gouverner les hommes

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Titre : Des algorithmes à l'art de gouverner les hommes : face au numérique, sommes-nous tous Moutons ?

Intervenants : Tristan Nitot - Philippe Vion-Dury - Yaël Benayoun - Irénée Regnauld - Représentant de Mediaschool

Lieu : Institut Européen de Journalisme - Paris

Date : Mars 2017

Durée : 1 h 25 min 22

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Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

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Représentant de ??? :Ici, c’est un lieu d’apprentissage, de réflexion, d’expérience et c’est la raison pour laquelle lorsqu’on m’a demandé si nous pouvions vous accueillir ici ce soir pour le Mouton numérique, eh bien j’ai naturellement accepté. Donc ce soir vous êtes ici chez vous. On verra si nous sommes tous des moutons numériques ou pas. En tout cas je vous souhaite de passer une très belle soirée. Je crois qu’elle va être riche et intéressante vu les invités, les intervenants que vous avez. En tout cas bravo pour cette initiative.

Irénée Regnauld :Merci.

Applaudissements

Irénée Regnauld :Bonsoir. Je m’autorise une petite parenthèse de cinq minutes pour vous présenter le déroulé de la soirée, le Mouton numérique, et puis on va peut-être un tout petit peu parler du sujet.

Tout d’abord soyez les bienvenus. Merci d’être venus pour cette première rencontre qui ouvre le cycle de débats du Mouton numérique pour 2017. Il y aura six débats, c’est le premier, donc encore merci de votre présence.

Pour commencer je vais déjà remercier Mediaschool qui nous accueille ce soir, comme vous venez de voir. Ils ont activement participé au montage de cette première, la régie, la salle, etc. Également l’agence Mélocotonfilms au bout, qui filme, qui nous apporte la partie régie. Cet événement va être streamé sur YouTube donc vous pouvez, si vous le voulez évidemment, utiliser les réseaux sociaux et notamment Twitter avec le hashtag MoutonNum qui est juste là.

Vous verrez, il y aura tout à l’heure des tables dehors avec les ouvrages de nos intervenants, donc des ouvrages qui seront vendus par la librairie l'Attrappe-Coeurs qui est aussi partenaire de l’événement. Et enfin mais pas des moindres la Quinzaine Littéraire qui n’est pas là ce soir mais qui sera également vendue et qui est aussi partenaire de l’événement.

Le Mouton numérique. Nous sommes une association avec une ambition, montée avec une ambition : éclairer la société qui innove. Le faire avec de la justesse, de la bienveillance, avec le souci du débat contradictoire, le souci, toujours, de garder l’esprit critique sur la chose numérique et de sans cesse raccrocher cet esprit critique à ces solutions concrètes, au moins quand elles existent ; ce n’est pas toujours le cas, évidemment.

En somme c’est quoi ? C’est prendre ce que les penseurs, les intellectuels ont à nous dire, mettre en face ce que font les gens sur le terrain, dans la réalité, faire et penser, penser et faire, sans dissocier les deux, évidemment. On fait tous les deux dans la vie, on en est conscients, nous les premiers.

Pour le format de ce soir, on part sur une petite heure d’échanges avec ces messieurs et Yaël. Ensuite on réservera le temps qu’il faudra pour les questions et on espère que vous aurez des questions, c’est quand même le but. Ensuite on organisera un pot juste dans la salle en face. Vous y êtes conviés évidemment, on vous ouvre les bras là-dessus. L’évènement est gratuit. On souhaiterait conserver des évènements gratuits. Cependant une participation volontaire est possible si vous souhaitez nous aider dans cette démarche.

Tristan Nitot :Donc la sortie est payante, en fait !

[Rires]

Irénée Regnauld :Voilà, c’est ça. Ce ne sont que 40 euros, ça va. Sachant que ces 40 euros serviront à deux choses : d’abord l’autofinancement de l’association, évidemment, d’une part.

Tristan Nitot :Et la Porsche.

Irénée Regnauld :Et la Porsche, voilà exactement, c’est ça !

Tristan Nitot :Et puis les assistants parlementaires, etc.

Irénée Regnauld :Mais sachez qu’on a quand même très envie de prendre tout ce qui sera en supplément, et il y en aura, pour récompenser chaque année un prix de l’innovation Mouton qui sera décerné à une initiative innovante, sociale, solidaire, puisque, en tout cas pour nous en tant que Mouton numérique, l’innovation ce n’est pas seulement une question de technologie, c’est rendre la vie des hommes et des femmes plus facile. Évidemment, quand j’ai dit ça je n’ai un peu rien dit, parce que rien n’est aussi simple, enfin rien n’est simple plutôt, et on n’est pas du tout les seuls à penser qu’innover c’est améliorer la vie des gens. Pas du tout ! En voilà une affirmation bien banale !

Finalement, si vous vous mettez depuis la perspective d’une société qui vendrait par exemple des vidéos en ligne, faciliter la vie des gens ce serait faire en sorte que la prochaine vidéo que vous allez regarder vous n’ayez pas franchement à la choisir. Éventuellement, qu’on la choisisse pour vous. Si vous vous mettez depuis la perspective d’une société qui vendrait par exemple des assurances, améliorer la vie des gens ce serait faire en sorte que vous conduisiez mieux, ou que vous vous conduisiez mieux, ce qui est quand même totalement différent. Donc vous voyez sans doute où je veux en venir, je pense, déjà. Là où je veux en venir c’est que, il y a 70 ans exactement, en 1947, l’immense Norbert Wiener, le mathématicien qui fut parmi les gens qui sont aujourd’hui à l’origine de l’informatique, forgeait ou plutôt reprenait le terme cybernétique.

La cybernétique c’est quoi ? La cybernétique c’est l’art de gouverner les hommes. Alors aujourd’hui on parle de cybernétique, on parle aussi d’algorithme et on parle même de gouvernementalité algorithmique. Alors un algorithme, c’est quoi ? On va le voir pendant toute la séance, mais je vais déjà faire un petit peu de teasing. Un algorithme c’est une suite d’instructions qui permet de résoudre un problème. Il y en a plein sur Internet, dans les exemples que je vous ai donnés tout à l’heure. Une suite d’instructions, au final c’est un peu une machine qui résout un problème. Une machine qui peut aussi, éventuellement, en créer des problèmes, puisque comme toute machine, comme toute technique, elle couvre des enjeux qui sont des enjeux politiques, des intérêts, éventuellement économiques, des projections et même parfois des conflits.

Pour en parler ce soir, on a le plaisir, même l’honneur de recevoir deux invités. D’abord Tristan Nitot. Tristan Nitot qui est hacktiviste avec un h, qui est un des dirigeants de la start-up CozyCloud et qui a également fondé l’association Mozilla Europe en 2003. Il est l’auteur de l’ouvrage Surveillance:// Les libertés au défi du numérique : comprendre et agir.

Pour lui donner la réplique, on a aussi le grand plaisir de recevoir Philippe Vion-Dury, je ne sais si on peut aussi l’appeler un hacktiviste. Peut-être ?

Philippe Vion-Dury :Non !

Irénée Regnauld :Non ! Tant pis. Il est journaliste et c’est déjà bien. Il est auteur d’un livre qui s’appelle La nouvelle servitude volontaire : enquête sur le projet politique de la Silicon Valley.

Et bien sûr pour animer cet échange on a aussi le plaisir et honneur d’avoir Yaël Benayoun, cofondatrice du Mouton numérique. Bon débat.

Applaudissements

Yaël Benayoun :Merci à tous. Est-ce que vous m’entendez tous ? On commence comme ça. Super ! Déjà, je ne vais pas revenir sur tout ce qu’a dit Irénée. On est vraiment très heureux de commencer cette soirée ici avec vous. Et c’est vrai que quand on a monté le Mouton numérique, il y a un peu la question qui est revenait toujours c’est : « Mais pourquoi vous voulez montrer que le numérique est politique ? » Évidemment, ce n’est pas si évident pour tout le monde. Et du coup, c’est peut-être par ça que je vais commencer. C’est par vous demander, en fait, comment vous avez eu cette, on va dire prise de conscience ou ce déclic que peut-être le numérique et les algorithmes en l’occurrence, c’est un peu plus compliqué que juste une petite suite d’opérations comme vient de le dire Irénée. Donc voilà, Tristan si tu veux bien commencer.

Tristan Nitot :On avait dit qu’on se vouvoyait, quand même.

Yaël Benayoun :Alors on se vouvoie !

[Rires]

07’ 27

Tristan Nitot :D’accord.