Différences entre les versions de « DRM, l'overdose - Marie Duponchelle et Magali Garnero »

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'''Titre :''' DRM, l'overdose
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Publié [https://www.april.org/drm-l-overdose-marie-duponchelle-et-magali-garnero ici] - Mars 2018
 
 
'''Intervenants :''' Marie Duponchelle - Magali Garnero
 
 
 
'''Lieu :''' Université de technologie - Compiègne
 
 
 
'''Date :''' novembre 2017
 
 
 
'''Durée :''' 1 h 44 min
 
 
 
'''[https://webtv.utc.fr/files/videos/1512478972da891-sd.webm Visualiser la conférence]'''
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Statut :''' Transcrit MO
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
<b>Marie Duponchelle : </b>Merci beaucoup. Bonjour à tous. Je vais démarrer le temps que l’autre intervenante Magali qui arrive de Paris arrive puisqu’on a les aléas de la SNCF. Elle a voulu quitter Paris et voir ce que c’était la province, elle s’en est rendu compte très vite. Elle est là d’ici cinq-dix minutes. On fonctionne en binôme généralement, mais il n’y a aucune difficulté, je peux démarrer sur la problématique des DRM sur laquelle on intervient très souvent dans le cadre de l’April. Puisque moi je suis donc membre de l’April ; c’est une association de promotion des logiciels libres. On est basé à Paris et Magali est également basée à Paris. Elle vous expliquera un peu son profil qui est différent du mien.
 
 
 
Ma particularité : je suis avocat à Compiègne et j’interviens aussi beaucoup à Paris parce que vous imaginez qu’il n’y a pas beaucoup d’informaticiens à Compiègne qui sont préoccupés par les problématiques de DRM et d’interopérabilité. On en reparlera. J’ai notamment travaillé, donc j’ai fait ma thèse sur tout ce qui est problématique de DRM et d’interopérabilité. Et je vous parlerai, là pour le coup je parle à un public d’informaticiens, sauf erreur de ma part, je vous parlerai donc des problématiques que j’ai concrètement avec certains de mes clients dont un dont je pourrai vous parler en particulier puisqu’on a rendu public le dossier : ce sont donc les membres de l’association VideoLAN qui gèrent le logiciel VLC, que vous devez j’imagine connaître, et vous donner un exemple concret de problématique.
 
 
 
Comment on va intervenir concrètement ? Je vais vous définir ce que sont les DRM, avec Magali, donc qui vous mettra son volet, elle, purement pratique puisqu’elle travaille dans le domaine du livre et notamment des e-books. Et on verra en quoi ça pose des difficultés et en quoi vous en particulier, informaticiens, vous risquez des condamnations très lourdes si vous faites joujou avec les DRM comme beaucoup font quand ils ont envie de réussir à mettre en œuvre un système qui lit à peu près toutes les plateformes, tous les formats et tout ça, puisque concrètement c’est ça que ça bloque, et on va voir véritablement cette problématique-là. Et on va voir que vous, concrètement, vous pouvez avoir une action, en fait, sur les DRM et vous pouvez avoir vous, en tant que futurs informaticiens, futurs chefs d’entreprise j’espère, une action on va dire de lobbying pour que ça change, parce qu’il va falloir que ce système change. Parce que si vous voulez vous pouvoir innover et pouvoir développer des logiciels interopérables et donc qui ne portent pas atteinte au système des droits d’auteur et de propriété intellectuelle, il va falloir qu’on fasse bouger les cases et on vous expliquera comment nous à l’April on essaye, avec nos petits moyens, de faire bouger les cases concrètement.
 
 
 
Un DRM, la première qu’on m’en a parlé vous imaginez très bien, je ne suis pas informaticienne, la première fois qu’on m’en a parlé, c’étaient des informaticiens qui m’ont dit : « Tu penses quoi des DRM ? — Pff ! » Je ne savais même pas ce que c’était, concrètement, et j’étais incapable de définir, incapable de voir ce que c’était. C’est vraiment un truc à la base purement informatique qui doit être vulgarisé pour qu’on puisse le comprendre et que vous, vous puissiez comprendre.
 
 
 
Et vous voyez la magie du direct, l’arrivée de Booky au moment de l’introduction. Bonjour Booky.
 
 
 
[Applaudissements]
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Bonjour ! J’ai dû pousser le train, mais je suis là.
 
 
 
<b>Marie : </b>Ça va ?
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Toujours !
 
 
 
<b>Marie : </b>Tu veux faire ta petite présentation. Elle a mis son tee-shirt, en plus, de l’April, vous voyez. Elle a même pris le temps de faire sa présentation. Je te laisse te présenter du coup, on profite de l’occasion.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>OK. Bookynette, du vrai nom Magali Garnero. Je suis administrative à l’April. Je suis aussi membre de Framasoft ; je suis assez militante et active dans mon coin, mais sur Paris, ce qui fait qu’il m’a fallu à peu près deux heures pour venir. Mais je suis là !
 
 
 
<b>Marie : </b>On en était aux définitions. Tu vois, donc on venait de démarrer.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Effectivement.
 
 
 
<b>Marie : </b>Par contre fais attention, il y a la petite caméra qui va te prendre en enregistrement donc si tu peux rester dans le champ. Donc la définition des DRM. Le petit côté geek c’est qu’on va faire la définition technique et je vous parlerai après de la définition juridique puisque, bien évidemment, quand on a voulu plaquer un régime juridique sur un système technique, vous imaginez les problèmes qu’on a eus et vous imaginez les problématiques qu’on a encore.
 
 
 
Concrètement, on a déjà un problème quand moi je vous parle et quand vous vous allez me parler de DRM. Puisque vous bous parlez donc de DRM, <em>Digital rights management</em>, puisque vous faites tout à l’anglaise, à l’américaine, ça rend bien, c’est super cool. Donc vous utilisez la première appellation. La première appellation, en tant que militants du logiciel libre, ne nous pose pas de difficulté.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Non ! Elle est parfaite.
 
 
 
<b>Marie : </b>Gestion des droits numériques, c’est-à-dire les droits que vous avez, je vous expliquerai, sur un système. Pas de souci sur la définition. Sauf qu’on est en France et quand on est en France eh bien quand on traduit des termes anglais, on n’utilise pas les termes. Pourquoi ? Parce qu’on considère que faire simple c’est trop facile. MTP, on utilise.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Mesures techniques de protection. La question que moi je vous pose, c’est que ça protège qui ? Voilà. Franchement ?
 
 
 
<b>Marie : </b>Officiellement, moi en tant que juriste, je ne peux pas utiliser le terme de DRM ; c’est interdit ; ce n’est pas juridique et ça ne correspond à rien du tout dans notre système actuel. On parle, nous, de « Mesures techniques de protection ». Vous imaginez très bien qui a voulu utiliser le terme de « Mesures techniques de protection ». D’après vous qui a imaginé le système ? Qui a imaginé de mettre en œuvre ça ? Est-ce que ce sont des informaticiens ? D’après vous ? Comment vous voyez ? Qui a élaboré, d’après vous, le système des mesures techniques de protection ? Je pose la question.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Je crois qu’il y a un monsieur qui a la réponse sur la gauche, mais il est trop timide.
 
 
 
<b>Public : </b>Les ayants droit.
 
 
 
<b>Marie : </b>Voilà ! Ce qu’on va appeler, avec un joli mot juridique, les ayants droit. C’est-à-dire ceux qui ont, on va dire pour l’instant, des droits de propriété intellectuelle. Vous voyez très bien, ceux qui ont des droits d’auteur, les producteurs et compagnie. Eux ils considèrent que ça protège leur œuvre. Donc des mesures techniques visant à protéger leur œuvre. Ça c’est le terme qu’on utilise en France. Nous on préférerait qu’un jour on utilise le terme, donc la traduction, puisqu’on ne va mettre des termes anglais, quand même, « Gestion des droits numériques ». Vous le voyez parfois, vous le voyez dans certains textes, mais il y a une confusion qui est en marche et qu’on aimerait bien modifier sur cette problématique-là. Mais on espère, on a toujours de l’espoir !
 
 
 
La définition technique. Là tu avais mis un petit Adobe, un petit logiciel que tu adores, n’est-ce pas ?
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Oui. En plus d’être militante, je suis libraire et donc je lis des livres. Et donc je lis les livres numériques, oui ça m’arrive de lire des livres numériques. Pour lire un livre numérique, il faut utiliser le logiciel Adobe Editions. Tout le monde le connaît puisqu’on est tous obligés de passer par là, quelle que soit la plateforme où vous achetez votre livre, vous êtes obligé d’installer Adobe Editions. Pour installer Adobe Editions, attention, il faut avoir soit Windows, soit Apple. Donc là je suis bien emmerdée, parce que moi je suis sous Linux, je suis sous Debian, donc ce n’est pas possible. Donc qu’est-ce que je suis obligée de faire ? Je suis obligée de mettre un Windows virtuel sur mon ordinateur pour installer Adobe. Et en plus Adobe ça ne permet pas d’avoir des livres numériques ; ça permet des droits de lire du livre numérique. Donc on est vraiment en plein dans le cœur du DRM ; c’est vraiment pour moi la société qui fait le meilleur boulot pour les DRM : c’est eux. Je te laisse continuer techniquement ? Ou je continue techniquement ?
 
 
 
<b>Marie : </b>Comme tu veux. Présente les différentes techniques.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Trois manières d’utiliser des DRM pour nos chers ayants droit éditeurs ou producteurs, tout ce que tu veux.
 
 
 
<ul>
 
<li>Le DRM de chiffrement. Donc en gros ça prend votre fichier, que ce soit un livre, une vidéo, de la musique, il y a un petit script qui dit : « Attention contrainte », ou plutôt « contrôle d’usage » et donc on ne peut rien faire tant que ce script est là. [Bookynette chuchote] Il y a des moyens de contourner les scripts surtout pour les livres numériques, mais ça on n’en parlera pas forcément en direct.</li>
 
 
 
<li>Après il y a les DRM de tatouage. Là il n’y a pas de script, il y a juste une petite phrase d’identification qui dit : « Attention, ce fichier a été donné, acheté, offert, à telle personne. » Donc, eh bien en gros, on est identifié techniquement. Si je vais mettre un livre numérique dans la toile, les gens sauront que c’est moi qui l’ai téléchargé, que c’est moi qui le redonne à la communauté, que j’aie le droit ou pas. En tout cas c’est tatoué et le fichier est, comment dire, reconnu, en tout cas associé à une personne.</li>
 
 
 
<li>Et puis le dernier, celui-là je ne l’aime pas non plus, je n’en aime aucun donc voilà, c’est celui qui est dans le cloud. Un exemple tout bête, je veux jouer à un jeu et pour jouer à ce jeu-là, il faut absolument que j’ai créé un compte sur une plateforme et donc il y a de nouveau un script qui contrôle le jeu et qui m’empêche de faire ce que je veux avec un jeu que j’ai acheté, sur une machine que j’ai achetée et un compte que, du coup, je vais être obligée d’ouvrir sur la plateforme.</li>
 
</ul>
 
 
 
<b>Marie : </b>La différence entre les trois est fondamentale, puisque vous l’avez bien compris, on a différents systèmes qui sont complètement différents.
 
 
 
Les mesures de chiffrement, concrètement, elles vont bloquer si vous n’avez pas les deux clefs : si vous n’avez pas la porte avec la bonne serrure et la clef qui va dans la serrure, vous n’allez pas pouvoir fonctionner.
 
 
 
Le système de tatouage ne va pas vous bloquer dans l’utilisation. Il va juste dire « ça, c’est Magali qui a acheté. Acheté ! Qui a souscrit les droits d’utilisation de ce livre numérique. Donc vous allez être identifié comme l’utilisateur des droits. Et si vous le mettez en ligne à un moment donné, on va savoir que c’est Magali qui a mis en ligne, au mépris des droits sur le e-book, sur la plateforme <em>peer to peer</em> ou n’importe quoi, puisqu’on va en parler forcément. Donc ça va permettre d’identifier qui est à l’origine de la diffusion de l’œuvre soumise aux droits d’auteur, par exemple.
 
 
 
Et donc la différence pour moi va être fondamentale, je vais vous expliquer pourquoi. Parce que, contrairement à mes petits camarades, j’ai mon œil de juriste qui fonctionne et parfois un peu trop, c’est que je ne suis pas forcément totalement opposée aux mesures de tatouage. Je vous expliquerai pourquoi, parce que, à mon avis, ça serait un bon compromis entre la préservation des droits d’auteur et la préservation de la libre utilisation et de la libre diffusion des œuvres ; vec n’importe quel logiciel et au choix ; mais on en discutera tout à l’heure, je vous expliquerai pourquoi.
 
 
 
En revanche, les systèmes en cloud, on les voit apparaître. C’est-à-dire que vous devez vous identifier au préalable, avant d’utiliser l’œuvre que vous avez acquise. Pour lire le DVD de <em>La Reine des Neiges</em>, vous devriez vous connecter sur la plateforme de Disney et vous mettez votre adresse mail, tout ça. Vous imaginez la conséquence que ça peut avoir, d’avoir des DRM en cloud. Ça existe, on commence à les voir et ça peut avoir des conséquences qui pour nous sont graves, puisque du jour au lendemain, vu que vous devez vous connecter à un cloud, et d’une, vous devez avoir une connexion parce que sinon ça ne va pas fonctionner, et de deux, du jour au lendemain ils peuvent décider eh bien voilà, on vous coupe et on vous prive de votre accès. Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Ce sont véritablement des choses qui peuvent arriver et qui vont arriver.
 
 
 
<b>Bookynette : </b>Après, si c’est <em>La Reine des neiges</em>, ce n’est pas trop grave !
 
 
 
==11’ 37==
 
 
 
<b>Marie : </b>Ça dépend ! Moi j’aime bien !
 

Dernière version du 24 mars 2018 à 21:14


Publié ici - Mars 2018