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'''Titre :''' Les enjeux géopolitiques de la souveraineté numérique
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Publié [https://www.librealire.org/les-enjeux-geopolitiques-de-la-souverainete-numerique ici] - Février 2022
 
 
'''Intervenant·e·s :''' Ophélie Coelho - Clotilde Bômont - Tariq Krim - Jean-Paul Smets - Simon Woillet
 
 
'''Lieu :''' Conférences consacrées à la souveraineté numérique - Centre Panthéon de l'Université Paris 2.
 
 
 
'''Date :''' 15 janvier 2022
 
 
 
'''Durée :''' 1 h 12 min 40
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Illustration :''' À prévoir
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
 
==Description==
 
 
 
La lutte pour l'indépendance numérique engage désormais l'avenir industriel, démocratique et géopolitique des nations. Des données critiques de nos services publics (en particulier de santé et de sécurité) aux données de nos grandes entreprises industrielles, rien ne semble échapper à la prédation des géants numériques américains et à la culture de la forfaiture si répandue chez nos élites dirigeantes.
 
De la maîtrise des infrastructures à la maîtrise des couches logicielles, une bataille culturelle s'impose aujourd'hui dans le champ technologique. Entre la conception défaitiste et dangereuse du "cloud de confiance" porté par le gouvernement, et la vision réaliste et volontaire de nos intervenants, ce colloque est l'occasion de sortir des préjugés sur "l'impuissance" des acteurs français et européens du numérique, pour écrire un nouveau récit mobilisateur. Celui de la souveraineté numérique de notre pays et de ses institutions critiques.
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
<b>Simon Woillet : </b>Comme vous l’avez vu, la première conférence porte sur la géopolitique du numérique. Je vais me permettre d’introduire très brièvement nos intervenants qui seront libres de modifier ou d’amplifier cette présentation à leur convenance.<br/>
 
Clotilde Bômont, vous êtes chercheuse au centre de recherche et de formation GEODE et doctorante à l’Université Panthéon Sorbonne. Vous êtes notamment spécialiste des questions d’intégration du <em>cloud computing</em> dans les systèmes d’information et de communication militaires.<br/>
 
Tariq Krim, vous êtes entrepreneur et pionnier du Web français. Fondateur de Netvibes, Joli<em>cloud</em> et Polite. vous êtes l’initiateur du mouvement slow Web, ancien vice-président du Conseil national du numérique. Vous êtes aujourd’hui reconnu comme une voix essentielle des combats pour un politique numérique française respectueuse des intérêts stratégiques nationaux et européens. Vous intervenez également régulièrement dans la presse nationale et dans de nombreux médias avec une audience importance tels que Thinkerview et B-Smart.<br/>
 
Ophélie Coelho, vous êtes spécialiste en géopolitique du numérique. Vous êtes membre du Conseil scientifique de l’Institut Rousseau, auteur de nombreux rapports passionnants et salués sur la géopolitique du numérique. On peut citer notamment votre rapport intitulé « Câbles sous-marins : les nouveaux pouvoirs des géants du numérique » ou encore « L'urgence d'une indépendance numérique révélée par l'urgence sanitaire » et plus récemment « Les États-Unis, les Big techs et le reste du monde… », qui sont consultables sur le site de l’institut Rousseau.<br/>
 
Jean-Paul Smets, vous êtes coprésident d’Euclidia, l’alliance européenne des industriels du <em>cloud</em> et CIO de Rapid.Space, entreprise de <em>cloud</em> de portée internationale avec une forte expérience en Asie, notamment en Chine et au Japon. Vous êtes l’un des fers de lance du combat pour un numérique européen libéré de l’emprise des GAFAM et vous vous inscrirez dans la défense d’un numérique plus ouvert au logiciel libre, notamment à travers la campagne EuroLinux dans laquelle vous avez joué un rôle clef.
 
 
 
Très brièvement pour laisser le plus vite possible la parole à nos intervenants, pour cadrer un petit peu le débat, la géopolitique du numérique ne consiste pas simplement, à notre sens, dans l’analyse de l’incrémentation  du numérique dans les problèmes géopolitiques déjà préexistants. En fait, le numérique devient à part entière une grille si ce n’est la grille majeure contemporaine de lecture des faits géopolitiques et, pour cela, il suffit d’avoir en tête la question des infrastructures, de l’activation d’infrastructures clefs de communication. On peut penser aux câbles sous-marins dont on a parlé, aux satellites et encore à la fourniture aux administrations publiques de services <em>cloud</em> comme étant autant d’éléments majeurs d’une politique d’influence sur les autres nations.<br/>
 
Toutes les tensions diplomatiques et géopolitiques majeures que l’on rencontre aujourd’hui s’inscrivent pleinement dans la question numérique, notamment le rôle de la Chine qui est aussi profondément lié à la question des terres rares, comme vous le savez, ou bien la question taïwanaise pour ne citer que ces exemples extrêmement connus.
 
 
 
Pour ouvrir la discussion immédiatement, je vais m’adresser tout de suite à nos intervenants et je vais demander à chacun et chacune, à tour de rôle, de répondre à cette question d’ouverture : comment définir, dans notre monde contemporain, la question de la souveraineté numérique et quels enjeux généraux recouvre-t-elle ? Ophélie.
 
 
 
<b>Ophélie Coelho : </b>Merci Simon pour cette présentation.<br/>
 
Je vais commencer tout simplement par rappeler que quand on parle de souveraineté numérique, à mon sens, il faut déjà partir de cette idée que dans le monde numérique, d’ailleurs comme dans n’importe quelle industrie, on est soumis à de fortes interdépendances que ce soit dans le domaine du logiciel comme dans le domaine de la matérialité du numérique, à la fois au niveau des réseaux, où on a des réseaux interdépendants au niveau mondial, et aussi au niveau des terminaux qu’on utilise où on a une chaîne d’acteurs techniques de l’extraction des métaux jusqu’à la fabrication des composants et la fabrication des terminaux qui fait que forcément tous ces acteurs techniques vont être interdépendants.<br/>
 
De base, on pourrait se dire que s’ils sont tous interdépendants il n’y a pas de problème, ils ont tous une dépendance les uns par rapport aux autres donc ça va bien fonctionner. C’est un peu comme le marché libre. Le problème c’est que dans cet univers-là il y a des puissances qui ont aujourd’hui trop de pouvoir, qu’on va nommer les GAFAM, qu’on nomme de plus en plus les Big Tech aujourd’hui parce qu’elles ont une importance notamment dans le domaine infrastructurel. Les Big Tech étant – si on reprend une définition que j’aime bien qui vient d’un sociologue classique, pour ceux qui le connaissent, qui est Marcel Mauss – tout simplement un fait social total et qu’elles on aujourd’hui une influence à la fois sur nos sociétés, également sur le politique, évidemment sur notre souveraineté numérique, en tous cas, elles ont aujourd’hui une force sur nos sociétés. À partir de là, la souveraineté numérique c’est quoi ? À mon sens c’est avant tout s’intéresser à ces dépendances numériques, savoir les mesurer et savoir tout simplement rééquilibrer ces dépendances quand elles deviennent critiques pour notre capacité d’autodétermination. Voilà.<br/>
 
Donc aujourd’hui pour moi, quand on parle de souveraineté numérique, c’est vraiment lutter pour notre capacité d’autodétermination et, à mon sens, ça passe par la maîtrise des technologies plutôt que par une simple régulation, un simple contrôle des technologies.
 
 
 
<b>Tariq Krim : </b>Bonjour à tous. Tout d’abord merci de nous accueillir dans ce haut lieu de réflexion et puis merci à l’ensemble des partenaires.<br/>
 
La question de la souveraineté numérique est dans débat depuis quelques années, elle est beaucoup dans le débat depuis les deux dernières années puisque la pandémie, d’une certaine manière, nous a d’abord obligés à vivre dans le monde numérique des Big Tech, on était en permanence sur des Zoom qui n’en finissaient pas, des e-mails, des <em>chats</em>, des visios, du <em>cloud</em>, toutes ces technologies dont on se dit, et je fais partie des gens qui pensent qu’elles sont assez toxiques pour les individus, en fait pour échapper au virus on est rentré dans un monde numérique assez toxique.<br/>
 
Quand on parle de souveraineté numérique, chacun a une définition qui lui est propre. Pour moi le débat se pose autour de deux questions principales. Ce qui est intéressant c’est qu’on a ce débat alors qu’on est peut-être, en ce moment, à J-8 d’une guerre mondiale cybernétique. Vous avez peut-être vu que les serveurs ukrainiens ont été hier <em>disablés</em>, que la Pologne est en émoi et qu’on a, en fait une véritable problématique numérique.<br/>
 
Il y a deux choses importantes. La première c’est qu’on a basculé d’un Internet qui était ouvert, contrôlé par les États-Unis, puisque, comme vous le savez, l’ensemble des noms de domaine et toute l’architecture du réseau est américano-centrée, mais qui était quand même un Internet ouvert depuis quelques années, à un Internet qui s’est concentré au point qu’il est devenu monopolistique. J’aime bien parler d’Internet boîte noire. On est passé de l’Internet ouvert à l’Internet boîte noire parce que c’est un Internet dont on ne comprend pas comment il fonctionne. Il faut d’ailleurs comprendre qu’une grande partie du trafic est désormais à l’intérieur des <em>datacenters</em> des Big Tech. Ceux qui font de l’informatique savent que quand on a un serveur chez Amazon et un autre serveur chez Amazon, d’une autre boîte, et qu’ils doivent échanger des données, ils le font à l’intérieur du service du <em>datacenter</em> d’Amazon. Quand la majorité des serveurs sont sur Amazon, à partir de là une énorme partie du trafic se fait à l’intérieur de ces <em>datacenters</em>, c’est le cas aussi pour Google, pour Apple, pour Facebook. C’est-à-dire que non seulement on gère des données colossales, on les gère également pour des partenaires, ce qu’on appelle le <em>cloud</em>, mais en fait on a une concentration de ces données.<br/>
 
Et puis il y a une deuxième question qui est la question du rapport de l’État face à cet Internet monopolistique. On a la démocratie qui est déstabilisée par les Big Tech, il y a aussi la problématique de la protection des infrastructures vitales, on va le tester dans les semaines et les mois qui viennent.<br/>
 
Je voudrais juste faire deux petites remarques pour vous montrer d’où on vient et où on va.<br/>
 
En 2010, dans un discours assez célèbre, Hillary Clinton parlait de l’Internet comme d’un outil qui allait abattre les frontières de la censure, elle parlait notamment de la Chine mais aussi de l’Iran. Si on regarde dix ans plus tard, aujourd’hui la Chine, d’une certaine manière, censure l’Internet à l’extérieur de son territoire, puisque désormais quand vous êtes un citoyen chinois et que vous parlez d’une manière qui ne plaît pas au gouvernement chinois sur des réseaux américains comme Twitter ou des réseaux sociaux, quand vous revenez en Chine on vous pose des questions, on vous demande d’effacer les tweets. Vous avez le patron des Houston Rockets, patron américain d’une équipe de basketball américaine aux États-Unis qui s’exprime sur Twitter, réseau américain, et qui se retrouve avec un boycott. Il faut se rappeler que Twitter n’est absolument pas disponible en Chine, peut-être sous certaines façons, Jean-Paul pourra peut-être en parler plus tard, donc se retrouve en fait censuré.<br/>
 
De l’autre côté, comme vous le savez, les GAFAM ont été longtemps vus par les États-Unis comme un outil d’affirmation de la puissance, ça a été le cas de Trump qui est allé voir Huawei, qui lui a dit « maintenant vous n’avez plus accès aux technologies de Google, on va vous bloquer l’accès aux processeurs de TSMC. En 2019 Trump utilise la puissance des GAFAM pour, d’une certaine manière, affirmer la puissance américaine. Un an plus tard ces mêmes GAFAM ont déconnecté, déplateformisé, c’est le terme qui utilisé, le même président en exercice, il faut quand même le rappeler, c’est une première, donc on est dans un environnement qui est très mouvant. Par rapport à ce qu’on pouvait dire de la souveraineté il y a deux ans, et je conclurai là-dessus, on est maintenant véritablement à un moment où la souveraineté va être testée à la fois au niveau des infrastructures avec les fameuses guerres cybernétiques, mais également cette année. Vous savez évidemment qu’on est en campagne, donc on va se poser la question de voir quels seront les équilibres ou les déséquilibres de ces plateformes.
 
 
 
<b>Clotilde Bômont : </b>Bonjour à tous et merci beaucoup aux organisateurs pour leur invitation, je suis très heureuse d’être là, c’est toujours un plaisir de discuter de ces sujets.<br/>
 
Comme Simon m’a présentée, je suis chercheur donc je viens plutôt du monde académique. Peut-être que pour essayer d’aborder cette question de la souveraineté numérique, je vais me baser justement sur cette expérience de chercheur.<br/>
 
C’est vrai que comme j’ai travaillé pas mal au contact des acteurs de la Défense, en tout cas dans l’environnement des institutions étatiques, j’ai pu observer un petit peu l’évolution de la notion de souveraineté numérique. C’est vrai que ces dernières années, en tout cas en quelques années seulement, je l’ai vraiment vu s’imposer au point d’être aujourd’hui au cœur des discours, en tout cas sinon présent de toute façon en filigrane dans tous les enjeux numériques français.<br/>
 
Du coup, en tant que chercheur, ça m’a intéressé un petit peu de comprendre cette évolution, de voir un petit peu ce qui pouvait se cacher derrière, de comprendre aussi bien les limites, les contradictions, les logiques, les intérêts derrière cette évolution de la notion de souveraineté numérique.<br/>
 
Ça veut dire déjà sur le plan international, comme ça a été dit en introduction ausi, de ce que ça nous apprend sur les relations entre les différents acteurs géopolitiques, que ce soit des États, des entreprises ou des organisations internationales, mais aussi, et on a peut-être tendance à l’occulter un petit peu, sur le plan national et justement, encore une fois, avec cette notion de logique d’intérêts et pourquoi aujourd’hui parle-t-on de souveraineté numérique.<br/>
 
C’est pour ça que j’ai été amenée à traiter la question de la souveraineté numérique en me posant essentiellement trois questions et c’est pour ça que, finalement, je ne vais pas pouvoir répondre à cette grande question de la définition et des enjeux puisque ce serait d’ores et déjà toute mon intervention, mais je vais peut-être essayer de soulever quand même quelques questions, à savoir : la souveraineté numérique quoi ? Pourquoi ? Et comment ?<br/>
 
Quoi d’abord ? Comment en est-on venu justement à parler, entre guillemets, de « cette souveraineté numérique » et qu’est-ce qui se cache derrière cette notion ?<br/>
 
Pourquoi ensuite ? Pourquoi est-ce que nous, Français, et finalement Européens également, ressentons-nous le besoin de réaffirmer notre souveraineté dans le domaine numérique ?<br/>
 
Et enfin comment ? Comment peut-on affirmer cette souveraineté numérique et finalement, en d’autres termes, quels sont les leviers de cette souveraineté numérique ?<br/>
 
Je pense que ce dernier point nous amènera, on va le voir, à envisager des solutions, à ouvrir des pistes pour la présidentielle française qui est le thème de cette conférence, mais je pense aussi pour la présidence française de l’Union européenne qui a beaucoup de choses à faire dans ce domaine.
 
 
 
Peut-être d’abord pour revenir sur le quoi parce que les deux informations précédentes soulignent bien que très souvent, quand on parle de souveraineté numérique, on répond à la question pourquoi, on répond à la question comment, mais rarement à la question quoi. C’est vrai qu’il n’existe pas de définition neutre, consensuelle et objective de la souveraineté numérique pour la simple et bonne raison que « souveraineté numérique » est un petit peu un mot valise. Derrière ce terme, la souveraineté numérique est souvent présentée de façon monolithique, un petit peu comme un idéal, un but à atteindre, un objectif sur lequel en principe tout le monde semble à peu près s’accorder. Mais si on n’a pas de consensus c’est justement sur les moyens d’atteindre cette souveraineté et même sur ce que veut dire cet état de souveraineté. Est-ce que c’est de l’autonomie ? Est-ce que c‘est de l’autarcie ? Est-ce que c’est de l’interdépendance ? Et là-dessus il n’y a pas forcément de consensus non plus. Parce que derrière cette notion de souveraineté numérique sont en fait réunis et amalgamés beaucoup d’enjeux qui sont aussi bien d’ordre économique que juridique ou industriel ou même encore éthique. Je pense que tant qu’on continuera d’utiliser ce mot valise sans être vraiment clair sur ce qu’on entend derrière cette notion-là et sans avoir une position claire sur tous ces domaines juridique, éthique, etc., finalement sans avoir une réelle posture stratégique, on ne pourra s’entendre sur ce qu’on cherche à atteindre à travers cette souveraineté numérique.<br/>
 
Je vais être assez rapide sur le reste, mais finalement sur la question du pourquoi, peut-être pour reposer quelques bases, j’ai identifié trois raisons derrière la souveraineté numérique. Pourquoi est-ce qu’on cherche à se réaffirmer dans le domaine numérique ?<br/>
 
Déjà juste une petite parenthèse, en termes juridiques la notion de souveraineté numérique c'est un non-sens. On est souverain. La France est souveraine. Il s’agit bien de l’exercice de la souveraineté dans le domaine numérique qu’on cherche à avoir.<br/>
 
Du coup trois raisons.<br/>
 
La première c’est pour des raisons stratégiques assez évidentes, c’est-à-dire que si on cherche à réaffirmer notre souveraineté numérique c’est pour s’affirmer sur la scène internationale, pour éviter d’avoir une interférence de la part de puissances étrangères, du coup pour rester autonomes dans nos choix.<br/>
 
Pour des raisons économiques aussi, assez évidentes. Même si les Européens sont les plus gros producteurs de données au monde, ce ne sont pas ceux qui en bénéficient le plus, ce qui a amené d’ailleurs la sénatrice Catherine Morin-Desailly à parler de colonie numérique, l’Europe est une colonie numérique.<br/>
 
Et enfin peut-être une autre piste. Si on cherche à se réaffirmer dans le domaine numérique, c’est aussi pour des raisons que je vais appeler éthiques, civiques et morales, tout simplement parce que ces Big Tech, ces géants de la tech, en particulier les géants américains, ont une influence sur nos affaires domestiques, sur nos affaires internes. On l’a très bien vu par exemple dans les processus électoraux avec les affaires comme Cambridge Analytica, avec le Brexit, les élections présidentielles américaines aussi. Ces plateformes, ces entreprises américaines ont une réelle influence. Et puis aussi parce que je pense que les produits et les solutions qu’on utilise aujourd’hui en Europe n’incarnent pas forcément, ne sont pas forcément toujours en adéquation avec les valeurs européennes, si on peut appeler ça des valeurs, en tout cas avec les projets européens, avec les idées européennes de ce que peut être le numérique.<br/>
 
Voilà ces trois raisons essentiellement. Je pense que sur le comment on aura l’occasion de largement en parler aussi.
 
 
 
==16’ 37==
 
 
 
<b>Jean-Paul Smets : </b>J’ai été inspiré aujourd’hui
 

Dernière version du 28 février 2022 à 09:06


Publié ici - Février 2022