Conférence Alexis Kauffmann - Congrès ADULLACT 2022

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Titre : Conférence Alexis Kauffmann - Congrès ADULLACT 2022

Intervenants : Alexis Kauffmann -

Lieu : Montpellier - Congrès ADULLACT 2022

Date : 17 juin 2022

Durée : 56 min 33

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

C’est vraiment un plaisir et un honneur d’être parmi vous.
Pour la petite histoire, comment ça a commencé.
Je suis arrivé au ministère de l’Éducation nationale, rue de Grenelle, en septembre, j’y reviendrai par la suite. En arrivant, la première chose c’est rencontrer différentes personnes, notamment l’ADULLACT. J’ai rencontré Pascal qui m’a parlé du label Territoire Numérique Libre en me disant qu’il y a des écoles qui ont postulé, une ou deux, et évidemment ce n’est pas prévu pour les écoles, ça ne rentrait pas les cases. Je me suis demandé ce que ça pourrait être que rentrer dans les cases pour une école, ce que pourrait être un label École Numérique Libre. Ça a commencé comme ça.
J’étais un peu naïf en arrivant au ministère et je pensais que créer un label École Numérique Libre ça pouvait être jouable. Après, j’ai découvert qu’il y a pléthore de labels à l’Éducation nationale, sur le développement durable, l’égalité filles-garçons, les langues, il y a plein de langues,~??? [1~min 15] international, etc., et que le processus de labellisation prendrait à peu près deux/trois ans, à mon avis, au ministère. Donc, pour l’instant, un label École Numérique Libre ça reste un peu un sujet d’étude, comme on dit, c’est plutôt pour discuter de ce que ça pourrait être.
En tout cas ce qui nous semble intéressant c’est que ce soit à l’échelle de l’établissement scolaire. J’ai vu des professeurs passionnés, faire des choses passionnantes dans leur salle informatique, mais c’était vraiment restreint à leur salle et puis, quand ils s’en allaient, tout partait également avec eux, tout ce qu’ils avaient monté à base de logiciels libres.

Puisqu’il faut meubler, je vais faire juste un petit peu d’histoire.
Quand on célèbre ses 20~ans c’est évidemment pour se projeter dans l’avenir, j’imagine que c’est ce que vous avez hier en assemblée, mais c’est également un petit aussi le temps de regarder en arrière, de faire le bilan.

Moi je suis aussi arrivé dans le Libre il y a 20~ans. C’est intéressant de voir ce qui a pu se dire ou s’écrire à ce moment-là. Je ne vais pas vous embêter, mais j’ai découvert le logiciel libre avec un article d’un professeur de l’université de littérature comparée au Québec, Jean-Claude Guédon, qui avait écrit une lettre ouverte à sa ministre de l’Éducation au Québec, en 1998, en lui suggérant d’informatiser les écoles avec Linux, disait-il, nous seulement dans l’outillage mais également comme objet d’étude, tout ce que ça pouvait apporter aussi aux élèves parce qu’on pouvait en soulever le capot, qu’on était potentiellement contributeur, auteur, autonome, etc.
Si vous lisez, je ne vais pas le lire, en tout cas en 1998, «~en utilisant le logiciel libre non seulement on effectuait des économies spectaculaires sur le matériel, non seulement on se libère des logiques que tentent d’imposer les grandes multinationales – les grandes multinationales de l’informatique étaient déjà là –, mais, en plus on se met en relation avec un des foyers les plus vivants de la société qui est en train de se créer, celle de l’intelligence distribuée – le terme est un peu tombé en désuétude, mais on voit bien ce que c’est –, qui ne fait que commencer à faire sentir ses effets et ils vont être malheurs~». Wikipédia ou Netflix n’étaient pas là, en tout cas dans c’était en germe son esprit. «~De grandes surprises attendent les instances politiques et commerciales qui ne vont pas bien en saisir les enjeux~». On est bien d’accord~!

Quand j’ai découvert ce texte, et que j’ai commencé, en tant que jeune professeur de mathématique, avec le numérique qui arrivait dans les années 90, tout d’un coup j’ai découvert qu’il y avait une distinction entre logiciel gratuit, libre, etc. Cette sorte de révélation m’a passionné, «~bon sang, bien sûr~», c’est une lumière qui s’allume comme rarement dans sa vie j’ai envie de dire. Je me suis dit «~il y a quelque chose qui va bien au-delà de l’informatique, Free Software, Free Society, comme dirait l’autre. Je ne vais pas dire que c’est trop important pour être laissé aux seuls informaticiens, en tout cas les informaticiens n’avaient pas forcément le temps de communiquer, de faire de la pédagogie, etc., et puis, en théorie, c’est le cœur de métier des enseignants. Donc voilà comment Framasoft a commencé.

Je l’ai appris plus tard, mais au même moment, en 1998, premier accord-cadre entre une association, l’Aful [Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres], l’Association francophone des utilisateurs – à l’époque ce n’était que de Linux et après ils ont ajouté le logiciel libre, c’est aussi une évolution intéressante dans le temps – et le ministère. Je trouve que le préambule est intéressant~: «~l’Aful apporte son soutien en développement de l’usage du numérique auprès de l’ensemble des établissements d’enseignement français et des enseignants en ce qui concerne l’emploi des ressources informatiques libres et la disponibilité des ressources commerciales liées à l’informatique libre.~». Je trouve que c'est intéressant de le libeller comme ça. Par rapport à ce que vous faites, ça m’a frappé et on est en 1998.

Framasoft a aussi fêté ses 20~ans. Je ne sais pas comment vous avez daté votre histoire, c’est peut-être la création de l’association~? Ça doit être ça pour l’ADULLACT. Comme ça a démarré d’abord avec un projet personnel quand j’étais dans un collège à Bobigny, c’est le dépôt du nom de domaine, framasoft.net en l’occurrence, c’était en novembre 2001. On a fêté les 20~ans il n’y a pas très longtemps.

Voilà à quoi ressemblait Framasoft au début. Je suis aussi allé rechercher à quoi ressemblait l’ADULLACT au début, ça m’a amusé.

On a «~des logiciels libres par tous et pour tous~», c’est le slogan. Déjà François nous fait un article «~Les logiciels libres pour les hommes libres~» avec conviction et emphase comme on le connaît. C’est intéressant parce que je vois, par exemple, «~ce qui est à moi n’est pas toujours pour moi~», dit François, c’est vrai que c’est intéressant. Et puis sur la droite, si vous voyez, il y a écrit «~fichier propriétaire attaché~», c’était il y a 20~ans. Moi, depuis que je suis au ministère, cette problématique des fichiers propriétaires attachés n’a pas disparu~; je peux vous dire que les fichiers attachés .docx, c’est vraiment mon cauchemar~! C’est enregistré~? Ce n’est pas grave~!

L’évolution de Framasoft est peut-être aussi intéressante dans le sens où c’est d’abord un annuaire de logiciels libres et gratuits pour Windows, ça commence comme ça. Après ce n’est plus qu’un annuaire de logiciels libres pour Windows, après ce n’est plus qu’un annuaire de logiciels libres et puis ça devient un annuaire collaboratif, c’est-à-dire que je ne suis plus tout seul, ça devient une petite communauté.

Je vous ai mis cette slide d’abord parce que je suis très immodeste et pour montrer que j’ai fait une conférence TEDx, mais vous voyez l’image, il y a un pingouin qui visite un musée, voit un téléphone filaire qui, évidemment n’est plus. À l’époque on pensait que Windows allait peut-être rejoindre rapidement le musée~; ce n’est pas le cas aujourd’hui, mais c’est intéressant.

J’ai aussi rajouté une slide en retrouvant Richard Stallman il y a deux jours, je ne l’avais pas vu depuis très longtemps. Ce TEDx c’était il y a une dizaine d’années à Genève. Petite anecdote, les conférences TED sont très normées. On se retrouve la veille, on répète les uns devant les autres, c’est quasiment du texte appris par cœur, dix minutes~; c’est toujours en mode projet porté par une personne, entre story stelling et projet, mais surtout, il faut des slides, une dizaine de slides, pas plus pas moins. Et Stallman n’a jamais fait une conférence avec des slides. C’est la seule et unique fois où il a dû faire une conférence avec des slides~! Donc il arrive et il n’a pas de slides. L’organisation, l’association, ça se passe en Suisse, lui trouve deux jeunes graphistes, designers, etc. La veille au soir je les vois, ils sont dans une pièce~; Stallman dirige, dit «~voilà ce que je voudrais~». À un moment donné, je vois qu’il part dans une colère folle, j’étais loin, moi-même j’étais en train de préparer, je n’ai pas suivi, mais je vois qu’il s’énerve. Il ne faut jamais énerver Stallman, vous le savez bien~! Je rentre, je me couche, je savais que j’avais une grosse journée. Je fais mon intervention et Stallman intervient juste après moi. Je vous explique pourquoi il s’est énervé, parce que quand il a parlé de non pas Linux, évidemment, de GNU/Linux, regardez ce que ça donne~: ça c’est GNU/Linux selon Richard Stallman [GNU énorme, Linux tout petit, NdT] et, en fait, les jeunes avaient 50~% GNU et 50~% Linux, ce qui avait énervé Stallman. L’OS libre selon Stallman, voyez la place de GNU et la place de Linux, je trouve ça assez amusant.

Framasoft donc annuaire. On a ensuite senti rapidement que ça allait se déplacer dans le cloud, donc attention aux données personnelles. Il y a eu l’étape de ce qu’on appelle «~Dégooglisons Internet~», il y a une dizaine d’années, en posant des services web alternatifs. Au départ on prenait du Libre existant, Etherpad/Framapad, etc., et on montrait, en les posant directement, que ça pouvait être intéressant, utile. En fait on posait des services vitrines avec l’idée que les gens allaient s’en emparer. Finalement les gens ne s’en sont pas forcément emparé. Comme on a posé une trentaine de services alternatifs à d’autres services, on est aussi devenu une grosse machine. Ensuite est arrivé le moment de dire qu’on voulait simplement que les gens s’en emparent, les installe et ça ne s’est pas fait. On a une trentaine de services, on n’a pas les capacités pour. Après il y a eu le mouvement quasiment de «~Déframasoftisons Internet~». Je ne sais plus dans l’association, mais aujourd’hui c’est vraiment la logique des chatons, on re-décentralise, l’image c’est souvent l’archipel. Les chatons sont donc des structures qui vont installer les services – PeerTube, Nextcloud, etc. – pour retrouver un peu de décentralisation.

L’évolution est intéressante~: un annuaire, ensuite un service web et puis on re-décentralise.

En tout cas je me suis fait connaître d’abord parce que, évidemment, j’étais dans l’Éducation, parce que ayant fondé Framasoft, l’ayant présidée, etc.
Il y a eu toujours eu beaucoup d’enseignants à Framasoft, on a souvent frappé à la porte du ministère, d’ailleurs on nous a parfois reçus~: «~Oui, c’est intéressant ce que vous faites, on vous écrira~», en gros c’est un peu ça. Quand même peu d’écoute, ce qui fait que du coup, je n’y étais plus, à un moment donné l’équipe s’est un peu énervée et a écrit un article assez lapidaire «~Pourquoi Framasoft n’ira plus prendre le thé au ministère de l’Éducation Nationale~», qui a fait beaucoup de bruit, certains s’en souviennent encore au ministère. Donc des relations pas toujours faciles entre l’association, le Libre en général, et le ministère de l’Éducation nationale.

Toujours est-il qu’il y a eu une énième concertation. À la suite du premier confinement, où il y a une quelques ratés techniques chez nous à l’Éducation, je ne reviens pas là-dessus et, pour un petit peu calmer les esprits, c’est souvent la grande concertation. Ça ne débouche pas forcément sur grand-chose, parfois ça peut-être pour noyer le poisson, mais là non, en l’occurrence. En tout cas, il y en a qui se sont exprimés, beaucoup d’enseignants du terrain ont souhaité qu’on utilise davantage de logiciels et ressources libres. Parmi les 40 propositions qui émanaient de cette concertation, qui s’appelait États Généraux du Numérique, il y en a une, texto, c’§était «~favoriser l’utilisation de logiciels et ressources éducatives libres~».

Dans le cadre de la mise en action on m’a contacté, j’étais en Italie à l’époque, «~Alexis, veux-tu bien…~». J’étais en fin de contrat, j’ai dit banco. Déjà, symboliquement, je trouve que c’est intéressant. Du coup me voici avec ce titre~: chef de projet logiciels et ressources éducatives libres, au sein de la structure qui pilote le numérique éducatif qui s’appelle la Direction numérique pour l’éducation. Symboliquement en soi, c’est déjà assez intéressant, c’est aussi intéressant de m’avoir pris alors que j’avais été très critique publiquement en tant que président de Framasoft, assez courageux, je dirais. Après, le problème c’est que je n’ai pas que des amis dans la structure, on ne va pas se le cacher.

J’ai une deuxième casquette, la mixité dans les filières du numérique, faire qu’il y ait davantage de filles qui s’orientent dans le numérique. Il y aurait pu avoir plus de femmes sur l’estrade pendant ces trois jours, mais je sais ce que c’est, j’organise aussi des évènements, c’est un challenge pour nous tous. Je ferme la parenthèse. Grosse digression.

14’ 33

Territoire Numérique Libre.