« Richard Stallman (Mairie de Paris 19 Mars 2003) » : différence entre les versions

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*Q*: Rappel des contraintes: la formation cible le monde du travail. Si
*Q*: Rappel des contraintes: la formation cible le monde du travail. Si
on apprend [[OpenOffice]] et GIMP à la place de PhotoShop et Office, et si
on apprend OpenOffice et GIMP à la place de PhotoShop et Office, et si
on forme des gens aux LL, ils ne trouveront pas de travail.
on forme des gens aux LL, ils ne trouveront pas de travail.



Version du 10 juillet 2011 à 20:30


Avec le lot de questions habituelles et quelques-unes assez stupides. C'est la forme de la conf qui voulait cela puisqu'il n'y a pas eu de conf' et uniquement une session de questions/réponses.

Vous trouverez en PJ ma prise de notes, que j'ai tapée à mon retour avant d'oublier et pour ne pas qu'elle se perde. Comme d'habitude quand je prends des notes, elle est sémantiquement verbatim (c'est-à-dire que je garde une trace de toutes les phrases ou en tout cas de toutes les idées émises). Compléments (notamment sur les identités des intervenants) bienvenus.

On remarquera certaines prises de position tranchées de RMS (on s'en fout si un programmeur ne peut pas gagner sa vie, on s'en fout si un artiste ne peut pas gagner sa vie, il faut détruire les éditeurs de musique...) et une nouvelle image: la projection du domaine de brevets au domaine de la musique symphonique du XVIIIème siècle.

Abréviations

LL logiciel libre

LP logiciel propriétaire

OS système d'exploitation

OSP système d'exploitation propriétaire

PVD pays en voie de développement

Table:

1. Piere Levy: chef de projet Lutèce

2. Danièle Auffray, l'adjointe au maire de Paris en charge des NTIC

3. RMS

4. Pierre Rival: directeur de cabinet de Danièle Auffray

5. Frédéric Couchet

_Accueil:_

  • 2* j'ai rencontré RMS il y a un an (lors d'une rencontre organisée avec Noël Mamère lors de sa campagne pour les présidentielles)

je lui avais dit que la Mairie de Paris voulait s'engager pour le LL en commençant par les portails d'arrondissement 4 remercie de notre présence et passe la parole à RMS

RMS: quel est le format de la conf? Sur quels points dois-je insister?

Q 4: déf. du LL selon vous? Comment définir le concept du © dans le logiciel? Où en est-on aujourd'hui en bureautique notamment?

R : Je puis définir le LL en trois mots: Liberté, Égalité, Fraternité Liberté: libre d'utilise le prog. de toute manière utile Égalité: tout le monde a les mêmes droits Fraternité: le LL encourage la coopération (ce qui l'interdit est immoral)

Détaillons les libertés

Liberté 0: utiliser le programme pour quelque raison que ce soit

Liberté 1: aider vous-même en étudiant

Liberté 2: aider le voisin

Liberté 3: aider au développement de la communauté en sortant des versions améliorées

Toutes ces libertés sont essentielles et ne doivent jamais manquer.

On ne parle pas d'améliorations neutres. C'est une question morale. Le LP est une offense qui ne doit jamais exister. Tout le logiciel disponible à vous doit être libre pour vous

Notre travail est de contruire une communauté de liberté, de libre coopération parmi les gens, Offrir le LL pour tous les travaux. Si un travail ne peut pas être fait en LL c'est un manque et un défaut à remplir.

Il est dommage de devoir choisir entre l'utilisation d'un ordinateur et la liberté.

Le LP détruit les liens sociaux entre les gens. Si j'étais Satan je ne pourrais pas faire mieux que cette tentation à trahir le voisin.

Il faut que nous offrions des programmes équivalents pour faire les mêmes choses.

Aujourd'hui nous ne sommes pas arrivés à destination. La plupart des utilisateurs utilisent des OSP et du LP. C'est un grand travail de remplacer tout cela par du libre.

Il faut commencer dans les écoles pour enfants ou centres de formation pour adultes. Les écoles maternelles et informaituqes. Enseigner comment faire les choses dans le bon esprit, c'est-à-dire la coopération avec les autres.

Les étudiants et adolescents s'intéressent beaucoup au fonctionnement des ordinateurs. Avec le LL ils peuvent apprendre. Avec le LP apprendre est interdit. Il faut permettre aux enfants qui ont le goût de l'informatique d'apprendre tout, le fonctionnement intérieur et la manière de construire des programmes, et non pas seulement l'utilisation. En mécanique auto c'est en démontant/remontant qu'on apprend; ici c'est la même chose.

Pour achever cette campagne nous devrons affronter de grands ennemis. Nous n'avions pas d'ennemis dans les années 1980: c'était un grand travail et on se moquait de nous pensant que nous n'y arriverions pas.

Aujourd'hui de grandes entreprises essaient de nous bloquer (des entreprises de LP y compris Microsoft). Elles essaient de construire de nouveaux systèmes impossibles à imiter: Trusted Computing --- informatique de confiance. Personnellement j'appelle cela Treacherous Computing --- informatique déloyale. Ils veulent changer les ordinateurs pour qu'ils obéissent aux entreprises et pas à vous.

L'idée est que tout programme d'application pourra sauvegarder des données pour que tout autre programme ne puisse plus y accéder. Cela vaut pour les données publiées: vidéo, musique autant que pour vos données personnelles: Word pourra ainsi verrouiller l'utilisateur.

Il est aujourd'hui difficile d'écrire du LL pour lire du Word (qu'on peut comprendre avec des expériences). Mais ce n'est pas impossible. Ce sera impossible avec l'informatique déloyale. Il faut des organisations politiques et des grandes organisations d'utilisateurs et de consommateurs pour attaquer l'informatique déloyale avant qu'elle ne réussisse.

Nous voyons aussi une opposition des gouvernements. C'est triste. Ils obéissent désormais aux entreprises et pas à nous, surtout aux USA. Les entreprises ont ainsi acheté en 1998 une loi pour interdire tout moyen de contourner une restriction technique imposée au public par les éditeurs. Ex: lecture d'un disque vidéo. C'est le Digital Millenium Copyright Act (DMCA). L'Europe est en train d'imposer une directive plus ou moins équivalente.

Il y a une campagne d'opposition dirigée contre l'application de cette directive (dont Fréd est un membre actif). Cette loi interdit les moyens de lire les faux CD (qui sont illisibles sur ordinateurs). C'est un moyen d'empêcher le partage des copies, ce qui doit être le droit de tous.

Il faut contre-attaquer et trouver des moyens, légaux ou pas. Il ne faut pas laisser tomber sans combat.

Cela pourra aussi interdire le LL. Exemple: publication de données sous forme cryptée. Cela n'attaque pas que le droit de partager mais aussi le LL.

Ce que cette directive européenne attaque ou pas n'est pas clair. Ce n'est pas une loi, mais une directive: chaque pays a des choix. On peut chercher des manières de l'appliquer les moins nocives au LL. Ex: autoriser LL qui fait ce que font les lecteurs autorisés et rien de plus. Ainsi le LL ne sera pas désavantagé par rapport au LP. Cela restera néanmoins une attaque contre le droit de partager.

Au sujet du partage de la musique. Je vais vous lire une traduction en anglais d'une lettre que l'éditeur de disques EMI a envoyée en allemand à Georg Greve, membre du public en Allemagne. (4 la traduit en français)

« ... si vous voulez vous opposer aux protections contre la copie vous feriez mieux de laisser tomber. La protection contre la copie est une réalité. Tous les médias du monde seront bientôt concernés. C'est une bonne chose pour l'industrie musicale. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour pousser cela, que cela vous plaise ou non. »

G. Greve m'a dit qu'en allemand le ton est beaucoup plus dur, cruel, brutal.

Il n'y a rien d'injuste dans le fait d'imprimer et de vendre des disques. Mais les éditeurs sont si arrogants qu'ils doivent être détruits, mis en faillite. Il faut donc refuser l'achat de tout faux CD.

On peut par exemple distribuer des tracts devant les magasins de musique mettant en garde et informant à ce sujet, notamment comment les reconnaître. Même une heure par semaine peut suffire au début, et permettre de recruter d'autres pous nous aider.

Les artistes ne méritent pas le droit de refuser au public la copie exacte. De plus les contrats qui les lient aux éditeurs sont très injustes pour les musiciens: ils ne gagnent pas d'argent, sauf quelques musiciens très célèbres pendant longtemps, qui ont terminé leur contrat initial.

Les musiciens reçoivent de l'argent pour les concerts, et de la pub pour les disques. Partager de la musique c'est leur faire plus de pub, d'une manière plus saine et plus efficace. L'intérêt des entreprises ne doit pas entrer dans le partage de la musique.

Il faut donc légaliser le partage de la musique dans un but non commercial.

Dans le monde actuel, seuls quelques % des utilisateurs utilisent le LL. Parmi eux, beaucoup utilisent des applications propriétaires par dessus. Pas seulement des OS, mais aussi tous les programmes.

Il y a quelques années, GNU/Linux était surtout serveur. Ce n'est pas un hasard: j'ai décidé de développer un système compatible Unix aussi puissant et facile à apprendre qu'Unix... c'est-à-dire pas beaucoup! Ce fut terminé au début des années 1990.

Il fallait ajouter des interfaces graphiques pour faciliter l'apprentissage. Maintenant, le système est assez facile à apprendre. On voit dans le monde des salles d'apprentissage grand public sous GNU/Linux sans aucun problème. Ex: Sao Paulo, dans les centres pour voisinages pauvres. Concerne des gens n'ayant aucune expérience préalable des ordinateurs. GNU/Linux est donc prêt à être utilisé partout.

Il faut répandre la liberté partout, et faire une campagne pour la liberté.

Bureautique: pour moi cela évoque l'érotique au bureau, ce qui est malheureusement absent de ma vie. Tout le monde y compris les entreprises doit avoir la liberté d'utiliser les ordinateurs. Mais les entreprises sont moins importantes que les humains. Leur donner tant d'importance est la manifestation profonde du pouvoir global des entreprises, et c'est un grand danger.

Il faut refuser cette hypothèse dans votre cerveau.

Je ne cherche pas à convaincre les entreprises. Si elles veulent prendre avantage je suis d'accord mais je ne cheche pas à convaincre avant tout les entreprises.

  • Q*: Musique, et parallèle avec les logiciels. On peut s'abstenir

d'utiliser des LP et utiliser du LL. Que pensez-vous des gens qui copient le LP? La musique? Il y a moins de musique libre que de LL.

  • R*: Ce n'est pas équivalent.

Le logiciel a un but _fonctionnel: on peut remplacer un programme par un autre.

La musique a un but _esthétique_: les chansons, les romans ne sont pas interchangeables, c'est impossible, cela n'a aucun sens.

Cela change beaucoup de choses! Pour les oeuvres fonctionnelles, tout utilisateur mérite, doit pouvoir voir le fonctionnement de l'oeuvre et avoir le droit d'en publier une version modifiée.

Ce n'est pas la même chose pour les oeuvres esthétiques, c'est une question difficile. Mais il faut au moins avoir le droit de partager des copies exactes non commercialement.

Concernant les copies non autorisées de LP: accepter un contrat de licence est un acte immoral. C'est une trahison du reste du monde. L'ayant accepté, vous avez le choix d'y obéir ou de coopérer avec votre voisin, ce qui est un moindre mal.

Voyant que l'acceptation de ce contrat implique un choix entre deux maux, il faut le refuser, et choisir le chemin sans aucun mal (qui est de ne pas utiliser le LP).

  • Q*: Je félicite APRIL d'avoir organisé ceci. Quel chemin parcouru

depuis Paris VIII! Ma question porte sur les démarches et l'évolution. Les institutions et collectivités territoriales sont des entités très centralisées (je connais bien le sujet pour avoir travaillé dans plusieurs d'entre elles). Le LL doit avoir un impact sur leur organisation interne et la production d'intelligene.

  • R*: c'est la volonté de la Mairie de Paris d'implémenter des LL

alimentant des sites Internet, mais cela prendra du temps.

Fréd: Depuis un an ou deux il y a prise en compte du LL en tant contributeurs. Ex: Mairie de Paris et Lutèce. Cf. l'association Adullact qui a pour but de coordonner tout cela, et l'arrivée de suites bureautiques libres sur le poste de travail. Les collectivités locales comprennent l'intérêt de développer ensuite des applications métier en LL (il y a en ce moment une conférence à Washington DC d'organisations gouvernementales à ce sujet).

  • Q*: Rappel des contraintes: la formation cible le monde du travail. Si

on apprend OpenOffice et GIMP à la place de PhotoShop et Office, et si on forme des gens aux LL, ils ne trouveront pas de travail.

  • RMS*: il faut pousser contre, et pas accepter. C'est un argument pas

valable: on peut l'utiliser pour toute situation injuste établie.

  • Fréd*: On enseigne des principes, pas des outils. Le LL apporte des

avantages, c'est pourquoi il faut l'utiliser. Enseigner un traitement de texte: ok, permettra de s'en sortir sous Word. Le LL croît dans les entreprises (car il est de plus enseigné dans les écoles et universités et ces étudiants envahissent peu à peu le monde du travail)

  • Q*: comment un programmeur peut vivre et nourrir sa famille en faisant

du LL?

  • RMS*: Il y a trop d'enfants sur Terre. N'en faites pas. J'ai fait

partie d'une association appelée "Zero Population Growth".

D'autre part, ce n'est pas une question très importante. On n'a pas besoin de gagner de l'argent via la programmation. On peut chercher du travail dans un autre champ.

Le développement logiciel destiné à la publication est négligeable devant le volume total des activités de programmation. Le plus gros est utilisé en entreprise, où la question LL/LP ne se pose pas. C'est une petite portion de l'emploi.

Imaginons qu'il n'existe aucun emploi dans la construction de LL. Ce n'est pas un problème: nous comptons plus de 500 mille développeurs volontaires de par le monde. Il faut éviter l'erreur de supposer qu'il faut des moyens de pauer les développeurs, mais il y en a de toutes façons. Exemple: Fréd est payé pour faire du LL.

  • Fréd*: Oui. Et 98% des pros font du service. La production de code

n'est pas ce qui garantit leur salaire. On trouve des sociétés de services qui font du LL et du LP. On a peu de code propriétaire et vendu.

  • RMS*: le LL ouvre la possibilité de nouveaux modèles d'entreprises.

Changements, adaptations de programmes déjà existants. Le LL élimine un modèle d'affaires mais en crée un autre. Il est impossible de savoir si au total le LL augmentera ou diminuera les besoins en emploi informatique. Mais en tout cas ce ne sera pas un désastre total sur l'emploi.

  • Q*: Comment estimer l'impact du LL, et les zones géographiques les plus

fortes?

  • RMS*: un site de développement a plus de 500 mille utilisateurs

enregistrés. C'est donc un minimum. Mais c'est dur d'estimer.

  • Fréd*: le LL s'impose dans les PVD: permettent une économie locale

basée sur les services, sans importer d'ingénieurs ni envoyer les locaux étudier à l'étranger. Ex: Inde, Chine. Le LL permet que l'argent investi et les compétences restent en Europe. C'est un vecteur de concurrence.

J'ai mentionné plus tôt les problèmes de directives européennes. Cf. à ce sujet l'URL http://eucd.info

Associations de consommateurs: l'UFC Que choisir recherche des témoignages de gens ayant eu des problèmes avec les CD (ex: ma copine et un faux CD de Ben Harper).

  • Q*: D'un point de vue économique et de pouvoir. IBM et Sun récupèrent

le LL pour installer de la bureautique et faire du fric.

  • RMS*: Il est bon que les grandes entreprises utilisent du LL. Le LP est

immoral mais diffuser/vendre du LL n'est pas immoral. Sun et IBM développement et publient du LP, c'est mauvais. Tous deux ont publié des LP importants, mais ont des LP importants. Ex: la plate-forme Java de Sun. Il faut sensibiliser sur le fait de la refuser.

Concernant le vocabulaire: je refuse le terme «protéger» s'agissant de l'application du ©. L'utilisation et le partage d'un programme ne l'abîment pas. J'utilise donc le mot «restreindre».

  • Q*: Quid des licences dites libres et des licences non compatibles GPL?
  • R*: Les licences libres offrent toutes les libertés essentielles.

Fondamentalement, c'est bon.

La GPL couvre 2/3 des programmes libres ou plus. Une licence incompatible avec la GPL pose un problème pratique. Je conseille donc l'utilisation d'une licence compatible avec la nôtre, mais nous ne condamnons pas les autres.

  • Q*: je connais ce débat mais reste dubitatif sur l'équation économique.

En TV, un monde que je connais bien, les systèmes proprios n'ont pas empêché le développement de programmes cryptés. Sur le débat économique: je n'ai pas de réponse. Il y a une concentration technologique Microsoft/Intel sur l'usage des micro-ordinateurs en réseau. Le combat de convaincre les utilisateurs sera dur.

  • RMS*: GNU/Linux fonctionne normalement sur les machines Intel. Il n'est

pas question de demander aux utilisateurs de changer d'ordinateur.

Quel débat économique, quelle équation économique? Souvent j'ai la question «peut-on développer assez de LL dans un système économique quelconque en supposant qu'il faut payer pour le développement?». Nous développement beaucoup de LL déjà; pas besoin de se poser la question de savoir si on peut le faire. Il y a peut-être des questions secondaires économiques mais je ne vois pas lesquelles; il faut préciser.

  • Q*: Quid de la rémunération des artistes?
  • RMS*: ce n'est pas très important. La liberté est plus importante. Si

on ne peut pas gagner sa vie, on change de champ. C'est normal dans la vie. Pourquoi serait-ce une injustice en informatique? Souhaitons-nous que les gens gagnent leur vie en faisant quelque chose d'immoral?

  • Gérard Delafond*: Le département des Landes a équipé des écoliers

d'ordinateurs portables. Sous Microsoft Windows, car personne du LL n'a répondu aux appels d'offres selon le responsable du projet. Nous n'avons pas de commerciaux dans le libre, ce qui nous coupe de pans entiers de l'activité. La Mairie de Paris et des structures semblables peuvent passer en LL sans que cela vienne de l'extérieur: avec le développement d'équipes en interne.

  • 4*: des faits nous montrent que nous faisons cela. Ex: le logiciel

Lutèce, appelé à faire appel à des collaborations extérieures. Au delà du back-office, nous réfléchissons à la Mairie de Paris à la possibilité de passer une direction (sur 35) à l'adoption de LL pour la bureautique. Sensibilité et volonté d'avancer. Lorsque la nouvelle municipalité est arrivée aux affaires nous avons entrepris l'équipement des écoles, EPN 2001. Compliqué, résistances à surmonter.

  • 2*: Ce que nous tentons de faire dans les EPN: apprentissage et

expression de la créativité. Nous sommes passés de 0 à 29 EPN en 2 ans. Nous tenterons de développer cette thématique pour faire de l'apprentissage en profondeur.

  • 1*: Lutèce intéresse de nombreux organismes, et des sociétés de services

en proposent l'installation et des services autour. Mise à disposition des mairies d'arrondissement sur sites Internet: co-publication, newsletter, moteur de recherche, gestion dynamique. 21 sites en production dont 18 mairies d'arrondissement. http://lutece.paris.fr Mairie du IIIème: mise en ligne depuis février 2002, Pierre Levy passe 2 transparents

  • Q*: À l'attention des éditeurs, qui sont absents ici: pourquoi les CD

de musique sont vendus si cher? 5.40EUR pour un CD 2 titres...

  • RMS*: Je ne sais pas, je ne suis pas éditeur. Mais il s'agit d'une

question de prix, qui ne doit pas distraire de la liberté.

  • Q*: Contribution et communication sont deux choses différentes. La

Mairie de Paris communique mal. Au fait, présentez-vous

Danièle Auffray, maire adjointe chargée de la recherche et des nouvelles technologies.

En charge des problèmes des nouvelles technologies à Paris (c'est une nouvelle délégation de cette mandature).

L'existence de cette délégation est publique. Nous sommes ouverts et répondons le plus rapidement peut-être de toutes les délégations.

On a fait passer une délégation à propos de Lutèce. C'est un signe fort. Si les journalistes ne relaient pas cela, si cela ne fait pas les gros titres du Parisien, nous n'y pouvons rien, adressez-vous aux journalistes.

L'info n'est pas passée sur notre Intranet mais nous en avons 35 à 38, ils sont en refonte, réorganisation. La Mairie de Paris a participé au sommet mondial de Montréal.

  • FC*: l'équipe actuelle de la Mairie de Paris communique (ce qui est

rare)

  • Q*: pourquoi ne pas avoir streamé la présente manifestation sur Lutèce?
  • FC*: La musique et la directive européenne. On a fait un énorme

travail: 3 mois à temps plein pour 3 personnes. Mais on gêne. Il est difficile d'atteindre la presse. En LL on gêne moins. C'est bien d'être présent ici: cela montre que le LL n'est pas qu'un jouet d'informaticien.

  • OBE*: la Belgique, la Hollande, le Pérou d'engagent pour le LL
  • 4*: au-delà des clivages politiques on peut reconnaître que l'industrie

du logiciel européen est largement sinistrée. D'un point de vue économique, en négligeant le côté moral, le LL est un (le seul?) espace de reconquête pour le reconstruire

  • Q*: (je suis vice-président de l'EPN de la Goutte d'Or) Quelles sont

les alternatives à Macromedia, Adobe, Photoshop?

  • RMS*: Photoshop: GIMP. Je n'en utilise aucun mais on m'a dit que GIMP

était meilleur.

Macromedia (Flash etc): il n'y a pas de lecteur libre. Il ne donc donc pas utiliser le format Flash. Prière de vous plaindre si un site Web utilise Flash. Nous chercons d'ailleurs un développeur pour produire un remplacement libre, en lecteur au moins, de Flash.

Le W3C travaille sur un standard pour remplacer Flash. Il y a aux USA des problèmes de brevets et de conditions d'utilisation des standards brevetés. On ne sais pas si ce standard sera libre d'utilisation.

L'Europe est en train de décider si elle aura ou non des brevets informatiques. Cf. http://www.ffii.org

Il faut convaincre les membres conservateurs du Parlement Européen. Les membres de gauche (sauf d'UK) sont déjà convaincus. UK a un faux parti de gauche, et leurs députés européens n'échappent pas à la règle. Mais le pays commence à faire pression sur le parti travailliste: il a de grands problèmes avec la guerre, ce qui le rend vulnérable sur d'autres questions.

Il faut s'adresser aux membres conservateurs du Parlement Européen pour expliquer. Ils ne comprennent pas l'informatique et ce que font les brevets.

Appliquons la logique des brevets sur les idées musicales.

Si au début du XVIIIème siècle les brevets sur les idées musicales, descriptibles par des mots, avaient été mis en place...

en 1800, Beethoven veut écrire une symphonie sans risque de procès. C'est plus difficile que d'écrire une bonne symphonie! S'il proteste on lui rétorquera «Ah mais monsieur, vous vous plaignez car vous êtes jaloux de notre invention. Inventez donc vos propres idées». Le fait est que Beethoven a inventé beaucoup d'idées nouvelles, mais devait pour cela utiliser des idées déjà connues. Pierre Boulez, qui réinvente tout, a peu d'auditeurs... Il faut utiliser des idées déjà connues en combinaison avec des idées nouvelles.

Pour développer un logiciel il faut beaucoup d'idées.

Il faut donc édiquer les membres du Parlement Européen aux effets des brevets logiciels.

  • Q*: Concernant les lois dans le monde qui font de la surpromotion

étatique du LL: en ce cas on ne choisit plus librement le LL

  • RMS*: la liberté d'être esclave est paradoxale.

Pour toute organisation, exiger la liberté est une bonne politique. C'est une bonne idée d'imposer le LL. La tentative au Pérou a avorté car Microsoft a acheté le Président. Mais le mouvement continue dans d'autres pays: Venezuela, Hollande... la région d'Extremadura en Espagne pousse elle aussi le LL dans beaucoup de dimensions.

Nous n'avons pas besoin d'adoption de lois pour nous aider, mais qu'on n'adopte pas des lois pour nous interdire de travailler.

Nous acceptons que les gouvernements nous aident, mais ne l'exigeons pas.

Nous proposons que tout logiciel développé avec l'argent du gouvernement soit libre (à l'exception peut-être des secrets militaires et des choses de ce genre).

  • Q*: à la radio ce matin j'ai entendu parler de la mise en place de

brevets européens, moins coûteux à développer (dans une optique de concurrence avec les USA). Mais on a vu dans le passé que quand une découverte était d'une très grande importance, elle passait directement dans le domaine public (ex: la photographie)

  • RMS*: Tout brevet s'applique à une idée capable de s'appliquer à un

produit. Je ne suis pas expert dans tous les champs ni n'ai d'idées dans tous les champs, mais je suis expert en informatique. Et je sais que dans ce domaine, les brevets entravent le progrès et le développement de produits logiciels, et du LL en particulier.

La réussite du LL est possible car il est possible de développer _sans argent_ (il n'est pas possible d'acheter des licences de brevets sans argent!). Le fardeau du brevet logiciel est universel, mais il est encore plus lourd pour nous, dans le LL.

Je ne suis pas contre le brevet européen, surtout s'il n'accepte pas le brevet informatique.

  • Q*: quelle est la différence entre LL et Open Source?

Le LL depuis près de 20 ans promeut la liberté des utilisateurs, la coopération, aider soi-même, le voisin, la communauté. C'est une question éthique et sociale. Il a commencé à réussir dans les années 1990.

La devise de l'Open Source est plutôt rentabilité, efficacité, fiabilité. Ils ont trouvé tout cela dans le LL, et ont créé l'Open Source Movement, qui promeut l'Open Source. C'est presque la même chose. Nous faisons référence à des raisons pratiques mais aussi morales. Eux ne font référence qu'à des raisons pratiques.

  • Q*: Avez-vous lu l'article sur les brevets logiciels dans _Le Monde

Informatique_ de vendredi dernier et si oui qu'en pensez-vous?

  • R*: Non, apparemment personne à cette table ne l'a lu.
  • OBE*: Moi si. Le LL est désormais traité dans la presse, et les brevets

logiciels également. Ce dossier me semble très bon et il présente toutes les thèses en présence.

  • Q*: Êtes-vous impliqué dans les forum sociaux, mondiaux à Porto Alegre,

et européens (qui aura bientôt lieu en France)?

  • RMS*: je passe plus de la moitié de mon temps en voyage. Il faut

m'inviter plusieurs mois à l'avance et trouver une solution pour payer l'avion et fournir quelque assistance.

Je ne suis pas contre la globalisation: le LL montre l'exemple de globalisation bénéfique, non dominée par les entreprises. Je suis contre la globalisation dominée par les entreprises.

  • FC*: RMS était présent à Porto Alegre en 2002. Je suis le FSE de

Saint-Denis (93, France) mais l'organisation est très difficile. Je pousse pour que nos idées soient présentes.

  • RMS*: Le LL est une manière démocratique de développer le logiciel, où

tout le monde peut participer et maîtriser sa version personnelle.

Les utilisateurs décident comment développer le programme: les directions des efforts et des évolutions se font en fonction de leurs priorités. La totalité des utilisateurs décide quoi utiliser en grand.

  • 4*: fin de cette conférence. Un dernier mot, Richard?
  • RMS*: Y a-t-il quelque chose que je n'ai pas dit? Hmmm.... Ah oui.

Conclusion: les années prochaines seront je pense cruciales. Les ennemis sont toujours très forts et essaient de changer le monde de l'informatique pour en exclure l'informatique libre hors de petites poches de résistance. Il faut donc de grandes organisations pour résister à ces changements que plusieurs entreprises veulent nous imposer.

  • 2*: Nous sommes heureux de cette conférence et de la participation

exceptionnelle de la salle. En particulier le rapport entre démocratie, démocratie participative et LL. Nous voyons très bien qu'il y a là un projet de société, et souhaitons qu'un autre projet de société puisse nous soutenir et tous ceux qui travaillent autour.

  • 4*: La fête de l'Internet aura lieu les 21, 22, 23 mars 2003. Il y aura une tente sur le parvis de l'hôtel de ville avec des ordinateurs (des Macs, sans LL, car les choses évoluent lentement). On pourra y mener des débats sur les LL. La place de l'hôtel de ville sera un hot spot wi-fi et les démonstrations à ce sujet seront les bienvenues. Accueil sous la tente et alentours.
  • RMS*: j'ai une grande ambition: la libération du cyberespace. J'ai aussi de petites ambitions, comme le fait que tout français pense à l'érotique dans le bureau quand il entend le mot «bureautique».