Décryptualité du 3 décembre 2017

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Titre : Décryptualité du 3 décembre 2017

Intervenants : Luc - Mag - Nico

Lieu : Studio d'enregistrement April

Date : décembre 2017

Durée : 15 min

Écouter ou télécharger le podcast

Revue de presse de l'April pour la semaine 48 de l'année 2017

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Transcription

Luc : Décryptualité.

Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 48. Salut Manu.

Mag : Eh bien non, il n’y a pas Manu ; il est chez sa mère.

Luc : Il est retourné chez sa mère ; il nous manque beaucoup, mais il nous a quand même concocté une revue de presse. Qu’est-ce qu’on a au sommaire, Mag ?

Mag : On a huit articles, Luc. Le premier deina global, « Lutte fratricide dans les coulisses du web », par Guillaume Sire.

Luc : Ça parle de W3C et de l’arrivée des DRM dans l’Internet.

Nico : Et ça a été un joli bordel et on pense que bientôt le Web risque de se refermer, alors que le W3C était censé garantir la neutralité, l’ouverture.

Mag : Du coup on y reviendra après. ZDNet France, « Facebook, Google, IBM et Red Hat étendent le délai de rectification des licences GPL », par Thierry Noisette.

Nico : Un article un peu juridique sur comment les entreprises qui n’ont pas trop bien respecté les licences peuvent corriger le tir et, en particulier, les délais qu’elles ont avant de se faire taper dessus par la communauté.

Luc : Avec l’idée que ceux qui possèdent les droits soient un peu plus coulants pour leur laisser le temps de jouer le jeu du Libre. Donc ce n’est plutôt pas mal.

Mag : Libération, « Logiciels de l’État ; du mieux, mais des héritages encombrants », par Pierre Alonso et Amaelle Guiton.

Nico : Une longue liste de logiciels qui ont tous merdé et commandés par l’État. Donc ça va de SAIP qui est le logiciel pour alerter en cas d’attentat et qui a juste pas marché. Louvois ou  ??? qui sont des logiciels de surveillance et de paye pour l’armée qui avaient eux aussi pas marché qui avaient coûté très cher. Voilà, c’est un peu une catastrophe de ce côté-là

Luc : Ils disent quand même que ça s’améliore, donc c’est une catastrophe, mais ça va dans le bon sens, par contre il y a encore du boulot, mais ça va dans le bon sens.

Mag : smartcity, « Territoire Numérique Libre : le label du logiciel libre », par Nelly Moussu.

Luc : Encore dans le domaine du public et du logiciel libre.

Nico : C’est ça avec l’ADULLACT qui fait des certifications avec un label logiciel libre pour ceux qui voudraient.

Luc : C’est assez rigolo parce que manifestement, au niveau des collectivités territoriales et sur des projets modestes, ça a l’air de marcher avec du logiciel libre. Les collectivités peuvent mutualiser leurs moyens pour développer des logiciels professionnels.

Mag : francetv info, « Promotion du logiciel libre : la communauté s’est réunie à Sophia-Antipolis », par Coralie Becq.

Nico : Un petit article pour rappeler que les JM2L, donc les Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre ont eu lieu récemment, avec plein de communautés qui se sont rassemblées pour faire un petit week-end sympa.

Mag : Organisées par l’association Linux Azur. La Tribune, « Incendie de la Casemate de Grenoble : qui en veut aux fablabs ? », par Alexis Poulin.

Nico : Malheureusement un fablab s’est fait incendier la semaine dernière et, du coup, il y a eu une revendication d’un groupe qui est un peu contre les fablabs. L’article revient là-dessus.

Luc : Contre la technologie en général. Un groupe de type extrême gauche, je ne sais quoi. Un truc assez consternant !

Mag : francetv info, « Nouveau monde. Un YouTube “libre” à la française », par Jérôme Colombain.

Luc : Une initiative de Framasoft sur un projet où ils ont lancé un financement participatif pour développer un système de type YouTube, mais voilà, décentralisé. Selon leurs projets, qu’on connaît bien, de trouver des alternatives aux grands services et notamment ceux de Google.

Mag : Pour cela ils vont se baser le logiciel libre qui s’appelle PeerTube et qui est développé par Chocobozzz qu’ils vont donc embaucher.

Luc : C’est son vrai nom ?

Mag : Bien sûr ! [Rires]. Clubic.com, « La ville de Munich abandonne Linux pour Windows », par Alexandre Paulson.

Luc : C’est la troisième ou quatrième semaine qu’on en parle.

Mag : Ça fait longtemps !

Nico : C’est toujours pareil, mais pour des histoires politiciennes et d’arrangements et tout ça, la ville de Munich encore.

Luc : On rappelle que la ville de Munich avait mis des gros moyens pendant quinze ans pour passer au Libre et en développant sa propre version de Linux, etc. Il y a eu un changement de maire qui très tôt a dit : « Moi, finalement, j’aime bien Microsoft mais ça me coûterait beaucoup trop cher ». Et hop le siège allemand de Microsoft est venu s’installer à Munich et là ils ont fait : « Ah ben tiens, on va faire demi-tour. »

Cette semaine on voulait parler d’un sujet important parce que l’actualité, alors elle n’est pas tellement logiciel libre, donc certains éléments dont on n’a pas parlé ici ces dernières semaines, mais il y a plusieurs choses autour de la neutralité d’Internet, qui sont en train de se passer avec des choses qui sont plutôt inquiétantes, notamment aux États-Unis où il y a un projet de loi qui est en cours de discussion pour remettre en cause la neutralité du Net. On en parle de temps en temps, je pense que ce ne serait pas mal de rappeler ce que c’est que la neutralité du Net. Nicolas.

4’12

Nico : La neutralité du Net se résume en : les paquets naissent et demeurent égaux en droit.

Luc : Ce n’est pas extrêmement explicite.

Nico : En gros c’est Internet doit être quelque chose de neutre. Les différents opérateurs qui vont intervenir là-dedans n’ont pas à prioriser le trafic ou à avantager telle ou telle société ou tel ou tel service. On doit juste être des tuyaux qui ne faisons que propager du trafic et on n’a pas à mettre les doigts dedans.

Luc : Et à dire tel site c’est bien, tel autre site on va le ralentir ou interdire l’accès.

Nico : C’est ça.

Mag : Moi j’aime bien l’image du facteur qui récupère une lettre, qui la distribue de la même manière quel que soit le destinataire, l’expéditeur ou le contenu.

Nico : C’est ça.

Luc : Voilà, c’est ça.

Nico : Et aujourd’hui il y a pas mal de lois, en particulier aux États-Unis, avec l’équivalent de l’ARCEP, donc le régulateur français, du coup côté États-Unis, et qui ont tendance à laisser un peu trop faire les opérateurs commerciaux, donc avec les gros comme Amazon, Google et Netflix et tous ceux-là et les opérateurs i nternet du coin pour essayer de passer des accords commerciaux et de dire « eh bien si tu as payé suffisamment, on va laisser passer ton trafic ; si tu n’as pas payé, on va le bloquer ou le brider. » Et pas mal de choses comme ça qui sont en train de passer. Et on l’a vu aussi dans les articles précédents avec pas mal de DRM, aussi, qui commencent à arriver sur le réseau.

Mag : Je n’aime pas les DRM !

Luc : Oui. Avant de parler des DRM, parce que c’est effectivement le second point de nos sujets de cette semaine qui sont assez inquiétants, sur cette question de la neutralité, il y a des choses qui se passent au Portugal où les premières offres sont arrivées. On peut trouver ça assez facilement : vous tapez « Portugal neutralité du Net » par exemple dans votre moteur de recherche favori et on voit une capture d’écran des offres commerciales, où, en gros on peut choisir l’abonnement Messaging, donc de message, avec toute une série de services. On a le service « social » pour aller sur Facebook et tous les réseaux sociaux de ce type-là. Mais ce qui veut dire que si a pris l’abonnement à 4,99 euros Messaging et qu’on veut aller sur Facebook, ça va être compliqué.

Nico : Le quota n’est pas le même ou les débits ne sont pas les mêmes, donc ça va dépendre après des offres que vous allez acheter.

Mag : C’est-à-dire que c’est payant maintenant ? On doit payer suivant le service qu’on veut !

Nico : C’est ça. Ça commence à arriver, au Portugal en tout cas, et dans d’autres pays. C’était déjà arrivé en France sur les mobiles. Il y a avait une certaine période, à un moment donné, où on payait pour avoir accès à Facebook en illimité ou Instagram en illimité. Ce sont des choses qui commencent à arriver de plus en plus, y compris en Europe.

Mag : Mais ça va à l’encontre de l’image du Web !

Nico : Oui, oui. C’est en fonction de comment vous payez et de quel accord vous avez passé, vous avez accès à tel ou tel service.

Luc : Il y a des gens qui ne vont que sur Facebook et deux/trois bricoles du type et qui n’en sortent pas. De fait, c’est le coup classique avec les offres commerciales, c’est qu’on découpe notre territoire de telle sorte que les gens soient obligés de prendre au moins deux abonnements. Et le truc c’est que c’est hyper compliqué d’aller voir le reste et que tout ce qui n’est pas dans ces gros services, eh bien finalement cesse d’exister parce qu’on ne va plus pouvoir y avoir accès ou très difficilement si on a ce type d’abonnement.

Nico : C’est déjà le cas en France, par exemple avec Free et Netflix, où Netflix refuse de passer des accords commerciaux avec Free, donc Free bloque le robinet. Du coup vous avez des débits tout pourris, vous n’avez pas accès au HD si vous êtes chez Free et que vous êtes abonné chez Netflix.

Luc : Et on a vu le problème, sans doute moins grave, mais avec YouTube ; toujours Free avec des soucis avec YouTube. Et ce qui nous, libristes, nous inquiète c’est que voilà, ça c’est de l’histoire entre gros, on se dit qu’ils finiront par trouver un arrangement commercial. Le consommateur va toujours payer ! Après voilà, si les gens sont riches tant mieux pour eux ! Mais l’autre sujet qui est important c’est comment on existe à côté de ça quand on n’est pas un gros acteur ?

Nico : On n’existera tout simplement plus. On sera sur les débits par défaut.

Mag : Ou comment on accède à l’information si on n’a pas les moyens de payer ?

Nico : Aussi.

Luc : Oui, mais de toute façon les pauvres, je veux dire Ah ! Ah !

Nico : Ils n’ont pas Internet de toutes façons !

Mag : Ça va ? Oui !

Luc : On les laisse vivants, c’est déjà assez magnanime, mais c’est qu’en plus de ça ils n’auront pas le droit de s’exprimer non plus. De toutes façons personne n’aura le droit de s’exprimer en dehors des très gros. Petite question : dans la communauté on a des gens qui font des abonnements, des accès à Internet associatifs.

Nico : Oui.

Luc : La FFDN, qui est une fédération de fournisseurs d’accès associatifs, il y en a un petit peu partout, est-ce que c’est une solution ? C’est-à-dire que si moi demain je n’ai que des accès qui sont limités, est-ce que je me dis « c’est bon, je vais aller voir un fournisseur d’accès associatif et puis hop ! J’aurais un Internet de nouveau libre ! »

Nico : Ça dépend où on se place. Parce que par rapport aux offres, par exemple ce qui se passe au Portugal, clairement il n’y aura pas ça chez FFDN ou autre, vous n’allez pas avoir un Internet discriminé en fonction de comment vous avez payé. Par contre, comment va se passer la connexion avec YouTube par exemple, ou Netflix ; les opérateurs FDN n’auront peut-être pas accès à Netflix ou YouTube ou tous les autres services, ou Facebook ou autre. Vous risquez, dans ces cas-là, de n’avoir accès qu’au petit Internet et pas à l’Internet de gros parce qu’on n’aura pas payé.

Luc : Sans compter que les GAFAM, donc ces grosses sociétés d’Internet, elles font notamment beaucoup d’hébergement. Je pense notamment à Amazon qui a, en dehors de sa boutique, une activité de fourniture de serveurs qui est colossale. Si elles-mêmes rentrent là-dedans et que, pour accéder aux serveurs et donc tous les sites qui sont hébergés là-dessus, il faut également être adoubé par Amazon, eh bien là, pour le coup, on a des pans entiers d’Internet qui ne sont plus disponibles. On rappelle qu’il existait un protocole d’Internet qui s’appelle les newsgroup, qui sont devenus une espèce de machin bourrés de ??? et un peu difficiles à fréquenter, mais qui ont sorti, maintenant il y a des années des abonnements à Internet, et on a déjà perdu, comme ça, un bout d’Internet et aujourd’hui plus personne ne sait que c’est que les newsgroup.

Nico : Les newsgroup avaient quand même un énorme désavantage, en fait, c’est que ça coûtait effectivement très cher aux hébergeurs, c’est pour ça qu’ils l’ont fait payer. C’étaient les hébergeurs qui stockaient tout et pas les centres de données. C’est comme si, quand vous regardez une vidéo YouTube, c’était votre fournisseur d’accès qui devait télécharger la vidéo et la stocker. Donc forcément Free a dit : « Stop, je ne peux pas », et donc a fait payer ces accès-là. Donc là le motif était un peu différent, mais ça donne le même résultat à la fin.

Luc : Le résultat c’est qu’aujourd’hui la plupart des gens ne savent même pas que ce truc a pu exister ou existe.

Nico : Voilà. Ils l’ont connu avec les Google Groups, parce que c’était juste des newsgroups renommés, mais effectivement c’est un bon exemple de ce que ça donne.

9’ 28

Luc : Autre sujet important de la semaine,