Différences entre les versions de « Accessible and Inclusive by design : et si on dépassait la simple obligation légale »

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<b>Nicolas Oisel : </b>On me dit dans l'oreillette, que je n'ai pas, que nous sommes en live.<br/> Bienvenue à vous quatre. Merci d'être présents et présentes à cette table ronde. Bienvenue à vous tous qui nous regardez actuellement sur Twitch. Bravo aux valeureux téléspectateurs qui sont présents depuis ce matin 11 heures. Bienvenue à ceux qui nous rejoignent maintenant pour cette super table ronde. Je suis ravie de vous retrouver pour cette table ronde qui, à priori, sera au moins aussi passionnante que les précédentes et que les suivantes.<br/>
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Vous m'excusez, je vais vous griller la politesse, je vais commencer par me présenter très rapidement et parler un petit peu de cette table ronde.<br/>
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Je m'appelle Nicolas Oisel, je suis <em>Head of project</em> et Coach Produit chez Wivoo et, en parallèle de mes missions chez nos clients, je fais partie de la ??? RSE Produit responsable d'où ma présence à vos côtés sur cette table, puisqu'on va parler de sujets de responsabilité au travers de l'inclusion, de l'accessibilité.
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Avant de démarrer, avant de vous laisser la parole, je voudrais rappeler les derniers chiffres de la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques qui comptabilisait, en 2021, 6,8 millions, soit 13 % de personnes de plus de quinze ans, vivant à leur domicile, qui déclaraient avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive, et 3,4 millions, soit 6 %, qui déclarent être fortement restreintes dans des activités habituelles en raison d'un problème de santé.<br/>
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Pour améliorer le quotidien de ces personnes, à juste titre, fin avril, lors de la Conférence nationale du handicap, le président de la République a alloué une enveloppe de 1,5 milliard d'euros, une enveloppe qui est donc dédiée à l'accessibilité des transports, des bâtiments et du numérique. Je spoile un peu : une de nos invitées y a largement contribué et pourra nous en parler. Cette dotation montre la nécessité de vraiment se retrousser les manches et d'avancer vraiment sur la gestion de l'accessibilité et de l'inclusion dans les produits qu'on propose au quotidien ; en tant que <em>product and tech people</em>. il faut se retrousser les manches. Aujourd'hui, clairement, il faut rendre nos produits plus accessibles, plus inclusifs qu’ils ne le sont.<br/>
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On pourra y revenir. Je rappelle que l'accessibilité numérique est déjà encadrée par la loi. On peut notamment citer le fait que tous les sites du secteur public doivent être accessibles depuis 2012. Des sanctions, Marine tu pourras revenir dessus, peuvent , je crois, être appliquées depuis 2019 si l'accessibilité, si les sujets d'accessibilité ne sont pas clairement explicites sur le site et sur le produit numérique.<br/>
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Je vous laisserai peut-être aborder aussi les sujets du secteur privé. Côté inclusion numérique c'est un peu plus flou, c'est un peu moins évident avec une proposition de loi qui a été initiée en 2021, relative à la lutte contre l'illectronisme et pour l'inclusion numérique et, qui sauf erreur de ma part, n'est toujours pas appliquée aujourd'hui, n'est toujours pas effective.<br/>
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Nous sommes en 2023, à l'heure où on réfléchit à aller marcher sur Mars, je pense qu'il est aujourd'hui assez inconcevable d'arriver sur une application mobile, dont on a besoin pour avancer dans la vie, mais face à laquelle on a l'impression d'être un intrus ! Ou bien encore, qu'une personne en situation de handicap ne puisse pas bénéficier des mêmes services produits que les valides.
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La question à laquelle on va donc s'atteler maintenant, avec nos quatre invités, sera la suivante : <em>Accessible and inclusive by design</em>, comment dépasser la simple obligation légale ?<br/>
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Pour débattre de ce sujet passionnant, je suis honoré d'accueillir quatre personnes dont les retours et les conseils vont, à priori, être très complémentaires : Marine Boudeau, Pamela Corbin-Audoux, Marion Ranvier et Yannick Breavoine. Mesdames, Monsieur je vous laisse, vous présenter, peut-être Marine si tu veux démarrer, à toi l'honneur.
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<b>Marine Boudeau : </b>Avec plaisir. Merci pour cette invitation. Ravie d'être ici autour cette table ronde, carrée plutôt.<br/>
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Donc Marine Boudeau . Aujourd'hui je travaille à la DINUM, je suis préfiguratrice d'un nouveau pôle qui s'appelle « Le pôle brigade d'intervention numérique », je pourrai un peu en parler. Je suis haute fonctionnaire au handicap et à l'inclusion pour le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques.
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<b>Nicolas Oisel : </b>Yannick.
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<b>Yannick Breavoine : </b>Bonjour à tous. Je suis Yannick Breavoine, je travaille dans le domaine de l'équipement du poste de travail au sein du CFRP, le Centre de Formation et de Rééducation Professionnelle de l’association Valentin Haüy. Je travaille beaucoup sur rendre le poste de travail accessible et ça passe aussi notamment par l'accessibilité numérique puisqu'on peut rencontrer des gens dont la carrière est gênée, est pénalisée par un manque d'accessibilité. J'interviens aussi chez SNCF Connect pour des tests d'utilisateur et de maintien de l'accessibilité au cours du développement.
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<b>Nicolas Oisel : </b>D'ailleurs, on t’avait déjà reçu lors d'un Design Corner il y a quelques mois.
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<b>Yannick Breavoine : </b>On a déjà eu l'occasion de parler design accessible
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<b>Nicolas Oisel : </b>Exactement. Tu es venu en compagnie de Silver, ton chien guide d'aveugle, avec qui on a joué un petit peu avant de démarrer cette table.
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<b>Yannick Breavoine : </b>Tout à fait. C'est cela.
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<b>Nicolas Oisel : </b>Pamela.
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<b>Pamela Corbin-Audoux : </b>Enchantée d'avoir fait la connaissance de Silver et des autres invités aussi. J’ai une petite préférence pour Sylver, quand même !
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Je m'appelle Pamela Corbin-Audoux· Je suis responsable et leadership diversité et inclusion chez Décathlon digital qui est la partie tech de Décathlon, la marque qu'on connaît bien en France et dans le monde
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<b>Nicolas Oisel : </b>Une des marques préférées des Français, accessoirement.
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<b>Pamela Corbin-Audoux : </b>Il paraît, et je comprends pourquoi.
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<b>Nicolas Oisel : </b>Marion.
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<b>Marion Ranvier : </b>C’est mon tour. Bonjour à tous. Je suis ravie d'être là. Je suis Marion Ranvier, directrice générale de la Contentsquare Fondation, qui a pour but de promouvoir l'accessibilité numérique pour tous en créant des produits innovants à destination des personnes en situation de handicap et des programmes de sensibilisation, aussi bien pour les marques que pour les organismes de formation.
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<b>Nicolas Oisel : </b>Petit rappel pour vous qui êtes sur Twitch : vous avez la possibilité de réagir, de poser vos questions, le timing est un peu serré, on fera en sorte d'en tenir compte. À vous de jouer sur le <em>chat</em>.<br/>
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Pour démarrer, je veux bien qu'on regarde, dans un premier temps, ce qui est à votre définition de l'accessibilité numérique et puis un état des lieux de la législation. Vous avez vu que j'ai abordé deux/trois dates, mais je veux bien qu'on revienne dessus. Peut-être Marine, si tu veux aborder ces sujets-là.
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<b>Marine Boudeau : </b>L'enjeu de l'accessibilité numérique, c'est permettre à toutes les personnes, qui partagent cette société dont on fait partie, d'avoir un accès égal aux services, à la société, en fait, et à tout ce qu'elle propose.<br/>
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Si je reviens sur la législation actuelle dans le secteur public et, peut-être après, on pourra rentrer celle du secteur privé. Aujourd'hui l'accessibilité numérique est obligatoire pour tous les services publics, que ce soit des services publics opérés par le gouvernement, par les services d'administration centrale, par les collectivités, par les établissements publics. Beaucoup d'organismes sont concernés par ces obligations. Ces obligations existent depuis 2012, ont été renforcées en 2019, comme tu le disais, par un décret qui rajoute des sanctions sur les manquements à l'affichage, c'est-à-dire que j'arrive sur un service public numérique, je dois savoir quel est le niveau d'accessibilité, en tout cas de conformité aux exigences en matière d'accessibilité du produit ou service, pour savoir si je peux m'aventurer dans ce service ou, finalement, il vaut mieux que je ne perde pas mon temps. Malheureusement, aujourd'hui, beaucoup de services publics ne sont pas encore 100 % conformes à ces exigences, à ces règles d'accessibilité. C’est donc l'enjeu des prochaines années, probablement des changements de lois qui arriveront prochainement, dont je ne peux pas forcément parler aujourd'hui.
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<b>Nicolas Oisel : </b>Peut-être Marion sur la partie secteur privé. Est-ce que tu veux compléter ?
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<b>Marion Ranvier : </b>Tout à fait. Sur la partie secteur privé, aujourd'hui l'obligation légale oblige les entreprises qui génèrent plus de 250 millions de chiffre d'affaires à être accessible, donc de publier leur schéma pluriannuel et leur déclaration d'accessibilité. Marine, arrête-moi si je me trompe, je crois que la directive européenne est en train d'être appliquée dans le droit français et, du coup, obligera tous les sites e-commerce, notamment aussi la partie e-books, livres numériques, à être accessibles en juin 2025. Et là, finalement, il n’y a plus cette notion de chiffre d'affaires, c'est vraiment tous les services e-commerce qui devront être en conformité, répondre aux normes du Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité qui est le RGAA.
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<b>Marine Boudeau : </b>Je me permets de faire une petite parenthèse, rapidement, sur le RGAA, je n'en ai pas parlé. Aujourd'hui comment, légalement, teste-t-on qu'un site ou un service est conforme aux exigences d'accessibilité ? La France se distingue des autres pays : elle a créé, en 2009 – corrigez-moi dans le <em>chat</em> si j'ai faux – le RGAA, dont tu parlais, le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité, 106 critères qui permettent de tester qu'un site, qu'un service, est conforme à 75 %, à 80 %, à 100 %, à 0 %. Aujourd'hui, c'est ce qui permet d'objectiver le niveau d'accessibilité. On reviendra peut-être là-dessus au fil des échanges, mais, évidemment, on ne peut pas s'appuyer uniquement sur ça pour s'assurer que les sites, les services produits sont 100 % accessibles à toutes les personnes de la société.
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<b>Nicolas Oisel : </b>Avant qu'on passe plutôt sur l'inclusion avec Pamela, peut-être Yannick, veux-tu compléter sur ce côté tests, vérifications, puisque, je le rappelle, c'est ton job, notamment chez SNCF Connect. Est-ce que tu veux revenir sur cette partie <em>testing</em> ?
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<b>Yannick Breavoine : </b>On reviendra sans doute dessus, mais c'est vrai que faire des tests d'utilisateur c'est toujours quelque chose de très complémentaire au RGAA. Un site peut être non conforme mais utilisable et, inversement, certaines fonctionnalités peuvent être utilisables difficilement alors que, pourtant, c'est accessible du point de vue du RGAA.<br/>
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En complément de ce qui a été dit, la Fédération des aveugles de France vient d'ouvrir un site qui s'appelle l'Observatoire de l'accessibilité numérique et sur 2006 sites – je ne sais pas pourquoi ils en ont choisi 2006, c'est dur à dire, ils auraient pu en prendre plus – sur 2006 sites étudiés, 63 seulement ont une déclaration d'accessibilité. Il y a encore fort à faire, vraiment beaucoup à faire, et 17 étaient accessibles à 100 %.
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<b>Nicolas Oisel : </b>On reviendra dessus après, je pense.<br/>
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Pamela, côté inclusion. Je bosse sur ces sujets-là avec la ??? Produit Responsable. Nous sommes d'ailleurs intervenus chez Décathlon, il y a quelques jours, pour sensibiliser une partie des équipes à ces sujets-là. De manière très simpliste, j'ai souvent l'habitude de dire que l'inclusion c'est finalement faire attention à ne pas exclure, ce qu'on fait assez naturellement dans notre vie quotidienne par facilité.
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<b>Pamela Corbin-Audoux : </b>Tu veux dire exclure ?
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<b>Nicolas Oisel : </b>Oui, ce qu'on fait malheureusement. Se dire que naturellement, en ne faisant pas attention, on exclut naturellement. J’ai souvent l'habitude de dire que l'inclusion c'est le fait de faire attention de ne pas exclure. Qu'est-ce que tu en penses ? Peut-être as-tu une définition plus poussée de la chose ?
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==12’ 00==
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<b>Pamela Corbin-Audoux : </b>J'aime bien ta définition.

Version du 5 décembre 2023 à 08:41


Titre : Accessible and Inclusive by design : et si on dépassait la simple obligation légale ?

Intervenant·e·s : Marine Boudeau - Marion Ranvier - Pamela Corbin-Audoux - Yannick Breavoine - Nicolas Oisel

Lieu : Le choc des Titans - Tables rondes sur le Product Management

Date : 19 juillet 2023

Durée : 41 min 17

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Nicolas Oisel : On me dit dans l'oreillette, que je n'ai pas, que nous sommes en live.
Bienvenue à vous quatre. Merci d'être présents et présentes à cette table ronde. Bienvenue à vous tous qui nous regardez actuellement sur Twitch. Bravo aux valeureux téléspectateurs qui sont présents depuis ce matin 11 heures. Bienvenue à ceux qui nous rejoignent maintenant pour cette super table ronde. Je suis ravie de vous retrouver pour cette table ronde qui, à priori, sera au moins aussi passionnante que les précédentes et que les suivantes.
Vous m'excusez, je vais vous griller la politesse, je vais commencer par me présenter très rapidement et parler un petit peu de cette table ronde.
Je m'appelle Nicolas Oisel, je suis Head of project et Coach Produit chez Wivoo et, en parallèle de mes missions chez nos clients, je fais partie de la ??? RSE Produit responsable d'où ma présence à vos côtés sur cette table, puisqu'on va parler de sujets de responsabilité au travers de l'inclusion, de l'accessibilité.

Avant de démarrer, avant de vous laisser la parole, je voudrais rappeler les derniers chiffres de la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques qui comptabilisait, en 2021, 6,8 millions, soit 13 % de personnes de plus de quinze ans, vivant à leur domicile, qui déclaraient avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive, et 3,4 millions, soit 6 %, qui déclarent être fortement restreintes dans des activités habituelles en raison d'un problème de santé.
Pour améliorer le quotidien de ces personnes, à juste titre, fin avril, lors de la Conférence nationale du handicap, le président de la République a alloué une enveloppe de 1,5 milliard d'euros, une enveloppe qui est donc dédiée à l'accessibilité des transports, des bâtiments et du numérique. Je spoile un peu : une de nos invitées y a largement contribué et pourra nous en parler. Cette dotation montre la nécessité de vraiment se retrousser les manches et d'avancer vraiment sur la gestion de l'accessibilité et de l'inclusion dans les produits qu'on propose au quotidien ; en tant que product and tech people. il faut se retrousser les manches. Aujourd'hui, clairement, il faut rendre nos produits plus accessibles, plus inclusifs qu’ils ne le sont.
On pourra y revenir. Je rappelle que l'accessibilité numérique est déjà encadrée par la loi. On peut notamment citer le fait que tous les sites du secteur public doivent être accessibles depuis 2012. Des sanctions, Marine tu pourras revenir dessus, peuvent , je crois, être appliquées depuis 2019 si l'accessibilité, si les sujets d'accessibilité ne sont pas clairement explicites sur le site et sur le produit numérique.
Je vous laisserai peut-être aborder aussi les sujets du secteur privé. Côté inclusion numérique c'est un peu plus flou, c'est un peu moins évident avec une proposition de loi qui a été initiée en 2021, relative à la lutte contre l'illectronisme et pour l'inclusion numérique et, qui sauf erreur de ma part, n'est toujours pas appliquée aujourd'hui, n'est toujours pas effective.
Nous sommes en 2023, à l'heure où on réfléchit à aller marcher sur Mars, je pense qu'il est aujourd'hui assez inconcevable d'arriver sur une application mobile, dont on a besoin pour avancer dans la vie, mais face à laquelle on a l'impression d'être un intrus ! Ou bien encore, qu'une personne en situation de handicap ne puisse pas bénéficier des mêmes services produits que les valides.

La question à laquelle on va donc s'atteler maintenant, avec nos quatre invités, sera la suivante : Accessible and inclusive by design, comment dépasser la simple obligation légale ?
Pour débattre de ce sujet passionnant, je suis honoré d'accueillir quatre personnes dont les retours et les conseils vont, à priori, être très complémentaires : Marine Boudeau, Pamela Corbin-Audoux, Marion Ranvier et Yannick Breavoine. Mesdames, Monsieur je vous laisse, vous présenter, peut-être Marine si tu veux démarrer, à toi l'honneur.

Marine Boudeau : Avec plaisir. Merci pour cette invitation. Ravie d'être ici autour cette table ronde, carrée plutôt.
Donc Marine Boudeau . Aujourd'hui je travaille à la DINUM, je suis préfiguratrice d'un nouveau pôle qui s'appelle « Le pôle brigade d'intervention numérique », je pourrai un peu en parler. Je suis haute fonctionnaire au handicap et à l'inclusion pour le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques.

Nicolas Oisel : Yannick.

Yannick Breavoine : Bonjour à tous. Je suis Yannick Breavoine, je travaille dans le domaine de l'équipement du poste de travail au sein du CFRP, le Centre de Formation et de Rééducation Professionnelle de l’association Valentin Haüy. Je travaille beaucoup sur rendre le poste de travail accessible et ça passe aussi notamment par l'accessibilité numérique puisqu'on peut rencontrer des gens dont la carrière est gênée, est pénalisée par un manque d'accessibilité. J'interviens aussi chez SNCF Connect pour des tests d'utilisateur et de maintien de l'accessibilité au cours du développement.

Nicolas Oisel : D'ailleurs, on t’avait déjà reçu lors d'un Design Corner il y a quelques mois.

Yannick Breavoine : On a déjà eu l'occasion de parler design accessible

Nicolas Oisel : Exactement. Tu es venu en compagnie de Silver, ton chien guide d'aveugle, avec qui on a joué un petit peu avant de démarrer cette table.

Yannick Breavoine : Tout à fait. C'est cela.

Nicolas Oisel : Pamela.

Pamela Corbin-Audoux : Enchantée d'avoir fait la connaissance de Silver et des autres invités aussi. J’ai une petite préférence pour Sylver, quand même ! Je m'appelle Pamela Corbin-Audoux· Je suis responsable et leadership diversité et inclusion chez Décathlon digital qui est la partie tech de Décathlon, la marque qu'on connaît bien en France et dans le monde

Nicolas Oisel : Une des marques préférées des Français, accessoirement.

Pamela Corbin-Audoux : Il paraît, et je comprends pourquoi.

Nicolas Oisel : Marion.

Marion Ranvier : C’est mon tour. Bonjour à tous. Je suis ravie d'être là. Je suis Marion Ranvier, directrice générale de la Contentsquare Fondation, qui a pour but de promouvoir l'accessibilité numérique pour tous en créant des produits innovants à destination des personnes en situation de handicap et des programmes de sensibilisation, aussi bien pour les marques que pour les organismes de formation.

Nicolas Oisel : Petit rappel pour vous qui êtes sur Twitch : vous avez la possibilité de réagir, de poser vos questions, le timing est un peu serré, on fera en sorte d'en tenir compte. À vous de jouer sur le chat.
Pour démarrer, je veux bien qu'on regarde, dans un premier temps, ce qui est à votre définition de l'accessibilité numérique et puis un état des lieux de la législation. Vous avez vu que j'ai abordé deux/trois dates, mais je veux bien qu'on revienne dessus. Peut-être Marine, si tu veux aborder ces sujets-là.

Marine Boudeau : L'enjeu de l'accessibilité numérique, c'est permettre à toutes les personnes, qui partagent cette société dont on fait partie, d'avoir un accès égal aux services, à la société, en fait, et à tout ce qu'elle propose.
Si je reviens sur la législation actuelle dans le secteur public et, peut-être après, on pourra rentrer celle du secteur privé. Aujourd'hui l'accessibilité numérique est obligatoire pour tous les services publics, que ce soit des services publics opérés par le gouvernement, par les services d'administration centrale, par les collectivités, par les établissements publics. Beaucoup d'organismes sont concernés par ces obligations. Ces obligations existent depuis 2012, ont été renforcées en 2019, comme tu le disais, par un décret qui rajoute des sanctions sur les manquements à l'affichage, c'est-à-dire que j'arrive sur un service public numérique, je dois savoir quel est le niveau d'accessibilité, en tout cas de conformité aux exigences en matière d'accessibilité du produit ou service, pour savoir si je peux m'aventurer dans ce service ou, finalement, il vaut mieux que je ne perde pas mon temps. Malheureusement, aujourd'hui, beaucoup de services publics ne sont pas encore 100 % conformes à ces exigences, à ces règles d'accessibilité. C’est donc l'enjeu des prochaines années, probablement des changements de lois qui arriveront prochainement, dont je ne peux pas forcément parler aujourd'hui.

Nicolas Oisel : Peut-être Marion sur la partie secteur privé. Est-ce que tu veux compléter ?

Marion Ranvier : Tout à fait. Sur la partie secteur privé, aujourd'hui l'obligation légale oblige les entreprises qui génèrent plus de 250 millions de chiffre d'affaires à être accessible, donc de publier leur schéma pluriannuel et leur déclaration d'accessibilité. Marine, arrête-moi si je me trompe, je crois que la directive européenne est en train d'être appliquée dans le droit français et, du coup, obligera tous les sites e-commerce, notamment aussi la partie e-books, livres numériques, à être accessibles en juin 2025. Et là, finalement, il n’y a plus cette notion de chiffre d'affaires, c'est vraiment tous les services e-commerce qui devront être en conformité, répondre aux normes du Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité qui est le RGAA.

Marine Boudeau : Je me permets de faire une petite parenthèse, rapidement, sur le RGAA, je n'en ai pas parlé. Aujourd'hui comment, légalement, teste-t-on qu'un site ou un service est conforme aux exigences d'accessibilité ? La France se distingue des autres pays : elle a créé, en 2009 – corrigez-moi dans le chat si j'ai faux – le RGAA, dont tu parlais, le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité, 106 critères qui permettent de tester qu'un site, qu'un service, est conforme à 75 %, à 80 %, à 100 %, à 0 %. Aujourd'hui, c'est ce qui permet d'objectiver le niveau d'accessibilité. On reviendra peut-être là-dessus au fil des échanges, mais, évidemment, on ne peut pas s'appuyer uniquement sur ça pour s'assurer que les sites, les services produits sont 100 % accessibles à toutes les personnes de la société.

Nicolas Oisel : Avant qu'on passe plutôt sur l'inclusion avec Pamela, peut-être Yannick, veux-tu compléter sur ce côté tests, vérifications, puisque, je le rappelle, c'est ton job, notamment chez SNCF Connect. Est-ce que tu veux revenir sur cette partie testing ?

Yannick Breavoine : On reviendra sans doute dessus, mais c'est vrai que faire des tests d'utilisateur c'est toujours quelque chose de très complémentaire au RGAA. Un site peut être non conforme mais utilisable et, inversement, certaines fonctionnalités peuvent être utilisables difficilement alors que, pourtant, c'est accessible du point de vue du RGAA.
En complément de ce qui a été dit, la Fédération des aveugles de France vient d'ouvrir un site qui s'appelle l'Observatoire de l'accessibilité numérique et sur 2006 sites – je ne sais pas pourquoi ils en ont choisi 2006, c'est dur à dire, ils auraient pu en prendre plus – sur 2006 sites étudiés, 63 seulement ont une déclaration d'accessibilité. Il y a encore fort à faire, vraiment beaucoup à faire, et 17 étaient accessibles à 100 %.

Nicolas Oisel : On reviendra dessus après, je pense.
Pamela, côté inclusion. Je bosse sur ces sujets-là avec la ??? Produit Responsable. Nous sommes d'ailleurs intervenus chez Décathlon, il y a quelques jours, pour sensibiliser une partie des équipes à ces sujets-là. De manière très simpliste, j'ai souvent l'habitude de dire que l'inclusion c'est finalement faire attention à ne pas exclure, ce qu'on fait assez naturellement dans notre vie quotidienne par facilité.

Pamela Corbin-Audoux : Tu veux dire exclure ?

Nicolas Oisel : Oui, ce qu'on fait malheureusement. Se dire que naturellement, en ne faisant pas attention, on exclut naturellement. J’ai souvent l'habitude de dire que l'inclusion c'est le fait de faire attention de ne pas exclure. Qu'est-ce que tu en penses ? Peut-être as-tu une définition plus poussée de la chose ?

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Pamela Corbin-Audoux : J'aime bien ta définition.