« Émission Libre à vous ! du 13 juin 2023 » : différence entre les versions

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'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> du 13 juin 2023
Publié [https://www.librealire.org/emission-libre-a-vous-diffusee-mardi-13-juin-2023-sur-radio-cause-commune ici] - Juin 2023
 
'''Intervenant·e·s : ''' à la régie
 
'''Lieu :''' Radio Cause Commune
 
'''Date :''' 13 juin 2023
 
'''Durée :''' 1 h 30 min
 
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/backups/output-2023-06-13-15h29.mp3 Podcast PROVISOIRE]'''
 
'''[https://www.libreavous.org/178-modeles-d-organisation-ouverts-dans-les-entreprises-du-logiciel-libre-le Page des références de l'émission]'''
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
'''Illustration :''' Déjà prévue
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
==Transcription==
 
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
 
 
 
 
 
 
 
==Modèles d’organisation ouverts dans les entreprises du logiciel libre avec Valentine Ogier-Galland, membre du Studio Agile et de la coopérative d’activités Crealead, et Nicolas Chauvat,fondateur et dirigeant de Logilab==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur les modèles d’organisation ouverts dans les entreprises du logiciel libre. C’est une proposition que j’ai reçue lors d’une récente émission consacrée aux systèmes de gestion de versions décentralisés à laquelle avait participé Nicolas Chauvat avec Cécilia Bossard. Après, devant un verre, il m’avait parlé d’un de ses projets. J’ai dit « ça me paraît très intéressant ! ».<br/>
Nos invités sont Nicolas Chauvat fondateur et dirigeant de Logilab. Bonjour Nicolas.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Bonjour.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Notre autre invitée, qui est aussi au choix des musiques aujourd’hui, c’est Valentine Ogier-Galland, membre du Studio Agile et de la coopérative d’activités Crealead. Bonjour Valentine.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Bonjour.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>N’hésitez pas à participer à notre conversation soit sur le salon web dédié à l’émission sur causecommune.fm, bouton « chat » ou par téléphone au 09~72~51~55~46.<br/>
Avant de commencer par le sujet, on va commencer par la question classique de présentation. Que faites-vous dans la vie ? Qui êtes-vous ? On va commencer par Valentine.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>J’accompagne les entreprises soit en agilité soit en documentation technique, depuis pas mal d’années maintenant, en Europe. Pour ce faire, je fais partie d’une coopérative d’activités qui s’appelle Crealead. J’ai rencontré Nicolas parce que nos enfants étaient dans la même école.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Donc Nicolas Chauvat.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Je m’appelle Nicolas Chauvat. J’ai fait des études d’ingénieur et, après, un peu de recherche en informatique. J’ai découvert le logiciel libre à cette époque-là. En 2000, j’ai créé, avec d’autres personnes, une société qui s’appelle Logilab, qui a toujours fait du logiciel libre. Il se trouve qu’au début on essayait de faire des agents intelligents. On a abandonné depuis, mais c’est maintenant que c’est en train de fonctionner, c’est assez amusant de voir que ça fonctionne 20 ans après. On joue avec ces choses-là en ce moment.<br/>
Si on a eu envie de créer une société, c'est parce que les cadres dans lesquels on avait travaillé ne nous convenaient pas, on ne s’imaginait pas travailler dans ces cadres-là pendant 20 ou 30 ans. On s’est dit non !, il faut que ça fonctionne autrement. Depuis le départ, on a donc essayé de faire des choses différemment à Logilab, avec une organisation plus horizontale et peut-être avec des choses qui ressemblaient plus aux valeurs qui étaient les nôtres et qui étaient, de notre point de vue, aussi celles du logiciel libre. Longtemps après, 10 ans après, en lisant des choses, on s’est dit « il y a d’autres gens qui essayent de faire, ça porte un nom dans la littérature, on a l’impression que ça s’appelle entreprise libérée ». On a continué à s’intéresser à ces sujets-là, on a continué à discuter avec les autres entreprises, qui, comme nous, faisaient du logiciel libre, qu’on pouvait croiser sur des salons, à des conférences, etc.<br/>
Quand je t’ai parlé de cela la dernière fois, ça faisait déjà deux ou trois ans que, sur des salons ou à des conférences, j’allais voir les autres entreprises en disant « vous aussi vous avez lu des trucs sur l’entreprise libérée ? Comment faites-vous ? Ne voudriez-vous pas qu’on se réunisse pour en discuter ? ». En discutant avec Valentine j’ai dit « j’aimerais bien essayer de faire ce travail plus sérieusement. Toi aussi tu participes à des conférences. ». On en est arrivé à dire qu’on pourrait essayer de prendre un petit peu de temps pour faire des entretiens avec des entreprises qui ont les mêmes aspirations, voir comment elles ont résolu les problèmes d’organisation, parce que ce n’est pas donné, ce n’est pas vraiment le modèle dominant, donc il faut un peu expérimenter, trouver des solutions, et puis essayer de rediffuser tout ce qu’on arrive à collecter et on t’a proposé de le diffuser à l’intérieur de l’April et de <em>Libre à vous !</em>
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Pour une introduction personnelle, tu as abordé aussi l’introduction globale au projet. On va y revenir, c’est très bien. Ceci dit, quand tu m’as parlé de ce projet-là, j’ai trouvé cela très intéressant. Il y a une supposition, en tout cas une constatation que dans les entreprises du logiciel libre, en tout cas dans certaines, pas dans toutes, il y a des volontés de transposer peut-être les valeurs du logiciel libre, en tout cas d’implémenter des modèles d’organisation qui ne sont pas hiérarchiques, qui sont pas plus ouverts. Encore une fois ce ne sont pas toutes les entreprises du logiciel libre.<br/>
On va revenir un petit peu à voter projet. On a un peu compris le démarrage. La genèse ce sont plus des réflexions internes au niveau de Logilab et des discussions avec d’autres personnes. Valentine, comment es-tu entrée là-dedans en fait ?
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>On a découvert qu’on avait un intérêt commun justement pour les organisations ouvertes en mettant en place des outils ouverts à l’école, au management visuel à l’école. Je ne m’attendais pas forcément à trouver un complice. Quand il a commencé à me parler, à creuser un peu le sujet, ça a vraiment piqué ma curiosité en particulier parce que, avec mon activité, je vois beaucoup d’entreprises qui sont en difficulté d’organisation, qui viennent pour des solutions, et j’étais très curieuse de pouvoir parler à des sociétés qui ont quelques années d’existence, plusieurs années, qui ont validé leur modèle d’organisation et où ça va bien, qui n’ont pas besoin de moi. C’était la première chose.<br/>
La deuxième chose, c’était que j’utilise personnellement des logiciels libres, ça a toujours été quelque chose de normal, mais pendant très longtemps je n’ai pas vraiment compris comment les entreprises du logiciel libre vivaient dans un monde capitaliste et comment elles faisaient pour mettre en cohérence leurs valeurs du Libre et le reste du fonctionnement d’une entreprise.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. L’idée de ce projet c’est de faire une enquête. Est-ce que vous aviez des objectifs précis au départ ? C’est-à-dire c’est comprendre ?
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Les objectifs ont pas mal changé !
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Quels sont les objectifs de départ ? Quels sont les objectifs d’aujourd’hui ? Avant de parler de la méthodologie que vous avez employée.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Ils sont fluctuants. Ça ne veut pas dire qu’il n’y en pas, ça veut dire qu’on les reforme au fur et à mesure qu’on avance.<BR/>
Tout au début, quand on a commencé, quand on disait « on fait une entreprise logiciel libre », les gens nous disaient « vous êtes gentils, vous êtes jeunes, ça va vous passer, ça passe à tout le monde ».
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>C’est une phase !
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>C’est une phase ! Quand, au départ, on faisait du Python ils nous disaient : « Ce n’est pas grave, vous ferez du Java ». Maintenant tout le monde fait du Python ! Ceux qui nous l’ont dit il y a 20 ans ou 25 ans ne sont peut-être plus là aujourd’hui pour nous le dire. Il y avait aussi cette idée de dire que si on a une entreprise qui fonctionne sur ces bases-là depuis 20 ans, c’est que ça fonctionne. Après on peut toujours discuter, rentrer dans les détails, voir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, mais on sait que ça fonctionne. Il y a une première envie qui est de dire : vous voyez il y a 20 ans vous nous avez dit que ça ne pouvait pas marcher, eh bien, aujourd’hui, on a une démonstration que ça peut marcher.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>On existe et on n’est pas tout seuls.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>On existe. Une deuxième chose, en effet nous ne sommes pas tout seuls, beaucoup d’autres l’ont fait. Maintenant le faire marcher ce n’est pas gratuit, ça demande des efforts ; il y a des problèmes, ça demande de trouver des solutions, etc. Une curiosité c’est de trouver le temps, parce que ça en demande, de dire aux autres « et vous comment avez-vous fait ? Avez-vous rencontré ce problème-là ? Comment l’avez-vous résolu ? » Voir ce qu’on a en commun, ce qui diffère et éventuellement ce qu’on peut aller prendre chez les autres et réutiliser chez nous et améliorer chez nous, etc., parce qu’il y a toujours un peu ce souci d’essayer d’améliorer. C’est un peu comme l’agilité, il y a une adaptation permanente et ce sont des trucs sur lesquels, il me semble, nous sommes tombés rapidement d’accord avec Valentine.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Valentine.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Assez rapidement on s’est aperçu que ces outils qu’on pourrait aller récupérer dans d’autres entreprises qui travaillent avec ces organisations ouvertes, une autre façon, une nouvelle façon de s’organiser, pouvaient aussi servir à des gens qui ne savaient pas comment se lancer. C’est-à-dire qu’ils veulent faire autre chose, ils sont au tout début et pouvoir leur dire : regardez, ailleurs ils font ça, ils font aussi. C’est arrivé petit à petit quand on a commencé à en parler et à faire des interviews.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Quelle est la méthodologie ? C’est basé sur l’enquête ? C’est ça ? La lecture de documents qui existent déjà ? La littérature plus ou moins scientifique ?
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>On a commencé par faire un état de l’art. On a commencé par lister ce qu’on a lu, d’où on part, et ensuite on a fait le tour des entreprises que l’on connaissait, dont on savait qu’elles avaient un fonctionnement un peu atypique et à qui on avait envie de poser des questions. À ce moment-là, on a aussi préparé une liste de thématiques. On disait on va parler de toutes ces choses-là, de tous ces thèmes. On s’est dit qu’il allait y avoir des positionnements forts sur ces thèmes et sur chaque thème on va trouver des outils correspondants. Ce n’est pas ce qui s’est passé !
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Juste pour donner une idée aux gens, vous aviez au départ 11 thématiques. Sur la page qui est consacrée au projet il y a 11 thématiques : Vision et stratégie à long-terme, Principes et valeurs, Rémunérations, Dialogue social, Comptabilité et gestion financière, Statut, Quand c’est compliqué – je pense que c’est essentiel, quand c’est va bien c’est plus simple –, Croissance ou non, Travail quotidien, Action commerciale, Coopétition. Vous êtes partis sur ces thématiques, mais finalement ça a <em>switché</em>, ce n’est pas ce qui s’est passé dans la pratique. C’est ça ?
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Si. Pour les gens qui s’intéresseraient à ce projet, je pense que sur le site de l’émission <em>Libre à vous !</em> il y a un lien vers le site du projet, qui est un micro site, en gros il y a deux pages. Comme le disait Valentine, il y a une page avec un état de l’art, c’est-à-dire qu’on a essayé de se souvenir un peu tout ce qu’on avait lu, qui se rapportait à ce sujet-là et d’en faire une liste, comme ça quand on en parle aux gens on dit « regardez, le cadre général, c’est celui-là » ; souvent les gens retrouvent des références qu’ils connaissent. Sur l’autre page on a mis la liste des thèmes que tu viens de citer et ça nous permet, quand on parle du projet aux gens, de dire « on avait parlé de ça il y a un an, regarde, là ça devient concret, on s’est lancé, est-ce que tu es prêt à discuter avec nous ? ». Souvent on nous dit : « Je ne sais pas, il faut voir. — Pour voir, tu vas sur le site et tu verras dans quel cadre on fait ça. »<br/>
Je pense que ce qu’essayait de dire Valentine en disant que ça a changé c’est qu’au début on s’est dit qu’on allait structurer les entretiens et en fait là, en ce moment ce n’est pas ce qui se passe. On essaye de cadrer les entretiens en une heure, d’abord parce qu’il faut que ça tienne dans l’emploi du temps de tout le monde et, des fois, on n’avait pas cadré, ça a duré deux heures et demie, après ça met en l’air le planning de la journée, ce n’est pas idéal. Donc on essaye de faire ça en une heure et si ça ne tient pas en une heure, on se demande s’il faut qu’on se revoie ou pas. Du point de vue de la méthodologie c’est à cela que ça ressemble.<br/>
Valentine prend des notes, moi je n’arrive pas à pendre des notes, j’enregistre et je me dis qu’après je vais arriver à faire une transcription. Il faudra que Marie-Odile m’explique comment elle fait parce que ça prend vachement de temps !
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Elle y passe du temps ! Elle est en ligne sur le salon web.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Ce n’est pas facile. Si elle a des astuces, je suis preneur.<br/>
Ça c’est pour le côté méthodologique. En fait, les gens qui acceptent de nous répondre ont envie de parler de leur structure. Une des choses qu’on partage c’est le fait d’avoir eu envie d’organiser les choses autrement, de manière plus horizontale, d’avoir eu beaucoup de gens autour qui leur ont dit « ça ne marchera pas ». Et puis, quelques années après, ils savent que ça marche, donc ils ont envie d’en parler, ils sont motivés pour en parler. À la limite il suffit de s’asseoir, d’écouter et ils racontent. On n’a pas vraiment besoin de leur poser de questions.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Quand vous avez listé ces thématiques, vous aviez sans doute des hypothèses de départ, forcément de par vos pratiques, est-ce que vous aviez des hypothèses de départ assez fortes ?
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Déjà, les thématiques ont été écrites, ont été listées en disant « c’est là, c’est dans ces domaines qu’on va voir des différences ». C’était la première hypothèse.<br/>
Après, on s’attendait à quelque chose, à un choix différent, peut-être un ou deux choix différents dans chaque thématique, et que certaines thématiques seraient finalement peut-être moins atypiques, qu’on pourrait être standards dans certaines thématiques et pas dans d’autres.<br/>
Par l’exemple, dans les premières discussions qu’on a eues, on n’a pas fait d’hypothèse, parce qu’on n’était pas vraiment d’accord : est-ce que le statut officiel – si c’est une société, une coopérative, une association – a un véritable impact sur l’ouverture, sur les valeurs, sur la façon de s’organiser ou est-ce que, finalement, étant donné qu’on peut avoir une coopérative extrêmement verticale et une société extrêmement horizontale, le statut n’a pas d’impact ? Étant dans une coopérative et Logilab étant une société on avait des visions un peu différentes.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>C’est un des intérêts, d’être à plusieurs, là on est deux, c’est qu’on n’est pas du même avis, ça permet de discuter. On ne vient pas avec les mêmes à priori, pas forcément les mêmes hypothèses, pas forcément les mêmes motivations. On a suffisamment de choses en commun pour se lancer dans ce projet tous les deux et y passer du temps chaque semaine ;l e fait d’avoir des points de vue différents c’est l’occasion d’en discuter.<br/>
Au début j’aurais dit qu’on peut avoir une société anonyme horizontale et une coopérative verticale. Je n’ai pas vu de démonstration de l’inverse. Je ne sais si ce qu’on a vu confirme ou non cette à priori-là, ça fait partie des choses qu’il faut continuer à questionner.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>J’aurais tendance à dire que c’est plus compliqué que ce que je pensais au départ. Je penchais relativement du côté où ça faisait une différence et, en fait, ça ne fait pas forcément la différence à laquelle je m’attendais.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>On va préciser que votre projet est en cours. C'est une première émission, nous aurons le plaisir de vous avoir de nouveau lors de la prochaine saison, parce que ce n’est pas encore terminé. Vous allez nous parler des premières tendances, mais ce n’est pas encore finalisé, il y a encore un travail d’entretiens. Quand on a préparé l’émission, au-delà de vos convergences, ce qui est intéressant ce sont aussi vos approches différences, vos potentielles divergences.<br/>
Ce sont des entreprises du Libre, mais comment les avez-vous choisies ? Et, pour l’instant, avec quels types d’entreprises avez-vous fait un entretien ? Est-ce que c’est au niveau géographique ? Au niveau taille d’entreprise ? Au niveau statut ?
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>On les connaissait.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Vous les connaissiez. Il y a eu combien d’entretiens, combien d’entreprises ?
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Je crois qu’on est à six. Les entreprises à qui on a déjà parlé du projet, qui ne seraient pas contre à nous répondre, il y en a au moins autant si ce n’est pas le double. Je ne sais pas si l’émission fera naître des vocations. Si c’est le cas, ce serait intéressant.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>On l’espère !
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Vous êtes les bienvenues.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>On pourrait probablement en trouver plusieurs dizaines. Après, il faut que nous ayons le temps, parce qu’on fait ça comme un projet à côté, c’est un de nos projets libres à côté. Je voudrais ajouter que quand nous nous sommes lancés là-dedans, on a demandé à l’April si elle trouvait le projet intéressant, donc, en quelque sorte, on a reçu le soutien de l’April qui nous a dit « on trouve que tel que c’est décrit c’est intéressant et si vous produisez des résultats qui nous semblent mériter d’être diffusés, on vous aidera à le faire ». Il me semble donc que c’est ce que tu fais aujourd’hui avec <em>Libre à vous !</em>.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à fait.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>On a eu le même soutien de Framasoft. Framasoft a mis deux conditions, je me souviens de la première : vous n’avez pas le droit de vous épuiser.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Cette condition été vraiment quelque chose d’important. Tous les gens impliqués dans le projet doivent pouvoir le faire à leur rythme : pas de <em>deadline</em> trop courte., parce qu’il ne faut pas s’épuiser. La deuxième condition, pour avoir leur soutien, étant que nos résultats doivent être en licence libre.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>C’est vrai que je ne vous ai pas imposé ça parce que, pour moi, c’était logique.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>C’est assez logique, mais c’est bien de le dire.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>C’est bien de le dire et la première condition c’est effectivement aussi très important.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Ça changé la façon dont j’ai fait certains choix en disant là ça va faire trop. Ça veut peut-être dire que le projet ira moins vite que ce qu’on souhaiterait. Nous sommes tous les deux assez perfectionnistes et assez impatients de voir le résulta final, mais je pense que c’est OK.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Il y a le choix des entreprises, vous a compris que c’est celles que vous connaissiez, mais vous êtes évidemment intéressés par des candidatures « spontanées », entre guillemets, d’entreprises qui se reconnaîtraient là-dedans. Comment ça se passe une fois qu’une entreprise est choisie : est-ce que c’est une personne qui est interrogée, est-ce que ce sont plusieurs ? Est-ce que c’est l’entreprise qui vous dit « ce serait mieux que tu discutes avec telle personne ? », parce que, dans les entreprises, la vision n’est pas forcément la même en fonction de qui vous allez interroger.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>L’idéal serait de pouvoir parler avec deux personnes au moins. Si on avait plus de temps on parlerait effectivement avec plus de gens. On a pas mal de petites structures qu’on a interviewées et déjà deux personnes ça fait une belle balance. Des fois on n’en a qu’une et ça donne un son de cloche intéressant. On fait avec les voix qu’on a. Sachant qu’on a donc des entreprises, des coopératives, des sociétés et une association, puisqu’on a interviewé Pouhiou de Framasoft.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>C’était la troisième condition !
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Non. C’était : vous avez des salariés, vous avez un fonctionnement, une organisation, comment ça marche chez vous ? Au final, il n’y a pas de raison, pour moi, d’exclure un format d’organisation par rapport à d’autres. Pour que nos questions aient du sens, pour que nos thématiques aient du sens, il faut qu’il y ait un budget, il faut qu’il y ait de la comptabilité.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Même si une association a aussi un budget, les contraintes économiques sont un petit peu différentes, ne sont pas forcément les mêmes. En tout cas si des associations pourraient vouloir être interviewées, vous pourriez éventuellement le faire.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>On aura peut-être la candidature de l’April.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous ne candidatons pas, mais, si vous voulez notre intervention, ça sera évidemment avec plaisir. Et en termes de taille d’entreprise, ce sont des entreprises qui ont entre 5 et 20/25 personnes ? Pour le moment c’est ça ?
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Oui, pour le moment. La plus grosse ils sont entre 25 et 30 et la plus petite ils sont 4/5. Pour donner une idée, je crois qu’à Framasoft il y a une dizaine de salariés qui sont dans le cadre. Là encore ce n’est pas un choix de notre part. Nous nous sommes lancés en janvier, le temps de cadrer un peu les choses, il a fallu peut-être un mois, commencer à obtenir des réponses peut-être qu’il a fallu un mois de plus. Si on a interrogé six entreprises qu’on a interrogées une ou deux fois, ça fait une dizaine d’entretiens, si on en met un par semaine, en comptant les vacances, on est au mois de juin !
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Il y a aussi le fait dont on n’avait pas forcément conscience : à quel point ce serait intéressant et à quel point on aurait envie d’en savoir plus, qu’on aurait plein de questions et c’est certain que 45 minutes à une heure, ça ne suffit pas.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Ça passe très vite, vous allez vous en rendre compte à la fin de l’émission, parce que c’est aussi le format !<br/>
Cette enquête est en cours, il y a forcément des premières tendances qui se dessinent, en tout cas des choses, pas forcément par rapport aux thématiques, sur lesquelles vous aimeriez bien insister là, en tout cas qui vous ont marquées. Qui veut commencer sur les tendances ?
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Une chacun.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Qui commence ? Je précise que Valentine a désigné Nicolas. Vas-y Nicolas.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Une des choses que je retiens c’est que toutes les personnes qui nous ont parlé avaient envie de nous parler.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Et ce n’était pas évident au début, on n’était pas sûrs.
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Ça les intéressait. Et quand on leur dit « racontez-nous, on ira raconter aux autres », ça les intéresse aussi. C’est-à-dire qu’ils ont envie qu’on aille raconter aux autres ce qu’ils ont essayé de faire et les solutions qu’ils ont trouvées, le fait qu’ils ont réussi à trouver des solutions dans certains cas, etc. Donc je vois là une motivation pour faire fonctionner un modèle horizontal d’organisation et pour diffuser, auprès d’un public aussi large que possible, que des modèles de ce genre existent et fonctionnent. Je partage cette envie-là parce que j’ai le sentiment d’entendre, partout et tout le temps, qu’une seule forme d’organisation est possible alors que je sais que ce n’est pas vrai pour le vivre au quotidien. Je pense qu’il y a une partie de ce qu’on peut espérer de ce projet qui est « si, regardez ,ça existe, c’est juste factuel, on peut faire autrement ».
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Je vais rebondir sur ce que tu dis par rapport « à une autre forme est possible ». Une des choses qui est vraiment ressortie, c’est que je m’attendais à trouver une ou quelques formes différentes d’organisation et on a trouvé un foisonnement de solutions. C’est vraiment beaucoup plus d’outils différents que ce qu’on pensait et pas une autre forme de fonctionnement, mais un système qui fonctionne avec différents choix et le fait que ça marche c’est la cohérence de ces choix entre eux, beaucoup plus que « on a choisi de faire de la décision par consensus ». Ça ne marche que parce que, à côté, il y a d’autres décisions, il y a d’autres choix qui sont en cohérence. Je trouve ça très intéressant. Ce n’est pas « il y a un autre modèle possible », c’est « regardez, il y a un univers de solutions possibles ! »
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Je rejoins Valentine là-dessus. On n’a discuté qu’avec six entreprises. Au départ on voyait la liste des thèmes que tu as cités comme une grille de lecture et on se disait que dans chacun des thèmes il y aurait une ou des options, que pour quelqu’un qui voudrait se lancer il suffirait de cocher la case en disant « pour ça je vais faire comme ça, pour la suivante je vais faire autrement, etc., et ça va marcher ». Aujourd’hui je crois – et ça fait partie des points sur lesquels Valentine et moi sommes d’accord – qu’il ne faut pas faire comme ça. Pour que ça fonctionne, il y a un équilibre : si tu bouges le curseur un peu plus à gauche sur ce point-là, eh bien il faut, d’une certaine manière, équilibrer en le bougeant un peu plus à droite sur l’autre. Et si tu as pris ces deux premières options pour les deux premiers axes, il n’y a que certaines options qui sont valides sur le troisième, etc. Il y a un univers de manières possibles. Ceci étant, je trouve qu’il y a quand même des choses communes.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Par exemple ?
 
<b>Nicolas Chauvat : </b>Il me semble que dans toutes les organisations il y a une espèce de pulsation, un peu comme si tu faisais de la musique, il y a un rythme, même si chacun improvise, le rythme est quand même commun. Tout le monde n’appelle pas ça de la même façon, tout le monde ne le fait pas exactement. Horizontal plutôt que vertical, ça veut dire que la décision ne vient pas d’en haut sur tous les sujets, ça veut dire qu’on répartit la capacité à décider et si chacun décide un certain nombre de choses, il faut quand même qu’il le synchronise avec les autres, sinon ça part dans le décor.
 
<b>Valentine Ogier-Galland : </b>Il y a des rassemblements un peu du quotidien : l’organisation ou une partie de l’organisation va se retrouver pour parler du quotidien. Après il y a des pulsations plus lentes qui sont des pulsations stratégiques, qu’on a retrouvées, qu’on ne s’attendait pas forcément à retrouver à chaque fois sous un terme différent. Souvent en extérieur, ailleurs que dans les bureaux ou ailleurs que dans le télétravail, on se rencontre, on se retrouve en personne dans un endroit un peu sympa et on va pouvoir parler du long terme, on va pouvoir se poser des questions, on va pouvoir aborder les grosses décisions de l’organisation. On a retrouvé cela partout et c’est l’un des points intéressants.<br/>
Par exemple, toutes les entreprises, toutes les organisations qu’on a vues ont un élément de transparence. On s’y attendait un peu parce que dans le logiciel libre, c'est quand même une des bases, mais il y a un spectre : ça va de toutes les informations financières sont sur notre site web, transparence interne et publique, à ce n’est pas public, mais on se fait passer la synthèse de la requête de personne à personne, donc, si jamais tu as envie d’avoir une information financière, il y a une synthèse qui circule pour que tu puisses savoir. Il y a une grosse différence, mais, au final, ce sont presque les entreprises classiques qui sont bizarres dans ce côté-là. Elles sont toutes, elles, à cacher l’information alors que j’ai l’impression que les organisations qu’on a vues partent, de base, avec de la transparence, elle n’aura pas forcément la même forme, mais il y en aura.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je vous avais prévenus que le temps passe vite. Dans vos entretiens les gens ont dû vous dire « c’est déjà fini ! ». Là ce n’est pas fini, c’est la pause musicale. On change totalement de style par rapport à la première pause musicale et je remercie encore Valentine de ce choix. Nous allons écouter <em>Ça part</em> par Tintamare. On se retrouve dans deux minutes sur Cause Commune, la voix des possibles.
 
<b>Pause musicale : </b><em>Ça part</em> Tintamare.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Ça part</em> par le groupe Tintamare, morceau disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions.
 
[Jingle]
 
==Deuxième partie==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre

Dernière version du 19 juin 2023 à 12:32


Publié ici - Juin 2023