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Titre : Les Journées Acteurs publics – Solutions : Audran Le Baron : "Nous voulons redonner de l'autonomie aux enseignants sur le terrain"

Intervenant·e·s : Florence Duprat, Émile Marzolf (Acteurs publics), Audran Le Baron (DNE)

Lieu : Acteurs publics TV

Date : 18 avril 2023

Durée : 10 min

Licence de la transcription : Verbatim

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Les Journées Acteurs publics – Solutions Audran Le Baron : "Nous voulons redonner de l'autonomie aux enseignants sur le terrain"

Introduction

Florence Duprat (Acteurs publics) : Depuis la crise sanitaire l’organisation du travail a changé : télétravail, semaine de 4 jours, travail hybride.

L’organisation du travail et le numérique sont des facteurs essentiels pour l’épanouissement des agents.

Vous allez en parler, Émile Marzolf, avec votre invité, Audran Le Baron, directeur du numérique pour l’Éducation…

La nouvelle feuille de route pour le numérique pour l’Éducation=

Émile Marzolf : Oui c’est ça, hein, on va parler de votre nouvelle feuille de route pour le numérique pour l’Éducation. Que vous avez présenté en début d’année, en février, on reviendra plus en détails sur les priorités de cette feuille de route.

Mais sur la méthode, d’abord : sa mise en œuvre, la mise en œuvre de cette feuille de route s’accompagne d’une remise à plat.

Ou en tout cas d’une remise à niveau de la gouvernance avec un rapprochement avec les collectivités : est-ce que cela veut dire qu’avant chacun travaillait dans son coin ?

Audran Le Baron (DNE) : Il faut bien avoir conscience, effectivement, que quand on parle d’éducation et plus encore de numérique pour l’éducation, l’État n’est pas seul à la manœuvre : il y a effectivement l’État mais il y a toutes les collectivités territoriales – les communes, les départements, les régions – qui contribuent au numérique éducatif, notamment en matière d’équipements.

Ce sont les collectivités locales qui équipent les écoles, les collèges, les lycées.

Et puis et il y a tout un ensemble d’écosystèmes : il y a l’ensemble des EdTech – les entreprises innovantes qui fournissent des services numériques éducatifs – qu’il faut également inclure dans la stratégie. Et donc c’est l’ensemble de l’écosystème que nous avons fait travailler à une vision stratégique.

Qui n’est pas la vision stratégique du ministère mais qui est la vision stratégique 2023‑2027 de l’ensemble de l’écosystème pour le numérique éducatif.

Et donc on a travaillé, et c’est le travail même en ce moment, juste après la publication de la stratégie, à resserrer cette gouvernance entre l’ensemble des acteurs.

À la fois au niveau national, donc, avec le ministre qui tient une instance politique avec les collectivités territoriales. Dans lesquelles il est question de numérique éducatif mais également de toutes les politiques d’éducation.

À mon niveau je tiens un comité des partenaires avec les collectivités locales et on est en train de monter un comité de filière avec les entreprises de la EdTech.

Et toute cette… cette gouvernance qu’on a au niveau national – notamment avec les collectivités locales – l’idée c’est de la décliner dans chacun des territoires.

Et c’est ce sur quoi on est en train de travailler avec quelques collectivités et académies volontaires pour y travailler.

Organisation et priorités de la gouvernance

Émile Marzolf : Enfin, d’accord : donc, de manière un peu expérimentale, avec différentes académies.

Ça va être quoi, du coup, les priorités, enfin, de cette gouvernance-là et elle devra travailler sur quels objectifs ?

Audran Le Baron : Alors tout de suite on travaille d’abord sur la gouvernance en elle-même, déjà. Installer les instances qui permettent le dialogue au niveau territorial.

On travaille également la répartition des compétences, telles qu’issues de la loi Peillon –  qui maintenant 10 ans – et qui a redéfinit le périmètre des compétences entre l’État, les collectivités territoriales.

Et force est de constater qu’entre la théorie de la loi et la pratique il y a parfois des écarts, disparates d’un territoire à l’autre.

Et donc l’idée c’est de bien s’entendre sur l’exégèse de la loi Peillon, pour bien savoir sur les équipements, sur les logiciels – selon que les logiciels soient pour tel ou tel type d’activité etc. – bien définir le « qui fait quoi ? », le RACI…

Émile Marzolf : (inaudible)

Audran Le Baron : Exactement. Et donc voilà on définit ces choses-là pour ensuite pouvoir les décliner au niveau des territoires.

Le pilotage par les données

Audran Le Baron : On travaille également sur le partage des données. Là c’est essentiel si on veut piloter ensemble une politique publique partagée.

Il faut qu’on partage les données. Qu’on puisse avoir des tableaux de bord communs, sur lesquels on puisse s’appuyer pour les décisions.

Et donc, là encore, l’État et les collectivités doivent chacune ou chacun faire un pas vers l’autre.

Pour apporter des données – en matière de formation, en matière d’équipements, en matière d’usage du numérique –.

Émile Marzolf : Qui permettent de suivre la mise en œuvre du numérique éducatif : le nombre d’équipements déployés etc.

Audran Le Baron : Absolument ! Absolument, c’est ça pour les équipements. Également sur les usages : on a beaucoup de métriques sur les usages, les usages des ENT, les espaces numériques de travail. Sur l’accès aux ressources, grâce à notre brique d’infrastructure qui gère l’accès aux ressources numériques pédagogiques, le GAR [gestionnaire d’accès aux ressources].

On a un ensemble de… Pix également, qui permet d’avoir une vision sur les compétences des élèves.

Toutes ces données-là il faut qu’on arrive à les mettre en commun, à leur faire parler pour savoir, eh bien, comment avance chacun des territoires, comment on peut s’améliorer.

Une offre de services et d’outils raisonnée et pérenne

Émile Marzolf : L’une des priorités, justement, de votre nouvelle feuille de route c’est de bâtir une offre de services et d’outils raisonnée et pérenne à destination de tous les personnels de l’Éducation nationale. Qu’est-ce que ça veut dire une offre pérenne et raisonnée ?

Audran Le Baron : Alors raisonnée, d’abord, c’est deux choses : c’est d’une part le fait que le numérique n’est pas magique. C’est pas parce qu’on fait du numérique que, par magie, le niveau des élèves va s’améliorer etc.

Raisonnée c’est au sens il faut avoir un usage raisonné, raisonnable, du numérique.

Le numérique est utile, a une plus-value dans certaines activités pédagogiques, dans certains moments des activités en classe ou hors classe.

Mais pas à tous, donc il faut qu’on précise bien cela et que les enseignants soient formés à cela.

Et puis raisonné c’est aussi organiser de façon plus lisible, fluide, l’offre – un peu pléthorique – de numérique pour l’Éducation.

Parce qu’aujourd’hui il y en a un peu partout. Il y a plein de sites, il y a plein de ressources qui fleurissent ici ou là. Et donc il faut qu’on donne de la visibilité à ça. Qu’on mette de l’interopérabilité.

D’où le travail sur la doctrine technique du numérique pour l’Éducation.

Qui va permettre, justement, de travailler avec l’ensemble des acteurs et notamment les EdTech, les fournisseurs industriels d’ENT, de logiciels de vie scolaire etc.

À faire en sorte que l’ensemble de cet écosystème, eh bien, soit plus lisible, plus interopérable, plus fluide pour l’utilisateur final. Donc ça c’est le côté raisonné.

Et le côté pérenne, alors ça c’est le côté absolument essentiel. Parce qu’on a vécu par le passé un certain nombre d’épisodes qui ont découragé les professeurs.

Pourquoi ? Parce qu’on leur a mis entre les mains, le temps d’un marché public, des ressources pédagogiques innovantes, issues des EdTech.

Et puis du jour au lendemain le marché s’est éteint. Personne n’a pris la relève et ils se sont vus revenir à la gomme et au crayon. Parce que dépourvus d’outils, ou de budget tout simplement, pour acheter les ressources de façon pérenne.

Le compte « ressources »

Émile Marzolf : Vous voulez créer un compte ressources ? Comment ça va fonctionner ?

Audran Le Baron : Alors on marche sur deux jambes, pour la pérennité : c’est à la fois le développement de communs numériques, on pourra peut-être y revenir.

Et puis, effectivement, deuxième jambe : s’appuyer sur l’offre des EdTech. Et pour ça permettre à tout enseignant ou l’équipe pédagogique au sein d’une école ou d’un établissement du second degré, de pouvoir acquérir facilement des ressources numériques pédagogiques issues des EdTech, issues des éditeurs scolaires.

Et donc la manière dont ça fonctionne, c’est, comment dire, une sorte de portefeuille virtuel, à la disposition de chaque enseignant, de chaque équipe pédagogique au sein d’une école et d’un établissement. Qui lui permettra très aisément d’aller choisir une ressource chez quelques plateformes d’intermédiaires qui mettent aujourd’hui, déjà, à disposition tout un catalogue d’offres en la matière.

Et donc permettre d’un simple clic, une fois authentifié, une fois l’enseignant ou l’équipe pédagogique authentifié dans notre système d’information, eh bien, utiliser des crédits sur le portefeuille virtuel, pour acquérir directement, sans avoir tout une complexité comptable, de validation un peu bureaucratique.

Donc voilà, l’idée c’est de redonner la main au terrain, dans une logique un peu de CNR (chèque numérique ressources ?), finalement.

De redonner au terrain la capacité à aller utiliser des ressources…

Les logiciels libres et les communs numériques

Émile Marzolf : Pour finir, en complément de ce compte ressources qui permet d’acheter des ressources pédagogiques et des outils, vous allez créer vous-même des outils que vous allez rassembler et mettre à disposition des agents, dans une logique de communs numériques et vous vous appuyez notamment sur les logiciels libres. La feuille de route parle même de priorité aux logiciels libres : pourquoi ?

Audran Le Baron : Les communs numériques ça c’est une… un axe de développement très fort. Peut-être quelques exemples pour bien matérialiser ce dont on parle. On a un, comment dire, un logiciel plateforme qui est largement utilisé dans l’enseignement – éducation et enseignement supérieur d’ailleurs – qui est la plateforme Moodle.

Et donc ce n’est pas une lubie de l’Éducation nationale, c’est quelque chose qui est très largement utilisé dans le domaine… au niveau international dans le domaine de l’éducation et dans l’enseignement supérieur.

Et c’est un outil, un Learning Management System, un LMS qui permet de construire des scénarios pédagogiques et c’est quelque chose qui permet d’outiller finalement les professeurs.

Pour écrire des parcours pédagogiques, les co-écrire, les coconstruire le cas échéant de façon collaborative avec des pairs. Et ensuite les donner à réaliser par les élèves.

Soit en classe, soit à la maison.

Donc ça c’est un exemple de commun numérique.

Et les professeurs sont en attente de cela, pour pouvoir écrire de façon aisée et sur des plateformes souveraines, qui ne dépendent pas de tiers et dans lesquelles les donnée sont parfaitement protégées.

Donc voilà, c’est ça que l’État vient apporter.

Un autre exemple c’est la plateforme [ https://capytale2.ac-paris.fr/web/accueil Capytal] pour l’enseignement du codage, de la programmation, qui là encore, de la même manière, offre un ensemble d’outils basés sur des logiciels libres pour la plupart.

Qui permettent de fournir aux élèves des activités d’apprentissage de la programmation.

Émile Marzolf : L’idée ça va être de développer ce genre de plateforme nationale, merci beaucoup à vous Audran Le Baron, je le rappelle directeur du numérique pour l’Éducation.

Audran Le Baron : Merci à vous !

(générique musical)