Différences entre les versions de « Position dominante GAFAM - Transcription Décryptualité du 28 mai 2018 »

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<b>Luc : </b>Décryptualité.
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<b>Nico : </b>Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
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<b>Luc : </b>Semaine 21. Salut Mag.
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<b>Mag : </b>Salut Nico.
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<b>Nico : </b>Salut Luc.
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<b>Luc : </b>Pas de Manu cette semaine. Il est puni ! Non, il n’est pas puni, il est parti en famille.
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<b>Mag : </b>C’était la fête des mères hier.
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<b>Luc : </b>Et donc il est parti voir sa maman, mais il nous a quand même préparé une petite revue de presse.
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<b>Mag : </b>Une belle revue de presse qui commence par <em>Developpez.com</em>, « Google et Facebook sous le coup de 4 accusations dans 4 pays pour avoir enfreint le RGPD », par Stéphane le Calme.
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<b>Nico : </b>C’est un petit ami à nous qu’on connaît bien, Max Schrems, qui avait déjà attaqué Facebook par le passé et qui, du coup, revient pour faire la peau aux GAFAM via le RGPD ; il nous promet encore pas mal d’attaques en justice et on verra bien ce que ça donnera.
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<b>Mag : </b>On en reparle tout à l’heure d’ailleurs. <em>Les Yeux du Monde</em>, « La bataille pour le logiciel libre en Afrique », par Loup Viallet.
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<b>Nico : </b>Un article qui fait le point un peu sur l’état du logiciel libre en Afrique et ce que ça apporte en termes économiques ou autres pour faciliter le développement ; ça explique un peu tout le processus et ce qui se passe là-bas exactement.
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<b>Mag : </b>Il faudrait qu’on en reparle plus en détail une prochaine fois.
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<b>Luc : </b>Oui. Tout à fait.
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<b>Mag : </b><em>Commentçamarche.net</em>, « Des ateliers pour préparer la fête des libertés numériques », par Perrine Tiberghien.
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<b>Nico : </b>C’est une initiative qui s’est montée pour la publication du RGPD, où il y a eu pas mal de petits évènements pour expliquer comment on pouvait reprendre le contrôle de sa vie numérique. Ça a été organisé dans un peu toute la France ces derniers temps.
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<b>Mag : </b><em>Le Journal du CM</em>, « Lumière sur la licence Creative Commons », par Guillaume Guersan.
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<b>Nico : </b>Un article qui fait le point sur ce que c’est les Creative Commons et qui explique tout le détail : qu’est-ce que c’est une licence Creative Commons, non commerciale, non dérivative, etc. Donc si vous voulez choisir une licence, lisez cet article-là !
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<b>Luc : </b>Sachant que dans les Creative Commons il y a des licences libres au sens strict et d’autres qui ne le sont pas, donc c’est important de savoir faire la différence.
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<b>Mag : </b><em>ZDNet France</em>, « Montréal précise son engagement pour le logiciel libre », par Thierry Noisette.
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<b>Nico : </b>On parle régulièrement de Montréal dans nos revues de presse et là ça fait le bilan de ce qui se passe exactement là-bas ; pourquoi ils ont fait les choix de l’<em>open source</em> ou du Libre en termes de solutions, en termes de renouvellement de leur parc informatique et ça montre la vision qu’ils ont pour les dix prochaines années.
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<b>Mag : </b>Et le dernier article : <em>Le Monde.fr</em>, « Le ministère de l’enseignement supérieur dévoile l’algorithme principal de Parcoursup », par Soazig Le Nevé.
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<b>Nico : </b>Ça fait suite à ce dont on a parlé la semaine dernière, sur la publication de Parcoursup. Ça explique comment ils ont fait leurs choix de publication ; qu’est-ce que ça implique pour les étudiants maintenant et aussi les problèmes qui restent encore à résoudre avec cet algorithme.
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<b>Luc : </b>Notre sujet de la semaine ne sera que partiellement couvert par la revue de presse. Il y a d’autres choses qui se sont passées qu’on a trouvées assez intéressantes, notamment du côté de ces GAFAM que nous adorons critiquer, et notamment du côté de Google pour son service bien connu, Google Maps.
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<b>Nico : </b>C’est ça. Ils ont unilatéralement décidé de changer leur politique tarifaire.
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<b>Mag : </b>En accord avec eux-mêmes !
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<b>Nico : </b>Voilà c’est ça. Du coup tout le monde s’est retrouvé un peu à court parce qu’ils ont annoncé ça en disant « voilà, on revoie complètement notre politique d’usage gratuit », ce qu’ils appellent le <em>fair use</em>, donc quand vous ne payez pas pour consommer leurs services, et ils ont annoncé des tarifs qui ont fait fois 50, fois 100, fois 1 000 en fonction de ce que vous utilisez.
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<b>Luc : </b>En fonction des services.
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<b>Mag : </b>Mais comment ça peut être fois 50, quand c’est rien ?
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<b>Nico : </b>En fait c’est parce que n’était pas vraiment rien ; c’était rien quand vous étiez en dessous d’un certain volume de pages consommées. En gros c’était aux alentours de 10 000 ou 20 000 pages vues par jour. En fait ils ont transformé le « par jour » en « par mois », du coup, il y en plein qui étaient 10 000 requêtes par jour.
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<b>Luc : </b>L’inverse tu veux dire !
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<b>Nico : </b>Non, non parce que c’étaient 10 000 par jour, donc ils avaient droit à 300 000 requêtes dans le mois et là, en fait, maintenant vous n’avez plus le droit qu’à 10 000 requêtes dans le mois et du coup vous allez vous retrouver avec des factures exorbitantes. Avant vous étiez à 0 et des exemples qu’ils donnent montrent que vous passez de 0 à 4 000 dollars par mois. Donc tous les petits services qui utilisaient Google Maps, comme ça, qui ne voulaient pas payer ou parce qu’ils n’avaient pas un usage très important de ce service, eh bien vont de voir le quitter parce que c’est carrément trop cher pour la plupart des utilisateurs.
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<b>Luc : </b>Moi je bosse pour un éditeur informatique et qui fait un usage assez important de Google Maps. Et ce ne sont pas simplement des petites boîtes, c’est qu’il y a plein de PME, quand Google est arrivé avec ce service de cartos et il était facile à utiliser – il marche bien, on ne peut pas nier ça – et du coup il y a plein de boîtes comme la mienne qui ont dit c’est facile, à l’époque c’était totalement gratuit ou presque ; il fallait vraiment y aller pour payer, du coup c’était facile, c’était rapide et c’était confortable. Du Du coup plein de gens s’y sont mis, y compris les gens qui ont les moyens.
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<b>Mag : </b>Y compris notre gouvernement sur les sites.
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<b>Luc : </b>Voilà. Tout le monde en a mis partout et puis au bout de quelques années ils ont déjà augmenté les tarifs une première fois. Et c’est un aphorisme qu’on aime bien utiliser dans le logiciel propriétaire, mais qui est tout aussi valable pour les services, c’est « c’est comme la drogue : la première dose est gratuite ». Donc en gros on a un service qui est un service de qualité. On le met pas cher voire gratos, pour que les gens viennent ; ils construisent des solutions dessus, ils sont dépendants et une fois qu’on a acquis un réservoir de clients potentiels suffisamment important et qui sont dépendants, qui ne peuvent plus partir là paf ! on monte les tarifs et ils en sont donc à leur deuxième montée et puis là ils y sont allés manifestement comme des bourrins ; ils sont en train de presser le citron et dire « eh bien maintenant on va ramasser le pognon ! »
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<b>Nico : </b>Après c’est aussi un avantage pour les solutions libres puisque du coup OpenStreetMap a repris le flambeau là-dessus parce que tous les services qui ne veulent pas payer, en tout cas pas ces montants-là à Google, commencent à migrer vers OpenStreetMap pour intégrer les pages, les <em>maps</em>, les cartes à leurs sites internet et se passer de Google.
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<b>Luc : </b>Il y a vraiment eu quelque chose de raté de ce côté-là, parce que moi, en tant que bon libriste, j’avais fait du boulot en interne au niveau de ma boîte, il y a de ça cinq-six-sept ans en disant « OpenStreetMap est en train de monter en force. On ne demande pas d’invertir des sommes colossales dedans, mais au moins de commencer à mettre des billes parce que c’est intéressant de se développer un fond de cartos qui soit à nous ». En plus on a des concurrents, mais ce n’est pas là-dessus qu’on se fait concurrence, les concurrents aussi mettent du Google Maps.
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Du coup on se retrouve dans une situation où parce que c’était facile et qu’on n’a jamais voulu investir sur une solution alternative et qu’on n’a pas voulu voir à long terme on se retrouve tous à égalité, entre guillemets, à devoir payer des fortunes, ce qui fait que les solutions qui sont vendues par toutes les boîtes de la branche, tous les gens qui utilisent ça, elles deviennent non rentables ou beaucoup plus chères donc plus difficiles à vendre, etc. Donc là il y a clairement un choix, entre guillemets, de confort et de pragmatisme. C’est l’idée qui vient « Oh, ça marche, je suis pragmatique, je prends la solution paf ! Paf ! » Et au final, voilà le résultat !
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<b>Nico : </b>Ça pose aussi le problème, en fait, des business modèles, parce que Google doit aussi très bien savoir ce qu’ils font et ils ont dû lancer le service Google Maps gratuitement pour que tout le monde se lance dedans, que tout le monde l’installe partout et que ça soit vraiment propagé dans tous les coins. Et une fois que tout le monde est bien ferré, hop ! on change toutes les conditions, on change les tarifs, etc., et on ne peut plus sortir du marché. Parce que c’est trop coûteux en fait et qu’on va préférer payer 4 000 euros par mois que de prendre un développement supplémentaire pour tout migrer et refaire des tests avec OpenStreeMap, etc. C’est un marché ultra captif et un peu piégeux. Il y a beaucoup de services en ce moment qui sont en train de passer d’un modèle gratuit à un modèle payant et les utilisateurs n’ont pas le choix que de suivre le mouvement, parce que ça leur coûte moins cher que de tout migrer.
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<b>Mag : </b>Ça ressemble de plus en plus à du logiciel propriétaire tout ça, en fait.

Version du 29 mai 2018 à 15:24


Titre : Décryptualité du 28 mai 2018 - L'usage bien réel de la position dominante des GAFAM

Intervenant : Mag - Nico - Luc

Lieu : April - Studio d'enregistrement

Date : mai 2018

Durée : 13 min 30

Écouter ou télécharger le podcast

Revue de presse pour la semaine 21 de l'année 2018

Licence de la transcription : Verbatim

NB : transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Luc : Décryptualité.

Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 21. Salut Mag.

Mag : Salut Nico.

Nico : Salut Luc.

Luc : Pas de Manu cette semaine. Il est puni ! Non, il n’est pas puni, il est parti en famille.

Mag : C’était la fête des mères hier.

Luc : Et donc il est parti voir sa maman, mais il nous a quand même préparé une petite revue de presse.

Mag : Une belle revue de presse qui commence par Developpez.com, « Google et Facebook sous le coup de 4 accusations dans 4 pays pour avoir enfreint le RGPD », par Stéphane le Calme.

Nico : C’est un petit ami à nous qu’on connaît bien, Max Schrems, qui avait déjà attaqué Facebook par le passé et qui, du coup, revient pour faire la peau aux GAFAM via le RGPD ; il nous promet encore pas mal d’attaques en justice et on verra bien ce que ça donnera.

Mag : On en reparle tout à l’heure d’ailleurs. Les Yeux du Monde, « La bataille pour le logiciel libre en Afrique », par Loup Viallet.

Nico : Un article qui fait le point un peu sur l’état du logiciel libre en Afrique et ce que ça apporte en termes économiques ou autres pour faciliter le développement ; ça explique un peu tout le processus et ce qui se passe là-bas exactement.

Mag : Il faudrait qu’on en reparle plus en détail une prochaine fois.

Luc : Oui. Tout à fait.

Mag : Commentçamarche.net, « Des ateliers pour préparer la fête des libertés numériques », par Perrine Tiberghien.

Nico : C’est une initiative qui s’est montée pour la publication du RGPD, où il y a eu pas mal de petits évènements pour expliquer comment on pouvait reprendre le contrôle de sa vie numérique. Ça a été organisé dans un peu toute la France ces derniers temps.

Mag : Le Journal du CM, « Lumière sur la licence Creative Commons », par Guillaume Guersan.

Nico : Un article qui fait le point sur ce que c’est les Creative Commons et qui explique tout le détail : qu’est-ce que c’est une licence Creative Commons, non commerciale, non dérivative, etc. Donc si vous voulez choisir une licence, lisez cet article-là !

Luc : Sachant que dans les Creative Commons il y a des licences libres au sens strict et d’autres qui ne le sont pas, donc c’est important de savoir faire la différence.

Mag : ZDNet France, « Montréal précise son engagement pour le logiciel libre », par Thierry Noisette.

Nico : On parle régulièrement de Montréal dans nos revues de presse et là ça fait le bilan de ce qui se passe exactement là-bas ; pourquoi ils ont fait les choix de l’open source ou du Libre en termes de solutions, en termes de renouvellement de leur parc informatique et ça montre la vision qu’ils ont pour les dix prochaines années.

Mag : Et le dernier article : Le Monde.fr, « Le ministère de l’enseignement supérieur dévoile l’algorithme principal de Parcoursup », par Soazig Le Nevé.

Nico : Ça fait suite à ce dont on a parlé la semaine dernière, sur la publication de Parcoursup. Ça explique comment ils ont fait leurs choix de publication ; qu’est-ce que ça implique pour les étudiants maintenant et aussi les problèmes qui restent encore à résoudre avec cet algorithme.

Luc : Notre sujet de la semaine ne sera que partiellement couvert par la revue de presse. Il y a d’autres choses qui se sont passées qu’on a trouvées assez intéressantes, notamment du côté de ces GAFAM que nous adorons critiquer, et notamment du côté de Google pour son service bien connu, Google Maps.

Nico : C’est ça. Ils ont unilatéralement décidé de changer leur politique tarifaire.

Mag : En accord avec eux-mêmes !

Nico : Voilà c’est ça. Du coup tout le monde s’est retrouvé un peu à court parce qu’ils ont annoncé ça en disant « voilà, on revoie complètement notre politique d’usage gratuit », ce qu’ils appellent le fair use, donc quand vous ne payez pas pour consommer leurs services, et ils ont annoncé des tarifs qui ont fait fois 50, fois 100, fois 1 000 en fonction de ce que vous utilisez.

Luc : En fonction des services.

Mag : Mais comment ça peut être fois 50, quand c’est rien ?

Nico : En fait c’est parce que n’était pas vraiment rien ; c’était rien quand vous étiez en dessous d’un certain volume de pages consommées. En gros c’était aux alentours de 10 000 ou 20 000 pages vues par jour. En fait ils ont transformé le « par jour » en « par mois », du coup, il y en plein qui étaient 10 000 requêtes par jour.

Luc : L’inverse tu veux dire !

Nico : Non, non parce que c’étaient 10 000 par jour, donc ils avaient droit à 300 000 requêtes dans le mois et là, en fait, maintenant vous n’avez plus le droit qu’à 10 000 requêtes dans le mois et du coup vous allez vous retrouver avec des factures exorbitantes. Avant vous étiez à 0 et des exemples qu’ils donnent montrent que vous passez de 0 à 4 000 dollars par mois. Donc tous les petits services qui utilisaient Google Maps, comme ça, qui ne voulaient pas payer ou parce qu’ils n’avaient pas un usage très important de ce service, eh bien vont de voir le quitter parce que c’est carrément trop cher pour la plupart des utilisateurs.

Luc : Moi je bosse pour un éditeur informatique et qui fait un usage assez important de Google Maps. Et ce ne sont pas simplement des petites boîtes, c’est qu’il y a plein de PME, quand Google est arrivé avec ce service de cartos et il était facile à utiliser – il marche bien, on ne peut pas nier ça – et du coup il y a plein de boîtes comme la mienne qui ont dit c’est facile, à l’époque c’était totalement gratuit ou presque ; il fallait vraiment y aller pour payer, du coup c’était facile, c’était rapide et c’était confortable. Du Du coup plein de gens s’y sont mis, y compris les gens qui ont les moyens.

Mag : Y compris notre gouvernement sur les sites.

Luc : Voilà. Tout le monde en a mis partout et puis au bout de quelques années ils ont déjà augmenté les tarifs une première fois. Et c’est un aphorisme qu’on aime bien utiliser dans le logiciel propriétaire, mais qui est tout aussi valable pour les services, c’est « c’est comme la drogue : la première dose est gratuite ». Donc en gros on a un service qui est un service de qualité. On le met pas cher voire gratos, pour que les gens viennent ; ils construisent des solutions dessus, ils sont dépendants et une fois qu’on a acquis un réservoir de clients potentiels suffisamment important et qui sont dépendants, qui ne peuvent plus partir là paf ! on monte les tarifs et ils en sont donc à leur deuxième montée et puis là ils y sont allés manifestement comme des bourrins ; ils sont en train de presser le citron et dire « eh bien maintenant on va ramasser le pognon ! »

Nico : Après c’est aussi un avantage pour les solutions libres puisque du coup OpenStreetMap a repris le flambeau là-dessus parce que tous les services qui ne veulent pas payer, en tout cas pas ces montants-là à Google, commencent à migrer vers OpenStreetMap pour intégrer les pages, les maps, les cartes à leurs sites internet et se passer de Google.

Luc : Il y a vraiment eu quelque chose de raté de ce côté-là, parce que moi, en tant que bon libriste, j’avais fait du boulot en interne au niveau de ma boîte, il y a de ça cinq-six-sept ans en disant « OpenStreetMap est en train de monter en force. On ne demande pas d’invertir des sommes colossales dedans, mais au moins de commencer à mettre des billes parce que c’est intéressant de se développer un fond de cartos qui soit à nous ». En plus on a des concurrents, mais ce n’est pas là-dessus qu’on se fait concurrence, les concurrents aussi mettent du Google Maps.

Du coup on se retrouve dans une situation où parce que c’était facile et qu’on n’a jamais voulu investir sur une solution alternative et qu’on n’a pas voulu voir à long terme on se retrouve tous à égalité, entre guillemets, à devoir payer des fortunes, ce qui fait que les solutions qui sont vendues par toutes les boîtes de la branche, tous les gens qui utilisent ça, elles deviennent non rentables ou beaucoup plus chères donc plus difficiles à vendre, etc. Donc là il y a clairement un choix, entre guillemets, de confort et de pragmatisme. C’est l’idée qui vient « Oh, ça marche, je suis pragmatique, je prends la solution paf ! Paf ! » Et au final, voilà le résultat !

Nico : Ça pose aussi le problème, en fait, des business modèles, parce que Google doit aussi très bien savoir ce qu’ils font et ils ont dû lancer le service Google Maps gratuitement pour que tout le monde se lance dedans, que tout le monde l’installe partout et que ça soit vraiment propagé dans tous les coins. Et une fois que tout le monde est bien ferré, hop ! on change toutes les conditions, on change les tarifs, etc., et on ne peut plus sortir du marché. Parce que c’est trop coûteux en fait et qu’on va préférer payer 4 000 euros par mois que de prendre un développement supplémentaire pour tout migrer et refaire des tests avec OpenStreeMap, etc. C’est un marché ultra captif et un peu piégeux. Il y a beaucoup de services en ce moment qui sont en train de passer d’un modèle gratuit à un modèle payant et les utilisateurs n’ont pas le choix que de suivre le mouvement, parce que ça leur coûte moins cher que de tout migrer.

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Mag : Ça ressemble de plus en plus à du logiciel propriétaire tout ça, en fait.