Émission Libre à vous ! sur Cause Commune du 14 novembre 2023

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 14 novembre 2023 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Julie Chaumard à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 14 novembre 2023

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page de présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

<Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir 1 heure 30 d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
OpenStreetMap est, en quelque sorte, le Wikipédia de la cartographie. La Fédération des professionnels d’OpenStreetMap représente les intérêts des entreprises françaises proposant des prestations liées à OpenStreetMap, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme le reconditionnement pour toutes et tous et aussi l’intérêt de contribuer à des projets libres. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Notre émission est diffusée, depuis 2018, sur les ondes de radio Cause Commune. Cette diffusion permet de toucher un très large public dont vous qui nous écoutez sur la bande FM.
La radio Cause Commune traverse une période difficile et nous avons besoin de vous.
Cause Commune fonctionne grâce à l’engagement de bénévoles, sans personnes salariées, mais a, bien sûr, des frais de fonctionnement. Une subvention qui tarde à arriver, la seule que la radio sollicite du ministère de la Culture via le fonds de soutien à l’expression radiophonique, d’autres subventions, locales et régionales, que la radio ne va pas chercher pour garder sa liberté de parole, sa liberté éditoriale. Une augmentation progressive des charges, ces deux dernières années, a eu raison de la trésorerie de la radio. Cause Commune fait donc face actuellement à de gros soucis pour payer les factures de fin d’année et de début d’année 2024.
Nous vous encourageons, si vous le pouvez, à faire un don pour permettre à radio Cause Commune de continuer à exister et pour nous permettre aussi de continuer à proposer notre émission, Libre à vous !, auprès d’un large public.
Si vous nous écoutez via la bande MM ou le DAB +, aidez Cause Commune à passer ce cap difficile et à faire vivre votre radio locale. Pour nous aider, rendez-vous sur le site causecommune.fm et cliquez sur le bandeau d’appel à don.

Nous sommes mardi 14 novembre, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

J’ai le grand honneur que l’émission du jour soit réalisée par la présidente de l’April en personne, Magali Garnero. Salut Mag.

Magali GarneroSalut à tous.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak - « Le reconditionnement pour toutes et tous »

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la rediffusion d’une chronique d’Antanak sur le reconditionnement pour toutes et tous.On se retrouve en direct juste après.

[Virgule sonore]

Frédéric Couchet : « Que libérer d’autre que du logiciel », la chronique d’Antanak. Isabelle Carrère et d’autres personnes actives de l’association Antanak se proposent de partager des situations très concrètes et/ou des pensées mises en actes et en pratiques au sein du collectif : le reconditionnement, la baisse des déchets, l’entraide sur les logiciels libres, l’appropriation du numérique par toutes et tous.
Bonjour Isabelle.

Isabelle Carrère : Bonjour.

Frédéric Couchet : Quel est le thème de la chronique du jour ?

Isabelle Carrère : C’est une private joke parce que Fred trouve que je ne dis pas assez vite, dans le mois, ce que va être mon sujet. Mon sujet Fred, c’est le reconditionnement pour tous.

Frédéric Couchet : Nous t’écoutons.

Isabelle Carrère : Pourquoi ? Nous avons été invités, c’est une grande première, par la mairie de Paris dans le cadre d’un groupe de travail Paris Action Climat Biodiversité, c’est beau !, notamment par la Direction de ce qu’ils appellent la transition écologique [Direction de la Transition Écologique et du Climat]. Définitivement, « transition écologique » est un terme que je n’aime pas du tout, je ne le comprends pas bien. Si on était dans le cadre d’une transition ça se saurait, je ne vois pas transition de quoi vers quoi. Quand Hopkins avait lancé ce terme, en 2005, je comprends, il avait peut-être particulièrement quelque chose à en dire et lui était sur la permaculture. Bref ! Là, la transition écologique au sens large, je ne vois pas. Enfin ça ne fait rien ! On ne va pas être bégueules, nous étions invités, nous sommes venus. J’étais d’autant plus contente de ça qu’il y avait avec nous Fanny Cohen de la mairie de Paris, il y avait quelqu’un que, je pense, les auditeurs et auditrices de l’April connaissent bien, Samuel Sauvage de HOP, Halte à l’Obsolescence Programmée, ainsi que des gens d’Emmaüs Connect dont je parlerai après.
C’était bien parce que Samuel Sauvage a repris un certain nombre de faits très parlants et marquants de ces questions, notamment la question du tonnage d’extraction des ressources dans le monde, l’évolution depuis 1970, autour de quatre fois entre 1970 et maintenant, 2020/2023. Il a reposé la question des ressources nécessaires à la fabrication d’un ordinateur, juste quelques chiffres, comme ça, parce que c’est toujours sympathique de s’en souvenir régulièrement : une tonne et demie d’eau, 800 kilos de matières premières, 240 kilos de combustibles fossiles et 22 kilos de produits chimiques. Ça fait bizarre. Eh bien oui ! Et ensuite les émissions de carbone, toujours en hausse malgré les belles paroles et les promesses, ici ou là, avec une orientation de trois fois plus en 2050 que celles de 2020 si on ne fait rien d’autre.
C’est peut-être de cela dont ils veulent parler quand ils parlent de la transition, mais je ne sais pas où est le début.

Il a ensuite recentré sur les différents réflexes potentiels de consommation plus durable tels que l’allongement de la durée d’utilisation des matériels et produits du numérique, l’achat, l’usage de matériels reconditionnés. C’est là que nous, du coup, nous intervenions juste après lui. En fait, j’ai demandé que ce soit Emmaüs Connect qui parle avant nous. Vous allez comprendre pourquoi.
Emmaüs Connect a donc commencé à parler notamment de son travail de collecte. Emmaüs Connect fait partie du groupe Emmaüs, ils ne sont pas exactement des reconditionneurs puisqu’ils sous-traitent le reconditionnement, donc eux collectent, ils ont une logistique phénoménale, ils sont très doués pour ça, ils ont tous les contacts avec les entreprises, etc.
Ensuite il y a notamment deux, peut-être d’autres, en tout cas deux structures d’insertion qui ont vocation à bénéficier d’emplois aidés, Ateliers Sans Frontières et Ecodair, par ailleurs tous deux membres du réseau Refis. Emmaüs Connect sous-traite vers eux toutes les opérations de reconditionnement. Du coup c’était assez intéressant de pouvoir indiquer, et c’est pour cela que mon titre c’était « Reconditionnement pour tout le monde » : on aimerait bien, à Antanak, qu’on arrête définitivement de penser que le reconditionnement ce n’est que pour les pauvres et que ça serait uniquement pour ceux qui n’ont pas d’argent, pour ceux qui ne peuvent pas faire autrement, pour ceux et celles qui, en attendant, vont d’abord avoir un matériel reconditionné, puis plus tard, quand ils seront riches, ils vont s’acheter un vrai ordinateur.
Tout cela est déprimant, dépitant. Du coup j’étais vraiment contente de pouvoir marquer, si ce n’est la différence, en tout cas ce point-là par rapport à Emmaüs Connect et aux autres. Tous les gens, pas tous mais une bonne moitié de la salle quand même, prenait des notes sur des ordinateurs. J’ai posé la question : sont-ce des ordinateurs reconditionnés que vous avez tous, là, membres de ce groupe de travail sur la transition ? On a rigolé, mais on ne m’a répondu ! En tout cas ça m’a permis de reparler de cela, ça m’a également permis de reparler de la question du droit d’usage puisque, pour nous à Antanak – peut-être que je radote pour celles et ceux qui ont déjà écouté – le droit d’usage est une chose vraiment importante : indiquer qu’on n’a pas obligatoirement besoin, sur cette planète, d’être propriétaire de ce qu’on utilise et qu’on peut partager les choses, momentanément, comme si c’était à moi. Mais qu’est-ce que ce « à moi » veut dire ? On ne sait pas trop. Il n’y a besoin de quoi que ce soit d’autre que « c’est à ma disposition » ou « je peux l’avoir quand j’en ai besoin ». Bref ! Je pense que de plus en plus, maintenant, les gens comprennent bien cette notion-là. Du coup à Antanak, quand on confie un ordinateur, on commence à avoir des personnes qui viennent et qui nous disent : « Ça c’était bien pour la période que je viens de vivre. Maintenant j’ai besoin d’autre chose, est-ce que je pourrais avoir un autre ordinateur ? ». On dit « oui, super ». On reprend celui-là, on en donne un autre, parce qu’ils sont passés étudiant, il faut quelque chose de plus léger, quelque chose de plus rapide, que sais-je, quelles que soient les raisons des personnes.

C’était plutôt pas mal. À la fois nous étions contents d’être reçus par tout ce monde-là parce que Antanak est plutôt une petite structure, et puis d’avoir l’opportunité, l’occasion, de raconter des choses qui nous importent là-dessus.

J’ai également appris que la mairie de Paris à pour projet d’ouvrir, en tout cas de soutenir — je n’ai pas très bien compris — l’ouverture d’une recyclerie numérique à Paris. Je ne sais pas ce que c’est, je ne sais pas ce que ça va être. Il y a quatre grands projets, ont-ils dit, dont une recyclerie numérique. On va voir. En tout cas, j’en profite pour finir cette chronique ici : si vous connaissez, auditeurs et auditrices, des structures qui font un petit peu, dans leur coin, du reconditionnement, il serait important pour nous que le Réseau REFIS s’agrandisse. On reçoit de plus en plus de matériel en nombre important et plus on peut le partager, le mutualiser, mieux on se portera.

Frédéric Couchet : Rappelle-nous ce que veut dire Réseau REFIS.

Isabelle Carrère : C’est une bonne remarque. Le réseau REFIS c’est le Réemploi francilien & informatique solidaire. On a créé ça en 2021 et il y a désormais une douzaine de structures.

Frédéric Couchet : Merci. Tu as cité Ecodair, une des structures qui participe au Réseau REFIS, ordinateurs reconditionnés. Je précise que les ordinateurs de l’April, notamment nos ordinateurs portables, viennent de chez Ecodair, nous les avons achetés chez Ecodair, celui qui est en face de moi, celui qui est utilisé par Isabella. Peut-être que dans quelques semaines ou quelques mois il y aura des annonces intéressantes autour d’Ecodair et de pré-installations de laptops avec du logiciel libre par défaut.

Isabelle Carrère : Oui, absolument, c’est la bonne nouvelle.

Frédéric Couchet : Mais ce n’est pas encore confirmé.

Isabelle Carrère : Mais si !

Frédéric Couchet : Je rappelle que vous êtes nos voisines : Antanak est au 18 rue Bernard Dimey, la radio Cause Commune est au 22, et le site d’Antanak c’est antanak.com, Antanak avec un « k ».

Isabelle Carrère : Absolument. Merci.

Frédéric Couchet : Je pense qu’on se retrouvera probablement plutôt en septembre pour la prochaine chronique, on va finir fin juin/début juillet Libre à vous !. En tout cas, c’était un grand plaisir d’avoir encore cette année ta présence. Avec grand plaisir on te retrouvera début septembre ou courant septembre pour la prochaine chronique d’Antanak.
Merci Isabelle. Je te souhaite une belle fin de journée.

Isabelle Carrère : Merci.

[Virgule sonore]

Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct. Cette chronique a été diffusée il y a quelques mois. Concernant Ecodair, pour l’instant il n’y a pas encore de système préinstallé en logiciel libre chez Ecodair, mais ça viendra sans doute à un moment ou un autre.
Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous parlerons de la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap.

Je vous rappelle que Cause Commune fait actuellement face à des problèmes financiers au point que la radio n’est pas à l’abri d’un défaut de paiement dans les semaines qui viennent, donc d’une coupure de l’antenne. Pour nous aider rendez-vous sur le site causecommune.fm et cliquez sur le bandeau d’appel à don. Vous pouvez faire ça tout en écoutant la pause musicale à venir.

Nous allons écouter Booth Street Psychosis par Tom Woodward. On se retrouve dans environ deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Booth Street Psychosis par Tom Woodward.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Booth Street Psychosis par Tom Woodward, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.

[Jingle]

Frédéric Couchet : nous allons passer au sujet principal.

[Virgule musicale]

La Fédération des pros d’OSM, OpenStreetMap, avec Florian Lainez, président et Jean-Christophe Becquet vice-président de l’April et de la Fédération 14’ 53

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur la Fédération des pros d'OSM, OpenStreetMap, le Wikipédia de la cartographie, fédération qui a été officiellement lancée il y a un an, en novembre 2022, mais qui a peut-être été créée quelques mois avant. Nos invités du jour, Florian Lainez qui est avec moi en studio. Bonjour Florian.

Florian Lainez : Bonjour.

Frédéric Couchet : Et normalement, nous avons Jean-Christophe Becquet à distance. Bonjour Jean-Christophe.

Jean-Christophe Becquet : Bonjour à tous. Bonjour à toutes.

Frédéric Couchet : Avant de commencer, de vous laisser la parole de présentation, je voulais quand même préciser qu'initialement c'était Cécile Guégan, de la Fédération, qui devait intervenir, mais elle ne peut pas, donc merci à Jean-Christophe d'avoir pris le temps de la remplacer aujourd'hui.

N'hésitez pas à participer à notre conversation, soit par téléphone au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l'émission, sur le site de causecommune.fm, bouton de « chat », ou, nouveauté, expérimentation, vous pouvez aussi utiliser le hashtag libreavous, #libreavous, sur Mastodon ou nous envoyer un message sur notre compte mastodon aprilorg.
Première question traditionnelle, tout simplement de présentation. On va commencer par Florian Lainez. Florian.

Florian Lainez : Je m'appelle Florian Lainez et je suis membre de l'April depuis 2007 déjà, c'est la première chose à noter. Par la suite, je me suis impliqué dans OpenStreetMap, donc je suis contributeur assidu, ce qui m'a amené à prendre quelques responsabilités et, en particulier, je suis président de la Fédération des professionnels d'OpenStreetMap. À côté de cela, j'ai monté une entreprise qui s'appelle Jungle Bus, qui crée des données de mobilité dans OpenStreetMap.

Frédéric Couchet : D’accord. Déjà je m'excuse pour la prononciation du nom. Ça fait très longtemps que nous ne nous étions pas vus, j'avais oublié la prononciation de ton nom, mais c'est noté.
Jean-Christophe Becquet.

Jean-Christophe Becquet : Je suis vice-président de l'April, très impliqué dans l'association depuis à peine plus longtemps que Florian puisque moi c'est 2006. Je suis également le directeur et fondateur d’Apitux, une entreprise spécialisée dans le conseil sur le logiciel libre et la donnée ouverte qui fêtera ses 20 ans l'année prochaine.

Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe, je vous remercie et je remercie tous les membres de l'April, notamment les membres avec une telle fidélité, ça fait plaisir !
Le sujet du jour c'est la Fédération des professionnels d’OSM, OpenStreetMap. On va commencer, même si on a déjà abordé ce sujet dans l'émission, par faire peut-être un petit rappel sur c'est qu’est OpenStreetMap et pourquoi c’est important. J'ai introduit en disant que c'était le Wikipédia de la cartographie. Florian, veux-tu commencer sur OpenStreetMap, la présentation générale ?

Florian Lainez : C'est vrai que des personnes sont déjà venues en parler dans cette émission. Le 11 juin 2019, des membres de l'association OpenStreetMap France étaient venus présenter un peu le projet.
Je pense que c’est hyper-pertinent de comparer OpenStreetMap comme le Wikipédia des cartes. OpenStreetMap est un projet cartographique mondial, comme Wikipédia est un projet encyclopédique mondial. La cartographie du monde est quelque chose qui ne s'arrête jamais, le monde change donc on continue à cartographier et puis les données sont en open data, elles sont donc libres d'utilisation pour tout le monde.
Toute l'infrastructure d’OpenStreetMap est basée sur des logiciels libres et puis c'est collaboratif, évidemment, c'est un wiki, c'est donc une carte avec un bouton « Modifier ».

Frédéric Couchet : Comme Wikipédia, pour les personnes qui connaissent un petit peu, on peut donc à la fois consulter le site cartographique, comme on peut consulter les articles dans Wikipédia, mais, en plus, il y a un bouton « Édition » qui permet de rajouter des données, d'enrichir cette carte du monde, comme on peut enrichir l'encyclopédie collaborative Wikipédia.

Florian Lainez : C’est tout à fait ça et ça marche très bien. C’est lancé depuis 2004. Je contribue depuis 2009. Je suis hyper-passionné, c'est vraiment un projet sans fin. On y rencontre des personnes absolument extraordinaires avec lesquelles on construit des projets pour cartographier le monde ensemble.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe, est-ce qu'il faut être une personne un peu experte pour contribuer à OpenStreetMap ?

Jean-Christophe Becquet : Non. C'est justement l'une des particularités de la communauté des contributeurs et des contributrices d’OpenStreetMap : c ’est une communauté qui est extrêmement ouverte, c'est un projet qui est extrêmement facile d'accès. Il y a donc, aujourd'hui, de nombreux groupes locaux de contributeurs et contributrices à OpenStreetMap qui se réunissent régulièrement dans pas mal de villes. Des événements sont aussi organisés, qu'on appelle des cartoparties, qui sont des invitations à venir contribuer ensemble à OpenStreetMap dans une ambiance conviviale. Je pense vraiment qu’une des caractéristiques d’OpenStreetMap qu'il faut mettre en avant c'est son ouverture. D'ailleurs, ce n'est peut-être pas pour rien que plus de dix millions d'utilisateurs et d'utilisatrices se sont créé un compte pour contribuer à OpenStreetMap. C'est bien la preuve que ce projet est extrêmement accessible et ouvert.

Frédéric Couchet : D'accord. Tout à l'heure, Florian a parlé de l'émission de juin 2019, c'était l'émission 29 de Libre à vous !, il y a quand même déjà quelque temps. Je renvoie les personnes qui veulent en savoir plus sur OpenStreetMap à écouter cette émission ou à lire la transcription. Comme c'est l'émission 29, pour la trouver c'est facile : c'est sur le site web libreavous.org/29 ; chaque numéro d’émission permet, en effet, d'y accéder directement .
Rapidement une petite question, quand même, pour continuer sur OpenStreetMap. Il y a un site web, mais il y a aussi plein d'applications qui existent. Je pense notamment, par exemple, à StreetComplete, une application sur téléphone mobile qui permet de compléter très facilement des informations manquantes quand on se balade dans la rue. Est-ce que l'un de vous deux veut en parler juste 30 secondes ? Florian.

Florian Lainez : Je peux en parler. Au début tu as dit « il y a un site internet » et je veux revenir là-dessus. En fait OpenStreetMap est une base de données cartographiques, ce sont donc des données, avant tout. Le site openstreetmap.org est un site qui permet de voir les données et qui permet de les modifier directement, c'est donc hyper-utile, mais c'est un des outils parmi d'autres. Et, en effet, il y a plein d'applications mobiles très diverses et très variées et StreetComplete est l'outil par excellence pour les débutants, c'est vraiment très simple, ce sont des quêtes. Il suffit donc de se balader dans la rue, de regarder le monde autour de soi et l'application demande de compléter des données déjà existantes. C'est du type : y a-t-il un abri sur cet arrêt de bus ? Est-ce que ce passage piéton est accessible aux personnes touchées de handicap. Ce sont des questions comme ça, c'est donc très simple, il n’y a pas besoin de connaissances techniques.

Frédéric Couchet : Ou des horaires de magasin, etc.
Jean-Christophe, est-ce que tu veux faire une dernière intervention sur cette partie introductive qui est volontairement courte. Je renvoie les personnes à l'émission précédente, aussi pour découvrir OpenStreetMap. Jean-Christophe, veux-tu rajouter quelque chose ?

Jean-Christophe Becquet : Oui. Juste souligner vraiment le dynamisme de cette communauté, peut-être en donnant un chiffre : aujourd'hui OpenStreetMap ce sont 50 contributions par seconde partout dans le monde, c'est-à-dire 50 fois par seconde un contributeur ou une contributrice vient ajouter une information, corriger une information, mettre à jour une donnée et ça jour et nuit, partout dans le monde. Dire aussi qu’en France la communauté est très dynamique, puisque la communauté des contributeurs et contributrices français, françaises, est troisième après les USA et l’Allemagne.

Frédéric Couchet : On est sur le podium, c'est bien ! Troisième marche ! Super ! En tout cas merci.
C'était la présentation d'OpenStreetMap, le Wikipédia de la cartographie. Si vous voulez en savoir plus, vous allez sur libreavous.org/29 pour retrouver l'émission qui était consacrée à OpenStreetMap en 2019. Je crois, de mémoire, mais je fais peut-être une erreur, je n'ai pas vérifié, j'aurais dû, c'était avec Christian Quest et Noémie  Lehuby, que Florian Lainez connaît bien vu que c'est son associée à Jungle Bus.
OK. On comprend donc ce qu'est OpenStreetMap. Il y a un an est annoncé le lancement d'une Fédération des professionnels d'OpenStreetMap, qui a peut-être été créée un peu avant. Justement, quel est l'historique qui a mené à la création de cette fédération ? Je crois que Jean-Christophe voulait commencer là-dessus.

Jean-Christophe Becquet : Effectivement la création de l’association c’est il y a un an, mais, en fait, ça fait longtemps, au moins depuis 2017 que nous sommes plusieurs à nous retrouver chaque année au SotM, State of the Map, la conférence des contributeurs et contributrices à OpenStreetMap et à se dire qu’on a en commun d’avoir une activité autour d’OpenStreetMap, une activité de formation, une activité de contribution, une activité de prestations techniques, réalisations techniques, développement avec les données d'OpenStreetMap. A donc infusé, au fil du temps, l'idée, l'envie de se regrouper pour pouvoir et échanger, partager à plusieurs. Cela a abouti, en 2022, à la création de l’association Fédération des pros d'OpenStreetMap.

Frédéric Couchet : Donc début des discussions 2022, sans doute des discussions internes, AG, lancement officiel en 2022. Combien d'entreprises, combien de structures au moment du lancement, Florian ?

Florian Lainez : Au tout début nous étions quelques structures, nous étions cinq ou six entreprises, déjà, parmi lesquelles, il faut le souligner, pas mal d'auto-entrepreneurs, de personnes qui sont seules, qui souhaitent pérenniser leur activité de consultant. Ce sont développeurs, des data analysts qui veulent vraiment vivre d'OpenStreetMap et c'est un mouvement qu'on essaye d'accompagner.

Frédéric Couchet : Juste peut-être pour préciser, avant que tu continues, c'est important : même si OpenStreetMap ce sont des bases de données sous licence libre, on va en reparler après, comme Wikipédia, cela ne veut pas dire que tout est gratuit, on peut en vivre en faisant et en offrant des services, de la valeur ajoutée. Les deux ne sont pas forcément séparés. On peut contribuer simplement bénévolement aussi. C’est important de le dire.

Florian Lainez : Je crois que s’il y a un message à passer aujourd'hui, c'est celui-là. Pourquoi a-t-on lancé la Fédération des professionnels d'OpenStreetMap ? C'est aussi pour montrer que c’est très sain : on peut protéger le commun – c'est un commun numérique qu'on essaye de protéger – et, en même temps, faire du business. C'est vraiment la raison pour laquelle on a lancé OpenStreetMap et c'est là où on diffère un peu de Wikipédia : sur Wikipédia, les contributions rémunérées sont strictement interdites. Avec l'expérience, on s'est rendu compte que Wikipédia était dégradée avec ce genre de contribution, alors que sur OpenStreetMap c'est vraiment différent, les entreprises ont l'habitude. Beaucoup de grosses entreprises, de petites, contribuent à OpenStreetMap et utilisent les données dans leur business, au cœur de leur business, ça ne pose pas de problème et, même, ça apporte quelque chose à OpenStreetMap.

Frédéric Couchet : Petite question : Fédération des pros d’OSM. Est-ce que c'est strictement français, francophone ? Est-ce que ça a vocation à s'élargir ?

Florian Lainez : Pour l'instant on a pris un nom français. Nous ne sommes pas limités à la France. Il faut dire que notre initiative, en fait, est unique au monde. Aujourd’hui, il n'y a pas d'autre fédération qui ait le même statut que nous, c'est vraiment un projet pilote. On espère que ça va essaimer partout dans le monde. En tout cas, nous sommes reconnus par la Fondation OpenStreetMap : on a un accord par lequel on a le droit d'utiliser la marque OpenStreetMap pour faire ce qu'on fait. C'est donc quelque chose d'assez nouveau, on essaie de créer quelque chose qui n'existe pas jusqu'à présent.

Frédéric Couchet : D’accord. Par rapport à ce que tu viens de dire et si je comprends bien, que je ne savais pas, le nom OpenStreetMap est une marque et, pour son utilisation dans un cadre précis, il faut l'autorisation de la fondation OpenStreetMap.

Florian Lainez : La Fondation OpenStreetMap a donné ce droit avec grand plaisir à tous les Chapters locaux, c'est-à-dire les associations qui représentent OpenStreetMap un peu partout dans le monde. En France, le Chapter local c'est OpenStreetMap France qui gère un peu les activités et qui représente l'association, ne fait que représenter, mais, en fait, c'est la communauté OpenStreetMap qui contribue à OpenStreetMap. Donc là il y a un nouveau statut qui, aujourd'hui, est assez inédit au monde : les membres de cette nouvelle structure sont des entreprises ; la Fédération n'a que des entreprises comme membres.

Frédéric Couchet : D'accord. Aujourd'hui, Jean-Christophe, combien êtes-vous d'entreprises ? Ça représente combien de personnes ? Peut-être une petite typologie des entreprises ou des structures ou même des entrepreneurs/entrepreneuses, individus, qui sont membres de cette fédération.

Jean-Christophe Becquet : Effectivement, huit entreprises à la création. Aujourd'hui 20 entreprises membres qui prouvent, pour moi, la pertinence de notre démarche, le fait que c'était le bon moment de créer la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap parce qu’il y avait des attentes.
Aujourd'hui ça représente une vingtaine d'entreprises de toutes tailles, du travailleur individuel à la TPE de deux/trois personnes à quelques PME un peu plus conséquentes avec une vingtaine de personnes. Ça représente, au total, 200 contributeurs et contributrices, plusieurs millions de chiffres d'affaires annuel et puis, peut-être, passer la parole à Florian pour citer nos plus grosses entreprises parce que ce sont, sans doute, des noms connus, en tout cas pour une partie de nos auditeurs et auditrices.

Frédéric Couchet : D'accord. Florian.

Florian Lainez : On a Geovelo, une appli qui permet de faire des calculs d'itinéraires en vélo. Cette entreprise fait partie de la fédé. On a de quelques entreprises type Latitude-Cartagène ou Datactivist, qui sont un peu connues dans le monde du logiciel libre, qui contribuent. Et puis on a pas mal d'autres PME de taille moyenne, qui font partie de la fédé.

Frédéric Couchet : D'accord. Avant de parler de vos projets, si, aujourd’hui, une entreprise qui nous écoute, même une personne qui a une activité professionnelle autour d'OpenStreetMap souhaite vous rejoindre, comment ça se passe ?

Florian Lainez : C'est simple. Il suffit d'aller sur notre site internet, fposm.fr, de prendre connaissance de nos statuts, du projet qu'on veut faire qui est vraiment améliorer, protéger le commun OpenStreetMap tout en continuant à faire du business, c'est vraiment ce qu'on cherche à faire. Donc, si vous êtes une entreprise, que vous partagez nos valeurs, bienvenue !

Frédéric Couchet : Tu parles de valeur, je me souviens que sur le site il y a une charte éthique. Jean-Christophe, peux-tu nous dire quel est le but de cette charte éthique ? Les entreprises ou les fédérations n’affichent pas toujours des chartes éthiques.

Jean-Christophe Becquet : Pour que les actions des acteurs économiques autour du commun OpenStreetMap soient vertueuses, comme l'a souligné Florian, viennent contribuer au projet, eh bien il faut respecter un certain nombre de règles.
Il faut d’abord respecter la licence d’OpenStreetmap, la licence OdbL, Open Database License, qui est une licence copyleft, c'est-à-dire avec une obligation de partage à l'identique, sous la même licence, des versions modifiées de la base de données. Et surtout, comme dans toutes les licences libres, l’obligation, l'impératif de citer l'auteur, de citer la source. Donc, à chaque fois qu'on va utiliser des données OpenStreetMap, il faudra mettre cette mention « les contributeurs/ contributrices d’OpenStreetMap », pour respecter cette obligation de crédit.
On peut d’ailleurs boucler la boucle. Tout à l'heure Florian a cité parmi nos membres Latitude-Cartagène. La prochaine fois que vous attendrez le bus dans votre ville, regardez, ce n'est pas du tout improbable que les plans de réseau de bus aient été faits par Latitude-Cartagène et vous trouverez sans doute les crédits OpenStreetMap au pied de la carte, pour respecter la licence.
Au-delà de la licence, la communauté des contributeurs et des contributrices OpenStreetMap s'est dotée de bonnes pratiques, de choses qu'on doit faire ou qu'on ne doit pas faire pour améliorer la base de données. Donc, pour adhérer à la fédération des professionnels OpenStreetMap, il faut s'engager sur le respect le plus strict de cette licence et de ces bonnes pratiques. Le fait d'avoir une activité économique autour d’OpenStreetMap nous paraît tout à fait bénéfique au projet, par contre, il faut être vigilant : cette activité ne peut pas s'exercer n'importe comment. D’ailleurs, on peut souligner que des contributeurs qui ne seraient pas des professionnels pourraient aussi manquer à ces obligations de respect de la licence et des bonnes pratiques. Il est donc important de rappeler cela, de sensibiliser les contributeurs et les contributrices à ces principes pour le bien du projet.

Frédéric Couchet : Ça me permet de faire l’enchaînement avec, justement, la raison d'être, la finalité du projet. Finalement, si je comprends bien, la raison d'être initiale c'est la structuration de la filière professionnelle d'OpenStreetMap.

Florian Lainez : C'est exactement cela.

Frédéric Couchet : Y avait-il vraiment un besoin ? Pourquoi y avait-il un besoin ? Et qu'est-ce qu'on entend par structuration de la filière ?

Florian Lainez : Nous commencions à être quelques pros un peu isolés et nous nous sommes dit « on a déjà réussi à pérenniser notre propre activité, mais, en fait, il y a d'autres personnes qui souhaitent se lancer, donc on va les aider ». C'est vraiment le premier réflexe qu'on a eu. Après on s'est dit « on va se mettre ensemble pour mettre en commun nos moyens, répondre ensemble à des appels d'offres, construire des offres commerciales et avoir plus de force de frappe. »

Frédéric Couchet : D'accord. C'est donc à la fois accompagner effectivement des nouvelles structures ou de nouvelles personnes qui souhaitent faire de l'activité autour du logiciel libre et faire aussi, ce qui est finalement une activité classique, traditionnelle des fédérations, se regrouper. Tu as cité des grosses structures, mais globalement, dans le monde du logiciel libre, ce sont souvent des petites structures, des PME/PMI, est-ce que se regrouper c'est permettre de répondre, par exemple, à des appels d'offres plus gros que ce que vous pourriez faire en termes de structure individuelle ? Ou est-ce que c'est pour avoir un paramètre plus large de réponse.

Florian Lainez : C'est pour avoir un périmètre plus large de réponse et pouvoir combiner nos compétences. Certaines entreprises ont vraiment des compétences clés et d'autres ne les ont pas, on arrive donc à mieux se coordonner. C'est aussi pour faire plus de poids, parce que, face à des acteurs cartographiques mondiaux, on n’est rien, on n'est rien du tout ! Le fait d'exister et d'avoir une voix commune, c'est déjà beaucoup.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe, comment a été accueillie l'annonce de cette fédération dans le monde d'OpenStreetMap ? Est-ce qu'il y a eu des réactions par le Chapter français dont on parlait tout à l'heure ? Comment ça a été accueilli ? Tout à l’heure, vous disiez que cette initiative dans le monde d’OpenStreetMap était quelque chose d'unique. Comment ça a été accueilli ?

Jean-Christophe Becquet : Pas forcément de manière facile au départ. D'ailleurs, ça m'inspire une réflexion. Je pense que depuis toujours, dans le monde du logiciel libre, il y a une tension entre le travail bénévole et le travail rémunéré. J’ai vécu cette tension en 2006 avec la création de Libertis. À l'époque, c’était le groupement des entreprises du logiciel libre en région PACA, qui existe toujours d'ailleurs, qui est la représentation des entreprises de la région PACA au sein du CNLL, le Conseil national du logiciel libre. Quand on crée ce genre de structure, on est confronté à une partie de la communauté qui nous renvoie « en fait, vous cherchez à gagner de l'argent avec nos contributions bénévoles et ça ne va pas du tout, ce n’est respectueux ». Ça nécessite de faire de la pédagogie, ça nécessite de montrer patte blanche aussi et de démontrer que nos activités professionnelles autour du logiciel libre, autour d’OpenStreetMap, viennent soutenir et renforcer le projet OpenStreetMap et pas du tout le phagocyter ou profiter simplement des contributions des bénévoles.
Si on crée un écosystème respectueux des valeurs et des principes qu'on a été édictés précédemment – la licence, les bonnes pratiques de contribution –, alors on soutient le commun et on évite de laisser nos vies contrôlées par des géants du numérique qui, eux, n'ont pas ce souci de respect des valeurs et des utilisateurs et des utilisatrices.

Frédéric Couchet : Avant de parler des géants du numérique, tu viens de parler de la licence. Tout à l’heure, Jean-Christophe, tu as abordé très rapidement Open Database License, la licence de base des données ouvertes. C'est une des rares fois, une des premières fois qu'on aborde ce sujet-là. Florian, peut-être peux-tu expliquer une peu ce qu'est que cette licence.

Florian Lainez : À la base, le projet OpenStreetMap avait la même licence que Wikipédia donc Creative Commons. Comme c'est une base de données, ce n'est pas vraiment le même droit qui s'applique, il y a eu un besoin de créer cette licence OdbL qui, dans sa philosophie, est à peu près similaire : partage à l’identique, ouverture par défaut et puis citer les auteurs, c'est vraiment quelque chose qui est commun avec la philosophie des Creative Commons. Après, les spécificités du droit liées aux bases de données s'appliquent aussi, c'est donc vraiment une licence qui est adaptée pour ça.
Cette licence est l’une des deux licences officiellement reconnues par l'État français comme open data en France, elle est donc très largement utilisée par les collectivités locales, par les administrations centrales. C’est une licence vraiment très populaire, c'est LA licence de l'open data.

Frédéric Couchet : On mettra la référence sur le site de l'émission. Un décret liste les licences effectivement autorisées en termes d’usage dans l’administration, à la fois en termes de logiciels, en termes de base de données, parce que, comme tu le dis, le droit d'auteur n'est pas le même concernant logiciels et bases de données.
Avant de venir sur les géants du numérique, je sais que c'est un sujet qui vous intéresse, tout à l’heure Florian disait « on est là pour favoriser, soutenir, encourager des nouvelles personnes, des nouvelles structures à se lancer dans de l'activité commerciale, professionnelle autour d'OpenStreetMap. Jean-Christophe, au bout d'un an, avez-vous déjà eu des premiers retours ?

Jean-Christophe Becquet : Effectivement, certains de nos membres sont venus nous voir, soit en nous disant « j'ai une activité autour d'OpenStreetMap, mais ce n’est pas structuré, je ne sais pas quel statut je dois adopter, est-ce que je dois être plutôt auto-entrepreneur, rejoindre une coopérative d'activités et d'emploi ou une autre forme juridique ? Comment je m'y prends pour trouver des clients, pour définir et calculer mes prix ? ». Il est arrivé, effectivement, qu'on puisse conseiller des personnes qui démarrent une activité, voire qui n'ont pas encore d'activité et qui réfléchissent. La Fédération des professionnels d’OpenStreetMap peut être un interlocuteur, peut être un soutien parce que nous sommes plusieurs à avoir une petite expérience d'activité entrepreneuriale, sous différentes formes, sous différents statuts, avec différentes typologies de clients aussi : certains d'entre nous travaillent plutôt avec des collectivités et administrations, d'autres avec le secteur privé. Le fait de pouvoir partager ces expériences avec des personnes qui souhaitent se lancer, c'est quelque chose qu'on a déjà fait et qu'on va continuer à faire.

Frédéric Couchet : D'accord. Ça arrive justement sur une question je voulais poser, que je venais juste de cocher ici, sur les typologies de clientèle que vous pouvez avoir, peut-être même en donnant des exemples si vous pouvez : quels sont les types de structures clientes qui s'intéressent à OpenStreetMap, qui utilisent OpenStreetMap, qui font appel à des pros d’OpenStreetMap ? Florian.

Florian Lainez : C'est très varié. Les métiers sont très différents dans la base de données. Il y a de l'analyse de données, de la création de données, de la maintenance de données, c'est ce qu'on fait, par exemple, chez Jungle Bus. Il y a des business modèles très différents : on a, je le disais tout à l’heure, Geovelo qui travaille sur son appli mobile, qui est utilisable pour faire des calculs d'itinéraires à vélo. Eux travaillent avec les collectivités locales, ils font du conseil, de l'accompagnement de collectivités locales. Et puis il y a des business qui sont très spécialisés sur le géocoding, sur des activités très métiers, très particulières. Le géocoding c'est rechercher une adresse, ça te trouve un point, une géolocalisation, une adresse. Tu as donc des métiers comme ça, des moteurs de recherche cartographiques : si tu cherches un lieu, ça te trouve exactement un point.
Ce sont tous des métiers très spécifiques ; il y a de l'embarqué, il y a du logiciel, il y a du développement. Tout cela ce sont des compétences que les membres de la fédé ont.
Au final, les typologies de clients sont très différentes : il y en a qui travaillent dans le tourisme, dans la mobilité, dans la tech directement. C’est vraiment très varié.

Frédéric Couchet : Avant la pause musicale, Jean-Christophe est-ce que tu veux compléter sur cette partie-là, sur la typologie des clients ?

Jean-Christophe Becquet : Peut-être donner quelques noms, à nouveau, qui peuvent parler à nos auditeurs. Dans les clients des membres de la fédération d’OpenStreetMap, on va trouver la SNCF, on va trouver Île-de-France Mobilités, on va trouver plusieurs offices de tourisme partout en France et des agences départementales et régionales du tourisme ; on va trouver des fédérations de professionnels d'autres domaines, notamment, par exemple, dans l'économie sociale et solidaire s'ils souhaitent faire des cartographies de leurs membres et s'appuyer sur OpenStreetMap pour cela ; on va trouver des collectivités locales de toutes tailles, des métropoles, des départements, des communes, des parcs naturels régionaux. C’est donc extrêmement diversifié à la fois dans la taille, à la fois dans la répartition géographique, à la fois dans les thématiques métiers.
C’est parce qu’on est aujourd'hui une vingtaine d'entreprises, avec des compétences complémentaires, qu’on peut adresser une telle étendue de clients.

Frédéric Couchet : OK. Merci.
On va faire une pause musicale pour respirer un petit peu. Nous allons écouter Peau Rouge par Les Gueules Noires. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l'écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Peau Rouge par Les Gueules Noires.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : J'espère que vous avez dansé avec nous. On vient d’écouter Peau Rouge par Les Gueules Noires. J'ai noté une phrase à laquelle je n'avais jamais fait attention en écoutant cette chanson « le capitalisme a fini ce que le fascisme n'avait pas réussi ». C'était donc Peau Rouge par Les Gueules Noires, disponible sous licence Creative Commons Attribution CC By.

[Jingle]

Deuxième partie 46’ 37

Frédéric Couchet : Nous allons