Accessibilité numérique - Paris Open Source Summit 2016

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Titre : Accessibilité numérique - Table ronde

Intervenants : Armony Altinier - Christian Paterson - Claire Grisard - Stéphane Deschamps - Magali Garnero - Muriel Larrouy - Alex Bernier - David Monnehay - Antoine Cao

Lieu : Paris Open Source Summit 2016

Date : Novembre 2016

Durée totale : 2 heures 6 min 54

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Licence : Verbatim


Armony Altinier - Introduction et Christian Paterson - OSAi 16' 25

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Diaporama

Statut : Transcrit MO

00'

Statut : relu avec et sans le son AA.

Armony Altinier : Bienvenue au Paris Open Source Summit. On va parler accessibilité, logiciel libre et open source. Je me présente Armony Altinier, je représente le syndicat des TPE-PME du numérique, Cinov-IT, entre autres choses. Juste une toute petite intro après on va enchaîner. Je vais vous expliquer comment ça se passe.

Déjà, l’accessibilité au Paris Open Source Summit, c’est une première. Il faut savoir que l’année dernière des sujets ont été proposés et ils ne les ont pas retenus parce qu’ils se sont dit qu’il n’y avait pas assez de monde, que ça n’intéressait pas assez les gens. C’est aussi pour ça qu’on a essayé de faire un peu de buzz. Il faut que ce soit un succès, qu’on en parle pour que ce soit maintenu.

Avant Paris Open Source Summit – dont ce n’est que la deuxième édition – il y avait déjà l’Open World Forum et le salon Solutions Linux. À l’Open World Forum, ils avaient déjà fait aussi une première tentative ; ils avaient trouvé que ce n’était pas assez concluant donc ils n’avaient pas renouvelé. Donc merci d’être là, n’hésitez pas à twitter, re-twitter – le mot-dièse, le hashtag, c’est #OSSPARIS16 – en disant que c’est super. Là, on va avoir une transcription grâce à Muriel Larrouy qui nous laisse son téléphone pour enregistrer et grâce aux super transcripteurs de l’April, dont on va avoir une présentation du groupe Transcriptions.

Magali Garnero : je viens d'avoir un SMS de Marie-Odile…

Armony Altinier : Marie-Odile, toujours championne !

Magali Garnero : Qui avait envoyé un message en nous demandant « est-ce que c’est enregistré ? », pour pouvoir transcrire le truc. Ce n’est pas commencé que…

Armony Altinier : Oui, ils sont à fond ! Donc il faut bien en parler je compte vraiment sur vous tous et sur tous les intervenants à qui je mets la pression gentiment : « Il faut que ce soit super ! Attention ! Mais pas de pression…»

On s’inscrit vraiment, on a vraiment essayé de jouer le jeu du Paris Open Source Summit qui, cette année, a décidé de dire « on est un point fixe dans l’année, mais ce n’est pas une fin en soi ». Pour les groupes qui existaient déjà, c’était l’occasion de présenter notre travail. Nous, comme c’est une première, c’est l’occasion de lancer un mouvement, on va faire les choses un peu dans l’autre sens. Il y a déjà plein de choses qui existent de manière éparpillée, mais de se dire pourquoi pas se donner rendez-vous une fois par an pour lancer un mouvement et essayer de faire des ponts avec d’autres sessions. Il y a un chapitre dans le livre souveraineté qui a été fait sur l’accessibilité numérique. Donc c’est un des ponts qui a été fixé avec Tristan [Nitot] et Nina [Cercy]. Sur l’ODF Plugfest pareil, lancer des choses sur l’accessibilité, qui a lieu en ce moment, on essaye de travailler ensemble. J’ai appris par Antoine Cao de la DINSIC [Direction interministérielle du systèmes d’information et de communication, NdT], qu’il y avait aussi des choses qui ont été faites sur le Hackathon Open Democracy Now!, pour tester l’accessibilité. C’est un sujet transversal, l’objectif c’est vraiment d’essaimer et de na pas rester qu’entre nous, mais de faire un point de temps en temps, et c’est ce qu’on va essayer de faire.

On a aussi produit des bonnes pratiques pour les orateurs et oratrices de tou[te]s les [sessions de] Paris Open Source Summit, qu’on a envoyées pour qu’ils essaient de rendre leurs présentations accessibles. Notamment – petit rappel – de décrire ce qui est à l’écran pour ceux qui ne le voient pas. Et c’est utile aussi pour la transcription puisqu’on a juste de l’audio pour les gens qui puissent, après, lire le texte de ce qui passe. Et il y a un code de conduite qui a été écrit et qui sera mis en place l’année prochaine.

La session va se passer en deux temps et il y a un événement associé.

Il y a la session aujourd’hui et puis il y a la suite, comme je l’ai dit c’est le début d’un mouvement, qui aura lieu demain. Aujourd’hui on a deux heures, un peu moins. Enfin, on a à peu près deux heures. Huit présentations éclair de 10 minutes et 30 minutes [ ou ce qu’il en reste, ce qui restera comme temps – de débat. C’est pour ça qu’on a mis les chaises un peu comme ça devant en rang d’oignons, l’idée c’est vraiment d’interagir avec la salle. Ce qui veut dire aussi que si vous avez des questions, gardez-les précieusement pour après, pour pouvoir interagir et puis ce n’est que le début toujours des discussions

Et on a un AccessCamp demain. Un AccessCamp c’est un BarCamp sur l’accessibilité numérique, qui aura lieu chez un partenaire qui est la FPH [Fondation pour le progrès de l’Homme, NdT], métro Bréguet-Sabin de 9 heures à midi. Et, encore une fois, là il n’y a pas d’intervenants à proprement parler. L’idée c’est de faire des choses ensemble, de manière concrète et de manière collaborative en fonction des envies, des besoins, des compétences de chacun qui seront présents. On a déjà des gens inscrits. Vous pouvez encore nous rejoindre et vous inscrire, il reste de la place. Donc l.ow2.org/ac16, pour vous inscrire et avoir toutes les infos.

Je laisse tout de suite la parole à Christian Paterson, d’Orange, qui va nous parler de l’Open Source Accessibility Initiative.

04’ 28

Statut : relu avec et sans le son par AA.

Christian Paterson [anglophone, parle avec un accent, NdT] : Bonjour à tout le monde. Ça fait plaisir de voir autant de gens ici dans la salle. C’est un vrai plaisir. Je suis Christian Paterson sponsor pour la Gouvernance Open Source au sein d’Orange, donc une société Télécom. Et aujourd’hui on est là pour discuter, justement, sur une initiative d’accessibilité et d’open source que nous on vient de lancer au sein du consortium OW2.

Donc l’open source. Bon, on est dans une conférence open source donc j’espère que maintenant on commence à comprendre quelques bénéfices de l’open source, pourquoi on le fait.

Je vais lire les slides, donc je vais suivre les bonnes consignes. Les bénéfices au niveau qualité du code, une visibilité sur le code revu par les pairs, donc qualité du code. Bénéfice de l’open source par rapport à la "sustainability", durabilité peut-être en français. Les open API [Application Programming Interface, NdT], les formats ouverts, les normes ouvertes. Donc c’est un énorme enjeu et un vrai bénéfice, je pense, pour nous tous. Ce type d’ouverture nous donne une certaine indépendance également. Une indépendance vis-à-vis de nos fournisseurs, mais une indépendance, également, sur la maîtrise de nos propres roadmaps.

Donc il y a des vrais bénéfices par rapport à l’open source. On va continuer sur cette slide-là. Cette indépendance enlève les freins par rapport à l’innovation. On paye moins sur les licences, on ne paie pas pour une licence parce qu’on a les droits fondamentaux par rapport à l’open source. Maintenant il faut qu’on investisse, qu’on travaille, qu’on collabore, donc c’est une efficacité économique. C’est un vrai levier pour nous, économiquement, et cette notion d’enlever le frein, travailler en commun, travailler en collaboration, c’est un driver d’agility, un driver d’innovation.

Mais surtout, pour moi, ce qui est important, c’est la notion de catalyseur social. Le fait qu’on travaille en communauté, le fait qu’on travaille en visibilité, c’est une reconnaissance pour les individus, mais aussi c’est une façon de passer les silos, les silos en invitant des grands groupes, les silos entre les grands groupes, les silos entre les industriels, les académiques, les gens dans les rues, les chercheurs par exemple, les gens qui sont passionnés par un sujet, qui travaillent parfois à la maison, le week-end, le soir, pendant la journée. Donc c’est un vrai catalyseur social l’open source et c’est ça qui est aussi un des bénéfices, on va dire moins tangible, mais un vrai bénéfice de l’open source.

Et quand on parle d’accessibilité, si on parle avec les développeurs dans les conférences des derniers jours, la plupart des gens vont dire « je suis développeur donc accessibilité et l’open source ça veut dire accès au code ». Mais bien entendu, la notion est beaucoup plus large que ça ! On a la notion d’accessibilité dans le sens handicap physique, mental, de vision, d’audition, cognitive. Des difficultés pour les "impairments" comme on pourrait dire en anglais.

Ces problèmes-là nous impactent tous. Ce n’est pas juste les gens qui ont les handicaps reconnus, on va dire médicalement, mais aussi on est tous soumis à une charge de travail de plus en plus importante, on est sollicités de plus en plus, donc on a des difficultés, incapacités mentales. On a des difficultés cognitives, oui, tous. Avec l’âge on voit de moins en moins. Je pose le téléphone portable là, c’est une vérité. Donc l’accessibilité c’est un sujet pour tout le monde. L’accessibilité c’est aussi un sujet qui croise vraiment bien avec l’open source et la philosophie de l’open source.

Donc on ne parle pas d’accessibilité uniquement, on parle vraiment de sujets design for all. Donc vraiment l’ergonomie c’est l’usabitily, excusez-moi pour les quelques mots en anglais, pour tout le monde.

Donc voilà, on voit les bénéfices de l’open source et on commence à comprendre le sujet d’accessibilité. On comprend également sur le sujet d’accessibilité que le framework juridique est présent, il est là. Il faut qu’on réponde. C’est une responsabilité sociale, mais aussi une obligation juridique au niveau européen, au niveau national, en France, en Italie, en Angleterre, même aux États-Unis et au Japon.

[Une personne montre un panneau qui indique qu'il ne reste que 5mn, NdT] Apparemment j’ai cinq minutes qui restent et je n’ai même pas commencé. Donc il faut que j’accélère.

Donc il y a un cadre, bien entendu, juridique par rapport à l’accessibilité et bien sûr les responsabilités sociales. On voit que les chiffres, derrière, sont assez énormes. Donc si on prend aux États-Unis, parce que j’ai trouvé les chiffres très rapidement sur le Web, 22 % des gens sont touchés par un problème d’accessibilité, par un problème de handicap. 22 % de la population américaine, donc 63 millions de personnes sont touchées par un problème d’accessibilité. Mondialement, c’est un milliard des gens qui sont touchés. Donc ce ne sont pas des petites populations de personnes. Et c’est une population qui augmente, bien entendu, avec l’âge, avec le changement de démographie, on vit plus longtemps, ça apporte en lui-même ses propres problématiques et on voit en Europe, dans quelques années, un quart des Européens va être plus âgés que 60 ans. C’est une surprise pour moi ça.

Également le domaine de la technologie est en pleine révolution. On voit que l’accessibilité c’est important et ça augmente, également, le domaine technologique. Donc les chiffres sont très larges, les chiffres sur cette slide, 4.4 trillions d’euros d’ici deux ans, pour les revenus autour du domaine informatique qui est en train d’accélérer et on sait pourquoi ça accélère parce que le monde est en train de se transformer en monde digital. Tout ce qu’on fait aujourd’hui c’est sur le cloud, c’est virtuel, c’est numérique ; nos documents sur le cloud ; nos photos sur le cloud ; accès aux services gouvernementaux sur le Web. Tout est numérique et c’est une transformation qui ne va que accélérer.

Donc on voit une opportunité et un besoin de rejoindre les deux mondes : le monde informatique et open source et le monde, bien entendu, d’accessibilité. On trouve qu’il y a une vraie opportunité, une opportunité sociale. Une opportunité, bien entendu, pour gérer mieux les questions juridiques, mais aussi une opportunité pour les gens qui ont leur propre boîte ici, qui est une opportunité de business, les populations sont larges. Et au niveau accessibilité, au niveau open source on parle de collaboration. 63 millions de personnes aux États-Unis, 1 trillion de personnes dans le monde, qui pourraient travailler avec nous pour créer de nouvelles innovations.

C’est pour ça qu’on a créé cette initiative Open Source Accessibility, c’est au sein de l’alliance consortium, OW2, c’est une ??? de Orange, c’est une ??? de tout le monde. C’est une alliance qui est bien reconnue mondialement, comme une plateforme de développement de solutions de ??? de qualité. On va faire levier sur l’effet open source pour profiter de ce sujet d’accessibilité.

Donc concrètement comment ça va marcher ? Cette initiative est ouverte à tout le monde, aux industriels, aux académiques, les grands groupes, les petits groupes. C’est une initiative qui cherche à faire collaborer et partager les gens sur les best practices, sur les guidelines, sur les outils, sur les frameworks, sur les normes, pour les gens qui travaillent également à la maison, le week-end, etc. Donc on est vraiment ouverts à tout le monde. On a essayé de mettre en place une structure qui est simple, qui est moins lourde que les structures classiques dans les grandes initiatives on va dire open source. Donc on a des projets. Les projets sont regroupés en domaines. Les domaines, au final, sont, on va dire, cordonnés par une communauté de pilotage qui veille que les projets se parlent entre eux, etc., et qu’il y ait un bon partage, etc. Donc trois niveaux, c’est simple et on est ouverts à tout le monde.

C’est la dernière slide, donc j’ai plus ou moins gardé le temps. Donc on est où aujourd’hui ? On voit l’entrée les bénéfices de l’open source, on voit l’entrée d’accessibilité, on voit un bon partenariat entre les deux et ce n’est pas que nous qui voyons ça. On a plusieurs participants qui sont intéressés par ce sujet. On a déjà identifié 17 projets sur 7 domaines et on a le support, assez fantastique on va dire, du gouvernement français également, donc merci. On est vraiment au début de la route. Donc j’espère que ce travail en collaboration va vraiment faire un effet de levier pour nous tous, pour vous en sens accessibilité, mais vous également en sens de valeur forte open source.

Le marché de profilation ciblée est très large. Les innovations possibles sont significative, je pense, et on a tous à gagner sur cette démarche.

Le dernier mot là, on est où ? Donc on a vu les 17 projets. Justement, on est en train de construire l’initiative aujourd’hui. L’initiative commence à être là. On a une charte de pratiques de gouvernance qui est en train d’être discutée. Donc si vous êtes intéressés à participer à la construction de cette initiative c’est le bon moment parce que vous pouvez, justement, nous aider à affiner cette charte qui est encore en construction, encore en discussion. On n’est pas loin d’avoir l’ébauche finalisée maintenant. Mais si vous avez aussi une envie de travailler avec nous c’est le bon moment parce que ça va vraiment donner une direction à l’initiative. Donc merci pour l’écoute. J’ai pris quelques minutes de trop, mais les autres vont accepter !

Rires et applaudissements

Armony Altinier : Merci beaucoup.

Claire Grisard - Handicap intellectuel 12‘ 43

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Statut : Transcrit MO, relu avec et sans le son par AA

Armony Altinier : Merci beaucoup. Il a pratiquement tenu le timing. Si tout le monde fait ça, ça va être parfait. C’est très bien. Maintenant on accueille Claire Grisard de l’Unapei, qui va nous présenter ce que c’est aussi, qui va nous parler d’un sujet qui est rarement abordé, en fait, quand on parle d’accessibilité numérique, c’est la prise en compte du handicap intellectuel et on va voir que c’est une erreur, parce qu’il y a beaucoup de choses à faire. Donc Claire je te cède toutes les commandes

Claire Grisard : Alors le timing, il faut tenir le temps. Je suis contente d’être là. Je ne suis pas forcément une spécialiste du numérique, je suis vraiment là pour représenter les besoins des personnes handicapées intellectuelles et sur la question de l’accessibilité et sur l’évolution numérique on a pas mal de choses à dire. Je ne vais pas lire toute la diapo. L’Unapei [Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis, NdT], pour ceux qui ne connaissant pas, c’est une fédération d’associations dont la plupart sont gestionnaires d’établissements médico-sociaux où sont accueillies, pour la plupart, des personnes handicapées intellectuelles. Moi je m’occupe des questions d’accessibilité et pour nous les questions d’accessibilité numérique deviennent de plus en plus un sujet important. Il y a des gros enjeux en ce moment pour nous avec ce qu’on appelle un peu schématiquement le passage au tout numérique.

Accessibilité et handicap mental. Je vous ai mis le point de vue des assos parce que, vu de notre balcon, en tant que nous spécialistes, on a l’impression que quand on parle d’accessibilité numérique on ne parle quasiment jamais de l’accès pour les personnes déficientes intellectuelles.

Qu’est-ce que l’accessibilité numérique pour les personnes handicapées intellectuelles ? On a le sentiment nous, aujourd’hui, qu’il n’existe pas grand-chose et on peut se poser la question. On a effectivement un certain nombre de règles que tout le monde connaît, les WCAG [Web Content Accessibility Guidelines, NdT], le RGAA [Référentiel général d’accessibilité pour les administrations, NdT], mais si on recherche précisément qu’est-ce qu’il y a qui correspond aux besoins des personnes handicapées intellectuelles dans ces règles, eh bien on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose. Et pourtant, on peut se poser la question. C’est vrai que c’est un handicap qui est, peut-être, méconnu ou mal connu. Monsieur [Christian Paterson] parlait des troubles cognitifs en disant que voilà, il y a un vieillissement de la population, etc. C’est mal connu. C’est aussi un handicap, peut-être, où les personnes sont peut-être moins militantes parce qu’elles ont du mal à s’auto-représenter, par définition. Et du coup, on a un petit peu ce sentiment d’être un peu pas les laissés pour compte de l’accessibilité, mais un petit peu quand même, et on pense qu’il a quand même beaucoup de pédagogie à faire au niveau des besoins par rapport à ça. Par contre, comment faire ? La vraie question c’est comment faire et est-ce que c’est une raison pour ne rien faire ?

Nos difficultés, à nous, elles vont être pour schématiser très rapidement, de deux ordres. Ça va être une question de compréhension, déficience intellectuelle, je schématise là encore, c’est accès au sens, comprendre les contenus. Et puis une question, aussi, en termes d’usages. Les usages numériques nécessitent beaucoup d’apprentissages.

Donc est-ce parce que c’est mal connu ? Est-ce parce qu’on n’a pas vraiment d’appuis, de règles normatives très précises qui pourraient indiquer très précisément aux développeurs comment faire pour s’adresser à ce public ? Est-ce que c’est une raison pour ne rien faire ? C’est une question un peu de provocation. Je représente une association donc je mets un peu les pieds dans le plat. Évidemment, non ! Les personnes handicapées intellectuelles sont des citoyens comme les autres. Elles participent à la vie, de plus en plus, et nous on travaille beaucoup depuis plusieurs années sur les questions d’accès aux droits, d’auto-détermination, pour que les personnes puissent, le plus possible, interagir avec leur environnement.

C’est une réflexion qu’on a menée, nous, depuis plusieurs années. Juste pour faire un petit point de comparaison par rapport à l’accessibilité au cadre bâti. Pendant des années, quand on parlait accessibilité, on pensait – je schématise encore – béton, bitume. C’est-à-dire accès au cadre bâti, les rampes d’ascenseurs, les largeurs de portes, etc. Petit à petit on s’est intéressé aux autres handicaps, les handicaps sensoriels, mais pour le handicap mental qu’est-ce qu’on fait ? Concrètement qu’est-ce qu’on fait ? Et donc nous, on a eu tout un travail, un petit peu, de pédagogie là encore pour dire, finalement, les personnes handicapées intellectuelles, elles ont besoin de pouvoir comprendre leur environnement, pouvoir s’y repérer, et que c’est ça qui leur permet une vie active. Finalement on va transposer cette réflexion dans le domaine numérique pour qu’elles puissent comprendre les enjeux, pouvoir s’y repérer et surtout accéder au sens. Donc nous on a une vraie problématique d’accès au sens, à la compréhension de ce qu’on nous propose. Et, effectivement, quand on va parler technique, quand on va parler code, on va se poser les questions sur comment faire.

Du coup c’est vrai que, par rapport à tout ce qu’on a travaillé en accessibilité, on se demandait si le numérique en général c’était le dernier bastion où, finalement, personne n’avait entendu parler du handicap mental. C’était un peu la question qu’on se posait.

[NdT : On fait signe à Claire via un panneau qu'il ne lui reste que 5 mn] Cinq minutes, c’est bon, je vais tenir, je parle très vite excusez-moi !

On y voit à la fois des évolutions inévitables et, en même temps, des opportunités incroyables aussi, pour les personnes en termes d’autonomie, pour qu’elles puissent se débrouiller par elles-mêmes, ce qui est quand même le but, au maximum. Et puis des opportunités, aussi, en termes d’accompagnement pédagogique. Simplement, on voudrait bien que le train ne parte sans ces personnes-là et qu’il y ait des choses qui leur soient proposées, qu’il y ait une réflexion, au moins qu’on y pense, dans tout ce qu’on va produire et c’est l’objet de ma présence ici.

Quelles solutions ? Je vais aller très rapidement parce que, finalement, j’ai dit en intro qu’on n’avait pas vraiment d’appuis normatifs forts. Qu’est-ce qu’on peut faire, concrètement, pour rendre des contenus accessibles, des contenus numériques accessibles aux personnes handicapées intellectuelles ? Ça c’est la vraie question.

On n’a pas de solutions opérationnelles vraiment très cadrées sur lesquelles on pourrait s’appuyer très fortement. Par contre, nous, dans notre secteur associatif, dans notre milieu médico-social, on a développé des choses qui pourraient utilement être transposées et servir un peu de base pour améliorer les développements pour les personnes handicapées intellectuelles.

L’accès au sens, parce que c’est vraiment la problématique – je ne vais pas parler des usages ici parce que je ne vais pas avoir le temps – mais l’accès au sens est un vrai sujet. Finalement qu’est-ce qu’on a besoin pour comprendre ? C’est d’avoir des choses qui soient faciles à lire et à comprendre. Du coup, on a développé depuis plus de dix ans une méthode de simplification de l’écrit qui s’appelle « Le facile à lire et à comprendre ». Voilà, comme son nom l’indique, on a essayé de faire simple.

Donc là je présente très rapidement, en fait, une méthode qui comprend un certain nombre de règles, je passe les diapos très vite, mais qu’on a développée depuis un bon moment et qui permet, aux personnes, d’un petit mieux comprendre ce qu’on leur propose en termes d’écrit.

Les règles principales sont des règles de fond et de forme. C’est-à-dire que nous, l’accès au sens c’est ce qu’on considère comme étant le fond et puis, comme pour d’autres types de handicaps, on va avoir des questions de forme, de lisibilité, de taille de police, etc., qui sont importantes.

Donc dans le fond, ça va être vraiment des règles d’organisation du document, de structuration, de logique. Finalement plein de règles de bon sens. Et dans la forme, ça va être vraiment des questions de police, de mise en page, etc. Donc je crois que la présentation sera reprise, je passe très vite les diapos sur ces règles, parce que ce n’est pas l’intérêt, et qu’il ne me reste que deux minutes.

On a un point très important sur les illustrations qui sont aussi un appui fondamental pour accéder à la compréhension et qui sont, pour les personnes déficientes intellectuelles, je le glisse au passage, un appui fondamental pour retenir l’information, pour fixer la mémorisation. Ce n’est pas juste une communication alternative, c’est vraiment pour fixer la mémorisation.

Donc voilà ! Ça ce sont des choses qu’on a développées à l’origine pour tout ce qui va être support imprimé, écrit, parce que nous, on est un peu à l’ancienne. On se rend bien compte que maintenant tout passe par l’ordinateur, par les usages numériques et donc on travaille, de plus en plus, à essayer de transposer ça dans le secteur et donc « Le facile à lire et à comprendre » c’est une méthode qui peut utilement se transposer dans le secteur numérique.

Je passe. Il y a des règles que vous retrouverez sur le site internet. Je ne m’attarde pas. Je voulais juste vous présenter : ça c’est un exemple sur de l’imprimé. Donc là, ça ne va vous parler, c’est dans notre secteur, mais en gros c’est juste pour vous présenter visuellement à quoi au final, un travail en « facile à lire et à comprendre » peut revenir. Donc on a vraiment un travail sur la visibilité, sur la couleur et sur des termes simples. Je ne décris pas plus la diapo.

Et je voulais juste terminer ma présentation sur un travail qu’on a en cours, qui nous semble très important c’est : finalement, une fois qu'on a fait tout ce travail, est-ce qu’on peut s’assurer que le document qu’on a présenté ou le texte qu’on a travaillé est compréhensible ? Il existait à l’origine européen, qui est à l’origine des règles du « Facile à lire à comprendre », une checklist, une liste de vérifications, qui représentait un ensemble de critères, parce qu’on a bien besoin de critères, quand même, pour objectiver tout ça. Cette checklist, alors là, c’était un cauchemar informatique, elle n’était pas accessible, le site était toujours en rideau et du coup, on se retrouvait sans outil pour permettre de vérifier, au moins, si on avait respecté un certain nombre de ces critères.

Donc on a commencé un travail avec Armony ici présente, pour essayer de rependre cette checklist, déjà de l’améliorer, de la rendre accessible, parce que c’était une liste qui n’était accessible que sur un site internet qui ne marchait pas et qui n’était pas accessible d’un point de vue numérique, donc c’était un peu terrible. Donc on retravaille ces critères pour qu’ils soient plus efficaces et on a commencé un travail aussi pour essayer de voir qu’est-ce qui dans les règles du « Facile à lire et à comprendre », correspondait aux règles très généralistes des WCAG et du RGAA pour la France. Et ça c’est vraiment, à ma connaissance, la première fois que ce travail existe. Donc il n’est pas disponible parce que l’on ne l’a pas fini.

Armony Altinier : C’est de ma faute !

Claire Grisard : Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire !

Armony Altinier : Mais je le dis !

Claire Grisard : C’est en cours et l’idée c’est parce que finalement dans les critères des WCAG notamment, tout ce qui est accès au sens, il y a des critères très généralistes qui disent qu’il faut que ce soit lisible, compréhensible, mais c’est très généraliste. Là, avec les règles du « Facile à lire et à comprendre » en regard, ça va se présenter sur un tableau, en regard on va pouvoir voir concrètement quels sont les critères qui peuvent aider un rédacteur ou un contributeur à se rendre plus compréhensible.

Et dernier mot, avant qu’il ne ressorte son papier [référence à la personne présentant le panneau indiquant que le temps est écoulé, NdT][Rires], on voulait, une volonté forte, que ce soit sous Creative Commons BY-SA pour que ça ne reste pas figé, parce qu’on est vraiment dans une ébullition et dans une amélioration constante et donc l’idée c’était que chacun ici présent, et autre, et à venir, puisse l’améliorer à sa guise.

Applaudissements

Stéphane Deschamps – Boosted 11’02

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Diaporama de la présentation

Statut : transcrit MO ; relu sans le son AA

Armony Altinier : Tout le monde n’y a pas pensé, mais toutes les diapositives seront sous licence Creative Commons et diffusées, et disponibles et donc vous pourrez les récupérer. Maintenant je cède la parole à notre maître du temps, Stéphane Deschamps, qui va nous parler, alors là pour le coup plus technique. Il va avoir un défi pour que ce soit compréhensible par tout le monde, facile à lire et à comprendre. Bonne chance ! Attends, je lance le chrono, il n’y a pas de raison.

Stéphane Deschamps : On attaque à fond ! J’attends ! Bonjour à tous. Content de voir une salle pleine, déjà. Je travaille chez Orange depuis de nombreuses années, dans l’accessibilité depuis 2004, et puis j’ai rejoint l’équipe qui travaille avec Christian depuis deux mois maintenant. Mon travail est de coordonner d’une part, la diffusion des outils open source d’Orange et d’autre part de coordonner, avec Christian, l’initiative open source et accessibilité au sein de OW2. L’idée étant qu’on mette tous en commun ce qu’on fait pour essayer de tous le faire mieux et puis éviter de réinventer la roue tous les trois/quatre matins.

Dans notre équipe on a développé un certain nombre de choses et on a quatre activités principales qui sont : du soutien aux projets, de la formation – je vais aller super vite – des outils et des recommandations pour que, notamment quand on travaille avec des agences, on puisse directement leur fournir des recommandations, même si on n’a pas eu le temps de les former ou même si elles n’ont pas la compétence suffisante, pour essayer de limiter les dégâts.

On travaille aussi sur des projets en innovation, qui vont venir améliorer les sites web et/ou les services que des gens peuvent « consommer » entre guillemets, et puis donc on travaille sur une démarche de partenariat et de standardisation au sein de OW2, avec l’initiative open source et accessibilité.

On fait des recommandations sur le Web, sur le mobile. On a écrit un outil qui s’appelle mDAN, pour démonstrateur d’accessibilité numérique mobile, qui permet, quand vous avez des développeurs qui travaillent sous Android ou sur iPhone – on a les deux versions – on leur donne toutes les règles et on leur démontre systématiquement : ça, ça marche, ça, ça ne marche pas et référez-vous à telle page des guides IHM – vous m’arrêtez dès que je dis un gros mot – des guides interface homme-machines d’Apple et d’Android, pour pouvoir faire des applications utilisables par tous et dans tous les contextes.

Donc on fait des recommandations. On a développé un outil qui s’appelle Confort+, qui est une extension pour les navigateurs, qui vous permet d’adapter les sites web à vos besoins en plus de la nécessité d’accessibilité des sites web. On peut très bien, par exemple, avoir besoin d’une police plus adaptée à la dyslexie et donc, on va changer dynamiquement la police du site, on va changer les couleurs, on va changer le comportement, pour pouvoir, si on est handicapé moteur, sauter de lien en lien sans avoir besoin de toucher ni sa souris, ni son clavier. Voilà !

[Je passe vite sur le reste.]

L’idée de Boosted en fait c’est de s’appuyer sur un framework de développement qui s’appelle Bootstrap, qui est un framework web, qui est très reconnu dans la communauté.

Magali Garnero : Framework ?

Stéphane Deschamps : Framework : bibliothèque de développement, cadre de développement littéralement. Autrement dit, on s’appuie sur un certain nombre, un certain volume de code déjà écrit et nous par-dessus, ce qu’on fait, on part du principe que Bootstrap avait une accessibilité qui était déjà pas mauvaise à la base, et donc dans Boosted, on a forké Bootstrap, on rajoute dessus des composants chartés Orange parce que c’était notre besoin premier.

Armony Altinier : Forké ?

Stéphane Deschamps : Pardon ! On fait une copie de ce code source et on l’adapte à nos besoins. On a fait en sorte que ce soit présenté comme des composants Orange, puisqu’on en avait besoin pour nos projets, et puis on avait besoin que nos composants soient réellement certifiés accessibles et donc on a soit complété les composants de Bootstrap, soit écrit nos propres composants, en plus.

Je ne suis pas aussi technique qu’Armony peut le dire, donc je ne saurais pas vous dire quels composants on a écrit, il faudrait que je regarde plus précisément. Tout ça est documenté, tout ça est open source, tout ça est sur GitHub.

Armony Altinier : GitHub ?

Stéphane Deschamps : GitHub ! Là tu m’en veux ! GitHub est une plateforme de partage de code et de mutualisation, principalement open source, majoritairement open source, pas seulement open source.

Intervenant: Pas complètement.

Stéphane Deschamps : J’ai dit principalement.

Armony Altinier : Ce n’est pas grave !

Stéphane Deschamps : Mais parce que là, avec tous ces adverbes, j’ai perdu au moins une minute sur mes dix.

Comment l’open source change l’usage ? Pour nous avant c’est simple : les équipes qui développaient pour les projets étaient le point d’entrée et de sortie des frameworks. Ça signifie qu’on les développait, on les livrait et après les gens nous disaient : « il y a ça qui ne va pas » et nous on passait un temps fou à essayer de le corriger. Avec l’open source, on a gagné énormément en productivité, puisque, quand quelqu’un a besoin d’un composant dans son projet il peut, par exemple, commencer à l’écrire et nous, on va venir ensuite l’aider et le compléter s’il y a besoin, comment dire, d’accessibilité poussée sur ce composant, et il va pouvoir le remonter. On va pouvoir aussi le distribuer à d’autres compagnies qu’Orange. C’est ce qui a été fait avec une autre compagnie qui a utilisé ce framework-là en se disant, finalement, c’est du Bootstrap, donc on sait faire. On va prendre Boosted. Ah ben globalement ça marche pareil, qu’est-ce que je dois changer, la feuille de style pour le présenter comme dans ma compagnie, on a charté les sites. Et pas comme Orange, évidemment, parce que tout le monde n’est pas charté comme nous, évidemment. Ça s’est fait, ça se fait.

Donc ça signifie pour nous d’une part, on va avoir contribué directement ou indirectement à une meilleure accessibilité d’un certain nombre de sites qui utilisent Bootstrap et d’autre part, on va gagner du fait que la communauté va pouvoir nous faire remonter des évolutions dont elle a besoin, qui seront parfaites ou pas, peu importe, mais en tout cas nous, on va contrôler ce qui a été fait au final, on ne va pas avoir été obligés de l’écrire.

Donc on a un gain, nous, en termes de productivité et d’avancée du produit. Les projets ont un gain aussi, puisque c’est un service sur étagère. Jusque-là quand on accompagnait des projets qui faisaient du développement, chacun avait son propre framework et puis chacun nous disait : « Au fait, c’est accessible ou pas ? » On faisait un audit, on s’apercevait que ce n’était pas le cas. On prenait six mois dans la vue et puis c’était la version 1 et puis on n’avait pas budgété, et puis il fallait attendre la version 2 et puis on prenait deux ans dans la vue, et pendant ce temps-là vos collègues en difficulté, ils font quoi ? Ils ont du mal.

[Je suis super rapide, je finirai avant dix minutes !]

Le truc qui est très intéressant pour nous aussi ce sont les remontées du terrain puisque, jusque-là, globalement, on n’avait que les projets qu’on accompagnait, qu’on avait identifiés. Ça veut dire qu’on savait que telle équipe projet allait développer tel truc. On savait qu’il y avait un besoin d’accessibilité puisqu’il y a toujours un besoin d’accessibilité. On savait qu’il y avait, en plus, une bonne volonté de la part des développeurs et des chefs de projet, on allait voir ce projet-là, on les accompagnait. Pendant ce temps-là, quinze projets à côté, on ne les accompagnait pas. On est une petite équipe, on est une quinzaine de personnes.

Comment est-ce qu’on arrivait à gérer ça ? Avec ce genre de solution, on commence à avoir quelque chose de meilleur, puisqu’on leur propose sur étagère un framework qui est reconnu. « C’est quoi Boosted ? Ça s’appuie sur Bootstrap. Ah oui, j’en ai entendu parler, dans l’ensemble, je vois que plein de gens l’utilisent. » Ce n’est pas plus bête que ça, mais parfois le bouche à oreille nous sauve. Résultat : les quinze autres projets que je n’aurais pas pu accompagner dans le contexte précédent, il y en a une partie qui va déjà prendre cet outil-là. Cette partie-là, même si je ne les accompagne pas, je vais savoir qu’ils font un travail qui est, au pire, potable, passable, au mieux très bon. Et on n’aura pas été obligés de les accompagner. J’ai multiplié par dix l’efficacité de l’accompagnement de mon entreprise.

Donc pour nous, les résultats sont là, puisqu’on a globalement les projets qu’on identifie, qui utilisent Boosted, eh bien ils ont tout de suite un niveau d’accessibilité qui est meilleur, même si on ne les a pas accompagnés, alors que par le passé ils faisaient un petit peu ce qu’ils voulaient même si on leur disait que c’était une recommandation « groupe » d’être accessible. Voilà, quoi ! C’est malheureux à dire mais l’accessibilité, ce n’est qu’un des enjeux parmi plein d’autres enjeux quand on est pilote de projet : on a aussi besoin de sécurité, on a besoin de performance, on a aussi besoin de connexion avec une base de données, on a aussi besoin de tellement de choses que l’accessibilité, malheureusement, arrive souvent vers la fin, et puis voilà ! Vous n’imaginez même pas le nombre de gens, que ce soit en interne Orange ou ailleurs, qui vous appellent deux jours avant le lancement d’un projet en vous disant : « Tu pourrais regarder si mon site est accessible ? Ah, ben non, il faut tout refaire. Ah, ben oui, mais pour lundi ce n’est pas possible ! Je sais ! » Voilà ! Donc on ne peut que constater la catastrophe. En mettant ce produit sur étagère, on a quand même démultiplié l’effort et ça, c’est un gain énorme.

L’autre gain, c’est que les gens qui font de l’expertise dans notre équipe, au lieu de venir systématiquement aider les projets sur des règles de base dans le genre « un bouton ça se fait de telle manière, une image ça se fait de telle manière et ça se commente de telle manière », puisque tout ça est déjà réglé dans le framework et qu’en plus, il est documenté, on va pouvoir se concentrer sur des questions plus complexes. « J’ai tel composant qui est assez riche, dans lequel j’ai telle et telle interaction, est-ce que vous pouvez le regarder ? » La réponse précédente, une fois sur deux, c’était : « Je suis vraiment désolé, mais là je suis en train d’accompagner un autre projet qui doit être en ligne » (le fameux projet qui doit être en ligne lundi), et pendant ce temps-là on ne pouvait pas accompagner ces questions complexes. Donc on leur disait, quand on tombait sur des développeurs pleins de bonne volonté : « Est-ce que tu peux regarder telle et telle ressource en ligne et puis dis-nous comment tu y arrives et puis on essaiera de t’accompagner demain. »

Là on commence à pouvoir se concentrer réellement avec lui sur la question. « J’ai un truc complexe ! Eh bien, attends, donne, je vais le regarder », parce que j’ai débloqué du temps. Donc les développeurs sont plus autonomes, en anglais on dit empowered, comment dire, ils ont plus la maîtrise de ce qu’ils font et puis, je ne sais pas vous, mais moi j’aime bien faire des choses de meilleure qualité au fur et à mesure que ma carrière évolue, donc généralement les développeurs quand vous leur dites : « Si tu prends ça tu feras du meilleur boulot et tu auras plus d’utilisateurs contents et moins d’utilisateurs qui pestent contre toi », dans l’ensemble ça fonctionne bien. Ça me semble assez humain.

Et puis c’est un pivot de discussion entre designers et développeurs, puisqu’il y a une base qui a été chartée, il y a déjà des composants, donc les designers, au lieu de partir dans des délires de designers – ce qui arrive, oui, mais bon c’est leur boulot aussi, on leur demande d’être inventifs donc ils y vont. Là, on s’appuie sur un langage commun, parce que votre développeur quand il lui dit : « Je dois faire une barre de boutons », généralement le designer comprend ce qu’il veut comprendre, ce qu’il peut comprendre. Et quand le designer explique des choses au développeur, le développeur comprend ce qu’il veut et ce qu’il peut comprendre, aussi. Là, ils sont tous les deux en train de regarder un composant qui existe et puis de décider comment, éventuellement, on évolue la charte, on fait évoluer la charte, mais en tout cas, ils ont une base de discussion. Ils parlent d’éléments communs qui sont nommés pour les deux de la même manière. Il y a les gens du Financial Times, je crois, qui avaient fait un très beau guide de style, dans lequel il y avait une colonne pour les développeurs et une colonne pour les designers, parce qu’on ne parle pas de la même chose, généralement, pour un rendu graphique qui sera le même. En ayant un outil, on a un vocabulaire commun, aussi, et ça, ça permet de mieux travailler en termes de design versus développement.

Prochaines étapes, après j’en aurai fini. On projette de donner encore plus d’outils à nos développeurs et, d’une façon générale, à la communauté, histoire de les rendre plus autonomes. Là encore, c’est bon pour tout le monde : vous ferez de meilleurs produits et puis nous, on aura plus temps pour vous accompagner sur des choses compliquées. On essaye d’intégrer des tests automatiques dans la chaîne de production à travers de l’intégration continue, à travers des outils d’audit automatisés. Et puis, à partir de ça, faire des tableaux de bord pour superviser automatiquement l’accessibilité et puis pouvoir inscrire dans le long terme le suivi de plusieurs projets qui nous semblent critiques et pouvoir dire à un moment donné : « Attention, si ça fléchit, il y a un problème d’accessibilité à ce niveau-là » et on peut se concentrer sur eux parce qu’on a débloqué du temps en partageant le reste de notre code. Voilà. Merci à vous

Applaudissements

Magali Garnero Transcriptions 8’ 58 relu avec le son par Booky et bon pour accord

Statut : relu sans le son par AA

Armony Altinier : Je laisse la parole à Magali Garnero de l’April, de Parinux, de Framasoft, etc., qui est très connue sous le nom plutôt de Bookynette et qui a gentiment accepté de venir nous parler du groupe Transcriptions de l’April. À toi.

Magali Garnero : Bonjour. Merci à tous d’être là. Moi je ne viens pas du tout du monde accessibilité. Je pourrais vous la jouer du genre « je viens du numérique » vu toutes les associations qu’a citées Armony. Pas du tout ! Je suis une libraire. Je suis une libraire qui a envahi l’association April – j’aime bien dire envahi parce que je suis un petit peu partout dans l’association – et l’April c’est une association qui fait la promotion et la défense du logiciel libre. On parle beaucoup d’open source, on va dire que le logiciel libre ça respecte les libertés des utilisateurs, ça ouvre le code, bien sûr, mais ça permet de récupérer le code, le modifier, le redistribuer, l’adapter à ses besoins. Bootstrap dont parlait tout à l’heure mon prédécesseur, dont j’ai malheureusement oublié le prénom [Stéphane Deschamps, NdT], désolée, est un logiciel libre que, justement, vous pouvez récupérer, améliorer, le transformer en Boosted et le repartager après.

Dans cette association April il y a un petit groupe, c’est mon groupe préféré, c’est le groupe Transcriptions. Et notre but à nous, c’est de récupérer des formats vidéos, des formats audios, qu’on apprécie, et de les transcrire.

À quoi ça sert ? Si un texte, par exemple d’une conférence, celle qu’on est en train de donner maintenant est enregistrée, comment faire pour la retrouver, si elle n’est juste qu’au format audio sur Internet ? Ça va être très compliqué. À moins qu’on se souvienne exactement de l’intervenant, de la date, du lieu, et ainsi de suite, ça va être compliqué de la retrouver. Par contre, si elle est transcrite, cette vidéo ou ce format audio, puisqu’il s’agit d’un enregistrement, va être associé à un texte. Et donc là tous les moteurs de recherche vont pouvoir récupérer tout le texte de cette vidéo et ça sera beaucoup plus facile pour l’utilisateur lambda de retrouver ce qui aura été dit aujourd’hui. Donc, au niveau de l’indexation sur Internet, c’est beaucoup plus valorisant d’avoir du texte que d’avoir juste un fichier média.

En plus, pour l’accessibilité, c’est un plus. Pareil. Tout le monde n’a pas forcément accès aux formats vidéo quand il est sur son téléphone parce que, autant ne pas se leurrer, la plupart des gens maintenant passent leur temps sur le téléphone, mais il y a aussi d’autres personnes qui ont des problèmes de handicap, qui ne peuvent pas forcément entendre ce qui est dit dans la conférence et qui ont des logiciels qui lisent et donc qui lisent le texte. Eh bien, comment dire, une conférence transcrite, forcément, va devenir accessible à plein d’autres gens qui n’auraient pas pu y avoir accès.

Et la dernière grosse utilité, moi que j’apprécie particulièrement parce que j’aime bien citer mes sources, c’est la réutilisation. Quand on a entendu quelque chose dans une conférence, on ne sait pas exactement quels sont les termes qui ont été employés, par contre on se rappelle de l’idée générale. Grâce à la transcription d’un fichier, on peut avoir les termes exacts et pouvoir re citer la personne, sans trahir, exactement les mots qu’elle a dit.

Donc c’est vraiment indexation, accessibilité, réutilisation : ce sont les trois maîtres mots de mon groupe de transcriptions.

[Du coup je vais passer les slides parce que là je vous l’ai déjà dit à voix haute.]

Ce groupe de transcriptions, c’est un groupe qui existe depuis 2006. C’est-à-dire que l’April existe depuis 1996, le groupe existe depuis 2006 parce qu’il y a quelqu’un qui s’est rendu compte que ça pouvait être important de garder une trace de certains fichiers. On enregistre tous nos fichiers dans des formats. On n’est pas sûrs de pouvoir les relire dans quelques années. Alors qu’un texte, à priori, sera toujours accessible. Donc il a commencé, c’était Sébastien Blondeel, alias Sbi, facile à retenir, il a commencé à transcrire énormément de fichiers pour qu’on en garde une trace.

J’ai été animatrice de ce groupe-là pendant cinq ans, j’ai repris le groupe, on a fait beaucoup de..., nous appelle ça des transcrip'parties, comme certains appellent ça dans install’parties, ou des April camps, et ainsi de suite. Donc des transcrip'parties. Et dernièrement j’ai refilé le bébé à Marie-Odile Morandi. J’en parlais tout à l’heure. C’est la personne qui a demandé si la conférence était enregistrée, puisque c’est elle qui va la transcrire. Voilà !

J’ai marqué en octobre plus de dix heures de vidéos, audios, qui ont été transcrites parce qu’on est un groupe qui est extrêmement actif. On se réunit une fois par mois autour de tomates cerises et de jus de pommes et on transcrit pas mal de vidéos : des conférences, des ateliers de formation, des cours de certains professeurs qui nous sont envoyés. Bref ! Dès que quelque chose nous semble indispensable pour le futur, on essaye de retranscrire.

Pour vous donner une idée de ce que c’est exactement de la transcription : cinq minutes de son égalent, à peu près, une heure de travail, donc c’est une tâche extrêmement fastidieuse, et c’est parce qu’on est extrêmement exigeant. C’est-à-dire que quand on va transcrire quelqu’un, on ne va pas juste transcrire ce qu’il dit, mais par exemple, je me souviens d’une conférence d’Armony. Armony commence sa conférence, c’était à l’Ubuntu Party, elle ne dit rien. Elle va vers une table, elle prend un verre d’eau, elle boit, elle repose le verre d’eau. Puis elle prend quelqu’un dans la salle et elle lui demande de lire le texte. Le transcripteur a écrit exactement ce qu’Armony a fait et a dit que ce n’était pas Armony qui parlait, que c’était un membre du public. C’est aussi ça le rôle du transcripteur : c’est d’être fidèle à ce qui passe. On n’est pas là juste pour pondre du texte, on est là pour faire retranscrire ce que l’intervenant veut faire passer comme message. Si l’intervenant arrive habillé en rose fluo parce que dans son message c’est important que tout le monde sache qu’il est en rose fluo, le transcripteur mettra une petite note en disant « l’intervenant est en rose fluo pour telle raison ». Quand l’intervenant va parler d’un site internet sur lequel il est important que tous aillent, le transcripteur va rajouter le lien vers le site internet. On n’est pas là juste pour pondre du texte, on est là pour que le lecteur puisse avoir accès à un maximum d’informations.

Je vous parlais des réunions hebdomadaires. On se réunit à la FPH [Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme, NdT]. C’est l’endroit où vous allez aller squatter demain. C’est vraiment un lieu qui accueille énormément les communautés libristes dans Paris.

Les outils du groupe : comme on fait partie de l’April, on utilise essentiellement et uniquement des logiciels libres. Donc on utilise souvent VLC. Une année on s’est amusés, un nouveau participant qui était un développeur nous a fait un logiciel dont vous voyez le logo, qui s’appelle TGV, Transcription à Grande Vitesse. Si vous retournez l’escargot dans l’autre sens c’est le logo de la SNCF. Mais voilà ! C’était un petit jeu d’humour.

On utilise les wikis, donc pour ceux qui ne connaissent pas ce que sont les wikis, ce sont des plateformes internet où tout le monde peut participer. Ce sont vraiment des outils collaboratifs. On a une mailing list, parce qu’on fonctionne énormément par Internet, parce que se réunir c’est bien, mais on n’est pas toujours en train de faire du bénévolat au moment où tout le monde se réunit. Il y a des gens comme, Marie-Odile qui est retraitée qui transcrit chez elle, en journée puisqu’elle est retraitée, et donc qui nous envoie à la mailing list des choses qui sont à lire.

Et donc nous avons deux pédales de transcription. Je suis désolée, je n’ai pas amené la mienne contrairement à ce qu’avait dit Armony en séance hier. Mais en gros la pédale de transcription, je ne sais pas si vous voyez les machines à coudre, les vielles machines à coudre. Moi, ma grand-mère elle avait ça : elle appuyait sur la machine à coudre pour régler la vitesse de la machine. En transcription c’est exactement pareil, on a notre petite pédale, alors tous les transcripteurs ne l’utilisent pas, il n’y a vraiment aucune obligation, mais ça permet d’arrêter le fichier son juste d’un clic avec le pied, sans avoir besoin de faire des manips avec le clavier, sans avoir besoin de changer de fenêtre sur son ordinateur, la pédale fait son travail et avec un deuxième coup, ça relance la vidéo. Ça pourrait faire sourire parce qu’on peut très bien le faire au clavier, mais c’est un gain de temps qui est incroyable. Et comme je suis une fainéante, j’ai tendance à m’arranger pour que les outils correspondent le mieux à mon problème, sans trop perdre de temps.

Eh bien moi, j’ai tenu moins de dix minutes, parce qu’il fallait récupérer le temps des autres.

Applaudissements

J’en profite juste pour passer un petit message puisque j’ai encore deux minutes, mais ça ne durera pas trop longtemps. Quand on fait du logiciel, quand on est en train de développer quelque chose, si vous attendez la fin de votre développement pour prendre en charge l’accessibilité, vous faites une erreur. C’est comme si, quand vous construisez un énorme bâtiment et que tout à coup vous disiez : « Ah ben tiens, si on mettait une rampe d’accessibilité avec des ascenseurs », parce que ce n’est pas prévu dans l’architecture et du coup ça prend un temps monstrueux. Alors que si c’était prévu dans les plans dès le départ, on gagnerait du temps, tous. Voilà ! C’était le petit message.

Armony Altinier : Ça valait le coup. Merci.

Applaudissements

Muriel Larrouy 12’ 22

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Armony Altinier : Maintenant nous accueillons Muriel Larrouy qui ne va pas nous parler d’accessibilité numérique mais d’accessibilité par le numérique libre. Et montrer à quel point le fait d’avoir des standards ouverts et d’avoir du logiciel libre, des bases sur le logiciel libre, permet d’améliorer l’accessibilité avec l’exemple des calculs d’itinéraires.

Muriel Larrouy : Un petit mot d’abord pour présenter ce qu’est la Délégation ministérielle à l’accessibilité. On est au sein des ministères de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, du Logement et de l’Habitat durable, et on a comme responsable une déléguée ministérielle ; c’est une fonction qui a été créée en 99. Donc ça commence déjà maintenant à dater. On a des grandes missions. On veille au respect des règles d’accessibilité, alors accessibilité dans le champ de notre ministère : donc on n’a pas l’accessibilité du numérique ; on a l’accessibilité du cadre bâti, on a l’accessibilité de l’espace public, de la voirie. On a l’accessibilité des transports quel que soit le mode de transport, du logement et de l’habitat et des établissements recevant du public. On a en charge les relations avec les associations de personnes handicapées. On travaille et on contribue aux travaux du Conseil national consultatif des personnes handicapées et on a aussi tout un volet de concertation avec les professionnels. Les professionnels c’est par exemple des syndicats professionnels comme le syndicat de l’hôtellerie, l'association des Maires de France..., ça peut être des bureaux d’étude, ça peut être des opérateurs de transport. On passe beaucoup de temps : lorsqu'il a fallu, par exemple, élaborer la dernière loi d’ordonnance de 2014, il y a eu 140 heures de concertation aussi bien avec les représentants des ascensoristes que les représentants des syndicats de médecins

Donc bien l’ensemble la chaîne de déplacement et donc, dedans, on a l’information des usagers. Et l’information des usagers c’est là où le numérique rentre en ligne de compte : on a besoin du numérique pour restituer l’information, parce que, quelle que soit l’ampleur du travail qui reste à faire, il y a déjà eu beaucoup de choses de faites et donc il y a des morceaux de réseau de transports en commun qui sont accessibles. Il y a des espaces publics et de la voirie qui sont accessibles. Il y a de l’accessibilité aux cadres bâtis également. Il y a encore des acteurs qui s’engagent, actuellement, sur la mise en accessibilité de leur patrimoine, que ça soit du patrimoine voirie, du patrimoine bâtiment, on commence à avoir déjà des applications locales qui fleurissent et j’insiste bien sur local. C’est-à-dire telle collectivité veut absolument montrer qu’elle a travaillé sur l’accessibilité donc elle va faire une petite application sur l’accessibilité de sa commune, mais les développeurs ne vont pas spécialement prendre en compte les volets transports en commun parce qu’ils sont en ville, ils vont faire avec les bases de données de la ville et ils vont faire l’accessibilité de la voirie. Ils vont donc dire à la personne mal marchante : « Alors pour faire vos 4 kilomètres de déplacement, on vous propose la voirie. La voirie et pas autre chose que la voirie, puisque nous on ne sait pas faire avec les transports en commun. Nous, on ne vous dira pas que vous allez marcher à tel moment, puis prendre tel bus parce qu’on n’est pas en mesure ; on n’a pas de liens, nous, avec le réseau de bus. » Donc on arrive quand même à des aberrations assez importantes dans les applications qui sont actuellement proposées.

Les autres limites de ces applications proposées, c’est qu’il n’y a pas d’harmonisation. On va dire à la personne : « Votre itinéraire est accessible », mais on ne sait pas ce qu’il y a derrière le mot accessible. Est-ce que c’est une accessibilité, à la rigueur, par type de handicap ? Ça existe sur certaines applications : on vous dit si vous êtes aveugle, en fauteuil roulant, mais vous ne savez pas exactement ce qu’il y aura derrière. Est-ce qu’on tient compte de la pente, de la pénibilité ? Est-ce que les boutons de porte sont renseignés ? Voilà ! Et surtout il n’y a pas d’interconnexions possibles et, généralement, par d’interconnexions avec les réseaux de transports en commun.

Donc on a un projet transversal qu’on essaye de porter, qu’on essaye de porter avec d’autres acteurs, et l’idée c’est d’utiliser un modèle de données qui est déjà harmonisé, qui existe à l’échelle européenne et donc, là, on est dans des processus de normalisation. La norme peut aider, ce n’est pas seulement une contrainte, et ça permettrait aux calculateurs d’itinéraires d’être alimentés aussi bien sur la partie transports en commun, la partie voirie, la partie bâtiments et de donner la possibilité à la personne, quand elle part de chez elle, d’avoir l’ensemble de son itinéraire renseigné.

Vous, actuellement, vous pouvez utiliser Vianavigo. On vous donne votre itinéraire piéton jusqu’à l’arrêt de bus ; on vous donne l’itinéraire du bus jusqu’à la gare ; on vous donne l’itinéraire de la gare jusqu’au prochain bus ; mais quand vous êtes avec une déficience, avec un handicap, vous n’aurez pas l’information voirie. Actuellement le STIF [Syndicat des transports d’Île-de-France, NdT], avec l’application qui va être proposée à partir de la prochaine, vous disposerez de l’information accessibilité sur la partie transports.

Donc à la personne en fauteuil roulant, on pourra lui dire : « Eh bien voilà : il faudrait que vous partiez de chez vous et que vous alliez à l’arrêt de bus, nous on vous dit que potentiellement c’est cet itinéraire-là à faire, mais on n’a pas la responsabilité, on n’a pas les infos sur la partie voirie, mais sur la partie transports on va vous renseigner ». Donc à partir de la semaine prochaine il y aura déjà un stepde franchi, mais c’est un stepqui demande encore des développements.

Donc voilà ! On est vraiment de l’accessibilité par le numérique, en sachant que l’accessibilité numérique est également derrière. On va faire le lien, par exemple, avec des travaux de recherche qui ont été faits sur comment les applications RATP, par exemple, lorsqu’elles sont utilisées par des personnes avec des déficiences mentales, montrent leurs limites puisqu’il n’y a pas de points de repères. On va dire à la personne : « Vous allez sortir à telle station par telle sortie et arrivée à l’extérieur on va vous dire qu’il faut prendre le boulevard trucmuche et le boulevard trucmuche jusqu’à votre point de destination ». On lui dirait : « Vous sortez, vous repérez la pharmacie, vous repérez la boulangerie, vous repérez telle statue », c’est un élément indispensable. Actuellement les éléments de points de repères n’existent pas dans les calculateurs d’itinéraires. Mais les travaux de recherche montrent que c’est un des éléments de l’accessibilité numérique qui permettrait, dans la restitution des résultats, de permettre d’avancer.

Donc IFOPT [Identification of Fixed Objects in Public Transport. Ndt] et Transmodel. Ce sont dans des modèles, on en est déjà à la version 6 donc on n’est pas aux balbutiements. Ce sont des modèles de bases de données et, l’avantage que l’on y voit actuellement, c’est que la Commission européenne a retenu ces modèles-là pour obliger les opérateurs ferrés, à l’échelle de l’Europe entière, de restituer leur niveau d’accessibilité via IFOPT et Transmodel.

Donc on se dit que si tous les opérateurs ferrés se mettent à IFOPT et Transmodel sur l’accessibilité, lorsque des régions vont proposer des calculateurs d’itinéraires à l’échelle régionale, ils vont peut-être tenir compte, déjà, de l’opérateur impactant qui est l’opérateur ferré et si l’opérateur ferré leur dit : « Moi je suis sur IFOPT et Transmodel », ils vont peut-être demander aux autres opérateurs de transports d’utiliser aussi IFOPT et Transmodel. parce que les normes ce n’est pas obligatoire à être utilisé. Il n’y a pas d’obligation.

L’intérêt de ces modèles de données, c’est que, comme ils ont été faits pour les transports en commun, les transports en commun il y a bien le véhicule, mais il y a aussi la gare. Les gares sont des ERP, alors tous les itinéraires déterminant l’accessibilité d’un bâtiment sont déjà prévus.

Public : Pardon les ERP ?

Muriel Larrouy : Les établissements recevant du public, excusez-moi, et les points d’arrêt sont également implantés dans la voirie et donc on a également l’ensemble des items qui décrivent la voirie : est-ce qu’il y a un abaissement de trottoir ? Est-ce qu’il y a la bonne largeur ? Comment est situé l’arrêt de bus : est-ce que c’est un poteau, un abri ? Quels sont les équipements que vous trouverez ? Donc en plus on pourrait avec les calculateurs d’itinéraires, couvrir vraiment l’ensemble de la chaîne de déplacement.

Ça permet également, l’autre avantage de cette base de données, c’est que ça permet aussi au gestionnaire de ces environnements, que ce soit environnement de transports, environnement bâtiments ou environnement voirie, de suivre ce qu’il reste à faire. Puisque même s’il ne renseigne pas les items, par exemple niveau de luminosité, niveau de qualité acoustique de mon espace et tout, ils vont se dire : « Ah, mais ça on me le demande ! Il faut peut-être que j’aille mesurer ! Il va peut-être y avoir aussi, après, des campagnes de mesure de l’intensité lumineuse, de mesures de la qualité acoustique des espaces et donc ça va être aussi un des éléments pour progresser en matière accessibilité ». C’est vraiment le volet plus qualitatif qui est à venir.

Juste un petit message rapide. Le chantier de normalisation, c’est un chantier qui est quand même bien avancé. On a des modèles IFOPT, Transmodel. On a un modèle d’arrêt partagé qui vraiment va décrire comment se décrit un système de transport : le quai, l’abri, le poteau, le passage piéton, l’ensemble de l’environnement des arrêts, les bâtiments également. Et ensuite on a tout ce qui est les formats d’échange qui permettent ensuite de communiquer entre les bases, aussi bien sur le temps réel, sur la réalisation de l’offre de service et de l’état d’avancement du bus, alimenter les calculateurs d’itinéraires et ça se fait avec un outil qui a un nom que je trouve vraiment très chouette, puisque l’outil s’appelle CHOUETTE. Voilà.

On a comme expérimentation, comme belle opportunité, l’agglomération de Valenciennes qui a été retenue dans un PIA, un projet d’investissement d’avenir, et qui a été retenue sur un projet de calculateur d’itinéraires. C’est récent, ça a été fait au mois d’octobre. Et on a des liens avec PRIMOH, qui est un pôle de recherche, qui est basé à Valenciennes et qui travaille avec l’agglomération de Valenciennes et qui va permettre de tester le calculateur d’itinéraires à l’échelle d’une agglomération avec, quand même, comme gros objectif, l’automatisation du recueil d’informations parce que l’arpentage de terrain par les collectivités territoriales, il faut oublier ! Il va falloir qu’on aille vers la mobilité 3.0 et qu’on ait des process automatisés avec les voitures. On imagine. Il y a déjà eu des projets de recherche sur des camions poubelles qui seraient équipés et qui permet, en plus, d’avoir la mise à jour de l’information sur des obstacles potentiels au jour le jour.

Tout un champ de travail, alors Paris 8 est dessus. PRIMOH [Pôle Régional de Recherche et d’Innovation en MObilité et Handicap, NdT] sera également dessus, sur comment arriver à faire que les calculateurs d’itinéraires soient en mesure de fournir l’itinéraire le plus adapté en fonction des capacités de la personne, en allant jusqu’à renseigner le type de poignée de porte, si c’est une poignée bouton. Eh bien pour des personnes qui ont des difficultés de préhension, on ne leur proposera pas l’itinéraire où il y a une poignée de porte bouton à manipuler, puisque ce n’est pas compatible. Par contre, on leur proposera peut-être un itinéraire plus long si elle n’a pas rempli la case « mal marchante » parce que là, au moins, elle n’aura pas de difficulté de préhension pour ouvrir une porte. Donc ça va assez loin.

On peut vous donner rendez-vous lundi 21 novembre au matin, puisqu’on a une table ronde sur les calculateurs d’itinéraires avec les applications existantes qui relèvent, pour moi, du passé. Une présentation IFOPT et Transmodel qui est le présent et l’avenir. Gérard Uzan, de Paris 8, qui vous montrera des extensions de Transmodel déjà prévues et puis la première application à l’échelle d’une région, qui est le STIF, qui sera opérationnel la semaine prochaine. Alors qu’ils ne pourront pas lancer lundi, mais normalement, dans le courant des jours suivants on aura la nouvelle application basée sur Transmodel et IFOPT de l’accessibilité. Merci.

Armony Altinier : Merci beaucoup.

Applaudissements

OpenStreetMap – Cartoparties – Accessibilité 1’ 49

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Armony Altinier : Ce sont des choses qui se passent avec OpenStreetMap, souvent. Ce sont des bénévoles et ça peut vraiment se faire, parce que tu disais que dans les villes on ne peut pas compter sur les collectivités pour aller sur le terrain. Eh bien il y a plein de bénévoles et c’est très sympa, c’est très sympa à faire, qui vont aller relever que tel truc est accessible, tel point il y a une rampe, tel point il y a un obstacle. Et donc ça c’est quelque chose qui peut aussi, il y a un atelier open des ???, mais qui permet aussi de retisser du lien avec les citoyens, organisé par les mairies. Il y en a qui le font. À La Réunion, à Saint-Joseph, ils avaient commencé à le faire. Je dis ça parce qu’il y avait les Rencontres mondiales du logiciel libre, en juillet, et ils en parlaient. Donc ce sont des choses qui peuvent aussi être mises en place.

Muriel Larrouy : Il y a aussi des applications qui facilitent l’intégration de données dans OpenStreetMap. Il y a certaines collectivités territoriales qui les mettent entre les mains de tous leurs agents, qui peuvent, justement, démultiplier ces relevés de terrain par tous les agents municipaux qui sont dans la ville, grâce à des outils de facilitation. Et donc du coup, ce ne sont pas des citoyens volontaires, c’est également des agents municipaux qui vont rendre de la donnée pour leurs services.

Magali Garnero : C’est vrai qu’il y a une réelle communauté derrière OpenStreetMap et j’ai vu des cartoparties qui étaient organisées juste pour référencer toutes les toilettes d’une ville ou des cartoparties qui étaient faites pour indiquer la signalisation des cyclistes et ainsi de suite. Il suffit de leur donner une thématique et on trouve toujours des gens pour le mettre en place. Et je pense que ça pourrait vraiment être utile pour votre projet. Ce serait des bénévoles, certes, mais comme c’est un logiciel libre, tout le monde peut y contribuer. Ce n’est pas Google Maps qui va aller vous faire ça.

Armony Altinier : Et du coup je vous coupe. Merci. On continue.


Alex Bernier - Association BrailleNet - epub 11’ 44

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Armony Altinier : Donc Alex, à toi de jouer.

Alex bernier: Bonjour à tous. Je suis Alex Bernier de l’association BrailleNet. Deux mots sur l’association. On travaille sur l’accessibilité numérique depuis 1998. Donc on pense que le numérique peut avoir un potentiel intéressant pour les personnes handicapées. On a plusieurs activités dont une qui s’appelle AccessiWeb. On a fait le référentiel du même nom. On travaille sur le RGAA. On fait des prestations d’audit, d’accompagnement, de labellisation et de formation. Et on a aussi une activité sur le livre numérique. Donc on propose une bibliothèque numérique qui s’appelle la BNFA, c’est une bibliothèque numérique francophone accessible qui est destinée à des utilisateurs, aujourd’hui principalement déficients visuels, mais demain d’autres publics qui ont des problèmes pour lire.

En fait, cette présentation fait un peu le lien entre ces deux activités-là, sachant que nos autres activités c’est de la recherche et développement, notamment sur des thématiques comme l’accessibilité de documents complexes, donc des livres de maths, par exemple, avec des équations. Et on organise aussi un forum européen, chaque année, à la Cité des sciences. Voilà pour nos principales activités.

Là je vais parler de livre numérique et de la convergence qu’il y a avec les problématiques d’accessibilité du Web.

Des livres accessibles, pour qui ? Ce n’est pas une liste exhaustive, mais, on va dire, ça représente les principales catégories de personnes qui nous sollicitent aujourd’hui pour avoir des livres accessibles. Ce sont principalement les déficients visuels qui ont besoin de livres en braille ou en gros caractères, ou des livres audio selon le type de déficience visuelle et selon les préférences de lecture.

Ce sont les dys, donc les dyslexiques ou les dyspraxiques. Donc les dyslexiques, par exemple, vont avoir besoin de livres multimédia qui permettent de synchroniser une restitution audio avec le texte qui s’affiche à l’écran et, lorsque le texte s’affiche l’élément qui est prononcé par la synthèse vocale ou par le narrateur est surligné ou affiché dans une couleur différente.

Et on a une troisième catégorie de personnes qui nous sollicitent aujourd’hui, ce sont des gens qui ont des handicaps moteurs qui les empêchent de lire des livres classiques parce qu’ils ne peuvent pas ou ils ont des difficultés à tourner les pages. Donc voilà, ils ont besoin de livres accessibles.

Il y a, en France, une pénurie de livres accessibles aux personnes handicapées. Il y a une statistique qui est sortie dans un rapport, il y a quelques années, qui disait que moins de 8 % des bouquins disponibles en librairie existent, quelque part, dans une version accessible. Alors version accessible, ça peut être n’importe quoi : c’est braille, audio, gros caractères, peu importe, mais tout mis bout à bout ça fait moins de 8 % de ce qui est disponible en librairie. Donc on a cette pénurie de livres accessibles en France et c’est le problème qu’on veut résoudre aujourd’hui, c’est réduire cette pénurie.

Pour la réduire, il y a deux axes de travail : c’est soit adapter des bouquins, soit faire en sorte qu’ils soient nativement accessibles.

Donc les adapter il y a des associations comme BrailleNet qui font ça. Ça demande de numériser des livres ou alors de récupérer des fichiers chez les éditeurs, via la Bibliothèque nationale de France et de retravailler ces documents pour les enrichir, afin d’en produire des belles versions en braille, gros caractères, audios, etc.

Faire du nativement accessible, là, ça implique de sensibiliser les éditeurs et de mettre ce qu’il faut en place dans leur chaîne de production, dans leur chaîne d’édition et chez leurs sous-traitants, dans leur chaîne de création de documents, pour qu’ils créent des documents accessibles et qui « perpétuent », entre guillemets, l’accessibilité tout au long de la chaîne de production du livre.

Donc on a, pour faire des livres accessibles, que ce soit nativement ou adaptés, on a des standards. On en a un qui s’appelle DAISY. DAISY ça veut dire Digital Accessible Information System. Ce n’est pas Daisy, la compagne du fameux Donald qui a été élu aux États-Unis il n’y a pas longtemps, ça n’a absolument rien à voir ! Et DAISY c’est un format qui a été créé par un consortium d’organisations donc des associations, des bibliothèques, qui se sont regroupées à la fin des années 90 parce qu’elles se disaient que le livre audio sur cassette c’était vraiment insupportable, que c’était lent, il fallait rembobiner, tout ça, on ne pouvait pas naviguer facilement à l’intérieur. C’était horrible, donc il fallait faire quelque chose, tirer parti du numérique pour créer un format multimédia qui permette de créer des bouquins dans lesquels on puisse facilement naviguer, et des livres multimédia qui permettent de répondre à des besoins de synchronisation du texte avec une version audio.

Donc DAISY, c’est un format basé sur des technologies du W3C, XML notamment, et puis d’autres technos qui sont moins connues, dont une qui s’appelle SMIL [Synchronized Multimedia Integration Language, NdT] qui permet, justement, de synchroniser différents flux et donc ça permet de lire des bouquins en braille, sur une plage braille, pendant qu’on écoute la version audio lue par une synthèse vocale ou lue par un narrateur, tout ça étant synchronisé.

Après, il y a d’autres fonctionnalités sympathiques dans DAISY. On peut facilement naviguer à l’intérieur d’un bouquin parce qu’il est structuré. On peut filtrer certains éléments. Si vous lisez un traité de droit constitutionnel avec trois notes de bas de page par page, eh bien vous pouvez dire à votre lecteur de livres DAISY de vous signaler la présence de notes, mais pas de restituer les notes à chaque fois. Vous pouvez poser des signets à l’intérieur du bouquin, etc. Donc DAISY est un format plutôt sympathique qui a eu beaucoup de succès. Il y a plusieurs millions de bouquins qui ont été adaptés dans ce format-là. Il a tellement eu de succès que les gens du consortium DAISY ont rejoint l’IDPF, donc l’International Digital Publishing Forum, qui est un consortium qui lui, s’occupait, qui s’occupe toujours, du format epub. Et donc le consortium DAISY a entre guillemets « noyauté » l’IDPF pour faire en sorte que toutes les fonctionnalités sympathiques vis-à-vis de l’accessibilité dans le format DAISY, soient intégrées dans le format epub.

Ça a bien marché. Ça a donné le format epub 3, qui est un format, maintenant, multimédia et qui a tout ce qu’il faut dans sa spécification pour permettre de créer des bouquins accessibles. Et donc il repose aujourd’hui sur HTML 5, SMIL toujours, JavaScript, et d’autres technologies du W3C et voilà, des langages un peu moins connus.

Donc on a une certaine convergence entre les technologies utilisées sur le Web, donc HTML 5, JavaScript et les technologies utilisées du côté du livre numérique. Et c’est d’autant plus vrai que cette convergence va s’accentuer d’autant plus que l’IDPF, donc l’organisme qui standardisait le format epub, va maintenant rejoindre le W3C et donc va normaliser le format epub au sein du W3C. Ils peuvent devenir une recommandation émise par le W3C.

Donc c’est pareil, ça va converger au niveau de l’accessibilité. Quand on se demande ce que c’est qu’un livre accessible, on peut s’appuyer sur WCAG [Web Content Accessibility Guidelines, NdT]. Mais le problème c’est que WCAG définit un certain nombre de règles qui sont très orientées sites web. Évidemment, il y a des règles qui sont pertinentes pour les livres : par exemple créer une structure cohérente du document pour facilement y naviguer. Ça ce sont des règles qu’on a dans WCAG et qu’on va retrouver dans des recommandations pour l’accessibilité des livres. Pareil pour la description des images porteuses d’informations.

Par contre, il y a des problèmes qu’on a en accessibilité du livre qu’on n’a pas trop en accessibilité du web. Pourquoi ? Parce que les gens sont plus exigeants, souvent, quand ils lisent un bouquin que quand ils lisent un article de blog ou un forum. Par exemple, en braille, en français, on ne doit pas abréger les noms propres. Donc ils ont un traitement particulier. Donc il faut créer, il faut ajouter des règles supplémentaires à WCAG pour traiter ce genre de problématique, qu’on a assez peu aujourd’hui, qu’on n’a pas adressées pour les sites web.

Pareil, quand on lit une page web, bon quand il y a des défauts de prononciation, à la synthèse vocale c’est embêtant, mais ce n’est pas plus gênant que ça. Mais par contre, si on lit un bouquin et que pendant 300 pages on entend Georges « Ouachinton » au lieu de Georges Washington, c’est très pénible. Donc il y a des technos, après, des langages appropriés pour ça. Voilà. Il faut définir des critères pour qualifier ce besoin en termes d’accessibilité pour les bouquins.

Ça ce sont les besoins en termes d’accessibilité des contenus. Mais on a aussi besoin de qualifier les besoins au niveau des outils de lecture.

Ça je ne vais pas trop insister là-dessus, mais aujourd’hui vous avez beaucoup de liseuses, etc., très peu sont accessibles et c’est un vrai problème.

Je parle de cette problématique de livres accessibles à l’Open Software Summit, donc je vais parler de quelques outils. Aujourd’hui la production de livres accessibles repose sur un outil qui s’appelle le DAISY Pipeline qui est un outil libre, qui permet de convertir différents formats ou, par exemple, des documents XML en voix de synthèse, des documents XML en braille. Il y a des besoins de développement dans ces outils, notamment pour qu’ils supportent bien le braille français. Il y a l’outil EpubCheck, qui est libre aussi, qui est un outil qui permet de valider la conformité à la norme de documents epub et on aimerait bien lui ajouter des fonctionnalités pour qu’il puisse valider un niveau d’accessibilité, enfin tout ce qui est automatisable, en tout cas.

Il y a un outil qui s’appelle Readium, qui est un truc qui permet de lire des livres au format epub sur différentes plateformes, donc mobile, desktop, etc., ; ça marche sur des navigateurs.

Et il y a des outils qui n’existent pas. Aujourd’hui il y a très peu de livres accessibles en France parce qu’il y a beaucoup d’associations qui en font, mais elles ne sont pas forcément toujours très bien organisées. Et puis il y a beaucoup d’étapes qui se font manuellement quand on veut adapter un bouquin. Donc on a besoin d’outils pour industrialiser la production de livres adaptés, tant au niveau technique qu’au niveau organisationnel, on va dire. On peut réfléchir sur des outils collaboratifs, des outils qui permettent de structurer automatiquement un document. Donc des beaux projets en perspective pour ceux que ça intéresserait et qui voudraient travailler là-dessus et mettre ça à disposition sous licence libre. Voilà Eh bien ça tombe bien on arrive à la fin et j’ai fini !

Applaudissements


David Monnehay 10’ 38

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Armony Altinier : David Monnehay, de l a société Atalan, qui va nous parler d’un projet sous licence libre de guides d’accessibilité pour accompagner les projets plutôt web.

David Monnehay : Bonjour à tous. L’idée c’est de vous parler très rapidement de ce qu’est AcceDe Web, à savoir un jeu de notices qui ont été conçues pour intégrer l’accessibilité web au sein des projets mais donc dès le début, on l’a évoqué plusieurs fois dutant les différentes interventions aujourd’hui. On a souvent tendance à développer et à la fin à se demander si c’est accessible ou pas. On verra donc.

Oui, comment je fais pour défiler complètement du coup ? Aie ! Le PDF ça va être un peu compliqué. Il va manquer des bouts.

Armony Altinier : Si, si, on peut.

David Monnehay : Voilà, c’est bon. Merci. Il y a des référentiels qui existent et qui sont disponibles, avant même qu’on ait commencé à travailler sur AcceDe. Il y a évidemment le WCAG. Si vous vous êtes déjà intéressé à l’accessibilité numérique, à l’accessibilité du web vous connaissez, édité par le W3C, donc c’est un petit peu le référentiel de référence, international, qui va être repris par différents pays : e RGAA pour les administrations françaises ; on va avoir la même chose au Québec ; la Section 508 un petit peu vieillissante, mais qui est encore en vigueur aux États-Unis, qui est le même principe et de nombreux autres, AccssiWeb dont on a parlé rapidement.

Donc on va avoir de nombreux référentiels, comme ça, qui vont permettre de vérifier, à la fin des projets, est-ce que notre projet web est bien accessible et quels sont les critères à tester ? Et on va nous dire, en fonction de ces critères, c’est accessible ou pas. Le problème de ça c’est qu’évidemment, on l’a vu, ce sont des choses qui arrivent en fin de projet. Voilà, le jeudi on vérifie. Eh bien non, votre site n’est pas accessible. Le lundi il faut le mettre en ligne, comment on gère ?

L’objectif c’était de prendre en compte plus tôt et en phase de projet ces critères et ces référentiels.

Le problème de ces référentiels, aussi bons soient-ils, c’est qu’ils ne sont pas adaptés à la gestion de projet. Pourquoi ? Puisqu’on n’est pas découpé sur une problématique de « je suis en phase de conception graphique, qu’est-ce que je dois prendre en compte pour anticiper les problèmes pour mon équipe de développement derrière ? Et qu’est-ce que mes contributeurs doivent savoir ? » Vous avez une suite de critères qui sont organisés d’une manière très structurée – quand on se penche un peu dedans on comprend très bien comment ils sont structurés – mais si je suis contributeur ou graphiste, je ne vais pas forcément pouvoir parcourir ces critères de manière claire et trouver juste ce qui m’intéresse, moi. Ils sont complexes à appréhender pour une partie des membres de l’équipe de production : des gens qui ne vont pas avoir un profil technique et qui ne vont pas se palucher des référentiels qui sont très volumineux, qui sont quand même destinés à des experts en accessibilité, soyons clairs. Et donc, on avait estimé chez Atalan que ces référentiels sont un peu obscurs pour une partie de la population qui doit les utiliser et une des raisons du ralentissement, en fait, du frein à la prise en compte de l’accessibilité dans les projets web.

Donc on a travaillé sur le projet AcceDe Web avec différentes entreprises françaises. Je peux les citer très raidement : Air Liquide, Atos, BNP Paribas, Capgemini, EDF, Generali, SFR, SPI, Société Générale, SNCF, qui nous ont accompagnés sur le projet, qui ont intégré leurs équipes au projet, déjà parce que, elles, voulaient avoir des référentiels clairs et utilisables au sein de leurs projets. Et elles ont participé, elles ont travaillé avec nous sur comment rédiger des notices simples et compréhensibles pour que les utilisateurs, enfin pour que les personnes qui travaillent dans les équipes puissent intégrer l’accessibilité de manière la plus simple possible, sans forcément devenir un expert.

Le principe d’AcceDe Web, au sens adapté au projet, c’est que ce sont des recommandations simples, très courtes. On va droit au but, on n’est pas là pour générer du débat. On est vraiment là : vous voulez faire un bouton, eh bien voilà comment il faut faire un bouton, parce que sinon il ne va pas être interprété par tous de la même manière.

Il peut y avoir des discussions sur les autres référentiels, ce sont des référentiels qui vivent, et il y a des communautés qui les font vivre et des gens qui participent et qui vont donner leur avis et qui vont faire évoluer les référentiels en fonction de la technologie. Mais là, l’objectif d’AcceDe Web, c’est d’être beaucoup plus terre à terre et c’est d’être beaucoup plus concret.

Elles sont synthétiques et opérationnelles. Donc là, vous avez l’exemple d’une recommandation. Donc elle est dans sa quasi totalité.

Prévoir l’apparence des liens d’évitement. Là on est dans la première notice qui va toucher la partie conception fonctionnelle et graphique. Il y a un critère qui dit « penser à prévoir l’apparence de vos liens d’évitement ». Comme ça, au moins sur une seule page. Donc voyez, il y a une ligne plus une petite astuce : l’apparence d’un lien d’évitement « allez au contenu » doit être prévue au sommet d’au moins une des maquettes graphiques. Ça veut dire que vous demandez simplement à votre graphiste de faire en sorte que ce soit prévu quelque part. Comme ça, quand ça rentre en production, on a une des maquettes qui présente ce lien. On ne l’oublie pas. On va forcément le traiter.

Une petite astuce qui précise qu’un lien « allez au contenu » peut être masqué visuellement et qu’il va apparaître dans certains cas. Donc le graphiste a toutes les informations. On ne voit pas la capture en entier, mais on a une petite capture d’écran dans cette fiche.

Donc on a des critères qui sont très simples. Là on est vraiment sur une phase de conception fonctionnelle et graphismes. Donc voilà. Il faut simplement que je tienne en compte de ce critère-là et je sais que je vais pouvoir passer pour ce point un cap en termes d’accessibilité.

On les a donc adaptées à chaque phase des projets de façon qu’on ne demande pas à l’ensemble de l’équipe d’aller fouiller dans toutes les docs pour essayer de trouver l’information.

On a une notice qui va être destinée à la conception graphique et fonctionnelle : tout ce qu’il faut prévoir en amont, tout ce qui va être gestion des couleurs ; on va voir un exemple dans pas longtemps.

Une notice dédiée à la construction des gabarits donc qui sont vraiment les règles en HTML et CSS qui vont être communes à l’ensemble du site.

Une notice qui va aller un petit peu plus loin sur les interfaces riches : en gros, vous voulez faire un carrousel, c’est un élément très courant, comment vous faites ? Eh bien, on a mis des extraits de code et on vous explique quel est le comportement qu’on va attendre de ce carrousel. On ne pas rentrer dans un framework spécifique, parce que vous êtes libre d’utiliser la technologie que vous voulez, mais on vous explique « en JavaScript, voilà ce qu’il faudra prendre en compte. »

Et une dernière notice qui va être la contribution éditoriale, puisque l’objectif c’est que votre site vive et que c’est dommage d’avoir un socle très accessible et, au fur et à mesure qu’on va mettre du contenu dedans, va le devenir un petit moins. Donc on va aussi former les contributeurs. En l’occurrence la dernière notice c’est un modèle qu’on va adapter à son ???, à son workpress, en fonction des outils qu’on va mettre à disposition.

Donc l’idée c’est d’avoir une base de connaissances libres pour les professionnels du Web, donc à réutiliser dans vos systèmes d’information, d’organisation, de recettes et autres. Vous pouvez complètement aspirer le contenu. Vous pouvez faire des liens vers AcceDe. L’idée c’est que vous pouvez l’utiliser vraiment comme bon vous semble dans vos process existants.

Je prends un petit cas d’utilisation rapide. Alors normalement ça ça apparaît les uns après les autres, mais je n’ai pas fait ça en libre donc ça va être d’un coup.

Armony Altinier : Quelle est la punition ?

David Monnehay : Donc l’idée : en phase d’intégration, on va demander à garantir la visibilité de la prise de focus au clavier. Quelqu’un qui va naviguer avec la touche tabulation doit savoir où il est. On ne le voit pas, il est ici. Si ça n’a pas été prévu en amont par la phase graphique, votre intégrateur va se retrouver « d’accord, mais je dois représenter quoi graphiquement, en fait ? » Là, on va avoir ces deux notices, un critère dans ces deux notices qui vont nous permettre d’anticiper la problématique. On a un exemple dans la maquette dont l’intégrateur non seulement sait qu’il doit le traiter, mais en plus il a un point dans sa notice à lui, qui va lui rappeler qu’il faut bien s’assurer qu’en navigant au clavier, j’ai le repère.

Un autre cas sur un carrousel. On a un critère qui va demander de prévoir un moyen de stopper les animations. Donc là on va être en phase de graphique et de conception. C’est un critère tout simple. Là on est sur le site l’Oréal, vous rajoutez un bouton pause sur un carrousel, ça repart en validation pendant deux mois. Ce sont des sujets qui sont quand même assez compliqués. Donc là, c’est prévu en maquette graphique. On envoie comme ça. On a mis un bouton pause. Tout le monde a bien compris qu’en cliquant dessus, on va pouvoir stopper l’animation. Et donc ensuite, en phase technique, on va avoir dans notre notice de composants d’interfacerie toute la définition d’un carrousel. Heureusement je dépasse un peu. En gros on a du code HTML basique. On va avoir tout ce qui est comportement au clavier, comportement JavaScript qui va être détaillé.

Il y a un dernier cas qui est un cas de couleurs, en fait. Sur ce site on a de l’orange, du rose, du vert, du bleu, qui sont les couleurs de la marque. Ça c’était la première maquette graphique qui a été réalisée et on a pu se rendre compte, puisque le graphiste a parcouru les notices à l’époque, que, en testant ces couleurs, il y avait un critère qui nous disait d’assurer le contraste entre les couleurs de texte et les couleurs de la forme, pour assurer que ce soit lisible par tous, de la même manière

En testant ses couleurs le graphiste s’est rendu compte que l’orange, le vert, le bleu, ne passaient pas, qu’ils ne respectaient pas ce critère. Donc il allait falloir trouver une solution, éventuellement proposer d’autres couleurs. Il est temps, puisqu‘on est en phase graphique, d’aller voir le client en disant : « Est-ce qu’on peut changer entièrement votre charte graphique ? » Vous vous doutez que la réponse a été non. La réunion a été assez courte d’ailleurs.

Rires

Et donc, du coup, ce qu’on a pu proposer alors qu’on était encore en phase de conception, c’est d’ajouter une fonction d’augmentation du contraste. Le graphiste a pu aussi faire sa déclinaison, alors là on est sur une gamme de gris, puisque c’était le compromis qui fonctionnait vraiment avec tout le monde. Après vu vraiment l’aspect du site en enlevant ces contraintes de couleur, dans la limite où on active la fonction d’activation des contrastes, on a pu la prévoir en conception et donc en développement elle a été prévue. On n’a pas eu besoin de revenir sur le développement pour la prendre en compte.

Voilà. Donc dans les grandes lignes, AcceDe Web c’est la bonne information au bon moment, pour chacun des membres des équipes, donc c’est une check-list aussi pour le chef de projet. Une fois que je dois valider mes maquettes, avant même de les envoyer à mon client, je peux prendre ma notice de conception graphique et d’ergonomie, vérifier tous mes points et vérifier que tout a été pris en compte.

C’est une façon simple d’impliquer chacun des intervenants à leur étape. En disant voilà : « On a des référentiels. Vous êtes designer, vous êtes intégrateur, vous avez vos référentiels, vous avez votre base documentaire ; c’en est une de plus qu’il faut prendre à votre niveau. »

Et, comme je le disais tout à l’heure, l’idée de les avoir publiées de manière libre, c’est qu’elles puissent être complètement récupérées. Donc là, aujourd’hui, elles sont disponibles en ligne et dans des versions PDF. Mais évidemment, si on doit les réintégrer dans un système différent, dans un ???, dans un système de suivi de tracking de blog ou autre, elles sont là pour ça. On a tout un tas de critères à vérifier et donc en fonction du process de qualité qui pourra exister, on va pouvoir se les réintégrer. Voilà, dans les temps, à priori.

Applaudissements

Armony Altinier : Merci beaucoup. 9 minutes 53. On a notre champion !


Antoine Cao – RGAA – 12’ 17

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Armony Altinier : Donc maintenant nous accueillons, pour notre dernière intervention éclair Antoine Cao, de la DINSIC va nous présenter le RGAA et son cadre réglementaire.

Antoine Cao : Donc la DINSIC, c’est l’acronyme de la Direction interministérielle du numérique et des systèmes d’information et de communication de l’État. En fait c’est l’équivalent d’une DSI holding on va dire, qui coordonne les travaux de modernisation et de transformation des DSI ministérielles, essentiellement.

Donc on a, entre autres, en charge le fameux RGAA, donc c’est l’acronyme de Référentiel général d’accessibilité pour les administrations qui est, en fait, le cadre réglementaire qui s’impose à toutes les administrations pour rendre accessibles leurs portails et leurs sites web d’information vis-à-vis des usagers, que ce soit les citoyens, etc., dans les démarches et pour tous les services publics qu’ils proposent à travers ces portails. Ce n’est pas que le site lui-même, mais ce sont aussi les applications auxquelles vous pourriez accéder pour faire vos démarches. Elles sont toutes soumises à ce RGAA.

[On va avancer un petit peu. C’est quelle touche ? Je pense que c’est celle-là, là c’est bon. Voilà. Là, je vous ai rappelé ce que c’était. On va passer rapidement.]

Comme c’est une réglementation, en fait c’est la traduction, je dirais, dans la réglementation française de ce qui se fait à l’international et qui a été signalé, déjà, par des intervenants précédents. Et on est conforme, également, à la directive européenne de 2002, etc.

Qui est concerné par le RGAA ? Là on a indiqué, parce que c’était plus simple, toutes les administrations nationales et territoriales, mais, en fait, il faudrait rajouter aussi tous les opérateurs qui sont sous tutelle des administrations. Donc ça s’applique à, moi ce que j’appellerais, tout employeur public. Le mot est plus simple et plus compréhensible. Comme je vous le disais, c’est toute communication dite numérique, vers le public et les agents, ça ne traite pas de l’accessibilité des transports et des déplacements, comme je le disais tout à l’heure, mais c’est vraiment tout ce qui est numérique. Mais ça inclut également tous les documents qui sont mis à disposition à travers les sites, et là on rejoint d’autres problématiques qui ont été soulevées.

Il faut savoir que c’est obligatoire pour toutes les administrations depuis 2012. Et malheureusement, les enquêtes qui ont été faites pour savoir combien il y avait de sites qui répondaient, au moins au niveau 2A, ce qu’on appelle le niveau 2A dans le WCAG, qui est surtout de niveau qui est satisfaisant, eh bien le pourcentage est très faible au niveau des sites de l’administration, on n’est pas un bon élève. Et comme il y a de plus en plus de sites qui se créent, puisque le numérique se développe, eh bien il y a en de moins en moins, je dirais en pourcentage, qui le sont. Donc c’est un peu ???

On verra tout à l’heure, je pense que dans les tables rondes, il y a des questions qui vont venir. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? Etc. La réponse est assez simple.

En fait, ce référentiel général, il ne fait que traduire les grands classiques donnés par le WCAG dans sa version 2. Il a été remis à jour, là, pour prendre en compte toutes les normes et standards définis dans le WAI [Web Accessibility Initiative], qui donne des critères peuvent être validés par des tests et de façon assez simple : je suis conforme, je ne suis pas conforme sur chaque critère. Donc il n’y a pas besoin de chercher plus loin. Et après, par rapport à l’ensemble des critères, eh bien on mesure le taux de conformité qu’on peut avoir. Donc c’est disponible en libre, le RGAA et puis toute la méthode. Ça permet de vérifier sa conformité par rapport aux standards WCAG version 2, donc la dernière.

Ça c’est juste un peu historique. Il faut savoir qu’on est bien en version 3, actuellement, du RGAA et on a fait une mise à jour pour 2016 et on est en prépare une autre pour 2017, parce que la technologie numérique, ça évolue extrêmement vite.

Public : Est-ce qu’il est prévu la même chose pour les applications ? Parce que là on parle des sites web, pour les applications ? Quand est-ce qu’il y a un RGAA pour les applications ?

Antoine Cao : Il s’applique aux applications.

Public : Ça n’a pas l’air d’être le retour qu’on a de la part des intervenants !

Armony Altinier : On en parle après.

Public : Oui on en reparlera après. Mais il s’applique aussi, si on lit bien le texte c’est « et aux services numériques ; aux services de communication et aux services numériques ». Derrière le mot « services numériques », c’est ce qu’on traduit « pour les applications ». C’est toujours le problème de textes juridiques ou réglementaires. Il faut avoir une certaine habitude de lecture.

Techniquement il est basé sur un dispositif qui est assez connu de ceux qui fréquentent le monde de la problématique de l’accessibilité du Web, donc le dispositif AccessiWeb.

Comme vous aurez le support, je vais passer rapidement, pour tenir le temps.

En fait, on n’est pas parti de zéro, on est parti de l’existant de ce qui se fait et on a capitalisé le tout et on a transformé nous, après, en référentiel réglementaire.

Capitalisation sur les acquis. Il y a déjà tout un ensemble de gens qui ont été se former et ça permet de réduire les coûts de mise en place, dès le référentiel. L’argent est le nerf de la guerre. Il faut savoir faire des économies.

On disait aussi il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à l’accessibilité et qui font des démarches, qui s’engagent, et il faudrait pouvoir déjà reconnaître ces personnes-là, les mettre en avant par rapport à celles qui ne font rien. Donc on a essayé de mettre en place un modèle d’incitation, au moins pour les administrations. Parce que dans les textes réglementaires, en fait, les administrations sont juste soumises à faire une déclaration. C’est-à-dire : « je suis conforme au RGAA ». Voilà ! ??? Personne ne va aller vérifier, c’est une déclaration, en plus pour une affaire, et nous on s’est dit ce n’est pas que ça, c’est tout aussi une démarche de maintenir le contenu accessible, etc. Donc il fallait une incitation et cette incitation, on l’a créée à travers un label qu’on a appelé le label e-accessible. Voilà. C’est pour encourager vraiment ceux qui s’engagent dedans, et ça va mesurer aussi les efforts qui sont faits, et qui veulent le maintenir, puisqu’il y aura une feuille de route qu’ils présenteront, etc. Donc tout ça c’est renseigné ailleurs. On verra après.

Donc on a mis au point, mais pas aussi bien que celle du web de tout à l’heure, on n’a pas pris les acteurs. Il faut faire ça dans l’ordre. On a mis un peu dans le désordre, un petit peu. Ce sont des grilles d’audit qui permettent juste au lieu de parcourir et de vous construire votre grille en lisant le RGAA – ??? ce qu’on reproche évidemment à tous les textes européens, c’est qu’ils sont assez épais – là vous avez une belle grille et vous pouvez juste cocher ??? de rapport si vous faites un audit, une méthodologie de tests, etc.

Donc ça c’est un ensemble de ressources qu’on a mises à disposition. Tout était en licence libre, donc ces documents sont en Creative Commons, etc.

On est en train de prendre en compte d’autres sujets. C’est ??? à comprendre. Je vous mets juste les choses qui sont en cours.

On a prévu également, un peu comme le fait AccesDe Web, des choses pour les développeurs, parce qu’on s’est rendu compte qu’on en avait besoin pour aider les autres administrations quand elles font des appels de prestations, puisque l’administration, vous le savez, fait beaucoup appel à des sociétés de services. On leur demande des développeurs ils vont les amener. Mais si on dit des développeurs qui connaissent le Web, ils ne connaissent pas en fait. Donc le problème c’est comment leur faire comprendre ce qu’on attend d’un développeur qui connaît l’accessibilité. Donc on a mis des guides comme ça, au moins, ils peuvent prendre en compte. Mais on s’est rendu compte que ce n’était pas suffisant, donc on est aussi en train de préparer d’autres choses. Et je pense que ça viendra dans les questions.

Je vous ai mise un certain nombre de choses qui sont en cours de préparation, y compris des guides pour la production de livres numériques accessibles et qui prennent en compte le fameux format epub qui a été cité précédemment. Donc on fait beaucoup de choses.

Ce qui était complémentaire à faire, c’est pour que les prescripteurs, ceux qui font les cahiers des charges pour les marchés, sachent comment traiter l’accessibilité, faire l’expression de besoin du développeur en accessibilité, parce que sinon ils disent : « Je veux développer un site web. J’ai besoin de machin, il faut que ce soit accessible. » Et là, il y a tout le monde qui répond. Donc ce n’est pas très bien ! Voilà !

Dans la feuille de route, quand on donne un label e-accessible, je l’ai écrit tout à l’heure, eh bien on demande aussi que le service qui obtient ça, il nomme un référent accessibilité numérique. C’est lui qui va être un peu le garant que ça a été bien fait et que ça continue à rester accessible. Ça va permettre de créer une communauté, comme ça, qui va permettre de capitaliser si on peut tous échanger ensemble entre référents d’accessibilité numérique.

On essaye aussi de travailler sur d’autres souches de produits pour essayer de voir si on peut améliorer leur accès accessibilité.

Armony Altinier : Tu peux le vocaliser, parce qu’il y en a qui ne voient pas et puis on est en transcription.

Antoine Cao : Ah oui, parce qu’on est en train de mener un chantier de réflexion pour permettre sur une suite bureautique libre qui est assez utilisée, qui s’appelle LibreOffice, on est en train de travailler un chantier de comment on pourrait contribuer, comment l’État pourrait aider à pousser la mise en accessibilité ou améliorer l’accessibilité de LibreOffice. Là j’ai cité LibreOffice qui est un des chantiers, mais je dois dire qu’on en prépare d’autres, mais pour le moment on ne peut pas encore en parler.

Rires

Antoine Cao : Mais ce n’est qu’un exemple. C’est pour vous dire qu’on a pas mal d’idées. Et tout à l’heure quelqu’un avait parlé des projets d’investissements d’avenir, c’est pareil, dans les projets d’investissements d’avenir, nous faisons attention à ce qu’ils aient la qualité, au sens accessibilité. Voilà.


Conclusion 4' 36

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Armony Altinier : Voilà. Donc normalement, là, on devait commencer une table ronde censée se finir à 13 heures et il est 13 heures. Donc deux possibilités : on a la salle donc on peut continuer, ou alors vous mourez de fin et du coup on fait juste la conclusion. Donc voilà, je ne sais pas.

Intervenant : On pourrait commencer la table ronde et après on peut, à la cantonade, donner la parole pour cinq minutes.

Armony Altinier : Pour ceux qui veulent. Tu veux dire deux mots, Christian.

Christian Paterson : Déjà merci à tous ceux qui ont fait ces présentations aujourd’hui. Je vais juste faire un peu de publicité en dernier mot pour l’initiative Open Source Accessibility qu’on est en train de lancer. Bien entendu, ceux que nous avons entendu aujourd’hui, ce sont les participants qui ont présenté leurs activités pour les différents domaines. Ça pourrait être les différents domaines de handicaps, mais ça pourrait être aussi différents domaines où on aborde le sujet. Par exemple les guidelines, l’assistance des différentes sociétés, les frameworks de développement qui sont mis à disposition des autres développeurs. Donc il y a beaucoup de sujets, là, qui se croisent, avec une possibilité et un marché, une population cible qui est très large. C’est une population qui pourrait nous aider tous, faire avancer le sujet, mais c’est aussi une population qui pourrait être en réception des inventions que nous créons.

Donc moi j’utilise la vision, un peu, d’un client entre le réglementaire, les best practices, les cadres et les outils de développement et, en face, il y a le monde des sociétés de services, de complément, d’assistance et entre eux, dans ce triangle-là, on voit un besoin d’une initiative, comme l’open source initiative, pour concentrer ces différents acteurs. Souvent on voit les acteurs dans un domaine, sur une initiative, dans un autre domaine dans une autre initiative, ou les acteurs qui font de l’assistance, mais nous présentent des outils et inversement.

Donc là ce qu’on essye de faire, c’est vraiment de réunir tout le monde dans une initiative, dans vraiment une philosophie open source, donc par la ???. Donc moi je ne veux pas de plus. Par rapport à ça on pourra discuter après. Après s’il y a maintenant aussi des questions, oui il y a je pense qu’il y a un petit canal qui se transfère. Déjà merci pour votre initiative. Ça a été super.

Applaudissements

Armony Altinier : Merci Christian. Juste en conclusion, comme il y en a qui vont partir, on va faire la conclusion d’abord, la table ronde après.

Je voulais juste dire l’accessibilité, il faut y aller. Quand on commence à mettre les mains dedans, qu’on n’y connaît rien, on a peur de faire des bêtises, on a peur de froisser des gens ; si on commence à poser des questions, des fois on peut se faire envoyer bouler aussi. Et du coup, ce n’est pas évident et j’ai envie de dire ce n’est pas grave si vous essayez et que vous vous trompez. À coup sur ça va être le cas la première fois, c’est normal, même. Par contre, c’est grave si vous n’essayez même pas ; c’est même un cas de discrimination. Vous avez une obligation d’aménagement raisonnable, c’est-à-dire vous avez une obligation d’essayer et d’y arriver, pour certains, aussi. Mais en tout cas vous devez au moins essayer et c’est en apprenant. Et le logiciel libre pour ça et les communautés, le côté communautaire fait que vous trouverez de l’aide. Voilà, n’hésitez pas. Et juste le laisse ça en fond qui est la diapositive sur l’AccessCamp de demain. On va essayer d’en organiser d’autres. Je verrai avec Mozilla peut-être pour faire d’autres AccessCamp aussi l’année prochaine. C’est un atelier collaboratif sur l’accessibilité, les logiciels libres et open source. Justement, si vous n’y connaissez rien et que vous avez un peu de temps demain, passez ! Vous pouvez avoir plus d’infos avec l’adresse précise, donc c’est 38 rue Saint-Sabin, métro 5 Bréguet-Sabin. C’est demain de 9 heures à midi, à la FPH. J’en profite pour remercier notamment Vincent Calame qui vient plus tôt nous ouvrir dans des locaux qui sont accessibles, qu’ils ont mis totalement en accessibilité tout récemment et qui sont très chouettes. C’est près de Bastille. Venez et on en fera d’autres. Essayez, n’hésitez pas à demander de l’aide et allez-y. Et donc maintenant, ceux qui veulent, on reste. On peut poser des questions et y répondre de manière un peu...


Table ronde 1 – 17’ 32

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Armony Altinier : Ceux qui veulent y aller, je comprends, vous avez faim, vous avez d’autres choses à faire. Je comprends. Pas de problème. Il y a plein de gens qui restent !

Ah oui, je voulais répondre, j’en profite, du coup, tu n’as pas parlé. Je voulais répondre à la question de Muriel, qui demandait, [est-ce qu’on peut le débrancher, comme ça on s’en sert comme d’un micro ?], je voulais répondre à la question de Muriel Larrouy qui posait la question : le RGAA prend-il en compte les applications mobiles ? On n’en a pas l’impression. Donc d’un point de vue légal, effectivement, oui, il y a une obligation légale de rendre les sites web et les applications et tout ce qui est numérique accessible, y compris les télévisions, etc. D’un point de vue pratique, le référentiel technique du RGAA, c’est juste une méthode d’application des règles internationales. Et aujourd’hui les WCAG, donc les Web Content Accessibility Guidelines, [tout le monde se range en attendant], les WCAG ne prennent pas spécifiquement en compte les applications mobiles. Donc tout ce qui est web mobile, oui. Enfin peu importe la taille, par contre ça ne prend pas spécialement en compte. Et donc il y a une version, actuellement, en cours on est à la version 2 de WCAG, on a une version 2.1 qui est en cours, pour prendre en compte les applications mobiles, qui a été anticipée dans une ressource complémentaire au référentiel technique du RGAA, qui prend en compte, déjà, avec une espèce d’extension, pour prendre en compte le mobile mais qui n’est pas formalisée, enfin qui n’est pas rendue obligatoire, puisque l’obligation égale est au niveau européen, puisqu’il y a la directive, il y a une directive européenne qui est passée le 21 octobre de cette année donc c’est tout frais – le 26 octobre, 21, 26, je ne sais plus, autour de par là quoi ! – et qui oblige l’accessibilité en référence aux règles internationales niveau AA. Donc en France on est déjà plutôt bons d’un point de vue juridique, par contre l’application pas du tout, d’un point de vue juridique, en tout cas, les textes sont bons. Donc comme on a une obligation juridique de respecter WCAG, si WCAG ne va pas plus loin dans la prise en compte du mobile, il ne peut pas y avoir de règles techniques imposées. En revanche, il y a déjà une ressource qui anticipe un petit peu la version 2.1 de WCAG.

Pour répondre j’espère à la question et peut-être donner la parole à Christian ? Non ? Il va sécher. Parce qu’il me semble que dans OSAi,l y a un projet sur le mobile d’Orange. Ou peut-être à Stéphane.

Stéphane Deschamps : Oui, oui.

Armony Altinier : Oui ! Je ne le connais pas donc je te laisse en parler.

Stéphane Deschamps : Oui. Pour ceux qui seront à Toulouse, au Capitole du Libre, je ferai un exposé un petit peu plus large de tous les outils et toutes les ressources que nous mettons à disposition, samedi à 17 heures 30, de mémoire. D’ici là donc mDAN, démonstrateur d’accessibilité numérique mobile, est une application téléchargeable et installable sur iPhone et sur Android. Malheureusement, je n’ai pas l’URL de tête, là, mais je peux vous la donner pour ceux qui la veulent.

Armony Altinier : mDAN, peut-être en tapant m, d, a, n ?

Stéphane Deschamps : Alors m en minuscules et DAN en majuscules D, A, N. Donc cet outil est une application. Vous lancez Togbag sur votre iPhone. Togbag ? Comment il s’appelle ?

Armony Altinier : ???

Stéphane Deschamps : Et Togbag sur Android et vous allez pouvoir lire entièrement cette application comme une personne mal ou non voyante va la lire, comme un personne qui va avoir des difficultés à voir ce qui se passe sur son écran. Et donc on a des éléments très simples de démonstration. Qu’est-ce qui se passe si je fais une image accessible ou pas accessible ? Exactement comme on a des règles pour le faire sur web, on a des règles, maintenant, qui sont bien documentées sur Android et sur iPhone pour le faire. Donc cette application donne des cas d’usage et dit voilà comment il faut faire et puis fournit systématiquement un lien vers la ressource chez Android ou chez Apple pour avoir des exemples de code pertinent. Cette application par ailleurs étant développée en open est aussi sur GitHub et donc vous pouvez directement aller chercher les exemples tels qu’ils sont écrits dans l’application sur GitHb. Là aussi, je n’ai pas l’URL en tête github.com/ de mémoire, orange open source, quelque chose comme ça ou orange tiret open source. Voilà. Il y en a en un qui suit avec tee-shirt orange, en plus. Vraiment tu as bien fait les choses !

Public : Je suis chez Free !

Rires

Stéphane Deschamps : Voilà.

Armony Altinier : Et du coup tu peux peut-être mettre l’URL ?

Stéphane Deschamps : Voilà. D’autres questions ? L’application s’appelle mDAN, m, pour mobile et DAN pour démonstrateur d’accessibilité numérique ; m en minuscule, DAN, D, A, N, en majuscules.

Armony Altinier : Il y a une question ? Peux-tu donner ton nom pour la transcription ?

Yacov :Bonjour, je m’appelle Yacov. Je suis en train de monter une agence web qui s’appelle Bonobo Digital. J’avais une question très bête en fait. C’est sur les pédales pour la transcription, ça m’intéresse beaucoup en fait. Je ne sais s’il est possible de se les procurer, je ne les connaissais pas.

Armony Altinier : J’étais sûre ! Question piège pour Magali !

Magali Garnero : Il existe énormément de modèles de pédales, pas forcément pour la transcription, mais qui peuvent quasiment être toutes adaptées à ça. Il suffit juste d’installer un petit script. Nous, on a un de nos développeurs qui a fait un petit script qu’il appelé pedalbear ou pedalber, je ne sais pas comment on dit ours en anglais, peealbear, je confonds, peealbear, voilà peealbear, parce qu’il avait fait un petit ours qui s’excitait sur une pédale. C’est un petit script libre que vous pouvez récupérer sur le wiki de l’April au niveau du groupe Transcriptions.

Armony Altinier : On essaiera de mettre le lien avec photo, le script, tout ça, où on peut trouver tout ça, quelque part.

Magali Garnero : Oui.

Public : Pour les gens qui ne connaissent pas, tu peux expliquer le fonctionnement de la pédale ?

Armony Altinier : Eh ben, elle l’a expliqué ! Non !

Magali Garnero : Est-ce que vous voyez le clic des souris, quand vous avez une souris à la main clic droit, clic gauche ? Bon eh bien c’est la même chose, mais c’est avec le pied et il n’y a qu’un seul clic.

Public : D’accord.

Public : C’est pause, lecture, pause, lecture, pause, lecture.

Magali Garnero : C’est ça, exactement.

Armony Altinier : Comment t’appelles-tu ?

Davide : Davide. J’ai une question par rapport à la transcription. En fait, où est-ce qu’on trouve les transcriptions, en fait les textes. Ce n’était pas très clair dans la présentation. Où est-ce qu’on peut lire les transcriptions ?

Magali Garnero : Toutes les transcriptions du groupe Transcriptions de l’April sont sur le site de l’April, donc april.org. Sur la première page, il y a un onglet qui s’appelle « Vidéos », et dans cet onglet-là toutes les vidéos qui sont publiées sur le site sont forcément transcrites.

Armony Altinier : Donc april.org.

Maϊté : Bonjour. Je m’appelle Maϊté. J’ai une question pour madame Larrouy. Votre expérimentation sur Valenciennes s’étend sur combien, enfin quelle durée ? Et est-ce que vous pensez qu’à terme ce sera applicable partout en France, je veux dire hexagonale et Outremer ?

Armony Altinier : Peut-être que tu peux redonner le contexte ?

Muriel Larrouy : Pour le moment l’expérimentation Valenciennes, le lancement réel ça sera dans dix jours. Donc ce n’est même pas encore ! En fait ils ont été retenus au mois d’octobre dans le PAI, dans le Projet d’investissement d’avenir, ils ont eu la réponse fin octobre. Donc nous on a été en contact quasiment dans la semaine qui a suivi et on leur a dit : « Eh bien ça pourrait être intéressant. Donc là ils sont en train de constituer leur équipe sur les aspects également numériques et bases données. Ils avaient été beaucoup plus sur des équipes capables de travailler sur les mobilités de gens. La question de bases de données n’était pas encore très creusée. Voilà ! Ils en étaient vraiment à avoir rédigé un projet. Donc c’est le temps d’un PIA et un PIA c’est trois ans ? Voilà, c’est trois ans, donc voilà, on fait la réunion de lancement dans dix jours. Donc on en saura un peu plus dans dix jours.

Et le responsable de PRIMOH, Philippe Pudlo, philippe.pudlo@primho. – je vous redonnerai l’info – sera là lundi au colloque à la Défense, si vous voulez le rencontrer ou le voir. Il présentera, en partie, le projet, lundi après-midi.

Le PIA a été déposé par l’agglomération de Valenciennes et le porteur de l’application c’est PRIMOH, c’est un pôle de recherche handicap et mobilité à Valenciennes.

9’ 00

Armony Altinier : Depuis tout à l’heure !

Intervenant : Une question pour Claire. Je voulais savoir le nombre de personnes touchées par le handicap mental.

Armony Altinier : Ou intellectuel.

Claire Grisard : Oui. On va dissocier les personnes qui ont une reconnaissance handicap des personnes – j’entends ma voisine dire tout le monde – qui peuvent avoir, à un moment ou à un autre, une limitation d’ordre cognitif. Au niveau du handicap, on est autour de chiffres autour de 800 000 mille reconnues comme telles handicapées intellectuelles. Après, en termes de besoins, ce n’est pas exactement la même chose. On va avoir tout un tas d’autres personnes qui ont des problèmes cognitifs, momentanés ou durables. Donc là après, on va des personnes âgées en passant pas les traumatisés crâniens, des personnes qui sont sous médicament parce qu’elles ont une maladie qui limite leurs capacités cognitives, les personnes étrangères. Donc après, d’un seul coup, ce que je disais tout à l’heure sur l’importance d’accéder au sens et la compréhension se démultiplie beaucoup plus qu’un public cible handicapé, reconnu, estampillé handicapé intellectuel.

Armony Altinier : J’en profite pour dire que demain à l’AccessCamp, il y aura quelqu’un de la DINSIC, quelqu’un d’autre qui s’appelle Marine ???, et qui va nous parler aussi d’idées, au stade de projet, mais pour faciliter l’accès aux formulaires administratifs, en travaillant, justement, à partir du « Facile à lire et à comprendre ». Donc on voit toujours la question de la conception universelle : ce qui est nécessaire pour les uns, finalement, facilite beaucoup plus de monde.

Intervenant :J’ai une toute petite statistique assez intéressante : on estime, à la louche, que vous perdez 20 % de vos capacités cognitives dès qu’il y a du bruit autour de vous. Ça veut dire que au bureau, dans un open space, vous avez déjà un handicap cognitif important. Donc si je vous fournis des interfaces un peu complexes à comprendre, vous avez déjà perdu 20 % du simple fait du bruit autour de vous. Si vous êtes dans une situation de stress vous perdez encore, etc. Donc la plupart des gens, à un moment ou à un autre, sont impactés par du handicap cognitif temporaire. Voilà !

Muriel Larrouy : J’ai l’occasion régulièrement d’intervenir à l’université dans des masters 2 transports et je leur dis bien que heureusement qu’ils ont un master 2 transports pour être en capacité de prendre les transports en commun. Ça nécessite des capacités cognitives énormes de se mouvoir en ville. Voilà ! Donc le handicap mental, s’il y a autant de gens en voiture, c’est qu’il y doit y avoir beaucoup de gens handicapés. Ils ne sont pas en mesure de comprendre un réseau de bus. Ce n’est pas compréhensible un réseau de bus ! Si je vous demande avec votre ticket t+, qu’est-ce que vous êtes en capacité de faire avec un ticket t+ en Île-de-France, vous n’est pas en mesure de me répondre ! Donc vous allez être handicapé ! Vous risquez d’être en situation de fraude. Lorsque vous vous retrouvez face à une interconnexion un peu complexe, moi je vous mets au défi d’arriver à avoir votre correspondance à Gare du Nord entre deux lignes de train. Parce que s’ils ne sont pas au même niveau de la gare, il faut avoir compris que c’est zone bleue, zone jaune. Il faut des vraies capacités cognitives pour prendre les transports. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des vrais opérateurs qui sont là pour travailler à l’apprentissage de l’usage des transports en commun. Il y a besoin de capacités cognitives ! D’où l’intérêt de simplifier au maximum les informations qu’on va donner.

Armony Altinier : L’autre information ?

Muriel Larrouy : L’autre information : là actuellement on parle pour un tiers de la population française, parce que l’accessibilité au numérique, les dernières études montrent qu’il y a un tiers de la population qui utilise la mobilité 3.0, donc les applications, son téléphone et le numérique sur le téléphone. Un tiers de la population qui l’utilise uniquement à la maison derrière son ordinateur portable. Et donc là vous êtes quand même sur une autre frange de la population. Et vous avez un tiers de la population qui n’utilise jamais le numérique. Et sur ce tiers de population ce sont des gens qui n’ont pas d’adresse internet, qui n’ont pas de connexion internet chez eux, qui n’ont pas de connexion sur un téléphone. Donc voilà ! On a encore une grande frange de la population qui n’a pas l’accès au numérique, du tout !

Armony Altinier : Et c’est important de le rappeler, parce que ça peut être vécu comme une violence quand il y a certains services qui disparaissent dans le monde physique et qu’on n’a plus qu’au niveau numérique. On a vu ça pour le paiement des impôts où, du coup, dans les maisons de retraite, etc., ils ont été obligés de mettre de gens spécialement sur place. Si, en plus, c’est compliqué et pas accessible ! En fait vous bloquez l’accès à des citoyens qui ne sont plus considérés comme des citoyens comme les autres. D’où l’importance aussi sociétale.

Intervenante : Une vraie discrimination !

Claire Grisard : C’est une véritable discrimination. On parlait, on a beaucoup parlé de la fracture numérique en termes d’équipement, de taux d’équipement, d’accès financier à un équipement. Et aujourd’hui on parle de plus en plus de la fracture numérique en termes d’usage, de compétences et au-delà de ça, eh bien si on ne peut pas un, s’équiper ou avoir accès à un moment ou autre à un équipement ; deux, réussir à faire fonctionner le bazar ; trois, comprendre ce qu’on nous dit et quatre, remplir ses devoirs de citoyen comme payer ses impôts ou remplir un formulaire CAF, ou x ou y , eh bien là, on tombe directement dans le champ de la discrimination. Et ça, pour les associations, c’est un vrai enjeu et évidemment, au-delà de tout ça, il y a l’enjeu de l’accessibilité numérique et des contenus.

Christian : Je vais mentionner une autre chose que nous n’avons pas trop mentionnée pendant cette discussion-là. Mais je pense que ça mérite aussi d’être porté en visibilité. C’est le fait que l’accessibilité en elle-même pourrait être vue comme un driver vers l’innovation, dans le sens qu’on a les services, maintenant, qui commencent à arriver, par exemple les services de Google, Apple, etc., qui les comprend, analyse les photos, pour ajouter les tags sur le fait qu’il y a une photo qui porte un chien ou un chat, etc. Donc toutes ces technologies qui sont en train d’être développée dans le sens d’intelligence artificielle, pourrait être aussi vues comme les aides et les innovations qui vont faciliter la vie pour nos accès en sens handicap, si on cherche un peu plus loin que les évidences. Donc le fait que j’ai une photo d’un chat. OK ! Eh bien on pourrait aller plus loin. Combler ces technologies avec, comment on dit, augmented reality, pour que quand je me balade avec mon téléphone, je pourrais commencer à dire il y a une photo, il y a un x, il y a un y. Donc il y a plein de choses qui pourraient être faites dans le sens innovation, qui n’est pas une innovation, on va dire, directement ciblée à l’accessibilité, mais, en réalité, va vraiment insister sur la notion d’accessibilité.

On comprend aussi le fait qu’on est en train de transformer la façon de lire, vers une mode électronique, les livres électroniques, avec la facilité d’augmenter la police. Également à pôle, récemment, ils ont lacé un service de télévision pour les enfants, j’ai vu. Mais la télévision pour les enfants, ils ont quelques livres qui sont affichés à l’écran et quand il y a quelqu’un qui parle, il y a les mots qui sont mis en relief pour faciliter l’apprentissage de la lecture, etc. pour les enfants. Pourquoi pas aller plus loin justement « Facile à lire et à comprendre », etc. Je pense qu’il y a plein de choses que nous faisons au niveau innovation qui ne sont pas directement ciblées, mais éventuellement, en fait, vraiment, pourraient faciliter cette notion d’accessibilité. Là il y a un enjeu, je trouve.

Table ronde 2 - 6’ 48

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Armony Altinier : Bookynette, qui avait une question.

Magali Garnero, Bookynette : En fait, puisqu’on parlait d’accessibilité je voulais mettre un petit peu de lumière sur une association qui s’appelle Framasoft, qui publie des Framabooks qui sont aussi sous format epub. Alors les Framabooks, le principe c’est que vous pouvez acheter le format papier, mais vous pouvez télécharger légalement et gratuitement, librement donc, leurs livres sous format epub et ce sont des livres qui sont accessibles. C’est-à-dire que derrière vous avez une équipe de plusieurs personnes qui s’arrangent pour que le livre soit vraiment lisible, respecte tous les critères qu’on a vus jusqu’à présent. Et donc peut-être que monsieur BrailleNet les connaît, mais en tout cas, si tu ne les connais pas, viens les chercher sur les stands. C’est cadeau puisque c’est libre !

Armony Altinier : Et j’en profite pour remercier l’excellent travail de Kinou, Christelle Tthomas qui, à la main, va rendre les choses accessibles et qui est extrêmement pointilleuse sur les Framabooks. Tu voulais ou pas, Alex ?

Alex Bernier :Pas spécialement. Je les connais. J’ai déjà testé l’accessibilité, je confirme. Voilà.

Armony Altinier : Donc Alex qui est aveugle, pour que les gens… Je dois juste dire, j’en profite parce que ça fait vingt minutes, qu’on a dépassé notre temps, que la salle reste bien pleine. Et je remercie vraiment à la fois les intervenants d’être restés et tout le public. On peut continuer encore un peu, normalement encore dix minutes. En tout cas un grand merci et franchement je ré-insiste, twittez-le, mettez bien le hashtag OSSParis16 pour dire que c’était un grand succès, qu’il y avait du monde, que les gens sont restés, pour que la session soit maintenue l’année prochaine. Voilà. Il y a encore une question.

Lise : Je m’appelle Lise. J’ai été surprise au niveau de l’accessibilité du POSS, en fait, notamment l’absence d’interprètes en langue des signes. Je ne sais pas s’il y avait d’autres mesures qui étaient mises en place. Je ne sais pas s’il y a des associations qui proposent justement de l’interprétariat ou si pour l’année prochaine on pourrait faire des suggestions en appuyant de façon conjointe.

Armony Altinier : Ça fait deux ans que je fais les suggestions. Donc cette année on a une session accessibilité, c’est déjà bien ! J’ai fait des guides pour les orateurs. Lannée prochaine peut-être – pas peut-être, c’est sûr – on améliorera le site internet de POSS, que ce soit le blog ou le site, ce sont de vraies catastrophes en termes d’accessibilité, à tel point que j’ai été obligée de tout remettre sur mon blog perso le programme, etc., pour le diffuser, parce que je sais que sinon certaines personnes ne pouvaient pas y accéder. Donc oui, c’est un vrai problème ! Pareil vous pouvez le twitter. Pour trouver l’ascenseur, j’ai une béquille donc j’ai besoin de l’ascenseur, les gens ne savent même pas où il est. Il y en a un quand même, donc ça c’est bien ! Mais du coup je suis d’accord, il y a des choses à faire. Après on peut dire qu’il y a quand même une amélioration. C’est un peu comme sur la parité où c’est un combat aussi, voilà, que j’essaie de mener. Il y a du progrès. Je crois que, globalement, à force ils ont fini par entendre. Donc faites du bruit que je ne sois pas toute seule à parler là-dessus.

Magali Garnero, Bookynette : Plus on sera nombreux à exiger ce genre de choses-là, donc c’est Bookynette, plus on sera nombreux à exiger justement le langage des signes, l’accessibilité et ainsi de suite, mieux on sera entendus. Parce que la pauvre Armony, elle a beau demander, elle est toute seule. Donc le nombre fait la force.

Armony Altinier : Je suis de moins en moins toute seule, quand même, je tiens à le dire. Non, non, mais c’est vrai, ça commence à porter. On a fait un code de conduite, par exemple, mais qui n’est pas publié, parce qu’il a été, genre validé la semaine dernière, et c’était un peu court, mais enfin donc un code de bonne conduite pour éviter les discriminations, pour favoriser l’inclusion, pour éviter les remarques sexistes, les choses comme ça qu’on trouve parfois, souvent, sur les salons, informatiques en particulier. Voilà ! En particulier, mais pas seulement. Et donc ça a été adopté la semaine dernière, donc ce n’est pas applicable maintenant, mais du coup ça veut dire qu’il y a du progrès. Je crois que les gens y sont sensibles, donc vraiment faites des remarques, n’hésitez pas ! Plus il y aura de buts, ils se diront ce n’est pas juste une lubie d’Armony. Il y a des gens, vraiment, derrière qui sont intéressés.

Cindy Jeanblanc - Makina Corpus : Juste, vous avez parlé à un moment donné de comment se perdre dans le salon. Je pense que si le POSS ou si l’organisation du POSS avait dit : « Y a-t-il des technologies qui seraient mises à disposition, gratuitement, pour améliorer ? », je sais que nous on a un projet de R&D de Makina Corpus, de, justement, création de documents en relief et lecteur de documents en relief interactifs, on aurait pu, justement, constituer avec peut-être un de nos partenaires, comme l’Institut des jeunes aveugles ou d’autres partenaires, de se dire on va se faire un plan, un plan en relief, on vous montre comment ça fonctionne, en plus c’est un logiciel libre il est accessible sur GitHub, vous pouvez le télécharger gratuitement et on aurait pu ! Voilà. Je pense que c’est aussi demander aux acteurs qui ont des outils, qui participent à des projets de recherche de dire : « Qu’est-ce que vous pourriez faire pour améliorer l’accessibilité au POSS, pour aussi vous mettre en avant, montrer que les entreprises de l’open source pensent aussi à l’accessibilité. »

Armony Altinier : Donc oui. Avec Magali je sais aussi qu’elle participe à l’organisation à POSS , notamment sur le village du Libre, donc je sais qu’on sera au moins deux à dire ça. Et je suis persuadée, effectivement, qu’il y a pas mal d’entreprises, de professionnels qui seraient prêts à contribuer soit en termes de sponsoring pour financer de la vélotypie, par exemple, qui serait, en plus, utile pour de la transcription ; la LSF, peut-être ; même , il y a des partenariats avec des écoles, des stagiaires qui pourraient accompagner. Ne serait-ce que le formulaire d’inscription ce serait bien qu’il serait un peu plus accessible. Des choses comme ça. Je pense qu’il y a du travail.

Après, encore une fois, vous vous souvenez de ma diapo de conclusion qui disait vous devez essayer et ce ne sera pas parfait du premier coup. On a déjà une première session. Il y a des choses qui ont été faites. Donc c’est en anglais : It’s oyak if you try and fail, but it’s not okay if you fail ti try.

Christian Paterson : Inaudible.

Armony Altinier : Voilà ! Christian ! C’est-à-dire que ce n’est pas grave si… Ce n’est pas parfait, on le sait. Je crois qu’il y a quand même une vraie prise de conscience et grâce à vous ça va porter aussi le fait de dire, parce qu’ils avaient déjà essayé à l’Open World Forum de faire une session qui n’avait pas eu le succès attendu. Donc de dire voila, c’est quelque chose, il faut y aller et je suis persuadée que l’année prochaine, rendez-vous, on fera un bilan, et j’espère, non ce n’est pas j’espère : ce sera mieux, je ne sais pas à quel point ce sera bien, mais en tout cas ce sera mieux et je m’y engage.

Intervenante : Il y faudra même une salle plus grande.

Armony Altinier : Il faudra une salle en plénière : 500 personnes. Oui, Bon ! Merci beaucoup à toutes et tous.

Merci à toi aussi !

Applaudissements