Conférence d'ouverture Libday Marseille 2014

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Titre : Le logiciel Libre : des enjeux pour tous, des atouts pour les professionnels

Intervenant : Thierry Stoehr (Aful)- Jean-Christophe Becquet (April)

Lieu : Marseille

Date : Octobre 2014

Durée : 47 min 03

Lien vers la vidéo : [1]

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Jean-Christophe Becquet : Jean-Christophe Becquet, je suis le vice-président d'April. L'April est une association de 3500 membres qui a pour objectif la promotion et la défense du Logiciel Libre, en France et dans le monde francophone. L'introduction qui a été faite est parfaite pour le propos que j'avais prévu de tenir ce matin puisque, effectivement, moi je suis venu pour vous parler d'éthique. Dans cette journée vous allez parler beaucoup d'open source ; moi je suis venu pour vous parler de Logiciel Libre. L'open source c'est une vision technique, pragmatique, organisationnelle du Logiciel Libre. C'est un peu de dire, finalement, les méthodes de développement du Logiciel Libre, comme ce sont des méthodes efficaces, comme ça marche bien et que ça fabrique des bons logiciels, utilisons-les.

Le Logiciel Libre c'est juste le projet de changer le monde. Le Logiciel Libre c'est une vision plus globale que juste fabriquer des logiciels, et Richard Stallman, qui posé les préceptes du Logiciel Libre en 1983, donc ce n'est pas un concept ultra récent le Logiciel Libre, c'est quelque chose qui a infusé, qui a maturé, disait que si la liberté informatique est si importante c'est parce qu'aujourd'hui, comme il y a de l'informatique, en fait toutes les libertés dépendent de la liberté informatique. Aujourd'hui dans tous les actes de notre vie quotidienne, que ce soit nos actes citoyens, nos actes de père de famille, nos actes professionnels, on utilise de l’informatique. Quand on démarre notre voiture le matin, on utilise de l’informatique ; on se faisait la plaisanterie en montant à l'étage, quand on monte dans l'ascenseur, on utilise de l’informatique. Et donc, cette informatique a une incidence sur tous les actes de notre vie quotidienne et c'est ce qui faisait dire à Richard Stallman, en fait, la liberté informatique n'est pas plus importante que les autres libertés, c'est juste que toutes les autres libertés en dépendent. Toutes nos communications aujourd’hui dépendent de l'informatique. Et donc, c'est ce dont je suis venu vous parler ce matin avec Thierry.

Thierry Stoehr : Bonsoir à toutes et à tous. Je m’appelle Thierry Stoehr. Désolé, la photo ne correspond plus vraiment, voilà. Il y a des problèmes de mise à jour, mais enfin ce n'est pas grave du tout. Et désolé aussi si vous attendiez, s'étant mis d'accord mais sans s’être pour autant consulté, ça paraît surprenant mais c'est la cas, vous n'aurez pas de diaporama, qui sera projeté, avec de jolies animations sur chacun des transparents pour vous montrer différentes choses. On pense et je pense que vous partagerez que le fait d’être là, et la voix et la présence, fait que a priori, ça devrait réussir, même si c'est 45 minutes, ce qui peut paraître long, à capter votre attention, à susciter votre intérêt et pas forcément, seulement, avec de choses qui défilent derrière. Je suis vice-président de l'association AFUL, l'Association Francophone des Utilisateurs de Linux et de Logiciel Libre, un petit peu un vieux du Logiciel Libre, si tant est qu'on puisse dire vieux en remontant en 1996/98. Il n'y avait pas grand-chose par rapport à ce que vous connaissez aujourd'hui et on ne se serait pas forcément dit qu'on se retrouverait à Marseille pour une conférence orientée entreprise professionnelle pour parler de Logiciel Libre ; ça c'est certain.

J'ai une approche qui est tout à fait dans l'autre sens de celle qui a été indiquée en premier, mais je suis, tout autant que Jean-Christophe ravi d'avoir entendu ce que j'ai entendu. Et avec quelques points qu'on va échanger, en parlant, entre autres, de formats parce que c'est un sujet que j'aime bien, que j'essaye de développer, y compris lorsque je suis avec des étudiants qui travaillent sur une université parisienne, l’université Paris Diderot, mais ce matin je suis avec la casquette plutôt associative, puisqu'en congé, pour bien séparer les discours. Pour dire les choses avec une formule, un format un peu condensé, il y a récemment dans l'actualité une petite phrase qui a fait un petit peu ??, comme on dit, et qui s'adapte, si on la reprend au Logiciel Libre, qui serait de dire, les logiciels libres, alors The Free Software are pro business. Et je pense que c'est tout à fait le cas. Dit autrement, les enjeux, l'approche qu'on peut avoir avec le Logiciel Libre, qui peuvent être éthiques, qui peuvent être juridiques, qui peuvent être techniques, qui le sont tout ensemble, ne sont absolument pas contradictoires et vous en êtes la preuve vivante, sinon vous ne seriez pas là, avec l'activité économique, avec générer du chiffre d'affaires, avec créer de l’emploi, et ce n'est pas une vision de doux rêveur, vous savez comme les clichés qui peuvent courir, soixante-huitard, barbu, chevelu, idéaliste et pas les pieds sur terre, et j’arrête là la liste positive qu'on attribue généralement ; je parle bien des clichés. On voit dans l'actualité récente que vous avez régulièrement des annonces qui sont, comme ça, presque logiques, normales, à propos de Logiciel Libre, qui sont utilisées, qui sont importantes, et au cas où ce ne serait pas encore apparu sur vos radars, comme on dit, il n'y a pas plus tard que deux jours, vous avez une grosse entreprise du secteur informatique qui a fait sa conférence sur son cloud et donc Microsoft a annoncé : « On aime Linux, on utilise du Linux sur nos serveurs ». Donc vous voyez, rien n'est perdu, et au contraire, ça veut dire que, indépendamment du côté peut-être un peu anecdotique, est-il réel, jusqu'où, on peut en discuter, mais il est clair que le Logiciel Libre a des approches qui peuvent être complètement à l'opposé, apparemment, quand on y regarde comme ça rapidement, du secteur des professionnels, de l'industrie, de la HT, comme on dit ou High-tech. Mais ce n'est absolument pas, je pense, le cas et on peut tout à fait avoir une activité économique, des affaires, du développement, de l'adaptation avec les caractéristiques du Logiciel Libre et je dis bien Logiciel Libre, sans lancer de troll vis-à-vis de l'open source, on en reparlera. Je pense qu'il y a deux étages qui sont assez proches, tout en ayant des différences, et ces caractéristiques des logiciels libres font que oui, les affaires, les entreprises, les clients, que vous avez, ont intérêt et ont trouvé des bénéfices à utiliser du Logiciel Libre.

Jean-Christophe Becquet : Comment le libre peut réussir ce pari, en fait, de faire converger à la fois le fait d’être un atout pour les professionnels et le fait de concerner tout le monde et de pouvoir changer le monde en apportant de la liberté. Si vous êtes professionnel, si vous êtes développeur, si vous êtes une entreprise éditrice de logiciels, peut-être ce qui vous intéresse dans le Logiciel Libre c'est que vous avez à votre disposition une gigantesque quantité de lignes de code, pour à peu près tous les besoins aujourd'hui, et vous pouvez puiser dans cette ressource, vous pouvez vous servir ce dette ressource, pour faire fonctionner des logiciels, pour développer des nouveaux logiciels. L'échelon supérieur, si vous vous mettez à votre tour à partager vos développements en Logiciel Libre, vous pouvez mutualiser des développements. Plutôt que de refaire plusieurs fois le même travail, et de repayer plusieurs fois la même ressource, on va décider que lorsqu'un travail est fait, et qu'il a été payé, on peut le réutiliser autant de fois que nécessaire. Donc bibliothèques de ressources de codes disponibles, mutualisation de développements. Et puis quand on développe sous la lumière, quand on publie son code au grand jour, on a aussi un effet accélérateur d'innovation, parce que tout se voit et donc les idées des uns vont nourrir les idées des autres, et il y a une émulation qui se crée. Et puis, peut-être aussi, si vous avez une approche vraiment très technique, en tout cas dans les personnes qui m'entourent et qui ont une approche technique, vous pensez que les logiciels libres sont ceux qui sont les plus stables, les plus fiables, les plus sécurisés, notamment pour tout ce qui concerne le réseau.

Lorsque je présente le Logiciel Libre à des gens qui ne connaissent pas du tout le Logiciel Libre et qui ne connaissent pas du tout l'informatique, j'ai pour habitude de raconter l'histoire de cet homme qui s'appelle Max. Max se lève le matin, il démarre son ordinateur, il lance son navigateur web, Mozilla Firefox, un logiciel libre, pour se connecter à des pages web. Et puis il relève son mail avec Mozilla Thunderbird, un logiciel libre. Il reçoit un document en pièce jointe, dans son mail, et il l'ouvre avec LibreOffice, une suite bureautique libre. Un peu plus tard, dans la journée, sa fille rentre du collège et elle a une recherche à faire en Sciences de la Vie et de la Terre. Et donc elle se connecte sur Wikipédia, l'encyclopédie planétaire publiée sous licence libre qui fonctionne avec ???wiki, un logiciel libre. Et elle prépare sa présentation, à nouveau avec LibreOffice, pour l'exposé qu'elle fera le lendemain. Et le soir avant de se coucher, il lit un DVD avec VLC, un lecteur de multimédia libre. Et pendant toute la journée, ils ont utilisé leur connexion Internet, et ils ne le savent pas, mais dans la box qu'ils ont dans le salon pour faire fonctionner leur connexion Internet, il y a aussi des logiciels libres. Et en fait, c'est quoi la conclusion de cette histoire, c'est : « Il est libre Max ! »

Rires

11' 00

Thierry Stoehr : ??? déjà. Je ne sais pas du tout quels sont les arguments que vous pouvez utiliser, concrètement, par rapport à vos différents clients. Si ça se trouve d'ailleurs, vous êtes non pas des fournisseurs, des éditeurs, des prestataires, mais des clients intéressés en vous disant « tiens, il y a quelque chose à propos du Libre, il y a en a deux qui sont venus parler, pour commencer, il y en a d'autres dans la journée, le programme est riche, on va voir un petit peu ce qu'il en est ». Quand on se place du côté de l'éditeur, il y a une petite phrase que j'aime bien, qui n'est, quoique si, il y a peut-être un lien avec Max, il y a aussi une idée de liberté, et très sérieusement, c'est de dire à vos interlocuteurs, qui sont à utiliser du Logiciel Libre, et même du Logiciel Libre en tant que simple utilisateurs, quasiment particuliers. Ce n'est pas du tout votre cœur de marché je pense, simple utilisateur, eh bien jusqu'au responsable informatique, ils ont tous un particularité, c'est qu'ils sont libres de partir et ils restent, de ce fait, là. Et je pense, que en anglais la formule est encore plus synthétique, vous êtes là mais vous pouvez partir à tout moment. Et ,par rapport à ce qui a été dit tout au début, avec l'approche éthique qu'on peut avoir, l'air de rien, c'est un argument qui, je pense est, comme ça, à priori, pas forcément aussi fort quand on l'entend, mais qui est très réel, et qui va bien au-delà de ce qu'on peut rencontrer autrement. Parce que, oui, vous ne tenez pas, si vous êtes le prestataire, le client en otage, et on peut le lui dire. Et l'argument que j’évoque là, je l'ai entendu, je l'ai lu plusieurs fois, je n'en suis pas l'auteur de manière inédite. C'est simplement d'insister mais avec toute cette dimension, pour dire, en fait les utilisateurs de Logiciel Libre, que ce soient des collectivités, que ce soient des associations, que ce soient des particuliers, que ce soient des entreprises, peuvent à tout moment, dans la mesure où c'est vraiment du Logiciel Libre, répondant aux caractéristiques du Logiciel Libre, dire finalement au prestataire, pour des raisons sérieuses, moins sérieuses, on arrête.

Et moi en tant que client, je peux voir ailleurs, en partant avec, eh bien, non pas une valise vide, avec un patrimoine réduit à néant, parce que, mon patrimoine numérique, mon patrimoine informatique, mon patrimoine que j'ai développé avec les données et avec le code, les lignes de mes logiciels, eh bien, je ne le tiens pas en otage vis-à-vis de mes clients et mon client il les a aussi. Et ça je pense que ça va justement très loin en termes à la fois d'approche éthique, très loin en termes d'approche technique, la mutualisation qui a été citée, et très loin aussi en termes de développement possible. Parce que ce n'est pas forcément en restant dans son coin et en développant seul qu'on arrive à faire le meilleur possible. L’ouverture et le partage qu'on peut connaître, et des fois citer avec un petit air narquois sur partager, diffuser, c'est une réalité, qui est celle de l'établissement où nous sommes, ça s'appelle la connaissance au sens large. Dans le monde universitaire, vous n'auriez pas eu le développement des connaissances tel qu'il s'est déroulé depuis de centaines d'années, s'il n'y avait pas eu le partage avec la publication et la fameuse, dans le monde universitaire on appelle ça la revue par les pairs. Dans le monde technique, en fait, c'est la même chose, et l'expression est tout aussi valable.

C'est-à-dire que l'approche technique qui va être de dire on ouvre le code, il est disponible, les licences permettent de voir la totalité, sans un petit verrou soigneusement caché à la quinzième ligne du contrat qui finalement n'est pas tout à fait du libre mais dit que c'est du libre, mais voilà. Là quand c'est vraiment du Logiciel Libre, vous avez aussi cette approche-là, qui est finalement, à partir d'un point qu'on qualifie de philosophique, qu'on a entendu au début, sous une forme éthique, très large, très puissant et même si ça peut surprendre un client à qui on dit « vous savez je ne vous garde pas en otage, vous pouvez demain partir, et vous partez avec tout : le code que je vous ai développé, les informations que vous aviez, parce que c'est comme ça que vous allez être gagnant, je serai gagnant, et aussi derrière, dernier point, pour cette petite partie, derrière les autres ». Quand on dit la communauté, ça fait des fois un peu sourire, ça peut être péjoratif, connoté, oui la communauté, une communauté, bon. Mais si, une communauté, c'est on est en commun par rapport à quelque chose. On utilise quelque chose en commun, on partage une utilisation, on partage du développement, et ça permet d'enrichir, et ça permet d'améliorer, et ça permet aussi de faire des affaires, de développer pour des clients des choses spécifiques, sans, encore une fois, leur dire « vous me quittez, tant pis pour vous, vos données seront chez moi et l'export de vos données ou les informations que vous avez créées avec mes logiciels, eh bien, elles restent dans mes logiciels avec mon approche technique, qui n'est pas divulguée et qui finalement vous emprisonne ». Avec du Libre, on dit « c'est ouvert, le code, normalement les données aussi, et libre à vous, sans jeu de mot, même si il y en a un petit pour un clin d’œil avec Logiciel Libre, mais libre à vous de rester, ou pas ».

Jean-Christophe Becquet : C'est peut-être ça, en fait, un des trésors du Logiciel Libre, c'est votre client il a la possibilité de partir à tout moment et il reste. Et il reste pourquoi ? Il reste parce qu'il y a une valeur beaucoup plus noble que toutes les techniques sournoises, techniques ou solutions juridiques sournoises qui peuvent être mises en œuvre pour garder le client captif. Et, cette valeur noble, c'est la confiance. Et je pense qu'aujourd'hui, dans un monde où on parle de plus en plus, et les gens, les citoyens, les utilisateurs finaux sont de plus en plus sensibles aux problématiques de la vie privée, aux problématiques de la sécurité de leurs données personnelles, aux problématiques de la pérennité de leurs informations ; aujourd’hui de plus en plus de gens se demandent mais les photos que j'ai prises avec mon appareil photos numérique, comment est-ce que je vais faire pour les archiver ? Est-ce que je pourrai toujours les visualiser demain ? Et si j'envoie une photo à quelqu'un par le réseau est-ce qu'il va pouvoir voir cette photo ? Est-ce qu'il va pouvoir la récupérer, la conserver, l’archiver ? Ça, ce sont des problématiques qui sont de plus en plus prégnantes dans l'esprit des gens et je pense que le Logiciel Libre est une réponse, est une réponse à ces problématiques.

Mais alors, si c'est si vertueux le Logiciel Libre, finalement on va gagner ; dans quelques années, il y aura des logiciels libres partout, pour tout, tout le monde utilisera des logiciels libres. En fait ce n'est pas si simple et c'est pour ça qu'on a encore besoin d'associations comme l'April. Et c'est pour ça que dans l'April il y a deux choses. Il y a promouvoir le Logiciel Libre. Promouvoir le Logiciel Libre ça veut dire en parler, faire connaître, expliquer pourquoi le Logiciel Libre c'est puissant, pourquoi le Logiciel Libre c'est vertueux, et il y a défendre. Défendre le Logiciel Libre, c'est important parce que, aujourd'hui, le Logiciel Libre subit tout un tas de menaces et je pense que ce serait intéressant qu'on passe en revue ces menaces parce que, selon qui vous êtes, selon que vous êtes un chef d'entreprise, selon que vous êtes un élu ou un décideur dans une collectivité, il y a certaines de ces menaces sur lesquelles vous pouvez agir.

Une de ces menaces c'est la vente forcée. Aujourd'hui vous achetez un ordinateur, cet ordinateur il est équipé avec un système d’exploitation qui le plus souvent n'est pas un Logiciel Libre quelque soit le constructeur que vous choisirez. Et comme ces logiciels sont fournis, et vous n'en avez pas forcément conscience mais vous les avez payés, vous allez les utiliser. Et comme cet ordinateur vous allez le ramener à la maison, vos enfants vont l'utiliser, et puis de toutes façons, à l'école ils ont aussi cela. Et les enseignants croient bien faire à l'école, parce que comme c'est aussi ces logiciels-là qu'on a dans les entreprises, les enseignants pensent que c'est important de former les jeunes aux logiciels qu'ils utiliseront demain dans les entreprises. Moi je pense que c'est se tromper de croire que demain, les enfants d'aujourd'hui, qui seront les adultes de demain, utiliseront des logiciels non libres dans les entreprises. Je pense que les entreprises de demain utiliseront des logiciels libres. Je pense que la question c'est juste quel délai. Est-ce que c'est cinq ans, dix ans ? Ou est-ce que c'est encore une demi-génération. En tout cas je pense que nos enfants, c'est une erreur de vouloir les former aux outils qu'ils utiliseront demain, parce que les outils qu'ils utiliseront demain n’existent pas encore. Dans le monde du Logiciel Libre, il y a vraiment des innovations tous les jours, et donc je pense qu'il faut plutôt former les enfants à un état d’esprit, à une approche des outils techniques, à la conscience de certains enjeux, plutôt qu'à la maîtrise d'une série de clics, la connaissance de savoir où est le menu pour obtenir tel résultat. La question c'est plutôt, quand je vais dans ce menu, qu'est-ce que ça fait derrière dans la machine ? C'est pour ça que, à l'April, on milite contre ce que j'appelle, moi, l’obscurantisme informatique. L'obscurantisme informatique c'est quand vous dites à votre client : « Ne vous inquiétez pas c'est très compliqué. On s'occupe de tout pour vous. Vous n’avez rien à faire, on va s'occuper de tout, vous payez et ça marche. » Quand vous faites ça, vous emprisonnez votre client. Par contre quand vous dites : « Je vais vous former, je vais vous expliquer pour que vous ayez les clefs » et, pour boucler sur ce que Thierry a développé, « pour que si demain vous n’êtes plus satisfait, ou si demain mon entreprise disparaît, ou si demain mon entreprise change de secteur d'activité, vous pourrez continuer à faire fonctionner la solution que je vous ai mise en œuvre, indépendamment de moi ». Donc voilà une des choses pour lesquelles on milite à l'April c'est ça, c'est la connaissance pour tous, la maîtrise par les utilisateurs de leurs outils, et par rapport aux enfants dont je parlais, l'enseignement de l'informatique dès l'école élémentaire, dès le collège, mais pas l'enseignement de l'informatique « on apprend aux enfants à utiliser des logiciels », mais l'enseignement de l’informatique où on apprend aux enfants à comprendre ce que font les logiciels et les conséquences que ça a sur leur vie, sur leurs données. Et là-dedans, il y a la problématique des formats de fichiers, mais ça c'est un domaine réservé à Thierry.

23' 05

Thierry Stoehr : Comme il me tend la perche pour parler des formats