Différences entre les versions de « Données personnelles : sommes-nous des victimes consentantes - Le débat de midi »

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'''Titre :''' Données personnelles : sommes-nous des victimes consentantes ?
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Publication [https://www.april.org/donnees-personnelles-sommes-nous-des-victimes-consentantes-le-debat-de-midi-france-inter ici] - Septembre 2019
 
 
'''Intervenants :''' Arthur Messaud - Aloïs Brunel - Édouard Fillias - Nadia Daam
 
 
 
'''Lieu :''' <em>Le débat de midi</em>, France Inter
 
 
 
'''Date :''' août 2019
 
 
 
'''Durée :''' 52 min 37
 
 
 
'''[http://rf.proxycast.org/1603139209609093120/12440-12.08.2019-ITEMA_22123984-0.mp3 Écouter ou télécharger le podcast]'''
 
 
 
[https://www.franceinter.fr/emissions/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-12-aout-2019 Page de présentation de l'émission]
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Illustration :'''
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br />
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
 
Transcription : MO
 
 
 
==Description==
 
 
 
Au moins neuf Français sur dix estiment que leurs données personnelles doivent être mieux protégées, selon une étude Dolmen, Opinionway. Avec tout ce que nous semons en utilisant notre téléphone, notre ordinateur au quotidien, faisons-nous vraiment attention ? Est-ce que nous faisons tout pour protéger nos données ?
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Vous n’avez pas pu échapper à la déferlante de cheveux gris, de rides et de crânes dégarnis sur Facebook, Twitter ou encore Instagram. Un coup de vieux général permis par le tube de l’été numérique FaceApp, cette application mobile qui, à partir d’un simple selfie, vous permet de savoir à quoi vous ressemblerez dans 50 ans et qui a occupé anonymes et célébrités dans la joie et le détachement d’un mois de juillet, à peine perturbés par les mises en garde des associations de défense des droits des utilisateurs d’Internet et même par le Parti démocrate américain quand ils ont tenté, en vain, de siffler la fin de la récré. En consultant simplement les conditions d’utilisation, on comprend très vite que télécharger son selfie pour ricaner deux minutes c’est céder à l’entreprise un accès irrévocable et perpétuel aux photos concernées et prendre le risque de retrouver sa trombine en 4 X 3 sur une affiche vantant les mérites par exemple d’un monte-escalier ou encore imprimée sur le tract d’un parti politique. Ces avertissements n’ont pas empêché FaceApp de se hisser en tête des applications les plus téléchargées et c’est une insouciance qui interroge. Pourquoi, alors que 9 Français sur 10 se disent inquiets de la protection de leurs données personnelles, continue-t-on à donner des petits bouts de nous-même sans se faire des cheveux blancs ? Parce qu’on n’est pas à une contradiction près, on attend vos avis et vos réactions sur Twitter. Sommes-nous des fichés volontaires ? C’est la question qu’on se pose jusqu’à 13 heures.
 
 
 
<b>Voix off : </b><em>Le débat de midi</em>. Nadia Daam sur France Inter.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Et avec moi pour en débattre en direct j’accueille Aloïs Brunel. Bonjour.
 
 
 
<b>Aloïs Brunel : </b>Bonjour.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Merci d’être là. Vous êtes le fondateur de Deepomatic, c’est une plateforme de reconnaissance visuelle qui se définit comme le Shazam de l’image. En français et en deux mots ça veut dire quoi ?
 
 
 
<b>Aloïs Brunel : </b>Ce que fait Deepomatic c’est simple, on édite et on commercialise un logiciel à destination des entreprises qui va leur permettre d’automatiser des tâches visuelles. Tâches visuelles ça peut être toutes sortes de choses par exemple de l‘encaissement dans les restaurants d’entreprise : vous allez à votre cantine, vous passez votre plateau repas en dessous d’une caméra ça détecte entrés, plat, dessert - Yoplait framboise - et ça vous encaisse. Ça peut être détecter des défauts dans des canalisations d’eau potable, ça peut être des péages sans barrière. C’est toutes sortes de choses.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>C’est plus clair comme ça, effectivement. Arthur Messaud, bonjour.
 
 
 
<b>Arthur Messaud : </b>Bonjour.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Vous êtes le juriste de l’association La Quadrature du Net, association de défense des droits et des libertés des citoyens sur Internet. Je vais vous demander votre avis tout à l’heure sur FaceApp. À vos côtés Édouard Fillias. Bonjour.
 
 
 
<b>Édouard Fillias : </b>Bonjour.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Bienvenue, vous avez publié, co-publié, un manuel de survie sur Internet aux Éditions Ellipses. Vous êtes également vice-président du <em>think tank</em> Génération Libre qui est à l’origine d’une proposition très controversée, on va en parler évidemment tout à l’heure. J’ai une première question pour bien comprendre : les données personnelles c’est ce qu’on sème avec les tablettes, nos téléphones, nos ordinateurs, mais est-ce que ça concerne tout le monde ? Ma mère, 68 ans, n’a pas de compte Facebook, pas de montre connectée, est-ce qu’elle laisse une empreinte numérique ? Arthur Messaud.
 
 
 
<b>Arthur Messaud : </b>Si vous avez déjà mis une image, une photo de votre mère, de votre grand-mère, si vous avez déjà parlé d’elle, si vous avez des relations par téléphone, par SMS, par mail, eh bien oui, elle rentre dedans.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Elle a une existence numérique.
 
 
 
<b>Arthur Messaud : </b>Elle a une existence numérique. Elle peut même avoir un compte fantôme, ce qu’on peut appeler sur Facebook un compte fantôme ce sont les gens qui ne sont pas inscrits sur Facebook mais qui sont quand même connus des services de Facebook, notamment pas les traceurs qu’on peut retrouver sur les sites de presse, traceurs qui ont été posés là volontairement par <em>Le Monde</em> ou <em>Le Figaro</em>, qui permettent à Facebook de savoir qui consulte quand, quel article. Et ça votre grand-mère, pour peu que sur son ordinateur elle passe sur un site du <em>Monde</em>, elle aura un compte fantôme.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Ça suffit à lui créer une identité.<br/>
 
Édouard Fillias, pourquoi ces données sont aussi précieuses, à la fois pour les entreprises et aussi pour nous ? Pourquoi est-ce que c’est un sujet si actuel et important ?
 
 
 
<b>Édouard Fillias : </b>Pour faire court, parce qu’il y a beaucoup de façons de répondre, ces données nourrissent des algorithmes qui permettent de cibler d’une part la communication publicitaire, ce à quoi elles servent principalement aujourd’hui - c’est le cœur de l’affaire Cambridge Analytica -, mais aussi plus profondément elles permettent de comprendre nos comportements donc de les anticiper, donc de les suggérer. Et les algorithmes du futur qui sont en train d’émerger aujourd’hui et qui s’expriment à travers des plateformes comme Alexa ou Amazon ou Facebook que vous citiez auront une capacité d’anticipation et d’orientation de nos comportements très avancée grâce à ces sommes de données colossales qui sont récupérées sur nous depuis maintenant plusieurs années voire plusieurs décennies en réalité. Et ce sont des données qu’on contrôle d’autant moins qu’on signe toute la journée, sans s’en rendre compte, des pactes softiens. On appelle ça chez Génération Libre des pactes softiens par référence au pacte kantien, évidemment. En fait, vous signez des contrats sans les lire, tout le temps, exactement ce que vous disiez sur FaceApp, mais ce n’est pas seulement FaceApp ; toutes les applications, tous les logiciels, tous les services numériques vous demandent de signer des contrats qui font parfois des dizaines de pages.
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>Et qu’on ne consulte pas.
 
 
 
<b>Édouard Fillias : </b>Jamais. Que vous ne consultez pas et dans lesquels vous déléguez des droits extrêmement importants sur vos données, des droits de conservation de ces données, des droits d’utilisation sans votre consultation, des droits d’utilisation parfois pour des fins politiques. Et ça, évidemment, ça pose un vrai problème fondamental de liberté individuelle. Est-ce que demain toutes ces données dont nous avons été dépossédés sans notre consentement explicite en réalité, seront utilisées contre nous, pour nous influencer ?
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>On va définir ces notions de consentement explicite et éclairé juste après Macy Gray, <em>Big Brother</em>.
 
 
 
<b>Pause musicale : </b><em>Big Brother</em>, Macy Gray.
 
 
 
==9’ 00==
 
 
 
<b>Nadia Daam : </b>C’était Macy Gra
 

Dernière version du 2 septembre 2019 à 15:00


Publication ici - Septembre 2019