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'''Philippe Nieuwbourd :''' C'est très à la mode, parce que finalement ce que vous avez fait, des gens de la communauté Mysql l'ont fait au moment du rachat par Oracle. Ils avaient accepté le rachat par Mysql, ils n'ont pas accepté le rachat par Oracle. On a appris hier que la communauté Open Office était en train de faire la même chose parce que là aussi ils ne sont pas d'accord avec les orientations d'Oracle.
'''Philippe Nieuwbourd :''' C'est très à la mode, parce que finalement ce que vous avez fait, des gens de la communauté MySQL l'ont fait au moment du rachat par Oracle. Ils avaient accepté le rachat par MySQL, ils n'ont pas accepté le rachat par Oracle. On a appris hier que la communauté Open Office était en train de faire la même chose parce que là aussi ils ne sont pas d'accord avec les orientations d'Oracle.
   
   
Pour ceux qui ne connaissent pas tous ces termes-là, un fork c'est que vous avez la possibilité de reprendre le code source initial et de créer pour l'instant exactement la même chose. C'est une copie conforme.
Pour ceux qui ne connaissent pas tous ces termes-là, un fork c'est que vous avez la possibilité de reprendre le code source initial et de créer pour l'instant exactement la même chose. C'est une copie conforme.

Version du 29 avril 2014 à 19:07


Titre : Mageia, interview de Anne Nicolas

Intervenant : Philippe Nieuwbourd, journaliste et Anne Nicolas

Lieu : Open World Forum

Date : 2010

Durée : 9 min 02

Lien vers la vidéo : [1]


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Philippe Nieuwbourd, journaliste : Bonjour à tous. Bienvenue sur le plateau télé de l'Open World Forum. Nous allons aujourd’hui aborder un autre sujet avec notre nouvel invité. Anne Nicolas, bonjour.


Anne Nicolas : Bonjour !


Philippe Nieuwbourd : Bonjour. Vous travaillez pour une communauté qui s’appelle Mageia. Alors là nos auditeurs doivent se dire mais alors Mageia, jamais entendu parler. Qu'est-ce que c'est que la promotion de ce truc nouveau ? Mageia en fait c'est un fork de Mandriva.


Anne Nicolas : Tout-à-fait.


Philippe Nieuwbourd : On se rappelle de Mandriva. Moi j'avais quitté Mandriva dans ma tête à une époque où il y avait de nombreuses difficultés financières. On ne savait pas bien ce que ça allait donner. Expliquez-nous un petit peu ce qui s'est passé, ce qui vous a donné envie de créer ce fork Mageia.


Anne Nicolas : Ce fork Mageia effectivement est venu de tout un lot d'incertitudes qui résidaient chez Mandriva. J'étais moi-même employée par une filiale de Mandriva. On estimait qu'il y avait eu douze ans de travail énorme réalisé sur cette distribution et qu'il fallait pérenniser. Pour pérenniser cet effort, on voulait s'abstraire finalement de la présence d'une entreprise qui avait effectivement des hauts et des bas au niveau économique. On a décidé de forker c'est-à-dire de reprendre la distribution Mandriva Linux à un moment donné, à partir d'une copie simplement puisque la licence le permet et de monter un nouveau projet à partir de là, uniquement communautaire, et au sein d'une association. Donc le projet s'appelle aujourd'hui Mageia.


Philippe Nieuwbourd : C'est très à la mode, parce que finalement ce que vous avez fait, des gens de la communauté MySQL l'ont fait au moment du rachat par Oracle. Ils avaient accepté le rachat par MySQL, ils n'ont pas accepté le rachat par Oracle. On a appris hier que la communauté Open Office était en train de faire la même chose parce que là aussi ils ne sont pas d'accord avec les orientations d'Oracle.

Pour ceux qui ne connaissent pas tous ces termes-là, un fork c'est que vous avez la possibilité de reprendre le code source initial et de créer pour l'instant exactement la même chose. C'est une copie conforme.


Anne Nicolas : Tout-à-fait. Il ne s'agit pas non plus de réinventer la roue puisque je l'ai dit tout à l'heure, on croit beaucoup en la technologie intégrée à la distribution Mandriva Linux. On pense que c'est vraiment un point fort. Mais on voudrait travailler de manière différente, justement, à l'élaboration de la future distribution.


Philippe Nieuwbourd : Mageia va être une association, loi 1901, donc à but non lucratif,


Anne Nicolas : Tout-à-fait.


Philippe Nieuwbourd : Qui regroupera la communauté, les développeurs en fait. Ce sont les développeurs de la communauté qui seront les membres de l'association ?


Anne Nicolas : Les membres de l'association en fait ça va recouper l'intégralité du scop finalement de gens qui touchent de près ou de loin une distribution. Ça va être des développeurs, des gens qui font du packaging logiciel, des testeurs, des traducteurs, mais c'est aussi des utilisateurs. Parce qu’aujourd’hui ce qui fait la force d'une distribution c'est la capacité de sa communauté d'utilisateurs à faire la promotion de cette distribution. Ils ont une partie tout à fait prédominante et essentielle dans l'association.


Philippe Nieuwbourd : On peut se poser la question pourquoi une association ? Vous pensez qu’aujourd’hui c'est le meilleur moyen de travailler ensemble sur un projet comme celui-là ?


Anne Nicolas : Il se trouve qu'effectivement les valeurs du libre aujourd'hui font que ça peut-être un petit peu exigeant sur la nécessité donc du partage, de la pérennité du logiciel, etc. Étant donné l'historique et les difficultés qui ont été rencontrées du temps de Mandriva, on a estimé effectivement qu'un projet communautaire était plus adapté et l'association est là uniquement pour, je dirais, encadrer l'utilisation des ressources, l'organisation de manière à ce que,oui on est dans un projet communautaire, mais organisé et pérenne.


Philippe Nieuwbourd : En même temps aujourd'hui il faut bien vivre. Vous étiez vous-même employée d'une société qui travaillait sur Mandriva. Vous avez peut-être envie un jour de retrouver un job et de retrouver un salaire ?


Anne Nicolas : Ce serait bien oui !


Philippe Nieuwbourd : Il faut bien que tout cela vive. Comment on génère du revenu dans cette organisation purement associative ?


Anne Nicolas : L'association c'est une chose. Elle produit effectivement un produit qui s'appelle Mageia qui est une distribution. On peut parfaitement envisager une structure commerciale qui va agir en périphérie de cette association, qui va s'appuyer sur la distribution qui s'appelle Mageia, et qui va proposer tout un tas de services comme du support, du consulting, du développement, de manière à aider l'entreprise à prendre ce produit communautaire qui a énormément de force et l'intégrer dans l'ensemble de la panoplie de solutions qu'elle peut avoir.


Philippe Nieuwbourd : Aujourd’hui vous êtes confrontés à un certain nombre de besoins urgents. Le premier besoin on va essayer d'y répondre ensemble et de faire un petit peu de bruit autour de Mageia, parce qu'en effet personne ne connaît.


Anne Nicolas : Personne ne connaît à l'extérieur. Dans le monde, le petit monde de l'Open Source, j'avoue qu'on a été très agréablement surpris par les retours parce qu'effectivement non seulement la communauté actuelle Mandriva a bien réagi à l'annonce et adhéré, mais aussi des gens qui utilisaient Mandrake, à l'époque, et qui reviennent parce qu'ils estiment que ça correspond un peu plus aux attentes qu'ils avaient et leur vision d'une distribution Open Source.


Philippe Nieuwbourd : Ça il faut faire attention ! C'est ce qu'on appelle le syndrome du nombril. C'est que les gens qui vous connaissent, vous connaissent ! Toute la difficulté c'est de faire en sorte que ceux qui ne vous connaissent pas aient le réflexe d'aller voir Mageia, plutôt, parce qu'il faut dire les choses très claires, du coup vous devenez un concurrent de Mandriva.


Anne Nicolas : Tout-à-fait.


Philippe Nieuwbourd : Comment est-ce que vous allez faire pour essayer de promouvoir cette nouvelle marque parce que ça coûte de l'argent aussi tout ça ?


Anne Nicolas : On commence finalement très petit puisque l’initiative s'est faite quand même en très peu de temps. On a lancé un appel aux dons qui pour le moment répond extrêmement bien. On a eu aussi des solutions pour nous permettre d'héberger l’intégralité de nos infrastructures. Et puis on va essayer de pérenniser ça en faisant pourquoi pas adhérer des entreprises à l’association et puis on se rend compte finalement aujourd’hui qu'il y a beaucoup d'utilisateurs qui comprennent le fait que du logiciel libre ce n'est pas forcément gratuit et que je peux, pour supporter la distribution que je préfère, mettre un petit peu d'argent tous les mois, par exemple, dans la mesure où je sais que cet argent va être utilisé de manière transparente et en conservant un certain nombre de valeurs.


Philippe Nieuwbourd : D'accord !


Anne Nicolas : On a beaucoup de retours sur ce point-là.


Philippe Nieuwbourd : Et ça vous pensez que ça vous permettra de générer suffisamment d'argent pour éventuellement payer des gens qui vont qui vont, de manière permanente, travailler à la distribution !


Anne Nicolas : Dans l'immédiat non, dans le sein de l'association. Par contre dans le cadre d'une structure commerciale qui proposera des services peut-être plus traditionnels, là on pourra effectivement dégager des revenus et ces revenus pourront éventuellement être utilisés pour financer des développements supplémentaires sur la distribution, donc une contribution.


Philippe Nieuwbourd : Justement, très bonne transition. Est-ce que vous avez déjà pensé à ce qu'il faudrait faire évoluer à l'intérieur de Mageia pour que ça continue à répondre aux besoins ? Parce qu'en même temps, peut-être que Mandriva, étant donné les difficultés depuis quelques temps, manquait peut-être un petit peu de développement. Peut-être que vous avez envie de faire des nouvelles choses ?


Anne Nicolas : Oui, on veut faire plein de choses. Entre autres il y a un énorme point fort aujourd'hui, c'est le centre de contrôle de configuration du Linux et aujourd'hui c'est le faire évoluer, le rajeunir un peu, parce que c'est vrai qu’effectivement il est un petit peu vieillissant, et puis, pourquoi pas, s'orienter vers des architectures aujourd'hui qui sont de plus en plus utilisées comme les tablettes, par exemple, et puis s'orienter aussi vers l'ouverture, vers des services comme le Cloud, etc. Tout ça ce sont des orientions qu'on va définir dans les semaines à venir.


Philippe Nieuwbourd : Vous allez avoir un vrai fonctionnement associatif, participatif ?


Anne Nicolas : Tout-à-fait.


Philippe Nieuwbourd : Vous allez vous réunir de manière régulière ?


Anne Nicolas : Des réunions un petit peu particulières puisqu'elles seront virtuelles, parce que la communauté de Mageia est internationale. Elle est internationale, c'est-à-dire, aujourd'hui c'est beaucoup en Europe, en Amérique du Sud, donc dans ces cas-là on ne peut pas faire de vraies réunions, n’empêche que ce sont des gens qui sont habitués à travailler de manière-là, distante. Effectivement oui on aura des réunions par groupes d’intérêt. On aura un board pour gérer l'association, pour prendre les décisions stratégiques Oui, surtout beaucoup de communication, c'est sans doute ce qui nous a manqué.


Philippe Nieuwbourd : Parfait. Eh bien écoutez, on espère avoir apporté notre petite contribution. Bonne chance en tout cas dans tous vos projets. C'est courageux. On va continuer d'ailleurs. Si on a envie d'en savoir plus, le site web


Anne Nicolas : mageia. org


Philippe Nieuwbourd : Et on rappelle Mageia c'est M A G E I A, parce qu'en effet il ne faut pas se tromper dans l'orthographe. Anne Nicolas, merci beaucoup, bonne chance, bonne continuation.


Anne Nicolas : Merci.